Les relations qu’il a eues avec feu M. de Voltaire, lui ont donné une espece de célébrité dans la République des Lettres, qu’il n’a point acquise par ses Ecrits.
Sans cette attente, l’esprit occupé de sujets imaginaires et donnés, ne s’échauffera jamais d’un feu réel, d’une chaleur profonde, et l’on n’aura que des rhéteurs.
Luisure sera un effet de lueur sur la vitre d’un lampadaire, sur la plaque d’un métal poli, sur l’orbe d’un bouton métallique ; elle sera l’éclat brusque du diamant dont une facette concentre subitement les feux du lustre ; la syllabe ure produisant une sensation d’arête vive, le brusque coup d’archet sur les notes aiguës du violon.
Henriette d’Angleterre Madame de La Fayette, Histoire de Madame Henriette d’Angleterre, première femme de Philippe de France, duc d’Orléans, publiée par feu A.
. — En ce moment, je souffre de la migraine, ou je goûte un bon fruit, ou je me délecte à chauffer mes membres au coin du feu ; j’imagine ou je me souviens, je suis contrarié ou égayé par une idée, je me décide à faire une démarche. […] Je veux mouvoir mon bras, et je prévois qu’il se mouvra ; je secoue une sonnette, et je prévois qu’elle rendra un son clair ; j’allume du feu sous la chaudière d’une locomotive, et je prévois que la vapeur dégagée poussera le piston ; je lis et relis avec attention un morceau de poésie, et je prévois que tout à l’heure je pourrai le répéter par cœur ; j’adresse une question à mon voisin, et je prévois qu’il me répondra. […] L’enfant et l’animal prévoient que cette eau les désaltérera, que ce feu les brûlera ; il suffit pour cela que l’expérience et l’habitude aient accouplé dans leur esprit telle sensation et telle représentation ; à présent, chez eux, la vue de l’eau éveille toujours l’image de la soif éteinte, et la vue du feu éveille toujours l’image de la brûlure. […] Au moyen de signes, il extrait, note et lie les deux termes abstraits d’eau et de soif éteinte, les deux termes abstraits de feu et de brûlure.
Ce jour-là seulement Grandet permettait qu’on allumât le feu dans la salle, et il le faisait éteindre le trente et un mars, sans avoir égard ni aux premiers froids du printemps ni à ceux de l’automne. « Une chaufferette, entretenue avec la braise provenant du feu de la cuisine, que la grande Nanon leur réservait en usant d’adresse, aidait Mme et Mlle Grandet à passer les matinées ou les soirées les plus fraîches des mois d’avril et d’octobre. […] Elle passerait dans le feu pour eux ! […] Quand Nanon avait lavé sa vaisselle, serré les restes du dîner, éteint son feu, elle quittait sa cuisine, séparée de la salle par un couloir, et venait filer du chanvre auprès de ses maîtres. […] “Il ne se lève pas”, pensa-t-elle en entendant la tousserie matinale de Nanon, et la bonne fille allant, venant, balayant la salle, allumant son feu, enchaînant le chien et parlant à ses bêtes dans l’écurie.
Il créa un être revêtu d’un corps ; il le vit ; et la bouche de cet être s’ouvrit comme un œuf brisé ; de sa bouche sortit la parole, de la parole sortit le feu ; les narines s’ouvrirent, et des narines sortit le souffle, et du souffle sortit l’air qui se dilate et se répand partout ; les yeux s’ouvrirent, et des yeux jaillit la lumière, et de cette lumière fut produit le soleil ; les oreilles se sculptèrent, et des oreilles naquit le son qui donne le sentiment du loin et du près (des distances) ; la peau s’étendit, et de cet épiderme étendu naquit la chevelure, de cette chevelure de l’homme naquit la chevelure de la terre, les arbres et les plantes ! […] Tout à coup je tombai sur un fragment de trente ou quarante lignes qui étincelèrent à mes yeux comme si ces lignes avaient été écrites, non avec le pinceau du poète trempé dans l’encre, mais avec la poussière de diamants et avec les couleurs de feu des rayons que le soleil levant étendait sur la page ; ce fragment était un éblouissement de l’âme mystique, appelant, cherchant, trouvant, embrassant son Dieu à travers l’intelligence, la vertu, le martyre et la mort, dans l’ineffable élan de la raison, de la poésie, de l’extase. […] Le fer ne peut la diviser, ni le feu la brûler, ni l’eau la corrompre, ni l’air l’altérer… Mais, soit que tu penses qu’elle meurt avec le corps, soit que tu la croies, comme moi, éternelle, ne t’afflige pas : toutes les choses qui ont un commencement ont une fin, et les choses sujettes à la mort doivent avoir un régénérateur. […] C’est le Te Deum de l’universalité divine ; la parole y luit comme le feu. […] Thierry : « Tu te souviens peut-être, ô roi », dit un chef saxon à son prince, « de ce qui arrive quelquefois dans les jours d’hiver quand tu es assis à table avec tes capitaines, qu’un bon feu brille dans le foyer, que la salle est chaude, mais qu’il pleut, qu’il neige et qu’il gèle au dehors.
VII Mais vous approchez des Alpes ; les neiges violettes de leurs cimes dentelées se découpent le soir sur le firmament, profond comme une mer ; l’étoile s’y laisse entrevoir au crépuscule comme une voile émergeant sur l’océan de l’espace infini ; les grandes ombres glissent de pente en pente sur les flancs des rochers noircis de sapins ; des chaumières, isolées et suspendues à des promontoires comme des nids d’aigles, fument du foyer de famille du soir, et leur fumée bleue se fond en spirales légères dans l’éther ; le lac limpide, dont l’ombre ternit déjà la moitié, réfléchit dans l’autre moitié les neiges renversées et le soleil couchant dans son miroir ; quelques voiles glissent sur sa surface, les barques sont chargées de branchages coupés de châtaigniers, dont les feuilles trempent pour la dernière fois dans l’onde ; on n’entend que les coups cadencés des rames qui rapprochent le batelier du petit cap où la femme et les enfants du pêcheur l’attendent au seuil de sa maison ; ses filets y sèchent sur la grève ; un air de flûte, un mugissement de génisse dans les prés, interrompent par moments le silence de la vallée ; le crépuscule s’éteint, la barque touche au rivage, les feux brillent çà et là à travers les vitraux des chaumières ; on n’entend plus que le clapotement alternatif des flots endormis du lac, et de temps en temps le retentissement sourd d’une avalanche de neige dont la fumée blanche rejaillit au-dessus des sapins ; des milliers d’étoiles, maintenant visibles, flottent comme des fleurs aquatiques de nénuphars bleus sur les lames ; le firmament semble ouvrir tous ses yeux pour admirer ce bassin de montagnes ; l’âme quitte la terre, elle se sent à la hauteur et à la proportion de l’infini ; elle ose s’approcher de son Créateur, presque visible dans cette transparence du firmament nocturne ; elle pense à ceux qu’elle a connus, aimés, perdus ici-bas, et qu’elle espère, avec la certitude de l’amour, rejoindre bientôt dans la vallée éternelle : elle s’émeut, elle s’attriste, elle se console, elle se réjouit ; elle croit parce qu’elle voit ; elle prie, elle adore, elle se fond comme la fumée bleue des chalets, comme la poussière de la cascade, comme le bruissement du sable sous le flot, comme la lueur de ces étoiles dans l’éther ; elle participe à la divinité du spectacle. […] Quand elle écume, au lever d’un jour d’été, sous la brise folle, et que le goëland, renversé comme un oiseau blessé, trempe une de ses ailes dans la poussière de cette écume, la mer rappelle les bouillonnements harmonieux de l’onde qui commence à frissonner sur le feu. — Émotion ! […] X Si nous parcourions ainsi successivement tous les phénomènes du monde visible ou du monde social, nous trouverions partout des éléments sans nombre de poésie cachés aux profanes dans toute la nature, comme le feu dans le caillou. […] Écoutons le poète épique : « Nala, sous ce nom de Wacouba, choisit, dans les écuries du roi son maître, quatre coursiers aux flancs minces, aux muscles vigoureux, lançant la fumée et le feu par leurs naseaux roses, aux joues larges, au cœur palpitant. — Hé quoi”, lui dit le roi en les voyant, “veux-tu donc tromper mon impatience ? […] Cette poésie indienne est vivante ; dans ses veines circule une sève ardente et riche, le feu créateur : ainsi se répand dans les feuilles et dans les fleurs du palmier de ces climats ce suc vigoureux qui fait végéter l’arbre, renouvelle sa tige, et se transforme en liqueur enivrante.
Mais s’il est beau de fleurir, il est plus beau de mûrir, il est plus beau de transformer sa mâle adolescence en forte virilité ; il est plus beau de découvrir des horizons plus sévères, plus tristes, mais plus vrais, sans pâlir et sans se détourner en arrière à mesure qu’on avance dans la route ; il est plus beau de voir, sans reculer et sans pleurer, les roses de l’aurore pâlir et sécher aux feux, et à la sueur du milieu du jour ; il est plus beau d’avancer toujours courageusement en teignant du sang de ses pieds les rudes aspérités du chemin. […] XVI Ses premiers vers publiés datent de 1828, ce sont les fantaisies intitulées : Don Paez, Madrid, Portia, Mardoche, les Marrons du feu, la Ballade à la lune, tout un volume enfin dont le plus grand mérite était de ne ressembler à rien dans la langue française. […] On se sentait en présence d’un être dont le feu sacré de l’art avait dévoré le tissu. Ce feu de l’enthousiasme était si ardent et si pur en elle, qu’à chaque instant on croyait voir cette enveloppe consumée tomber en une pincée de cendre et tenir dans une urne ou dans la main. […] On connaît trop bien cette histoire pour que ce soit une indiscrétion de la rappeler. » M. de Sainte-Beuve a raison ; du jour, en effet, où ce jeune poète cessa de croire à la sainteté de l’amour et à la durée de l’enthousiasme, il fit plus que de tomber dans l’incrédulité, il tomba dans la dérision de l’amour, il devint un sceptique du sentiment, un athée de l’enthousiasme, un blasphémateur du feu sacré ; de là au cynisme il n’y a qu’un pas ; sa nature élégante et attique lui défendait de s’y livrer, mais il glissa trop souvent dans des libertinages de style qui ne se dégradent pas jusqu’à l’Arétin, mais qui rappellent Boccace, le Musset immortel d’Italie.
Sous ces arcades inférieures ce sont des laveuses, d’autres femmes occupées, des enfans, du feu ; au-devant à gauche, du linge étendu sur des cordes. […] Un jour que je considérais ce tableau, la lumière du soleil couchant venant à l’éclairer subitement par derrière, je vis toute la partie supérieure du grenier à foin teinte de feu, effet très-piquant, que l’artiste aurait certainement essayé d’imiter, s’il en avait été témoin ; c’était comme le reflet d’un grand incendie voisin dont tout l’édifice était menacé. […] Proche du même coin de la cheminée, assise sur un billot, la vieille cuisinière est devant son feu. […] intérieur d’un lieu souterrain, d’une caverne éclairée par une petite fenêtre grillée placée au fond du tableau, au centre de la composition qu’elle éclaire. au bas de la caverne, sous un des pans, à l’angle droit, à ras de terre, petit enfoncement où les habitans du triste domicile ont allumé du feu et font la cuisine. […] On y coule la lessive, les cuviers sont voisins du feu.
va-t’en faire des notes pour les Variorum de feu M. […] Je sens, malgré vous, que sous cette cendre il y a du feu, et de la vigueur sous cet épuisement. […] « Nous avons du feu, pas de lait. » C’est encore un mot de madame de Sévigné. […] au feu ! […] et, dans ce faubourg, une sombre maison, une chambre sans feu où leur enfant allait voir le jour !
Ils sont là, les bras croisés, accroupis près du feu dont le vent rabat la fumée. […] Nus sous une pluie de feu, ils sont condamnés à tourner sans cesse comme des gladiateurs dans le cirque romain. […] Iblis endure le supplice du froid puisque, pour un génie né du feu, il n’y a pire châtiment que le froid glacial. […] Les élèves ne demandaient pas à être si vertueux, et ils usaient de ruse pour attraper un air de feu. […] Le mauvais goût du dix-septième siècle prenant feu pour des poèmes comme l’Adone est aussi surprenant.
Je finirai en disant que quant à feu Jules Laforgue, je ne pense pas que mes plus outrecuidés adversaires aient jamais songé à me l’opposer sérieusement.
Soit qu’il énonce les oracles du Très-Haut, soit qu’il fasse gronder le tonnerre sur la tête des Rois coupables, soit-qu’il entr’ouvre les abîmes sous les pieds des sujets rebelles ; soit que, sous un jour plus touchant, il dévoile les richesses de la miséricorde divine, il développe les routes de la Providence, il étale la magnificence de ses bienfaits : tous ces différens tableaux font éprouver au Lecteur des mouvemens qui élevent l’ame, un feu qui la pénetre, une sensibilité qui l’attendrit ; par-tout il voit une éloquence qui l’entraîne, des graces qui l’enchantent, une harmonie qui le séduit.
Naguère, aux jours d’orgie où l’homme joyeux brille, Et croit peu, Pareil aux durs sarments desséchés où petille Un grand feu, Quand, ivre de splendeur, de triomphe et de songes, Tu dansais Et tu chantais, en proie aux éclatants mensonges Du succès, Alors qu’on entendait ta fanfare de fête Retentir, Ô Paris, je t’ai fui comme noir prophète Fuyait Tyr.
Est-ce un feu ?
Sur la panse de ce vase des enfants qu’on a groupés, sont très-bien, ils ont bien souffert du feu.
Ces contes-charades ou devinettes, analogues aux oetselmoerchen allemands, se racontent à la veillée, soit au clair de lune en filant le coton, soit auprès du feu dans les cases.
Ce fameux ouvrage sur la Religion, préparé pendant vingt ans, fît long feu. […] Chateaubriand en fait son livre le plus éclatant, qui va redorer de son rayon, pour plus d’un demi-siècle, la grille du sanctuaire et le balustre des autels ; Benjamin Constant, à ses moments perdus, entre la maison de jeu et la tribune, refait et retouche sans cesse un livre plus vrai peut-être, plus religieux et plus philosophique que celui de l’autre ; mais sa poudre est restée trop longtemps en magasin, elle est mouillée ; il n’y a pas, comme pour Le Génie du Christianisme, feu d’artifice et illumination soudaine. […] Ses passions sont tout artificielles… Constant est tellement usé, continua Béranger, il a tellement besoin que quelqu’un l’anime et le travaille, que je lui disais que, vieux et ne pouvant plus quitter le coin de son feu, il donnerait de la tête contre le marbre de la cheminée pour se secouer.
Il entreprit aussi en vers de dix pieds un poème de l’Enlèvement d’Hèlene d’après celui de Coluthus48 ; il y en avait deux chants et demi de faits, lorsque, son goût ayant mûri d’un degré, il les jeta au feu. […] Rioult était un peintre de l’école de Prud’hon ; il avait fait notamment un Eudore et Cymodocèe, un Roger enlevant Angélique sur l’hippogriffe, et un autre tableau encore, emprunté de la chevalerie, dont Théophile Gautier a donné la description dans une de ses plus anciennes pièces de vers : c’est dans une causerie du soir avec un ami, pour l’engager à rester quelques moments de plus et à prolonger la veillée au coin du feu. […] Il a décrit, en tête d’un article sur Marilhat50, l’une des scènes de cette vie d’artiste qu’il menait en commun avec Camille Rogier, Gérard de Nerval et Arsène Houssaye, ses proches voisins, et où venaient prendre journellement leur part Bouchardy, Célestin Nanteuil, Jean ou Jehan Duseigneur ; Petrus Borel le Lycanthrope ; Dondey qui, par anagramme, se faisait appeler O’Necldy, à l’irlandaise, et qui lançait un volume de vers intitulé : Feu et Flamme ; Auguste Maquet qu’on appelait, lui, Augustus Mac-Keat, à l’écossaise.
Catinat prit en mai Veillane qu’on avait manquée en janvier ; il s’y exposa tellement de sa personne qu’il en reçut des réprimandes du roi, de Louvois, de sa famille ; il promit de se corriger, mais il n’y réussit qu’imparfaitement ; tout général en chef qu’il était, les jours d’action il aimait à être au feu. […] « L’Empereur, parlant de Catinat, disait l’avoir trouvé fort au-dessous de sa réputation, à l’inspection des lieux où il avait opéré en Italie et à la lecture de sa Correspondance avec Louvois. » Napoléon ne le trouvait nullement comparable à Vendôme ; il eût dit de Catinat, servant sous ses ordres, ce qu’il disait de Saint-Cyr : « Saint-Cyr, général très-prudent. » Toute la manière de voir et d’agir de Catinat a été exposée au long par lui-même dans ses lettres confidentielles à son frère Croisilles ; il le fait dans une langue naïve et forte, un peu enveloppée, médiocrement polie, grosse de raisons, et qui sent son fonds d’esprit solide ; il faut en passer par là, si on veut le comprendre, et bien posséder son Catinat, nature originale et compliquée, un peu difficile à déchiffrer, et qui ne se laisse pas lire couramment : « Si je t’entretenais au coin du feu de notre campagne, disait-il à ce frère qui était un autre lui-même (31 octobre 1691), j’aurais bien du plaisir à te faire toucher au doigt et à l’œil ma conduite et les prévoyances que j’ai eues sur ce qui pouvait arriver, et comme il a fallu charrier droit pour faire aller la campagne aussi loin qu’elle a été, sans exposer tout le gros des affaires. […] Du moment que notre attaque fut indiquée par notre marche et le feu des décharges, toute la ligne s’ébranla comme en même temps et marcha dans le plus bel ordre que l’on saurait dire à Votre Majesté et avec une telle furie qu’elle enfonça tout.
Il décore çà et là quelques endroits de son passé ; il rallume de loin en loin, au soir, ses feux mourants sur quelque colline, puis les abandonne ; l’espérance et l’avenir l’appellent incessamment ; il se dit : Mais loin de moi ces temps ! […] Elle a foi dans son vœu ; Elle ose la première à l’avenir en feu, Quand, chassant le vieux Siècle, un nouveau s’initie, Lire ce que l’éclair lance de prophétie. […] Tes feux intérieurs sont calmés, tu reposes ; Mais ton cœur reste ouvert au vif esprit des choses.
Son premier feu jeté, et une fois hors de son théâtre Louvois, Picard devint faible d’assez bonne heure ; il se répéta, il s’usa vite. […] Les petites causes seules n’enfantent pas sans doute les grands événements, elles n’en amassent pas la matière ; mais elles servent souvent à y mettre le feu, comme la lumière au canon : faute de quoi le gros canon pourrait rester éternellement chargé, sans partir. […] Entre le roué spirituel, impudent, et la favorite, dont Mlle Mante représente parfaitement l’ambition assez robuste et peu ébranlable, le feu de riposte est vif, serré, nourri ; ils se rivent chacun leur clou, comme on dit, avec une prestesse et une justesse qui fait oublier l’ignoble du fond.
On venait de s’entretenir avec feu du désastre du Système, et la perte que plus d’un interlocuteur y faisait avait animé le discours. […] L’affaire de Mme de Pontivy, venant après sur le tapis, profita d’un reste de ce feu et de ce zèle. […] Je croyais à un feu perpétuel qui purifie.
Entre ces esprits brillants qui se rencontrent, c’est une lutte à qui brillera le plus, un feu d’artifice où la pensée part en fusées, un pétillement étincelant de saillies et de mots spirituels. […] Mais la conversation, dira-t-on, ressemble à ces feux d’artifice dont nous parlions tout à l’heure ; que reste-t-il de leur courte féerie après la pluie de perles, de rubis, de diamants qu’ils ont fait ruisseler dans le ciel ? […] Quand Pyrrhus compare « sa flamme » pour Andromaque à l’incendie de Troie, quand il dit de lui-même : Brûlé de plus de feux que je n’en allumai ; j’entends un écho de la société précieuse.
Membre de deux académies, de celle des sciences comme il le fut aussi de l’Académie française, il a été célébré par Fontenelle qui ne le surfait pas trop, et qui nous le montre, avec son tempérament robuste et de feu, suffisant à tous les menus emplois. […] Ce furent des jeux, des fêtes, des feux d’artifice continuels en son honneur, le tout ménagé avec un certain air d’innocence et d’âge d’or. […] Voyant ceux à qui elle s’adressait réservés et sur leurs gardes, elle se mit en colère, ce qu’elle faisait toutes les fois qu’elle rencontrait la moindre résistance, et elle leur dit « que, quand on avait une fois acquis l’habileté de succéder à la couronne, il fallait, plutôt que de se la laisser arracher, mettre le feu au milieu et aux quatre coins du royaume ».
Je ne sais pas de plus joli tableau d’intérieur que celui qu’il trace de cette famille patriarcale et de ses joies du coin du feu : Ajoutez au ménage trois sœurs de mon aïeule, et la sœur de ma mère, cette tante qui m’est restée ; c’était au milieu de ces femmes et d’un essaim d’enfants, que mon père se trouvait seul : avec très peu de bien tout cela subsistait. […] Quatre ou cinq camarades logeaient ensemble chez quelque artisan de la ville ; chaque écolier avait avec lui ses provisions pour la semaine, ses vivres qui lui venaient de la maison paternelle : Notre bourgeoise nous faisait la cuisine, et pour sa peine, son feu, sa lampe, ses lits, son logement, et même les légumes de son petit jardin qu’elle mettait au pot, nous lui donnions par tête vingt-cinq sols par mois ; en sorte que, tout calculé, hormis mon vêtement, je pouvais coûter à mon père de quatre à cinq louis par an. […] Navarre, receveur des tailles à Soissons, était, nous dit un homme non amoureux (Grosley), la plus brillante partie de sa famille ; elle visait au grand, à l’extraordinaire, et se fit aimer du maréchal de Saxe : « La beauté, les grâces, les talents, un esprit délicat, un cœur tendre, l’appelaient à cette brillante conquête… Sa conversation était délicieuse70. » Marmontel nous la montre de plus imprévue, capricieuse, avec plus d’éclat encore que de beauté : « Vêtue en Polonaise, de la manière la plus galante, deux longues tresses flottaient sur ses épaules ; et sur sa tête des fleurs jonquille, mêlées parmi ses cheveux, relevaient merveilleusement l’éclat de ce beau teint de brune qu’animaient de leurs feux deux yeux étincelants. » C’est cette amazone, cette belle guerrière qui, sacrifiant l’illustre maréchal au jeune poète, enleva un matin Marmontel à ses sociétés de Paris et le transporta d’un coup de baguette dans sa solitude d’Avenay, où elle le garda plusieurs mois enfermé au milieu des vignes de Champagne comme dans une île de Calypso.
Vous êtes aises comme des rats en paille ; vous avez le dos au feu et le ventre à table ; on vous prêche et vous n’écoutez pas ; je le crois bien, ventre affamé n’a point d’oreilles ; mais aussi rira bien qui rira le dernier. […] « Le char de l’Etat est entravé dans les flots d’une mer orageuse », cela fut dit à la tribune, tandis que la phrase où ce même char « navigue sur un volcan » est une invention d’Henry Monnier : on voit combien elle était inutile. « C’est en vain, crie un orateur, que nous ferons une bonne constitution, si la clef de la voie sociale nous manque. » Cormenin, qui avait de la verve et aucun sens littéraire, écrivait ainsi : « Par la trempe étendue et souple de son esprit, il jette de vives lumières sur toutes les questions », ou bien : « J’ai modéré le feu de mes pinceaux. » Il fit un tel abus des « lambris dorés » qu’on lui attribua cette petite création ridicule225. […] Méry s’écrie avec feu : « Un cri de désespoir, un cri surhumain et corrosif comme un tamtam !
astre de feu, jour heureux que je hais, Jour qui fais mon supplice, et dont mes yeux s’étonnent, Toi qui sembles le dieu des cieux qui t’environnent, Devant qui tout éclat disparoît et s’enfuit, Qui fais pâlir le front des astres de la nuit ; Image du Très-Haut qui régla ta carrière, Hélas ! […] Ajax tout enflammé des feux de la foudre. […] L’Enfant soufflant le feu.
Le Feu avait alors quelques mois de carrière ; Kœnigsmarkm insoupçonné remuait à peine dans le ventre qui le portait. […] Nous aurons en outre le lancement expressif de poussières colorées, confettis, feux d’artifice perfectionnés, parachutes, fantoches en baudruche, petits ballons colorés, etc. […] Le Feu de Barbusse, paru en 1916, au plus fort de la bataille de Verdun, est la première peinture réaliste de la guerre.
Les querelles des grandes hérésies primitives allumaient le feu dans le vieil univers, qui allait se fondre au souffle de ces controverses. […] Augustin Thierry en ses Récits mérovingiens, ces Récits très distribués, très entendus, très bien faits, dans le sens d’un art bien plus consommé qu’inspiré, n’ont point, la coloration énergique qu’on est en droit d’attendre d’un homme qui a traversé ce fleuve rouge des Chroniques et qui doit plaquer du feu et du sang sur tout ce qu’il touche ! […] Thierry, chauffant pour la première fois l’histoire, mais pas très fort, d’un feu contenu, et la vivifiant d’un coloris sobre, que les contrastes circonvoisins firent paraître très animé.
Ici l’art domine, l’art purificateur comme le feu ; là, la servilité qui corrompt l’art. […] Dans cette guerre acharnée contre le gouvernement, et particulièrement contre le roi, on était tout cœur, tout feu. […] L’opiniâtreté des poursuites, l’attitude du gouvernement qui s’était affermi, et une certaine lassitude naturelle à l’esprit humain avaient jeté beaucoup d’eau sur tout ce feu.
. — Pas de feu dans la cheminée, de l’eau froide. — Le diable vous emporte ! […] — Vous feu ! […] La terre de feu veut devenir une glacière, et va se peupler d’ours blancs. […] Qui est-ce qui fait du feu maintenant ? […] Le feu le saluait à son arrivée par un jet de flamme et un bouquet d’étincelles.
Néanmoins il ne faut rien jetter au feu, parce qu’on découvre quelquefois des choses attestées par les anciens, que d’abord on ne vouloit pas croire. […] Dans la crainte d’éprouver le sort de Galilée, il délibéra s’il ne mettroit pas au feu tous ses papiers. […] Elle fit annoncer à ce célèbre artiste que le feu étoit à son attélier. […] Le moindre souffle eût pu rallumer un feu caché sous la cendre. […] Aucune voie d’autorité ne put étouffer le feu caché sous la cendre.
Lavalette éclatèrent ; ils attisoient le feu de la discorde ; le gouvernement les punit. […] Le feu prit au vaisseau qui apportoit en Europe le dépôt desiré. […] Leur esprit est ce feu précieux dérobé par Promethée à la divinité. […] Un musulman pourroit donner le nom de rits à nos feux de la veille de S. […] Son stile est plein de feu, mais sans correction & sans décence.
. — Au déclin des étés, Ce feuillage, là-bas, dont la frange étincelle, Et qui, plus jaunissant, rend la forêt plus belle Quand un soleil oblique y prolonge ses feux ; Tout ce voile enrichi ne présage à tes yeux Que l’hiver, — l’hiver morne, aride.
et certes, puisque les vents, les feux, les glaces prêtent leurs violences aux tourments de l’enfer, pourquoi ne trouverait-on pas des souffrances plus douces dans les chants du rossignol, dans les parfums des fleurs, dans le bruit des fontaines, ou dans les affections purement morales ?
Ce maître a toujours le même feu, la même facilité, la même fécondité, la même magie et les mêmes défauts qui gâtent un talent rare.
le portrait en relief de feu l’impératrice de Russie . du même.