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1319. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

« Cette diabolisation d’Éros a fini par avoir un dénouement de comédie : le « démon » Éros est devenu peu à peu plus intéressant que les anges et les saints, grâce aux cachotteries et aux allures mystérieuses de l’Église dans toutes les choses érotiques. […] Être toujours spectateur de la même comédie, jouer toujours un rôle dans la même comédie ? […] Sujet, forme, acteur, spectateur, dans ces comédies vous êtes tout vous-même, et tout est vous-même. » C’est dans le rêve que le moi sans alliage peut-être, presque sans alliage sans doute, à coup sur avec beaucoup moins d’alliage que dans la veille, se révèle à vous.

1320. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Prodigieuse comédie ! […] Ce qu’il examine, c’est le moi et ses mouvements, ses impulsions, ses pudeurs, ses comédies, ses vives sincérités, ses costumes pour aller dans le monde, ses lassitudes et son abandon dans la retraite. […] Et ce Latouche eut ici-bas une drôle de destinée, s’il fut l’auteur de romans, de poèmes, d’essais, de comédies, de toute une œuvre intelligente et abondante et s’il n’est demeuré célèbre que comme l’éditeur d’un autre et l’amant de Marceline Desbordes-Valmore. […] Pour entendre exactement ce que signifie son précepte, méditons ces lignes de l’essai Sur la perfection et la décadence des lettres : « Il faut refaire des comédies à la manière antique.

1321. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

L’imitation grecque, ensuite, fit la comédie sans art et sans vie de Térence et de Plaute. […] que de vraies comédies. […] Les tragédies du xviiie  siècle, les comédies de Marivaux et de Beaumarchais, les mélodrames des romantiques allemands et français, et toutes les pièces scéniques de notre temps, sont bien davantage des romans que des drames : et seules les âmes inférieures éprouvent le besoin d’une réalisation matérielle de ces œuvres, toutes d’analyse ou de récit, pour y prendre le plaisir qu’on y peut trouver.

1322. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Les grandes épopées grecques et orientales (Leconte de Lisle les a pillées sans les comprendre), la Divine Comédie certains drames de Shakespeare et de Wagner, des fragments de Rabelais, de Cervantes, de Gœthe, de Balzac, de Hugo, quelques tableaux de Léonard, et certains personnages de Villiers renferment une beauté ésotérique. […] Baudelaire l’a écrit d’ailleurs, il y a longtemps : « Une littérature qui ne marche pas d’accord avec la science est une littérature suicide » et Balzac, d’autre part, l’avait prophétiquement compris alors qu’il adressait la dédicace de la Comédie humaine au grand naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire. […] Suivez plutôt cette progression du réel, depuis l’épopée, à travers le drame, jusqu’au roman moderne, de l’Iliade aux Oiseaux, de la Divine Comédie à Hamlet, du Gargantua à l’Éducation sentimentale.

1323. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Addison fit mieux encore : il composa un opéra, une comédie, une tragédie fort admirée sur la mort de Caton.

1324. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Pecksniff ; mais l’hypocrisie qu’il affiche n’a pas détruit le reste de son être ; s’il prête à la comédie par son vice, il appartient à l’humanité par sa nature.

1325. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Cette scène serait de la haute comédie de Molière, par le mépris, si elle n’était pas de l’épopée par l’énergie de l’éloquence.

1326. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Il y a là des scènes de haut comique qui donnent au lecteur la comédie de l’ambition sur une scène encore trempée de sang.

1327. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Chaque genre se personnifie dans un nom : la tragédie dans Racine ; la comédie dans Molière ; la fable dans La Fontaine ; la philosophie morale dans La Rochefoucauld d’abord, puis dans La Bruyère ; l’éloquence chrétienne dans Bossuet, Bourdaloue et Fénelon ; le genre épistolaire dans Mme de Sévigné ; les Mémoires dans Saint-Simon.

1328. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Une mémoire heureuse qui mêle à propos les citations décisives aux raisonnements sur l’art ; l’amour des anciens, qui n’empêche pas l’estime pour les modernes ; cette même liberté ingénue, dont j’ai parlé tout à l’heure, qui inspire à un prélat de judicieuses remarques sur la comédie ; une littérature aussi variée que profonde, telles sont les séductions de ce charmant ouvrage, fruit de la vieillesse de Fénelon, dans un siècle où la vieillesse n’était que l’âge mûr de la raison.

1329. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Aux inspirations, que le théâtre français, dit Bauër, a tirées de la tragédie grecque, de la comédie latine, des pièces espagnoles, et du bénéfice qu’il y aurait pour notre théâtre d’emprunter des inspirations au Nord, j’aurais voulu répondre que les inspirations grecques, latines, espagnoles étaient des inspirations de cervelles de la même famille, aux circonvolutions identiques, de cervelles latines et non hyperboréennes.

1330. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste.

1331. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Il a exercé mon jugement et ma volonté ; et lorsqu’il m’a trouvé apte à jouer, dans la comédie sociale, le rôle pour lequel j’étais marqué, il m’a laissé continuer mon évolution tout seul, sachant que je ne dévierais pas, désormais, de la voie qu’il était en moi de suivre… Je lui ai donné beaucoup de mal, — sans doute autant que vous. […] Jacques, Protée, vous savez mes projets ; je n’ai donc pas besoin de vous indiquer votre rôle dans la comédie qui va se jouer ici. — Je recommande seulement à Tranquille de ne pas se montrer trop rustique.

1332. (1940) Quatre études pp. -154

Même une fable de La Fontaine est une « comédie », ou une « tragédie », avec ses actes faciles à découper dans leur succession progressive : on nous l’a suffisamment répété dans les classes pour que nous en soyons justement convaincus. […] C’est, selon quelques habitants de Malabar, une des soixante-quatorze comédies dont l’Éternel s’amuse.

1333. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il fera peu d’odes et d’élégies ; il fera des tragédies, des épopées, des comédies, des romans. […] L’humanisme, d’une part, au point de vue de la production littéraire, ayant donné ses plus beaux fruits et étant presque épuisé, s’effaçait, s’éclipsait dans le rayonnement de l’esprit de la Renaissance et ne faisait pas grande figure, avec ses petites tragédies ou ses comédies pédagogiques, devant un Esprit des Lois ou un Essai sur les mœurs ; d’autre part, comme influence sur les esprits, passait décidément au camp du philosophisme, finissait par reconnaître qu’il était comme lui fils de l’antiquité, s’avisait qu’il était la forme de ce dont la Renaissance était le fond, devenait l’auxiliaire et la décoration encore brillante des petits-fils de Montaigne, destiné ainsi à être tour à tour à chaque parti contraire un ornement. […] Il le dit en vers ; il le dit en prose, ce qui est plus significatif : « Vous êtes dûment averti d’équants grands personnages j’ai été et suis journellement stipulé, requis et importuné pour la continuation des mythologies pantagruéliques, alléguant que plusieurs gens langoureux, malades ou autrement fâchés et désolés avoient à la lecture d’icelles trompé leurs ennuis et reçu allégresse et consolation nouvelle… Icelles par ébat composant ne prétendais gloire aucune ; seulement avais égard et intention par écrit donner ce peu de soulagement que pouvais ès affligés et malades absents… Hippocrate et autres auteurs pareillement ont composé l’institution du médecin en gestes, maintien, regard, contenance, grâce, honnêteté, netteté de face, vêtement, barbe, cheveux, mains, bouche, ongles, comme s’il dût jouer le rôle de quelque amoureux en quelque insigne comédie… Sur toutes choses les auteurs susdits ont au médecin baillé avertissement particulier des paroles, propos, abouchements et confabulations qu’il doit tenir avec les malades, lesquelles doivent toutes à un but tirer et tendre à une fin, c’est les réjouir sans offense de Dieu. » Voilà le but du bon médecin Rabelais ; il n’en a pas d’autre, et ce sont ici onguents pour la brûlure des soucis.

1334. (1883) Le roman naturaliste

Malot n’affecteraient de relier, comme ils font, leurs romans les uns aux autres, et d’écrire leur Comédie humaine, s’ils n’avaient pas lu quelque part « que le drame ou le roman isolé, ne comprenant qu’une histoire isolée, exprime mal la nature ; et qu’en choisissant on mutile ?  […] Mais il nous suffit ici qu’elle en occupe une, et qu’en la lui rendant, ou plutôt en la lui faisant pour la première fois, l’auteur de la Comédie humaine ait véritablement renouvelé le roman. […] Oui, vous pouvez prendre le roi, — comme dans la tragédie de Racine ; — vous pouvez prendre le médecin, — comme dans la comédie de Molière ; — parce que, de fait, il y a certaines fonctions, certains arts, certains métiers dont l’exercice modifie le fonds humain d’une certaine manière, et d’une certaine manière qu’il est possible, utile, et intéressant de déterminer. […] Et, puisqu’on a si souvent rapproché son nom de celui de Balzac, il est maître à bien plus juste titre que l’auteur de la Comédie humaine.

1335. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

J’ai connu la fausseté et l’indifférence de bien des gens à la comédie de leur éloquence, et la faiblesse de beaucoup d’autres à cela seul qu’ils s’y laissaient tromper. […] Mais que Pascal, tempérament tout autre, nervoso-bilieux et mélancolique, vienne à toucher cette pensée de la mort, sombre préoccupation de sa triste vie, il laisse échapper de sa plume ces trois lignes, lugubres et frissonnantes : « Le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste. […] est-ce que ces trois années passées ainsi ne nous expliquent pas certaines pages de la Comédie humaine, ces intérieurs d’étude si bien décrits, cette connaissance des lois ? […] Mais, quand on ne connaîtrait pas ce fait, quand on ignorerait la prédilection de Michel-Ange pour le poète de l’Enfer, du Purgatoire et du Paradis, est-ce que la vaste page du Jugement dernier n’apparaîtrait pas toujours comme le résumé de cette grande trilogie et comme la Divine Comédie en un seul tableau ?

1336. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Alors lui, bon prince, généreux, (il est jeune), en plus il sauvera cette vieille chanson, qu’il aime, il nous la gardera pour la mémoire des hommes, il va l’honorer, il attachera cette petite chaloupe sur son énorme bateau), que ça finit par faire, que ça finit par donner une des comédies les plus réjouissantes que l’on nous ait jamais montées. […] C’est dans la comédie que ça se voit bien. […] Des hommes qui n’ont jamais fait de sciences, qui n’en savent pas un mot, qui n’en soupçonnent rien, qui n’ont jamais fait ni mathématiques, ni physique, ni chimie, ni biologie, (il faut dire aussi, à leur décharge, qu’ils n’ont fait non plus, qu’ils n’ont fait aussi ni lettres, ni art(s), ni philosophie, ni morale, ni religion, qu’ils n’y entendent rien, qu’ils n’en savent pas un mot, qu’ils n’en soupçonnent rien, puisqu’ils n’ont jamais fait, mis sur pied ni un roman, ni un conte, ni un poème, ni une nouvelle, ni un essai, ni une chronique, ni un pamphlet, ni un propos, ni une comédie, ni une féerie, ni une tragédie, ni un mystère, ni un sonnet, ni une farce, ni une sotie, ni une moralité, ni un cahier, ni des confessions, ni des mémoires, ni même une revue, et que d’autre part leur sécurité de fonctionnaires les met précisément à l’abri des terribles inquiétudes et problèmes moraux), (ni une épître), veulent nous faire prendre, à ce prix, les vessies pour des lanternes, et les lettres pour des sciences.

1337. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Et il se souvient à propos que longtemps Juliane a été pour lui une sœur. « Afin de rendre plus âpre cette saveur d’inceste qui m’attirait en exaltant ma fantaisie scélérate, je tâchai de me représenter les instants où plus profond avait été en moi le sentiment fraternel, où plus sincère m’était apparue Juliane dans son rôle de sœur. » Telle est la comédie qu’il se joue à lui-même, et c’est ainsi qu’il ajoute à son plaisir le ragoût d’un libertinage conscient et réfléchi. […] Afin de flatter sa manie son médecin organise toute une comédie. […] Sa comédie de l’Invitée défrayait cet hiver les conversations mondaines.

1338. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

C’est une comédie à cent actes divers, dont la comédienne est dupe toute la première et ne voit pas l’unité.

1339. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Relisez là-dessus la Divine Comédie.

1340. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Ce timbre est plus ou moins pur et musical, c’est-à-dire plus ou moins homogène mais unique pour chaque individu ; si l’on en possède plusieurs, un seul est usuel, les autres ne sont que des moyens de comédie.

1341. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

La jolie scène de comédie, que cette scène qu’il me racontait, et où il avait été acteur. […] Je ne sais pourquoi et par quelle circonstance, nous nous trouvons chez Nadar, et comment il y a chez Nadar, une ancienne édition de la Comédie du Dante, une édition merveilleuse.

1342. (1932) Les idées politiques de la France

De sorte que la même comédie qui se jouait, à droite de la césure, avec le mot gauche, reprend symétriquement à gauche de la césure sur le mot socialiste. Comédie, guignol parlementaire, c’est bien vite dit, mais c’est pensé encore plus vite.

1343. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

F Politiques et Moralistes : Troisième série Stendhal On sait que la Providence s’amuse, le monde, à ce qu’assurent les Védas, étant une des trente-quatre comédies qui servent à ses plaisirs. […] Il a guerroyé et surtout séjourné en jeune officier vainqueur en Italie ; puis, oisif à Paris, il a joué la comédie chez Dugazon, par amour du théâtre et des femmes de théâtre, mêlé à un petit monde très suspect de comédiens, de comédiennes et « d’amateurs éclairés des arts » ; puis, à la suite d’une petite actrice, il a été vivre une année ou deux à Marseille, « pesant des eaux-de-vie » dans une maison de négoce. […] Il y a toujours eu dans Stendhal, mêlé au Dauphinois sagace, observateur et malicieux, du hussard de comédie, du cabotin et du commis voyageur ancien style ; du Clavaroche, du Delobelle et du Gaudissart. […] Son mot, aussi bien sur les comédies de Regnard que sur les tragédies de Voltaire, est toujours : « Cela ne peint pas les caractères. » Peindre les caractères, et les peindre par de « petits faits » très nets, très précis, très circonstanciés, voilà pour lui toute la littérature.

1344. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Comme si des mythes mystérieux ne s’accomplissaient pas sans cesse sous nos yeux, mais ils nous paraissent moins surprenants parce que nous assistons constamment à leur quotidienne comédie.

1345. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Et d’abord, on peut dire du cœur du poète ce que Mlle Baptistine disait de la maison de Mgr Myriel, ouverte à tous : « Le diable peut y passer, mais le bon Dieu l’habite. » On serait un peu surpris de voir appliquer à l’auteur d’Othello et de Macbeth l’épithète de bon ; de même on ne peut dire que Gœthe, avec son intelligence scientifique et sereine, soit bon, ni Balzac, avec sa psychologie un peu sombre et prévenue : ce sont des observateurs, des artistes qui représentent avec exactitude, quelquefois avec dégoût, la comédie humaine ; ils savent exciter la pitié pour tel ou tel personnage donné, mais ce n’est point ce sentiment large et paternel, cette pitié profonde pour toute misère humaine qui finit par dominer l’œuvre de Victor Hugo.

1346. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Il est malaisé de jouer parfaitement la comédie ; le plus habile simulateur finit toujours par laisser percer l’artifice. […] On peut remarquer que dans les comédies et les romans, le mari et la femme ont toujours des caractères opposés.

1347. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Voici aujourd’hui des réflexions sur la tragédie ; je me promets encore d’en donner sur la comédie, sur l’opera etc., tout cela, sans doute, ne paroît pas un bon moyen de leur imposer silence. […] Les uns soutiennent que c’est au poëme épique ; les autres à la tragédie ; d’autres à la comédie, etc. ; et au milieu des raisons spécieuses dont ils appuyent leur sentiment, chacun a encore sa raison secrete et démonstrative, c’est qu’il a travaillé dans le genre dont il prend les interêts ; et se flatant d’y avoir pleinement réüssi, il veut prouver indirectement qu’il a fait le chef-d’oeuvre dont il est question.

1348. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Le grand poète qu’il a pris pour guide dans ce voyage d’Italie s’écrie, à la fin du xxxive Chant de la Divine Comédie : « Nous entrâmes dans un sentier caché pour retourner au monde lumineux ; et, sans songer à prendre aucun repos, nous montâmes jusqu’à ce que je vis, à travers un soupirail, ces belles choses que nous montre le ciel, et de là nous sortîmes pour revoir les étoiles. » M.  […] Enfin dans la Comédie du sentiment, il a maudit la perversité de la femme, la duperie des phrases et des gestes d’amour, le cabotinage de la passion. […] Il essayait de se consoler en allant à l’Exposition, mais il jugea bien vite que l’exotisme du Champ-de-Mars était une amusante comédie, fabriquée de toutes pièces par d’ingénieux décorateurs, à la mesure des chroniqueurs à court de pittoresque, des écrivains désireux de lotiser sans fatigue et des nombreux géographes qui aiment les explorations à portée de la main.

1349. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Charles Asselineau, dans un article sur Baudelaire, écrit : « Chacun a fait son petit Lac, son petit Pas d’armes du roi Jean, sa petite Comédie de la  Mort, sa petite Ballade à la lune. » Ce mépris s’explique. […] Il prenait un caractère ou portrait de La Bruyère, lui donnait un nom, un état civil et un état social, le faisait causer avec un certain nombre de personnes, et il était bien sûr d’avoir fait une comédie de caractère. […] C’est ainsi qu’il construisit L’Ingrat, L’Irrésolu, Le Médisant, L’Ambitieux, L’Indiscret, Le Glorieux. » Il y a dans La Bruyère des maximes et des réflexions qu’un auteur dramatique pourrait transformer en personnages de roman ou de comédie.

1350. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Il me suffira de dire que le souverain but de Balzac en cachant sa vie et ses démarches, que sa recherche de l’absolu, son grand œuvre, c’était sa liberté, la possession de ses heures, le charme de ses veilles laborieuses : c’était la création de la Comédie humaine, en un mot. […] » Mais, quand Balzac, trouvant enfin le mot de sa destinée, le mot de l’énigme de son génie, a saisi ce titre admirable et profond : la Comédie humaine ; quand, par des efforts de classement laborieux et ingénieux, il a fait de toutes les parties de son œuvre un tout logique et profond, chacune de ces parties, même les moins goûtées par nous au début, ont repris pour nous leur valeur en reprenant leur place. […] Tous sont nouveaux dans chaque fragment de la comédie humaine, puisqu’en reprenant les mêmes personnages il les modifie et les transforme avec le milieu où il les transplante. Cette idée de créer un monde de personnages que l’on retrouve dans tous les actes de cette comédie en mille tableaux est toute à Balzac ; elle est neuve, hardie et d’un si haut intérêt, qu’elle vous force à tout lire et à tout retenir.

1351. (1927) André Gide pp. 8-126

Gide abuse de l’ironie fugace, des sourires dédaigneux des promptes volte-face et de la comédie du discontinu… Il dit : « Une discussion sur Flaubert m’entraînerait : je la réserve. » On verra.

1352. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Malheureusement, « l’hiver suivant, un comédien, payé par la corporation des passementiers, joua son rôle dans une comédie nouvelle tout couvert de franges d’argent, et, suivant une louable coutume, les mit par cela même à la mode.

1353. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Every man in his humour, ce titre d’une comédie du vieux Ben Jonson indique combien ce goût, chez eux, est ancien et national.

1354. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Le ridicule s’évanouit si celui qui parle n’est pas dupe et si l’esprit de la comédie lyrique est présent. […] La doctrine aristotélicienne sur la purification des passions par leur intelligence est la pierre angulaire de l’esthétique théâtrale : le chef-d’œuvre de Racine, sa Phèdre, en arrache, par-delà les Visionnaires et les Maximes sur la Comédie, l’aveu au jansénisme même.

1355. (1891) Esquisses contemporaines

Sans doute, il serait meilleur de réunir le domaine de l’action à celui de l’être, de creuser la douleur à la fois dans les mystères de l’existence et dans ceux des situations ; mais tout n’a point été donné à tous, et je sais des gens qui préfèrent le Faust de Goethe ou le Prométhée d’Eschyle aux comédies de Molière. […] On peut soutenir son rôle et mener la comédie jusqu’à la dernière minute.

1356. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Nous retrouverons Chateaubriand plus d’une fois, car c’est l’un des principaux personnages de la comédie du style. […] Mais elle est affranchie de tout souci d’exactitude absolue, ne restant soumise qu’à cette exactitude relative qui est la logique générale, et les lois de la logique générale sont assez souples pour nous faire admettre la Divine Comédie ou les Voyages de Gulliver.

1357. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Si jamais un homme en un pays fut populaire, c’est celui-là. « C’est lui, dit un vieil historien, que le bas peuple aime tant à fêter par des jeux et des comédies, et dont l’histoire chantée par des ménétriers l’intéresse, plus qu’aucune autre. » Au seizième siècle, il avait encore son jour de fête, chômé par tous les gens des petites villes et des campagnes.

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