Il ne s’agit pas seulement d’avoir de bons yeux, ni myopes, ni presbytes, voyant de loin, voyant de près, voyant juste et rapidement, et une âme claire, qui ne déforme pas l’image ; il faut entendre par là une acuité de tous les sens, la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat, une aptitude singulière à toutes les perceptions externes dont l’art peut tirer parti, et à laquelle se joint, ordinairement, la mémoire spéciale des images. […] » Voilà, si je ne me trompe, des tableaux singulièrement bien vus, par des yeux savants et justes. […] Les occupations mêmes de certains personnages de Dominique restent vagues, et, par exemple, je défie bien qu’on sache au juste comment ce patient, raisonnable et robuste Augustin, s’est élevé à cette haute position, d’ailleurs indéterminée, qu’il occupe à la fin du volume. […] « Ni gesticulations, ni cris, ni horreurs, ni trop de larmes… Le Christ est une des plus élégantes figures que Rubens ait imaginées pour peindre un Dieu… Vous n’avez pas oublié l’effet de ce grand corps un peu déhanché, dont la petite tête, maigre et fine, est tombée de côté, si livide et si parfaitement limpide en sa pâleur, ni crispé, ni grimaçant, d’où toute douleur a disparu, et qui descend avec tant de béatitude, pour s’y reposer un moment, dans les étranges beautés de la mort des justes.
Il nous semble que ce seroit en donner une juste idée, en disant que cet Orateur a plus de sagesse que d’élévation, plus de mouvemens que d’images, plus de sentiment que d’énergie, plus de brillant que de naturel ; & par-là, nous ne prétendrions pas affoiblir les éloges dus à ses talens, qui, avec quelques défauts de son Siecle, ont des qualités estimables qu’on ne rencontre pas communément dans les autres Orateurs.
Puisqu'il s'étoit proposé de donner, dans cet Abrégé, la substance de sa grande Histoire, il auroit dû avoir plus d'attention à n'y faire entrer que les événements principaux, en les réduisant à une juste étendue ; au lieu que, s'étant laissé aller à l'envie de ne rien omettre, les faits y sont accumulés, & ne forment qu'une énumération qui rend cet Abrégé assez semblable à une Table des Matieres.
Les critiques un peu retardataires, comme nous sommes, avaient tout juste achevé d’introduire l’un, que c’était déjà le tour de l’autre. […] Sand cachait un de ces maîtres à qui la baguette et le miroir d’enchanteur ont été donnés, à qui le monde est ouvert pour qu’ils s’y promènent, et qui, s’ils veulent faire de leur art un juste emploi, peuvent nous entraîner sur leurs traces et nous retenir longtemps.
Il suivait en tout la vérité ; il était juste, il était bienfaisant par intelligence. […] Il demandait aux dames, pour comprendre sa Pluralité des mondes, tout juste la même somme d’attention dont elles ont besoin pour suivre la Princesse de Clèves.
Schwob poursuit : « Elles peuvent se rapporter l’une à l’autre en tant qu’elles sont des signes… et il est possible que, les signes étant très différents, les choses signifiées soient très voisines. » (Il est possible, en effet, et ce serait juste assez d’une métaphysique complète pour qu’il fût certain.) […] Je le félicite de l’avoir fait dans le français le plus adéquat, le plus collant, le plus digestif, le plus classique (s’il m’est permis d’évoquer, par de justes épithètes, la logique, la plastique, l’hygiène et l’histoire).
À cette heure de médiocrités dorées, le cas d’un Gustave Moreau a juste la rareté du cas d’un Roux ou d’un Hayem. […] J’oscille entre ces deux opinions, mais la seconde est plus juste. — Pourtant, il y a eu de l’art avant les artistes modernes, et depuis Delacroix.
Le style en est simple et noble ; les pensées en sont justes et pleines de raison ; les sentiments en sont vrais, élevés et profonds : on peut dans ces écrits rendre tout à la fois une idée juste de la portée et des directions de la marquise de Rambouillet, et des conversations qui avaient lieu dans son intimité.
Il a la myopie juste, ce M. […] Rationaliste et juste milieu !
Ceci donc équivaudrait à dire, dès les premières lignes, que ce pauvre Léouzon-Leduc n’est point un véritable historien, et que l’emploi de ses procédés donne juste (ce qui serait bien dur) l’idée exacte de sa manière. […] Il se jouait de Dieu et des hommes dans une éloquence pleine d’eux qui allait au cœur… Tête vertigineuse, mobile et tenace, trait juste que Léouzon-Leduc a rencontré, je ne sais comment, suffisant sans scrupule, élégamment cynique, on le vit donner des spectacles presque comiques dans leur abaissement.
Si aujourd’hui, par impossible, les atroces Tartuffes qui veulent la mort du Christianisme par l’appauvrissement de la Papauté, et les imbéciles, plus nombreux encore, qui croient que pour la gloire et le renouvellement de la Papauté, avilie, selon eux, dans le pouvoir et les richesses, il faudrait la jeter vivante à la voirie des grands chemins et qu’elle allât tendre sa tiare à l’aumône comme Bélisaire y tendait son casque, avaient une vue juste de la réalité, le sou que la Chrétienté y ferait pleuvoir de toutes parts serait l’atome constitutif d’un pouvoir temporel nouveau, qui — le monde étant différent de ce qu’il était il y a dix-huit siècles — ne se développerait pas comme la première fois, mais trouverait une autre forme de développement. […] Les faits et les raisons y brillent, comme des fers de lance, à l’usage de ceux qui cherchent des armes pour défendre le gouvernement temporel de la Papauté, qui, tel qu’il fut, et sous les coups qu’on lui porta et qui l’auraient rendu furieux et terrible s’il n’avait été qu’un gouvernement comme un autre, fut imperturbablement le plus juste et le plus serein des gouvernements que l’on ait vus parmi les hommes !
Sans amour-propre aucun, juste pour le plaisir d’être juste, désintéressé de lui-même, quand il se trompe, ce qui est très rare, sur le fond d’une chose ou d’un homme, il le dit et il ne s’épargne pas le mot meurtrissant.
Arriver au point juste en toutes choses, diminuer l’hyperbole, diminuer le quelque chose d’énorme que Diderot nous donnait pour la définition de la poésie, et qui n’est la poésie que pour des enfants ou pour Diderot tombé en enfance sous la pression de son matérialisme grossier ; voir clair, — expression charmante pour dire la seule chose utile et digne de l’esprit humain, tout cela n’est, certes ! […] Mais, pour en revenir au Ramayâna, l’analyse elle-même ne saurait en donner une juste idée.
de me voir quitter par intervalle (ce n’est donc qu’un instant) les régions purement lyriques pour aborder le terrain de la réalité. » Et il ajoute, en chiffonnant une idée juste : « A l’origine des littératures, les scènes de la vie agricole et de la vie militaire constituent les plus fécondes sources d’inspiration (constituent une source, quelle poésie !) […] Si cet homme qui dans sa préface a eu, probablement après coup, une idée juste, l’avait abordée dans ses poèmes, s’il portait quelque part l’influence ou l’empreinte des récits bibliques !
Gautier n’y fût juste ce qu’il a été dans son roman d’aujourd’hui du Capitaine Fracasse, c’est-à-dire un faiseur d’images inanimées, quoiqu’elles parlent et se remuent, et qui passent devant nous sans nous intéresser ni nous plaire, à travers un style que ses amis peuvent appeler un tour de force ou de souplesse, mais que je hais comme un parti pris. […] Gautier, pour avoir une juste idée de sa magie, les prodigieux événements de son roman d’aventure.
Il semble qu’il y ait pour eux une autre morale que pour le reste des hommes : on cherche toujours s’ils ont été grands, et jamais s’ils ont été justes ; celui même qui voit la vérité craint de la dire. […] Qu’on les adore de leur vivant, cela est juste ; c’est le contrat éternel du faible avec le puissant ; mais la postérité, sans intérêt, doit être sans espérance comme sans crainte.
Il faut être juste : le discours de M. de Montalembert (voir séance de la Chambre), à propos de l’article qui exige l’affirmation qu’on n’est pas d’une congrégation non autorisée, etc., pour être apte à enseigner, a été bien et a eu des accents de vérité, de générosité et d’élévation remarquables.
C’est d’eux que Mallarmé a loué, en termes si justes, « la simplicité noblement nue ».
Le Monarque fut en cela aussi connoisseur, que juste & libéral.
On pourroit y trouver encore quelques idées justes, si on avoit le courage de dévorer un tas d’inepties & d’extravagances qui les suffoquent.
Placer les gens, manier l’argent, interpréter la loi, démêler les motifs des hommes, prévoir les altérations de l’opinion publique, être forcé de juger juste, vite et vingt fois par jour, sur des intérêts présents et grands, sous la surveillance du public et l’espionnage des adversaires, voilà les aliments qui ont nourri sa raison et soutenu ses entretiens ; un tel homme pouvait juger et conseiller l’homme ; ses jugements n’étaient pas des amplifications arrangées par un effort de tête, mais des observations contrôlées par l’expérience ; on pouvait l’écouter en des sujets moraux, comme on écoute un physicien en des matières de physique ; on le sentait autorisé et on se sentait instruit. […] Il se confiait en Dieu, comme un être bon et juste qui se sent aux mains d’un être juste et bon ; il vivait volontiers dans sa pensée et en sa présence, et songeait à l’avenir inconnu qui doit achever la nature humaine et accomplir l’ordre moral. […] Partout de justes oppositions qui ne servent qu’à la clarté et ne sont point trop prolongées ; d’heureuses expressions aisément trouvées qui donnent aux choses un tour ingénieux et nouveau ; des périodes harmonieuses où les sons coulent les uns dans les autres avec la diversité et la douceur d’un ruisseau calme ; une veine féconde d’inventions et d’images où luit la plus aimable ironie. […] Sa robe était du plus riche velours noir, et, juste à l’endroit du cœur, garnie de larges diamants d’un prix inestimable disposés en forme de croix. […] Ils me firent penser à ces airs célestes qui accueillent les âmes envolées des justes à leur entrée dans le paradis pour effacer le souvenir de leur récente agonie et les préparer aux plaisirs de ce lieu bienheureux.
Les statuaires sont inconnus, surtout de la foule : c’est sur Chappe ou sur Étienne Dolet que retombe la mésestime, ce qui n’est pas juste. […] C’est juste, car ils enivrent de plusieurs manières, soit qu’on les respire, soit qu’on les touche ou seulement qu’on les regarde. […] Probablement à cause de l’antithèse qu’elle contient, bien que comme toutes les antithèses, fort incomplète et très peu juste, même quand elle l’est le plus. […] Ce sera très beau si les architectes consentent à n’y mettre que tout juste la quantité de faux luxe qui permettra de ne pas y louer plus cher que dans les autres. […] Il me reste tout juste assez de lucidité pour envoyer chercher chez le pharmacien des drogues inutiles, mais dont l’essai me fera toujours passer le temps.
La plupart de ses productions sont inspirées par le culte du beau et du juste, et elles attestent, sous une forme précise et harmonieuse, son aversion pour la bassesse et la lâcheté ainsi que son profond amour pour les âmes nobles et patriotiques.
Charles Loyson est juste un intermédiaire entre Millevoye et Lamartine, mais beaucoup plus rapproché de ce dernier par l’élévation et le spiritualisme habituel des sentiments.
C’est quand vous êtes dans ces tons justes que vous me semblez le plus vous-même et qu’il me plaît surtout de vous reconnaître.
Son élocution en général est simple, noble, pure, & vigoureuse : si elle étoit moins inégale ; si ses pensées étoient plus justes & plus profondes ; si son coloris répondoit toujours à la vivacité de ses sentimens, on pourroit le proposer aux Orateurs Chrétiens comme un modele ; mais il n’a ni l’éloquence convaincante de Bourdaloue, ni l’éloquence persuasive de Massillon, ni l’éloquence tendre & onctueuse de Cheminais, ni l’éloquence brillante & animée du P.
On y trouve une Préface lumineuse, qui donne d’abord une juste idée de la matiere que l’Auteur va traiter.
Il a aussi composé des Dissertations sur plusieurs objets d’Eloquence & de Poésie, où les Critiques sont justes & les Remarques instructives.
Une assez juste connoissance de la Morale & de la Politique, plus d’esprit que de talent, plus de finesse que de raison, plus de sentiment que d’imagination, de la facilité pour écrire en Vers & en Prose avec intérêt & avec élégance, sont les principaux traits qui caractérisent les Ouvrages de cet Ecrivain.
Mais ceux qui voudront se former une juste idée de cet excellent Ouvrage, doivent le lire en original.
Supposez chez les tenants de ce défi poétique une sorte de furie, semblable à celle qui fait chanter tous à la fois les oiseaux d’une volière, non pour exprimer leurs petites passions, mais pour s’imiter et se surpasser, vous aurez une idée assez juste de cette poésie. […] Laissons aux deux époques une part dans les fautes des uns et dans le mérite de l’autre, pour blâmer comme pour admirer dans de justes bornes. […] Chaque fois d’ailleurs que les idées de d’Alembert et de Marmontel sont justes, remontez à leur source : vous les trouverez dans l’Art poétique, et vous pourriez les en tirer comme du fruit on tire la semence. […] S’il reste parfois au-dessous de l’idéal qu’il a tracé des bons ouvrages, « dont l’agrément, dit-il, et le sel consistent principalement à ne jamais présenter au lecteur que des pensées vraies, et des expressions justes », c’est que ses forces trahissent son goût. […] Or, n’est-ce point pour n’avoir pas gardé, dans le Lutrin, cette juste proportion entre la matière et l’art, que ce poème, si riche en détails charmants, est pourtant un ouvrage froid ?
Si l’Ecrivain n’y est pas politique aussi profond, que l’esprit actuel des Gouvernemens semble l’exiger, les vûes y sont du moins saines, les principes sagement discutés, les réflexions justes & lumineuses, la morale utile & irréprochable.
Tel sera toujours le sort de ces Pieces où l’intérêt domine, quand elles seront réduites aux justes bornes que leur bon goût doit leur prescrire.
L’observation n’est pas juste : il falloit dire, que si l’on nous eût conservé toutes les Productions des Grecs célebres, le nombre de leurs Ecrivains ne le céderoit certainement pas au nombre des nôtres.
Il était fâcheux, il le devenait de plus en plus, que, sans déroger, sans déchoir, on ne pût à un certain moment, et tout en participant dans une juste mesure à la culture réputée la plus noble et la plus délicate, se diriger vers les connaissances précises dont on devait faire le principal de son fonds social et son instrument de travail et de vie. […] Lumières antiques et lumières modernes, voilà ce qu’il importait plus que jamais d’assembler, de graduer selon une méthode amie, et d’enseigner ouvertement dans un juste concert. […] Il n’est que juste, et c’est mon droit, presque mon orgueil, en terminant ces volumes, d’y rattacher ce qui en a été le remerciement public et la récompense. — J’avais choisi pour sujet du cours Virgile et l’Énéide.
Le roi goûtait donc M. de Noyon, et c’était un plaisir pour lui, presque une gaieté de le voir : ce que le prélat avait de naturellement excentrique frappait d’abord l’esprit juste de Louis XIV, et lui épanouissait le front ; et il en recevait aussi des flatteries, des déclarations de tendresse d’une brusquerie imprévue et neuve qui n’y gâtait rien. […] Pendant que l’Église voit avec édification dans ces sages règlements la vérité de la doctrine, la pureté de la morale, l’intégrité de la discipline, l’autorité de la hiérarchie, établies, soutenues et conservées dans le diocèse de Noyon depuis l’heureux temps de votre épiscopat, nous y voyons encore ces divisions exactes, ces justes allusions, ces allégories soutenues, et surtout une méthode qu’on ne voit point ailleurs, et sans laquelle on suivrait difficilement des idées aussi magnifiques que les vôtres ! […] Cela, on le voit, n’est pas tout à fait juste, et il ne manque rien à ce discours pour être en parfait contraste avec le genre de l’évêque.
Un avocat journaliste qui ne demandait avis à personne et qui jugeait d’après lui-même jusqu’à être souvent seul contre tous, Linguet, dont Voltaire a su apprécier les talents et la vigueur d’esprit, publia sur le grand écrivain, au lendemain de sa mort, un essai où il y a quelques réflexions très justes et fort bien rendues. […] Ajoutons, pour être juste, que dans toutes ses appréciations piquantes et sagaces, mais qui sentent la boutade, Voltaire oubliait ou ne prévoyait pas un adoucissement graduel de mœurs, un progrès insensible et continu auquel lui-même contribuera. […] Voltaire n’avait point d’aversion pour ce ministère Maupeou, de près si impopulaire ; l’éloignement l’avait bien servi et lui avait fait voir juste sur un point.
On peut même dire qu’on ne connaît bien la vie de Chanteloup et cet exil triomphant, qu’on ne s’en peut faire une juste et entière idée qu’après avoir lu ces lettres qui en sont comme un bulletin confidentiel, où l’enthousiasme des intimes et des intéressés ne faiblit pas un seul instant. […] Si juste dans ses paroles, dans ses pensées ; si attentive, et d’un si bon naturel ! […] Disons-nous, pour être justes, que ce n’est pas pour nous qu’il écrivait, c’était pour les personnes de sa coterie qui trouvaient tout cela fort bon, fort doux et très amusant.
Et puis il faut tout dire : comme lui-même, si humble et si soumis descripteur qu’il soit, il n’est, après tout, dans cette tâche dont il s’acquitte si en conscience, qu’un peintre et un poète dévoyé, il est juste qu’il se ménage de temps à autre de petites satisfactions et jouissances, c’est-à-dire des morceaux d’exécution. […] Il a toute raison de dire avec un juste sentiment de sa valeur : « Nous faisons notre art à travers notre métier. » Un autre petit finale d’article des plus achevés en son genre, qui me revient en mémoire, est dans le compte rendu des peintres anglais, à propos d’un tableau de Hook qui a pour sujet Venise telle qu’on la rêve. […] Je n’ai point parlé non plus de cette joute de la Croix de Berny, de ce roman de société où il fut un des quatre tenants avec Mme de Girardin, Méry et Jules Sandeau, chacun faisant son personnage et reprenant le roman à l’endroit juste où l’autre l’avait poussé.