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1271. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Il se récite donc en détail à son ami ; il se plaint de son esprit qui le maîtrise par accès, qui le surmène : madame Victorine de Chastenay disait, en effet, de lui qu’il avait l’air d’une âme qui a rencontré par hasard un corps, et qui s’en tire comme elle peut. […] Notre intelligence est blessée ; il nous pardonnera, si nous lui donnons tout entier ce qui peut nous rester de sain. » Il comprenait la piété, le plus beau et le plus délié de tous les sentiments, comme on a vu qu’il entendait la poésie ; il y voyait des harmonies touchantes avec le dernier âge de la vie : « Il n’y a d’heureux par la vieillesse que le vieux prêtre et ceux qui lui ressemblent. » Il s’élevait et cheminait dans ce bonheur en avançant ; la vieillesse lui apparaissait comme purifiée du corps et voisine des Dieux.

1272. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Successivement nommé au Corps législatif, à l’Institut, au Conseil d’État et au Sénat, grand maître des cérémonies sous l’Empire, nous le perdons de vue à cette époque au milieu des grandeurs qui le ravissent aux lettres, mais non pas à leur amour ni à leur reconnaissance : une élégie de madame Dufrenoy a consacré le souvenir d’un bienfait, comme il dut en répandre beaucoup et avec une délicatesse de procédés qui n’était qu’à lui. […] Je reconnus aisément avec vous que les maladies de l’âme, plus cruelles que celles du corps, nous ôtent toute tranquillité ; je ne l’éprouvais que trop.

1273. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Il ouvre les veines du corps social pour guérir le mal ; mais il en laisse couler la vie, pure ou impure, avec indifférence, sans se jeter entre les victimes et les bourreaux. […] Mais, en ce qui concerne l’Histoire des Girondins, je ne me reproche en conscience que les cinq ou six pages que j’ai signalées ici moi-même à la vindicte des belles âmes, et je désire que ce commentaire expiatoire reste attaché au texte et fasse corps à cette édition du livre, pour prémunir les lecteurs, et surtout la jeunesse et le peuple, contre le danger de quelques sophismes qui pourraient fausser une idée dans leur esprit, ou atténuer dans leur cœur la sainte horreur de la vérité même, contre l’immoralité des moyens.

1274. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Gautier, quand nous traitons de bagatelles triviales le Repas ridicule, les Embarras de Paris et le Lutrin, ou quand nous nous figurons une poésie abstraite et banale, une élégance monotone et sans expression, des vers nus et décharnés, implacablement alignés et coupés à l’hémistiche, pareils à une rangée de mannequins qui seraient tous pliés par le milieu du corps. […] Et les cérémonies, les processions, les démêlés aussi et les batailles, quand se rencontraient les paroisses voisines et rivales, ou que saint Barthélemy pénétrait dans le Palais, fût-ce pour se mettre à l’abri de la pluie ; et le clergé de la Sainte-Chapelle, chantres et chanoines, sonneurs et sacristains, tous ces visages vermeils ou pâles, ces corps replets ou desséchés ; et le fameux perruquier Lamour dont le bâton à deux bouts remettait l’ordre dans la cour du Palais, les jours de bagarre : tout cela lui était familier, et gravé dans son esprit, depuis qu’il était au monde, par des impressions quotidiennes.

1275. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Il a vu passer des gens en blouse ou en redingote, gesticuler des bras, étinceler des yeux, râler ou saigner des corps : et il s’est demandé ce que cela signifiait. […] Ce sont des corps, mais aussi des esprits et des âmes dont il parle : il ne se prononce pas sur la cause des phénomènes, mais il lui suffit que tout le monde s’entende sur les ordres de faits désignés par les noms d’idées, désirs, affections, volontés.

1276. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Elles effrayent et elles attirent, et, comme elles cachent une âme démente, mue par des forces aveugles et irrésistibles, dans des corps délicieux de patriciennes, elles sont à la fois redoutables et charmantes. […] Comme elles n’ont que des apparences d’âmes dans leurs corps de jeunes possédées, comme elles ne sont presque jamais poussées que par la détente de leurs nerfs, on ne saurait dire qu’elles soient bonnes ou mauvaises.

1277. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

… Finablement, avec le roy mon maistre, · De là les monts prisonnier se veit estre Mon triste corps, navre en grant souffrance36. […] Les jours, les mois, les mille ans que je dy N’avoient en rien son visaige enlaidy, Courbé son corps, ne sa voix empyrée.

1278. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

. ― Si rapide que soit cette revue des rapports de la littérature et du droit, je ne saurais oublier que le droit positif s’incarne en des corps spéciaux et en des personnages qui, à des titres divers, coopèrent à la tâche de rendre la justice. […] Est-ce parce que la pensée indépendante, volontiers novatrice et aventureuse, se heurte au passé cristallisé dans les formules rigides des codes, se sent en désaccord avec l’esprit d’un corps qui, par la langue qu’il parle, le costume qu’il porte, les usages qu’il pratique et maintient, est régulièrement en retard sur les idées et les mœurs de son temps ?

1279. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Beaubourg inspire aux duchesses et n’a pu dépasser les grades inférieurs du corps de ballet. […] Il veut reprendre immédiatement possession de cette femme, qui refuse de lui rendre son corps déshonoré ; il la poursuit par la chambre, à la façon d’un animal fondant sur sa proie.

1280. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Un jour que ce prince montrait un chant traduit à la duchesse, elle s’impatienta pourtant et lui dit : « Vous verrez qu’un beau matin, en vous éveillant, vous serez de l’Académie française, et que M. d’Orléans sera régent du royaume. » L’ambition couvait, en effet, sous cette vie de jeux et de comédies ; il y avait dans ce corps de myrmidon, dans cet extrait du Grand Condé, des étincelles de cette même fureur civile. […] Les philosophes, quelques philosophes du moins, ont imaginé que si l’homme, après sa naissance et dans ses premiers mouvements, n’éprouvait pas de résistance dans le contact des choses d’alentour, il arriverait à ne pas se distinguer d’avec le monde extérieur, à croire que ce monde fait partie de lui-même et de son corps, à mesure qu’il s’y étendrait de son geste ou de ses pas.

1281. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

À l’intérieur de ce cercle, de ce cadre indispensable dont il faut entourer toute figure de femme belle et spirituelle, n’entreront point du tout, ou du moins n’entreront qu’à peine et à mon corps défendant, les éclats, les ricochets de la politique, de la satire, les réminiscences de la polémique, toutes choses du voisinage et auxquelles, si on se laissait faire, un si riche sujet pourrait bien nous convier. […] Si nous croyions à la métempsycose, nous dirions que l’âme de quelque peintre de paysage, malheureux en amour, avait passé dans le corps de ce noble cerf, tant il s’est montré artiste dans toutes ses promenades et jusque dans sa chute… Tout cela est poussé un peu loin, un peu marivaudé peut-être ; le conteur s’amuse et abuse : il tient à son joli dire, et, une fois mis en train, il ne le lâche pas.

1282. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Tout à côté, voilà qui est neuf et qui est mieux : « Les souffrances de mon âme se sont étendues jusqu’à mon corps. […] Voici en quels termes singuliers le curé Vallet rend compte de la manière dont il s’acquitta de sa commission et de l’effet qu’il produisit : Mon beau-frère me fit le détail de cet affreux événement, et me donnait la commission d’y préparer M. de Mirabeau, s’imaginant qu’il y avait une âme sensible dans un pareil corps.

1283. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Membre de l’ordre de la noblesse, et ayant cru devoir suivre les premières démarches du corps auquel il appartenait, il ne rencontra Mirabeau à l’Assemblée qu’après la réunion des trois ordres. […] Son point de départ est toujours la Révolution, qu’il considère comme irrévocable dans ses grands résultats de destruction ; et cette table rase de l’égalité civile, ce vaste niveau qui s’étend sur la ruine des corps privilégiés, lui semble, si l’on sait en user, aussi favorable pour le moins à la royauté qu’au peuple.

1284. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Il se lia fort avec M. de Lamoignon, garde des Sceaux, et le servit de ses avis et de sa plume dans ses plans hardis de réforme, relativement aux corps judiciaires et aux parlements. […] En tout, il aimait les grands sujets, les sujets qui ont du corps et de la prise ; il aimait les grandes routes, sûr qu’il était, avec sa carrure d’esprit et ses développements nombreux, d’y dominer la foule et d’y tenir le haut du pavé.

1285. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

L’Université, ce corps singulier composé de tant de fondations et de collèges distincts, et où le peuple latin se divisait par nations et par tribus, cette confédération aussi compliquée au sein de Paris que pouvait l’être la Confédération helvétique, avait alors un grand travail à faire sur elle-même pour se mettre en accord avec la société française et avec les lumières qui s’y répandaient de toutes parts. […] D’Aguesseau, résumant cette impression si juste, lui écrivait après l’avoir lu : « J’envie presque à ceux qui étudient à présent, un bonheur qui nous a manqué, je veux dire l’avantage d’être conduit dans les belles-lettres par un guide dont le goût est si sûr, si délié (délié est un peu fort), si propre à faire sentir le vrai et le beau dans tous les ouvrages anciens et modernes. » Voltaire lui-même, qui fut sévère et une fois surtout injuste pour Rollin, l’a proclamé « le premier de son corps qui ait écrit en français avec pureté et noblesse. » Il l’a loué dans Le Temple du goût en des termes qui sont le jugement même, et il est allé jusqu’à appeler le Traité des études « un livre à jamais utile », ce qui est même trop dire, puisque ces sortes de livres n’ont qu’un temps, et que les générations qui en profitent les usent.

1286. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Les génies d’art ne meuvent pas les corps, mais les âmes : ils modifient les mœurs et les idées. […] L’idée philosophique de l’évolution universelle « est voisine de cette autre idée qui fait le fond de la poésie : vie universelle9. » Si le mystère du monde ne peut être complètement éclairci, il nous est pourtant impossible de ne pas nous faire une représentation du fond des choses, de ne pas nous répondre à nous-mêmes dans le silence morne de la nature : « Sous sa forme abstraite, cette représentation est la métaphysique ; sous sa forme imaginative, cette représentation est la poésie, qui, jointe à la métaphysique, remplacera de plus en plus la religion. » Voilà pourquoi le sentiment d’une mission sociale et religieuse de l’art a caractérisé tous les grands poètes de notre siècle ; s’il leur a parfois inspiré une sorte d’orgueil naïf, il n’en était pas moins juste en lui-même. « Le jour où les poètes ne se considéreront plus que comme des ciseleurs de petites coupes en or faux où on ne trouvera même pas à boire une seule pensée, la poésie n’aura plus d’elle-même que la forme et l’ombre, le corps sans l’âme : elle sera morte. » Notre poésie française, heureusement, a été dans notre siècle tout animée d’idées philosophiques, morales, sociales.

1287. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Sancho Pança, adhérent à l’âne, fait corps avec l’ignorance ; Falstaff, glouton, poltron, féroce, immonde, face et panse humaines terminées en brute, marche sur les quatre pattes de la turpitude ; Falstaff est le centaure du porc. […] Il a la plume au poing, la flamme au front, le diable au corps.

1288. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Les fusils tuent bien le corps, mais l’esprit survivra éternellement. » Alfred Wolfensteinag . […] J’ai constaté combien il est facile à la foule spectatrice de suivre et de comprendre les moindres nuances des différents états d’âme de l’aviateur Etant donnée l’identification du pilote et de son aéroplane, celui-ci devient le prolongement de son corps : les os, les tendons, les muscles et les nerfs se prolongent dans les fils et les câbles.

1289. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Quel plus sublime cantique Que ce concert magnifique De tous les célestes corps ? […] On ne saurait croire, et je ne crains point là-dessus d’être démenti par les bons juges, combien un mot plus ou moins long à la fin d’une phrase, une chute masculine ou féminine, et quelquefois une syllabe de plus ou de moins dans le corps de la phrase, produisent de différence dans l’harmonie.

1290. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Dieu veut, et soudain s’effectue La résurrection des morts, Et la nature restitue À chaque individu son corps. […] Cet esprit qui ne biaise jamais, ce poète de résolution, cet héroïque qui n’a peur de rien, — qui n’eut pas peur un jour, dans une nation rieuse, de mettre en vers flamboyants, sonores et magnifiques de mouvement, de nombre et d’harmonie, les tableaux grotesques du petit père André, sachant et très-sûr qu’où le poète met sa griffe la marque reste et reste seule sur le ridicule effacé, lui, le poète des Crâneries, qui en fera une tant qu’il aura le crâne au-dessus des épaules, me laisse indécis sur cette poésie dont il nous donne aujourd’hui un échantillon si étrange, sur la poésie qu’après celles des Colifichets il rêve peut-être, et dans laquelle il est bien capable de se jeter à corps perdu demain !

1291. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

. — Dans une chambre pauvre et triste, la chambre traditionnelle du prolétaire, aux meubles banals et indispensables, le corps d’un ouvrier nu, en chemise et en bonnet de coton, gît sur le dos, tout de son long, les jambes et les bras écartés. […] Il a un talent d’observation tellement sûr qu’on ne trouve pas chez lui une seule tête qui jure avec le corps qui la supporte.

1292. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

La semence humaine qui engraisse et boursoufle le corps de ceux qui refusent de la répandre sur le monde, épaissit également leur cerveau. L’exemple du clergé catholique, chez lequel le cerveau semble vouloir prendre sa part de la stérilité du corps, et ; cela malgré son observance plus ou moins scrupuleuse du vœu de chasteté, semble confirmer cette loi d’humanité.‌

1293. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

On sait que les langues anciennes avaient une foule de mots qui exprimaient, non point des idées, mais le rapport des idées qui précédaient avec celles qui devaient suivre ; des mots qui serpentaient à travers la marche du discours pour en rapprocher toutes les parties et en faire la liaison et le ciment, rappelaient par un signe la phrase qui était écoulée, appelaient celle qui devait naître, remplissaient les intervalles, animaient, vivifiaient, enchaînaient tout, et donnaient à la fois, au corps du discours, de l’unité, du mouvement et de la souplesse. […] Le mauvais goût ne peut guère exister que chez un peuple réuni en corps de société, où l’esprit naturel est gâté par le luxe, par les vices, par l’excès de la vanité, et le désir secret d’ajouter à chaque objet ou à chaque idée, pour augmenter l’impression naturelle que cet objet doit faire.

1294. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

De même qu’immobile, après le dernier soupir exhalé, son corps gisait insensible, privé d’un si grand souffle ; ainsi la terre, frappée à cette nouvelle, reste dans la stupeur. […] L’enfant qui devait illustrer le nom d’Heredia était malingre, difforme, à demi paralysé ; mais la vigueur de son esprit surmonta tous les obstacles du corps.

1295. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

. — Mais son corps est plus tacheté qu’une hydre. — Donne-lui encore une vingtaine de coups, ça lui fera du bien. » C’est tout. […] Il dit crânement ses vérités à Créon et sort pour aller se tuer sur le corps de sa promise. […] Et il tombe sur le corps de Clara, en poussant un grand cri. […] Le pouvoir de la méchante aïeule, non seulement sur les corps mais sur les consciences, reste plus mystérieux par cet éloignement, et je sais gré à l’auteur de nous avoir en effet présenté cette puissance comme un mystère. […] Et, sans doute, ce silence vaut mieux, car, si elle savait parler, que dirait-elle, cette fillette malade et dont l’âme est pubère avant le corps chétif ?

1296. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

« Cœur humain, corps humain, mystère… » De la physiologie M.  […] Maxime Odiot est un prince déguisé, « beau, bien fait, habile à tous les exercices du corps et de l’esprit », comme ceux des récits de Perrault. […] C’est un corps chaste souvent, mais un esprit profondément blasé et raffiné. […] Leur corps a des lignes trop parfaites. […] Ces marionnettes, Rantzau, Koller, Birkenstaff, prennent un corps, une âme et se mettent à vivre.

1297. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Je serais fort empêché de leur serrer la main, ne leur voyant pas de corps. […] Eh bien, rien ne bouge et ne tressaille en Bérangère, rien ne prend, ni l’âme ni le corps. […] Et, de ce moment, la mort est entrée dans le corps et dans le cœur de la pauvre femme, trop fière pour se plaindre, trop blessée pour guérir. […] De cette coupure la composition du poème était toute difformée : une tête, des pieds, et plus de corps. […] Aujourd’hui, comme il y a deux mille ans, qu’il s’agisse d’une redingote ou d’une tunique, d’une robe ou d’une draperie, que le sujet soit Laïs ou Lola-Montès, l’artiste (cette proposition est trop simple et nul besoin de s’y arrêter), l’artiste doit s’efforcer de rendre, avec la plus grande fidélité, le visage, l’habit, le corps et le mouvement du corps, en un mot, serrer de près la réalité, imiter la nature et la vie.

1298. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

Entre toutes les qualités d’un écrivain, la force et l’énergie se prêtent le mieux à ce passage toujours violent d’un idiome dans un autre ; elles offrent plus de corps, pour ainsi dire, à la main qui les déplace, et il suffit que cette main et l’instrument qu’elle manie ne fléchissent pas sous le fardeau.

1299. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

L’armée française partit d’Om-Dinar le 3 thermidor, à deux heures du matin ; elle rencontra bientôt, pour la première fois depuis Chébréis, un corps de mameluks ; c’était l’arrière-garde de Murad-Bey, qui se replia avec ordre et sans rien tester.

1300. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

Gerfaut, c’est comme un composé un peu idéalisé de M. de Balzac et de M. de Bernard lui-même ; véritable gentilhomme, qui, au faubourg Saint-Germain, se nomme le vicomte de Gerfaut, et qui, ailleurs, donne à corps perdu, en vrai lion, dans la moderne orgie littéraire.

1301. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Cette situation l’obligeait à ménager ses courtisans même, comme faisant partie de ce corps de vainqueurs, qui tout à la fois lui cédait et lui garantissait la France, leur conquête.

1302. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Voltaire, même dans la poésie légère, reste infiniment supérieur à Piron, comme à Gresset, comme à tous les autres : il est au-dessus du genre ; il a des idées, qui lui donnent corps et substance.

1303. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Contes de Noël »

Mais les yeux, d’un bleu pâle, étaient très doux, d’une douceur innocente de ruminant ; la bouche était saine, et l’on devinait, sous, la robe mal taillée, un corps robuste de belle campagnarde… Elle sentait encore le village, et avait dû débarquer tout récemment sur le trottoir. » Il l’aborde, lui offre un bock.

1304. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

Au-dedans, toutes les solutions sociales remises en question ; toutes les membrures du corps politique tordues, refondues ou reforgées dans la fournaise d’une révolution, sur l’enclume sonore des journaux ; le vieux mot pairie, jadis presque aussi reluisant que le mot royauté, qui se transforme et change de sens ; le retentissement perpétuel de la tribune sur la presse et de la presse sur la tribune ; l’émeute qui fait la morte.

1305. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

Le corps des pasteurs & des ministres calvinistes se rangea de son Parti.

1306. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

Son livre sur le Sommeil, un autre sur l’Aliéné, un troisième sur l’Ame et le Corps, témoignent d’un esprit très sagace, très philosophique, qui, sans faux positivisme, est cependant très attentif à la recherche des faits, et qui en même temps, sans déclamation spiritualiste, est très ferme sur les principes.

1307. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

Cette objection n’est pas très-démonstrative, car, outre que beaucoup de savants physiologistes soutiennent aujourd’hui que les nerfs sont creux, cela importe assez médiocrement ; si l’on considère, en effet, les esprits, animaux comme un fluide analogue aux fluides impondérables, ils n’auraient guère besoin, pour traverser les nerfs, d’un tube visible à nos sens, la lumière et la chaleur traversant des corps qui nous paraissent parfaitement pleins.

1308. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XV. Des ouvrages sur les différentes parties de la Philosophie. » pp. 333-345

Exposer l’ordre & l’enchaînement des connoissances humaines, présenter sur chaque science & sur chaque art, soit libéral, soit méchanique, les principes généraux qui en sont la base, & les détails les plus essentiels qui en sont le corps & la substance ; c’est-là le vaste, le magnifique projet des auteurs de l’Encyclopédie.

1309. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection » pp. 277-289

la temperature des climats chauds, dit le chevalier Chardin énerve l’esprit comme le corps… etc. .

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