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1657. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre IV. Pourquoi le génie d’Homère dans la poésie héroïque ne peut jamais être égalé. Observations sur la comédie et la tragédie » pp. 264-267

Les sentiments, le langage, les actions qui leur sont appropriés, ont, par leur violence et leur atrocité même, quelque chose de merveilleux, et toutes ces choses sont au plus haut degré conformes entre elles, et uniformes dans leurs sujets.

1658. (1932) Les idées politiques de la France

Les trois derniers pontificats ont réagi, dans une certaine mesure, contre la gérontocratie traditionnelle, en faisant une place plus grande à la jeunesse libérale dans les hauts postes ecclésiastiques. […] Or, sans remonter plus haut que la troisième République, il faut reconnaître que l’Église a été conduite deux (ois à une catastrophe par de grands journalistes. […] Le corps enseignant représentait un spirituel de gouvernement, qui eut ses évêques, son haut clergé (protestant !) […] C’est mettre ses conjectures à bien haut prix que de tailler quarante millions d’êtres humains, et les enfants de leurs enfants, sur le patron de ces conjectures ! […] Or, tout se passe comme si ce mythe (j’entends par là une vérité poétique et plastique) mettait aujourd’hui son signe indicateur au plus haut ou au centre de l’idéologie socialiste.

1659. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

C’est là un des plus hauts problèmes de l’esthétique rationnelle. […] Ainsi donc, que les fictions dramatiques puissent contenir en elles-mêmes la plus haute poésie, cela ne peut être mis en doute. […] Les deux arts se rejoignent dans leur plus haute expression. […] Dans les belles œuvres musicales tout concourt à porter l’impression de poésie à son plus haut degré. […] La poésie, à son plus haut degré d’élévation, est tout extérieure.

1660. (1913) Poètes et critiques

Une « étoile » mal placée et faisant tache ou trou au haut ou bas de la page le mettait hors de lui. […] Il ne s’est cru tenu à l’absolue justice et n’a usé très librement de tout son droit de discussion qu’envers l’écrivain supérieur et de haut renom, pour qui d’autres auraient sans doute réservé leurs aimables égards et leurs ménagements pleins de prudence. […] Elle doit ajouter encore aux sentiments de haute estime, — n’hésitons pas à dire de respect, — qu’inspire, à ceux qui savent lire, toute l’œuvre de Victor Giraud. […] Sans remonter plus haut, j’en citerais plusieurs, si je voulais, parmi les camarades mêmes de Beaunier : ils entrèrent très résolument, d’un élan vif, presque joyeux, dans leur classe de rhétorique ou de philosophie, ils s’affirmèrent aussitôt comme des maîtres exemplaires. […] Est-il besoin d’en dire plus pour indiquer et l’intérêt durable et la haute valeur de ces Notes sur la Russie ?

1661. (1887) George Sand

Ses héros s’élèvent aux plus hautes cimes du platonisme. […] Les intelligences les plus hautes elles-mêmes n’y échappent pas ; c’est une sorte d’habitude qui s’est créée pour l’esprit. […] Son front n’est pas haut, et sa riche chevelure du plus beau châtain tombe des deux côtés de la tête jusque sur ses épaules. […] Il a ses hauts et ses bas, ses grosses notes et ses défaillances ; au fond, ça m’est égal, pourvu que l’émotion vienne, mais je ne peux rien trouver en moi. […] Il sent qu’il a affaire à une personne et non à un instrument. » (1er mars 1803, Correspondance inédite, citée plus haut.)

1662. (1927) Approximations. Deuxième série

En ce qui concerne Bonnard, je me rallierais volontiers à la conclusion de Fosca, mais lui avouerai-je que ce sentiment précisément, toute reprise de contact avec l’œuvre de Degas me le fait éprouver au plus haut point ? […] « On est entré dans sa chambre quand il était seul, quand il parlait haut…62 ». C’est bien ainsi que je me représente Pascal, — seul et parlant haut. […] » Le poète était très en train, parlait vite et assez haut, ponctuant ses propos de ces gesticulations qui lui donnaient souvent un certain air étranger. […] Et, dans le même temps, mon cœur bondissait de joie plus haut que les maisonsew ! 

1663. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Un homme, se laissant couler sur une corde tendue depuis le haut des tours de Notre-Dame jusqu’à l’un des ponts par où passait le cortège, vint également déposer une couronne sur le front d’Isabeau. […] s’écria tout haut le maréchal, tu me gâtes le soyons amis, Cinna. […] Il marquait une ardeur guerrière, il poussait, au moment opportun, des hennissements, il trépignait avec un tel naturel, que le public ne se lassait point d’admirer sa haute intelligence. […] Phèdre fut la première tragédie contre laquelle on vit s’organiser une cabale partie de haut et qui prit des proportions considérables. […] Elle s’adjoignit la duchesse de Bouillon, son frère le duc de Nevers, et plusieurs personnages haut placés.

1664. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Montons sur les murailles et sur les tours de la cité et plus haut encore. […] Jacques Bainville, « un cours complet de haute diplomatie ». […] dans l’herbe haute, allègres peupliers au bord des routes, … arbres, vous ne dites jamais : C’est derrière la ligne des monts que fleurit le bonheur !  […] Et il écrit à Joffre, et il écrit au roi Albert, et il écrit au président du Haut Conseil fédéral suisse. […] Potterat supplie le Haut Conseil de protester au moins en faveur de la Belgique.

1665. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Notre temps, qui a beaucoup fait pour lui, ne l’a cependant pas encore placé si haut. […] Bref, à considérer les choses de haut, — de très haut, — je doute si l’humanité ne perd pas plus à la disparition définitive d’Iza qu’elle ne gagne à la purification momentanée (qui sait ?) […] Il a, par moments, des férocités d’un haut comique et il a parfaitement l’air de le savoir. […] On parle très haut de positivisme, d’enquête scientifique et de méthode expérimentale. […] L’un voit le monde du haut de la montagne où mourut Valmiki ; l’autre le voit de la chambre à coucher de la baronne d’Ange.

1666. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Mais l’écrivain dramatique n’a point ces hautes visées. […] Mais c’est que la scène est vraie d’une vérité plus haute, plus idéale. […] Je lui ferai remarquer aussi que dans le prologue il parle ou trop vite ou pas assez haut. […] D’où Régnier la tenait-il, je ne puis remonter plus haut ; mais il est probable que M.  […] Il fournit dans ses notes nombre de preuves du haut prix qu’atteignait la porcelaine vraie ou fausse : de Chine, du Japon ou de Hollande.

1667. (1881) Le naturalisme au théatre

On s’en tenait à l’homme métaphysique, à une idée d’abstraction et de rhétorique, comme je le disais plus haut. […] Le coup de folie est général, et il part de haut. […] Voilà qui est d’un critique de haut vol. […] Rien n’est sévère et rien n’est haut comme la peinture, de ce qui est. […] Elle est dès lors, comme je l’ai dit plus haut, la résultante même des personnages.

1668. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VI. Utilité possible de la conversation »

Mais enfin si l’on cherche dans l’entretien d’autrui autre chose qu’une distraction sans effort, une occasion de sommeil pour l’intelligence accablée, autre chose que la satisfaction de bavarder, de manifester et d’assouvir une curiosité frivole ou une malignité irréfléchie, si l’on veut penser tout haut, et écouter penser les autres, il y a encore beaucoup à tirer de la conversation.

1669. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guérin, Charles (1873-1907) »

André Theuriet Avec le Cœur solitaire nous nous élevons sur de plus hauts sommets et nous goûtons le charme d’une facture plus savante… Seulement, ici, il nous faut dire adieu à la joie de vivre… M. 

1670. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Sarah Bernhardt » pp. 14-18

Ce n’est peut-être pas entièrement sa faute si certains, passant d’un extrême à l’autre, ont glissé si vite sur la pente des concessions, et ont déserté les hautes entreprises pour les spéculations commerciales.

1671. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

Plusieurs Ecrivains, déifiés par le préjugé ou l’esprit de parti, commencent à voir diminuer leur culte, & à retomber sur terre, du haut du piédestal sur lequel on les avoit élevés.

1672. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1828 »

Ç’aurait sans doute été plutôt ici le lieu d’agiter quelques-unes des hautes questions de langue, de style, de versification, et particulièrement de rhythme, qu’un recueil de poésie lyrique française au dix-neuvième siècle peut et doit soulever.

1673. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre V. Caractère du vrai Dieu. »

Le Seigneur a tonné du haut des cieux.

1674. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre III. Des Philosophes chrétiens. — Métaphysiciens. »

Clarke, dans son Traité de l’existence de Dieu, Leibnitz, dans sa Théodicée, Malebranche dans sa Recherche de la vérité, se sont élevés si haut en métaphysique, qu’ils n’ont rien laissé à faire après eux.

1675. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « César Cantu »

Or, Renée, le continuateur de Sismondi et qui nous a donné cette solide et brillante Histoire de Louis XVI qu’aucun de ceux qui aiment l’Histoire n’a oubliée, Renée était d’une raison trop haute et trop sobre, il était d’une conscience historique trop pure, pour laisser passer sous sa plume le courant de faits sans critique et sans choix qui viennent s’entasser et se cahoter dans le récit diffus de Cantu.

1676. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

La Rochefoucauld, qui eut plus que personne qualité pour la juger, nous a dit déjà, et je répète ici ce passage trop essentiel au portrait de Mme de Longueville pour ne pas être rappelé : « Cette princesse avoit tous les avantages de l’esprit et de la beauté en si haut point et avec tant d’agrément, qu’il sembloit que la nature avoit pris plaisir de former en sa personne un ouvrage parfait et achevé ; mais ces belles qualités étoient moins brillantes, à cause d’une tache qui ne s’est jamais vue en une personne de ce mérite, qui est que, bien loin de donner la loi à ceux qui avoient une particulière adoration pour elle, elle se transformoit si fort dans leurs sentiments, qu’elle ne reconnoissoit plus les siens propres. » La Rochefoucauld ne put d’abord se plaindre de ce défaut, puisqu’il lui dut de la conduire. […] Bossuet n’aurait pu dire ici bien haut, comme de la princesse Palatine : « Sa foi ne fut pas moins simple que naïve. […] En cette ville, elle descend aux Filles de Sainte-Marie, et y visite le tombeau du duc de Montmorency, son oncle, dont la mort tragique l’avait tant touchée à cet âge encore pur de treize ans, et lui devenait d’une bien haute leçon, aujourd’hui qu’elle-même sortait vaincue des factions civiles. […] Elle se réconcilia en ces années avec le prince de Conti, et se lia étroitement avec la princesse de Conti sa belle-sœur, qui, nièce du Mazarin, rachetait ce sang suspect par de hautes vertus : ces trois personnes devinrent bientôt à l’envi des émules dans les voies de la conversion.

1677. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

comme elles volent haut !  […] Bernardin de Saint-Pierre, retiré du monde après tant de recherches errantes, tant d’irritations et d’aigreurs, écrivant, au haut de son pauvre logis de la rue Neuve-Saint-Étienne-du-Mont, sous ces mêmes toits autrefois sanctifiés par Rollin, les belles pages de ses Études qu’il mouille de larmes, Bernardin est bon, et ne ment assurément ni aux autres ni à lui-même. […] Dans la description du coucher de soleil citée, plus haut, il est question des vents alizés qui le soir calmissent un peu, et des vapeurs légères propres à réfranger les rayons ; deux mots que le Dictionnaire de l’Académie n’a pas adoptés encore. […] Quand Bernardin de Saint-Pierre publiait la Chaumière indienne, en 91, il était au haut de la montagne de la vie et de la gloire ; il avait aussi, en quelque sorte, son royaume de Cachemire à ses pieds.

1678. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Pour les villes et pour les palais des riches, je ne dis pas non : ils sont trop haut pour sentir ces misères, ils n’y croient pas. […] j’en suis : mais alors, je vous l’ai dit, il faut remonter plus haut que 93, et c’est avant Louis XVII qu’il faut commencer nos larmes ; je pleurerai sur les enfants du roi avec vous, pourvu que vous pleuriez avec moi sur les petits du peuple. […] « Le conventionnel avait prononcé ces dernières paroles d’une voix haute, et avec le frémissement de l’extase, comme s’il voyait quelqu’un. […] Il a beau dire, plus on place haut le drame du supplice sur l’échafaud, plus l’univers est attendri : le respect se joint à la compassion ; ce sont deux douleurs !

1679. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Quant à ces salons où la royale comtesse était si impatiente d’avoir sa cour et que la sauvagerie d’Alfieri tenait si obstinément fermés, ils vont enfin s’ouvrir : grands seigneurs et grandes dames, hommes de guerre et hommes d’État, écrivains et artistes, y affluent bientôt de toutes parts ; c’est le foyer littéraire de l’Italie du nord, c’est un des rendez-vous de la haute société européenne. […] Parmi ces hommes qui comprennent si mal les hautes pensées et les sentiments généreux, il reste cependant encore une secrète admiration pour des vertus et un dévouement dont ils sont incapables. […] Ses traits correspondant à cette majesté du corps, un front haut et droit, un œil vaste, encaissé profondément dans une arcade creuse et sévère ; un nez droit bien dessiné, surmontant une bouche dédaigneuse ; un tour de visage maigre et dur ; des cheveux touffus et longs, couleur de feu, comme ceux d’un Apollon des Alpes, qu’il rejetait en arrière, tantôt enfermés dans un ruban, tantôt flottant et épars sur le collet de son habit : cheveux rouges qu’on ne rencontre jamais en Italie, mais qui sont le signe des races étrangères et la marque naturelle de l’homme du Nord, l’Anglais, l’Allobroge, le Piémontais teint de Savoyard. […] Mais Alfieri n’avait ni charme, ni grâce, ni douceur : on l’aimait par surprise, on continuait de l’aimer par crainte ; on se figurait que la force de ses traits était une marque de la force de son génie, et que ce génie était démesuré comme son corps… Ce génie n’était qu’imaginaire ; on n’osait pas en douter tout haut, on se résignait tout bas à son erreur.

1680. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Ses paroles fardées, Ses pleurs, ses plaincts remplis de fiction, Et ses hauts cris et lamentation, Ont tant gagné que par vous sont gardées Ses escrits où vous donnez encor foy. […] Le château situé au pied du Ben Lomond, haute montagne d’Écosse, était construit au milieu d’un lac qui battait ses murs et qui interceptait toute fuite. […] Le signal convenu de la fuite qui consistait dans un feu nocturne, allumé sur la plus haute plate-forme des tours du château, brilla enfin aux regards des Hamilton ; bientôt une barque inaperçue, voguant sur le lac et abordant la rive, leur livra la reine fugitive. […] Sa robe de velours à haut collet et à manches pendantes était bordée d’hermine.

1681. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Sans doute, en apprenant à Molière à chercher la comédie dans les mœurs et les caractères, le Menteur l’avait averti de son génie ; mais il n’avait fait que le mettre sur la voie de la comédie bourgeoise, et il lui laissait à créer tout entière la haute comédie. […] Ce jugement eût été vrai du haut d’une chaire ; d’une compagnie de gens d’esprit, il était excessif. […] Quelle joie dut causer à nos pères ce langage si bien approprié à la diversité des sentiments qu’il exprime, si haut et si fier dans les scènes d’explication et de défi, si naïf et si fin dans les scènes d’amour combattu, si poétique dans les épisodes ! […] Cette courte durée du génie de Corneille, cette décadence dans l’âge viril, cette inégalité qui le fait glisser à chaque instant de ses qualités les plus élevées dans les défauts opposés, de la grandeur dans l’emphase, de l’éloquence dans la déclamation, du raisonnement dans la subtilité de l’école, des plus hautes pensées dans l’abus des sentences, le dirai-je enfin ?

1682. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Mais le plus souvent, spectateur tranquille des transports qu’il a déchaînés, il y assiste majestueux et grave, tenant toujours ses flambeaux dressés, avec l’inexprimable mélancolie que la légende chrétienne prête à Lucifer, lorsque, du haut de son trône de pierre, un cierge planté entre ses deux cornes, il préside aux dévergondages du Sabbat. […] Une vigne s’abat du haut des voiles, chargée de fruits mûrs ; une treille se recourbe sur le gouvernail ; un lierre gigantesque grimpe au mât comme au tronc d’un chêne, et un dragon volant s’enroule autour de son long feston. […] Pallas, du haut de l’Acropole, dut brandir sa lance, et tourner des yeux sévères vers ses indignes filles, larmoyant sur un Mignon asiatique, tandis que le destin de la patrie s’agitait. […] Tous ces hiéroglyphes et tous ces symboles qui ne tiendraient pas sur le plus haut obélisque ne décorent qu’un sépulcre vide.

1683. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Ces élans, à leur tour, unis déjà chez certains d’entre eux à l’inquiétude des forces morales signalées plus haut et à la poursuite documentaire des fastes historiques, se sont rencontrés principalement parmi les artistes les plus attachés à leur province, parmi des conteurs régionalistes qui, dans la connaissance exacte et chaleureuse de leur sol, ont puisé d’excellentes raisons pour aimer plus tendrement leur foyer natal, le sûr et sacré palladium des mœurs ancestrales. […] Ils ont compris qu’à une telle noblesse de sujet devait correspondre une compréhension non moins haute de l’œuvre à élever. […] Dans les romans qui caractérisent sa seconde manière et que j’ai énumérés plus haut, M.  […] Ne serait-ce pas faire œuvre bien utile et bien haute que de montrer le combat perpétuel entre l’égoïsme et la pitié dans une âme, le trouble de conscience par où peuvent passer ceux qui s’étonnent de dépenser tant de justice sans récolter de reconnaissance, et d’essayer de dire le remède, puisque la souffrance est souvent double ici, et qu’on la trouve chez le patron qui cherche et chez l’ouvrier qui se plaint ? 

1684. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

quelle haute pensée a eu la société ancienne de le vouloir défendre à sa noblesse ! […] Je me trouvais à Lucerne, regardant du haut du pont, près d’une femme accoudée à mes côtés, sur le parapet, des canards qui ont une tache, en forme d’amande sur la tête. […] ……………………………………………………………………………………………………… — Dans la Haute-Égypte, — c’est encore la voix de Flaubert — par la nuit noire comme un four, entre des maisons basses, au milieu de l’aboiement des chiens qui veulent vous dévorer, on vous mène à une hutte, haute comme un jeune homme de dix-sept ans. […] … Une fois que j’étais couché sur le dos, au haut d’une de ces meules, jouissant de la nuit, je me suis surpris, je ne sais combien de temps cela durait, disant stupidement : « Une, deux !

1685. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Hugo est franchement osé et physique dans son inspiration, le mot s’affermit sous la brutalité de l’idée, et il redevient l’écrivain grossier, haut en couleur, qui choque les natures élevées non moins que les natures sincères, mais qui a pourtant je ne sais quelle puissance. […] Nous l’avons dit plus haut, il n’est pas responsable de cela. […] ………………………………………………… On leur tendra les bras de la haute demeure, Et Jésus, se penchant sur Bélial qui pleure, Lui dira : « C’est donc toi !  […] Une si effroyable comédie de l’emphase n’est plus de la littérature ni du talent, mais du désordre intellectuel du plus inquiétant caractère, de l’anarchie d’esprit à sa plus haute puissance.

1686. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

À propos du clinquant qu’il avait reproché au Tasse, Boileau avait été blâmé par un traducteur du Tasse et déclaré plus poète que critique : contrairement à ces sentences du nouveau siècle, Marais tient ferme et reste dans les termes de sa première admiration : « Je dis que Despréaux était grand critique, qu’il l’a montré par ses Satires qui sont des critiques en vers, et que son Art poétique est un des plus beaux ouvrages de critique que nous ayons, aussi bien que ses Réflexions sur Longin. » Le président Bouhier, dans une dissertation savante, avait parlé un peu légèrement de Despréaux et de Bayle, les deux cultes de Marais ; celui-ci, après avoir lu la pièce manuscrite que lui avait communiquée l’auteur, le supplie (et il y revient avec instance) de modifier ce qu’il a dit d’eux et d’adoucir un peu ses expressions ; et il en donne, en définitive, une touchante et haute raison, tirée de Cicéron même, cette source de toute belle pensée et de toute littérature : « Multum parcendum est caritati hominum, ne offendas eos qui diliguntur. […] Il en revenait toujours au bon coin, qui est le mot du guet entre les savants de la haute volée. » Bayle, flatté comme il devait l’être d’un tel suffrage auquel il ne s’était peut-être pas attendu, répondait en louant à son tour, mais avec bien de la finesse et avec une modestie qui, sous son air provincial et un peu exotique, cachait bien de l’urbanité ; sa lettre est la première de celles qu’on a de lui, adressées à Mathieu Marais (2 octobre 1698) : « Je me borne à répondre aujourd’hui, monsieur, à quelques-uns des endroits de votre lettre. […] L’indisposition de son mari, mais surtout la beauté, la jeunesse et l’esprit galant de cette dame n’ont fait aucun tort à sa vertu, et quoique les personnes qui soupiraient pour elle fussent des plus riches du royaume et de la plus haute qualité, elle a mérité l’estime générale de tout le monde par la sagesse de sa conduite ; et on lui doit même cette justice de dire qu’elle s’est piquée d’une belle amitié conjugale sans en pratiquer les principales actions. » Certes, c’est là un témoignage qui compte de la part d’un contemporain, d’un homme qui ne passe pas pour trop scrupuleux et qui s’exprime en général assez librement.

1687. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Comme poëte, comme artiste, comme écrivain, on a souvent rabaissé sa qualité de sentiment, sa manière de faire ; il a eu peine à se pousser, à se classer plus haut que la vogue, et malgré son talent redoublé, malgré ses merveilleuses délicatesses d’observation, à monter dans l’estime de plusieurs jusqu’à un certain rang sérieux. […] Balthazar Claës, qui unit les richesses de l’antique Flandre à la plus haute noblesse espagnole, habite à Douai une maison où se sont accumulées toutes les merveilles héréditaires de ces ménages opulents. […] Le grand romancier, qui comptait sur un article tout laudatif et tout favorable, se mit lui-même à le lire tout haut.

1688. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Chassés du haut du pavé, ils prirent et gardèrent la ruelle. Rien de grand chez eux, ni de haute haleine. […] Rousseau est bien sévère : ses Stances à lui, trop vantées, sur les Misères de l’homme : Que l’homme est bien durant sa vie, etc., sont loin de valoir le couplet philosophique de Mme Des Houlières qu’on a lu plus haut (p. 369) : Homme, vante moins ta raison… C’est le même sentiment, mais les vers sont bien autrement concis et frappés. — Sur les relations de Fontenelle et de Mme Des Houlières, il y a une note de Trublet (Mémoires sur Fontenelle).

1689. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Il se refuse à exprimer les dehors physiques des choses, la sensation directe du spectateur, les extrémités hautes et basses de la passion, la physionomie prodigieusement composée et absolument personnelle de l’individu vivant, bref cet ensemble unique de traits innombrables, accordés et mobiles, qui composent, non pas le caractère humain en général, mais tel caractère humain, et qu’un Saint-Simon, un Balzac, un Shakespeare lui-même ne pourraient rendre, si le langage copieux qu’ils manient et que leurs témérités enrichissent encore, ne venait prêter ses nuances aux détails multipliés de leur observation366. […] Obligé de s’accommoder à ses auditeurs, c’est-à-dire à des gens du monde qui ne sont point spéciaux et qui sont difficiles, il a dû porter à la perfection l’art de se faire écouter et de se faire entendre, c’est-à-dire l’art de composer et d’écrire  Avec une industrie délicate et des précautions multipliées, il conduit ses lecteurs par un escalier d’idées doux et rectiligne, de degré en degré, sans omettre une seule marche, en commençant par la plus basse et ainsi de suite jusqu’à la plus haute, de façon qu’ils puissent toujours aller d’un pas égal et suivi, avec la sécurité et l’agrément d’une promenade. […] Quand j’ai lu la série des romanciers anglais, Defoe, Richardson, Fielding, Smollett, Sterne et Goldsmith, jusqu’à Miss Burney et Miss Austen, je connais l’Angleterre du dix-huitième siècle ; j’ai vu des clergymen, des gentilshommes de campagne, des fermiers, des aubergistes, des marins, des gens de toute condition, haute et basse ; je sais le détail des fortunes et des carrières, ce qu’on gagne, ce qu’on dépense, comment l’on voyage, ce qu’on mange et ce qu’on boit ; j’ai en mains une file de biographies circonstanciées et précises, un tableau complet, à mille scènes, de la société tout entière, le plus ample amas de renseignements pour me guider quand je voudrai faire l’histoire de ce monde évanoui.

1690. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Au fond de toute autorité légitime, on doit retrouver son consentement ou son vote, et, dans le citoyen le plus humble, les plus hauts pouvoirs publics sont obligés de reconnaître un des membres de leur souverain. […] Une filiation exacte et continue rattache à nos perceptions les plus simples les sciences les plus compliquées, et, du plus bas degré au plus élevé, on peut poser une échelle ; quand l’écolier s’arrête en chemin, c’est que nous avons laissé trop d’intervalle entre deux échelons ; n’omettons aucun intermédiaire, et il montera jusqu’au sommet  À cette haute idée des facultés de l’homme s’ajoute une idée non moins haute de son cœur.

1691. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

En vain la charité ancienne et l’humanité nouvelle s’ingénient pour lui venir en aide : l’eau est trop haute. […] Le marquis de Mirabeau décrit « la fête votive du Mont-Dore, les sauvages descendant en torrents de la montagne650, le curé avec étole et surplis, la justice en perruque, la maréchaussée, le sabre à la main, gardant la place avant de permettre aux musettes de commencer ; la danse interrompue un quart d’heure après par la bataille ; les cris et les sifflements des enfants, des débiles et autres assistants, les agaçant comme fait la canaille quand les chiens se battent ; des hommes affreux, ou plutôt des bêtes fauves, couverts de sayons de grosse laine, avec de larges ceintures de cuir piquées de clous de cuivre, d’une taille gigantesque rehaussée par de hauts sabots, s’élevant encore pour regarder le combat, trépignant avec progression, se frottant les flancs avec les coudes, la figure hâve et couverte de longs cheveux gras, le haut du visage pâlissant et le bas se déchirant pour ébaucher un rire cruel et une sorte d’impatience féroce  Et ces gens-là payent la taille !

1692. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

Si vous avez l’imagination nette et si, tranquille au coin de votre feu, vous vous laissez absorber par cette rêverie, vous verrez bientôt les moires luisantes de la surface, les feuilles jaunâtres ou cendrées qui descendent le courant, les faibles remous qui font trembler les cressons, la grande ombre froide des deux files d’arbres ; vous entendrez presque le chuchotement éternel des hautes cimes et le vague bruissement de l’eau froissée contre ses bords. […] Il le fit à l’instant avec une telle force qu’il se lança du haut du coffre sur le plancher, ce qui lui causa des contusions et naturellement le réveilla. — Après le débarquement de l’armée à Louisburgh, ses amis le trouvèrent un jour endormi dans sa tente et manifestement très ennuyé par la canonnade. […] N…9 était préfet en 1812 d’une grande ville d’Allemagne qui s’insurgea contre l’arrière-garde de l’armée française en retraite. » Son esprit en fut bouleversé ; il se croit accusé de haute trahison, déshonoré ; bref, il se coupe la gorge avec un rasoir.

1693. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Il écoute très décemment, très dévotement les sermons, les propos édifiants, il voit avec révérence les hautes vertus, les faits admirables des saints personnages. […] Cependant ce même peuple croyait, et les hautes parties du drame chrétien l’eussent touché, s’il y avait eu des auteurs pour les traiter dignement : elles touchaient telles quelles, dans leur platitude et dans leurs diffusions. […] Il sera facile de louer ce débat de la Miséricorde et de la Justice, qui encadre le mystère et la Passion, en lie les scènes, et en précise le sens : ce drame symbolique, se jouant dans le ciel au-dessus du drame humain qui l’explique, est une haute invention.

1694. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

L’union de l’art antique et de la raison moderne dans les hautes intelligences littéraires a produit ce merveilleux épanouissement. […] La Rochefoucauld La vie de La Rochefoucauld peut se résumer en deux mots : une période d’action furieuse, où l’amour, l’ambition, la passion de jouer un rôle, ne lui attirent que déconvenues, désastres, ruine de ses affaires et de son corps ; une période de méditation amère, lorsque, infirme et vieilli avant l’âge, il se remet en mémoire ce que lui ont valu ses hautes aspirations, lorsqu’il raconte les faits auxquels il a pris part, dans ses Mémoires, et en tire la philosophie, dans ses Maximes. […] Et si l’horizon de Mme de Sévigné est plus large, si elle a des inquiétudes plus hautes et plus philosophiques, Mme de Maintenon a une expérience sûre et profonde de la nature humaine et des tempéraments individuels, une de ces expériences d’institutrice et de directrice d’âmes à qui rien ne se dérobe : on aime à entendre une personne de si bon sens et si bien informée, qui a perdu ses illusions sans en trop vouloir à autrui.

1695. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Pour avoir dit que, si nul poète ne parlait plus haut à mon imagination, deux ou trois autres disaient peut-être des choses plus rares à ma pensée et à mon cœur. […] (Les voici, ces vers ; ils décrivent la salle à manger d’Eviradnus : Cette salle à manger de titans est si haute Qu’en égarant, de poutre en poutre son regard Aux étages confus de ce plafond hagard, On est presque étonné de n’y pas voir d’étoiles. […] Et, s’il me fallait avouer, à mon corps défendant, que Musset n’a peut-être pas la puissance des deux autres, du moins je ne pourrais me prononcer entre ces deux-là, et je me redirais les vers du poète Charles de Pomairols, parlant de Lamartine : (…) Et son génie aisé, que la grâce accompagne, N’a pas le rude élan de la haute montagne Assise pesamment sur ses lourds contreforts, Miracle de matière, orgueilleuse géante, Qui redresse les flancs de sa paroi béante, Et tend au ciel lointain sa masse avec efforts.

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