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1254. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Si vous nous appeliez à énoncer une simple préférence, ce serait peut-être différent, mais il n’est question, n’est-ce pas, que de savoir qui a le plus souverainement représenté la descendance, soit d’Orphée, soit d’Ézéchiel, soit de Jean de Pathmos ? […] — Choisir un poète entre tous les autres serait se refuser à soi-même, des plaisirs différents, atténuer, de son gré, le bonheur de goûter à tout le lyrisme. […] Avec une poésie adéquate à leur âme, d’autres merveilleux chanteurs ont sur des modes différents joué d’instruments véritablement personnels. […] — Chacun des grands poètes du xixe  siècle m’apparaît avec son individualité propre et son génie particulier ; aussi chacun d’eux est-il pour des raisons et des sentiments multiples, différents, contradictoires, mon poète préféré.

1255. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

  En dépit de leurs divergences apparentes, les philosophes s’accordent à distinguer deux manières profondément différentes de connaître une chose, nous dit un éminent penseur contemporain ; « la première implique qu’on tourne autour de cette chose ; la seconde qu’on entre en elle ». […] * *   * Oui nous sommes bien en présence de deux mécanismes de perception étrangement différents. […] « Beaucoup d’images diverses, empruntées à des ordres de choses très différents, pourront, par la convergence de leur action, diriger la conscience sur le point précis où il y a une certaine intuition à saisir. […] À la lumière de ces généralités, que j’ai la fatuité de tenir pour intéressantes, parce que, suivant les solutions apportées au problème de la connaissance, non seulement l’esthétique, mais encore la psychologie et toutes les sciences morales prennent des positions différentes, — j’ai conçu cet Essai sur le Symbolisme.

1256. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Dans cet ensemble de leçons, il aborde successivement les différents genres de poésie, l’épopée, l’ode, la tragédie, la satire, le poème didactique, l’églogue, la fable.

1257. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

En 1672, le nombre des enfants de madame de Montespan s’étant accru du comte de Vexin et de madame de Nantes, il se fit un second arrangement tout différent du premier pour leur habitation.

1258. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Mais quand on le voit, dans différentes Brochures, réduire tantôt à trente les bonnes Fables de l’Esope François, tantôt à une cinquantaine, & en dernier lieu * lui en accorder, comme par grace, quatre-vingt ; quand on lui entend dire que ce Poëte n’a rien inventé, qu’il n’a qu’un style, qu’il écrivoit un Opéra du même style dont il parloit de Jeanot Lapin & de Rominagrobis ; que son génie n’étoit nullement propre à la Poésie sublime, & que tout cela pouvoit excuser Boileau de n’avoir pas fait mention de lui, & de ne l’avoir jamais compté parmi ceux qui fai soienthonneur au Siecle de Louis XIV ** : il est impossible de ne pas croire que, dans une critique aussi peu judicieuse, il n’a eu d’autre objet que de s’égayer par des paradoxes.

1259. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

Plusieurs bandes de moines, hardis & intrigans, se distribuèrent dans les différens quartiers de Paris, & répandirent adroitement le fiel & le désordre.

1260. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

On eut l’indignité de substituer aux vers les plus heureux des vers plats & ridicules ; jalousie horrible, partage des ames noires & lâches ; mais jalousie renouvellée depuis en différentes occasions par des écrivains obscurs & forcenés ; jalousie semblable à celle de ces peintres scélérats, dont les mains odieuses défigurèrent les plus beaux morceaux de le Sueur.

1261. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes pensées bizarres sur le dessin » pp. 11-18

Dans ces différents modèles le professeur aura soin de lui faire remarquer les accidents que les fonctions journalières, la manière de vivre, la condition et l’âge ont introduits dans les formes.

1262. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Et les oiseaux et les nuances dont leur plumage est teint ; et les fleurs et leur velouté ; et les arbres et leurs différentes verdures ; et l’azur du ciel et la vapeur des eaux qui les ternit ; et les animaux et les longs poils et les taches variées de leur peau, et le feu dont leurs yeux étincellent.

1263. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

On composerait d’après cette description cent autres tableaux différens entre eux et de celui de Casanove.

1264. (1762) Réflexions sur l’ode

Vous en verrez d’excellentes, chacune en leur genre, comme l’ode à la Fortune et l’ode à la Veuve, dont le caractère est absolument différent, quant aux idées, quant au style, quant à la nature même des stances et de la mesure ; et vous viendrez après cela nous tracer des règles.

1265. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

C’est Dumas père, mais rapetissé, froidi, durci, réfléchi, contracté, ressemblant et différent, semblable et contraire.

1266. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Les honnêtes gens du Journal des Débats » pp. 91-101

Ni l’un ni l’autre, il est vrai, de ces grands esprits différents, ne connut les honnêtes gens du Journal des Débats ; mais tous deux savaient ce qui se cache sous cette vague expression d’honnêtes gens, qui se dilate à mesure qu’on la presse pour envelopper mieux toutes les défaillances et toutes les lâchetés morales, et que les fats du vice élégant ou lettré jettent par-dessus leurs mauvaises mœurs ou leurs mauvaises doctrines.

1267. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

Je savais bien que dans quelque élucubration du philosophe qui un jour s’est réclamé, comme beaucoup de bâtards, de deux pères aussi différents qu’Hegel et Condillac, je ne rencontrerais jamais le métaphysicien transcendant, original et limpide ; mais l’ennuyeux, je n’y avais jamais pensé.

1268. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Différent en cela de Burns, qui ne savait presque rien, qui avait la savoureuse et toute-puissante originalité de son ignorance, car il faut être un poète suprêmement fort pour se permettre d’avoir, sans inconvénient, de la littérature, M. 

1269. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Nous ne disons plus avec la grossière brutalité de Cabanis : « La pensée n’est dans l’homme qu’un excrément de son cerveau » Mais nous disons philosophiquement et exactement la même chose, avec des mots différents et un autre style.

1270. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

L’histoire ramène souvent les mêmes actions et la même audace dans des hommes et des siècles différents.

1271. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

L’antiromantisme devient alors catholique et royaliste, comme l’était essentiellement le romantisme, mais pour des raisons différentes et justifiées par des postulats qui récusent en même temps toute forme de mysticisme, la religion elle-même n’étant défendue que pour son rôle de régulateur social : ni Moréas ni Maurras ni Lasserre ne sont convaincus de l’existence de Dieu. […] Cela suppose une attitude adulte, Lasserre dit plutôt « virile », qui implique de renoncer à toute forme d’absolu au nom de l’équilibre : « plaisir et douleur, vertu et vice, sagesse et folie, justice et violence, généralement bien et mal, ne sont pas constitués d’éléments différents, mais des mêmes éléments, dont le premier terme exprime l’état de concordance et d’harmonie, le second, l’état d’inorganisation et de dérèglement. » (Première partie, chap.  […] Elles aboutissent par cinq ou six voies différentes au nihilisme social qui est le vœu profond de son cœur. […] Cette erreur, c’est la méconnaissance d’un souverain principe de philosophie naturelle, qui nous avertit que plaisir et douleur, vertu et vice, sagesse et folie, justice et violence, généralement bien et mal, ne sont pas constitués d’éléments différents, mais des mêmes éléments, dont le premier terme exprime l’état de concordance et d’harmonie, le second, j’état d’inorganisation et de dérèglement. […] Vous aurez, peu s’eu faut, l’homme fatal, à la mode de 1830, être de pure pose, à lie le prendre que sur ses propos et ses mines ; mais sous cette vaine enveloppe se dessine un individu trop réel, assez pitoyable, bien différent de celui que le poète voulut imposer à notre imagination.

1272. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Elle est, non pour l’antagonisme et l’équilibre des pouvoirs, mais pour leur concours en une même direction, bien qu’avec des degrés de vitesse différents. […] Bien différente des génies altiers d’homme ou de femme, des Lara, des Lélia (je parle de Lélia seulement, et non pas de vous, ô Geneviève ! […] S’il y a, comme fonds naturel et comme manière d’artiste, de grandes différences entre M. de Chateaubriand et Mme de Staël, on est frappé d’ailleurs par les ressemblances bien essentielles qu’ils présentent : tous deux aimant la liberté, impatients de la même tyrannie, capables de sentir la grandeur des destinées populaires, sans abjurer les souvenirs et les penchants aristocratiques ; tous deux travaillant au retour du sentiment religieux, dans des voies plutôt différentes que contraires. […] En comparant les quatre poëtes sur cette même pensée, on saisira bien le caractère différent de leur inspiration habituelle. […] Nous avons dû chercher quel pouvait être l’auteur anonyme de ces trois remarquables extraits sans initiales ; ils ne sont probablement pas de Ginguené, qui parla plus tard de Delphine dans la Décade, mais dont le style est différent.

1273. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Lui modeste, tout entier aux choses, indifférent à l’effet, il a été (je suis obligé d’emprunter à la physiologie une image), il a été comme un organe profond intermédiaire entre des systèmes d’esprits différents. […] Il est une disposition que la vue finale du xviiie  siècle engendra en plus d’un jeune esprit, et qui avait été complétement étrangère à ce siècle lui-même, je veux dire l’impartialité, l’ouverture à tout comprendre, à ne rien sacrifier par passion dans les aspects différents de chaque objet. […] J’aurai souvent l’occasion de faire ce voyage en idée, et de vous conduire ou de vous suivre à travers ces belles campagnes où le souvenir de trois civilisations différentes ajoute un nouveau charme aux beautés de la nature. » Ce souvenir des trois civilisations différentes, gauloise, romaine et romane, s’ajoutait après coup, pour la compléter et la couronner dans sa pensée, à son impression première ; l’érudition chez lui empruntait et rendait de la vie aux choses ; mais tout cela, prenez-y garde, ne sautait point aux yeux et restait aussi discret que profond. […] En appréciant et faisant valoir les mérites et les vues de l’ouvrage qu’il examine, le critique se permettait différentes remarques dont quelques-unes donnent jour dans ses propres opinions. […] Les chants bretons devinrent bientôt l’entretien favori et comme le rendez-vous passionné de ces deux esprits venus de bords si différents.

1274. (1927) Des romantiques à nous

Quant au « spiritualisme », c’est un terme si vague, et qui désigne des doctrines si différentes et si inégales, qu’il devrait être exclu d’une bonne langue. […] Maurice Allem a réuni les études et fragments donnés par Sainte-Beuve aux différentes époques de sa vie sur les grands poètes du romantisme : Lamartine, Victor Hugo, Vigny, Musset, Théophile Gautier. […] Mais, dans le mauvais français d’aujourd’hui, ce mot a deux ou trois significations fort différentes. […] C’est tout différent, et l’on voit dans les salons beaucoup de personnes qui avoueraient, si elles étaient franches, ne goûter sincèrement que cette forme de mélodie qui s’écoute avec les jambes non moins qu’avec les oreilles. […] Ces perspectives différentes répondent toutes à la réalité.

1275. (1864) Études sur Shakespeare

Il y a lieu de croire que tous ces spectacles rassemblaient à peu près le même public ; du moins est-il certain que les pièces de Shakespeare ont été jouées à Black-Friars et au Globe, deux théâtres différents, bien qu’appartenant à la même Troupe. […] Si ce ne sont pas là de pures formes de langage employées peut-être dans des occasions bien différentes de celles qu’elles paraissent indiquer, le sentiment qui occupait ainsi la vie intérieure du poëte était aussi orageux que passionné. […] Peut-être quelques infirmités vinrent-elles l’avertir de la nécessité du repos ; peut-être aussi le désir bien naturel de montrer à son pays une existence si différente de celle qu’il en avait emportée lui fit-il hâter le moment de renoncer à des travaux qui n’avaient plus pour dédommagement les plaisirs de la jeunesse. […] Différent en ceci des autres arts, outre les règles absolues que lui impose, comme à tous, l’invariable nature de l’homme, l’art du théâtre a des règles relatives qui découlent de l’état mobile de la société. […] Et quel poète, soumis à l’unité de temps, la croirait suffisante pour établir, entre les différentes parties de son ouvrage, ce lien puissant qui ne peut résulter que de l’unité d’impression ?

1276. (1940) Quatre études pp. -154

Pour lui, s’il arrivait que ce grand amateur d’âmes s’étonnât quelquefois de distinguer chez Elisabeth un cœur si profondément dévoué, et un esprit si libre et si différent du sien ; s’il s’irritait de la voir demander aux ombres ce que les vivants ne peuvent savoir ; s’il se sentait de caractère plus brusque et moins attendri ; s’il songeait quelquefois à la mort, qui n’appelle pas au même moment ceux qui s’aiment, il se rassurait vite ; car il portait en lui une conviction capable d’apaiser toutes les inquiétudes et de calmer tous les chagrins. […] Un rebelle, un maudit, si différent de ceux de sa race et de son milieu, qu’il avait été un objet de scandale à toutes les époques de sa vie, et jusque dans les circonstances de sa mort. […] Vivants, ils ont conscience d’être les modes d’une substance qui représente le seul bien, la seule vérité, le seul Être ; et ils demandent à perdre cette modalité particulière pour redevenir la substance divine : L’âme aimante s’élance hors du monde créé, et se crée dans l’infini un monde tout entier pour elle et fort différent de ce gouffre obscur et rempli de terreur. […] « Elle n’était d’abord différente du discours libre et ordinaire que par un arrangement mesuré des paroles, qui flatta l’oreille à mesure qu’il se perfectionna. […] Mais il a eu pour Épicure une tendresse non cachée ; il s’est plu à suivre, dans l’histoire de la pensée française, la trace des libertins ; il a traduit Shaftesbury ; il a pratiqué Locke : et toutes ces voix lui ont dit, à des degrés et sur des modes différents, que le temps des contraintes était passé, que les passions n’étaient pas mauvaises, que le désir était le mobile essentiel des actions et des volontés humaines.

1277. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Reliés par des tableaux de l’humanité aux différents âges, ces deux épisodes eussent formé le plus beau poème philosophique des temps modernes Lamartine, avec sa souveraine facilité, aurait pu suffire à cette œuvre. […] Il a l’air d’être de temps et de siècles différents. […] Car, à côté de ces médiocrités, il y a des pages qui, même au seul point de vue du style, comptent parmi les plus neuves, les plus fortes et pleines, les plus purement belles de notre siècle et de toute notre littérature, et dans des genres très différents. […] On a très bien remarqué83 qu’un de ses procédés habituels est de traduire une seule idée par une série prolongée d’images différentes : Hélas ! […] C’est autre chose, par exemple, que de faire, non plus d’une accumulation d’images différentes, mais de l’image unique une forme décomposition.

1278. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Il conviendrait sans doute ici de rappeler les différentes circonstances de la nomination de Sainte-Beuve à l’Académie de Lausanne, mais ce sont les relations de Vinet et de Sainte-Beuve qui, seules, nous intéressent. […] C’était déjà beaucoup d’avoir tracé cet itinéraire ; mais la manière dont le pèlerin marque ses différentes stations a bien plus d’importance. […] et ne doit-il pas recourir à un procédé tout différent ? […] Et cette analyse est logique ; elle est bien différente de cette espèce de manipulation qui combine entre elles plusieurs substances pour en tirer une nouvelle, mais qui ne crée rien d’organique. […] Ce sont deux entreprises fort différentes que celle de rendre la littérature chrétienne et celle de rendre le christianisme littéraire, et l’on n’a jamais réussi dans la seconde qu’en se proposant la première pour but.

1279. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

César jugeait comme nous de ces différents caractères attribués aux différents tempéraments des hommes de son temps. […] Ces trois hommes, Auguste, Mécène, Horace, formèrent un triumvirat d’esprit bien différent du triumvirat sanglant d’Octave, d’Antoine et de Lépide.

1280. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

XXIX « Quelques tribuns voulaient établir dans leur assemblée une opposition analogue à celle d’Angleterre et prendre au sérieux la Constitution, comme si les droits qu’elle paraissait assurer avaient eu rien de réel, et que la division prétendue des corps de l’État n’eût pas été une simple affaire d’étiquette, une distinction entre les diverses antichambres du consul dans lesquelles des magistrats de différents noms pouvaient se tenir. […] « La veille du jour où Benjamin Constant devait prononcer son discours, j’avais chez moi Lucien Bonaparte, MM… et plusieurs autres encore, dont la conversation, dans des degrés différents, a cet intérêt toujours nouveau qu’excitent et la force des idées et la grâce de l’expression. […] Les sensations qui nous viennent par les combinaisons de la société sont si différentes de celles de la nature !

1281. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

« L’homme vit peu de jours », disait déjà Job, « et ces jours sont mauvais. » Que disons-nous de différent aujourd’hui ? […] « J’éprouvais bien un certain remords, une certaine hésitation à trancher du coup une telle vie, une telle joie, une telle innocence dans un être qui ne m’avait jamais fait de mal, qui savourait la même lumière, la même rosée, la même volupté matinale que moi, être créé par la même Providence, doué peut-être à un degré différent de la même sensibilité et de la même pensée que moi-même, enlacé peut-être des mêmes liens d’affection et de parenté que moi dans sa forêt ; cherchant son frère, attendu par sa mère, espéré par sa compagne, bramé par ses petits. […] « Quand tu vois toutes les différentes espèces d’êtres qui sont dans la nature comprises dans un seul être, de qui elles émanent et se répandent au dehors, alors tu conçois Dieu !

1282. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

» Image aussi naïve et aussi philosophique, selon moi, qu’aucune image d’Horace pour assigner leur rôle différent au printemps et à l’hiver des poètes ! […] Ces deux littératures sont très différentes l’une de l’autre, et cependant elles sont également fondées sur la nature de notre être. […] Don Juan, fils de Don Quichotte, après avoir amusé sous différentes incarnations l’amoureuse Espagne, a fait son apparition dans la fantastique Allemagne sous le nom de Faust.

1283. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Le Moyen Âge (842-1498) [Discours] I « J’ai eu l’occasion — a dit quelque part un historien philosophe — d’étudier les institutions politiques du Moyen Âge en France, en Angleterre et en Allemagne ; et, à mesure que j’avançais dans ce travail, j’étais rempli d’étonnement en voyant la prodigieuse similitude qui se rencontre en toutes ces lois ; et j’admirais comment des peuples si différents et si peu mêlés entre eux avaient pu s’en donner de si semblables. » [Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, livre I, chap.  […] Ce qui distingue un peintre d’un autre peintre, c’est ce qu’ils savent apercevoir l’un et l’autre de différent dans un même modèle. […] Très différent de l’esprit anglais, tel qu’on le saisit presque à son origine dans les Contes de Chaucer, il ne l’est pas moins de l’esprit allemand.

1284. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

On ne saurait étudier dans toute leur étendue le sujet et la forme de ses chants, sans être frappé de l’affinité naturelle qui, à des époques éloignées, sous des conditions sociales fort différentes, a souvent réuni dans la même personne, pour la même croyance et pour les mêmes admirateurs, le prêtre, le philosophe et le chantre lyrique. […] De l’Unité sort la Triade, et de la Triade l’Unité ; non pas de la même manière que la source, le ruisseau, le fleuve, ne forment qu’une seule onde chassée en trois jets différents sur la terre ; non pas comme la flamme du bûcher s’en détache et revient s’y réunir ; non pas comme la parole s’élance de l’esprit, et pourtant y demeure ; non pas comme des eaux frappées par les traits du soleil jaillit une splendeur réfléchie sur les murailles, çà et là mobile, qui fuit au moment d’approcher, et se rapproche à l’instant où elle va fuir. […] De deux vases différents, la destinée verse la vie aux humains.

1285. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Je sais que vous n’avez pas un corps de troupes suffisant pour présenter la bataille au prince de Bade, s’il est en plaine devant vous ; mais vous n’êtes point assez faible pour lui laisser prendre Landau sans y mettre quelque obstacle, ce qui se peut par plusieurs moyens différents… (Et après un aperçu de ces moyens :) Tout ce que je vous mande n’est que pour vous donner différentes vues, et vous mettre en état de faire un plan qui ne peut être autre que de secourir Landau en cas que je vous envoie suffisamment de troupes… Mais, supposé que je ne le puisse pas faire et que je sois obligé d’abandonner cette place à sa propre défense, ne pourriez-vousc, en ce cas, faire quelque entreprise qui puisse donner lieu à une diversion, ou du moins empêcher le mauvais effet que produirait l’inaction dans laquelle vous demeureriez ?

1286. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Un jeune homme, à peu près du même âge qu’avait alors M. de Tocqueville, visite, à trente-trois ans d’intervalle, les mêmes contrées, le même empire transatlantique ; ce jeune homme a été élevé dans des conditions à peu près semblables à celles dans lesquelles l’avait été en son temps M. de Tocqueville, ou du moins il a été nourri dans un milieu fort approchant ; mais quelle manière différente d’aborder son sujet ! […] Cette fois, c’est le tour de Tocqueville de le féliciter, et, en motivant ses raisons, il trace du même coup un portrait vivant, et déjà historique, du personnage : « (Octobre 1842.)… Nous sommes malheureusement et nous devenons tous les jours si différents de vous, que votre place, au milieu de cette Assemblée, était de plus en plus difficile à remplir.

1287. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Si le mouvement de Ney s’était opéré tout entier dans le premier sens et avec la vigueur que l’illustre maréchal avait déployée en tant d’autres rencontres, le résultat de la victoire de Bautzen eût été bien différent : « c’eût été, ni plus ni moins, un mouvement entièrement semblable à celui que Blucher exécuta plus tard contre nous à Waterloo. » La paix, du coup, eût pu être conquise. […] C’étaient, on le conçoit, des tiraillements à n’en pas finir… Le prince de Schwartzenberg, brave militaire, d’un caractère doux, liant, modeste, n’était pas l’homme capable de donner l’impulsion à une machine si compliquée ; il se laissait mener par Radetzky et Languenau : l’empereur Alexandre consultait Moreau et Jomini, sans compter Barclay, Wolkonsky, Diebitsch et Toll ; le roi de Prusse avait aussi ses conseillers, et Barclay, influencé par Diebitsch, n’était jamais de l’avis de personne… Mettre d’accord tant d’intérêts et d’avis différents était chose impossible.

1288. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Souvent, aux lieux les plus connus, un certain profil soudainement caractérisé me révèle des masses différentes, des groupes nouvellement conçus, que je n’avais jamais envisagés de cette sorte, et qui sont vrais, et qui s’ajoutent à la connaissance vivante que j’ai du tout. » Ce que cet ami me disait de ses montagnes, je l’appliquais involontairement à notre littérature, à mesure que, l’envisageant de loin, sous un aspect extérieur, et pourtant d’un lieu ‌ qui est à elle encore par la culture, elle me paraissait offrir une perspective nouvelle dans des objets tant de fois étudiés et connus. […] Un autre Bernois du siècle passé, qui tenait au français par le pays de Vaud, avait fait, dans un poëme intitulé Vue d’Anet, ces vers dignes de Chaulieu : Quittons les bois et les montagnes ; Je vois couler la Broye6 à travers les roseaux ; Son onde, partagée en différents canaux, S’égare avec plaisir dans de vastes campagnes, Et forme dans la plaine un labyrinthe d’eaux.

1289. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Je distinguerai différentes manières, différents temps très-marqués dans la critique littéraire s’appliquant aux chefs-d’œuvre de notre xviie  siècle.

1290. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Parallélisme de la révolution anglaise avec la nôtre dans ses différentes phases et dans son mode de conclusion, c’est là précisément la thèse que M ignet soutiendra plus tard dans la polémique du National ; il y préluda dès le premier jour, aussi bien qu’à cette histoire de la Réformation qu’il devait développer et mûrir à travers tant d’autres études diverses, et qui promet d’être son œuvre définitive. […] Le livre fut à l’instant traduit dans toutes les langues, en espagnol, portugais, italien, danois ; il y eut jusqu’à six traductions différentes en allemand.

1291. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

En revanche, on nous dit qu’il avait trois systèmes différents sur la mortalité de l’âme, tant il avait peur d’y manquer. […] (Voir aussi, à la Bibliothèque de l’Arsenal, Recueil de plusieurs pièces très-plaisantes du sieur Théophile avec d’autres pièces de différents auteurs, in-fol., n° 122, Belles-Lettres franç.

1292. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Nous vivons à une époque fort mêlée en tout genre, où les opinions les plus sincères peuvent être diamétralement opposées sur les questions les plus importantes ; où le vrai, dans tout ce qui n’est pas matière de science, se distingue malaisément du faux, et où, même en se bornant à ce qui est de l’utilité politique, on peut hésiter entre différentes voies et différents moyens.

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