Ce n’est pas plus beau que d’aller dans Paris, mais c’est une autre beauté. […] Une amitié rurale est d’une autre beauté qu’une amitié urbaine. […] Je ne dis pas qu’elles sont meilleures ou plus profondes, ni qu’elles ont plus de beauté. […] Je dis qu’elles ont une autre beauté. […] Mais pour aujourd’hui ne parlons pas de ces beautés.
. — La Beauté, roman, 1900. — Versailles aux Fantômes, roman, 1992. — La Joie, roman, 1905. — (Ces quatre vol. aux éditions du Mercure de France, in-18). — Paul Adam, biographie, Sansot et Cie 1903. […] Œuvres. — La Maison de l’Enfance, poésies, Calmann-Lévy, 1897. — La Beauté de Vivre, Calmann-Lévy, 1900. — La Fenêtre Ouverte, critique. […] du Mercure de France, 1896. — De l’Angélus de l’Aube à l’Angélus du Soir, poésies, Paris, Soc. du Mercure de France, 1898. — La Jeune fille nue, poème, Paris, Petite collection de l’Ermitage, 1899. — Clara d’Ellébeuse ou l’histoire d’une ancienne jeune fille, Paris, Soc. du Mercure de France, 1899. — Le Poète et l’Oiseau, poésies, Paris, Petite collection de l’Ermitage, 1899. — Le Deuil des Primevères, poèmes, 1898-1900. — Almaïde d’Entremont ou l’Histoire d’une jeune fille Passionnée, 1901. — La Beauté de Vivre, poèmes, 1901. — Le Roman du Lièvre, 1903. — Pomme d’Anis ou l’Histoire d’une jeune fille infirme, 1904. […] — Essai sur l’Amour, Paris, Ollendorff, 1899, in-18 et Stock, 1901, in-18. — Un an de caserne (sous le pseudonyme de Louis Lamarque), Stock, 1901, in-18. — La Beauté moderne, Paris, la Plume, 1902. — Chausey, lib. de l’Art Libre, Bruxelles, 1903, in-16. — Les Cœurs malades, roman, Fasquelle, 1904. — Le Châlet dans la Montagne, Fasquelle, 190b. — La Maîtresse Américaine, in-18, Herbert, 1906. […] Œuvres. — Élévations Poétiques, poésies, Paris, Edmond Girard, 1898, in-18. — Nouvelles Élévations Poétiques La Plume, 1901, in-18. — Élégies Parisiennes, poèmes, Bibliothèque de l’Effort, 1902, in-18. — La Beauté de Paris, poésies, Soc. du Mercure de France, 1904, in-18. — Phyllis, tragédie en cinq actes et en vers (jouée le 30 mars 1905 aux Bouffes-Parisiens) Société du Mercure de France, 1905, in-18. — Le Dieu nouveau, tragédie jouée le 3 juillet à, Champigny.
Il y a dans les fleurs des couleurs brillantes et des beautés qui sont de véritables dégénérations déguisées. […] Nous avons à nous reprocher nous-même d’avoir, dans le Globe d’alors25, relevé soigneusement les taches de ce roman, plutôt que d’en avoir fait valoir les beautés supérieures. […] c’est que le principe d’où partent ces inadvertances légères s’étend insensiblement à tout le récit et lui ôte un air de réalité, au milieu de beautés philosophiques et pathétiques du premier ordre.
Toute-puissante par sa beauté et par son esprit sur son mari, elle l’enveloppa de son impopularité et l’entraîna par son amour à sa perte. […] Le peu de solidité de son esprit l’excuse, l’enivrement de sa beauté et de sa jeunesse l’innocente, la grandeur de son courage l’ennoblit. […] Seule contre tous, innocente par son sexe, sacrée par son titre de mère, une reine inoffensive désormais est immolée sur une terre étrangère par un peuple qui ne sait pardonner ni à la jeunesse, ni à la beauté, ni au vertige de l’adoration !
Le capitaine des sbires a le cœur sensible, quoiqu’il ait déjà la barbe un peu grise ; il est garçon, il est riche, il est ennuyé de vieillir seul, sans joie dans sa maison, sans enfant après lui pour hériter de ses scudi et de son domaine ; il a été ébloui, à ses voyages dans la montagne, de la beauté de votre fille et de son innocence. […] La maudite beauté de l’enfant ne sortait plus de l’œil du sbire. Il avait résolu, par les conseils de Calamayo, sans doute, de nous entraîner dans la misère, d’éteindre notre foyer, de nous contraindre à aller mendier notre pain dans les rues de Lucques, de nous y ramasser ensuite comme des vagabonds, de nous jeter, ma sœur et moi séparément, dans un hôpital, de forcer Hyeronimo à s’expatrier dans les Maremmes ou sur quelque felouque de pêcheur ; de faire enfermer, à cause de sa jeunesse et de sa beauté, Fior d’Aliza dans un couvent, pour l’y faire élever en dame et pour l’épouser ensuite comme par charité, grâce à l’abbesse qui était sa parente et sa complaisante.
Il échange avec le Christ des sonnets pieux, des sonnets ardents et qui, si l’on n’était arrêté çà et là par les maladresses et les insuffisances de l’expression, seraient d’une extrême beauté. […] Le dévot aime, sous le nom de Dieu, la beauté et la bonté des choses finies d’où il a tiré son idéal et le chevalier mystique aimait cet idéal à travers et par-delà la forme finie de sa maîtresse. […] Et sur la femme, auxiliatrice de Dieu, sur la femme qui console, apaise et purifie : Beauté des femmes, leur faiblesse, et ces mains pâles Qui font souvent le bien et peuvent tout le mal… Et toujours, maternelle endormeuse des râles, Même quand elle ment, cette voix !
Et c’est lui qui apprend aux jeunes gens et aux jeunes filles de belles prières. » Serait-ce par hasard Chaulieu ou Désaugiers que vous rappellent ces passages, pris entre cent d’égale qualité, et dont j’ai affaibli, bien malgré moi, la beauté solide ? […] Savantes et serrées, d’une extrême beauté pittoresque et plastique, elles n’ont pas grand’chose de commun, à coup sûr, avec les chansons de Béranger. […] On trouve dans Horace les plus fortes maximes de vie intérieure, de vie retirée et retranchée en soi, supérieure aux accidents, attachée au seul bien moral et l’embrassant uniquement pour sa beauté propre. — Soldat de Brutus, il accepta le principat d’Auguste par raison, par considération de l’intérêt public ; mais il fut, ce semble, moins complaisant pour l’empereur et pour Mécène et sut beaucoup mieux défendre contre eux sa liberté et son quant-à-soi que le tendre Virgile.
Il en a par moments l’audace, l’hallucination sombre, les beautés formidables et toujours la tristesse. […] On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue, et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakspeare, indifférent à tout, excepté à la beauté, comme Goethe, on va quelque temps ainsi, — misérable et superbe, — comédien à l’aise dans le masque réussi de ses traits grimés ; — mais il arrive que, tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah ! […] Hugo, mais condensée et surtout purifiée ; si à quelques autres, comme la Charogne, la seule poésie spiritualiste du recueil, dans laquelle le poète se venge de la pourriture abhorrée par l’immortalité d’un cher souvenir : Alors, ô ma beauté !
L’habitude de ce genre de beautés renouvelait ses jouissances au lieu de les diminuer, ce qui est le grand signe en toutes choses qu’on aime : « Je m’aperçois tous les jours de plus en plus, disait-il, qu’on ne se lasse pas du beau spectacle de la nature. » Pour conclure avec lui sur les jardins, sa morale pratique en ce genre est qu’il faut « en chercher et n’en pas faire », reconnaître et trouver les points de vue existants, les mouvements de terrain naturels, se contenter de les dégager, et non vouloir les créer à toute force ni les construire. […] On avait Jean-Jacques Rousseau qui avait découvert et révélé la solitude, les douceurs ou les sublimités qu’elle enferme ; on allait avoir Bernardin de Saint-Pierre et Chateaubriand découvrant et décrivant à leur tour la forêt vierge, les sauvages et splendides beautés d’un autre monde ; on allait avoir Oberman s’abîmant dans la contemplation solitaire et dans l’expression intime des aspects reculés ou désolés ; mais les amateurs restés gens du monde, les gens de goût, et d’un noble goût, touchés en effet de la nature, et ne la voulant point cependant séparer jamais de la société, disaient entre autres choses avec le prince de Ligne, et ne pouvaient en cela mieux dire que lui : J’aime dans les bois les quinconces et les percés, de belles routes mieux tenues que celles des jardins, de belles palissades, des allées de hêtres surtout : elles ont l’air de colonnes de marbre quand elles ressortent sur un taillis bien haut et bien vert.
Vers ce temps, comme s’il sentait qu’il doit commencer à se réconcilier avec l’idiome natal et à se diriger vers le but où l’appelle son secret talent, il se remet à lire les auteurs anglais, et surtout les plus récents, ceux qui, ayant écrit depuis la révolution de 1688, unissent à la pureté du langage un esprit de raison et d’indépendance, Swift, Addison ; puis, lorsqu’il en vient aux historiens, il est beau d’entendre avec quelle révérence il parle de Robertson et de Hume auxquels on l’adjoindra un jour : La parfaite composition, le nerveux langage, les habiles périodes du docteur Robertson m’enflammaient jusqu’à me donner l’ambitieuse espérance que je pourrais un jour marcher sur ses traces : la tranquille philosophie, les inimitables beautés négligées de son ami et rival, me forçaient souvent de fermer le volume avec une sensation mêlée de plaisir exquis et de désespoir. […] Il fait voir que la connaissance véritable de l’Antiquité est le résultat d’un ensemble très varié, très détaillé, sans lequel on ne fait qu’entrevoir les beautés des grands classiques : « La connaissance de l’Antiquité, voilà notre vrai commentaire ; mais ce qui est plus nécessaire encore, c’est un certain esprit qui en est le résultat ; esprit qui non seulement nous fait connaître les choses, mais qui nous familiarise avec elles et nous donne à leur égard les yeux des anciens. » Il cite des exemples tirés de la fameuse querelle des anciens et des modernes, et qui prouvent à quel point, faute de cette connaissance générale et antérieure, des gens d’esprit comme Perrault ont décidé en aveugles de ce qu’ils n’entendaient pas. — Il y a, chemin faisant, des vues neuves et qui sentent l’historien.
Aujourd’hui, le genre de talent de Bourdaloue nous semble bien loin de prêter à de telles vivacités de couleurs, et, pour mieux essayer d’y pénétrer, je dirai d’abord l’effet assez général que cette éloquence produit à la lecture, et par quel effort, par quelle application du cœur et de l’esprit il est besoin de passer pour revenir et s’élever à la juste idée qu’il convient d’avoir de sa grandeur, de sa sobre beauté et de sa moralité profonde. […] D’Aguesseau a très bien loué en Bourdaloue « la beauté des plans généraux, l’ordre et la distribution qui règnent dans chaque partie du discours, la clarté et, si l’on peut parler ainsi, la popularité de l’expression 66, simple sans bassesse et noble sans affectation ».
Ne lui demandons point d’ailleurs un idéal qui n’est pas son fait, — ni le véritable idéal qui ennoblit la condition humaine et cherche à lui donner toute la beauté dont on la croit susceptible à de certaines heures, — ni ce faux idéal qui ne s’attache qu’aux apparences et qui se prend aux illusions ou ne songe qu’à s’en décorer. […] C’était véritablement la fleur des pois que Mme de Prie alors, la plus jolie figure, et parée encore plus de grâces que de beauté, un esprit délié et qui allait à tout, du génie et de l’ambition, étourdie avec de la présence d’esprit.
Il est curieux, pour se donner le sentiment d’un parfait contraste mais d’un contraste qui n’a rien de criant, de la mettre en regard d’un Hamilton ou d’une Caylus peignant avec une finesse malicieuse les beautés de la cour de Charles II ou celles de Marly ou de Versailles. […] Et toute cette familiarité du « vieux frère » (comme il s’appelle) se relève d’une constante admiration pour cette sœur qu’il estime évidemment supérieure à lui par les talents et la beauté de l’intelligence, par le génie, il articule le mot : « S’il y a un être créé digne d’avoir une âme immortelle, c’est vous, sans contredit ; s’il y a un argument capable de me faire pencher vers cette opinion, c’est votre génie64. » Il est prodigue envers elle d’attentions, de petits présents ; il entre dans ses peines, il tremble pour sa vie ; il nous la fait voir avec « un je ne sais quoi de gracieux, un air de dignité tempérée par l’affabilité », que les mémoires de la margrave ne nous indiqueraient pas ; il nous intéresse, en un mot, par l’affection respectueuse qu’elle lui inspire, à cette frêle créature d’élite, à « ce corps si faible et cette santé délicate à laquelle est jointe une si belle âme ».
Je conçois qu’un homme qui laisse des ouvrages achevés, des monuments peu accueillis d’abord et peu compris de ses contemporains, mais remplis de beautés ou de vérités qui éclatent après lui, soit proclamé, homme de génie sur sa tombe, tandis qu’il ne passait de son vivant que pour un original distingué. […] Delécluze, l’autre était pur et donnait même l’idée de beauté, comme David le sculpteur l’a prouvé par son médaillon.
Sans fortune, ayant plus de physionomie que de beauté, ou même n’ayant pas de beauté du tout (quoique sa vivacité d’expression ne donnât pas le temps de la trouver laide), quand elle se découvre à nous et à son frère Maurice dans son Journal le plus intimé, elle n’a pas moins de vingt-neuf à trente ans, elle semble avoir renoncé au mariage, elle est bien près d’avoir renoncé au monde : c’est une âme vierge et un peu veuve, c’est une âme sœur.
Comme beauté et grandeur de dessin, j’admire, dans cette effrayante série de malfaiteurs qui s’intitule le Chemin de Toulon, la scène des deux bandits qui, dans un site aussi âpre et aussi dépouillé que celui des gorges d’Ollioules, se prennent de querelle et ont ensemble des mots. […] Et comme beauté de dessin dans un autre genre, et comme charme, on me fait remarquer dans le quatrième Dizain ce n° 40, cette femme debout, cette débardeuse montée sur une banquette et adossée à une loge dans un bal masqué, plongeant de l’œil dans la salle et regardant amoureusement la danse sans y prendre part cette fois ; avec ces mots : « Il lui sera beaucoup pardonne, parce qu’elle a beaucoup dansé !
Cinquante-sept ans après, en 1704, l’Académie le faisait réimprimer, le considérant comme « un ouvrage né dans son sein, et dont la beauté a été si bien reconnue. » Elle y ajoutait un petit nombre d’Observations pour marquer en peu de mots les changements survenus pendant un demi-siècle et rendre compte de l’usage présent, « règle plus forte que tous les raisonnements de grammaire, et la seule qu’il faut suivre pour bien parler. » L’Académie était encore fidèle en cela à la loi reconnue par Vaugelas, et qui n’est autre que celle d’Horace lui-même : …………………………………………… Si volet usus, Quem penes arbitrium est, et jus, et norma loquendi. […] « C’est la beauté des langues, dit-il, que ces façons de parler qui semblent être sans raison, pourvu que l’usage les autorise. — La bizarrerie n’est bonne nulle part que là. » Le bon usage à ses yeux ne se distingue pas du bel usage ; il les confond.
Lorsqu’il ne s’agit pas d’étudier pour gagner sa vie, et si l’étudiant est assez heureux pour que le Ciel lui ait donné des parents qui lui assurent du pain, je serais volontiers d’avis qu’on le laissât suivre la science pour laquelle il se sentirait le plus d’inclination ; et bien que celle de la poésie soit moins utile qu’agréable, du moins elle n’est pas de ces sciences qui déshonorent ceux qui les cultivent La poésie, seigneur hidalgo, est, à mon avis, comme une jeune fille d’un âge tendre et d’une beauté parfaite, que prennent soin de parer et d’enrichir plusieurs autres jeunes filles, qui sont toutes les autres sciences ; car elle doit se servir de toutes, et toutes doivent se rehausser par elle. […] Toutes les critiques qu’il mérite d’ailleurs, Marie-Joseph Chénier les lui a faites : on lui pardonne volontiers d’avoir abrégé, chez son auteur, les parties poétiques langoureuses ou languissantes ; « mais, par malheur, ce sont souvent les beautés qu’il abrège, c’est le génie qu’il supprime.
On sait l’histoire : Mme de Mailly ne régnait plus alors, elle faisait déjà pénitence ; c’était sa sœur, Mme de Châteauroux, beauté altière, imposante et tendre, de celles qui sont faites pour un rôle historique, pour agir et dominer, c’était cette vaillante qui régnait véritablement sur Louis XV et qui tenait le gouvernail de ce triste cœur. […] » Et voilà aussi comme la plume reprend ses avantages en regard du pinceau, et comment la fine analyse morale, la propriété, la concision et le choix des termes, une certaine distribution et un ordre naturel de pensées, une certaine marche graduelle en si petit espace, réussissent, presque en jouant, à faire un Portrait qui a sa beauté et tout son effet.
Un soir qu’on avait plus longuement causé de guérison et d’espérance, qu’on avait projeté pour Christel des promenades à cheval au printemps, qu’on s’était promis de se diriger sur les domaines d’Hervé, vers un bois surtout de hêtres séculaires qu’avaient habité les fées de son enfance, et dont il aimait à vanter la royale beauté, il crut le moment propice, et, après quelques mots sur sa mère, à laquelle il avait parlé, disait-il, de cette visite désirée : « Il est temps, ajouta-t-il d’un ton marqué, qu’elle connaisse celle qui lui vient. » Christel tressaillit et l’arrêta ; ce fut un simple geste, un signe de tête accompagné d’un coup d’œil au ciel, le tout si résigné, si reconnaissant, si négatif à la fois, avec un sourire si pâli, et dans un sentiment si profond et si manifeste du néant de pareils projets à l’égard d’une malade comme elle, que la mère navrée ne put qu’échanger avec Hervé un lent regard noyé de larmes. […] On t’a vue, quand tu te prends à la jeunesse et à la beauté, t’y acharner avec violence, y revenir coup sur coup, pour les ébranler, comme avec sa hache le bûcheron furieux, et leur livrer de longs assauts dans des agonies terribles.
Cette belle femme, comme je l’ai su depuis, c’était la duchesse de Lucques elle-même, la souveraine, et bien la souveraine en vérité, de beauté, de bonté et de pitié pour ses sujets. […] Elle craignit pour elle, à cause de sa jeunesse et de son extrême beauté qui nous avait déjà fait tant de mal, les dangers et les propos des mauvaises gens qui hantent les grandes villes ; elle lui envoya par le père Hilario une lettre de recommandation pour la supérieure des sœurs de charité de Saint-Pierre aux Liens, couvent de Livourne.
Par un certain manque de poésie et de beauté, la forme est inférieure à la matière comme à l’intention de l’auteur. […] A cette sensibilité extrême il unissait tous les plus rares dons de l’artiste : la puissance d’évocation, l’imagination « visionnaire », qui obéissait à toutes les suggestions d’une sympathie effrénée, l’expression intense et solide, qui fixait le caractère en dégageant là beauté.
Cette pénétration de l’âme de la jeune fille par la paix, la beauté, la majesté de ces vieilles pierres qui bornent son horizon est d’ailleurs fort bien exprimée. […] Ce sont les mêmes qui contribuent à la beauté de ses meilleurs ouvrages.
Même lorsqu’il raconte, comme dans sa Vie de Washington, c’est d’une certaine beauté abstraite qu’il donne l’idée, non d’une beauté extérieure et faite pour le plaisir des yeux.
La nuit était presque écoulée, lorsque la porte de la chambre où il reposait s’ouvrit doucement, et il vit s’approcher une beauté merveilleuse, guidée par une esclave. […] Il voit son fils assis à un festin : il l’admire, il le compare, pour la force et la beauté, à sa propre race ; on dirait, à un moment, que le sang au-dedans va parler et lui crier : C’est lui !
Voltaire le plus souvent cédait et criait de sa place, en s’apercevant du changement : « Le petit a raison ; c’est mieux comme cela. » Tel il était jeune à Ferney près de Voltaire, tel près de Chateaubriand à la fin de sa carrière, quand il disait à l’auteur du Génie du christianisme : « Enfermez-vous avec moi pendant quelques matinées, et nous ôterons tous ces défauts qui les font crier, pour n’y laisser que les beautés qui les offensent. » Je tiens à bien marquer en La Harpe cette nature essentielle de critique qui, à travers tous ses écarts, est son titre respectable ; qui fait que Voltaire a pu l’appeler à un certain moment « un jeune homme plein de vertu » (ce que les Latins auraient appelé animosus infans), et qui fait aussi que Chateaubriand l’a défini, « somme toute, un esprit droit, éclairé, impartial au milieu de ses passions, capable de sentir le talent, de l’admirer, de pleurer à de beaux vers ou à une belle action ». […] Il en indiquait les défauts, il en montrait les beautés toutefois, et remarquait que Voltaire, qui s’était essayé sur un sujet à peu près semblable dans Zulime était loin d’avoir réussi à égaler Racine : « C’est donc une terrible entreprise, concluait-il, que de refaire une pièce de Racine, même quand Racine n’a pas très bien fait. » Que La Harpe, lié comme il était à Voltaire par les liens d’une reconnaissance presque filiale ; à qui Voltaire écrivait : « Mes entrailles paternelles s’émeuvent de tendresse à chacun de vos succès » ; que La Harpe eût pu choisir un autre moment et une autre circonstance pour parler de Voltaire dans cette trêve de silence qui s’observait depuis sa mort, on le conçoit aisément : mais, quand on a lu le judicieux et innocent article dans le Mercure même, on a peine toutefois à comprendre la colère et l’indignation factices qu’il excita au sein de la coterie voltairienne.
Saint-Simon, qui nous l’a peinte à ravir dans sa première forme, nous la montre encore dans le plein de sa beauté et dans la grandeur de sa représentation, qu’elle sut soutenir à travers toutes les fortunes : C’était une femme plutôt grande que petite, brune avec des yeux bleus qui disaient sans cesse tout ce qui lui plaisait, avec une taille parfaite, une belle gorge, et un visage qui, sans beauté, était charmant ; l’air extrêmement noble, quelque chose de majestueux en tout son maintien, et des grâces si naturelles et si continuelles en tout, jusque dans les choses les plus petites et les plus indifférentes, que je n’ai jamais vu personne en approcher, soit dans le corps, soit dans l’esprit, dont elle avait infiniment et de toutes les sortes ; flatteuse, caressante, insinuante, mesurée, voulant plaire pour plaire, et avec des charmes dont il n’était pas possible de se défendre quand elle voulait gagner et séduire ; avec cela un air qui, avec de la grandeur, attirait au lieu d’effaroucher ; une conversation délicieuse, intarissable, et d’ailleurs fort amusante par tout ce qu’elle avait vu et connu de pays et de personnes ; une voix et un parler extrêmement agréables, avec un air de douceur ; elle avait aussi beaucoup lu, et elle était personne à beaucoup de réflexion.
Pourtant, quand il aura vu Rome, c’est-à-dire la grande et suprême beauté, il regrettera plus d’une de ses exclamations premières et superlatives, qui lui sont échappées : « À mesure qu’on se forme le goût, on devient plus difficile. » Il ne regarde pas seulement ce qui est de l’art, il fait attention aux hommes, beaucoup aux dames, à la société, aux conversations, à la nature. […] En pénétrant si bien dans le secret des beautés étrangères et de l’art immortel, de Brosses se montre à la fois tout à fait lui-même ; il reste bien Français, de son pays et de sa race.
Puisqu’un mot vient d’être dit de la beauté de Marguerite de Navarre, qu’en faut-il penser ? […] Marot lui-même, en la louant, insiste particulièrement sur son caractère de douceur qui efface la beauté des plus belles, sur son regard chaste, et ce rond parler, sans fard, sans artifice.
La beauté de toute chose ici-bas, c’est de pouvoir se perfectionner ; tout est doué de cette propriété : croître, s’augmenter, se fortifier, gagner, avancer, valoir mieux aujourd’hui qu’hier ; c’est à la fois la gloire et la vie. La beauté de l’art, c’est de n’être pas susceptible de perfectionnement.
Quoiqu’il y ait beaucoup de mélodie dans les complaintes, Laforgue, se souciant moins de musique (sauf pour évoquer quelque ancien refrain de la rue), négligeait de parti-pris l’unité strophe, ce qui causa que beaucoup de ses poèmes parurent relever, avec des rythmes neufs à foison, et tant de beautés, de l’école qui tendait seulement à sensibiliser le vers, soit celle de Verlaine, Rimbaud et quelques poètes épris de questions de césure, doués dans la recherche d’un vocabulaire rare et renouvelé. […] Sans doute, ils connaissent l’admirable beauté intérieure (malgré l’uniformité de la coupe et de la rime du vers de Corneille, de celui de Racine, le charme de ceux de La Fontaine, et leurs ressources oubliées).
Il combat le Christianisme, qui est une cause d’affaiblissement cérébral chez les nations méditerranéennes et cherche à lui substituer le culte de la Beauté tel qu’on le pratiquait chez les Grecs. […] Le groupement des hommes par races est une utopie pour quiconque a la moindre connaissance des doctrines socialistes, et le culte de la Beauté préconisé par ce bon Raynaud, allez donc en parler à l’armée des malheureux qui n’ont pas un morceau de pain à se mettre sous la dent.
Il ou elle en a comme cette statue antique, que nous ne nommerons pas, a de la beauté qui ne l’empêche pas d’être un monstre. […] Belle autrefois, mais d’une beauté métaphysique, pour ainsi dire, et méprisée des sensuels et des connaisseurs en volupté ; d’un visage correct de médaille que ne réchauffaient même pas ses cheveux blonds devenus très vite blancs, entre la vieillesse et la pensée, elle a dû être mauvaise à aimer pour les âmes ardentes Comme elle a dû les impatienter !
On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue ; et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakespeare, indifférent à tout excepté à la beauté comme Gœthe, on va quelque temps ainsi, misérable et superbe, comédien à l’aise dans le masque réussi de ces traits grimés ; mais il arrive que tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah ! […] Si à quelques places, comme dans la pièce La Géante, ou dans Don Juan aux Enfers, — un groupe de marbre blanc et noir, une poésie de pierre (di sasso) comme le Commandeur, — Baudelaire rappelle la forme de Victor Hugo, mais condensée et surtout purifiée ; si, à quelques autres, comme La Charogne, la seule poésie spiritualiste du recueil, dans laquelle le poète se venge de la pourriture abhorrée par l’immortalité d’un cher souvenir : Alors, ô ma beauté !
Or, la beauté, la grandeur, la force, toutes les qualités, toutes les propriétés périssent, dès que périt le fait ou l’être dont elles sont les qualités et les propriétés. Quand un beau tableau est brûlé, sa beauté ne subsiste plus.
Sa beauté fit ses malheurs, parce qu’elle produisit ses faiblesses, et peut-être ses crimes. […] La mort d’une femme et d’une reine sur l’échafaud, tant de beauté jointe à tant d’infortune, la pitié si naturelle pour le malheur, l’attachement des Français pour une princesse élevée parmi eux, et qui avait été l’épouse d’un de leurs rois ; l’intérêt qu’on prend peut-être malgré soi à des malheurs causés par l’amour ; le nom même de la religion, car elle fut mêlée à ce grand événement ; et l’Europe, agitée alors de fanatisme, regardait presque la querelle de deux reines rivales, comme la querelle des catholiques contre les protestants : tout contribua au grand succès de cet éloge funèbre.
Au moment où, conduit par une rêverie savante à ce matérialisme épicurien dont César devait abuser en factieux quelques années après, Lucrèce allait expliquer la formation spontanée du monde, l’action exclusive de la matière, l’intelligence passagère qui en résulte et la mortalité absolue de l’être humain, il élève ses regards vers les cieux ; il y voit briller un astre cher à la superstition romaine ; il en retrouve le souvenir et le nom dans les origines de Rome, et il ouvre son poëme antimythologique et antiplatonique par cette invocation incomparable à la déesse de la fécondité dans la nature, à cette déesse de la beauté et de l’amour, qu’il supplie de désarmer le dieu de la force et de la guerre : « Mère des enfants d’Énée, charme des hommes et des dieux, bienfaisante Vénus ! […] A-t-elle perdu la chaste fleur de sa beauté, elle n’est plus aimable aux yeux des adolescents, ni chère aux jeunes filles.
C'est la poésie des recueils sur le théâtre ; » voulant faire entendre que le succès de Lucrèce est d’avoir fait connaître à tous sur la scène, en fait de beautés de style, ce qui auparavant s’imprimait un peu à la sourdine et n’était lu que des gens du métier.
Il a beau jeu pour venir démontrer aussi clair que le jour que le drame de Hugo ne vaut pas celui de Sophocle, et que le Père Goriot n’égale pas non plus en beauté Mérope ou Niobé.