Hugo, et ne pouvait être exécutée que par un écrivain de ce style. […] Quant à la question des respects dus au mariage, et des atteintes qu’un illustre auteur y aurait portées par ses écrits, et des conséquences sociales que l’écrivain anglais y rattache, c’est un point qui vient d’être traité, et par l’auteur même inculpé, contre un adversaire français trop distingué, trop capable et trop courtois, dans des termes trop parfaitement convenables et dignes26, pour que je prétende m’en mêler. […] Cette beauté, il faut en convenir, cette harmonie de contours et de composition, qui peut réparer jusqu’à un certain point les désordres du fond, nos écrivains modernes, si éclatants dans le détail, ne l’ont guère, et c’est là peut-être ce qu’il faudrait leur demander plutôt qu’une moralité directe que l’art véritable n’a jamais cherchée et qu’il fuirait, j’en suis sûr, obstinément, sitôt qu’on la lui afficherait avec solennité.
Nous ne sommes pas de son sentiment, & nous allons établir nos raisons, ou plutôt combattre les siennes, sans craindre que ce Critique trouve mauvais que nous usions d’un droit dont il a usé lui-même à l’égard de plusieurs Ecrivains. […] Les Ouvrages de nos grands Ecrivains ont suffisamment prouvé qu’elle est capable de s’élever à tout & de tout enrichir, sous une plume habile à la manier. […] On peut aller plus loin, & ce ne sera pas un paradoxe que de soutenir qu’il est très-possible de faire perdre leur trivialité aux termes le plus en usage parmi le Peuple, pourvu qu’un Ecrivain soit assez courageux pour secouer le préjugé, & assez habile pour subjuguer la Langue, en ennoblissant des expressions qui seroient basses sous la plume d’un homme ordinaire.
On y trouve un écrivain dont les grands talens doivent faire oublier ses Lettres du chevalier d’Her… ses comédies peu théâtrales, son Apologie des tourbillons de Descartes & les Essais informes qu’il a faits dans les genres de Lucien & de Théocrite ; plus heureux dans ceux de Quinault & de Bacon, & surtout dans la géométrie ; faisant aimer les sciences les plus abstraites ; réunissant la subtilité du raisonnement à un stile qui lui est particulier & qui a fait beaucoup de mauvais imitateurs ; ayant plus d’esprit que de génie, & plus de délicatesse que d’invention ; placé sous deux règnes pour mériter l’estime de deux siècles, & par la variété de ses connoissances, & par la singularité de son ame toujours paisible, modérée, égale, inaccessible aux mouvemens inquiets ou violens, qui rendent les autres hommes malheureux ; fait, en un mot, pour les agrémens & les délices de la société, mais non pour être l’exemple des belles ames, des cœurs sensibles & reconnoissans. […] Les principales sont que cette idée étoit favorable au christianisme, à son établissement miraculeux, à l’explication de nos mystères, à la fuite du prince des ténèbres, à son silence supposé depuis l’apparition du messie, à la philosophie de Platon, si goûtée & si vantée de tous les écrivains ecclésiastiques. […] Des sectes entières de philosophes, des écrivains, & sur-tout les poëtes comiques, des grecs encore sans culture, mais d’un sens droit, des chrétiens eux-mêmes s’en moquoient ouvertement.
On est né l’un, de même que l’autre : on peut seulement, dit cet écrivain, conduire le génie & le régler. […] Un des écrivains les plus minutieux que nous ayons, accuse Gibert de l’être à l’excès. […] Ces paroles étoient moins l’effet de la présomption, que celui de la candeur & d’un certain oubli de soi-même, qui faisoit le caractère de cet écrivain.
Mais c’est chez un autre écrivain du même temps que la souffrance morale se révèle avec le plus d’intensité. […] Les agitations de l’écrivain se traduisent dans son œuvre. […] Mais il serait injuste d’appuyer sur cette faiblesse, puisque l’écrivain l’a désavouée de son mieux. […] Loin de là, la mélancolie n’a jamais eu peut-être de personnification plus éclatante que cet illustre écrivain. […] L’écrivain s’est inspiré de plusieurs types bien connus.
Son talent d’écrivain ne commence à se produire qu’en se niant soi-même, en se plaignant et se déplorant comme incapable et nul, comme atteint de mort et anéanti. […] On aura remarqué que le talent d’écrivain, sans qu’il y vise, lui est venu de lui-même chemin faisant : il y a déjà telle lettre qui pourrait se citer d’un bout à l’autre, notamment l’une de 1812, où il introduit un passage de Fénelon en se l’appliquant, et qui débute en ces termes : « Je ne peux pas dire que je m’ennuie, je ne peux pas dire que je m’amuse, je ne peux pas dire que je sois oisif, je ne peux pas dire que je travaille. […] Il y avait entre les deux frères, alors si unis en apparence, un malentendu secret qui les séparait à leur insu et qui allait grandir et grossir de plus en plus et démesurément : ce malentendu, c’était le génie, d’écrivain et la gloire, pour lesquels l’un était fait et pas l’autre. […] Cet écrivain, qui se faisait pressentir en bien des lettres antérieures datées de La Chesnaie, se prononce nettement et avec vivacité dans toutes celles qu’il adresse de Paris à son frère en 1814. […] « J’ai peu de talent, écrit-il (26 octobre 1814), et pourtant en regardant dans ma tête il me semble qu’il y a là quelque chose qui ne demande qu’à sortir. » Les événements politiques pourront encore retarder La Mennais un ou deux ans ; l’écrivain dès lors se sentait prêt, en mesure et de force pour le combat.
Le 23 du mois dernier, est mort dans la force de l’âge un homme dont le nom et les œuvres n’étaient guère connus que de ceux qui s’occupent des productions de l’esprit, mais qui était fort apprécié par les meilleurs juges, d’une intelligence rare, élevée, étendue et sérieuse, d’un goût fin, curieux, quelquefois singulier, mais distingué toujours, d’un caractère à part, ironique et original ; écrivain des plus spirituels et des moins communs, et qu’il serait injuste de traiter comme il semblait par moments désirer qu’on le fît, c’est-à-dire par l’omission et le silence. […] Je ne me permettrai ici qu’une remarque : de tous les écrivains distingués de nos jours, il n’en est, j’en suis certain, aucun qui ait fait plus d’épigrammes contre l’Académie française que M. […] Ce n’est pas une biographie que je fais, mais le peu que j’ai dit était indispensable pour entrer dans l’esprit de l’écrivain et pour prendre la mesure de l’homme. […] Bazin : c’était à faire à un écrivain royaliste d’écrire de telles choses sur le premier roi Bourbon. […] Bazin qui rentrent dans les mêmes études du xviie siècle ; il s’était fort occupé de Saint-Simon et de Mme de Sévigné, laquelle il admirait comme écrivain par-dessus tout.
Mais je profiterai d’une publication récente, où un écrivain d’une plume brillante et vaillante, M. […] Rien n’est curieux comme cette sorte de charte, ou plutôt de loi spartiate et hébraïque, que M. de Bonald méditait d’imposer aux écrivains, et cela pendant les plus grandes saturnales de la presse, en plein Directoire. […] Semblable à une eau qui se perd dans le sable si elle n’est arrêtée par une digue, l’homme n’est fort qu’autant qu’il est retenu. » Se croyant déjà revenu à Lycurgue ou à Moïse, il proposait sérieusement à l’administration de faire faire des éditions châtiées et exemplaires des auteurs célèbres : on extrairait de chaque auteur ce qui est grave, sérieux, élevé, noblement touchant, et on supprimerait le reste : « Tout ce qui serait de l’écrivain social serait conservé, tout ce qui serait de l’homme serait supprimé ; et si je ne pouvais faire le triage, dit-il, je n’hésiterais pas à tout sacrifier. » Telle est la pensée que M. de Bonald énonçait en 1796, qu’il continuera d’énoncer et d’exprimer pendant toute la Restauration, et qu’il voudra réaliser tant bien que mal en 1827, comme président du dernier Comité de censure : peut-on s’étonner de la suite d’après le début ? […] M. de Bonald est un des écrivains dont il y aurait ainsi le plus de grandes ou spirituelles pensées à extraire ; on ferait un petit livre qu’on pourrait intituler Esprit ou même Génie de M. de Bonald, et qui serait très substantiel et très original. […] Les physiologistes de l’école de Lucrèce et de Lamarck qui pourront et oseront lui répondre (car la querelle à mort est entre eux et lui) sont encore à naître60· Ses relations avec de Maistre et avec Chateaubriand achèvent de le définir : un écrivain, selon moi, n’est bien défini que quand on a nommé et distingué à côté de lui et ses proches et ses contraires.
Zola, comme tous les écrivains peu aptes à imaginer le mécanisme intérieur de la machine humaine, et comme aucun des romanciers psychologues, montre les actes de ses personnages de préférence à leurs raisonnements, les effets plutôt que les causes. […] Zola n’est ni un écrivain extraordinaire tel que V. […] Zola montre qu’il n’existe pas plus d’écrivains purement réalistes qu’il n’y a d’absolus idéalistes. […] Autant cet écrivain nous paraît piètre penseur, mal renseigné et peu spéculatif, autant nous l’admirons pour son génie incomplet mais puissant. […] Zola, la tâche de continuer le roman moderne devront partir de ce grand écrivain plus vaste qu’élevé, mais qui a construit, une fois pour toutes, les assises des œuvres futures.
Et l’écrivain qui les a décrits, ces horizons et ces environs, avec le sens et le goût des choses divines, qui est-il ? […] C’est ici que l’auteur des Horizons prochains va gagner en s’élevant une originalité relative ; elle est un Michelet assaini, essuyé, clarifié, brillant d’une pureté que rien ne ternit et qui par ce côté écrase l’écrivain qu’elle rappelle et lui eût fait honte à lui, dont les dons étaient si beaux et qui en a tant abusé, s’il avait pu se regarder tel qu’il aurait pu être, dans ce miroir, tout ensemble faux et fidèle, taillé dans le diamant qu’il n’avait plus ! […] Aussi, l’attendrissement que nous causent ces simples histoires ne nous fond pas le cœur, mais nous le fortifie ; et c’est là la caractéristique de l’écrivain. […] La pensée de l’écrivain et son inspiration sont plus haut qu’elles. […] (Voir le Ier volume des Œuvres et des Hommes, Philosophes et Écrivains religieux, Ire série.)
Ce n’est pas de l’auteur que je parle ainsi, c’est de l’homme : l’homme en lui était mille fois plus vaste que l’écrivain. L’écrivain écrit, l’homme sent et pense. […] » Tout le monde finit par être de son avis : la conscience d’un écrivain de génie intimide les sots, foudroie les méchants, rassure les lâches ; c’est ce que Balzac trahit à mes yeux. […] C’est mal, cependant ; il faut une organisation robuste qui vous manque, à vous autres femmes, pour supporter les tourments de la vie de l’écrivain. […] Elle adorait Balzac, comme écrivain.
Les écrivains détraqués se plaisent aussi à décrire des scènes de crime et de sang, tout comme Ribeira, le Caravage et les autres peintres homicides se plaisent dans les représentations horribles. […] La théorie de la décadence doit donc s’appliquer à des groupes d’écrivains, à des fragments de siècle, à des séries d’années maigres et stériles : toute généralisation est ici impossible. […] Les écrivains du dix-septième siècle étaient-ils plus modestes ? […] Même lorsque la vertu est prise comme objet de drame ou de roman, c’est l’élément passionnel de la vertu, c’est la passion de la pitié, du dévouement, etc., qui d’habitude fournit à l’écrivain ses sujets préférés. […] Les écrivains qui visent à être « physiologistes », ne devraient pas ignorer les effets physiologiques de la suggestion.
Nul poète, nul écrivain ne l’a ressenti plus profondément, et ne l’a exprimé en termes plus poétiques. […] Autant la phrase de l’écrivain réfléchi est nette, courte et ramassée, autant celle de l’écrivain inspiré est complexe. […] L’écrivain qui ne peut penser qu’à ce qu’il écrit actuellement est incapable de composer une œuvre. […] Un écrivain ainsi constitué ne pourra s’exprimer exactement qu’en métaphores. […] Daudet et quelques autres écrivains, ce phénomène se produirait soudainement, comme une crise.
Écrivains latins, poètes latins, les Pères s’efforçaient de former des latinistes. […] On admirait en lui l’écrivain et le penseur. […] Mais peu à peu l’écrivain l’emporte sur le peintre. […] On a eu raison de remarquer que chez lui le peintre a moins gagné au voisinage de l’écrivain que l’écrivain au voisinage du peintre. […] Nos écrivains ont subi l’influence du désastre, non celle du peuple qui nous l’avait infligé.
Il y a les écrivains du parloir et les écrivains du gueuloir. […] Il vient d’avoir vingt ans, et vraiment peu d’écrivains ont été plus précoces. […] Un écrivain a une tendance à croire que la littérature, la pensée, l’intelligence auront arrondi certains angles, émoussé certaines épines de la nature féminine, et une femme de lettres en croit autant d’un écrivain. […] Aussi touchant et naïf, ce perroquet de la sainte littérature, dans le cabinet de travail du vieil écrivain que dans la chambre de Félicité ! […] Nul écrivain n’a moins à perdre que lui à cette mise en lumière des dessous et des substructions.
Quelle génération d’écrivains de plume et d’épée n’avaient point produite les guerres du xvie siècle, un Montluc, un Tavannes, un d’Aubigné, un Brantôme ! […] Cette vocation d’écrivain, qui se dégage et s’affiche pour nous si manifestement aujourd’hui, était cependant d’abord secrète et comme masquée et affublée de toutes les prétentions de l’homme de cour, du grand seigneur, du duc et pair, et des autres ambitions accessoires qui convenaient alors à un personnage de son rang. […] Et avec cela il est artiste, et il l’est doublement : il a un coup d’œil et un flair 93 qui, dans cette foule dorée et cette cohue apparente de Versailles, vont trouver à se satisfaire amplement et à se repaître ; et puis, écrivain en secret, écrivain avec délices et dans le mystère, le soir, à huis-clos, le verrou tiré, il va jeter sur le papier avec feu et flamme ce qu’il a observé tout le jour, ce qu’il a senti sur ces hommes qu’il a bien vus, qu’il a trop vus, mais qu’il a pris sur un point qui souvent le touchait et l’intéressait. […] Aujourd’hui il restait à faire un progrès important et, à vrai dire, décisif pour l’honneur de Saint-Simon écrivain. […] Respectons le texte des grands écrivains, respectons leur style.
Les premiers écrivains qui ont laissé des noms durables dans l’histoire de la prose, ce sont des chroniqueurs ; ce sont Villehardouin Joinville, Froissart, et Philippe de Comines. […] C’est ainsi que le génie d’une littérature s’enrichit du génie de chaque écrivain en particulier. […] Le premier, dans l’histoire de notre prose, qui ait écrit avec le dessein d’être écrivain, c’est donc Froissart. […] Le plaisir de translater et de voir naître sous sa plume de beaux mots, qui fussent les égaux des mots latins, détourne trop souvent l’écrivain de son plan, et étouffe le fond sous les incidents. […] Nous sommes d’un pays où les meilleures intentions ne sauvent pas un écrivain de l’oubli.
Lémontey admirait fort ces traits et plusieurs autres qui prouvent également l’écrivain aguerri. […] Il y est apprécié à sa hauteur comme savant : « Pour savoir tout ce que vaut M. de Buffon, il faut, messieurs, l’avoir lu tout entier. » On a dit de nos jours que Buffon n’avait été apprécié à ce titre de savant et non plus seulement d’écrivain que depuis une quinzaine d’années. […] M. de Humboldt lui-même, qui a dit en son Cosmos : « Buffon, écrivain grave et élevé, embrassant à la fois le monde planétaire et l’organisme animal, les phénomènes de la lumière et ceux du magnétisme, a été dans ses expériences physiques plus au fond des choses que ne le soupçonnaient ses contemporains » ; M. de Humboldt, en parlant ainsi, avait oublié l’hommage éclairé rendu à Buffon par Vicq d’Azyr, et que le sien propre ne fait que confirmer par des raisons scientifiques nouvelles61. […] Semblable à ce météore terrible qui, formé de mille courants divers, menace du haut de la nue les sommets escarpés et semble être destiné par la nature à maintenir l’égalité physique sur le globe, la foudre révolutionnaire qui est en vos mains, et que dirige habilement votre génie, continuera de renverser les trônes, fera tomber les têtes superbes qui voudraient s’élever au-dessus du niveau que vous avez tracé ; elle établira l’égalité politique et (l’égalité) morale, qui sont les bases de notre liberté sainte… Voilà jusqu’où l’exaltation de la peur et l’espoir de se faire pardonner de Couthon, Saint-Just et consorts, pouvaient conduire le ci-devant médecin de la reine, un écrivain académique élégant.
D’ailleurs, des écrivains comme lui ne sont jamais désarmés. […] C’est ici que ma querelle sérieuse avec lui commence, et qu’avant de louer l’écrivain, l’excellent prosateur, et d’admirer le peintre vigoureux de la réalité, j’ai besoin absolument de m’expliquer sur le fond des choses, de marquer mes réserves ; car tout ce qui n’est pas croyant et convaincu à sa manière, gallicans, protestants, à plus forte raison déistes, naturistes ou panthéistes, comme on dit, tout y passe ; il les raille, il les crible d’épigrammes flétrissantes (car il a la touche flétrissante) ; il les traite même, en ses heures d’indignation, comme des espèces de malfaiteurs publics. […] Jusqu’à vingt-quatre ans, il n’avait lu avec plaisir, nous dit-il, que les écrivains du jour, Michelet, Janin, Mme Sand, etc., et il les admirait ou les goûtait assez confusément. […] et y a-t-il un milieu entre un écrivain catholique distingué, délicat, élevé, aristocratique et sans aucune action, comme le prince Albert de Broglie, par exemple, ou, dans un genre plus neutre, M. de Carné, et un défenseur à feu et à sang comme M.
S’agit-il d’étudier un homme supérieur ou simplement distingué par ses productions, un écrivain, dont on a lu les ouvrages et qui vaille la peine d’un examen approfondi ? […] Il est très-utile d’abord de commencer par le commencement, et, quand on en a les moyens, de prendre l’écrivain supérieur ou distingué dans son pays natal, dans sa race. […] Quand on s’est bien édifié autant qu’on le peut sur les origines, sur la parenté immédiate et prochaine d’un écrivain éminent, un point essentiel est à déterminer, après le chapitre de ses études et de son éducation ; c’est le premier milieu, le premier groupe d’amis et de contemporains dans lequel il s’est trouvé au moment où son talent a éclaté, a pris corps et est devenu adulte. […] On le retrouve, ardent écrivain de guerre, dans les factions politiques en 1815 et au-delà, puis au premier rang du parti libéral quand il y eut porté sa tente, sa vengeance et ses pavillons.
La barrière qui séparait écrivains et artistes a été, comme je l’ai dit, abattue par Diderot. Écrivains et artistes ont conscience d’être un même monde, de poursuivre pareilles fins par des moyens divers ; et ces rapports tendent à rendre aux écrivains le sens de l’art, leur rappellent qu’ils sont créateurs de formes et producteurs de beauté. […] Mais c’est l’individualité qu’il y poursuit ; et s’il sent la perfection artistique de la forme chez les écrivains du xviie siècle, il réduit la littérature à l’analyse psychologique et au discours moral.
À l’heure actuelle, même des écrivains réputés ont peine à parler d’un livre au cours d’une chronique, sans que leur éloge ne soit taxé à réclame par l’administration du journal. […] Restent les revues, seules sauvegardes des lettres françaises, seuls lieux courtois où l’écrivain soit traité à son mérite, avec de la place pour exposer ses idées, un public sérieux et capable de relire ; mais s’il est aisé de parler tout à son gré d’un auteur, dans les revues, il n’est pas moins vrai de constater que la critique littéraire y est également réduite au minimum. […] Il peut s’élever même à un rôle de grandeur réelle, et ceux qui diront qu’un tel homme est inférieur à un écrivain de romans seront injustes et aveuglés. […] Il faudrait leur adjoindre des écrivains d’élite qui ne font pas de critique régulière, mais qui ont prouvé des facultés considérables à ce point de vue.
C’est à ce besoin de changement que répondent mille choses dans la vie de tous les jours : l’institution des récréations et des vacances dans les écoles ; l’habitude d’entremêler dans l’enseignement divers sujets d’études, histoire, langues, mathématiques ; les brusques volte-face de la mode ; le goût des voyages et des jeux ; les règles de rhétorique qui recommandent à l’écrivain de réveiller l’attention par la diversité des tournures, etc. […] De 1715 à 1750, le monde, la société polie, la vie de salon imposent aux écrivains l’allure sémillante et le ton léger, même quand ils traitent les plus graves questions. […] J’entends que les écrivains continuent leurs prédécesseurs en même temps qu’ils les contredisent. […] Mais, de même et plus que les romantiques contre lesquels ils réagissent, ils sont des dévots de la rime riche, des historiens et des archéologues, des écrivains plastiques et pittoresques promenant leur Muse à travers toutes les civilisations.
Huysmans qui ont, au contraire, de très merveilleuses qualités d’écrivains. […] Tout écrivain, aujourd’hui, plus ou moins, fait sa langue. […] Huysmans « l’écrivain si aigu et si fastueux ». […] C’est encore de ces écrivains dévoués à l’Église et dont l’Église a horreur. […] Ceux qui aiment ces deux jeunes écrivains de réel talent regrettaient tant de peine perdue.
Ses ressources sont infinies ; il est le plus varié des écrivains. […] Cette façon d’écrire, toute française, solide et superficielle à la fois, nous valut nombre de bons écrivains. […] Il faut une entente entre le lecteur et l’écrivain. […] Napoléon, il faut le dire, s’accordait assez mal avec les grands écrivains de son temps. […] Kipling est un écrivain indépendant Sa popularité ne vient d’aucune complaisance calculée.
Je m’étais mis à leur appliquer tout d’abord une forme de critique singulièrement délicate et chatouilleuse ; je me faisais l’introducteur, l’interprète et jusqu’à un certain point le panégyriste de grands écrivains qui allaient se modifiant eux-mêmes pendant que je les peignais, et qui, souvent, par leur prompte métamorphose, déjouaient mes louanges les plus sincères et les plus méritées. — Je dirai tout de suite que pour avoir sous les yeux tout ce que j’ai écrit ex professo sur La Mennais, il faudrait y joindre l’article sur la Correspondance publiée par M. […] Il est resté pour moi un grand écrivain, un grand et surtout un vigoureux esprit dominé par une imagination forte, et plus que tout encore une âme de douleur, d’angoisse et de tourment.
Les écrivains du Nord répondent que ce goût est une législation purement arbitraire, qui prive souvent le sentiment et la pensée de leurs beautés les plus originales. […] Ils tiennent aux défauts de leurs écrivains presque autant qu’à leurs beautés ; tandis qu’ils devraient se dire comme une femme d’esprit, en parlant des faiblesses d’un héros : C’est malgré cela, et non à cause de cela, qu’il est grand.
Quelques écrivains ont fait honneur à l’influence d’Anne d’Autriche et à l’esprit espagnol apporté par elle en France, du premier essor de Corneille. […] C’est du reste un tic commun à beaucoup d’écrivains, d’indiquer dans nos vieilles cours l’origine du génie en tout genre, comme s’ils étaient aussi sûrs de la trouver cette source qu’ils le sont d’y trouver l’origine des plus grands vices.
Quels autres noms pouvoit-il lui donner, en voyant que, parmi les cent cinquante volumes qui composent le Recueil de son Journal, il n’y en a pas un où il n’ait l’audace de critiquer ceux qui passent pour nos meilleurs Ecrivains ? […] Quoiqu’on n’ait cessé de lui dire qu’il ne sauroit trop respecter ces hommes qui honorent notre Nation par leur Littérature, autant que par leurs lumieres & leurs vertus ; il n’a pas craint de les qualifier d’Ecrivains bizarres, de les accuser d’être vindicatifs, intolérans, orgueilleux, égoïstes, pleins de morgue.
un peintre de mœurs et un mordant écrivain. […] Prenez tous les moralistes de son temps, tous les poètes comiques du xviiie siècle, tous les écrivains qui ont parlé longuement ou brièvement de la bourgeoisie et qu’a invoqués Asselineau, tous déposeront plus ou moins dans le sens de Furetière et appuieront son mérite de romancier, qui est très grand.
Écrivains bourgeois et clercs : Eustache Deschamps. […] C’est l’honneur des Valois, même les plus fous et les plus vains, d’avoir aimé toujours les lettres et les livres ; le roi Jean, le duc de Berry son fils, donnaient des commandes aux écrivains, recherchaient ou faisaient faire les beaux manuscrits. […] Il y a en lui, sinon un poète, du moins un écrivain ; et si l’on considère certain goût pour les lieux communs, certaine pente à procéder par idées générales et par raisonnements liés, on dirait peut-être qu’il y a en lui un commencement d’orateur. […] Souvent l’écrivain hésite entre un gallicisme et un latinisme de syntaxe ; il renforce le mot populaire d’un mot savant, transcription fidèle du terme latin. […] Mais le caractère le plus saillant de sa langue, et il en est de même chez tous les savants et lettrés du temps, c’est l’abondance des mots que l’écrivain dérive ou décalque du latin.
La vie de la publicité prend des proportions si colossales, que la moralité de l’écrivain en est toute modifiée ; qu’elle lui constitue de nouveaux devoirs. […] Des écrivains superficiels ont prétendu souvent, dans des classifications sans justesse, que les guerres de religion se sont fermées au traité de Wesphalie ; c’est une erreur. […] L’opinion publique, insurgée par les écrivains, l’avait asservi, et d’ailleurs il trouvait de la sympathie en Europe. […] Ils ont, pour leur part, repoussé ces calomnies que des écrivains de ce temps-ci, moins sages et moins intelligents, répètent encore comme s’ils étaient du siècle passé. […] En cela, ils ont donné un noble exemple, qui n’a pas été suivi, à des écrivains catholiques, du moins par le baptême, et de toutes manières, excepté par-là, au-dessous d’eux.
Mais, certainement, là, elles donneront de lui une idée contraire à celle que certains esprits voudraient faire prévaloir sur ce jeune et intéressant écrivain. […] et même abject, et tout le talent de l’écrivain, brillant dans une foule de détails, n’en sauve ni l’abaissement douloureux, ni la vulgarité pire encore. […] Ces détails sont dignes, en effet, de l’écrivain qui nous a donné tant de pages d’une originalité si primesautière et si ravissante. Alphonse Daudet est du très petit nombre d’écrivains qui ont à eux une manière qui ne ressemble à celle de personne, et c’est même la raison pour laquelle il échappe souvent à l’esprit de système et à des admirations dangereuses. […] Sans cette faculté d’attendrissement, il resterait, je n’en doute pas, par son fond, mortellement antipathique aux esprits élevés et délicats, le vrai, le seul public pour un écrivain de la race de Daudet.
Les idées, avant d’être ainsi marquées et teintes du style et de la couleur de l’écrivain, appartiennent vaguement à tout le monde. […] Ici, ce qu’on reconnaît avant tout, c’est le caractère et le tempérament et la passion de l’écrivain de l’artiste. […] De plus, il faut distinguer certains écrivains qui sont en avance sur leur siècle. […] Fanatique par tempérament, par tempérament aussi il est orateur, il est écrivain fougueux et grand coloriste. […] Comment donc le régime n’aurait-il pas aussi son influence sur les œuvres de l’écrivain ou de l’artiste ?
L’auteur est déjà un fort brillant écrivain. […] et je m’arrête, d’ailleurs, aux écrivains encore vivants. […] (Constant n’est connu que plus tard comme écrivain). […] Il sera toujours irrité d’être regardé surtout comme un écrivain. […] Mais, qu’il fût un grand écrivain, cela ne touchait pas beaucoup Louis XVIII.
Il n’y a, dans toute l’antiquité, d’écrivain qui lui soit comparable qu’Origène. […] Plusieurs écrivains le secondèrent de leur plume, de leurs amis, de leurs protecteurs. […] Il daigna traiter avec leur ennemi d’écrivain à écrivain, le suivre & le combattre dans tous ses raisonnemens. […] Ils étoient l’élite des écrivains de la nation. […] Les écrivains de Port-royal cessent les hostilités.
Quatre écrivains grecs paraissent avoir été pour Rabelais l’objet d’une sorte de fréquentation quotidienne qui se fait sentir presque à chaque page de son ouvrage : ce sont Platon, Lucien, Hippocrate, et Galien. […] Le premier de nos grands écrivains, il représente en l’étendant l’esprit de son pays, et il enrichit la langue nationale des beautés de la sienne. […] On a remarqué de tous les grands écrivains comiques, qu’ils ont eu l’humeur sérieuse triste et mélancolique. […] que prouve cette renommée de mystificateur, sinon que l’humeur joyeuse qui déborde dans l’écrivain a été le caractère même de l’homme, et que Rabelais n’a guère moins ri lui-même qu’il n’a fait rire de ses écrits ? […] Peu d’écrivains ont plus fait pour notre langue que Rabelais.
les wagnériens ne sont pas gens pressés… jamais ils n’ont protesté violemment contre les aménités douteuses et les allègres injures que des écrivains bien-pensants leur adressent trois cent soixante-cinq fois l’année. […] Ce qui est en effet écœurant, c’est de trouver chez tant d’écrivains une si profonde inintelligence des principes fondamentaux de l’art, tels que Wagner les a énoncés avec une clarté merveilleuse dans de nombreux écrits. […] Par contre, il enseigne : « Vérité, réalité, sensualité, sont trois termes identiques… il n’y a d’autre preuve de l’être que l’amour, que les sens. » Et Wagner nous dit : « Ce qui m’attira vers Feuerbach, ce fut que cet écrivain renie la philosophie et qu’il donne de la nature humaine une explication dans laquelle je crus reconnaître l’homme artiste tel que je l’entendais moi-même » (III, 4). […] C’était l’hommage le plus brillant que l’on pût rendre à la mémoire de l’illustre écrivain. […] Servières, où nous désirerions pourtant une critique documentaire plus complète et rigoureuse, résume bien les sentiments successifs du public français, ceux également des écrivains et journalistes, j’ai regretté que M.
Aucun écrivain n’était plus fait que Nodier pour représenter et pour exprimer par une définition vivante ce que c’est qu’un homme littéraire, en donnant à ce mot son acception la plus précise et la plus exquise. […] Fixé à l’Arsenal depuis 1824, il put, pour la première fois, y asseoir un peu son existence, si longtemps battue par l’orage ; sa maturité d’écrivain date de là. […] Comme le disait devant moi une femme de goût195, ce serait un grand seigneur ou un simple écrivain, le duc de Nivernais ou Nodier, on ne ferait pas autrement : en France, à une certaine heure, il n’y a que l’esprit qui compte.