En retour de l’immense bienfait de la cessation des guerres, la domination romaine, d’abord si dure, fut bien vite aimée.
Il est constant, par une lettre de madame de Sévigné à sa fille, du 7 août 1675, qu’à peu près à la même époque de l’année 1673, madame de Montespan et madame Scarron étaient en guerre ouverte.
Chapitre VI,première guerre médique I. — Débarquement de la flotte persane. — Défection de Sparte. — Apparition du dieu Pan au messager d’Athènes. — Miltiade.
Déjà la mémorable guerre de Grèce avait fait se retourner tous les peuples de ce côté.
Une différence bien remarquable entre les écrivains d’Athènes & ceux de Rome, c’est qu’on voit les premiers, ainsi que les nôtres, dévorés de jalousie, tourmentés d’un ver rongeur, se faisant une éternelle guerre ; au lieu que les grands auteurs Latins n’ont jamais eu leur gloire obscurcie par cette tache.
Je m’assure qu’il y avait quelque chevalier du règne de François Ier qui regrettait dans son manoir les tournois de la vieille Cour, et ces temps où la France s’en allait en guerre contre les mécréants et les Infidèles.
Quoi qu’il en soit, on ne peut disconvenir qu’Adam n’ait été souverain du monde, comme Robinson de son île, tant qu’il en fut le seul habitant ; et ce qu’il y avait de commode dans cet empire était que le monarque, assuré sur son trône, n’avait à craindre ni rébellions, ni guerre, ni conspirateurs. » Telle est la froide bouffonnerie qui ouvre le Contrat social.
Dernière marque de décrépitude, la pensée vieillie raconte les prouesses de la pensée vaillante et active, comme ces vieillards à qui l’âge interdit la guerre la racontent à leurs enfants, imbécilles ou lâches, qui ne les imiteront pas !
IV Signalons en finissant que la Fête votive est le premier livre littéraire, esthétique, désintéressé, qui paraisse depuis nos malheurs, et surgisse au-dessus de ce fourmillement de livres intéressés, publiés sur la guerre par des généraux qui n’ont imité Soubise que dans sa défaite, — car il se tut après Rosbach.
Nous avons vu jusqu’à présent, que dès qu’un homme en place, roi ou prince, cardinal ou évêque, général d’armée ou ministre, enfin quiconque, ou avait fait ou avait dû faire de grandes choses, était mort, tout aussitôt un orateur sacré, nommé par la famille, s’emparait de ce grand homme, et après avoir choisi un texte, fait un exorde ou trivial ou touchant, sur la vanité des grandeurs de ce monde, divisé le mérite du mort en deux ou trois points, et chacun des trois points en quatre ; après avoir parlé longuement de la généalogie, en disant qu’il n’en parlerait pas, faisait ensuite le détail des grandes qualités que le mort avait eues ou qu’il devait avoir, mêlait à ces qualités des réflexions ou fines ou profondes, ou élevées ou communes, sur les vertus, sur les vices, sur la cour, sur la guerre, et finissait enfin par assurer que celui qu’on louait, avait été un très grand homme dans ce monde, et serait probablement un très grand saint dans l’autre.
même pas pour la guerre nationale et le salut de la patrie ? […] … » Car déjà les peuples civilisés n’admettent plus que la guerre juste et défensive. […] Il se rattrape sur Homère, et nie la réalité de la guerre de Troie. […] D’ailleurs Voltaire n’aimait pas la guerre, ni les guerriers. […] Voltaire avait d’excellentes raisons de partir en guerre.
On aurait pu faire la guerre à outrance, inutilement, je le répète, mais on l’aurait pu faire, si on en eût appelé à lui, si, seulement on l’eût écouté. […] — Mais les capitaines, les seigneurs qui menaient la guerre vont être jaloux d’elle ! […] Eut-elle l’intuition de l’art de la guerre ? […] Et ce n’est pas ma faute si les comparaisons mythologiques viennent tout naturellement en ce sujet ; mais, comme elle était une Circé à l’inverse, elle fut aussi une Hélène à rebours : elle fut aimée de tous les hommes et ne déchaîna point la guerre, et, au contraire, on aurait pu l’appeler l’Hélène de la paix. […] Il déplaisait ainsi à un nombre considérable de femmes très féministes, mais qui ne considèrent point du tout le féminisme comme une guerre à l’homme, mais bien comme un effort pour établir entre l’homme et la femme l’égalité dans la concorde et la concorde dans l’égalité.
Par exemple, il n’était pas nécessaire que Louis XIl fît la guerre pendant un demi-siècle, et si les guerres de son règne, comme vous n’en doutez pas, ont réagi sur la structure de la société de son temps, voilà la différence des conditions historiques et des conditions sociales. […] Vous savez comment la guerre éclata. […] Mais les lois de la guerre ne sont pas celles de la polémique, ni surtout celles de la critique. […] Il n’est donc pas étonnant d’en retrouver la trace ou l’écho dans les écrits de La Motte Houdard et de l’abbé Terrasson : ils font profession de continuer la guerre abandonnée par Perrault. […] Et les encyclopédistes, Diderot ou d’Alembert, est-ce qu’ils se soucient d’art, quand ils dressent leur machine de guerre contre l’ancien régime ?
Et la loi des sexes est la guerre. « Guerre ! guerre ! […] Jérôme et Jean Tharaud n’ont pas été précisément des correspondants de guerre. […] Pourtant ici je vois la guerre, la guerre dans son trantran sans gloire, dans sa ténacité paisible et son immobilité.
Après la guerre, le peuple qu’on avait pillé venait se plaindre et demandait des indemnités. […] Le résultat fut une guerre qui eût été longue et meurtrière, si l’on n’eût trouvé le moyen de la terminer sur-le-champ par un combat singulier qui épargna bien du sang. Ce fut la dernière fois que les Romains eurent recours à cette méthode expéditive et si commode pour finir tout à coup une guerre ; on vit depuis des combats singuliers influer dans leurs armes sur le sort d’une bataille, sans jamais décider du sort de la guerre. […] Cette guerre, devenue nationale, n’était au fond qu’une brouillerie de ménage, qui ne devait pas embraser l’Europe et l’Asie : c’était au mari à se battre contre le ravisseur de sa femme. […] En attendant des exploits plus sérieux, il commence par déclarer la guerre aux femmes, et délibère avec son valet Cliton sur les meilleurs moyens d’attaquer cette espèce d’ennemis.
Ne serait-il pas piquant, et de bonne guerre, de leur donner les vices qu’ils croient que nous avons ? […] Rousse : Quel est le « grand citoyen » qui, après la guerre, « rassemblait à la hâte les épaves de nos désastres ? […] Mais les spectacles que la guerre procurait aux citoyens romains, c’est la paix qui nous les donne. […] C’est grand dommage, ma cousine, que le bâtiment du ministère de la guerre, à l’Exposition, soit d’une architecture aussi banale et inexpressive. […] Deux nègres, l’un habillé de rouge et l’autre de blanc, causent avec le petit soldat qui est en faction à la porte du palais de la Guerre.
Les tableaux qui s’étaient déroulés sous ses yeux durant son enfance n’étaient pas faits pour lui donner le goût des armes et de la guerre. . […] En 1614, lord Herbert fit une seconde campagne sous Maurice de Nassau, le moins chevaleresque à coup sûr des grands hommes de guerre. […] La misère profonde où ces populations de Savoie avaient été réduites par la guerre nous est révélée de la manière la plus saisissante et la plus touchante par une aventure de ce voyage de lord Herbert. […] Avec le récit de son ambassade s’arrêtent ces jolis mémoires qui nous ont fait voir, comme dans les fragments d’un miroir brisé, la vie de ces générations intermédiaires entre les anciennes et les nouvelles mœurs, de ces générations insubordonnées, anarchiques, batailleuses, qui firent les guerres civiles de la régence de Marie de Médicis, la guerre de Trente Ans, la guerre des cavaliers contre le long Parlement et qui rendirent leur dernier soupir dans les folies sanglantes de la Fronde. […] À peine cette révolte est-elle apaisée qu’une guerre sociale fomentée par certains gredins artificieux du nom de Coxcomb, de Contriver et de Pettifogger s’élève entre les damnés de toute condition.
L’auteur de Guerre et Paix nous apparaît encore comme un inattaquable représentant du réalisme. […] Guerre et Paix est aujourd’hui classique en France. […] La Légende de l’Aigle, de Georges d’Esparbès, est une suite de récits épiques sur les guerres de Bonaparte, d’une fougue et d’une envolée admirables. […] Tolstoï valait surtout avant sa conversion, par la Guerre et la Paix. […] Puis il y avait autour d’eux la belle atmosphère du danger, peste ou guerre, qui ennoblit tout, donne à l’amour les ailes noires de la mort.
Autant vaut un soldat que la guerre ne tente plus. […] Puis, en 1870, la Guerre ! […] Il est une âme de guerre. Et, la guerre, il l’aura. […] Ernest Psichari, et Les Hasards de la guerre, par M.
Je les considérais tous deux, l’un comme un grand galion espagnol, et l’autre comme un vaisseau de guerre anglais ; maître Jonson, comme le galion, était exhaussé en savoir, solide, mais lent dans ses évolutions ; Shakspeare, comme le vaisseau de guerre anglais, moindre pour la masse, mais plus léger voilier, pouvait tourner à toute marée, virer de bord, et tirer avantage de tous les vents par la promptitude de son esprit et de son invention. » Au physique et au moral, voilà tout Jonson, et ses portraits ne font qu’achever cette esquisse si juste et si vive : un personnage vigoureux, pesant et rude ; un large et long visage, déformé de bonne heure par le scorbut, une solide mâchoire, de vastes joues, les organes des passions animales aussi développés que ceux de l’intelligence, le regard dur d’un homme en colère, ou voisin de la colère ; ajoutez-y un corps d’athlète, et vers quarante ans, « une démarche lourde et disgracieuse, un ventre en forme de montagne109. » Voilà les dehors, le dedans y est conforme. […] Il y a plaisir à le voir marcher sous le poids de tant d’observations et de souvenirs, chargé de détails techniques et de réminiscences érudites, sans s’égarer ni se ralentir, véritable « Béhémoth littéraire », pareil à ces éléphants de guerre qui recevaient sur leur dos des tours, des hommes, des armures, des machines, et sous cet attirail couraient aussi vite qu’un cheval léger. […] Il se moque des auteurs qui, dans la même pièce, « montrent le même personnage au berceau, homme fait et vieillard de soixante ans, qui, avec trois épées rouillées et des mots longs d’une toise, font défiler devant vous toutes les guerres d’York et de Lancastre, qui tirent des pétards pour effrayer les dames, renversent des trônes disjoints pour amuser les enfants135. » Il veut présenter sur la scène « des actions et des paroles telles qu’on les rencontre dans le monde, donner une image de son temps, jouer avec les folies humaines. » Plus de « monstres, mais des hommes », des hommes comme nous en voyons dans la rue, avec leurs travers et leur humeur, avec « cette singularité prédominante qui, emportant du même côté toutes leurs puissances et toutes leurs passions », les marque d’une empreinte unique136.
Le tambour même, au lieu d’être pour moi un coffre vide, est une urne pleine d’enthousiasme ; semblable à ces enfants qui le suivent dans les rues quand il précède nos bataillons en frappant le pas de la guerre, je le suivrais jusque sous la pointe des baïonnettes ou jusqu’à la gueule de feu des canons sans voir la mort et sans la sentir. La plus belle invention de la guerre, c’est la musique métallique et militaire, qui lance les hommes sur le champ de bataille et qui couvre de ses fanfares la glorieuse agonie des combattants. […] Dryden représente dans cette ode le plus fameux musicien et compositeur de la Grèce, Timothée, appelé pour charmer les oreilles d’Alexandre le Grand et de ses compagnons de guerre à Persépolis. […] La guerre, dit-il, n’est que labeur et tourments ; l’homme est une bulle gonflée d’air ; ne jouir jamais, recommencer toujours !
Mais, avant de le suivre à la cour de François Ier , ce prince que la triple passion de la guerre, des arts et de l’amour égalait à Henri IV, à Louis XIV et aux Valois, racontons par sa bouche une anecdote qui semble donner la clef de quelques-uns de ses goûts secrets, très communs en ce temps-là dans cette corruption de la Grèce et de l’Italie. […] François Ier, quoique menacé d’une guerre dispendieuse, le reçut à Fontainebleau, Vatican des Valois. […] Après ces paroles, je pris congé de Son Excellence. » XII Le duc, après ce merveilleux triomphe de Benvenuto, prévoyant la guerre avec Pise, voulut utiliser à la défense de la capitale les souverains artistes qui avaient contribué à sa décoration. […] Le commerce fit de l’Italie ce que la guerre et la religion en avaient fait sous les Romains et sous le christianisme naissant, ce modèle de l’Europe !
La guerre aux Perses, méditée par Philippe, fanatisait le Péloponnèse ; Démosthène, plus sophiste d’opposition que véritablement patriote, tonnait contre le roi de Macédoine ; tout était troubles et factions dans Athènes. […] Il continua, pendant la guerre d’Alexandre en Syrie, en Égypte et en Perse, à recevoir de lui des lettres et à lui répondre. […] Selon ce même Charès, au temps où Callisthène mourut d’inanition et de la maladie pédiculaire, Alexandre était occupé à la guerre des Malliens et des Oxydraques. […] « L’établissement des autorités, tel que le propose Socrate, offre encore bien des dangers : il les veut perpétuelles ; cela seul suffirait pour causer des guerres civiles, même chez des hommes peu jaloux de leur dignité, à plus forte raison parmi des gens belliqueux et pleins de cœur.
N’était-ce pas folie que de déclarer la guerre aux dieux pour l’espèce humaine ? […] Homère a décrit le bouclier merveilleux qu’il fabriqua pour Achille : la mer ondoyait sur ses bords, en vagues d’argent et d’étain ; et son orbe, couvert d’une myriade de figures qu’on eût dit vivantes, déroulait en son triple cercle, les guerres et les assemblées, les labours et les pâturages, les noces et les danses, tout le cycle élémentaire de la vie humaine. […] Hermès inspire encore aux hérauts envoyés entre les nations, les transactions conciliantes qui terminent les guerres et qui renouent les alliances. […] Quand les Érétriens étaient venus assiéger Tanagre, Hermès s’était mis à la tête des jeunes gens de la ville, et, n’ayant pour toute arme que l’étrille gymnique, il avait repoussé l’ennemi hors des murs, comme pour montrer que la palestre était l’école de la guerre.
Si la philosophie pratique, c’est-à-dire cette partie de la philosophie qui proprement en mérite seule le nom, accompagnait un peu plus qu’elle ne fait les talents supérieurs, quelle satisfaction ne serait-ce pas pour eux, que les guerres des petites sociétés dont nous parlons, le mépris qu’elles affectent les unes pour les autres, ou plutôt la justice exacte qu’elles se rendent, l’air supérieur et décidé avec lequel elles cassent les arrêts de leurs rivales pour en prononcer d’aussi ridicules, le néologisme enfin qu’elles ont introduit dans nos livres, et dont nos meilleurs écrivains ont bien de la peine à se garantir ? […] C’est elle qui au milieu des guerres civiles a peuplé la Flandre de peintres habiles et pauvres. […] Je puis protester au moins de n’avoir voulu appliquer à aucun en particulier les réflexions critiques qu’on pourra trouver dans cet écrit ; si, contre mon intention, quelqu’un croyait s’y reconnaître, je n’aurais d’autre réponse à lui faire que celle de Protogène à Démétrius ; je ne puis croire que vous fassiez la guerre aux arts ; car une protection mal entendue, est une véritable guerre qu’on fait aux talents.
Mais tout cela se rencontre chez Joinville sans ordre ni méthode ; son récit marche comme cette guerre elle-même. […] Joinville, sans y viser, a fait ainsi plusieurs portraits de saint Louis : c’est ici le portrait de guerre dans toute sa bonne grâce et son éclat éblouissant.
Le rôle que Madame concevait pour elle en France était donc de préserver son pays natal des horreurs de la guerre, de lui être utile dans les différents desseins qui s’agiteraient à la cour de France et qui étaient de nature à bouleverser l’Europe. […] Au lieu d’apporter des gages et des garanties de paix, elle se trouvait ainsi avoir procuré des prétextes et des moyens de guerre.
Hénault naquit à Paris, le 8 février 1685, d’un père fermier général, homme riche, qui aimait les lettres, et même assez particulièrement pour prendre le parti de Corneille contre Racine, et pour se mêler à cette petite guerre que soutinrent Thomas Corneille et Fontenelle. […] On sait que dans les dernières années de Louis XIV, à l’instant le plus critique de la guerre de la succession (1709), le duc d’Orléans noua en Espagne une intrigue politique restée assez obscure, et qu’un homme de sa confiance, Flotte, fut arrêté porteur de papiers.
Une petite guerre sur la tombe de Voitture (pour faire suite à l’article précédent) [Samedi 5] janvier 1856. […] Ici, en portant la guerre au cœur du pays ennemi, il touchait le côté faible, le point vulnérable et irritable de Costar.
Il y avait donc entre eux un abîme de ce côté-là, du côté du rivage de l’Éternité ; mais de ce côté-ci du monde, et dans l’observation de la société, ils pensaient presque en tout de même ; ils avaient la même expérience définitive, le même désabusement, avec cette différence que Mme de Créqui était revenue de tout intérêt actif dans la vie, et que M. de Meilhan était désabusé, mais non détaché ; elle lui en fait quelquefois la guerre. […] On était alors en pleine guerre de Sept Ans, et elle dans toutes ses inquiétudes et ses transes de mère.
Une fois la dette de l’honneur et du sang payée par quelque affaire de guerre valeureuse et heureuse qu’on vantait sans cesse, on ne leur demandait plus rien que d’être aimables. […] Je ne parle point de ses talents pour la guerre… » Tout en disant qu’il n’en parlera point, l’agréable président sait très-bien rappeler ici la victoire de Coni, remportée par le prince de Conti à son début (1744), presque au même âge, dit-il, où le grand Condé, frère de son bisaïeul, battait les ennemis à Rocroi.
Sir Henry Bulwer a très bien exposé ces premiers et légers déboires que l’introducteur de Louis XVIII eut à supporter, les reproches qu’il essuya des deux parts pour s’être si fort pressé de signer la convention du 23 avril qui abandonnait aux alliés tant de places fortes avec un matériel de guerre si considérable. […] À l’occasion de la guerre d’Espagne en 1823, il fit une démonstration très marquée, un discours à la Chambre des pairs, dans lequel, s’autorisant de ses prétendus anciens conseils à Napoléon, il pronostiquait des malheurs comme inévitable conséquence de l’expédition, et signalait des dangers rejaillissant jusque sur la France.
Les amants que chaque femme prend et laisse à la file ; les fureurs au théâtre pour ou contre la Lemaure et la Pelissier ; le duc d’Épernon, qui, par manie de chirurgie, va trépanant à droite et à gauche, et tue les gens pour passer son caprice d’opérateur ; la mode soudaine des découpures, comme plus tard celle du parfilage, mais poussée au point de découper des estampes qui coûtent jusqu’à 100 livres la pièce : « Si cela continue, ils découperont des Raphaël ; » la manière dont on accueille les bruits de guerre : « On parle de guerre ; nos cavaliers la souhaitent beaucoup, et nos dames s’en affligent médiocrement ; il y a longtemps qu’elles n’ont goûté l’assaisonnement des craintes et des plaisirs des campagnes : elles désirent de voir comme elles seront affligées de l’absence de leurs amants ; » on entend tous ces récits fidèles, on assiste à cette décomposition du grand règne, à ce gaspillage des sentiments, de l’honneur et de la fortune publique ; on s’écrie avec la généreuse Mlle Aïssé : « A propos, il y a une vilaine affaire qui fait dresser les cheveux à la tête ; elle est trop infâme pour l’écrire ; mais tout ce qui arrive dans cette monarchie annonce bien sa destruction.
Unissons-nous, ma bonne amie, pour lui faire la guerre ; je lui jure une haine implacable. […] Son père se dérange et se ruine ; elle s’en aperçoit, elle veut tout savoir, et il lui faut sourire au monde, à son père, et dissimuler : « J’aimerais mieux le sifflement des javelots et les horreurs de la mêlée, s’écrie-t-elle par moments, que le bruit sourd des traits qui me déchirent ; mais c’est la guerre du sage luttant contre le sort. » Elle venait de lire Plutarque ou Sénèque, quand elle proférait ce mot stoïque ; mais elle avait lu aussi Homère, et elle se disait, dans une image moins tendue et avec sourire : « La gaieté perce quelquefois au milieu de mes chagrins, comme un rayon de soleil à travers les nuages.
S’attacher à tracer, à deviner l’histoire des poëtes de talent morts avant d’avoir réussi, ce serait vouloir faire, à la guerre, l’histoire de tous les grands généraux tués sous-lieutenants ; ou ce serait, en botanique, faire la description des individus plantes dont les beaux germes avortés sont tombés sur le rocher. […] Et le soir, quand la nef harmonieuse de la cathédrale s’endormit couchée les bras en croix, il aperçut de l’échelle, à l’horizon, un village incendié par des gens de guerre, qui flamboyait comme une comète dans l’azur.
Elle parle volontiers, elle rit aisément, elle se fait un grand plaisir d’une bagatelle, elle aime à faire une innocente guerre à ses amis… Mais, parmi toute cette disposition qu’elle a pour la joie, on peut dire que cette aimable enjouée a toutes les bonnes qualités des mélancoliques qui ont l’esprit bien fait, car elle a le cœur tendre et sensible, elle sait pleurer avec ses amies affligées ; elle sait rompre avec les plaisirs quand l’amitié le demande ; elle est fidèle à ses amis ; elle est capable de secret et de discrétion ; elle ne fait jamais de brouillerie à qui que ce soit ; elle est généreuse et constante dans ses sentiments, et elle est enfin si aimable qu’elle est aimée des plus honnêtes personnes de la Cour, de l’un et de l’autre sexe, mais de gens qui ne se ressemblent ni en condition, ni en humeur, ni en esprit, ni en intérêts, et qui conviennent pourtant tous que Clarice est très charmante, qu’elle a de l’esprit, de la véritable bonté et mille qualités dignes d’être infiniment estimées. […] Votre parole est la convention la plus sûre sur laquelle on puisse se reposer… La correspondance de Ninon avec Saint-Évremond, à travers les événements divers et les guerres, ne fut pas très exacte ni très soutenue, et les quelques lettres qui se sont conservées se rapportent aux dernières années de leur vie.
Il y a des endroits vraiment où, quand on lit les Mémoires de Retz, en ces scènes charmantes et si bien menées sous sa plume, il ne nous paraît pas tant faire la guerre à Mazarin que faire concurrence à Molière. […] Un des plus grands malheurs des guerres civiles est de corrompre bientôt les meilleurs et les plus généreux de ceux qui y entrent.
Un soir, en 1714, le vieux roi près de sa fin envoya le duc de Noailles prendre dans son cabinet des papiers écrits de sa main, qu’il voulait jeter au feu : « il en brûla d’abord plusieurs qui intéressaient la réputation de différentes personnes ; il allait brûler tout le reste, notes, mémoires, morceaux de sa composition sur la guerre ou la politique. […] Jusque dans les affaires de guerre et dans les sièges qu’il entreprend, il se rend aux difficultés qu’on lui oppose, « persuadé, dit-il, que quelque envie qu’on ait de se signaler, le plus sûr chemin de la gloire est toujours celui que montre la raison ».
Je ne la sens pas moins dans une autre lettre adressée à un M. de Préau, dans laquelle, lui parlant des troubles menaçants à l’intérieur (1612) et des présages de guerre au-dehors, il ajoute avec espoir : La sage conduite et l’affection et fidélité de plusieurs bons serviteurs nous garantiront des maux du dedans. […] Cette mission lui convenait fort ; mais les propositions de la reine qui lui vinrent par le maréchal d’Ancre l’emportèrent : « Outre qu’il ne m’était pas honnêtement permis, dit-il, de délibérer en cette occasion, où la volonté d’une puissance supérieure me paraissait absolue, j’avoue qu’il y a peu de jeunes gens qui puissent refuser l’éclat d’une charge qui promet faveur et emploi tout ensemble. » En entrant au Conseil, il y devient du premier jour le personnage important ; il a, comme nous dirions, le portefeuille de la Guerre et celui des Affaires étrangères, de plus, la préséance sur ses collègues comme évêque ; et tout cela à trente et un ans.