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597. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

; après avoir fait toucher du doigt les premières difficultés presque insurmontables avec lesquelles on était aux prises ; lorsqu’il arrive à l’ouverture des Chambres et à l’essai de ce nouveau régime de discussion, M.  […] Ce n’est pas un peintre qui se concentre dans des tableaux à part, en y sacrifiant les alentours ; il ne sacrifie rien, il arrive par des revues étendues à un effet d’ensemble, sans rien de bien accentué dans le détail. […] Thiers n’est guère différente ; il est arrivé seulement que M. de Viel-Castel, plus attaché d’origine aux traditions monarchiques, n’a pas craint de se montrer à la rencontre plus rude parfois et plus bref dans l’énoncé de ses jugements envers d’anciens amis ; il n’y a pas mis tant de façons : M. 

598. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

M. de Musset n’échappera point à ce destin dont il n’aura peut-être point tant à se plaindre ; car il y a de lui des accents qui iront d’autant plus loin, on peut le croire, et qui perceront d’autant mieux les temps, qu’ils y arriveront sans accompagnement et sans mélange. […] Auguste Vacquerie Un adolescent imberbe et gracieux, qui aspire à la force et qui n’y arrive pas, tel est Alfred de Musset comme homme — et comme poète. […] Mais, d’abord, elle s’épuise très vite, et, d’autre part, pour arriver à l’expression artistique, il faut qu’elle se rencontre en nous avec des facultés, des ressources, des talents, qui, d’ordinaire, ne sont pas du même âge qu’elle.

599. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre X. L’antinomie juridique » pp. 209-222

Il est arrivé au droit ce qui est arrivé à la religion et à l’art. […] La fonction arrive fatalement à dominer l’individu.

600. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

Des témoignages d’admiration et de sympathie arrivaient de l’étranger. […] Et ü arrivait aussi que l’on eût à se garer d’une querelle de ménage continuée, la parte ouverte, sur le palier et d’en recevoir les éclaboussures. […] Si douées d’attrait que fussent ces soirées chez un Verlaine en possession de la vogue et promu à la bruyante célébrité, elles n’arrivaient pas, à cause de leur pêle-mêle et de leur tohu-bohu, à me faire oublier les bonnes et paisibles soirées d’antan passées chez un Verlaine abandonné et méconnu et qui consentait à recevoir à l’improviste, autour de son lit de malade, quelques intimes privilégiés.

601. (1890) L’avenir de la science « IX »

Pourquoi le philologue, manipulant les choses de l’humanité pour en tirer la science de l’humanité, est-il moins compris que le chimiste et le physicien, manipulant la nature, pour arriver à la théorie de la nature ? […] Il n’est plus temps sans doute de réclamer contre cette élimination nécessaire : la philosophie, après avoir renfermé dans son sein toutes les sciences naissantes, a dû les voir se séparer d’elle aussitôt qu’elles sont arrivées à un degré suffisant de développement. […] La loi régulière du progrès, prenant son point de départ dans le syncrétisme pour arriver, à travers l’analyse, qui seule est la méthode légitime, à la synthèse, qui seule a une valeur philosophique, pourrait le faire espérer.

602. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

En se dissolvant elle se divise, et voici de quelle façon : Le royaume chancelle, la dynastie s’éteint, la loi tombe en ruine ; l’unité politique s’émiette aux tiraillements de l’intrigue ; le haut de la société s’abâtardit et de génère ; un mortel affaiblissement se fait sentir à tous au-dehors comme au-dedans ; les grandes choses de l’état sont tombées, les petites seules sont debout, triste spectacle public ; plus de police, plus d’armée, plus de finances ; chacun devine que la fin arrive. […] Quand le jour de la disgrâce arrive, quelque chose de monstrueux se développe dans le courtisan tombé, et l’homme se change en démon. […] Un beau matin, il lui arrive un malheur.

603. (1890) Dramaturges et romanciers

C’est ce qui est arrivé plus d’une fois à M.  […] Nous arriverons à mieux connaître la réalité, mais arriverons-nous à mieux la sentir que nos devanciers ? […] pourquoi donc suis-je arrivé si tard ? […] D’autres, pour être remarqués, ont besoin d’arriver ; mais lui a été remarqué dès le jour du départ. […] Rien n’est imparfait sans doute ; mais tout est rapide, et l’on dirait qu’arrivé à une certaine partie de son récit, M. 

604. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Le lauréat évincé ne se tint pas pour battu, et aux approches du terme fixé, il fabriqua en toute hâte un nouveau discours, qu’il fit cette fois arriver de Paris par la poste. […] Thiers était nouvellement arrivé à Paris en septembre 1821. […] Thiers, disions-nous, n’est entré pleinement dans l’histoire de la révolution française qu’à son troisième volume : il y arrive, pour ainsi dire, avec les Marseillais eux-mêmes, à la veille du 10 août. […] On a tant parlé en tous sens de cette doctrine qu’on rattache communément à leurs noms, qu’il est impossible qu’on ne l’ait pas exagérée, comme cela arrive toujours. […] Arriver à être court en restant facile et sans cesser d’être abondant par le fond, ce résultat obtenu résumerait la perfection de sa manière.

605. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Qu’arriva-t-il alors ? […] Puis arrive l’érudition chez nous, comme en Italie. […] L’esprit moderne est arrivé là par un détour. […] Car il arrivait alors pour le latin, ce qui arriva pour le français dans une partie des contrées de l’Europe. […] Arrive l’homme de génie ; il a une langue à lui.

606. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

C’est ce qui m’arrive aujourd’hui. […] Véranet arrive : « Regarde ! […] Et voyez ce qui arrive aujourd’hui. […] Il arrive, ce beau neveu. […] » Les gendarmes arrivent et entourent les révoltés.

607. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

La vie de ce poète original, à la fois grave et charmant, est des plus singulières, toute simple au-dehors et semée au-dedans d’écueils et de précipices ; il est arrivé à composer ses œuvres si morales et si attachantes par un chemin très détourné, très éloigné des voies communes, et qu’il n’eût conseillé à personne. […] Il continuait de vivre ainsi de cette vie sans règle et sans excès apparent, lettré amateur, agréable à sa société, badin, d’une espièglerie spirituelle et vive, semblant avoir pris pour devise ce mot d’un poète : « Dilecto volo lascivire sodali », et, pour tout dire, le plus aimable des compagnons, lorsque arriva le grand événement qui l’arracha à la société, le plongea en d’inexprimables angoisses et l’amena graduellement, et par des épreuves douloureuses, à un état de rajeunissement et de maturité d’où sortirent des productions de génie. […] Pendant plus de dix-huit mois de séjour en cette maison de santé du docteur Cotton à Saint-Alban (décembre 1763 — juin 1765), il eut à traverser bien des crises et des épreuves morales avant d’arriver à une sorte de guérison. […] Il se laissait volontiers prendre et emporter dans mes bras, et plus d’une fois il lui est arrivé de s’endormir sur moi. […] Durant les six années suivantes (1774-1780), l’esprit de Cowper et ses facultés effrayées vont se recueillir et se relever peu à peu, jusqu’à ce qu’il arrive insensiblement à les posséder dans toute leur force et dans toute leur grâce, et à trouver pour la première fois (phénomène singulier !)

608. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

C’est ce qui lui est arrivé en dernier lieu pour le roman intitulé Le Val funeste, qui, on l’a dit plaisamment, est devenu pour lui Le Vol funeste. […] Certes, si on lisait avec un peu d’attention et de critique, si l’on se donnait la peine de comparer et de raisonner à propos de lectures auxquelles on ne demande qu’une heure de distraction et de délassement, on arriverait à une conviction personnelle très motivée, et qui dispenserait (au moins pour soi, simple lecteur) de beaucoup d’autres recherches. […] Il y a plus, et, indépendamment des questions de dates, on arriverait, rien qu’avec les lettres qu’on publie et dont j’ai les originaux sous les yeux, à être assuré que les prétendus mémoires ne sont, à aucune degré, de la marquise de Créqui elle-même. […] Il ne sait pas qu’elle était une des premières à qui ils avaient fait part en novembre 1785 du mariage de leur fille avec l’ambassadeur de Suède : « Je n’ai jamais rencontré Mme de Staël que deux fois dans ma vie, lui fait-il dire, et c’était premièrement à l’hôtel de Bouliers, où j’arrive un soir au milieu d’une belle conversation de Mlle Necker avec M.  […] Elle compatit aux pauvres gens et aux affligés que frappe cette banqueroute ; elle en donne les détails et les chiffres précis à Senac de Meilhan, son correspondant très cher ; et, voyant la superbe famille de Rohan si humiliée et par cette catastrophe et par d’autres accidents qui bientôt suivirent, elle en revient aux réflexions morales ; elle se félicite au moins de ne tenir à rien, et de ne point prêter à ces revers subits du faste et à ces chutes de l’ambition ; elle se rejette dans la médiocrité, comme disait La Bruyère : Ô obscurité, s’écrie-t-elle avec un sentiment moral qui ferait honneur à toutes les conditions, tu es la sauvegarde du repos, et par conséquent du bonheur ; car qui peut dire ce qu’on serait en voulant des places, des biens, des titres, des rangs au-dessus des autres, où on arrive par l’intrigue, où on se maintient par la bassesse, et dont on sort avec confusion souvent, et toujours avec douleur ?

609. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Vous n’étiez plus pour moi qu’un songe agréable, lorsque le bruit du malheur qui vous est arrivé m’a attendrie ; les larmes auxquelles je n’ai voulu faire nulle attention, quand vous m’avez voulu persuader que je les causais, m’ont frappée, sans savoir même si vous en avez versé, dans une occasion dont on se console quelquefois plus aisément que de la perte d’une maîtresse. […] Ducs manants d’un côté, robins décrassés de l’autre, tout empiète sur l’homme de qualité : faites comme tout le monde avec ces gens-là, vous les avez toujours sur les épaules ; sachez vous annoncer et vous redresser, vous les voyez arriver plus bas que terre. […] Mais pendant ce temps-là, Mirabeau court le monde, rompt avec sa dame, arrive à Paris et s’y établit. […] Mais peut-être qu’avant d’y arriver, le diable emportera la voiture ! […] lui qui croit sentir mieux que Mirabeau ce que c’est que l’ambition et la grande, ce que c’est qu’être acteur tout de bon dans ce monde ; qui ne ferait pas fi de cette scène de la Cour s’il y était ; qui ne verrait dans ce Versailles même qu’un vaste champ ouvert à ses talents de toute sorte, y compris l’insinuation et le manège (l’honnête manège, comme il l’entend et dont il se pique avec un reste d’ingénuité), il éclate et tire le rideau de devant son cœur, par une admirable lettre, qui sera suivie de plusieurs autres pareilles ; de sorte que Mirabeau, arrivé en cela à ses fins, a raison de s’écrier : « Ne vous lassez pas de m’en écrire… Je vous aurai par morceaux, mon cher Vauvenargues, et quelque jour je vous montrerai tout entier à vous-même. » Ces lettres, en effet, qui sont mieux que des pages d’écrivain, manifestent l’âme même de l’homme, l’âme virile dans sa richesse première et à l’heure de son entrée en maturité.

610. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Ceux qu’il soulagea ne l’en remercièrent point, trouvant que c’était justice, comme il arrive toujours ; et ceux qu’il augmenta crièrent si hauts cris, voulant le manger, que tout retentit de reproches qui assiégèrent le trône et la Cour. […] Il emploie souvent, en écrivant pour lui seul, cette forme de phrase, cette agréable supposition, qui lui semble toute naturelle : Si j’étais premier ministre… : il y visait, et plus d’une fois il se crut tout près d’arriver. […] Quand il espère arriver par quelqu’un au ministère, ce quelqu’un (fût-ce le valet de chambre Bachelier) prend aussitôt à ses yeux une couleur de bon citoyen. […] Bans l’un de ces remaniements ministériels auxquels il s’amuse à huis clos, on lit cet article, d’une attention touchante : « M. d’Argenson le cadet serait exclu pour toujours de toutes ces places. » C’est ainsi que, comme le loup qui rôde autour de la bergerie, il sonde de tous côtés le ministère par ses conjectures ; il s’y fraye une place, n’importe laquelle ; et, dans les moments où il espère le moins, il se croit assez important et assez dangereux aux cabales pour qu’on cherche à se débarrasser de lui : « On m’éloignera sans doute par des ambassades, et je m’y attends. » Ce Journal, monument d’une personnalité toute crue et naïve, et toute pavoisée d’honnêteté à ses propres yeux, ce singulier et bruyant soliloque d’un ambitieux sans le savoir, qui s’exalte in petto et se préconise, d’un vertueux qui grille d’envie que le pouvoir lui arrive et qui l’attend d’heure en heure pour faire, bon gré mal gré, le bonheur des hommes, est curieux pour le moraliste, non moins qu’instructif pour l’historien. […] Mais qu’arrive-t-il ?

611. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

En voyant arriver quelques mois auparavant le duc de Nivernais pour négocier la paix, comme il était très-petit et chétif, Charles Townshend, sur le premier coup d’œil, avait dit : « On nous a envoyé les préliminaires d’un homme pour signer les préliminaires de la paix. » Cette nature puissante et vitale des Anglais venait à bout aisément des nerfs de nos petits-maîtres et de nos petites-maîtresses qui n’en pouvaient plus et étaient littéralement sur les dents. […] On y voit le goût, la raison et la simplicité, comme à son a jardin d’Auteuil. » La relation fort particulière qu’elle avait liée avec le roi de Suède, Gustave III, et qui remontait à l’année 1771 lorsqu’il arriva à Paris n’étant que Prince Royal, amena une Correspondance entre eux. […] Elle dut se borner à aller, dans l’été de 1780, aux eaux de Spa, où le roi de Suède arriva bientôt de son côté ; elle l’y attendait. […] Mais aucun écho ne nous arrive du dedans, et pas un sentiment ni une parole ne transpire. […] Il s’agissait de la traduction d’un ouvrage anglais dont, par malheur, Dutens n‘a pu nous dire le titre ; sans quoi Ion arriverait à savoir le nom de ce moine si digne d’intérêt et si reconnaissant.

612. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Le père, arrivé le premier, attend, s’inquiète, prête l’oreille au galop lointain du cheval… Ce monologue est des plus saisissants. […] L’infante arrive en visite chez Chimène ; elle vient tâter le terrain, voir s’il n’y a pas là quelque chose à faire. […] Quoi qu’il arrive, et malgré tout ce qui a été promis, elle se flatte de ne jamais être à Rodrigue et de lui susciter au besoin mille autres ennemis. […] Mais qu’arrive-t-il à l’instant même ? […] Dans le temps de la seconde démarche de Chimène auprès du roi, quand le monarque se décide à publier le cartel proposé par elle et annonçant qu’à celui qui lui apportera la tête de Rodrigue elle donnera, s’il est noble et son égal, tous ses biens avec sa main, sur ces entrefaites Rodrigue est allé en pèlerinage pour l’expiation de ses péchés à Saint-Jacques de Galice, accompagné de deux écuyers ; et c’est en route que lui arrive une aventure des plus touchantes, léguée de longue main par la tradition, et en apparence des plus étrangères à l’action principale.

613. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Dans les esquisses de mœurs qui composent son Époque sans nom, il émousse son épigramme quand il arrive au Palais de justice. […] C’est ce qui arrive à tout ce qui n’a pas été animé, à sa naissance, d’un souffle ardent, ou fixé d’abord d’un trait immortel. […] Ainsi, quand le comte de Soissons se rapproche de son neveu le prince de Condé en 1611, et unit ses intérêts aux siens, cette association est si bien liée, que les mémoires du temps font remarquer avec surprise que rien ne put la rompre jusqu’à la mort du comte de Soissons, « qui arriva un an après ». La malice de l’historien est toute dans ce trait : qui arriva un an après. […] Bien différent de l’historien moraliste Lemontey, avec qui il n’était pas sans quelque rapport, mais qui resta toujours académique dans le mauvais sens et précieux, son propre style, à lui, s’était simplifié ; les derniers écrits sortis de sa plume sont aussi ce qu’il a produit de mieux et de plus parfait : il était arrivé à l’excellent.

614. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

On arrive ainsi, par une série non interrompue de récits mémorables, jusqu’aux époques de Louis XIII et de Louis XIV, si riches en ce genre de productions et de témoignages. […] Saint-Simon arrive donc au milieu de toute cette foule en déshabillé, qui lui est la plus agréable des fêtes. […] Cela dit, et sa propre confession faite, il arrive délibérément à celle des autres, et il entame en toute conscience cette espèce de dissection universelle, cette ouverture impitoyable des âmes, qui le fait ressembler, au milieu de cette foule éparse, à un loup qui serait entré dans la bergerie, ou encore à un chien de meute qui serait à la curée. […] Des changements de posture, comme des gens peu assis ou mal debout ; un certain soin de s’éviter les uns les autres, même de se rencontrer des yeux ; les accidents momentanés qui arrivaient de ces rencontres ; un je ne sais quoi de plus libre en toute la personne, à travers le soin de se tenir et de se composer ; un vif, une sorte d’étincelant autour d’eux les distinguaient, malgré qu’ils en eussent. […] Au moment où, dans le Conseil de régence, le duc d’Orléans, soufflé par Saint-Simon, est arrivé à déclarer sa résolution de remettre les bâtards de Louis XIV à leur simple rang de pairs, et où la batterie contre ces favoris déchus se démasque, il faut lire cette page étonnante et voir tous ces nuages d’un brun sombre qui, à l’instant, s’abaissent sur les visages des assistants, des Villars, des Tallard, des d’Estrées, et autres membres du Conseil : toutes les diversités de ce nuageux et de ce sombre y sont marquées.

615. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

De 1821 à 1828, chacun, tôt ou tard, arrivait à son tour à l’opposition, et y faisait la guerre à son poste, à sa manière. […] Leclercq a cru devoir y ajouter un mot à l’adresse des nombreux arrangeurs, qui s’étaient emparés de l’idée de certains proverbes pour les transporter au théâtre, sans lui demander son agrément : Le fait, disait-il, s’est établi comme un droit, ainsi qu’il arrive pour des choses beaucoup plus importantes. […] Par réciprocité, il ne m’est pas arrivé une seule fois d’aller voir comment ils m’avaient arrangé pour la perspective théâtrale. […] Le jeune homme arrive à Paris avec son futur beau-père, celui même chez qui il s’est rendu coupable du méfait, et il trouve moyen, avant que son oncle se soit mis sur ses gardes, de lui prouver que lui, M.  […] La belle veuve, à le voir si tranquille en ce jour solennel, et si bien établi tout le soir dans le salon, en est piquée et presque irritée ; elle va jusqu’à se repentir, et elle ne sait pas dissimuler devant ses bonnes amies, qui ne demandent pas mieux que de surprendre sa faiblesse ; retirée chez elle, elle est près de se porter à quelque résolution extrême, et de vouloir continuer ses habitudes de veuve, lorsque pourtant, bien qu’un peu tard et fort tranquillement, M. de Gerfaut arrive.

616. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Mme Du Deffand a peint cette même gracieuse personne quelques années plus tard (20 février 1767) : La petite Lauzun arriva… La petite femme est un petit oiseau qui n’a encore appris aucun des airs qu’on lui siffle ; elle fait de petits sons qui n’aboutissent à rien ; mais, comme son plumage est joli, on l’admire, on la loue sans cesse ; sa timidité plaît, son petit air effarouché intéresse. […] La baronne me mena à une fête chez l’électrice palatine, à Oggersheim, où elle ne fut pas fâchée de me montrer, ainsi qu’un petit cheval isabelle, à crins blancs, qu’on lui avait envoyé de Mecklembourg, et qui lui était arrivé en même temps que moi. […] On lui donna la coupe ; il la porta à miss Marianne en y mettant un petit billet tout préparé à l’avance, qui disait : « Sir Marmaduke étant arrivé un instant trop tard, permettez-moi de suivre ses intentions et de mettre la coupe à vos pieds. » Miss Marianne reconnaissait l’écriture de Lauzun et disait : « Il est charmant !  […] À la date où Lauzun faisait ce raisonnement de prodigue, Franklin arrivait comme ambassadeur de son pays à la cour de France, Franklin représentant le génie du bon sens, du travail et de l’économie, tout l’opposé d’un Lauzun. […] Je n’ai point voulu que ma réclamation, étant différée, arrivât trop tard.

617. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Ce qui ressort des premiers travaux de ce jeune homme, déjà arrivé à l’âge de trente ans, c’est l’indépendance du jugement, l’habitude d’avoir son avis en toute matière sans en demander la permission à son voisin ; et le besoin d’exprimer cet avis hautement et devant le public. […] Parlant de l’Histoire philosophique de l’abbé Raynal, il en relève, dans ses Annales (15 juin 1781), toutes les déclamations ridicules ou dangereuses : Quelles que soient leurs opinions, demandait-il, que les philosophes regardent les mœurs de notre siècle, et qu’ils nous disent si le moment est arrivé de diminuer les motifs d’être vertueux… Quels remords n’aurait pas M.  […] Quand il se décida à se transporter à Paris avec sa famille, vers 1783 ou 1784, Mallet avait près de trente-cinq ans ; il était mûr, et il arrivait sur le grand théâtre avec toutes les qualités et dans les dispositions les plus propres pour le bien juger. […] Dès l’abord, on voit que si Mallet est partisan des gouvernements mixtes et des monarchies tempérées ; que si, élevé et nourri dans sa petite république au sein des troubles populaires, il en a conclu que les gouvernements mixtes sont « les seuls compatibles avec la nature humaine, les seuls qui permettent la rectitude et la stabilité des lois, les seuls en particulier qui puissent s’allier avec la dégénération morale où les peuples modernes sont arrivés », on voit, dis-je, que si sa profession de foi est telle, ce n’est pas qu’il méconnaisse le principe puissant et la force transportante de la démocratie : bien au contraire, et c’est pour cela qu’il la redoute : il ne faut pas s’y méprendre écrit-il, de toutes les formes de gouvernement, la démocratie, chez un grand peuple, est celle qui électrise le plus fortement et généralise le plus vite les passions. […] Cet art est subordonné aux changements qui arrivent chez un peuple et à la situation dans laquelle il se trouve. » Je n’ai qu’un désir, c’est de présenter aux esprits qui me font l’honneur de me suivre quelques idées sérieuses qui ne soient pas étrangères à nos temps.

618. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Son tempérament était tourné du côté de la gaieté ; et parmi les larmes, s’il arrivait de dire quelque chose de plaisant, elle les arrêtait en quelque façon pour divertir la compagnie. […] À l’occasion de l’arrivée d’un ambassadeur de Suède (septembre 1646), Mme de Motteville nous rend la première idée qu’on avait en France de la reine Christine, et, en se faisant l’écho de ces louanges extraordinaires, elle y mêle une légère et douce ironie comme cela lui arrive quelquefois : La Renommée, ajoute-t-elle, est une grande causeuse : elle aime souvent à passer les limites de la vérité ; mais cette vérité a bien de la force : elle ne laisse pas longtemps le monde crédule abandonné à la tromperie. […] L’intérêt qui nous aveugle nous surprend et nous trahit dans les occasions qui nous regardent ; il nous fait agir avec plus de sentiment que de lumières, et il arrive même assez souvent qu’on a honte de ses faiblesses ; mais on ne le peut apercevoir que par la sage réflexion que chacun se doit à soi-même, et après que l’occasion de mieux faire est passée. […] Mme de Sénecé, que le cardinal avait jusque-là maltraitée et qui faisait la haute, est choisie par lui pour garder ses nièces lorsqu’elles arrivent d’Italie, et la voilà tournée en un jour : Tel paraît vaillant contre le favori qui, au moindre adoucissement de sa part, devient poltron ; et d’ordinaire cette hauteur se termine à une véritable bassesse que la rage d’en avoir été méprisé lui a fait colorer de générosité, de vertu et d’amour du bien public. […] Elle montre les gens de bien, par leur obstination à créer contre les impôts et ceux qui en abusent, venant en aide aux turbulents et leur prêtant main-forte comme il arrive si souvent : Les gens de bien, sans considérer que c’est un mal quelquefois nécessaire, et que tous les temps à cet égard ont été quasi égaux28, espéraient par le désordre quelque plus grand ordre ; et ce mot de réformation leur plaisait autant par un bon principe, qu’il était agréable à ceux qui souhaitaient le mal par l’excès de leur folie et de leur ambition.

619. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Lui, il arrive à Paris, après des études toutes littéraires, ayant lu Rousseau et Bernardin, épris de la nature, ayant fait son tour de Suisse et de Savoie, assez poète par l’esprit et par la sensibilité, sinon par le talent ; il penche naturellement du côté de la monarchie et de Louis XVI, mais avec bien du mélange. […] Quand le pèlerin arrive à Jérusalem, il ne s’exalte point pour trouver des paroles plus grandes que son impression ; il n’a point de cri à la manière des croisés. […] Michaud n’a jamais le cri, il reste dans ses nuances ; il dit ce qu’il sent, il confesse ce qu’il est, et les émotions rêveuses ou pieuses qu’il exprime nous arrivent dans une sorte de douceur et de modération d’autant plus persuasives. […] On ne lui voyait aucun de ces préjugés qui isolent les vieillards et les préviennent contre les nouveaux venus qui arrivent par d’autres sentiers. […] nous combattions dans la mêlée et dans les ténèbres ; je n’ai pas la fatuité de me comparer à l’un des héros de l’Iliade, il m’est pourtant arrivé le même malheur qu’à Diomède, j’ai blessé dans la nuit une déesse. » Mme de Staël sourit, et, ce que n’eût pas fait une déesse, elle pardonna.

620. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Dans une lettre écrite contre l’opéra d’Omphale en 1752, il disait : « J’avoue que je regarde l’admiration et le respect que j’ai pour tout ce qui est vrai talent, dans quelque genre que ce soit, comme mon plus grand bien après l’amour de la vertu. » Il n’y avait pas longtemps que Grimm arrivait d’Allemagne quand il écrivait cette phrase. […] Il me semble toujours que, si l’auteur qui procède par cette méthode n’avait pas connaissance des événements historiques a posteriori, les principes dont il prétend les déduire ne lui en feraient pas deviner un seul ; preuve évidente que ces principes sont faits à la main et après coup, qu’ils sont plus ingénieux que solides, et qu’ils ne sont pas les véritables ressorts du jeu qu’on leur attribue… En fait de politique, rien n’arrive deux fois de la même manière. […] Pénétré de la difficulté de l’invention sociale en tant qu’elle s’élève au-dessus d’une certaine agrégation première toute naturelle et grossière, et qu’elle arrive à la civilisation véritable, il ne la conçoit possible que grâce à de merveilleuses passions en quelques-uns et à une héroïque puissance de génie : « Il faut, pense-t-il, que les premiers législateurs des sociétés, même les plus imparfaites, aient été des hommes surnaturels ou des demi-dieux. » Grimm, en politique, se rapproche donc beaucoup plus de Machiavel que de Montesquieu, lequel accorde davantage au génie de l’humanité même. […] Alors il essaye de la poésie didactique et philosophique à la suite de Voltaire ; mais le vent tourne encore, et L’Esprit des lois de Montesquieu vient tenter Helvétius d’entreprendre ce malencontreux livre De l’esprit, qui arrivera lui-même quand le moment de faveur sera passé. […] Catherine faisait de lui et de son esprit le plus grand cas : À la suite du prince héréditaire de Darmstadt, écrivait-elle à Voltaire (septembre 1773), j’ai eu le plaisir de voir arriver M. 

621. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Arrivé à l’âge de vingt ou vingt-deux ans, le jeune Arnault, que Madame (femme du comte de Provence) n’avait point perdu de vue, lui fut présenté, obtint sa protection et devint secrétaire de son cabinet ; c’était un dédommagement, mais très insuffisant, puisque les finances de cette bonne princesse étaient elles-mêmes atteintes dans la réforme. […] Les premières tragédies d’Arnault, Marius, Lucrèce, Cincinnatus, sont bien les contemporaines de la réforme que David avait introduite dans le style romain, et que Talma, de son côté, transportait au théâtre ; ce genre aujourd’hui nous paraît nu, roide et abstrait ; n’oublions pas qu’il a été relativement simple, et qu’il ne nous arrive, à la lecture, que dépouillé de tout ce qui le personnifiait à la scène et qui l’animait. […] » — « Après-demain tout sera terminé. » — « Mais demain que n’arrivera-t-il pas ? […] Il lui arriva alors ce qui est arrivé à bien d’autres gens de talent : ce genre, qu’il n’adopta d’abord que comme diversion et comme un simple délassement sans importance, lui devint peu à peu essentiel et lui procura ses plus naturelles inspirations ; il mit en œuvre et comme en jolie monnaie ses trésors de raison, d’expérience, de malice et de gaieté ; et, si l’on voulait aujourd’hui prouver à quelque incrédule, à quelqu’un de ceux qui nient absolument la littérature de l’Empire, qu’Arnault était un homme de beaucoup d’esprit et un homme de talent, il faudrait laisser ses grands ouvrages et dire simplement : Prenez ses fables.

622. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

» Il semblait que dans les jungles du journalisme on entendît miauler — doucement encore, il est vrai, — un tigre de la plus belle espèce et dont la voix devait arriver aux plus terribles diapasons ! […] Seulement, les formes à travers lesquelles ce fait s’exprime sont plus ou moins menteuses, vieillies et tombées, et elles tomberont toutes de plus en plus, jusqu’au jour où l’humanité arrivera à la culture de l’idéal pour l’idéal, si elle y arrive ! […] Steinthal, qui a travaillé énormément pour arriver à dire que le langage naît dans l’âme d’une manière aveugle. […] Renan, qui l’a continuée avec acharnement dans ses Études d’histoire religieuse, dans son Histoire comparée des langues sémitiques, dans ses Essais de critique et de morale ; et quoique dans ce premier livre, plus peut-être que dans les suivants, ce jeune serpent de la sagesse ait eu les précautions d’un vieux et les préoccupations de sa spécialité, cependant il est aisé de voir que la chimère philologique, le passage de la pensée au langage ou du langage à la pensée, les épluchettes des premières syllabes que l’homme-enfant ait jetées dans ses premiers cris, ne sont, en définitive, que des prétextes ou des manières particulières d’arriver à la question vraiment importante, la question du fond et du tout, qui est de biffer insolemment Moïse et de se passer désormais parfaitement de Dieu !

623. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Virginie arrive à Paris encore toute trempée des brumes de la mer et dorée par le soleil des tropiques, les yeux pleins des grandes images primitives des vagues, des montagnes et des forêts. […] Je vais essayer de donner des exemples choisis de comique absolu et significatif, et de caractériser brièvement l’esprit comique propre à quelques nations principalement artistes, avant d’arriver à la partie où je veux discuter et analyser plus longuement le talent des hommes qui en ont fait leur étude et leur existence. […] Ils arrivent vite au cruel, et leurs fantaisies les plus grotesques contiennent souvent quelque chose de sombre. […] Le Pierrot anglais arrivait comme la tempête, tombait comme un ballot, et quand il riait, son rire faisait trembler la salle ; ce rire ressemblait à un joyeux tonnerre. […] Dans le conte intitulé : Daucus Carota, le Roi des Carottes, et par quelques traducteurs la Fiancée du roi, quand la grande troupe des Carottes arrive dans la cour de la ferme où demeure la fiancée, rien n’est plus beau à voir.

624. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Voilà ce qui m’arrive chaque fois qu’il est question de voyage : j’appelle voyage une sortie de huit jours. […] Si ce malheur arrivait, le plus beau mouton du troupeau périrait. […] Le charmant musicien arrivait à peine et n’a fait que s’annoncer. […] On le fit venir au Cayla, il y arriva mourant ; il s’y éteignit dans les bras de son père, de sa sœur et de sa jeune femme. […] Elle t’arrivera mardi ; je l’ai écrite la nuit pour la faire jeter à la poste le matin, et gagner un jour.

625. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Il n’y a d’évanoui que le geste ; le regard brille encore derrière tant d’expressions ou touchantes ou véhémentes, et si le son de la voix n’arrive pas à mes oreilles, l’accent pénètre jusqu’à mon cœur. […] Notre société, notre temps, en seraient-ils arrivés là ? […] Elle arrive quand le mal est fait, et que, loin de pouvoir conduire sa passion, l’homme n’est plus maître de son âme. […] Rien n’est de trop pour que l’avertissement arrive aux plus sourds, et l’inquiétude aux plus tranquilles. […] L’image de la fausse n’est pas dissipée quand il arrive à la vraie, et il continue longtemps à les confondre.

626. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Il n’y a pas de penseur qui, en réfléchissant sur l’histoire de l’humanité, n’arrive à sa formule ; ces formules ne coïncident pas, et pourtant ne sont pas contradictoires. […] Tel est le sort de tout ce qui est arrivé à une consécration religieuse. […] Jamais il n’est arrivé à cette clarté parfaite de la conscience qui est le rationalisme. […] On ajoute ce qui a dû vraisemblablement arriver, on développe la situation, on fait des rapprochements. […] Ce n’est que plus tard qu’on arrive à concevoir le livre profane, œuvre individuelle, bonne ou mauvaise, de tel ou tel.

627. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Elle arrive bientôt, ruisselante d’émeraudes sur la chair de ses épaules et de ses bras : « Ah ! […] À table, la Païva expose une théorie de la volonté à faire peur… et que tout arrive par la volonté… et qu’il n’y a pas de circonstances… et qu’on les fait quand on veut… et que les malheureux ne le sont, que parce qu’ils ne veulent plus l’être. […] J’en arrive à détester les oiseaux. […] La science employant ces vils moyens pour parvenir, la science représentée par deux grossiers natifs du pays de la simplesse, voulant arriver par la légèreté et la grâce de la corruption de France. […] Elle dit : « Demain il n’entrera pas dans ma chambre, demain je ne l’embrasserai pas. » Il s’agit de Giraud qui, arrivé ce matin avec son fils des Eaux-Bonnes, s’est fait excuser, sous prétexte de fatigue, et affamé de gaz et de distraction parisienne, a été, sans doute, passer la soirée en compagnie de Victor à la Porte-Saint-Martin et à Mabille.

628. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Il arrive que l’âme éprouve un indescriptible malaise, une inquiétude inexpliquée. […] Elle arrive à sentir son œuvre par le dedans, comme elle a été produite. […] Il lui arrive alors d’ajouter comme un post-scriptum à son livre. […] Tourguéniev arrive ainsi à envelopper son lecteur d’un attendrissement inexprimable. […] Il arrivera ainsi à la seule spontanéité dont il soit capable.

629. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

J’arrivais ; je faisais mon cours. […] Arrivé par exemple à la fin de son livre, M.  […] C’est ce qui est arrivé en quelque façon à M.  […] Tel arrivait de la mansarde, tel du premier étage. […] Aussi qu’arrive-t-il ?

630. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Les albums grotesques coururent de main en main, et il arriva qu’un ami de l’auteur, passant à Weimar, fit voir je ne sais lequel à Goëthe. […] Mais arrivons à ses livres proprement dits ; la peinture encore en fut l’occasion première et le sujet. […] N’êtes-vous pas sensible aux preuves de force et d’utilité qu’il vous donne, aux dommages successifs qui vous font prévoir sa fin prochaine, et ne vous serait-il point arrivé, au moment de vous en séparer, de le jeter sous l’ombrage caché de quelque fouillis, plutôt que de l’abandonner aux outrages de la grande route ? […] Arrivé à terre, il continue de les assister. […] Prévère, à la suite de son autre ami le bon chien Dourak, arrivé là tout à propos.

631. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

J’ai autrefois parlé de Millevoye, et il m’est arrivé même d’écrire sur Léonard ; oublier après eux, ou bien omettre tout exprès Parny, c’est-à-dire le maître, ce serait dureté et injustice. […] Quoi qu’il en soit, ce fut pendant cette absence qu’on maria MlleT.……… à un médecin français arrivé depuis peu dans la colonie. […] Par les sombres détours d’une route inconnue J’arrive sur ces monts qui divisent la nue ; De quel étonnement tous mes sens sont frappés ! […] Parny arrivait sur les rangs et en première ligne ; mais le délire d’imagination auquel il venait de se livrer lui fit perdre des suffrages, et l’aimable Legouvé l’emporta sur lui. […] « Vous savez que je ne suis pas maître de mes idées ; quand elles arrivent, elles m’entraînent.

632. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Ils se regardaient comme arrivés. […] Maintenant cette cruelle taquinerie d’en haut était une épreuve traversée : Marius allait arriver, et apporterait une bonne nouvelle. […] « Les cygnes n’étaient pas encore arrivés à la brioche. […] Comme les cygnes arrivaient, la baguette toucha le gâteau. […] arrivés trop tard !

633. (1914) Boulevard et coulisses

Parler de cette époque, c’est donc remonter au-delà des temps contemporains et arriver dans une zone déjà historique. […] » Donc, un jeune débutant qui, amené par quelque parrain du monde des lettres, arrivait sur le boulevard vers cette année-là, se sentait soudain pris d’une profonde timidité devant tant de sagesse et de hauteur d’esprit ! […] On y arrivait par toutes sortes de petites intrigues, par le jeu des relations, par les marches et les contremarches. […] Auteurs et directeurs les voient chaque jour arriver chez eux, par files, toutes frémissantes du désir de la scène, très décidées à n’être jamais ni ouvrières, ni fonctionnaires, ni femmes de petits employés. […] C’est comme si, d’une douce insistance, vous l’aviez forcé à boire un verre de la vieille liqueur d’illusion ; et il en arrive presque à oublier que ce ne sont point les compagnons de sa jeunesse qu’il a devant lui, mais déjà leurs fils.

634. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

On pourrait citer des exemples de pareils changements, arrivés pendant des inondations, même sans aucun mouvement du sol. […] Deux fois j’ai vu un Canard émerger tout à coup d’un étang couvert de Lentilles d’eau, avec quelques-unes de ces plantes encore adhérentes aux plumes de son dos ; or, il m’est arrivé d’autre part qu’en transportant une plante de Lentille d’eau d’un vivier dans un autre, j’ai, sans intention, introduit dans celui-ci des coquillages qui, jusqu’alors, n’avaient vécu que dans le premier. […] — Nous arrivons à la dernière des trois classes de faits que j’ai choisis comme présentant les plus grandes objections qu’on puisse élever contre l’idée que tous les individus de la même espèce, ou même d’espèces alliées, sont descendus d’un premier parent unique, et par conséquent sont tous originaires d’un même berceau, quoique dans le cours prolongé des temps ils en soient arrivés à habiter les points les plus distants du globe. […] Or, il est évident que des oiseaux de mer peuvent arriver dans ces îles beaucoup plus aisément que des oiseaux de terre. […] De plus, des glaces flottantes ont autrefois déposé des blocs erratiques sur les rives occidentales de ces îles, où elles peuvent avoir transporté des Renards, ainsi que de nos jours on le voit arriver souvent dans les régions arctiques.

635. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Dans la correspondance qu’il entretient avec lui, Voltaire le tâte souvent, et essaye de l’engager ; en 1760, après la comédie des Philosophes de Palissot, après le discours de réception de Lefranc de Pompignan, et dans ce moment le plus vif de la mêlée philosophique, Voltaire voudrait que Duclos s’entendît avec les amis et surtout qu’il agît en cour pour faire arriver Diderot à l’Académie ; c’eût été un coup de parti en effet, et une éclatante revanche : « Vous êtes à portée, je crois, d’en parler à Mme de Pompadour ; et, quand une fois elle aura fait agréer au roi l’admission de M.  […] Bignon, qui étaient arrivées presque en même temps, disait : « Notre Académie défile, j’attends mon heure. » Duclos n’était pas de la bande ni du bataillon ; il n’obtint pas du chef d’autre oraison funèbre. […] Une autre fois, à Paris, il sortait d’une maison où il était invité, au moment de se mettre à table, en voyant arriver M. de Calonne, l’ennemi de La Chalotais. […] Sans se dissimuler aucun des abus de l’administration, il est arrivé à sentir les avantages et les douceurs de la vie romaine : « Le séjour que j’y ai fait, dit-il, et les habitudes que j’y ai eues m’ont confirmé ce que le président de Montesquieu m’en avait dit, que Rome est une des villes où il se serait retiré le plus volontiers. » À Naples où il reste près de deux mois et où toutes les facilités lui sont données, Duclos visite les antiquités, alors toutes neuves, de Pompéi et d’Herculanum, et s’y applique également à bien connaître les rouages et les principes de l’administration.

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