/ 2301
1107. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

B. de Fouquières aura l’honneur d’avoir désormais attaché son nom d’une façon inséparable à la destinée d’un jeune dieu.

1108. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

Mais c’est surtout aux détails de mœurs, à l’influence des lieux sur les habitudes et la littérature des peuples, que nous attachons du prix.

1109. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

Entre ces limites, l’intérêt le plus gracieux, celui des jeunes filles et des jeunes gens qui n’ont pas encore aimé, est surtout pour l’amour jeune, adolescent, plein de pudeur et de mystère, pour le premier et le plus frais amour ; l’admiration et la sympathie des âmes fortement remuées par les passions s’attachent de préférence à l’amour plus complet, plus sévère et aussi plus fatal, tel qu’il éclate souvent au milieu de la virilité ou même sur le déclin, résumant et consumant du dernier coup toutes les puissances de notre être.

1110. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

Les souffrances et les craintes attachées à la servitude avaient hâté sa réflexion, et son expérience était plus âgée que le monde.

1111. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VIII. Du crime. »

Un certain degré de peine décourage et fatigue ; l’irritation du crime attache à l’existence par un mélange de crainte et de fureur ; elle devient une sorte de proie qu’on conserve pour la déchirer.

1112. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

C’est l’épopée des villageois, c’est la muse de la veillée qu’il invoque… Mais n’allons pas plus avant : nous enlèverions aux lecteurs futurs de ce poète des chaumières l’intérêt qui s’attache à tout dénouement.

1113. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

Et cette inconsistance logique n’est pas pour attacher à un récit qui ne se sauve point par la délicatesse des détails et la magie du style.

1114. (1890) L’avenir de la science « XI »

L’éducation, plus modeste, obligée de se borner et ne pouvant embrasser tout le passé, s’attache à la portion de l’antiquité qui, relativement à chaque nation, est classique, Or, ce choix, qui ne peut jamais être douteux, l’est pour nous moins que pour tout autre peuple.

1115. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Je ne veux pourtant pas en sortir encore ; trop de charmes m’y attachent, et à ma faiblesse, je sens que je ferais des efforts inutiles, on vous a dit vrai, si l’on vous a peint mon directeur comme un homme rigide ; mais vous ne devriez pas vous le figurer ridicule, Il ne défend point les plaisirs innocents ; mais il ne permet pas de traiter d’innocents ceux qui sont criminels.

1116. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

Le roi, à peine arrivé, et pendant que l’orgueil de madame de Montespan était au plus haut degré d’exaltation, prit du goût pour la comtesse de Ludres, qui était attachée au service de Madame.

1117. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

Ils avoient, à la vérité, des objets de culte, des sujets nationaux capables de captiver, d’attacher, d’emouvoir le Spectateur, sans recourir à ce sentiment trop foible pour des Républicains ; mais quand ces sujets leur auroient manqué, ils eussent dédaigné tout ce qui n’étoit pas propre à repaître & à soutenir l’élévation de leur ame.

1118. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

Ils ne se sont pas contentés de la gloire qui s’attache à des auteurs charmants.

1119. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

Un tremblement le saisit, il reste muet, la bouche entrouverte, et les yeux attachés sur son épouse.

1120. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

Mes yeux seraient encore attachés sur cette image, je m’y serais consumée d’un vain désir, si une voix dans le désert : « L’objet que tu vois, belle créature, est toi-même ; avec toi il fuit, et revient.

1121. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Et puis, je vous le demande, n’aimeriez-vous pas mieux cette tête coeffée d’humeur, sa draperie lâche et moins arrangée et son regard attaché sur le buste ?

1122. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

Je le laissai dire, mais tout bas je lui répondais, au dedans de moi-même : oui, quand on est un pauvre diable comme toi, quand on ne se peint que des images triviales ; mais quand on a de la verve, des concepts rares, une manière d’appercevoir et de sentir originale et forte, le grand tourment est de trouver l’expression singulière, individuelle, unique, qui caractérise, qui distingue, qui attache et qui frappe.

1123. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

Mais on attache d’abord ses regards sur un soldat, dont le visage et l’attitude font voir un homme plongé dans la réverie la plus sombre à la vûë de ce guerrier tombé dans la derniere misere d’un rang, qui fait l’objet de l’ambition des militaires.

1124. (1762) Réflexions sur l’ode

Ce n’est pas qu’il n’y ait autant et peut-être plus de mérite dans ces dernières, plus de feu, plus de variété, plus d’harmonie, plus de difficulté vaincue ; mais le mérite des épîtres est plus à notre portée, et plus à notre usage ; il est moins attaché à la langue, il passe plus aisément dans la nôtre.

1125. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

III Oui, se vanter — du fond de sa vieillesse de femme, — cet antre vide, — se vanter plus que d’avoir aimé, se vanter d’avoir été aimée, et avec les noms à l’appui, — tout au long, — des noms d’évêques, — de princes, — de littérateurs, — de savants, — de membres du Parlement d’Angleterre, couronnés enfin, tous ces noms, qui passent dans le grand défilé de la Revue des Morts, à minuit — par le nom d’un homme de génie, attaché, dans un ridicule immense, au pilori de ces Mémoires, cela ne devait-il pas suffire à l’inflammation de la tête d’une femme qui n’a jamais compris l’amour que comme Aspasie, et qui a toujours cherché son Périclès ?

1126. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Quelle que soit la livrée que la fortune ou notre volonté nous attache, philosophes ou religieux, aristocrates ou démocrates, nous sommes tous, plus ou moins, Girondins ou Montagnards.

1127. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

Il ne nous reste aucun des discours d’Auguste ; nous savons seulement que ce meurtrier avait un genre d’éloquence plein de simplicité et de grâce : il faisait des vers aisément16, et il avait composé les mémoires de sa vie : tout cela s’est perdu ; on se doute bien qu’il fut hué après sa mort ; on célébra son humanité et sa clémence sur la tribune où la tête sanglante de Cicéron avait été attachée.

1128. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Enfin, en plaçant le christianisme avec lui sur le trône, il fit la plus grande révolution qu’il y ait jamais eu dans les idées, les lois, les mœurs, l’esprit général des nations, changeant tout ce qui avait gouverné les hommes jusqu’alors, et devant influer, sans le savoir, sur presque tous les événements politiques et sacrés de l’histoire moderne ; tel fut le sort attaché au règne de Constantin.

1129. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Quel est au juste le degré d’honnêteté et de malhonnêteté du personnage, voilà pour lui la question importante ; il y rapporte toutes les autres ; il ne s’attache partout qu’à justifier, excuser, accuser ou condamner. […] Macaulay tire la discussion de la région métaphysique ; il la ramène sur terre ; il la rend accessible à tous les esprits ; il prend ses preuves et ses exemples dans les faits les plus connus de la vie ordinaire ; il s’adresse au marchand, au bourgeois, à l’artiste, au savant, à tout le monde ; il attache la vérité qu’il démontre aux vérités familières et intimes que personne ne peut s’empêcher d’admettre, et qu’on croit avec toute la force de l’expérience et de l’habitude ; il emporte et maîtrise la croyance par des raisons si solides que ses adversaires lui sauront bon gré de les avoir convaincus ; et si par hasard quelques personnes, chez nous, avaient besoin d’une leçon de tolérance, c’est dans cet Essai qu’elles devraient la chercher. […] Ils mettent ici les affaires religieuses, un peu plus loin les événements politiques, ensuite des détails littéraires, à la fin des considérations générales sur les changements de la société et du gouvernement, croyant qu’une collection d’histoires est l’histoire, et que des membres attachés bout à bout sont un corps. […] Glenlyon paraissait chaudement attaché à la nièce du vieux chef et à son mari Alexandre. […] Il n’est pas véritablement artiste : quand il fait une peinture, il songe toujours à prouver quelque chose ; il insère des dissertations aux endroits les plus touchants ; il n’a ni grâce, ni légèreté, ni vivacité, ni finesse, mais une mémoire étonnante, une science énorme, une passion politique ardente, un grand talent d’avocat pour exposer et plaider toutes les causes, une connaissance précise des faits précis et petits qui attachent l’attention, font illusion, diversifient, animent et échauffent un récit.

1130. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Les Papes, — quelques papes du moins, — goûtèrent vivement le noble plaisir de faire de la capitale de la chrétienté la capitale de la Renaissance ; et, chez nous, François Ier, le « Père des Lettres », ou ne comprit pas la nature de la révolution qui s’opérait, ou ne s’attacha qu’aux profits qu’il en pouvait immédiatement tirer. […] ii], — deviennent comme « indifférents au contenu », dont la forme seule est encore capable d’intéresser leurs sens, c’est précisément « au contenu » ou au fond des choses que nos écrivains s’attachent ; et ce qu’ils essaient d’en exprimer, c’est ce qu’ils voient ou ce qu’ils croient voir en elles de plus permanent et de plus universel. […] « N’attache-t-on pas aussi bien toute la philosophie à une vie populaire et privée qu’à une vie de plus riche étoffe ?  […] Entendez par cette restriction qu’elle s’attachera moins à traduire dans ses œuvres ce que toute morale a d’absolu dans son principe que ce qu’elle a toujours de relatif dans ses applications. […] Et enfin cette littérature ne pourra manquer d’attacher une grande importance aux agréments de la forme, en premier lieu parce qu’il faudra qu’elle plaise pour persuader ; en second lieu, parce que la forme seule est capable de sauver les généralités du « lieu commun », qui en est l’écueil ; et en troisième lieu, parce qu’elle a déjà refait sa « Poétique » et sa « Rhétorique » sur le modèle du latin.

1131. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Il ne s’agit pas, en effet, de discuter telle ou telle théorie littéraire, car Béranger, je le crois du moins, n’a jamais attaché grande importance aux théories, et ne s’en est guère préoccupé. […] Il attache sur les deux jumeaux un regard attendri, et répète d’une voix tout à la fois pieuse et fière : Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas ! […] Pour ma part, je l’avoue, tout en reconnaissant la noblesse, la générosité des sentiments qui l’attachent au patrimoine de sa famille, je ne puis m’empêcher de blâmer le parti qu’il a choisi. […] Il est évident que l’auteur attache une grande importance à cette apostrophe, et qu’il a voulu y déployer, comme dans le monologue de Charles-Quint, ce qu’il prend pour de la science politique. […] Hugo, elle a changé de nature, des ailes d’ange sont venues s’attacher à ses épaules.

1132. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Mais remarquez le genre très particulier aussi de gloire qui s’attache à ces hommes et à ces œuvres. […] Il veut qu’on amasse des faits et qu’on raisonne sur eux, attaché à eux et sans les quitter. […] Ils se sont attachés à dénoncer les imperfections et abus de la législation et de l’administration française et ils n’ont pas fait, en cette matière, un mauvais travail. […] Un grand destin commence ; c’est où elle tient son regard attaché ; un triste destin s’achève ; c’est d’où elle détourne volontiers les yeux. […] Ou plutôt, Hugo ne serait-il devenu lui-même qu’à partir du moment où il a dépassé l’école et la « formule » — comme on aime à dire aujourd’hui — où son nom reste attaché ?

1133. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Il était attaché à l’ambassade de Londres lorsqu’il écrivit les lignes suivantes : « London, covent garden, hood’s Tavern. […] Plus tard, ses passions s’attachèrent à des objets moins impalpables. […] Avec le goût des sciences naturelles, il avait celui des lettres, et il s’attacha aux littératures anglaise et allemande. […] Le Vidame ou Philotée n’était qu’un modeste fonctionnaire attaché à un ingrat travail de bureau, et échappant par la rêverie aux ennuis de son labeur quotidien. […] Je supporterais mieux des fardeaux énormes que cette poussière légère et presque impalpable, qui s’attache à moi.

1134. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Il est peu probable qu’il ait attaché, dans sa carrière contrastée, une grande importance à l’art d’écrire des romans. […] Les mains ne s’attachent pas aux bras ; les corps ont plus de douze fois la grandeur de la tête ; le moindre élève des Beaux-Arts rectifierait ces académies insuffisantes, comme le moindre vaudevilliste rebouterait les scènes et les dialogues de M.  […] Parlant de son plus long ouvrage, de cette Education sentimentale à laquelle il attachait une si grande importance, il s’écrie : « Et je ne fais rien de ce que je veux. […] C’est ainsi qu’à l’occasion de La Fontaine, et pour faire toucher au doigt l’attache qui unit la poésie du fabuliste au caractère de l’horizon natal, M.  […] V) revendique pour le romancier l’honneur d’avoir porté le long manteau blanc et le casque aux longs crins noirs, comme les soldats que Julien voit à leur retour d’Italie attacher leurs chevaux contre la fenêtre grillée de la maison de son père.

1135. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Mais ces diverses renommées successives, qui s’attachent à chacune des phases de la Révolution, viennent, en quelque sorte, trouver leur place et se donner rendez-vous en une seule célébrité qui les comprend et les concilie toutes dans leur ensemble, qui participe de ce qu’elles eurent de brillant ou de dévoué, de poli ou d’énergique, de sentimental ou de viril, d’imposant, de spirituel et d’inspiré, en relevant de plus, en encadrant tous ces dons par le génie qui les fait valoir et les immortalise. […] Un ordre de police la rejetait à quarante lieues de Paris : instinctivement, opiniâtrément, comme le noble coursier au piquet, qui tend en tous sens son attache, comme la mouche abusée qui se brise sans cesse à tous les points de la vitre en bourdonnant, elle arrivait à cette fatale limite, à Auxerre, à Châlons, à Blois, à Saumur. […] Du moment qu’elle se sent saisie par la passion, par cette griffe de vautour sous laquelle le bonheur et l’indépendance succombent, j’aime son impuissance à se consoler, j’aime son sentiment plus fort que son génie, son invocation fréquente à la sainteté et à la durée des liens qui seuls empêchent les brusques déchirements, et l’entendre, à l’heure de mourir, avouer en son chant du cygne : « De toutes les facultés de l’âme que je tiens de la nature, celle de souffrir est la seule que j’aie exercée tout entière. » Ce côté prolongé de Delphine à travers Corinne me séduit principalement et m’attache dans la lecture ; l’admirable cadre qui environne de toutes parts les situations d’une âme ardente et mobile y ajoute par sa sévérité. […] Je m’étais attaché de bonne heure, dans George Sand, à distinguer le côté délicat, passionné, et à désirer le voir triompher de l’élément plus fougueux et déclamatoire. […] En tête d’une réimpression de Corinne en 1839, nous ajoutions : « A mesure que le temps marche, l’intérêt qui s’attache à ces œuvres une fois reconnues comme subsistantes et durables peut varier, mais n’est pas moins grand.

1136. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Il est capable d’embrasser une cause, et d’y rester attaché, quoi qu’il arrive, malgré tout, jusqu’au bout. […] Ils l’enfoncent en eux par des méditations, ils la nourrissent de raisonnements, ils y attachent le réseau de toutes leurs doctrines et de toutes leurs expériences, en sorte que lorsqu’une tentation les assaille, ce n’est pas un principe isolé qu’elle attaque, c’est l’écheveau entier de leurs croyances qu’elle rencontre, écheveau infiniment ramifié et trop tenace pour qu’une séduction sensible puisse l’arracher. […] Quand une idée s’enfonce dans un esprit logicien, elle y végète et fructifie par une multitude d’idées accessoires et explicatives qui l’entourent, s’attachent entre elles, et forment comme un fourré et une forêt. […] C’est à lui qu’il s’attache ; c’est à lui qu’il abandonne tout son magasin de denrées religieuses, avec toutes les clefs et serrures. […] Dans son œuvre, on reconnaît deux Angleterres : l’une passionnée pour le beau, livrée aux émotions de la sensibilité effrénée et aux fantasmagories de l’imagination pure, sans autre règle que les sentiments naturels, sans autre religion que les croyances naturelles ; volontiers païenne, souvent immorale ; telle que la montrent Ben Jonson, Beaumont, Fletcher, Shakspeare, Spenser, et toute la superbe moisson de poëtes qui couvrit le sol pendant cinquante ans ; l’autre munie d’une religion pratique, dépourvue d’invention métaphysique, toute politique, ayant le culte de la règle, attachée aux opinions mesurées, sensées, utiles, étroites, louant les vertus de famille, armée et roidie par une moralité rigide, précipitée dans la prose, élevée jusqu’au plus haut degré de puissance, de richesse et de liberté.

1137. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Et cela peut-être parce que, s’il s’était attaché au roman, il aurait dû prendre pour exemple de la littérature à thèses, qu’il condamne, ses propres œuvres. […] Ils constituent le schéma que doit s’attacher à développer l’art du cinéma. […] Tête droite et obstinée, il s’est attaché à la lettre de la religion, et la lettre l’a trompé. […] Il glisse insensiblement à l’amour, avec le doux consentement qui l’attache au progrès d’une bonne œuvre. […] Estaunié s’est attaché à écrire, avec une sécheresse d’ingénieur vraiment consubstantielle au sujet, le roman de la douleur.

1138. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Dolon leur donne exactement toutes les instructions dont ils peuvent avoir besoin, leur proposant de l’attacher à un arbre jusqu’à leur retour, et leur promettant, en outre, une grosse rançon ; mais Ulysse et Diomède jugent qu’il est plus sûr de le tuer contre la foi jurée : ils lui ôtent la vie, après avoir tiré de lui tous ses secrets ; ce qui prouve que, même dans ces temps de naïveté et de simplicité, la fourberie et la trahison étaient à l’ordre du jour. […] Bérénice attache, intéresse, non pas avec des situations romanesques et un style barbare, mais par les sentiments les plus touchants, exprimés en vers enchanteurs ; Bérénice fait pleurer : si c’était une tragédie, que ferait-elle de plus ? […] On ne trouve point dans la séparation de deux amants de quoi attacher assez l’esprit ; on n’entre point aisément dans leurs douleurs, on ne partage point leurs tourments : toute cette grande délicatesse, cette générosité, cet héroïsme de sentiments ne paraissent pas avoir un objet assez important : on ne croit pas que l’amour d’une femme puisse influer sur le bonheur ou sur le malheur de la vie ; on pense que Titus, empereur romain, maître de l’univers, au moment où il monte sur le trône, ne doit pas être si cruellement déchiré par la nécessité de quitter une maîtresse qu’il a depuis cinq ans ; on suppose qu’il aura les moyens de s’en consoler, puisqu’il peut choisir entre les femmes de l’empire. […] s’il faut que je le die, Une esclave attachée à ses seuls intérêts. —  Si votre cœur était mains plein de son amour, Je vous verrais sans doute en rougir la première, Et pour vous épargner une injuste prière, Adieu, je vais trouver Roxane de ce pas, Et je vous quitte. — Et moi, je ne vous quitte pas…. […] On aimait beaucoup alors les bouffonneries, et le bas comique n’attachait pas assez d’importance à la comédie pour y chercher les sentiments, la délicatesse, la morale ; on ne regardait point du tout ce divertissement comme une école de mœurs et de vertu.

1139. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

L’prêtre est plus pâle que lui, il pleure… Attachez-lui donc les jambes… il est attaché… coulez-le sur la planche… bien, et d’un… (Mouvement.) […] Il a défait ses bras ; attachez-lui donc ses bras ; vous allez lui couper les mains… C’est pas un parricide… V’là qu’on lui attache les jambes… et de deux ! […] — Il eut alors un moment d’hésitation ; je voyais ses lèvres trembler ; ses yeux étaient attachés avec une expression d’angoisse sur le glorieux lambeau de soie déchirée, triste image de la patrie. […] Sa tête puissante était solidement attachée sur ses larges épaules ; ses sourcils buissonnaient. […] En visitant les vêtements de ce corps inconnu pour y découvrir quelques pièces d’identité, on vit un papier attaché par une épingle à la doublure du gilet.

1140. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Je veux parler de la réforme — ou plutôt de la transformation — qui s’est opérée dans notre poésie, de 1605 à 1630 environ, et à laquelle, depuis deux cent cinquante ou soixante ans passés, on est convenu d’attacher le nom de François de Malherbe. […] Voilà décidément un homme qu’il faut s’attacher ! […] « La société humaine demande que l’on aime la terre où l’on habite ensemble ; on la regarde comme une mère et une nourrice commune, on s’y attache, et cela unit. […] Mais, de tous les dogmes, s’il en est un auquel il se soit particulièrement attaché, qu’il ait en quelque sorte fait sien, j’ai tâché de le montrer, et je voudrais qu’on en fût convaincu, c’est le dogme de la Providence. […] Plus nouvelle au xviiie  siècle, ou renouvelée de plus loin que l’idée de la stabilité des lois de la nature, c’est à cette idée de la solidarité des sciences qu’il semble que le nom de Fontenelle doive surtout demeurer attaché.

1141. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Buloz m’attacha à la Revue des Deux Mondes. […] Ne convient-il pas, si l’on exige à toute force des solennités, de s’attacher à de plus nobles noms ? […] Sainte-Beuve a attaché ce souvenir particulier, en tête du premier volume : « 1820.

1142. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Les initiations égyptiennes, auxquelles il n’attachait pas tout le sens que plus tard il y a vu, l’attiraient vaguement à leurs profondeurs. […] Puissent-ils tous les deux, et tous ceux qui seront remplis du même esprit, avoir assez de force ascendante pour élever tout ce qui s’y attachera vers une sphère plus heureuse !  […] Sur les pas des chœurs de Sophocle, et inspiré par la muse de la douleur, le poëte s’attachait à peindre l’histoire même de l’homme, de cet être qui, aux termes de l’énigme, n’a qu’une voix et n’est debout qu’un instant, l’histoire de ses misères, de ses faiblesses, de ses félicités trompeuses, suivies d’amers retours.

1143. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

« Enfin, si je manque à la parole que j’avais donnée à mes amis, ils doivent me le pardonner : c’est l’effet de cette variation attachée à l’esprit humain, dont personne n’est exempt, excepté ces hommes parfaits qui ne perdent pas de vue le souverain bien. […] « Il viendra bientôt, dit-il dans une des poésies qu’il écrivit alors, il viendra bientôt après Clément VI un homme triste et pesant ; il engraissera les pâturages romains avec le fumier d’Auvergne. » Ce pape cependant fit quelques avances au poète pour l’attacher à sa cause. […] Pétrarque fit ses conditions avant de s’attacher à ce souverain : il se réserva sa liberté et sa solitude.

1144. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

La branche d’un myrte auquel Roger a attaché par la bride l’hippogriffe, et dont le cheval cherche à se dégager, pousse une plainte humaine ; l’écorce sue de douleur et de honte comme une peau humaine. […] Le portique, assez vaste pour contenir une foule de clients ; l’escalier de marbre blanc à rampes moulées ; la salle des gardes, presque aussi longue et aussi large que le palais lui-même ; la tribune haute qui régnait sous les corniches ; les fresques poudreuses qui décoraient le sombre plafond ; les statues de nobles Vénitiens sous leur armure, qui contemplaient les passants du fond de leurs niches autour de la salle ; le parvis négligé et humide de cette salle ; les volées de colombes qui s’y abattaient librement par les fenêtres ouvertes ; le vent de mer qui faisait tinter ces vitres, mal attachées aux châssis de plomb ; enfin le léger et mélancolique clapotement des petites vagues du canal contre les marches extérieures de l’escalier : tout cela donnait au palais de Léna une apparence et comme une odeur de sépulcre, qui imposait à tous les sens une certaine langueur molle, le caractère de la ville et des habitants. […] « En parcourant des pas et du regard les alentours de la grotte, il vit des caractères gravés sur l’écorce de tous les arbrisseaux qui croissaient auprès de la source, et aussitôt qu’il y eut attaché les yeux avec attention, il fut trop convaincu que ces caractères étaient gravés par la main de sa divinité terrestre ; cet antre et cette source étaient un des sites que j’ai décrits plus haut, que la belle reine du Cathay avec son cher Médor fréquentaient le plus souvent, parce que c’était le lieu de repos le plus voisin de la cabane du berger.

1145. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Durkheim s’attache à montrer l’indépendance relative des phénomènes de la pensée à l’égard des conditions cérébrales1. […] Cela revient à dire qu’on ne peut être conforme qu’à la condition de ne pas penser du tout ; que l’on doit s’attacher à une formule. […] N’avoue-t-il pas n’attacher pour la même raison que peu d’importance à la découverte de Leverrier25 ?

/ 2301