Lawrence dans l’observation du cœur humain et de la vie des classes élevées en Angleterre, je suis convaincu que je tiens là, — non pas entièrement venu, mais très-apparent déjà, — un maître dans l’ordre du roman, et, s’il n’a pas la conscience de cela, il faut que la Critique la lui donne. Il faut que la Critique, en lui signalant ses facultés, lui apprenne quels sont ses devoirs.
Voilà la question très-embarrassante, mais fatale, qui s’élève du livre de Gogol dans l’esprit de tout critique qui a pour devoir d’en parler. […] Le talent de Nicolas Gogol, on ne saurait le nier, mais la critique est une mesure, et elle n’a fait que la moitié de sa tâche quand elle s’est contentée de dire : « Cet homme a du talent, ou il n’en a pas. » Assurément, l’auteur des Ames mortes est un talent à sa manière, mais c’est un talent russe, et peut-être le plus russe de tous les talents de son pays.
Peu à peu aussi il abandonna les questions de critique occasionnelle et particulière pour aborder des points d’art plus généraux. […] Assez de critique. […] Toute la première partie de l’histoire est aussi vraie que touchante et délicate ; je hasarderai une seule critique sur la fin. […] Les livres suivants du Presbytère, qui, à cause de leur spécialité et de leur dimension, ne sauraient s’adresser au gros des lecteurs d’ici, ne gardent pas moins, pour nous autres critiques, un intérêt prolongé et un mérite d’art auquel M. […] En achevant cette lecture d’un auteur chez qui la littérature est née tout entière des habitudes morales et du foyer de la vie, est-ce une conclusion purement critique que je suis tenté d’y rattacher ?
On trouve, dans le prologue du livre quatrième, une expression qui aurait dû désarmer la critique. […] Il n’y a pas place pour la critique là où il n’y a pas un historien qui recherche à la fois le vraisemblable et le vrai ; qui non-seulement raconte les événements, mais qui les explique ; qui pénètre les causes et prévoit les effets ; qui raisonne sur les intérêts des peuples, sur les caractères sur les mœurs ; qui discerne le bien du mal, et qui approuve ou blâme ; qui, pour tout dire, sent en homme de cœur, examine en philosophe et décidé en juge. […] De même, la langue française se reconnaît à cette netteté de l’expression, à cette grâce du tour, à cette fermeté sans roideur, à cet éclat tempéré, qui frappent le critique le moins suspect d’archaïsme, et que sentiraient ceux même qui veulent lire sans juger. […] S’il en est un qui peut intéresser l’histoire politique, c’est une défense de George Chastelain répondant aux critiques et aux menaces qu’il s’était attirées, en louant le duc Philippe aux dépens du roi Charles VII. […] Leurs admirateurs, en les qualifiant l’une de Tulle, l’autre de suprême rhétoricien, en ont fait la plus exacte critique.
À ce titre il n’y a pièce de théâtre qui soit plus pièce de théâtre que l’Impromptu de Versailles et que la Critique de L’École des femmes. […] Les plaintes de Lysidas dans la Critique de l’École des femmes, trouvant « honteux pour la France que l’on voie une solitude effroyable aux bons ouvrages lorsque des sottises font courir tout Paris », ne sont que la ‘ traduction de critiques réelles qui pleuvaient sur Molière. […] Il fait comme éclater les formules de son temps et il efface toute la critique dramatique de ses contemporains en la dépassant. […] C’est la fureur de beaucoup de nos critiques de prendre pour des coquettes des femmes qui ne le sont point du tout. […] Ceci, aussi, est une critique de l’éducation et une leçon d’éducation.
[Les Mercredis d’un critique (1895).]
Mais ce Critique lui a-t-il rendu justice sur ses autres Productions ?
Ce n’est pas que cet Ouvrage ait le même ton de plaisanterie ; mais il n’a pas non plus celui qui convient à l’Histoire ; c’est-à-dire, l’ordre, la netteté, la dignité, & la critique.
Son Oraison funebre du Cardinal de Fleury, est un chef-d’œuvre en même temps qu’elle fut son premier essai : les critiques qu’on en a faites n’ont servi qu’à en relever les véritables beautés.
On y désireroit seulement plus de critique.
Quoi qu'en disent les Critiques, l'Epître à mon Habit, plusieurs de ses autres Epîtres, & quelques-unes de ses Chansons, auront toujours de l'agrément, du sentiment, & de la gaieté.
Délicatesse d’esprit, finesse de critique, &c.
Je n’imaginais pas qu’il prit plus d’attention que la Chambre aux critiques de ce contradicteur. […] Les réserves qu’il y mêla semblaient moins des critiques d’adversaire que de sincères appréhensions, qui, à ce moment du règne, n’étaient que trop fondées. […] Me fit-il l’honneur de lire mes critiques ? […] Peut-être avait-il ouï parler de la réputation de critique rébarbatif qu’on me faisait dans un certain public ? […] Il n’était pas si commode avec les critiques du métier.
Nous regardions, en ce temps-là, les critiques comme des cuistres, des monstres, des eunuques et des champignons. […] A peu près vers ce temps (1836), nous entrâmes à la Presse, qui venait de se fonder, comme critique d’art. […] Sous ce rapport, le journalisme lui répugnait singulièrement, et il regardait le temps et le talent qu’on y consacrait comme perdus ; il n’aimait guère non plus les journalistes, et lui, si grand critique pourtant, méprisait la critique. […] Du premier coup il avait trouvé une critique qui n’est ni la critique d’Aristarque ni celle de Zoïle : la critique extasiée ! […] Mais peut-être a-t-il trouvé qu’en exaltant le critique on glissait un peu trop légèrement sur le poëte.
L’intelligence et le talent, voilà, je crois, une distinction qui n’a guère jamais été faite en critique littéraire ; elle est pourtant capitale… Aurier manqua de quelques années pour s’harmoniser définitivement… Presque rien de ce que nous connaissons de lui, en fait de vers, n’avait reçu la septième correction.
Direction de la Wallonie (poèmes et articles de critique ; la Gardienne).
Baillet a fait des Vies des Saints, où sa critique est encore plus sévere que dans son Livre sur les Savans ; mais le style en est inégal, diffus, & peu correct.
Par le moyen de ces secours, réunis à la critique exercée, précise & toujours munie d’autorités ou de preuves, il est parvenu à purger le texte de l’Auteur d’environ deux milles fautes, & de le rendre le plus exact & le plus pur de tous ceux qu’on a donnés jusqu’à présent ; ce qui n’est pas d’un prix médiocre pour les véritables Gens de Lettres.
Il ne se permit jamais un seul vers satirique au milieu des Critiques, des Epigrammes & des Brocards, que la médiocrité de ses Tragédies lyriques lui attira.
La Critique a ses bornes.
Cet Ouvrage a eu tant d’éditions, qu’il seroit difficile de le confondre avec les Ouvrages médiocres, quand il ne réuniroit pas, dans un degré éminent, une profonde connoissance de l’Histoire, un saine critique, la clarté & la vigueur du style, à un ton de modération & d’honnêteté qui le met bien au dessus de l’Essai de l’Histoire générale, dont il a relevé supérieurement les bévues, confondu les impostures, & réfuté les impiétés.
A l'en croire, le Critique des Entretiens d'Ariste & d'Eugene est un malhonnête homme, qui dit cent fausses pointes & cent insolences, un faiseur de libelles diffamatoires qu'il ne faut pas chercher parmi les honnêtes gens, qui ne fréquente que les plus sets de la lie du peuple.
C’est beaucoup promettre, c’est compter sur des publications qui se prêtent à ce genre de critique ; c’est aussi les provoquer.
Géruzez, ou un discours académique, corrigé d’après les conseils de l’Académie, avec une œuvre de libre critique. […] Sa filiation est reconnue par tous les critiques », Tous les critiques, cela veut dire un critique copié par tous les autres. […] Le premier est un jeu auquel on peut se divertir et qui a même une certaine valeur critique ou satirique, bien manié et bien dirigé. […] La circulaire manque vraiment de critique. […] Presque toute la critique moderne, faute de notions scientifiques, est de la littérature légère.
Marmier lui-même, qui se souvient encore avec plaisir de ce coup de chapeau donné par la critique au livre de poésie qui marqua son début littéraire au retour d’un voyage (en 1830). une longue amitié, cimentée par les relations du monde, s’en est suivie ; dans les dernières années, quand M.
Évidemment, l’écrivain en vers était gêné par l’extrême délicatesse du critique.
Cet égoïsme, si fort à la mode parmi les Journalistes & les Auteurs critiques de ce siecle, est d’autant plus déplacé & plus ridicule, qu’il blesse l’amour-propre des Lecteurs, sans tourner au profit de celui des Ecrivains qui se le permettent, puisqu’il ne décele en eux qu’une vanité capable d’affoiblir le mérite de leurs bonnes qualités.
Quoiqu’il ait fait plusieurs Ouvrages estimables, on ne connoît à présent que sa Pharsale, dont on a dit, dans tous les temps, beaucoup de bien & beaucoup de mal, & qui fournit également matiere à la louange & à la critique.
Valois, [Henri De] Historiographe de France, né à Paris en 1603, mort dans la même ville en 1676 ; Savant habile, & un des meilleurs Critiques du Siecle dernier.
Un style simple, mais énergique & correct, une érudition adroitement ménagée, de l'exactitude dans les citations, de l'honnêteté dans les critiques, de la sagacité dans les discussions, de la solidité dans les principes, de la précision & de la justesse dans les raisonnemens ; voilà ce qui caractérise cette Production, qui mérite d'être placée à la suite du Traité, pour servir de correctif à ce qu'il offre de défectueux.
Mais quand je pense que j’ai moins employé de temps à examiner deux cents morceaux, qu’il n’en faudrait accorder à trois ou quatre pour en bien juger ; quand j’apprécie scrupuleusement la petite dose de mon expérience et de mes lumières avec la témérité dont je prononce, et surtout lorsque je vois que moins ignorant d’un sallon à un autre, je suis plus réservé, plus timide, et que je présume avec raison qu’il ne me manque peut-être que d’avoir vu davantage pour être plus juste, je me frappe la poitrine, et je demande pardon à Dieu, aux hommes et à vous, mon père, et de mes critiques hasardées et de mes éloges inconsidérés.
La critique, de nos jours, a un peu perdu de cette assurance. […] Cet excellent critique avait parlé, voilà quelque quarante ans, de la « coquetterie vertueuse » d’Andromaque. […] Cela, c’est la seconde critique, celle des hommes forts, et des esprits audacieux. […] La parodie peut être alors une forme joyeuse de la critique. […] Henri de Lapommeraye vient de publier la Critique de Francillon, — ingénieusement imitée de la Critique de l’École des Femmes ; trop imitée, à mon avis, et c’est même le seul reproche que j’aie à faire à M. de Lapommeraye.
S’il me faut dire toute ma pensée, Goethe pour les grands repos de la pensée était très supérieur à Voltaire, si on excepte les parties purement critiques de l’esprit humain, la clarté, la gaieté, la facétie, l’épigramme, les contes amusants et la correspondance familière. […] Elles sont pour les critiques, qui trouvent là d’après quelles maximes on doit juger, et comment on peut rendre intéressante et agréable la simple analyse d’un livre. […] « Villemain a aussi comme critique, dit-il, un rang très élevé. Les Français ne reverront jamais un talent égal à celui de Voltaire ; mais on peut dire que, le point de vue de Villemain se trouvant plus élevé que celui de Voltaire, Villemain peut critiquer Voltaire et juger ses qualités, et ses défauts. » On aime à voir un grand poète rendre cette éclatante justice à un grand critique ; cela efface d’avance les puériles négations de notre temps. […] « Le caractère, dit-il, c’est tout ; et cependant, de notre temps, il y a eu parmi les critiques de petits personnages qui n’étaient pas de cet avis et qui voulaient que dans une œuvre de poésie et d’art un grand caractère ne fût qu’une espèce de faible accessoire.
Des critiques ont remarqué qu’il n’est pas dans Homère une seule beauté mémorable que le divin vieillard ne répète, ne varie en trois ou quatre endroits, au risque souvent de l’affaiblir ; je ne sais s’ils ont conclu de là pour ou contre l’existence d’un Homère. […] Aux savants la beauté historique ou critique ; à nous, poëtes, la beauté évidente et sensible, etc. » Mais ces deux poëtes, fidèles également à la beauté naturelle, d’une âme aussi largement ouverte à la réfléchir, se distinguent dans la manière dont ils s’élèvent et par laquelle ils arrivent à l’embrasser, à la dominer. […] Notre critique, si confiante en Jocelyn, a donc pu être jugée à l’effet un peu imprévoyante, presque comme au lendemain des Paroles d’un Croyant : une vraie critique de girondin.
Viguier, qu’il avait eu pour maître à l’École normale, réclamant de lui un avis sincère, de bonnes et franches critiques, et, comme il disait, des critiques antiques avec le mot propre sans périphrase. […] « Il s’efforce d’aimer et de croire, parce que c’est là-dedans qu’est le poëte : mais sa marche vers ce sentiment est critique et logique, si je puis ainsi dire. […] Si jamais le troisième Recueil qui fait suite immédiatement aux Consolations et à Joseph Delorme, et qui n’est que le développement critique et poétique des mêmes sentiments dans une application plus précise, vient à paraître (ce qui ne saurait avoir lieu de longtemps), il me semble, autant qu’on peut prononcer sur soi-même, que le jugement de Farcy se trouvera en bien des points confirmé.
Le Globe, fondé en 1824, vint opérer une sorte de révolution dans la critique, et, par son vif et chaleureux éclectisme, réalisa une certaine unité entre des travaux et des hommes qui ne se seraient pas rapprochés sans cela. Sur la masse constitutionnelle et libérale, fonds estimable mais assez peu éclairé de l’Opposition, il s’organisa donc une élite nombreuse et variée, une brillante école à plusieurs nuances ; philosophie, histoire, critique, essai d’art nouveau, chaque partie de l’étude et de la pensée avait ses hommes. […] Dubois, qui jugea que, dans cette simple idée de magasin à l’anglaise, il n’y avait pas assez de chance d’action ; qu’il fallait y implanter une portion de doctrine, y introduire les questions de liberté littéraire, se poser contre la littérature impériale, et, sans songer à la politique puisqu’on était en pleine Censure, fonder du moins une critique nouvelle et philosophique. […] Dubois était le politique ému et acéré, le critique chaleureux.
Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) [Avertissement] Un grand bruit, un grand étonnement, une grande impression dans le public lisant, ont accueilli le 70e Entretien. […] Puisque ce premier chapitre sur la critique littéraire des Girondins par l’auteur des Girondins lui-même, à vingt ans de distance, a eu pour mes lecteurs un intérêt littéraire et politique que je ne prévoyais pas, continuons, et donnons-leur, pendant ces deux Entretiens encore, la suite de ces explications. […] Voici où j’en étais resté de cette Critique dans le 70e Entretien : reprenons ce que je disais des partis parlementaires que l’on semble tant regretter. […] Le critique se trompe également en niant l’emprisonnement provisoire, mais assez long, des principaux Girondins dans la prison des Carmes de la rue de Vaugirard avant leur captivité à la Conciergerie.
Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) I Encore une fois, c’est là une faute de conception et presque de moralité dans l’Histoire des Girondins. […] Je ferai ici une simple observation sur la critique qui a été faite le plus souvent de mon style historique par des historiens mes émules ou mes rivaux. […] Voici pourquoi : III Je n’ai jamais eu d’autre rhétorique et d’autre critique que mon plaisir. […] J’ai lu depuis ce Contrat social de Jean-Jacques Rousseau que je vantais alors sur parole ; j’en ai publié dernièrement l’analyse et la critique raisonnées (Entretiens littéraires, nº 65 à 67).
Toute la poésie contemporaine est faite, semble-t-il, d’inquiétude morale et d’esprit critique mêlé de sensualité. […] Il y a une volupté dans cet état d’insurrection, d’autant plus que le sens critique, véritable esprit du diable, ouvre un domaine spacieux et nouveau à l’imagination plastique et, en même temps que la joie de la révolte, nous donne celle de reconstruire et de contempler avec des yeux d’artiste l’immense tragédie humaine. […] Elles enchantent l’imagination et satisfont le sens critique. […] Ce qui est au fond, c’est un sentiment de révolte contre le monde mauvais et contre l’inconnu inaccessible, sentiment douloureux que vient apaiser la curiosité critique et esthétique et qui se résout enfin dans une étude sereine de l’histoire et de la nature pittoresque.