Mais qu’un passant quelconque qui a en lui l’idéal, qu’un pauvre misérable comme Homère laisse tomber dans l’obscurité une parole, et meure, cette parole s’allume dans cette ombre, et devient une étoile. […] Est-il vrai que le prophète Osée, pour montrer son amour de sa patrie, même tombée en opprobre et devenue infâme, ait épousé une prostituée, et ait nommé ses enfants Deuil, Famine, Honte, Peste, et Misère ? […] L’éblouissement du genre humain commence quand ce qui était un génie devient une âme. […] Il devient, selon la belle expression de Lebrun, l’homme irréparable. […] À partir de la Révolution, la France grandissant, l’esprit français grandit, et tend à devenir l’esprit européen.
Entraîné d’un pôle à l’autre et sans cesse emporté dans un mouvement de pendule, l’esprit devenait incapable de se fixer, c’est-à-dire de choisir, de conclure et de se décider. […] De vocale, si l’on peut dire, elle devient musicale. […] Il devient, à la fois, emblème, allégorie, symbole et réalité. […] Épanouissement de la sensibilité dans les limites que nous tracent l’exemple du passé, les forces du présent, la logique du devenir humain et national. […] Presque tous les rédacteurs de cette revue étaient ou sont devenus fonctionnaires.
La Grèce fut barbare ; elle s’instruisit et devint florissante. […] L’Italie fut barbare ; elle s’instruisit et devint florissante : lorsque les arts et les sciences s’en éloignèrent, que devint-elle ? […] — Que deviennent-ils donc ? […] Un jeune médecin fait donc ses premiers essais sur nous, et ne devient un homme habile qu’à force d’assassinats14. […] C’est les disposer tous à devenir avec le temps des hommes profonds : à moins qu’on ne soit mal né et doué de cette prétention impertinente qui brise le propos de l’homme, instruit ; qui se jette à tort et à travers sur toute sorte de matière ; qui dit : Vous parlez géométrie ?
Il est devenu un artiste laborieux en vers, au lieu d’être le poète qu’il avait commencé d’être. […] Si au lieu de l’auteur, devenu infiniment littéraire, une Critique entendue s’était chargée de ranger les poésies d’un livre auquel M. […] Sainte-Beuve, accru et mûri par la vie, eût toujours eu avec lui-même cette sincérité poétique du Joseph Delorme, quel poète ne serait-il pas devenu, quelles autres émotions ne nous eût-il pas données encore ! […] Nous ne sommes plus un misanthrope, et pour preuve, le poète qui naguère en avait les défiances fait précéder ses Consolations d’un long fragment en prose Sur l’amitié, dans lequel, de réel et de cru qu’il était dans Joseph Delorme, il devient mystique et vaporeux, mais vaporeux d’une vapeur d’encens. […] Sainte-Beuve, devenu académicien, comme Alfred de Musset, l’auteur de la Ballade à la lune, astre romantique qui, malgré sa mélancolie, a dû un peu rire en voyant cela, M.
l’illusion devient bien vite réalité. […] Dans le rêve, nous devenons souvent indifférents à la logique, mais non pas incapables de logique. […] Il s’accentue ; il devient grondement, hurlement, vacarme épouvantable. […] Tout me devient indifférent. […] Quelquefois ils l’atteignent l’un après l’autre : la pelouse devient billard et nous assistons à des transformations extraordinaires.
Quand on y fait attention, l’impression peut devenir troublante. […] Cela peut même devenir une sorte d’obsession. […] La métaphore, pour être trop appuyée, sera devenue inintelligible. […] Ici notre enquête devient plus difficile. […] Ces figures deviendront le symbole de notre destinée à tous.
Cette pièce de L’Inavertito, qui est devenu L’Étourdi, ou les Contre-temps, eut un grand succès que Beltrame constate dans sa dédicace à Madame Christine de France, princesse de Piémont. […] D’autre part, les créanciers deviennent de plus en plus pressants ; la faillite arrive. […] Les écoliers devenaient les maîtres.
Nous sommes loin, il est vrai, d’apprécier le millième de seconde, mais après tout, disent quelques personnes, la vitesse absolue totale de la Terre est peut-être beaucoup plus grande que sa vitesse relative par rapport au Soleil ; si elle était par exemple de 300 kilomètres par seconde au lieu de 30, cela suffirait pour que le phénomène devînt observable. […] N’avez-vous pas écrit, pourriez-vous me dire si vous vouliez me chercher querelle, n’avez-vous pas écrit que les principes, quoique d’origine expérimentale, sont maintenant hors des atteintes de l’expérience parce qu’ils sont devenus des conventions ? […] Peut-être aussi devrons-nous construire toute une mécanique nouvelle que nous ne faisons qu’entrevoir, où, l’inertie croissant avec la vitesse, la vitesse de la lumière deviendrait une limite infranchissable.
Les élèves reçoivent dans l’une des leçons dont l’utilité devient de moins en moins générale ; les leçons qu’ils reçoivent dans l’autre sont d’une nature qui reste la même. […] Le premier cours se distribuera en huit classes, celuici ne se distribue qu’en trois ; mais l’enseignement reçu dans ces trois classes, toujours le même pour le fond des matières, s’étendra de plus en plus, deviendra successivement plus détaillé et plus fort ; on n’en saurait trop approfondir les objets, les élèves n’en peuvent trop écouter les préceptes. […] Les leçons sur les sciences suffisent lorsqu’elles ont indiqué au talent naturel l’objet particulier qui deviendra l’étude et l’exercice particulier du reste de la vie.
Elle veut, en nous faisant rire aux dépens des personnages ridicules, nous corriger des défauts qu’elle jouë, afin que nous devenions meilleurs pour la societé. […] Tite-Live, en faisant l’histoire du progrès de la comedie à Rome, dit que la jeunesse de Rome n’avoit pas voulu que cet amusement devînt un art. […] Nos poëtes lyriques et nos poëtes comiques ont fait la même méprise que Plaute et que Terence, lorsque notre goût perfectionné par Malherbe et par ses successeurs, devint assez difficile pour ne s’accommoder plus des anciennes farces ; nos poëtes comiques françois tâcherent de perfectionner leur tâche, comme les autres poëtes avoient perfectionné la leur.
Cet auteur après avoir dit qu’un orateur qui devient vieux peut rallentir sa declamation, ajoute : citons encore ici Roscius, ce grand comedien que j’ai déja cité tant de fois comme un modele d’après lequel les orateurs pouvoient étudier plusieurs parties de leur art. […] Personne n’ignore que Roscius, le contemporain et l’ami de Ciceron, étoit devenu un homme de consideration par ses talens et par sa probité. […] Ciceron nous apprend dans un autre endroit de ses ouvrages, que Roscius tint parole lorsqu’il fut devenu vieux.
L’idée générale, le concept, au lieu d’être regardé comme une simple construction, commode mais arbitraire, devient ainsi le fond même de l’être. […] Grâce au brillant exposé qu’il en a fait, elle s’est répandue et est ainsi devenue un des facteurs de notre vie philosophique. […] Elle ne peut que nous faire mieux comprendre les préceptes que nous suivons machinalement ou nous aider à les modifier en connaissance de cause, quand il y a lieu, et que des changements sont devenus nécessaires.
Dès lors on n’a rien à redouter des prérogatives du Saint-Siège ; et ce que nous avons appelé les libertés de l’église gallicane, qui peut-être dans un temps nous a préservés de la contagion des hérésies, est devenu absolument sans objet. […] Quelle raison pour refuser au premier des évêques, au successeur du prince des apôtres, quelle raison pour lui refuser l’empire entier de la religion, qui lui appartint toujours, pour le lui refuser maintenant que cet empire est devenu si distinct de tous les autres ? […] Mais nous ne devons plus mêler dans nos discussions les intérêts religieux avec les intérêts politiques, parce qu’ils sont devenus différents.
et qu’est devenue la franchise et la rondeur d’Alceste ? […] Paul Collin devînt la seule parmi nous. […] Il est devenu son propre singe. […] Voulez-vous savoir comment le comte de Champagne, Thibaut, devint poète ? […] Ô bon sens, que deviens-tu dans la fureur !
Dès le lendemain de la révolution de 1830, la confusion des idées devint générale. […] Les écrivains, au lieu d’être les interprètes sérieux et les guides de l’opinion, devinrent ses complaisants et ses vils flatteurs. […] La terre alors, suivant les promesses que nous ont faites les prophètes modernes, sera devenue un paradis. […] Après avoir été un enthousiasme, le scepticisme était devenu une souffrance : on étouffait dans le vide. […] On a retourné son précepte : de faiblesse qu’il était, l’amour est devenu une vertu.
Je commence à ne pas trop savoir ce que je deviendrai. […] Ma lettre, si je n’y prends garde, deviendra un volume. […] Je suis quelquefois mélancolique à devenir fol, d’autres fois mieux, jamais gai ni même sans tristesse pendant une demi-heure. […] À des soupers où je ne dis pas un mot, si quelqu’un me parle de vous, je deviens tout autre. […] Je deviens d’une paresse inconcevable, et c’est à force de paresse que je passe d’une idée à l’autre.
Plus ce Don Juan était un être impossible, et plus il devenait digne de cette adoption du poète. […] Il n’y a pas jusqu’à ce brave, loyal et tremblant serviteur Sganarelle, qui ne soit devenu : juste ciel ! […] L’éclat de rire devient plus rare, il prend même quelque chose de funèbre. […] À peine mort, il devint le sujet de louanges sans fin… le héros de mille apothéoses ! […] L’amour est mort, excepté dans mon cœur, et cet amour, amour survivant, se transforme et devient désespoir !
À peine aperçue, la planète devient comme une propriété publique. […] le Manfred de boulevard oublie la morte et devient vaudevilliste. […] Et si la tragédie n’était pas morte, que devenait le drame romantique ? […] Il est riche : il n’a qu’à devenir acquéreur d’un journal. […] Ainsi fait Vernouillet, et Vernouillet devient une puissance.
Les toxicomanes sont devenus légion. […] Il cesse d’être la servitude, pour devenir le service. […] Le travail est devenu le « boulot ». […] Il n’est pas devenu une créature vivante. […] Leur égoïsme est devenu un altruisme.
Après la mort de Mme Delaroche, les relations entre eux devinrent plus inégales et quelquefois difficiles. […] Cette humeur si gaie d’Horace s’altérait et devenait volontiers chagrine en vieillissant. […] Devenu veuf, il avait trouvé dans une amie, dans une personne d’intelligence et de cœur, une femme dévouée, l’épouse des jours plus sombres et des heures sérieuses. […] Peuple léger, flatte-toi même d’être devenu un peuple grave ; tu as pris assez de peine pour y réussir. […] Mme de Boisricheux, devenue ensuite Mme Horace Vernet.
Sous Louis XIV, le culte du monarque était devenu une démence universellement acceptée qui étonne encore par son excès, même la sachant à l’avance, chaque fois qu’on ouvre les témoins de ce temps, les beaux esprits ou les naïfs, les distingués ou les vulgaires, Mme de Sévigné ou l’abbé de Choisy, l’abbé Blache ou Boileau. […] Souvent même, devenu exigeant avec l’estimable biographe qui ne tire de son trésor que ce qui se rapporte assez directement au récit, le lecteur voudrait plus d’excursions, plus de prodigalités de citations et d’extraits ; ou plutôt il voudrait tout, il lui faudrait toutes ces familiarités et ces divagations de correspondance. […] Et le grand homme une fois conçu dans cet esprit, voyez quelle est la nécessité à son égard ; on veut le maintenir en tout point à cette hauteur forcée, et, comme dans les panégyriques d’Empereurs romains, il n’y a plus rien de lui qui ne devienne surnaturel, étrange. […] tous les styles des grands prosateurs nés, ou plutôt de ceux qui deviennent grands prosateurs, sont-ils et doivent-ils être une lave durcie en granit ? […] On ne saurait, avant d’avoir lu cette notice, se faire une idée d’une race telle et si bien conservée que la postérité de ces proscrits de Florence, devenus Provençaux et Français.
La Bruyère et Fénelon parurent et achevèrent, par des grâces imprévues, la beauté d’un tableau qui se calmait sensiblement et auquel il devenait d’autant plus difficile de rien ajouter. […] Chez lui tout devient plus détourné et plus neuf ; c’est un repli de plus qu’il pénètre. […] Il était bientôt temps que le siècle finît : la pensée de dire autrement, de varier et de rajeunir la forme, a pu naître dans un grand esprit ; elle deviendra bientôt chez d’autres un tourment plein de saillies et d’étincelles. […] Elle épousa Juli ou Juilly, un honnête homme de la finance, qui devint fermier général et qui garda une réputation sans tache. […] Ce livre, d’une expérience amère et presque misanthropique, devenu la dot d’une jeune fille : singulier contraste !
. — Lorsque seul, dans le silence, demi-couché dans un fauteuil, je me laisse aller à la rêverie, et que, par l’effacement des sensations ordinaires, la fantasmagorie interne devient intense, si le sommeil approche, mes images précises finissent par provoquer des hallucinations véritables. À ce moment, qu’un léger attouchement m’éveille, les images se défont ; les sons imaginaires perdent leur timbre et leur netteté ; les couleurs pâlissent, les contours deviennent vagues, et le travail hallucinatoire est enrayé en proportion ; les paysages, les maisons, les figures que l’on rêvait ne sont plus qu’entrevus et à travers un brouillard ; ils semblent perdre leur solidité et leur consistance. — Jusqu’ici, rien d’étrange. […] Parfois enfin les petites sonnettes qui, en règle générale, reçoivent d’elle leur ébranlement, lui transmettent le leur ; et nous savons les principales conditions de ces effets singuliers. — Dans les hallucinations du microscope, la cloche a été si fortement et si constamment ébranlée en un seul sens, que son mécanisme continue à fonctionner, même lorsque le cordon est devenu immobile. — Dans le rêve et l’hallucination hypnagogique, le cordon est fatigué ; il ne rend plus ; le long emploi de la veille l’a mis hors d’usage ; les objets extérieurs ont beau le tirer, il ne fait plus sonner la cloche ; à ce moment, au contraire, les petites sonnettes dont les sollicitations ont été réprimées perpétuellement pendant la veille, et dont les tiraillements ont été annulés par le tiraillement plus fort du cordon, reprennent toute leur puissance ; elles tintent plus fort et tirent avec efficacité ; leur ébranlement provoque dans la cloche un ébranlement correspondant ; et la vie de l’homme se trouve ainsi divisée en deux périodes, la veille pendant laquelle la cloche tinte par l’effet du cordon, le sommeil pendant lequel la cloche tinte par l’effet des sonnettes. — Dans l’hallucination maladive, le cordon tire encore, mais son effort est vaincu par la puissance plus grande des sonnettes ; et diverses causes, l’afflux du sang, l’inflammation du cerveau, le haschich, toutes les circonstances qui peuvent rendre les hémisphères plus actifs, produisent cet accident ; le tiraillement des sonnettes, plus faible à l’état normal que celui du cordon, est devenu plus fort, et l’équilibre ordinaire est rompu, parce qu’une des fonctions qui le constituent a pris un ascendant qu’elle ne doit pas avoir. […] La rectification, nulle au premier stade, devient suffisante au second. […] J’ai passé trois heures, il y a un mois, sur le port d’Ostende, occupé à regarder le soleil qui se couchait dans un ciel clair, et, en ce moment-ci, je me rappelle sans difficulté la rue plate, la digue pavée de briques rougeâtres, la vaste étendue d’eau miroitante, tout le détail de ma promenade, le matelot et les deux promeneurs à qui j’ai parlé, ma longue rêvasserie au bout de l’estacade, d’où je suivais le déclin du jour et les changements de la mer mouvante, le fourmillement lumineux des flots, leurs creux bleuâtres zébrés de clartés rousses, toute la pompe de la grande nappe liquide qui se plissait, se déroulait et chatoyait comme une soie de Jordaens. — Ce sont là des images, c’est-à-dire des résurrections spontanées de sensations antérieures, et, comme toutes les images, celles-ci comportent une illusion quand elles deviennent intenses et nettes.
Voyez ce que devient le roi coupable du trône de 1830 sous le pinceau même de son panégyriste ; ce Trajan de la bourgeoisie est présenté en tyran à l’idéal de la jeunesse française. […] « Elle avait des brins de paille et de foin dans les cheveux, non comme Ophélia pour être devenue folle à la contagion de la folie d’Hamlet, mais parce qu’elle avait couché dans quelque grenier d’écurie. […] trop tard, commence pour moi le vrai poème de cette œuvre, poème souvent éloquent, souvent paradoxal, mais qui devient innocemment passionné et descriptif à la fin de ce quatrième volume. […] Il lui sembla que, du jour au lendemain, son âme était devenue noire. […] C’était l’apparition de l’adolescence à l’adolescence, le rêve devenu roman et resté rêve, le fantôme souhaité enfin réalisé et fait chair, mais n’ayant pas encore de nom, ni de tort, ni de tache, ni d’exigence, ni de défaut ; en un mot, l’amant lointain et demeuré dans l’idéal, une chimère ayant une forme.
De retour à Lyon, il y reprit ses travaux de philologie et de médecine, et devint médecin du grand hôpital (1535). […] Le désappointement des protestants était devenu de la colère. […] Là sont les premières traditions et la première image de l’esprit français, depuis que, dans ce le commerce si fécond avec l’antiquité, il est devenu l’esprit humain. […] Le premier langage qu’elles parlent est magnifique ; on sent bien, à la beauté des formes, à la généralité des expressions, que notre langue est devenue celle de l’esprit humain. […] Cette langue merveilleuse ne se guinde pas pour exprimer de hautes pensées ; et, de même qu’elle ne s’étonne point quand elle devient éloquente, elle ne croit pas déroger quand elle exprime des idées familières.
Ce que seraient devenues ces adorables Poésies d’André Chénier si elles étaient tombées en d’autres mains, en des mains académiques de ce temps-là, ce qu’elles auraient subi de retranchements, de corrections, de rectifications grammaticales, on n’ose y songer. […] dites-moi, qu’est-elle devenue ? […] La plupart de ces petites méchancetés littéraires de M. de Latouche, quand il les racontait, semblaient charmantes, exquises, des noirceurs adorables ; écrites, elles devenaient froides, alambiquées, obscures. […] Ces lettres présenteraient donc le contraste singulier de deux hommes, dont l’un a été toujours malheureux, et, parce qu’il a été malheureux, est devenu pape, l’autre, toujours heureux, est resté Arlequin. […] Lorsqu’il vit, vers 1829, de nouvelles générations arriver et prendre rang dans le camp des novateurs, à des postes plus avancés que n’était le sien, son impatience redoubla et ses colères devinrent plus fréquentes.
Et le voilà qui devient lui-même du xviiie siècle, et qui voudrait entrer dans le trumeau qu’il peint. […] Grâce à elle, le vice devint tout à la fois royal et populaire ; et voyez les conséquences ! il l’est si bien devenu, que nous n’en apercevons plus les inconvénients et les dangers, et que nous trouvons charmante cette tête de Méduse et en caressons les serpents. […] Il en devient le Strauss. […] Évidemment il est devenu la proie d’une hallucination complète !
Newman est devenu prêtre de l’Église de Rome. […] On le vit bien quand, après l’apparition de son écrit sur le baptême (Scriptural views of baptism), le mot Puséyste devint populaire et la désignation d’un parti. […] Le vieux fanatisme anglican devint implacable. […] (Quelques réponses à cette question : Pourquoi êtes-vous devenu catholique ?). […] Oakeley et Ward sont devenus catholiques depuis leur condamnation.
À mesure du reste que cette activité vous deviendra plus ordinaire, l’effort aussi deviendra moindre, et l’on fera plus et mieux avec moins de peine.
Il traverse Nîmes, y devient amoureux d’une fille de condition modeste et l’épouse. […] C’est ainsi que peu à peu ce métier de la guerre lui devint non plus une occasion d’agir, mais un prétexte à réfléchir. […] Ils devenaient lui, et lui devenait eux. […] … » — « Il y a que les Français deviennent fous », répliqua-t-il avec conviction. […] Ses lecteurs deviennent presque aussitôt ou ses complices ou ses ennemis.
C’est devenu un peu trop mon métier. […] C’en était même devenu comme un mot technique. […] L’éternel a été fait, est devenu temporel. […] Qu’est-ce que tout cela est devenu. […] Vous savez que je vais devenir très puissant.
On a récemment blâmé la périphrase ; on n’oublie qu’une chose : en 1820, à la scène, dans une tragédie, le mot propre pour les objets familiers était tout simplement une impossibilité ; il ne devint une difficulté que quelques années plus tard. […] je meurs) devenait dans sa bouche un Han ! […] Il s’embarque à Marseille sur le Thémistocle, le plus beau des vaisseaux d’Hydra, commandé par Tombasis, qui, un an après, devenait le navarque glorieux des îles en délivrance ; déjà on chantait à bord le chant de Rhigas. […] Rien de plus… Et si, murmurante, Dans ce bois, devenu le mien, Venait à luire une eau courante, Alors,… si ce n’est quelque rente,… Il ne me manquerait plus rien. […] Depuis le voyage de 1820, la Grèce était devenue à la mode, et le troupeau des rimeurs y avait passé.
Il n’y aurait qu’à retrancher et à resserrer un peu pour que l’étude sur Marie-Joseph Chénier devînt un morceau de critique biographique achevé de forme autant qu’il est complet de fond. […] Cousin (avril 1840), pour y remplir, provisoirement d’abord, la chaire de littérature Étrangère, dont il devint plus tard titulaire. […] On a dit de cette spirituelle dissertation, devenue l’une des préfaces naturelles du pèlerinage dantesque, que c’était une histoire complète de l’infini tel qu’on se le figurait en ces âges crépusculaires : « Hélas ! […] Les ligueurs modérés, comme Villeroy et Jeannin, se rangeront même un jour sous ce drapeau qui deviendra celui de Henri IV et de Sully. » Voilà le vrai, le sens commun en pareille matière, et Charles Labitte l’a su rafraîchir de toutes sortes de raisons neuves et revêtir de textes peu connus. […] Je ne puis m’empêcher d’abord de remarquer l’espèce de superstition ou de pédanterie (on l’appellera comme on voudra) qui devient une des manies de ce temps-ci : c’est de vouloir tout traiter et tout remettre en question à l’aide de pièces dites positives, de documents et de procès-verbaux.
L’ambassadeur américain455, homme pratique, explique à Washington avec une ironie grave la jolie parade académique et littéraire qui précède le tournoi politique et public. « Les discours sont lus d’avance dans une petite société de jeunes gens et de femmes, au nombre desquelles se trouve ordinairement la belle amie de l’orateur ou la belle dont il désire faire son amie ; et la société accorde très poliment son approbation, à moins que la dame qui donne le ton au petit cercle ne trouve à blâmer quelque chose, ce qui naturellement conduit l’auteur à remanier son œuvre, je ne dis pas l’améliorer. » Rien d’étonnant si, parmi de pareilles mœurs, les philosophes de profession deviennent des hommes du monde. […] Grâce à la méthode, elle devient populaire. […] Grâce au style, elle devient agréable. — Deux assaisonnements particuliers au xviiie siècle, la gravelure et la plaisanterie. […] De l’énorme masse rugueuse et empâtée de scories, il a extrait tout l’essentiel, un grain d’or ou de cuivre, spécimen du reste, et il nous le présente sous la forme la plus maniable et la plus commode, dans une comparaison, dans une métaphore, dans une épigramme qui devient un proverbe. […] Chez Diderot, ce fil est coupé ; il ne parle point par la bouche de ses personnages, ils ne sont pas pour lui des porte-voix ou des pantins comiques, mais des êtres indépendants et détachés, à qui leur action appartient, dont l’accent est personnel, ayant en propre leur tempérament, leurs passions, leurs idées, leur philosophie, leur style et leur âme parfois, comme le Neveu de Rameau, une âme si originale, si complexe, si complète, si vivante et si difforme, qu’elle devient dans l’histoire naturelle de l’homme un monstre incomparable et un document immortel.
Si vous ôtez l’explication, vous ne pourrez plus exprimer que des idées ou des sentiments très généraux et très simples : naissance ou déclin d’amour, joie, mélancolie, abandon, désespoir… Et ainsi (c’est où je voulais en venir) le symbolisme devient extrêmement commode pour les poètes qui n’ont pas beaucoup d’idées. […] Qu’est-il devenu ? […] Vous ne sauriez imaginer quelle chose bizarre et tourmentée est devenu le XVIIIe siècle, en traversant le cerveau troublé du pauvre poète. […] On croit se souvenir ; on veut poursuivre et préciser une réminiscence très confuse, mais dont on est sûr pourtant que c’est bien une réminiscence ; et elle fuit et se dissout à mesure, et cela devient atroce. C’est à ces moments-là qu’on se sent devenir fou.
Mais, auparavant, elle veut s’assurer qu’Eilert est devenu digne d’elle. […] Ils font de fréquents examens de conscience ; ils se repentent, ils deviennent meilleurs. […] Maupassant lui-même s’attendrissait visiblement et devenait plus « grave », quand la mort vint le prendre. […] Ils le sont : car une littérature cosmopolite, c’est-à-dire européenne, doit être, par définition, commune et intelligible à tous les peuples d’Europe, et elle ne peut devenir telle que par l’ordre, la proportion et la clarté, qui passent justement, depuis des siècles, pour être nos qualités nationales. […] On peut craindre que la caractéristique de nos esprits ne finisse par s’atténuer ; qu’à force d’être européen, notre génie ne devienne enfin moins français.
J’ai vu des mères, affligées de squirres, prendre leur squirre pour un enfant et devenir tendres pour cette horrible chose qu’elles avaient dans le ventre. […] a été le plus volontaire des écrivains ; et il faut bien que la patience ne soit pas le génie pour qu’avec la sienne il n’en soit pas devenu un. […] c’est pour ces chiens d’aristocrates en littérature, qui deviennent de plus en plus rares, et non pas pour ce gros de démocrates de lettres qui ne croient pas plus dans les lettres qu’en politique au privilège de la naissance. […] il l’est devenu ! […] Le dernier chant du cygne qui est devenu un cri d’oie et dont les éditeurs après décès vont faire maintenant un cri de canard !
Une expression qui ne change rien au fond des idées, mais dont l’application n’est pas naturelle, doit devenir l’objet principal pour la plupart des lecteurs. […] Le talent d’écrire peut devenir l’une des puissances d’un état libre. […] Quand une fois la puissance de la parole est admise dans les intérêts politiques, elle devient de la plus haute importance. […] Un mot admis pour la première fois dans le style soutenu, s’il est bon, de nouveau qu’il était, devient bientôt familier à tous les écrivains ; ils se le rappellent naturellement comme inséparable de l’image ou de la pensée qu’il exprime.
Disons-nous bien que toutes les opérations, qui pour la science des laboratoires sont réelles, ne peuvent être dans l’histoire littéraire que métaphoriques ou idéales, que l’analyse du génie poétique n’a rien de commun que le nom avec l’analyse du sucre, et se passe tout entière dans la tête qui la fait, que l’identification du genre littéraire qui se maintient par imitation, avec l’espèce vivante qui se perpétue par génération, est purement verbale, et qu’enfin tout ce qui est méthode dans les sciences de la nature, si on le transporte dans notre domaine, devient système. […] Les sciences du monde extérieur sont ainsi devenues le seul type de la science… Mais l’unité des sciences physiques et des sciences morales n’est qu’un postulat. […] Tous ces moyens d’étude si lents, si délicats, et qui accablent la paresse ingénieuse pressée de conclure, sont des procédés de contrôle, de réduction et d’interprétation dont l’utilité est de jalonner si bien notre route qu’il nous devienne impossible, malgré toutes les tentatives du dedans, de nous en écarter. […] La critique, dogmatique, fantaisiste ou passionnée, divise ; l’histoire littéraire réunit, comme la science dont l’esprit s’inspire ; elle devient ainsi un moyen de rapprochement entre des compatriotes que tout le reste sépare et oppose, et c’est pourquoi j’oserais dire que nous ne travaillons pas seulement pour l’érudition, ni pour l’humanité ; nous travaillons pour nos patries.