C’est bien peu me connaître : ce n’est pas de l’eau qui coule dans mes veines, c’est du sang ! […] Thiers a cent pages ; mais de ces cent pages résulte dans l’âme le mot de Tacite : le mépris délayé à grande eau se retrouve au fond du vase et la moralité n’a rien perdu. […] Les tentatives toutes avortées pour réunir les escadres françaises, espagnoles, hollandaises, dans la Manche, afin de protéger le passage de ses bateaux plats d’un bord à l’autre ; des revues impériales de l’armée de terre et des flottilles passées sur les hauteurs et dans les eaux de Boulogne ; des distributions solennelles de décorations à l’armée, des négociations avec le pape pour amener ce pontife à Paris et pour obtenir de sa faiblesse le couronnement du nouveau Charlemagne ; le spectacle de la réaction religieuse qui précipite les vieillards, les femmes, les enfants, les populations des campagnes au pied du vicaire vénéré du Christ ; la cérémonie du sacre renouvelée des antiques monarchies et des antiques sacerdoces ; toute cette audacieuse amende honorable du pouvoir, des soldats, et du peuple de la Révolution au passé, tout ce changement de décoration à vue sur le théâtre du monde enfin, sont admirablement reproduits par l’historien ; la réflexion seule manque au peintre, ici comme partout.
Le jet d’eau laissé libre s’élève en ligne droite ; gêné, comprimé, il biaise, il gauchit. […] Tel ouvrage allemand de premier ordre est lourd et insupportable en français ; ôtez à l’eau de rose sa senteur, elle ne vaut pas de l’eau ordinaire.
Si l’œil cherche à sonder le lit murmurant de ces vagues, on songe à la profondeur des abîmes qu’elles recouvrent, aux monstres qui bondissent, ou rampent, ou nagent dans les mystères de ce monde des eaux. — Émotion ! Enfin, si on calcule par la pensée l’incalculable ondulation de ces vagues succédant aux vagues qui battent depuis le commencement du monde, de leur flux et de leur reflux, les falaises dont les granits pulvérisés sont devenus un sable impalpable à ces frôlements de l’eau, on s’égare dans la supputation des siècles et on a quelque sentiment de l’éternité. — Émotion ! […] Ils n’avaient eu pendant trois jours que de l’eau pour soutenir leur vie ; pressés par la faim, ils arrachent des racines à la terre et des baies sauvages aux arbustes ; une troupe d’oiseaux plane enfin sur eux : « Voilà des aliments pour le jour », s’écrie Nala dans la joie.
Toute l’eau de rose du Bosphore ou de Fontenay-aux-Roses ne suffirait pas à parfumer ce léviathan de la crapule. […] Cette impression est tout à fait semblable à celle que fait, dans un bain d’Orient, le baigneur qui vous verse une pluie d’eau froide sur la poitrine, après vous avoir plongé dans l’eau tiède et parfumée du bassin de marbre.
L’art d’employer l’air, l’eau, la terre ou la pesanteur et le feu, est l’art d’épargner le temps et les bras de l’homme qui en fait ses domestiques. […] La physique expérimentale est une imitation en petit des grands phénomènes de la nature, un essai de ses principaux agents, l’air, l’eau, la terre, le feu, la lumière, les solides, les fluides, le mouvement. […] Traité du mouvement des eaux et autres corps fluides ; Paris, 1686 et 1700.
Les grandes eaux de l’admiration ont joué. […] Boissonade, qui promettent plus qu’elles ne rendent, qui font venir l’eau à la bouche et qui ne désaltèrent pas, où l’on trouve ce qu’on n’attendait point et presque rien de ce qu’on y cherche, un homme d’esprit parmi les érudits17 me disait : « Il me fait toujours l’effet de tenir entre ses doigts sa tabatière d’écaille, et, en l’entr’ouvrant à peine pour y prendre une prise, de chantonner à demi-voix : J’ai du bon tabac dans ma tabatière ; fai du bon tabac, tu n’en auras pas !
La première fois que Marais lit le Journal de L’Estoile, dans l’édition de Godefroy, on voit combien il le goûte, combien il en est affriandé, et que l’eau lui en vient proprement à la bouche : « Ce sont, nous dit-il (juin 1720) en annonçant cette édition, la meilleure qu’on eût encore donnée, ce sont les Mémoires de M. de L’Étoile dont M. […] C’est le bouillonnement de l’eau prise à sa source.
Mes chevaux et mes ânes n’y trouvèrent pas une flaque d’eau pour y tremper leurs langues. […] Saül le poursuit avec trois mille hommes au désert d’Engaddi ; le roi entre pour se reposer dans une de ces immenses cavernes creusées par les eaux dans les flancs des roches d’Engaddi.
Nous apprenons ainsi (je vous fais grâce de ses ascendants) qu’il était né à onze mois, fut mis en nourrice au village, apprit le latin avant le français, était éveillé en son enfance au son des instruments, reçut les verges deux fois, joua des comédies latines au collège de Guyenne ; qu’il était de taille au-dessus de la moyenne, assez peu porté aux exercices du corps et à tous les jeux qui demandent de l’application physique, qu’il avait la voix haute et forte, un bon estomac, de bonnes dents, dont il perdit une passé cinquante ans, qu’il aimait le poisson, les viandes salées, le rôti peu cuit, le vin rouge ou blanc indifféremment, et trempé d’eau ; qu’il était sujet au mal de mer, et ne pouvait aller ni en voiture, ni en litière sans être malade, mais en revanche faisait de longues traites à cheval, même en pleine crise de coliques néphrétiques ; qu’il ne prenait pas de remèdes, sauf des eaux minérales, et qu’il gémissait sans brailler, quand la gravelle le tenait.
A ce genre se rattachent, dans l’œuvre de Dumas et de Scribe, des pièces telles que Mademoiselle de Belle-Ile et le Verre d’Eau. […] A la Comédie-Française, Bertrand et Raton (1833) ; la Camaraderie (1837) ; la Calomnie (1840) ; le Verre d’eau (1840) ; Une chaîne (1841) ; Adrienne Lecouvreur (1849)
Les injures glissent comme de l’eau sur cette peau que des gens spirituels appellent une peau d’hippopotame et qui n’est que la peau d’un brave homme. […] Je n’indique là que ses origines : il est du XVIIIe siècle encyclopédiste autant qu’on en peut être après qu’il a coulé tant d’eau sous les ponts.
Et elle dirait des mots purs, doux et vastes, la cantilène enfin trouvée ; elle serait d’allure ingénue, pourtant imagée, savoureuse, même subtile mais toujours naturelle et franche d’aspect, et naïve à force d’art ; je voudrais qu’elle parût jaillie d’elle-même sur des lèvres ignorantes, mais que le penseur et l’esthète vinssent avec elle s’unir, comme l’on songe, comme on se mire au clair tranquille d’une eau qui rafraîchira maintes bouches et coule sans les voir sous les visages penchés. […] Il frémit des éclairs, il s’épouvante du souffle tout-puissant qui passe, contemple avec chagrin les arbres terrassés raidissant sur le sol leur stature vaincue, lorsque voici tomber enfin l’eau lustrale dans la fuite des tonnerres lointains et la lumière peu à peu, comme sur l’étendue des bois tout entiers, est redescendu en lui. — Alors il réfléchit et s’en retourne la tête penchée, cherchant la raison de ce qu’il a aperçu, songeant à la vie dure et belle, à la lutte ; mais longuement attristé par sa rêverie, il relève pourtant le front, s’exalte de la joie d’être et dit ce qu’il a vu et compris.
Qu’importe qu’il n’y ait chez la femme que la vie inconsciente des choses, des bois mouvants, de l’eau courante et des fleurs, puisque son sourire c’est pour nous, affirme Gustave Kahn : la clarté sur les îles Les îles blanches du lointain, Qui s’éveillent sous le frais matin De toutes leurs gerbes éblouies. […] Il sait que notre existence fut représentée à l’âge carbonifère par quelque chose — quelque chose au sang-froid et à la peau visqueuse — qui se cachait entre l’air et l’eau et fuyait devant les gigantesques amphibies de l’époque.
c’est l’homme qui, sans chagrins dans la vie, ayant contemplé ces beaux spectacles : le soleil, l’eau, le feu, les nuages, s’en est retourné bien vite d’où il était venu. […] Comme les carpes transportées dans l’eau limpide d’un bassin de marbre, dont parlait madame de Maintenon, elles regrettent la vase de l’ancien bourbier.
Mais je ne sais quel lien d’idées, éveillées par cette mise en scène, me reporte aux dénouements de boulevard et à leurs traîtres, se donnant rendez-vous, au bord de la Seine, pour jeter à l’eau une victime. […] Le père était venu repêcher sa parole dans l’eau trouble d’une phraséologie hypocrite colorée de protestations de désintéressement et d’honneur.
Mais que dire de la situation que se prête et de l’empire que s’adjuge cette courtisane immaculée, qui se fait des millions de rente, joints à ceux que lui prodigue un mari purement honoraire, en aspergeant d’eau bénite d’alcôve une troupe de soupirants imbéciles ? […] Pour commencer, mistress Clarkson congédie, haut la main, le duc de Septmonts, un des principaux actionnaires de la « Société du Bec dans l’eau », dont elle tient la banque.
Au milieu de cette existence, il a été à une noce où la demoiselle d’honneur était une femme qui fait tirer des loto dans les gargots, et où la mère de la mariée a fait apporter, pendant la promenade, des canons de chez un marchand de vin à toutes les personnes rassemblées dans cinq ou six fiacres, et buvant à la portière, et où la mariée, au repas de noce, lui voyant mettre de l’eau dans son vin, lui a demandé s’il avait une vilaine maladie ? […] En voici la pompe, la richesse, la composition solennelle, le geste accompagnant la mélopée… Oui, la tragédie respire et vit là, mieux que dans l’œuvre imprimée et morte de ses maîtres, mieux que dans les reconstitutions des critiques ; oui, là, sous ce portique ordonnancé par un Perrault, qui laisse voir sous un de ces arcs le jet d’eau d’un bassin de Latone ; là, dans ce quatuor balancé, dans cette partie carrée où la passion dramatique semble un menuet grandiose.
Le proscripteur romain, dictateur ou césar, interdit au vaincu le feu et l’eau ; c’est-à-dire, le met hors de la vie. […] Paul de Russie émet cet axiome : « Il n’y a d’homme puissant que celui à qui l’empereur « parle, et sa puissance dure autant que la parole qu’il entend. » Philippe V, d’Espagne, si férocement calme aux auto-da-fé, s’épouvante à l’idée de changer de chemise, et reste six mois au lit sans se laver et sans se couper les ongles, de peur d’être empoisonné par les ciseaux, ou par l’eau de la cuvette, ou par sa chemise, ou par ses souliers.
L’un nage à l’entour d’elle, et l’autre au fond des eaux Lui cherche du corail et des trésors nouveaux ; L’un lui tient un miroir fait de cristal de roche ; Aux rayons du soleil l’autre en défend l’approche ; Palémon, qui la guide, évite les rochers ; Glauque de son cornet fait retentir les mers ; Téthys lui fait ouïr un concert de Sirènes, Tous les Vents attentifs retiennent leurs haleines. […] Il fait si bien que l’on n’est plus le même, Témoin Hercule et témoin Polyphème, Mangeurs de gens… L’un, sur un roc assis, Chantait au vent ses amoureux soucis, Et, pour charmer sa nymphe joliette, Taillait sa barbe, et se mirait dans l’eau ; L’autre changea sa massue en fuseau Pour le plaisir d’une jeune fillette.
plus l’eau est transparente, moins on s’aperçoit de sa profondeur. […] je me saisis de votre tendresse, de votre bonté, de votre amitié, de votre douceur et de tout cela, je me compose un bonheur présent et un bonheur à venir… » Nous ne croyons pas que jamais l’amabilité ait eu des nuances plus délicieuses et plus fines que cette philosophie de l’amitié, professée par une servante de Jésus-Christ…… L’abêtissante eau bénite aurait donc un meilleur parfum que toutes les verveines des sorcières du monde ?
Seulement la pauvre alouette ne chantait jamais. » Il montre Cosette qui travaille, et qui regarde jouer les enfants de Thénardier, Cosette qui tremble quand on lui parle, Cosette à qui la marâtre commande d’aller, la nuit, puiser de l’eau dans la forêt, et qui a peur des branches, de l’ombre, du silence, Cosette qui rencontre dans les bois Jean Valjean, un étranger cependant, et qui a tout de suite confiance, Cosette, à qui l’inconnu, entré avec elle dans l’auberge, donne une poupée, et qui n’ose pas croire d’abord à la joie, et puis s’abandonne au rêve de ses six ans, saisit la poupée, et l’endort avec des gestes et un recueillement maternels. […] Ils composaient une succession de petites futaies, chacune d’une centaine d’arbres, enveloppées d’un talus très bas, que bordait tantôt un chemin, tantôt un courant d’eau vive échappé d’une des fontaines innombrables qui réjouissent les patios de marbre des palais damasquins.
« Héritières des eaux du Céphise, qui habitez la terre des beaux coursiers, ô Grâces, reines toujours célébrées de la brillante Orchomène, protectrices des antiques Minyens, écoutez, lorsque je prie. […] Eh bien, c’est dans l’éloge funèbre de ce bon gentilhomme que, mettant à la place de l’individu, qui n’est rien, la grandeur et la misère de l’humanité, Bossuet se complaît à dire : « Toutes les rivières ont cela de commun qu’elles viennent d’une commune origine, que, dans le progrès de leur course, elles routent leurs flots en bas par une chute continuelle, et qu’elles vont perdre leurs noms, avec leurs eaux, dans le sein immense de l’Océan, où l’on ne distingue plus le Rhin ni le Danube7 d’avec les rivières les plus inconnues.
Enveloppée dans des voiles, elle le frappe perfidement d’une corne noirâtre ; il tombe dans le bassin rempli d’eau. […] alors, sur tes rivages, infortunée, je grandissais nourrie par tes eaux.
La fontaine, où se concentraient autrefois la vie et la gaieté de la petite ville est détruite ; ses canaux crevassés ne donnent plus qu’une eau trouble.
Une femme de Sichem vint puiser de l’eau.
Une perle baroque et de vilaine eau, de quelque poids qu’elle soit, ne sçauroit valoir la fameuse peregrine ; cette perle, dont un marchand avoit osé donner cent mille écus, en songeant, dit-il à Philippe IV, qu’il y avoit un roi d’Espagne au monde.
I Je viens de lire ces deux volumes, y cherchant… ce qui n’y est pas, et j’en sors, comme on sort de la mer, avec des gouttes d’eau salée dans les yeux ; car c’est une mer de mots que ces deux volumes : des mots, des mots, des mots !
… Et la rose du soir sur tant de folles têtes… ce n’est pas, enfin, Un cœur blessé, quand il fut tendre Un fou tué sous son esprit, qui peut jamais être cette grotesque gargouille de Scarron, qui vomissait l’esprit comme les gargouilles des toits vomissent l’eau sale !
. — et celle-là, c’est l’inférieure des deux, — et la poésie qui filtre sous les roseaux plies par le poids des roitelets, gouttes d’eau de source et même gouttelettes, verselets très évidemment supérieurs à tous les grands vers d’à côté.
Seulement les deux pièces se ressemblent comme la lumière, irisant l’eau d’une source, ressemble à un empâtement de vermillon !
Ponsard dans sa Lucrèce, fait remonter son imitation plus haut que son siècle, en coupant le vin sabin du vieux Corneille avec l’eau pure de l’amphore de Chénier ou celle moins pure de sa propre cruche à lui, M.
Les Romains eurent leur interdiction de l’eau et du feu.
Quand même la carie des âges aurait dispersé la poudre de mes ossements et n’en laisserait qu’une poignée de cendre, quand même les eaux courantes des fleuves, les souffles épars dans l’air, auraient emporté mes fibres avec ma poussière, l’homme ne pourra périr.
L’eau du fleuve pétille au soleil. […] L’eau dégoutte des fronts et l’air est si pesant Qu’on dirait que le ciel sur les sillons descend. […] L’heureux poisson jouit de la fraîcheur des eaux… Une fauvette à fait son nid sur un rosier. […] Mais il est moins mauvais qu’il ne veut en avoir l’air, et on sent tellement l’affectation dans sa poésie, que je ne serais pas surpris d’apprendre que ce grand casseur de bouteilles est un simple buveur d’eau. […] Saivs, venant de la racine si ou siv, d’où est venu également le grec seiô, agiter, signifiait donc l’eau agitée, par opposition à l’eau stagnante ou courante.
Les eaux du ciel tracent sur ses murs « ces noirs sillons par où l’on pleure, que les veuves ont sous les yeux. […] … Bruits enchantés des airs, soupirs, plaintes des eaux ! […] Voilà le lieu commun. « Une goutte d’eau est une perle ; tombée elle est fange. […] l’eau dit : maintenant ! […] L’eau clapote.
Mais, on doit une mention particulière à l’Eau qui chante, de M. […] Il est plat et sans couleur. — Un seau puisé dans une mare, et qui passe insensiblement à l’état de carafe d’eau filtrée ! […] Ce rire éclatant et sonore éparpille les perles sans les compter, bien que l’actrice n’oublie jamais d’en réserver trente-deux de la plus belle eau pour le sourire. […] — Une bouteille d’eau du Jourdain. — La caravane des Quarante. — Nouvelle traduction de Werther. — Comme quoi la nécessité ne s’en faisait pas généralement sentir. — Idéologues et Réalistes. — Droit d’aînesse et plat de lentilles […] Louis Enault voulut mettre à profit une si excellente occasion de se convertir et il s’est purifié de ses péchés, — c’est lui-même qui nous le dit — dans les eaux sacrées du Jourdain.
Écrire ainsi est un passe-temps d’enfant ou de dupe autant vaudrait puiser de l’eau dans une rivière à l’aide d’une passoire ! […] Le tour de force accompli par le feuilletoniste consiste à avoir coulé sa critique dans le moule du dithyrambe ; ses louanges portent des bottes secrètes, et son enthousiasme, qui a le coup de foudre d’une bouteille d’eau gazeuse, en a aussi le picotement. […] Fiorentino est souvent de l’eau claire, qui filtre entre les doigts de qui s’efforce de la saisir), mais entre les répugnances d’Adolphe Adam et l’approbation de M. […] » — Mon cher monsieur de Saint-Victor, dirai-je à mon spirituel collègue de la Presse, vous avez fait de la langue française un verre d’eau dans lequel infuse un gramme de savon, et de votre plume, le tube au moyen duquel les écoliers insufflent des mondes irisés par milliers. […] Viennet n’en voit pas la nécessité, et le bourgeois de la rue Saint-Denis, qui, le dimanche, va voir jouer les grandes eaux de Versailles ou prendre le frais sur la terrasse Saint-Germain, n’aurait-il pas plutôt fait de dire au buraliste ?
Eaux vives ! […] Madame de Sabran raconte qu’à une de ces fêtes, « des lampions couverts comme à Trianon donnaient une lumière si douce et des ombres si légères que l’eau, les arbres, les personnes, tout paraissait aérien ». La lune avait voulu être aussi de la fête ; elle se réfléchissait dans l’eau et « aurait donné à rêver aux plus indifférents ». […] Le temps passe avec une promptitude effrayante, et, malgré la tristesse des jours, on les voit s’évader comme les eaux d’un torrent. […] Il se nourrissait seulement de pain et de sel, avec un peu d’eau.
Dans son esprit bien équilibré, le fantastique ne prend jamais la place du réel, et il est de ceux qui peuvent voir impunément des bâtons flottants sur l’eau. […] À mes pieds, un petit lac, séparé du San-Pedro par une étroite langue de terrain, et qui jadis avait dû faire partie de la rivière, étendait ses eaux bourbeuses. Sur les larges feuilles des plantes aquatiques, des serpents d’eau faisaient reluire au soleil leurs corps visqueux, entrelacés en hideux réseaux. […] Deux des chaloupes de réserve qu’ont envahies beaucoup plus de passagers qu’elles ne peuvent en contenir, ont été englouties par les eaux. […] Ils jetèrent de l’eau sur la pierre pour la laver, et lurent ces paroles castillanes : Aqui está encerrada el alma del Licenciado Pedro Gardas (ici est enfermée l’âme du licencié Pierre Garcias).