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672. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Le jour venu, il frappe sur Hector comme sur une enclume. […] Les gens du peuple ne suivent pas la ligne droite du raisonnement et du récit ; ils reviennent sur leurs pas, ils piétinent en place ; frappés d’une image, ils la gardent pendant une heure devant leurs yeux, et ne s’en lassent pas. […] … Il vaudrait mieux ne pas me connaître moi-même. —  Éveille Duncan à force de frapper. (On frappe. […] Il a cru le frapper le jour où il a frappé Polonius.

673. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Singulier accident, quand il frappe ces gens heureux qui vivent de l’esprit des autres, et qui n’ont pas d’autres soucis que d’y mêler un peu de leur esprit ! […] Célimène a frappé à la porte d’Isabelle ; puis Célimène s’est appelée Arsinoé, puis enfin Arsinoé est devenue madame Pernelle. […] « Le plus beau tableau qui n’est pas dans son jour, ne frappe point. […] sa main nue est habituée à frapper dans toutes les mains ; pourquoi s’en fâcher ? […] — Il frappe, — la porte s’ouvre. — Au même instant vous apparaissent les disciples de Socrate, jeunes gens aux yeux caves, au visage amaigri, et des plus mal vêtus.

674. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

ces gens-là, — seraient-ils innocents, — je les abhorre pour leur funeste influence, et toujours, quand je les rencontrerai, je les frapperai de ma plume impitoyable. […] Chaque page était comme un bouclier d’argent frappé du soleil et qui aurait sonné sous le rayon intense : un vrai bouclier de Memnon. […] Flaubert put-il frapper ce coup littéraire, qui fit retourner toute la critique et se répercuta longuement dans la foule ? […] Nicomède, surtout, me frappe. […] Ils frappent leurs strophes.

675. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

Je me rappelle avoir eu l’occasion de rencontrer alors, et dans la première semaine qui suivit, deux hommes d’État, très inégaux par l’âge, mais qui avaient pris grande part l’un et l’autre à ce qui n’était plus, et jetés tous deux de côté par la tempête ; je fus frappé de voir que si l’un, le plus jeune, était sombre, estimant tout perdu, la société s’écroulant dans l’anarchie et le monde penchant à sa ruine, l’autre (c’était M. 

676. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

Nous ne savons l’effet que produisent de près ces sortes de révélations : il est possible qu’elles frappent moins des personnes qui vivent de longue main dans les coulisses.

677. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IX. Précision, brièveté, netteté »

La concision peut être plus ou moins apparente : il y a une façon nerveuse, un peu brusque, de tourner les pensées, de les ramasser en antithèses ou en formules, de les frapper comme des médailles, qui rend la brièveté visible, mais qui parfois aussi n’en est que l’illusion et le mensonge.

678. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Un grand voyageur de commerce »

On se dit : « Assurément, ce journaliste ne veut pas nous tromper ; mais qui sait s’il ne se trompe pas lui-même et si, dans son désir de frapper fort et de nous étonner, il n’arrange pas un peu ses souvenirs, sans le savoir ?

679. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

Les poésies de Mme Desbordes-Valmore sont remplies de ces grands noms ; le dernier surtout y est prodigué à un point qui frappe tout le monde et appliqué comme aucune femme ne s’en était encore avisée ; c’est que le ciel seul lui fournit des images proportionnées à une passion qui n’est qu’une perpétuelle apothéose : Dieu, c’est toi pour mon cœur ; j’ai vu Dieu, je t’ai vu !

680. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVI, les Érynnies. »

Mais quand un meurtrier domestique a frappé l’un de ses proches, la ruine de sa demeure est notre partage.

681. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé Boileau, et Jean-Baptiste Thiers. » pp. 297-306

Dans une médaille qu’il fit frapper, il étoit représenté d’un côté avec ces mots : au divin Aretin : Sur le revers, il étoit sur un trône, & recevoit les présens des envoyés des princes ses tributaires.

682. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Tantôt un trépas se faisait prévoir par les tintements d’une cloche qui sonnait d’elle-même, tantôt l’homme qui devait mourir entendait frapper trois coups sur le plancher de sa chambre.

683. (1902) La poésie nouvelle

Mais le vers est déjà d’une frappe excellente, l’expression franche, le style vigoureux. […] Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit… »‌ Mais de tout cela l’horreur l’a frappé. […] Il traverse le Gothard à pied, descend l’Italie : à Livourne, frappé d’insolation, il est rapatrié par le consulat et gagne Marseille. […] Et il fut si frappé de cette découverte qu’il en généralisa la portée. […] La versification frappe tout d’abord.

684. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Elle est d’un homme, irrémédiablement frappé, en qui l’on devine un homme d’honneur et de jugement. […] Itzig est allé frapper à la porte de son coreligionnaire Ehrenthal, qui lui a rendu d’abord l’existence assez dure. […] Mais combien de fois les catastrophes que côtoie, ce héros ne sont-elles pas plus intéressantes que celles qui le frappent lui-même ! […] Il sera le martyr résigné du premier persécuteur de carrefour qui voudra le frapper, d’Itzig ou d’Hippus. […] s’écria-t-il, et, laissant tomber le flambeau, il frappa ses mains l’une contre l’autre ; tout est perdu, volé ! 

685. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Je fus frappé, ce soir-là, de la réserve qu’avait, au contraire, dans sa tenue, dans ses paroles, dans toute son attitude, ce successeur, si connu déjà, du génial Trousseau. […] Il est frappé du teint d’un consommateur qui jouait aux cartes tranquillement. […] Un premier trait nous frappe : nous sommes devant un comédien. […] Ainsi, en 1897, ce toast au prince Henri, partant pour l’Orient, où Guillaume lui recommande de frapper l’ennemi avec son « poing ganté de fer ». […] Et nous voici de nouveau devant cette incapacité dans la prévision qui avait déjà frappé M. 

686. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

» Que peux-tu désirer de plus, quand le roi Salomon déclare lui-même que l’accident qui frappe l’homme et celui qui frappe la bête sont un seul et même accident ; que la mort de l’un est la même mort que celle de l’autre, et qu’ils ont tous deux le même souffle ! […] Fritz avait avec chacun d’eux un grand air de ressemblance, c’est-à-dire les yeux bleus, le nez épaté, le menton rond frappé d’une fossette, la bouche bien fendue et l’air content de vivre. […] » Il ne se lassait pas de répéter la vieille romance, et cela durait bien depuis vingt minutes, lorsqu’un petit bruit s’entendit à la porte ; quelqu’un frappait. […] » Tous les amis frappèrent sur la table en criant : « Das soll gülden ! 

687. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

L’on descend pour dîner, et descendant l’un des derniers, du haut de l’escalier tournant, je suis frappé du bel et grandiose aspect de cette salle à manger, ayant la hauteur de deux étages, avec son éclairage a giorno, avec l’heureuse disposition de ses tables de trois cent dix couverts, et dans le bruissement d’aimable et joyeuse humeur des convives, s’installant. […] » Mardi 28 mai Aujourd’hui, Mme Segond-Weber m’est amenée par Montesquiou, venant me demander de jouer La Faustin ; je suis frappé de sa beauté, de la fine ciselure de ses traits, de son pénétrant regard noir. […] » Il allait encore frapper à la porte d’un autre hôtel, dont la patronne refusait de le recevoir, en dépit de l’offre de 300 francs. […] Lorsqu’il nous remet en voiture, un moment, arrêté à la portière, il s’ouvre sur le chagrin que lui cause la brouille avec son fils : « Quant à moi, fait-il, il ne me parle plus, ne me salue plus… Dans ma jeunesse, j’étais violent, prêt à frapper, et cependant lui — il lève le doigt en l’air, et le laisse retomber — je ne lui ai jamais même fait cela… je ne l’ai jamais puni !  […] À l’entrée de la princesse, dans la chambre où l’avait précédé Primoli, qui avait été frappé de son changement, de son affaissement, se reprenant, se raidissant, Dumas s’écriait : « Ah !

688. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Dans la société antique, l’individu était placé si bas, que, pour qu’il fût frappé, il fallait que l’adversité descendît jusque dans sa famille. […] En se plaçant à ce point de vue pour juger nos petites règles conventionnelles, pour débrouiller tous ces labyrinthes scolastiques, pour résoudre tous ces problèmes mesquins que les critiques des deux derniers siècles ont laborieusement bâtis autour de l’art, on est frappé de la promptitude avec laquelle la question du théâtre moderne se nettoie. […] On entend les cris de Clytemnestre que son propre fils égorge, et Électre crie sur le théâtre : « Frappez, ne l’épargnez pas, elle n’a pas épargné notre père. » Prométhée est attaché sur un rocher avec des clous qu’on lui enfonce dans l’estomac et dans les bras. […] C’est en furetant la chronique, ce qu’il fait avec amour, c’est en fouillant au hasard les mémoires anglais du dix-septième siècle, qu’il fut frappé de voir se dérouler peu à peu devant ses yeux un Cromwell tout nouveau. […] Ce précepte effectivement, qui donne pour règle de ne point garder quelquefois de règles, est un mystère de l’art qu’il n’est pas aisé de faire entendre à des hommes sans aucun goût… et qu’une espèce de bizarrerie d’esprit rend insensibles à ce qui frappe ordinairement les hommes. » — Qui dit cela ?

689. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Chacun voudrait dire ce qui n’a pas encore été dit, dépeindre ce qui a passé sous silence ou qui n’a frappé les yeux de personne ou tout au moins inaugurer une forme suffisamment saisissante pour arrêter l’attention et frapper l’esprit. […] Oui, Balzac a été plus frappé des côtés ingrats de la vie que de l’idéal qu’elle peut comporter il s’est complu à voir dans l’humanité les petitesses, les cupidités, le sensualisme et l’égoïsme qui en résulte. […] A la manière des maîtres, dignes de ce nom, il trace ses personnages à grands traits, il en fait ressortir les caractères distinctifs, il en constitue l’ensemble par de larges touches afin de frapper plus immédiatement son lecteur. […] Quand un site se présente à nos yeux, nous sommes d’abord frappés de l’ensemble général, bien que notre regard soit attiré plus particulièrement sur un point déterminé qui est pour nous-mêmes comme un centre d’objectivité.

690. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Le bras de Colbert se reconnaît à ce coup de vigueur frappé au début et dont le retentissement fut immense. […] Arrivant à son sujet principal qui est la chronique des Grands Jours, il nous montre le premier coup qui frappe sur une tête altière et imprudente, le vicomte de La Mothe de Canillac, « fort considéré pour sa qualité dans la province, et, au sentiment de tous, le plus innocent de tous les Canillac ». […] Un gentilhomme me vient de faire plainte qu’un paysan lui ayant dit des insolences, il lui a jeté son chapeau par terre sans le frapper, et que le paysan lui a répondu hardiment qu’il eût à lui relever son chapeau, ou qu’il le mènerait incontinent devant des gens qui lui en feraient nettoyer l’ordure.

691. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Frappe tous mes ennemis à la mâchoire ; brise-leur les dents, à ces impies ! […] Ces rochers, les uns debout, les autres couchés, ressemblent, à s’y tromper, à des pierres sépulcrales frappées des derniers feux de la lampe qui se retire. […] C’était le convoi d’une jeune Arménienne que la peste venait de frapper dans Jérusalem, et que la famille, les amis, les voisins conduisaient au cimetière de sa communion, hors de la ville.

692. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Il y a des événements qui sortent du ciel, comme des bouches de volcan, sans avoir été allumés par aucune main, ou qui sortent du ciel comme des météores, sans que personne puisse dire d’où ils viennent, ce qu’ils vont frapper et où ils vont s’éteindre. […] « Dumouriez, qui avait entrevu le jeune duc de Chartres à l’armée de Luckner, l’observa attentivement dans cette occasion, fut frappé de son sang-froid et de sa lucidité dans l’action, pressentit une force dans cette jeunesse, et résolut de se l’attacher. » XII La lutte des Girondins avec Marat s’ouvre par un portrait que j’ai copié sur l’image de Marat mort dans sa baignoire, peint par le peintre David, qui osa se déclarer l’ami de ce forcené. […] L’action et la réaction, le coup et le contrecoup s’étaient succédé de part et d’autre avec une telle rapidité, comme dans une mêlée, qu’il était difficile de dire qui avait frappé le premier.

693. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Ce phénomène du génie hérité, accumulé, croissant et enfin fructifiant dans un grand homme frappe l’esprit en étudiant, dans l’histoire ou dans la biographie, les origines morales des hommes supérieurs. […] Nous ne les rapporterons pas ; c’est l’atmosphère fabuleuse des grands hommes, l’imagination frappée voit plus beau que nature ce que la nature ordinaire ne peut expliquer. […] … Je vis des divinités célestes et charmantes, et, parmi ces nymphes et ces sirènes… je restai frappé de stupeur, et je me sentis tout à coup grandir moi-même à la hauteur de ce que j’admirais… Rempli d’une vie inconnue, inondé d’une divinité intérieure toute nouvelle… je chantais les exploits et les héros, dédaignant désormais les humbles idylles… » XVI Cependant, soit que la distance et le respect eussent intimidé l’aveu de ces sentiments pour Léonora d’Este, soit qu’il eût voulu dérober sous un autre nom les hommages poétiques secrets qu’il adressait dans son cœur à Léonora, le Tasse affecta de célébrer quelque temps dans ses vers une autre beauté de la cour de Ferrare.

694. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

C’est parfois un son analogue à celui d’une barre de fer avec laquelle on frapperait sur un tronc dur et creux, ou bien c’est un cri perçant qui fend l’air. […] Je renonce à décrire le bruit du vent dans l’intérieur de cette oreille de bronze dont les moindres haleines de l’air frappent le tympan (que serait-ce dans la tempête ?). […] ; il n’y a pas longtemps, dis-je, que je restai frappé d’admiration et de vérité en lisant ces belles considérations sur le principe de la vie, base et opération progressive du Cosmos.

695. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

elles vous répondent : Et quel autre que le sculpteur souverain pouvait frapper de ces coups qui fendaient le rocher ; Moïse du ciseau, qui au lieu de l’eau fait jaillir la pensée et la vie de la pierre ? […] Son père et ses oncles, qui voulaient violenter sa vocation et qui regardaient la sculpture et la peinture comme des métiers ignobles et mercenaires, indignes de leur sang, gourmandaient et frappaient en vain l’enfant pour le contraindre aux études, selon eux, plus nobles du commerce. […] Ce fut alors que Michel-Ange sculpta pour les sépulcres de Julien et de Cosme de Médicis les quatre statues du Jour et de la Nuit, du Crépuscule et de l’Aurore. « Statues, dit Vasari, qui, par la beauté accomplie des formes, par la majesté des attitudes, par la nature surhumaine des physionomies et par la perfection du travail du marbre devenu chair et muscles sous ses mains, suffiraient pour reporter l’art à son apogée, si les vestiges de l’antiquité n’existaient pas. » On reste frappé de stupeur en admirant, à côté de ces statues symboliques, les deux célèbres figures de Laurent et de Julien de Médicis ; l’une, appelée le Penseur, parce que jamais la mélancolie muette de la méditation ne fut gravée en ombres plus transparentes et plus mouvantes sur une physionomie humaine ; l’autre appelée le Guerrier parce que jamais la mâle beauté du soldat ne revêtit une expression à la fois plus calme et plus fière.

696. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Il frappe à la porte du cabinet de Sully : « C’est le roi ! […] Henri IV assassiné, Sully fut comme frappé du coup : sa conduite à la nouvelle de l’assassinat, son dessein d’aller au Louvre, puis sa crainte qui lui fait rebrousser chemin et son retour dans ses quartiers (se contentant d’envoyer sa femme à la découverte), nous le montrent peu propre à ces situations extraordinaires où l’on n’a plus de maître, et où il faut prendre en soi seul le conseil, l’initiative en même temps que l’exécution.

697. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Cette scène d’arrivée et de débarquement en vue de l’ennemi est vive chez Joinville, et pleine de couleur : Le jeudi après Pentecôte arriva le roi devant Damiette, et trouvâmes là toute l’armée du Soudan sur la rive de la mer, de très belles gens à regarder ; car le Soudan porte les armes (armoiries) d’or, sur lesquelles le soleil frappait, qui faisait les armes resplendir. […] Et puis, quelles que soient, dans les deux cas, les inégalités de ressources, de talent, de prévision et de calcul, ce qui me frappe, c’est combien, malgré ces différences positives tout à l’avantage de l’entreprise moderne, la part de la fortune reste grande et souveraine, et combien, après avoir un peu plus ou un peu moins cédé au génie humain, elle ne recule que pour reprendre le dessus à quelque distance dans le résultat, et pour se ménager en quelque sorte la revanche de plus loin.

698. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Le roi goûtait donc M. de Noyon, et c’était un plaisir pour lui, presque une gaieté de le voir : ce que le prélat avait de naturellement excentrique frappait d’abord l’esprit juste de Louis XIV, et lui épanouissait le front ; et il en recevait aussi des flatteries, des déclarations de tendresse d’une brusquerie imprévue et neuve qui n’y gâtait rien. […] On frappait sur le ballon gonflé, et il y avait du ressort.

699. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Sa lettre en réponse est longue, abondante, difficile à couper : Vauvenargues n’est pas de ceux qui étranglent leur pensée, ou qui la gravent et la frappent en quelques mots splendides ; il aime à l’étendre, à raisonner ; il est proprement dans son élément quand il disserte ; il a une belle langue intérieure, mais un peu molle parfois, à demi oratoire, périodique, et qui se complaît dans ses développements. […] Ce ne sont point des traits, des saillies qui frappent : il n’a ni la découpure ni le relief d’un Montesquieu.

700. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Pour moi, dans ce que je lis de lettres, de discours ou d’écrits émanés du roi, je suis surtout frappé, en général, de la solidité, de l’élévation et du bon sens. […] Une expédition sur mer n’était pas non plus un moyen sûr de l’atteindre et de la frapper : c’était l’attaquer par son côté fort.

701. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Ce qui frappe en le lisant, c’est combien il considère la prédication purement et simplement comme un métier ; rien de moins, rien de plus ; toute inspiration de christianisme vif, toute idée d’un ministère supérieur et sacré est absente et lui demeure étrangère. […] En théologie, Harlay n’avait pas eu un moindre succès pour sa thèse dite Tentative ; en homme qui prévoyait et pressentait où il aurait à frapper plus tard, il la fit porter sur le point le plus controversé d’alors, saint Augustin et Jansénius ; ayant établi les propositions catholiques orthodoxes, il soutint hardiment que le saint docteur que chacun lirait à soi était de son côté, et que Jansénius l’avait mal compris.

702. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

mais frappez-y à toutes les délicatesses, et vous me réjouirez. » La maladie de 1834 agit sur cette imagination de femme ; l’esprit aussi a ses modes. […] La Rochefoucauld, tout politique, disait de même et diversement : « La Fortune et l’humeur gouvernent le monde. » Une réflexion ne vous frappe-t-elle pas ?

703. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Ce qui frappe le plus dans ce roman d’Émile, fait et publié par un auteur de vingt et un ans « qui a connu la souffrance à l’âge où les jeunes gens, en général, ne connaissent encore que le plaisir », c’est l’expérience précoce du monde, la connaissance anticipée des hommes. […] L’autre jetait le gant aussi, mais il le jetait aux préjugés, à la routine, quelquefois en apparence au sens commun, et, pour mieux frapper, il poussait l’idée neuve, l’idée juste jusqu’au paradoxe, jusqu’au scandale et à l’impossible, sauf à reculer légèrement après : il faisait trois pas en avant pour en gagner deux.

704. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Il disait un jour à un ami : « J’ai toujours été particulièrement frappé de ce passage d’Homère où il nous représente Priam transporté de douleur pour la perte d’Hector, au point d’éclater en reproches et en invectives contre les serviteurs qui l’environnent et contre ses fils. […] Ce que je tiens à marquer (après Campbell), c’est que s’il n’est pas un poète universel dans le sens qui frappe le plus aujourd’hui, il n’est pas moins véritablement poète, quoique dans un ordre moins orageux, moins passionné, moins éclatant, dans un mode orné, juste et pur.

705. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

La vieille Cour avait peu de peine à se persuader que Dieu, après avoir frappé le roi, toucherait son cœur. […] Là on trouve des ouvrages de tous les genres, de la tapisserie, des métiers de toutes sortes ; et, pendant qu’elle travaille, elle a la bonté de raconter ses lectures ; elle rappelle les endroits qui l’ont frappée, elle les apprécie.

706. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Le maréchal de Noailles le lui insinue aussi respectueusement que possible : « Votre Majesté me paraît frappée, autant que je puis l’être, de la stérilité des grands hommes ; ce n’est cependant pas, Sire, que je ne sois persuadé qu’il n’y ait de l’étoffe pour en faire ; il s’agit d’aider à la nature, d’exciter le zèle et l’émulation et de fournir aux bons sujets les occasions de se développer. […] À Paris et dans les salons on le faisait valoir à l’excès, par opposition à son collègue : « Les troupes, disait-on, ont en lui une entière confiance, parce qu’elles sont assurées qu’il paye de sa personne, et que le courage est ce qui les frappe le plus. » Louis XV qui, pendant ces mois-là, se comparait à l’oiseau sur la branche et qui désirait, disait-il, vieillir, ne pouvait s’empêcher de tenir le maréchal de Noailles au courant de ces méchants propos : « J’ai promis de vous tout dire, vous voyez que je tiens parole.

707. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Los étrangers et ceux qui ne l’ont pas vue depuis six mois sont frappés de sa physionomie qui acquiert tous les jours de nouveaux agréments. […] Hors de là, elle ne réfléchit encore guère, et l’usage qu’elle a fait jusqu’ici de son indépendance le prouve assez, puisqu’il n’a porté absolument que sur des objets d’amusement et de frivolité ; mais le temps de la réflexion ne lardera vraisemblablement plus longtemps à venir… » J’ai indiqué, dans cette seconde édition de M. d’Arneth, tout ce qui est fait pour intéresser ceux qui avaient déjà été si frappés de l’importance historique de sa publication première.

708. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

» Et elle tire un couteau pour s’en frapper. Mais sans doute son ange était là pour la secourir, car si forte fut sa douleur, qu’au moment et avant de se frapper, elle tomba morte.

709. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Dans les moments de marche ou d’installation incohérente et confuse, comme le sont les temps présents, il est simple qu’on aille au plus important, qu’on s’occupe du gros de la manœuvre, et que de toutes parts, même en littérature, ce soit l’habitude de frapper fort, de viser haut et de s’écrier par des trompettes ou des porte-voix. […] Ils étaient frappés de cette physionomie étrangère que chacun trouve à la nature dans les climats éloignés de celui qui l’a vu naître.

710. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Chacun à son tour se croit le mieux aimant et le plus frappé. […] D’autres fois, tu t’attaques lentement et d’une ruine continue à l’enveloppe en même temps qu’au fond, tu opères degré par degré l’œuvre de destruction dans les plus florissantes natures, tu y ravages tout avec un art cruel avant de frapper le dernier coup au cœur : une vieillesse comme centenaire est empreinte sur des visages de vingt ans.

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