Elle n’eut dans le premier moment que des larmes ; dès qu’elle fut en état de répondre, la pénitente en elle reprenant le dessus, elle dit : « C’est trop pleurer la mort d’un fils dont je n’ai pas encore assez pleuré la naissance. » Sa fille, Mlle de Blois, qui épousa le prince de Conti, était un modèle de grâce ; c’est d’elle que La Fontaine a dit, pour peindre sa démarche légère et comme aérienne : L’herbe l’aurait portée ; une fleur n’aurait pas Reçu l’empreinte de ses pas.
Elle veut qu’elle aussi, pour être heureuse, elle apprenne à penser sainement, à penser différemment du peuple sur ce qui s’appelle morale et bonheur de la vie : « J’appelle peuple, ajoute-t-elle, tout ce qui pense bassement et communément : la Cour en est remplie. » Ces réflexions philosophiques, qui, plus tard, passeront aisément à la déclamation et à l’excès, percent déjà à l’état d’analyse très distincte chez Mme de Lambert.
La compagnie était nombreuse et de tout état, gens de cour, gens de robe, gens de lettres, académiciens, etc.
Un journal avancé d’alors, Le Globe, du 7 septembre, s’étant permis de critiquer cette idée qu’un ministère doit être un spectateur inactif de la refonte sociale, et ayant dit qu’il l’aimerait mieux ouvrier habile et intelligent, Carrel répliquait vertement à ce journal (8 septembre) et le raillait de son désir, de ce désir que lui-même devait reprendre plus tard pour l’exprimer à l’état de regret.
Il en donne des preuves touchantes en toute occasion, et notamment dans ses lettres, soit que, correspondant avec Jean-Baptiste Rousseau, il se montre continuellement en peine sur l’état de l’âme de ce poète, et sur la sincérité de son repentir au sujet de certains vers, que lui, Rollin, confesse n’avoir jamais lus ; soit qu’écrivant à Frédéric, au moment de son avènement au trône, il lui adresse des conseils de religion, et y mêle une prière à Dieu : « Qu’il lui plaise, dit-il à ce roi philosophe, de vous rendre un roi selon son cœur !
Parlant des auteurs de mémoires personnels, il a un morceau très vif contre Jean-Jacques Rousseau et Les Confessions, qu’il estime un livre dangereux et funeste : S’il existait, s’écrie-t-il, un livre où un homme regardé comme vertueux, et presque érigé en patron de secte, se fût peint comme très malheureux ; si cet homme, confessant sa vie, citait de lui un grand nombre de traits d’avilissement, d’infidélité, d’ingratitude ; s’il nous donnait de lui l’idée d’un caractère chagrin, orgueilleux, jaloux ; si, non content de révéler ses fautes qui lui appartiennent, il révélait celles d’autrui qui ne lui appartiennent pas ; si cet homme, doué d’ailleurs de talent comme orateur et comme écrivain, avait acquis une autorité comme philosophe ; s’il n’avait usé de l’un et de l’autre que pour prêcher l’ignorance et ramener l’homme à l’état de brute, et si une secte renouvelée d’Omar ou du Vieux de la Montagne se fût saisie de son nom pour appuyer son nouveau Coran et jeter un manteau de vertu sur la personne du crime, peut-être serait-il difficile, dans cette trop véridique histoire, de trouver un coin d’utilité… Volney, en parlant de la sorte, obéissait à ses premières impressions contre Rousseau, prises dans le monde de d’Holbach ; il parlait aussi avec la conviction d’un homme qui venait de voir l’abus que des fanatiques avaient fait du nom et des doctrines de Rousseau pendant la Révolution, et tout récemment pendant la Terreur.
Ceux qui par leur condition se trouvent exempts de la jalousie d’auteur, ont ou des passions ou des besoins qui les distraient et les rendent froids sur les conceptions d’autrui : personne presque, par la disposition de son esprit, de son cœur et de sa fortune, n’est en état de se livrer au plaisir que donne la perfection d’un ouvrage.
Laissez-vous en pénétrer ; mais passez vite devant le tableau des ardents ; c’est un jet sublime de tête que vous n’êtes pas encore en état d’imiter.
Or l’histoire, c’est une vision, en définitive ; et d’ici bien longtemps, étant donné l’état nécessairement vacillant des certitudes humaines, deviner les faits de l’histoire, qui serait le dernier acte de la sagacité historique, ne vaudra pas aux yeux des hommes le talent de les raconter.
Nous ne contemplons pas seulement ses changements du dehors, nous les ressentons en nous-mêmes, puisque nous sommes nous-mêmes éléments constituants de l’ensemble, à la fois acteurs et spectateurs, Quoi d’étonnant dès lors à ce que ce milieu social dans lequel nous naissons, vivons et nous mouvons, mette son empreinte sur notre état mental ?
La même époque, un peu plus avancée, le même état du ciel allaient éveiller une autre âme poétique.
Mais on peut bien dire qu’il attend, et, lorsqu’on voit un aussi puissant artiste que le jeune poète dont je parle, lui qui a reçu du ciel l’imagination qui conçoit et la fécondité qui multiplie, lui dont la langue est si riche et si sonore, décrire des effets de nuages, fuir le bruit, murmurer à voix basse, sur de petites choses personnelles, des vers qui devraient retentir au loin et être l’histoire de tout le monde, se jouer de la langue, l’assouplir aux rythmes les plus capricieux, la faire scintiller comme l’étoile et trembler comme la feuille, tantôt la dorer des rayons d’un soleil couchant, tantôt la teindre de l’azur des mers, et la tenir ainsi prête à tout événement qui aura besoin de toutes ses ressources ; lorsqu’on voit ce hardi jeune homme, dans l’absence d’une grande mission pour laquelle il concentrerait toutes ses belles facultés, s’éparpiller sur mille sujets, dépenser ses trésors de poésie dans des romans auxquels on ne demande que de l’intérêt, et dans des pièces dont on n’exige que de l’amusement, assiéger la foule par toutes les voies de la publicité, s’imposer à elle, la prendre individuellement par le roman, en masse par le théâtre, écrire pour les grands et pour les petits, pour les premiers venus et pour les esprits de choix, tourmenter tout le monde par son infatigable fécondité, ne laisser à personne la liberté d’être indifférent à ce qu’il fait, de s’abstenir de le juger, tout comme s’il voulait que le siècle, qui ne croit à rien, crût à lui, il est aisé de comprendre alors que le siècle et l’Art ne s’entendent pas ; qu’il y a malaise entre eux, l’un ne s’expliquant pas assez, et l’autre s’expliquant trop ; que le poète n’étant qu’un admirable, écho placé au centre d’une époque pour en recueillir et en réverbérer toutes les harmonies, mais non point un homme de prosélytisme et d’action, qui impose sa personnalité à son siècle, l’Art est frappé de langueur et d’impuissance, tant que le siècle est sans puissance, tant que le siècle est sans discipline, c’est-à-dire sans harmonie ; il s’agite, il s’impatiente contre cet état provisoire, mais il ne marche pas. […] Comme je n’aime point les querelles, je me hâte de dire qu’il y a art et art ; l’un petit, qui s’apprend comme le latin, et pour lequel j’ai reçu des pensums dans un collège de province ; art d’almanach et de keepsake, qui met un homme en état de faire des vers à une mariée, d’adresser au curé un compliment de première communion, de souhaiter la fête à une mère de famille, qui plus tard suffit à un ou plusieurs poèmes épiques, qui mène à l’Académie dans les pays d’académie ; art qui s’accommode volontiers de tous les régimes auxquels on peut soumettre la pensée, qui chante si l’on a besoin qu’il chante, qui siffle si l’on a besoin qu’il siffle, qui n’est pas très tourmenté par la censure, parce qu’il ne gagne pas grand’chose à la liberté ; l’autre, grand et indépendant, qui ne s’enseigne point au collège, qui mène peu aux académies et mène souvent aux persécutions, art qui fleurit principalement aux époques où l’autre art n’a pas assez de cris pour se faire entendre, et qui peut très bien se caractériser, soit par un siècle se résumant dans un homme — cela a eu lieu pour Dante — soit par un homme se mettant en guerre contre un siècle, comme cela a eu lieu pour Byron. […] Ou bien on me traitera d’homme médiocre, à petites vues, — ce qui ne peut guère être une injure dans ce glorieux temps-ci ; — d’envieux : — oui, comme peut l’être un malade des belles santés fleuries de certains grands hommes, et du parfait état de leurs voies aériennes ; — d’ingrat : — ce serait bien mérité ; n’ai-je pas été appelé mon excellent ami, ce qui est bien plus fort que mon cher ami ? […] Ce n’est pas la description que nous admirons dans les antiques épopées, cette description simple, sommaire, qui se compose de peu de traits, et qui s’attache bien plus à faire sentir la vie d’un objet qu’à en représenter l’aspect matériel ; cette description plus philosophique que physique, dont l’effet est bien plutôt de faire rêver l’âme que de déployer des panoramas devant l’imagination ; c’est la description des littératures en décadence, plus physique que philosophique, exacte et minutieuse comme un état de lieux, et rendant les choses non plus avec ces formes adoucies et fondues qu’elles ont dans la nature visible, mais avec ce luxe de couleurs, d’aspérités, d’angles, et ce grossissement des proportions que leur prête le microscope.
Et tout le reste découle naturellement de cette donnée première : occupation par les femmes de la citadelle où elles s’enferment et peuvent se surveiller mutuellement, et qui contient d’ailleurs le trésor public, nerf de la guerre ; assauts des vieillards indignés, les seuls mâles restés dans la ville ; tentatives d’évasion de quelques conjurées qui trouvent leur serment trop difficile à garder ; vigilance et efforts de leur capitaine Lysistrata pour les maintenir strictement dans la discipline ; succès de sa prudence et de sa résolution ; état désespéré des hommes qui, n’en pouvant plus d’abstinence et de désir, s’avouent vaincus et prêts en un, malgré leur folie belliqueuse, à passer par toutes les conditions que l’on voudra. […] Dans les chapitres de ses Origines du Christianisme qui se rapportent à des événements ou à des états de civilisation que nous pouvons connaître par les écrivains grecs et latins, il est facile de voir qu’il fut un historien et un interprète des textes aussi exact et aussi scrupuleux que s’il n’avait pas eu de génie. […] Je me vois arrivé à l’état d’ancien beau, et, s’il y a un rôle bête à jouer dans le monde, c’est celui-là… » Ne sentez-vous pas une contradiction secrète entre le rôle qu’il joue et les propos qu’il tient ? […] « Je rentrai dans mon pays, dit à peu près Scarmentado, je me mariai, je fus c…, et je vis que c’était l’état le plus heureux du monde. » Mais cet état peut être encore amélioré. […] Si nous voyons Ledoux chasser sa femme avec tout le fracas de sentiments violents qu’il sait convenir à son état de mari trompé, nous sommes bien sûrs qu’il la reprendra au dénouement et qu’il pardonnera même à l’ami intime, par terreur de la solitude, par égoïsme, par lâcheté, et aussi, s’il faut le dire, par un retour de sincérité et parce qu’il s’avouera avoir moins souffert, au fond, d’un outrage réputé intolérable qu’il ne souffre aujourd’hui de son isolement et de ses habitudes dérangées.
L’armée, peuple en effet, peuple héroïque sur les champs de bataille, peuple qui sauve la patrie en uniforme, mais qui marche à tous les tambours, pour ou contre tous les droits du peuple lui-même, pourvu que la gloire militaire lui dore toutes les causes et lui compte au même taux toutes les journées dans des états de services qui vont du 18 brumaire à Marengo, d’Austerlitz à Waterloo, de Waterloo à Alger, d’Alger à l’acclamation de la république, de l’acclamation de la république au 2 décembre, du 2 décembre à Solferino, de Solferino qui sait où. […] XIV Or, quel était l’état des choses en France, et quelles étaient mes propres dispositions d’esprit en 1846, quand j’écrivis cette histoire ?
Mozart me fait revivre tous mes jours ; il me rend mes joies d’autrefois sans leur emportement, et mes plaisirs sans leur lendemain ; il me donne une langue pour exprimer les choses qui se dérobent aux langues parlées ; il fait de la mélancolie, que dissipe ou aigrit la réflexion exprimée par des paroles, un état de l’âme délicieux qu’on voudrait voir durer toujours. […] Elle se contente de dire : Et peut-être, après tout, en l’état où je suis, La mort avancera la fin de mes ennuis.
Flaubert s’éjouit et se gaudit à la peinture de toutes les canailles européennes, grecques, italiennes, juives, qu’il ferait graviter autour de son héros, et il s’étend sur les curieux contrastes que présenterait, çà et là, l’Oriental se civilisant, et l’Européen retournant à l’état sauvage, ainsi que ce chimiste français qui, établi sur les confins de la Libye, n’a plus rien gardé des mœurs et des habitudes de sa patrie. […] Tous ces jours-ci, nous étions dans cet état anxieux.
Leur religion sera la religion « du sentiment », celle-là qui croit que, si Dieu se manifeste et se fait sentir en nous de quelque façon, ce n’est pas tant dans les états les plus virils, les plus fiers et les plus noblement déterminés de notre âme que dans ses émotions les plus vagues et les plus diffuses. […] C’est ainsi qu’il se livre, dis-je, et qu’on profite de ses faiblesses dont, au fond, on se moque bien, puisqu’elles ne furent pénibles qu’à lui et qu’il les a emportées au tombeau, pour attaquer, écraser en lui ce qu’il eut de meilleur, de vraiment royal, ce qui est le plus haï au monde quand il n’a pas la fortune d’y être plus piotégé : la supériorité de l’esprit, sa pleine et entière liberté, sa clairvoyance aiguë, et cette fierté de tête, ce sens du pur dont il faut être nanti pour oser de scandaleuses observations comme la suivante, si caractéristique du Sainte-Beuve le plus magistral : « La plupart des hommes célèbres meurent dans un véritable état de prostitution. » Voyez l’injustice ! […] Il tend à n’accorder d’intérêt pour le poète, d’intérêt pour l’expression artistique qu’aux états psychiques individuels, de préférence inconscients, et à leurs fugaces nuances. […] Sans doute fait-il trop d’état de certaines modifications qui ne touchent qu’au dispositif.
Voilà qui est bien ; mais peut-être en met-il trop ; peut-être ne se résigne-t-il pas suffisamment à jouer un rôle sacrifié et à le laisser à l’état de rôle sacrifié. […] Il faut se rappeler Aristophane qui a été un vrai critique littéraire par le théâtre, et qui a, par trois fois (Les Thesmophories, Les Grenouilles, Les Oiseaux), sans compter mille allusions, exposé ses idées sur Euripide, la décadence de l’art, et le nouvel état moral qui, suivant lui, s’ensuivait chez ses contemporains. […] Armande, jalouse et perfide, excite sa mère contre Clitandre en le peignant comme plein de mépris pour les talents littéraires de Philaminte. — Trissotin et Clitandre se rencontrent, discutent et se traitent réciproquement fort mal. — Clitandre rend compte à Chrysale du mauvais état de ses affaires, et Chrysale, toujours plein de confiance dans sa fermeté de caractère, quand sa femme n’est pas là, l’assure qu’il peut compter sur l’autorité paternelle. […] C’est de la vraie religion et de ses maximes, prêchées par un coquin, mais de qui il ignore la coquinerie ; et donc c’est la religion pure et simple qui a réduit Orgon à l’état où nous le voyons. […] Il alla choisir un héros oriental, passionné pour l’indépendance et la grandeur de son empire, irréconciliable ennemi des Romains, ces oppresseurs du monde, un homme, comme dit Dion Cassius « qui mesurait ses desseins bien plus à la grandeur de son courage qu’au mauvais état de ses affaires ».
Ondine était allée faire ce voyage en compagnie de la fille de Mme Branchu ; déjà affectée de la poitrine, mais sans connaître la gravité de son état, qui nous avait été révélée par une consultation du docteur Louis, elle s’abandonnait avec une entière confiance à un traitement homœopathique du docteur Curie.
On peut avoir par devers soi bien des observations concentrées et comme à l’état de poison ; délayez et étendez un peu, vous en faites des couleurs ; et ce sont ces couleurs qu’il faut offrir aux autres, en gardant le poison pour soi.
On lui représenta vivement la nécessité d’un état, et on le décida à partir pour Uzès en Languedoc, chez un de ses oncles maternels, chanoine régulier de Sainte-Geneviève, avec espérance d’un bénéfice.
Cet état de l’âme est appelé par l’antiquité le délire sacré.
Avec sa prévoyance, il comprit son état et n’eut rien de plus à cœur que d’appeler le médecin de l’âme, pour lui faire, en vrai chrétien, la confession générale des manquements et des fautes de toute sa vie.
Fatigués de la barbarie primitive, où la lutte de tous contre tous est l’état naturel, où chacun ne prend et ne garde que selon sa force actuelle, les hommes ont constitué l’État, le pouvoir civil, gardien de la propriété et de la justice ; le roi n’est leur maître que pour leur service et leur sûreté : c’est le gendarme de Taine : Un grand vilain entre eux élurent Le plus ossu de tant qu’ils furent, Le plus corsu et le plus grand : Si le firent prince et seigneur.
Ceux qui applaudirent, c’étaient les jansénistes ; ils retrouvaient, par cette impitoyable analyse de l’égoïsme humain, la démonstration de notre corruption dans l’état de la nature déchue.
III, page 63) montre bien cet état et en indique d’ailleurs le point culminant.
Un décurion assisté d’un ministre, allait de maison en maison demander à chacun l’état de sa conscience par rapport à la religion, Calvin avait subordonné l’État à l’Église de telle sorte que l’Église fut la loi, et l’État la puissance matérielle chargée de la faire exécuter.
C’est pour ce livre futur qu’il parcourut successivement l’Allemagne, l’Italie, la Suisse, l’Angleterre, portant dans ces divers pays, non pas une indiscrète préférence pour le sien mais une curiosité libre et sympathique, et, comme il le dit dans ses Pensées, le vœu sincère de les voir dans un état florissant.
Frédéric le louait publiquement, et disait de son Homme machine, « qu’il ne devait déplaire qu’aux gens ennemis par état de la raison. » L’orgueil même de ses grandes qualités de ce qu’on pouvait appeler, malgré lui, ses vertus, lui faisait prendre plaisir à cet avilissement systématique de la nature humaine, par la douceur de penser que de toutes ces machines il était la plus parfaite.
Il ne les retrouve plus qu’à l’état de souvenirs.
De siècle en siècle, les valets et les servantes, tout comme les femmes, s’élèvent vers un état de mieux-être ; ils conquièrent peu à peu le droit d’avoir une existence personnelle ; ils arrivent à faire respecter en eux la dignité humaine.
La Religion est austere & gênante ; c'est avouer qu'on est incapable de porter le joug des vertus qu'elle commande : elle est nuisible ; c'est fermer les yeux aux avantages les plus sensibles, les plus indispensables qu'elle procure à la société : ses devoirs excluent ceux du Citoyen ; c'est la calomnier manifestement, puisque le premier de ses préceptes est de remplir les obligations de son état : elle favorise le despotisme & l'autorité arbitraire des Princes ; c'est méconnoître son esprit, puisqu'elle déclare, dans les termes les plus énergiques, que les Souverains seront jugés, au Tribunal de Dieu, plus sévérement que les autres Hommes, & qu'ils paieront avec usure l'impunité dont ils ont joui sur la terre : la foi qu'elle exige contredit & humilie la raison ; c'est insulter à l'expérience & à la raison même, que de regarder comme humiliant un joug qui soutient cette raison toujours vacillante, toujours inquiete quand elle est abandonnée à elle seule, ainsi que les ennemis de la Foi en sont eux-mêmes convenus*.
Clorinde n’a pas vieilli, quoiqu’elle soit déjà passée à l’état d’aïeule.
Elle semblait l’avoir distingué ; mais sa mère rêve de mettre un blason quelconque sur le fond d’or qu’elle croit encore posséder ; elle a résolu que sa fille épouserait le jeune baron de Ratisboulois, fils du préfet, — l’état administratif dirait sous-préfet— de la ville du Havre.
Il a aussi un microscope qu’il applique sur le jeune duc de Septmonts, en qui il constate un vibrion social à l’état typique.
La même, toujours d’après son frère, suggérait l’idée qu’il serait utile d’engager le roi à se mettre à la tête des armées : Ce n’est pas qu’entre nous, ajoutait-elle encore, il soit en état de commander une compagnie de grenadiers, mais sa présence fera beaucoup ; le peuple aime son roi par habitude, et il sera enchanté de lui voir faire une démarche qui lui aura été soufflée.
Je ne sais pas si j’aurais la vertu de cet état, mais heureusement ce n’est pas le mien ; je suis chargé d’une police qui concerne les gens de lettres, les savants, les auteurs de toute espèce, c’est-à-dire des gens que j’aime et que j’estime, avec qui j’ai toujours désiré de passer ma vie, qui font honneur à leur siècle et à leur patrie.
La ligne honorable d’André Chénier s’y dessine déjà tout entière : Lorsqu’une grande nation, dit-il en commençant, après avoir vieilli dans l’erreur et l’insouciance, lasse enfin de malheurs et d’oppression, se réveille de cette longue léthargie, et, par une insurrection juste et légitime, rentre dans tous ses droits et renverse l’ordre de choses qui les violait tous, elle ne peut en un instant se trouver établie et calme dans le nouvel état qui doit succéder à l’ancien.
15 avril Je vais rechercher l’acte de naissance du peintre Boucher, dans les archives de l’état de Paris, près l’Hôtel de Ville.