… « Madame de Condorcet — dit Michelet — avait la mélancolie d’un jeune cœur auquel quelque chose a manqué… L’enfant, le seul enfant qu’elle eut, naquit neuf mois après la prise de la Bastille… Ce fut elle qui donna à Condorcet le sublime conseil de… terminer l’Esquisse des progrès de l’esprit humain. » Tels sont les seuls et singuliers mérites de Sophie Condorcet que Michelet a pu trier dans toute sa vie, et c’est sur ce triple mérite que l’hagiographe exécute l’assomption de cette glorieuse sainte.
Toujours est-il qu’on avait l’air de ne pas oser… On vivait, non sur les vieilles histoires, mais à côté des vieilles histoires (car on ne les lisait guères) d’Abelly et de Collet, ces modestes garde-notes historiques qui n’eurent jamais, du reste, la prétention de s’élever à ce que nous autres modernes appelons de l’histoire, nous dont le seul mérite devant la postérité sera d’en avoir élargi la notion. […] Il est bien évident, en effet, qu’il y a dans cette contemplation puissante des mérites inouïs de Vincent de Paul, de quoi assainir l’esprit d’un homme et l’élever aussi haut que, sa nature une fois donnée, cet esprit peut jamais monter.
Elle n’avait, cette vie, irréprochablement insignifiante, d’autre mérite que d’être faite par un parent, ce qui n’est pas là un mérite littéraire, mais un bien plus important, allez !
Je sais bien qu’il est une École qui conteste assez hautainement la supériorité de cette poésie spirituelle, une École puissante et qui mérite de l’être, _ car elle a rendu de grands services à la langue poétique de ce temps. […] Il est vrai que la Cendrillon des Premières Poésies a rattaché sa tombante ceinture, relevé ses cheveux défaits sur ses joues pâles, et qu’elle est devenue, en ces dernières, cette Valmore qui eut sa renommée avant de l’avoir méritée, et qui, maintenant qu’elle la mérite, va peut-être ne l’avoir plus !
Et tel est aussi le mérite — le seul mérite — du livre de Pichat, poète malgré lui, poète incorrigible, poète démocratique… c’est-à-dire un aristocrate qui a dérogé.
Cet homme est encore dans la vigueur du corps et de l’esprit ; il a été à la fois dans sa jeunesse le Molière et le Tacite de son temps ; il a fait la Mandragore et l’Histoire de Florence ; il a passé de là aux plus hautes magistratures décernées au mérite par le choix libre de ses concitoyens ; il a été quinze ans secrétaire d’État de la république ; il a été vingt-cinq fois ambassadeur de sa patrie auprès du pape, du roi de France, du roi de Naples, de tous les princes et principautés d’Italie ; il a réussi partout à rétablir la paix, à nouer les alliances, à dissoudre les coalitions contre son pays. […] Ses anciens amis sont éloignés, les cours qu’il a fréquentées l’ont oublié ; les Médicis, quoique pleins d’estime pour lui, le regardent avec une certaine déplaisance ; ils craignent même les services d’un citoyen dont le mérite domine de trop haut les autres citoyens. […] « Pendant quatre heures de temps que dure cet entretien avec les morts, je ne sens plus aucun de mes soucis, j’oublie toutes mes angoisses, je ne crains plus ma pauvreté, je ne m’épouvante plus de la mort ; je me transfigure en eux tout entier, et, comme dit Dante, “qu’aucune science ne mérite ce nom si on ne retient pas ce qu’on a appris”, j’ai noté de ces entretiens avec ces hommes antiques tout ce que j’ai recueilli de capital et de caractéristique dans leur vie et dans leurs pensées, et j’en ai composé un opuscule intitulé des Gouvernements, ouvrage dans lequel je pénètre aussi profondément que je le peux dans les pensées qu’un tel sujet comporte, agitant en moi-même ce que c’est que la souveraineté, de combien d’espèces de souverainetés le monde se compose, comment elles s’acquièrent, comment elles se conservent, pourquoi elles se perdent ; et si jamais quelques-unes de mes rêveries vous ont plu, celle-ci, je le crois, ne devra pas vous déplaire ; et elle pourrait être acceptable surtout à un prince nouveau (allusion aux Médicis, rentrés maîtres de Florence, à qui il espérait plaire par cette haute leçon de gouvernement) : c’est pour cela que l’ai dédiée à la magnificence (majesté) de Julien. […] Une seule de ces circonstances mérite d’être relatée, parce qu’elle donna lieu à la longue résidence de Machiavel auprès de César Borgia, fils du pape Alexandre VI. […] » XV Dans un chapitre qui semble écrit par Bossuet, Machiavel démontre, par les exemples de Moïse, de Cyrus, de Romulus, de Thésée et d’autres fondateurs de dynastie, que plus ils sont partis d’en bas, plus ils ont dû tout à leur mérite, plus ils ont pu s’affermir dans leur élévation ; mais que sans la fortune, qui n’est que la prédisposition du peuple, et sans l’occasion, qui est la condition nécessaire et divine de toute grandeur, ils n’auraient pu que rêver leur ambition, jamais l’accomplir.
Antony Valabrègue Ce volume d’un débutant, Les Jeunes Tendresses, qui mérite d’exciter l’intérêt, est présenté au public par M.
Ce tableau abrégé de l’Histoire générale, commence au premier Empire d’Assyrie, & finit vers le milieu du Regne de Louis XV, en cela plus complet que le sublime Discours de Bossuet sur l’Histoire universelle, mais peu propre, malgré tout son mérite, à nous dédommager de ce qui manque à ce dernier Ouvrage.
L’Abbé de Marolles entendoit très-bien la Langue de ses Originaux, mérite qui n’est pas toujours le partage de nos Faiseurs de Traductions.
Mais si cette abondance est chez lui un défaut, elle le préserve toujours de ces raisonnemens subtils & entortillés, de ces idées bizarres & gigantesques, de ces antitheses recherchées & puériles, de ces tours affectés, de ces expressions académiques, de ce ton ridiculement philosophique, qui font l’insipide mérite de quelques prétendus Prédicateurs de nos jours.
Le Ballet extravagant, ainsi que le Secret révélé, deux autres petites Comédies en un Acte chacune, n’ont pour elles que le mérite de la vivacité du style, & le naturel du Dialogue, caractere principal de l’Auteur.
Rollin n'empêcheront pas qu'il ne soit placé, par les justes appréciateurs du vrai mérite, au nombre de nos Littérateurs les plus estimables.
De petits détails, de petits moyens, de petits sentimens, de petites peintures, de petites simagrées, sont les seuls ressorts qui en composent tout le mérite.
La Serre eut du moins le mérite d'être Auteur original, quoiqu'on puisse dire que ce fût dans le genre le plus mince & le plus pitoyable.
Ménage sur-tout fut offensé de la liberté, ou, pour mieux dire, de la justice avec laquelle il s’étoit expliqué à son sujet ; mais les Lecteurs furent du parti de Baillet, & seront toujours de celui de quiconque, sans humeur & sans partialité, fera connoître les défauts de chaque Ecrivain, sans lui rien dérober de la gloire qu’il mérite pour ce qu’il a composé de bon.
Malgré le goût du siecle pour les frivolités, il a rendu justice au mérite de ce savant Littérateur qui jouit de toute sa réputation.
A ce ridicule près, qui n’en est plus un aujourd’hui, à force d’être commun, Mademoiselle de Gournay n’étoit pas sans mérite.
Il a peut-être rendu en cela des services très-utiles ; mais c’est à ceux pour qui il a travaillé à apprécier son mérite.
Au moins ces fortes de Compilations, si aisées à faire, devroient-elles avoir le mérite du choix ; mais le choix est la premiere chose qu’on y annonce, & la premiere qui y manque.
Après ces deux reproches échappés à la justice & à l’impartialité, nous ne craindrons pas de dire qu’aucun de nos Poëtes n’a plus de droit à l’immortalité, moins par la quantité, que par le mérite des Pieces dont il a enrichi notre Théatre.
de Fontenelle qui étoit de leurs amis, m'ont assuré que cette Dame, qui s'est distinguée par son mérite & par son savoir, n'a jamais composé de Vers ».
On dit qu’il avoit une maniere de réciter ses Vers, qui les paroit d’un mérite dont ils étoient bien éloignés, ce qui donna lieu à cette agréable Epigramme de Gombaud.
Il s'en faut bien que son Recueil, connu sous le titre de Jeux poétiques, mérite les mêmes reproches ; aussi est-ce son meilleur Ouvrage.
Le mérite de ses Lettres, qu'on lit toujours avec un nouveau plaisir, ne consiste pas dans un étalage d'esprit ou dans une emphase de sentiment, comme celui d'une infinité d'Auteurs qui nous ont donné des volumes d'Epîtres, sans approcher en aucune façon du naturel, de l'aisance, de la délicatesse, du sel, & de l'agrément, qui présidoient à tout ce que Madame de Sévigné écrivoit.
Il faut également éviter de représenter des cadavres136 (quel que soit d’ailleurs le mérite de l’exécution), ou l’humanité succombant sous de longues infirmités137.
Ce tableau n’est pas à beaucoup près sans mérite.
Or tous ceux qui ont appris le grec et l’anglois, sçavent bien qu’un poëte grec qu’on traduit en françois perd beaucoup plus de son mérite qu’un poëte françois qu’on traduit en anglois.
Lucilius, né dans une condition médiocre, s’était élevé par son mérite au rang de chevalier romain, et avait obtenu la place d’intendant en Sicile. […] Son apologiste mérite d’être applaudi, ne fût-ce que pour avoir osé le défendre contre cette populace de pédants et d’écoliers mal appris. […] Jusqu’à ce que la suffisance soit devenue la mesure du mérite, il faudrait se garder d’en prendre le ton. […] Mais, à votre avis, la certitude de s’emparer de tous les biens d’un coup de main ne mérite-t-elle pas une pénible tentative ? […] Ce n’est point par autrui, c’est par soi qu’on mérite ou qu’on démérite.
Gide est devenu, après maintes œuvres spirituelles, l’un des plus lumineux lévites de l’église, avec autour du front et dans les yeux toutes visibles les flammes de l’intelligence et de la grâce, les temps sont proches où d’audacieux révélateurs inventeront son génie… Il mérite la gloire, si aucun la mérita (la gloire est toujours injuste), puisqu’à l’originalité du talent le maître des esprits a voulu qu’en cet être singulier se joignit l’originalité de l’âme.
On ne douta plus à Paris du mérite de l’artisan-poète, après que l’auteur des Impressions de voyage eut, en quatre pages spirituelles et attendries, montré le boulanger dans sa boutique et le chantre dans son sanctuaire.
Cet égoïsme, si fort à la mode parmi les Journalistes & les Auteurs critiques de ce siecle, est d’autant plus déplacé & plus ridicule, qu’il blesse l’amour-propre des Lecteurs, sans tourner au profit de celui des Ecrivains qui se le permettent, puisqu’il ne décele en eux qu’une vanité capable d’affoiblir le mérite de leurs bonnes qualités.
Il a le mérite de joindre au savoir un ton de modération & d’honnêteté qui en releve le prix.
Les Ouvrages des hommes de génie, & l’on peut appeler de ce nom l’Auteur du Grondeur, devroient être sacrés pour ceux qui n’en sont que les organes, & qui n’ont de mérite qu’à proportion qu’ils savent en rendre les beautés dans toute leur valeur.
Ce n’est pas que frere René D’aucun mérite soit orné, Qu’il soit docte, qu’il sache écrire, Ni qu’il dise le mot pour rire ; Mais seulement c’est qu’il est né Coiffé.
Cet Ouvrage, dont vingt-quatre volumes ont déjà paru, a pour-titre, Dictionnaire pour l'intelligence des Auteurs classiques, & ne mérite pas, à beaucoup près, les éloges que nous lui avions trop légérement départis dans les précédentes éditions des Trois Siecles.
Sa Traduction de l'Histoire universelle de Diodore de Sicile, est estimée & mérite de l'être.
Ce qui pourroit diminuer le mérite de cet Auteur, c'est qu'il l'apprécioit trop lui-même.
Un style simple, mais énergique & correct, une érudition adroitement ménagée, de l'exactitude dans les citations, de l'honnêteté dans les critiques, de la sagacité dans les discussions, de la solidité dans les principes, de la précision & de la justesse dans les raisonnemens ; voilà ce qui caractérise cette Production, qui mérite d'être placée à la suite du Traité, pour servir de correctif à ce qu'il offre de défectueux.
Je loue Boucher quand il le mérite.