Sa gloire est ailleurs. […] Alors que Xerxès, fou de sa gloire emphatique, Jetait des millions de guerriers sur l’Attique, Quand l’Asie en fureur inondait tous nos champs, Le peintre, le sculpteur, le poète aux doux chants, Ô Pallas ! […] » Maintenant, si j’étais un critique de grand âge, je dirais à Mlle Weber, en hochant un menton vénérable : « Dieu, mon enfant, vous a magnifiquement douée ; mais ne vous laissez pas griser par cette gloire subite qui vous est venue. […] J’accorde la dureté et la gaucherie de certains vers, quelquefois le défaut d’exactitude dans l’expression, quelquefois aussi un peu de banalité dans les images (il y a trop d’aigles, de nuits, de tempêtes, de « sommets » des siècles ou de la gloire). […] L’Olympe au Vatican étale ses merveilles ; Vénus charme les yeux, Homère les oreilles Des aimables païens qui, dans la pourpre assis, Brillent, cercle de gloire, autour de Médicis.
» — Sans donc nous étendre davantage ni anticiper sur les années moins brillantes, on saisit bien, ce me semble, la physionomie du chevalier à cet âge où il est donné de plaire : brave, loyal, plein d’honneur, homme d’épée sans se faire de la gloire une idole, homme de goût sans viser à l’esprit, cœur naturel, il était de ceux qui ne sont tout entiers eux-mêmes et qui ne trouvent toute leur ambition et tout leur prix que dans l’amour. […] Permettez-moi de vous représenter que, pour votre gloire, vous devriez me traiter plus honorablement.
Cette netteté et cette étroitesse vont jusqu’à décrire le ciel. « Il est un endroit où la Divinité se dévoile par une gloire supérieure et visible. C’est là que, selon l’Écriture, les hiérarchies célestes et les légions innombrables des anges entourent perpétuellement le trône de Dieu de leurs alleluias et de leurs hymnes de gloire… Avec quel art doit être élevé le trône de Dieu !
Ç’aura été la gloire de l’école symboliste d’avoir inventé la forme nécessaire à l’expression de ces processus psychiques, d’une délicatesse si ténue et comme instantanée, qu’on risque d’effeuiller à les vouloir cueillir dans la seconde de leur épanouissement éphémère. […] Cette invention est capitale et tout à la gloire des poètes actuels : créer un rythme correspondant aux « représentations souples, mobiles, presque fluides, toujours prêtes à se mouler sur les formes fuyantes de l’intuition64 ».
Lamarck qui, à la fin de chacune des paroles brusques et offensantes de l’empereur, essayait inutilement de dire : C’est un livre d’histoire naturelle que je vous présentent la faiblesse de fondre en larmes. » L’ouvrage que Napoléon traitait avec ce dédain était la Philosophie zoologique, c’est-à-dire le livre même dont le Muséum d’histoire naturelle vient de fêter le centenaire en inaugurant un monument à la gloire du fondateur de la biologie. […] Deux ans plus tard, dans des pages qui ont été conservées manuscrites, il prend la défense du peintre Turner, que l’on avait vivement attaqué dans la presse, et ce morceau remarquable ne diffère que fort peu, pour la manière, des écrits qui devaient faire la gloire de Ruskin. […] L’année même où on lui prédisait si véridiquement sa gloire, le jeune Ruskin devint amoureux et ne sut pas se faire aimer. […] Il en apprend dix, bredouille quelques syllabes du reste : les dix c’est la gloire ; le reste, c’est l’histoire littéraire. […] Sixte disait : « Il y a en moi une sorte d’amour de la gloire que je n’ai jamais pu déraciner entièrement. » Sixte disait : « C’est un grand triomphe pour la religion que la conversion des écrivains et des artistes leur enlève ce terrible talent avec lequel ils séduisaient les hommes. » J’aime beaucoup à considérer, à l’étal des tripiers, les cervelles de mouton.
Ils songent toujours un peu à quelque gloire qui leur reviendra de ce qu’ils s’oublient, ce qui est encore une manière de ne se point oublier. […] Notez encore que s’il vous naît un fils, il se peut qu’il soit d’un sang à vous couvrir de gloire par sa bravoure et son mérite. […] L’autre sur vos désirs vous fait régner en rois, L’un vous tire aux enfers et l’autre dans la gloire. […] Leur dignité est d’être ignorées, leur gloire est dans l’estime de leur mari… Toute fille lettrée restera fille toute sa vie, quand il n’y aura que des hommes sensés sur la terre.
Libre à lui d’envier la gloire obscure de l’ingénieur qui dote son département d’un canal et dont on oublie jusqu’au nom. […] Dumas, qu’elle serait dégoûtée par le fatras de ses théories, et que d’ailleurs celui-ci a mis sa gloire en viager, ayant rattaché son œuvre à des questions qui seront sans intérêt du jour où elles seront résolues. […] C’est pourquoi ces deux pièces, et quels qu’en puissent être d’ailleurs les mérites, n’ont rien ajouté à la gloire d’Augier. […] Le succès n’a pas manqué de venir, amenant avec lui la fortune et, à défaut de la gloire, la célébrité qui en donne du moins l’illusion. […] Ils ne sont pas les inventeurs du naturalisme, ils ne sont responsables ni de ses fautes, ni de ses gloires.
Il se pose trop en homme qui a eu une belle douleur, et qui semble dire : « Faites-la-moi oublier, ce sera pour vous une gloire. » Mais c’est ainsi que sont faits les cœurs humains, et une délicate fidélité, ou même un délicat oubli, un ensevelissement profond et respecté, n’est le propre que de bien peu.
Tous ont reçu des signes de satisfaction et de gloire ; celui seul qui, au dire du maréchal lui-même, avait le plus contribué à la victoire, est récompensé par les arrêts !
Le bruit ayant couru dans Londres des raisons qui retardaient mon entrée, le chevalier de Grammont et le sieur de Saint-Évremond me sont venus trouver comme bons Français et zélés pour la gloire et l’autorité de Votre Majesté.
la terre et les cieux sont remplis de votre gloire !
Il n’avait donc plus, hors cela, qu’à tâcher d’être le critique sensé, général, de cette tradition qu’on avait tant attaquée, et à laquelle on n’avait rien substitué ; il avait à faire réaction, enfin, pour la littérature française contre les littératures étrangères, pour les grands siècles et les gloires établies contre les usurpations récentes, pour la prose non poétique contre les vers et la forme vivement exaltés.
Ils n’y échappent pas ; ils sont pâture à gloire humaine : c’est leur dernier martyre.
D’autres auraient pu croire qu’il suffisait, en commençant, d’exposer la situation du royaume, l’état de l’administration, le système des lois politiques, civiles et pénales, au moment où saint Louis arriva au trône ; l’Académie n’en demandait pas davantage ; mais l’esprit du jeune écrivain était plus exigeant : de bonne heure attentif à remonter aux causes, à suivre les conséquences, à ne jamais perdre de vue l’enchaînement, il se dit que l’influence et la gloire de saint Louis consistaient surtout dans l’abaissement et la subordination du régime féodal, et il rechercha dès lors quel était ce gouvernement féodal dans ses origines et ses principes, comment il s’était établi, accru, et par quels degrés, ayant atteint son plus grand développement, il approchait du terme marqué pour sa décadence.
Les rois doivent être accoutumés à voir leur gloire et leur santé être le jouet de l’intrigue et de l’intérêt de tout ce qui les entoure.
Avant d’aller plus loin l’on demanderait, peut-être, une définition du bonheur ; le bonheur, tel qu’on le souhaite, est la réunion de tous les contraires, c’est pour les individus, l’espoir sans la crainte, l’activité sans l’inquiétude, la gloire sans la calomnie, l’amour sans l’inconstance, l’imagination qui embellirait à nos yeux ce qu’on possède, et flétrirait le souvenir de ce qu’on aurait perdu ; enfin, l’inverse de la nature morale, le bien de tous les états, de tous les talents, de tous les plaisirs, séparé du mal qui les accompagne ; le bonheur des nations serait aussi de concilier ensemble la liberté des républiques et le calme des monarchies, l’émulation des talents et le silence des factions, l’esprit militaire au-dehors et le respect des lois au-dedans : le bonheur, tel que l’homme le conçoit, c’est ce qui est impossible en tout genre ; et le bonheur, tel qu’on peut l’obtenir, le bonheur sur lequel la réflexion et la volonté de l’homme peuvent agir, ne s’acquiert que par l’étude de tous les moyens les plus sûrs pour éviter les grandes peines.
Le docte Huet (1630-1721), qui en était resté au goût du seizième siècle, décrit ce changement très bien et à son point de vue. « Quand je suis entré dans le monde des lettres, elles étaient encore florissantes ; de grands personnages en soutenaient la gloire.
Faire d’après nature, c’est-à-dire se subordonner à la nature, n’avoir d’esprit et d’art que ce qu’elle en demande pour revivre dans une image fidèle, la prendre, elle, et non soi ni sa gloire, pour unique raison d’être de l’ouvrage, et si l’on s’y met soi-même, s’y mettre sans y songer, naïvement, par accident et par surcroît, voilà, pour un poète, ce que c’est que tendre au bon sens.
Avant 1755, la littérature pure tient une grande place dans la vie de Voltaire ; il est alors la gloire poétique de la France, l’auteur de la Henriade, de Zaïre et de Mérope.
C’est là qu’a porté son effort le plus suivi ; là est sa plus sûre originalité et son meilleur titre de gloire.
I C’est la grande originalité et ce sera la gloire de M.
Pour elle il eût donné d’imaginaires et magiques tournois ; chaque trouée du taillis aurait connu l’or des armures et dans les fabuleux territoires du Songe des villes eussent été conquises, des peuples de géants domptés ; maintes merveilles somptueuses, maintes prouesses d’héroïsme comme en une haute-lisse assemblées en leurs images, seraient devenues un tapis idéal pour les pieds de la Fiancée et cela, combats, trésors, gloires et joies, eût formé le poème de son âme tout entière, — pur, vaste et noble drame, mélancolique comme l’attente, mystérieux comme la forêt, riche autant que les splendeurs songées, mais triste surtout et résigné, parce qu’Elle n’était point là et ne devait jamais venir.
Sans elle, un baiser la détruit : Nul n’a contre un baiser de volonté suprême Nul n’est sage le jour s’il n’est chaste la nuit… Aimez la Chasteté, la plus douce victoire Que César voit briller, qu’il ne remporte pas, Dont les rayons, Hercule, effaceront ta gloire.
C’est notre gloire d’être difficiles et mécontents.
César humilie sa gloire devant Cléopâtre : il lui rend grâces-de la victoire qu’il vient de remporter à Pharsale : Car le dieu des combats M’y favorisait moins que vos divins appâts.
Ainsi s’achève, dans cette fidèle affection des chevaliers pour les instruments de leur gloire, cet idéal de vertu militaire dont la réalité a fourni les premiers traits aux trouvères, auteurs de nos vieilles chansons de geste.
La duchesse se fait gloire de l’adultère consommé dans son coeur, sinon sur son corps ; elle repousse toute réconciliation et toute trêve.
C’était là, ce semble, une haute destinée d’homme de bien déjà toute remplie et toute consommée ; mais, pour l’enseignement de l’humanité et pour sa propre gloire, il fallait que M. de Malesherbes obtienne plus encore.
Compagnon de gloire et de liberté, prêchez-la dans vos sections ; que le péril vous enflamme.
29 octobre Vraiment, il y a du courage à résister à la tentation du feuilleton, à cette chose qui procure la grosse publicité, sans parler de la place matérielle qu’elle donne à votre individu, et de la présentation toute naturelle qu’elle fait de vous à toutes les femmes de théâtre et de la gloire touchée comptant, et de l’argent sonnant qu’elle met dans votre poche.
Si l’avenir lui décernait un jour la gloire de l’avoir fait, ce qu’il n’ose espérer, il ne voudrait pas d’autre couronne.
Si l’on soulève un coin du voile, comme a fait Tocqueville, c’est assez pour la gloire d’un publiciste, ce n’est pas assez pour la sécurité des peuples.
Cependant il a la gloire d’avoir fourni des idées à l’Arioste, & d’en avoir peut-être été le guide dans son Roland Furieux.
Ecoutez ce récit, Que je tiens d’un roi plein de gloire.
C’est la gloire de notre époque d’avoir pu amener tant de millions de gens à se sacrifier complètement à une idée et, pour elle, à se soumettre à l’esclavage le plus rude et le plus exclusif qui soit ; mais la vraie liberté consiste à se soumettre et à se résigner à ce que l’on a jugé inévitable, et à consentir à n’être qu’une pièce du mécanisme dont on aurait pu être l’ingénieur… (Lettre communiquée.)
Une foule d’écrivains s’y essayent ; plusieurs y gagnent une fortune, une réputation, on pourrait dire une gloire d’une espèce particulière ; ils voient leur nom et leurs œuvres pénétrer dans des milieux où n’ont jamais pénétré ceux des maîtres de la littérature française ; ils intéressent, ils font pleurer, ils égayent, ils ennuient un peuple entier ; ils sont les vrais créateurs et les vrais soutiens d’une certaine presse, investis d’une puissance plus immédiate sur ses destinées que tous les écrivains politiques, les économistes, les critiques, les reporters et les correspondants de la rédaction, et je me rappelle que l’administrateur général d’un des plus importants petits journaux de Paris me disait que, dans la première semaine après le commencement d’un feuilleton, le tirage du journal montait ou s’abaissait de cinquante mille, de quatre-vingt mille exemplaires par jour, selon que le feuilleton plaisait ou ne plaisait pas.
L’argent les tente, ou la gloire. […] Ce jour-là, le jour singulier dont je parle, admettons qu’il était de loisir et que les circonstances se prêtaient à sa gaieté : le coquelicot dans les blés lui fit l’effet de la crête d’un coq, oui, d’un beau coq prétentieux, tête levée, qui serait là immobile un instant, parmi la gloire de l’été. […] Et ainsi le réalisme de l’architecture gothique triompha ; et ainsi le combat de la résistance et de la pesanteur fut instauré : la formule d’un art splendide et qui est la gloire de notre pays était trouvée ! […] Depuis qu’il est mort, la gloire est venue : une gloire économe, qui arrive tard afin de n’avoir pas d’argent à donner ; et une gloire équivoque, toute mêlée encore de scandale. […] … La fierté qui l’avait enclos dans son difficile idéal d’art eut pour récompense la gloire et pour châtiment la misère.
On regarde ses bonnes grâces comme la source de tous les biens ; on ne croit s’élever qu’à mesure qu’on approche de sa personne et de son estime. » On s’éblouit et on se croit dieu quand on ne sent plus rien au-dessus de sa tête. « Qui considérera que le visage du prince fait la félicité du courtisan, qu’il s’occupe et se remplit pendant toute sa vie de le voir et d’en être vu, comprendra un peu comment voir Dieu peut faire toute la gloire et la félicité des saints. »37 Un homme « pour qui on est à bout de bronze et d’encens », si bon et si grand qu’il soit né, finit par se dire que choses et gens ne sont faits que pour le servir. […] La mouche, parmi ses titres de gloire, annonce qu’elle se campe sur la tête des belles, et baise leur beau sein, quand elle veut. »70 Acaste, « qui est fort aimé du beau sexe », parle plus discrètement, mais au fond insinue qu’il a le même privilège. « Les coeurs de haut prix » ne lui manquent pas ; encore faut-il qu’ils fassent « la moitié des avances. » Le gentilhomme avec son caquetage et la mouche avec son bourdonnement ont la même légèreté, la même fatuité, le même brillant et la même fin.
* * * — Le courage et la gloire d’un civil est de penser trop tôt. […] Le roi, à la fin du dîner, moitié larmoyant d’attendrissement, moitié gris, dit : « Comment Dieu a-t-il choisi un cochon comme moi, pour cochonner avec moi une si grande gloire pour la Prusse !