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50. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Dans l’histoire charmante qu’elle a tracée des années brillantes de cette princesse, parlant d’elle-même à la troisième personne, elle se juge ainsi : « Mlle de La Trimouille et Mme de La Fayette étoient de ce nombre (du nombre des personnes qui voyaient souvent Madame). […] Depuis lors, il n’a pas manqué de personnes qui ont voulu maintenir à Segrais l’honneur de la paternité ou du moins une grande part. […] On voit même reparaître un jour M. de La Fayette en personne, qui arrive tout exprès je ne sais d’où, comme motif d’excuse. […] Cette vue est accablante même pour les personnes les plus déclarées contre le déguisement. […] Mais je disois à ces personnes si précipitées dans leurs jugements : Mme de La Fayette n’est pas folle ; et je m’en tenois là.

51. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

me disait un jour la personne la plus respectable et la plus charmante, bien que si austère ; ce qu’on a écrit sur elle ne vous paraît-il donc pas suffisant ?  […] Je ne blâme donc personne, et tout au contraire je remercie de ce qui nous est donné. […] Elle est d’une extrême bonté ; personne n’a plus d’esprit ; mais ce que vous avez de meilleur est fermé chez elle. […] Personne n’a autant de sagesse pratique, moins pour elle, il est vrai, que pour ses amis. […] Ma vie est douloureusement changée ; personne peut-être à qui je dusse plus qu’à elle !

52. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Nous savons, par exemple, qu’à l’âge de trente-sept ans on ne lui en donnait que trente et qu’elle avait la fraîcheur d’une personne de vingt. […] Monsieur, laissez-moi donc en repos. » Il ne faisait point de distinction de rang dans la société ; il en remplissait lui-même les devoirs plus exactement que personne. […] La voulez-vous voir en personne dans cette petite Cour dont elle faisait les honneurs ? […] c’était la question qu’on agitait dans toute la société, mais que personne n’agitait plus qu’elle dans l’anxiété de son désir. […] L’opinion d’une personne du monde, sage et de bon esprit, Mme de Verdelin, s’accordait en ceci avec le conseil de Hume.

53. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LX » pp. 231-236

Sont-ce les mêmes personnes ? […] Ce qui n’est pas moins grave, c’est que ce sont ces mêmes personnes émues qui jugent, qui jugent par la personne des jurés. […] Une foule de personnes, qui donnent dans la réaction religieuse du jour, se mirent à désirer que le cœur en question fût précisément celui de saint Louis ; il ne s’agissait plus que de trouver des raisons. […] Quand on en vient là, toute discussion est superflue ; et, en vérité, du moment qu’il croyait nécessaire d’implorer le Deus ex machina, contre la règle de l’art, Nec Deus intersit, il aurait mieux fait de couper court tout de suite aux difficultés historiques, en admettant que le cœur de saint Louis, s’envolant miraculeusement de Monréale à Paris, à travers les airs, était venu s’enterrer lui-même dans la Sainte-Chapelle, à l’insu de tout le monde, gardant un incognito que personne ne pouvait violer. — On voit qu’avec un peu d’aide, quelque chose d’analogue à la Sainte Ampoule pouvait nous être rendu ; et, à l’heure qu’il est, il y a des gens qui ne me pardonnent pas d’y avoir mis obstacle. » On a là un échantillon de la manière piquante et incisive de M.

54. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Comtesse Merlin. Souvenirs d’un créole. »

Les Souvenirs, quand ils sont écrits par des personnes du monde, sans prétention littéraire, ont toujours de l’agrément. […] Je me figurais bien la jeune femme artiste, non moins chose légère que l’abbé Delille, d’une joyeuse abondance de talent, active à tout peindre, les personnes, les cascades, l’arc-en-ciel de Tivoli, ses grâces au pinceau, au pastel, la draperie mythologique qu’elle savait jeter sur chaque objet ; j’assistais à l’inspiration mondaine et riante de l’art d’alors, et les Souvenirs me commenaient quelques-uns de ces portraits durables qu’on aime à revoir. Une personne, qui n’en est aux Souvenirs qu’autant qu’elle le veut bien, vient de nous introduire dans des scènes et parmi un monde plus rapproché, mais qui déjà a besoin qu’on le rappelle. […] Madame de La Fayette écrivait à madame de Sévigné : « Votre présence augmente les divertissements, et les divertissements augmentent votre beauté lorsqu’ils vous environnent : enfin, la joie est l’état véritablement de votre âme, et le chagrin vous est plus contraire qu’à personne du monde. » Ninon écrivait encore à Saint-Évremond : « La joie de l’esprit en marque la force. » L’auteur de ces Souvenirs, à mesure qu’ils se déroulaient devant nous, et que nous nous plaisions à composer son image, nous paraissait ainsi une personne chez qui la joie, une joie qui n’exclut nullement la sensibilité, est compagne de la force de l’âme.

55. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

J’ai perdu chez vous, dans l’espace de huit ans, ma santé, mes yeux, mon repos, personne ne l’ignore ; c’est être assez puni d’y avoir demeuré si longtemps. […] Lorsqu’il apprit que son plan avait manqué et qu’il se trouvait dans la situation d’un fugitif que personne ne protégeait, il songea à sa sûreté personnelle très-compromise. […] Je fais la même chose en Hollande, où j’ai l’avantage d’être vu aussi de fort bon œil de tout ce qu’il y a de personnes de distinction. […] S’ils prétendent décrier mon caractère, je défie la calomnie la plus envenimée de faire impression sur les personnes de bon sens dont j’ai l’honneur d’être connu. […] Peintre immortel de la passion, mais surtout peintre naïf, cette naïveté survivait sans doute chez lui aux autres traits et dominait dans sa personne.

56. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Il voit la laideur aussi nettement que personne, et la marque, mais il ne s’y arrête pas. […] Il a beau baisser les yeux, il voit aussi clair que personne. […] Personne n’a parlé moins respectueusement « des puissances. » Il semble particulièrement se plaire à railler les grands. […] Jamais il n’a fait de mal à personne ; il ne semble pas qu’il en ait dit de personne, sinon en général et en vers. […] Plus que personne, il en a eu les deux grands traits, la faculté d’oublier le monde réel, et celle de vivre dans le monde idéal, le don de ne pas voir les choses positives, et celui de suivre intérieurement ses beaux songes.

57. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Ces personnes n’avaient proposé que l’éducation d’enfants nés de madame de Montespan. […] Elle était une des plus remarquables personnes de cette société d’élite qui avait remplacé la société de Rambouillet. […] La réputation de piété était une garantie contre les dangers de la contagion, et contre les soupçons qu’encourent les personnes qui s’y exposent. […] Madame Scarron avait pris Gobelin pour directeur, comme beaucoup de gens d’esprit prennent pour conseil des personnes qui leur sont fort inférieures en mérite. […] On se consulte mieux avec une autre personne que tout seul.

58. (1761) Apologie de l’étude

Que de moyens d’être heureux sans avoir besoin de personne ! […] L’histoire a été mon coup d’essai : j’en ai fait une ou je m’exprimais librement sur des personnes redoutables : car on m’avait assuré que les traits hardis étaient un moyen sûr de plaire. […] Le public, me suis-je dit pour me consoler, le public en personne me vengera ; je me présenterai à lui sur la scène dramatique pour y être couronné par ses mains. […] Personne, répondis-je à ce détracteur de l’étude, n’a plus sujet que vous d’être mécontent, et n’en a moins de se plaindre. […] Dans ces sciences on n’a besoin de personne pour se juger : dans les matières de goût on n’est vraiment apprécié que par le jugement public.

59. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Même des faits inconnus, et, par cela, d’un intérêt qu’on peut évaluer, ne suffisent pas pour nous montrer dans sa vérité nuancée et profonde, — dans toute sa vérité morale et historique, — la personne qu’on a suppléée dans des Souvenirs qu’elle n’écrivit pas, et il n’y a pas d’ailleurs de ces faits inconnus dans le livre que voici. […] Personne ne faisait plus vite et d’une main plus douce Une ligature à ces vanités qui s’en vont tachant tout de leur vilain sang empoisonné, et n’en fermait mieux la blessure. […] Eh bien, je m’en vais vous le dire, pourquoi, car, pour être ennuyé, il ne faut pas être dupe : c’est que ces choses-là font à l’éditeur l’effet d’être très intéressantes, très importantes, absolument comme les détails que Garat nous donnait sur Suard, et que personne ne lit plus, paraissaient très importants au pauvre Garat ! […] peut-être aussi sur l’imagination des critiques ; car il y aura des critiques qui n’oseront jamais dire que ce livre n’est pas d’un intérêt dévorant et qu’il n’ajoute rien à la gloire de personne, pas même à celle de la femme pour laquelle il a été écrit, et qui pouvait très bien, sans que pour cela on l’oubliât, se passer d’un si vide hommage ! […] Madame Lenormant était mieux placée que personne pour nous le donner, mais pour cela il fallait une main inspirée !

60. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

L’objection que je fais ici à Mme de Créqui est la même que j’adresserais à Mme Du Deffand et à toutes ces personnes d’autrefois, d’un goût exquis, d’un esprit exact, d’un monde consommé, et qui ont trop vécu. […] Pendant ce temps-là, quelques vieilles femmes assises dans leur chambre parlent le français à ravir, familièrement, crûment, comme chez elles, sans demander la permission à personne, et tout à fait comme des vieilles d’Athènes. […] La langue du monde, telle que ces deux personnes d’une raison si charmante et leur ancienne 483 amie Mme de Maintenon la parlèrent et la firent, était le suprême de cette exquise et simple élégance où le soin disparaît dans la facilité. […] Je ne sais si Mme de Créqui n’en fut pas attaquée un moment ; on le dirait du moins, à voir son vif intérêt pour la personne de Rousseau et pour ses écrits. […] Je viens de lire une très agréable et fidèle description de ce monde-là par une personne plus jeune et qui en avait reçu dès le berceau les dernières et intimes élégances, par une personne de notre temps, et qui n’a disparu que d’hier.

61. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Mais Monsieur était si satisfait de pouvoir, tous les soirs qu’il passait à Paris, demander à dix ou douze personnes en particulier : « Eh bien ! […] Le roi, qui précédemment avait peu souri à l’idée de l’épouser, « connut, en la voyant de plus près, combien il avait été injuste en ne la trouvant pas la plus belle personne du monde ». […] Contentez-vous d’aimer les personnes qui en sont aussi reconnaissantes que je le suis, et qui ressentent aussi vivement que je fais la douleur de ne se pas voir en état de vous tirer de celui où vous êtes. […] Puisqu’il y a eu des personnes qui sont mortes de douleur, il m’est honteux d’avoir pu survivre à la mienne. […] On eût dit qu’elle s’appropriait les cœurs au lieu de les laisser en commun, et c’est ce qui a aisément donné sujet de croire qu’elle était bien aise de plaire à tout le monde et d’engager toutes sortes de personnes.

62. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

On les donne aux élèves, les professeurs s’en servent : personne n’en parle. […] Personne ne pense à exposer la méthode et à préciser comment on fait une bonne phrase, par quel travail acharné on parvient à la rendre excellente, définitive, comment on traduit, on pousse, on fait resplendir une idée. […] Personne n’a étudié l’anatomie du style. » C’est cette critique de métier que nous avons entreprise et que nous défendrons énergiquement, tant qu’on persistera adonner aux élèves des Cours de littérature surannés. […] Parmi les débutants, élèves, jeunes gens ou jeunes filles, qui de toutes parts nous ont adressé leurs remerciements, n’est-il pas significatif que, non seulement personne ne se soit vanté d’avoir appris à écrire au bout de vingt leçons, mais que personne ne nous ait reproché de lui avoir menti en promettant de le lui apprendre ! […] Un autre fait courir le bruit qu’on trouve nos livres à treize sous sur les quais, où jamais personne n’en vit un seul.

63. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

— Mais nous sommes si peu ce que vous dites, que vous, — vous écrivez toujours et que personne ne vous arrête ! […] L’opinion n’a certainement jamais grisé personne comme elle a grisé Mme Sand. […] Elle ne choque personne par ce grand côté de l’esprit que les forts seuls savent aimer et que les moyennes intellectuelles qui lisent, détestent. — À la place, elle a ce qui plaît, avant tout, aux moyennes, l’abondance et la facilité. […] Thiers est, en effet, la seule personne du siècle à qui le succès ait été aussi facile qu’à Mme Sand. […] Tous, plus ou moins, nous avions cru qu’elle était un écrivain volontaire et travailleur qui avait émancipé la femme dans sa personne, et qui, vaillante dans le faux, mais vaillante, voulait émanciper le mariage, l’opinion, la loi !

64. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Balzac, dont les œuvres subsistent bien plus que celles de Voiture, avait incomparablement moins d’esprit comme homme, et peu ou point de discernement des personnes. […] On me donna une chambre fort commode, et je m’étonnois qu’en un lieu si sauvage il y eût tant d’ordre et de propreté ; mais j’admirois principalement qu’une si rare personne y fût cachée. […] Quelques jours après, je fis ces observations, où je ne voulus pas insulter ; je me contentai d’apprendre à ces dames que je n’étois pas chimérique et que je n’imposois à personne. […] Mais, après avoir ri, on remarque pourtant cet accord singulier des personnes les plus spirituelles d’alors, de Mme de Sévigné, de Mme de Sablé, cette Sévigné de la génération précédente. […] Je serais étonné si ce n’était pas d’elle aussi qu’il veut parler : « Une personne, la plus charmante que je connus de ma vie… » (Page 152 des Œuvres posthumes.)

65. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Vue de près et dans la réalité, sa vie répond bien à l’idée qu’on s’en fait de loin et à travers l’auréole ; la personne ressemble de tout point à la réputation charmante qu’elle a laissée. […] On voulut prendre jusqu’à trois de ces personnes de parade pour mieux cacher le jeu, Mlle de Pons, Mlle de Chemerault, et Mlle de La Vallière. […] Mais, tandis qu’il ne songeait ainsi, en affichant cette jolie personne, qu’à donner le change au monde et à éblouir d’elle le public, le roi s’éblouit lui-même et devint sérieusement amoureux. […] La tendresse, qui était l’âme de sa personne, s’y tempérait d’un fonds visible de vertu. […] Elle me dit mille honnêtetés, et me parla de vous (de Mme de Grignan) si bien, si à propos, tout ce qu’elle dit était si assorti à sa personne, que je ne crois pas qu’il y ait rien de mieux.

66. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

La Harpe ne s’en tint pas à cette première épreuve ; il se remaria à l’âge de cinquante-huit ans (9 août 1797) avec une jeune et jolie personne de vingt-trois ans ; mais, cette fois, ce fut cette jeune personne qui demanda le divorce, et qui se retira après trois semaines d’essai conjugal ou même, dit-on, de résistance. […] Ces qualités qui tiennent à la personne physique ont beaucoup plus d’influence au moral qu’on ne l’imagine. […] Voici une histoire très vraie que j’ai entendu plus d’une fois raconter de la bouche même de l’aimable personne qui en avait été témoin et un peu complice. […] Le lendemain il ne parla de cette visite à personne dans le château, et personne aussi ne lui en parla. […] » — « Non, madame, vous s’en aurez pas, ni vous, ni personne.

67. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens » pp. 112-126

Car le bruit qu’une personne fait en déclamant, est un bruit moins fort et moins éclatant que celui que la même personne feroit si elle chantoit. […] Ciceron dit que les personnes sçavantes en musique connoissoient dès qu’elles avoient entendu les premieres notes du prélude des instrumens, si l’on alloit voir Antiope ou bien Andromaque, quand les autres spectateurs n’en devinoient encore rien. […] Non seulement l’orateur est le maître du rithme ou du mouvement de sa prononciation, mais comme il parle en prose et sans être obligé de se concerter avec personne, il est encore le maître de changer à son gré la mesure de ses phrases, de maniere qu’il ne prononce jamais d’une haleine qu’autant de sillabes qu’il en peut prononcer commodement. Personne n’ignore que Roscius, le contemporain et l’ami de Ciceron, étoit devenu un homme de consideration par ses talens et par sa probité. […] Cette étude recherchée de tous les artifices capables de mettre de la force et de jetter de l’agrément dans la déclamation, ces rafinemens sur l’art de faire paroître sa voix, ne passeront point pour les bizarreries de quelques rêveurs auprès des personnes qui ont connoissance de l’ancienne Grece et de l’ancienne Rome.

68. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Cependant il était trois heures, et personne n’avait encore pu pénétrer chez le roi. […] Il ne sortait encore presque personne de la chambre, et ceux qui en sortaient ne parlaient pas ; on ne disait rien. […] Quatorze personnes, dont chacune a le droit d’approcher et de visiter un malade, me paraissaient un vrai supplice. […] Il l’amusait par ses contes et par sa gaieté, et avait alors plus de crédit que personne sur son esprit. […] Une personne , c’est-à-dire une maîtresse.

69. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Il a parlé de certaines doctrines, mais il n’a nommé personne. […] Personne n’avait songé à M.  […] Il n’est donc point exact de dire que personne n’avait songé à M.  […] J’ai prié M. de Heeckeren, sénateur, et M. de Reinach, député, de s’entendre avec les deux personnes que vous désignerez pour les suites naturelles de cet incident. — M. de Heeckeren, qui veut bien se charger de ce billet, recevra aussi votre réponse, c’est-à-dire les noms des deux personnes de votre choix. […] « Je n’accepte pas du tout cette situation, et personne parmi les lecteurs des deux séances ne voudra croire à ce renversement de rôles.

70. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Ne lui demandez point de jugement approfondi ni de révélations directes sur les hommes et les personnages en scène : il pourra porter quelques-uns de ces jugements sur les personnes tout à la fin et après l’expérience faite ; mais d’abord il ne les juge que d’après l’ensemble de leur rôle et de leur action, et comme on peut le faire au premier rang du parterre. […] André Chénier a remarqué spirituellement qu’au théâtre on flagorne le peuple, depuis qu’il est souverain, aussi platement qu’on flagornait le roi, du temps que le roi était tout, et que le parterre, qui représente le peuple en personne, applaudit et fait répéter toutes les maximes adulatrices en son honneur aussi naïvement que Louis XIV fredonnait les prologues de Quinault à sa louange, pendant qu’on lui mettait ses souliers et sa perruque. […] C’est cette forte clameur qui manqua et qui manquera toujours en pareille circonstance, quand les choses en seront venues à ces extrémités ; car, ainsi que lui-même le remarque tout à côté, « le nombre des personnes qui réfléchissent et qui jugent est infiniment petit ». […] Le poète, en face de ces bêtes brutes et de ces sans-culottes ignares, n’avait personne à qui il pût adresser les paroles touchantes qu’adresse Phémius à Ulysse dans le meurtre des prétendants : « J’embrasse tes genoux, ô Ulysse ; respecte-moi et aie pitié de moi ! […] Pastoret ; il y fut rencontré par le commissaire et ses acolytes qui y faisaient, de leur côté, une visite domiciliaire, et qui prirent sur eux de s’assurer de sa personne, sans ordre et par mesure de précaution.

71. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Sur tous les ouvrages nouveaux, venus de Paris à cette date, Sismondi est informé autant que personne ; il se tient au courant et il nous y met. […] C’est une personne à qui je puis parler de mes roses, et qui, sans s’en douter, m’a fait une réponse, l’autre jour, qui m’a été au cœur. […] Du reste, je n’avais eu qu’à paraître ; maître absolu de la ville, j’y pouvais faire pendre cent personnes si c’eût été mon bon plaisir. » Durant cet entretien, suivi tout en marchant, Napoléon s’était échauffé. […] Il sentait autant que personne que toutes ces guerres intestines de Genève étaient bien petites sur la carte de l’Europe. […] Ni les circonstances de la vie, ni celles de la personne n’ont aucune identité ; il en résulte qu’à quelques égards elle se montre dans le cours du roman tout autre qu’il ne l’a annoncée.

72. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Je savais mieux que personne en France, après M.  […] Quand je suis très content de moi, je suis approuvé de dix personnes. […] Il a eu tout de moi ; il n’aura après ma mort aucune surprise ; je n’ai rien réservé pour personne. […] La personne à qui vous écrivez vous rapetisse ; vous êtes obligé de prendre sa mesure. […] » Sûrement la personne pieuse qui m’écrit cela veut le salut de mon âme et je la remercie.

73. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Les disciples sont persuadez que ces personnes connoissent la verité mieux que les autres, et qu’elles ne veulent pas les tromper. […] Personne ne reclame contre ces décisions. […] Les personnes dont je parle ne sçauroient s’être trompées de bonne foi, puisque c’étoit de leur propre sentiment qu’elles rendoient compte. […] Cependant ils ne persuadent personne. […] Si l’auteur écrit mal, personne n’en parle.

74. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Telles sont celles de quelques Personnes de Geneve, au sujet de l’article de feu M. […] Et moi, je prouverai incontestablement à la personne qu'on aura choisie pour m'entendre : 1°. […] Il n'a pas tenu à ses sollicitations que je n'aye repris la plume contre vous, non seulement pour attaquer vos nouvelles Productions, mais votre personne. […] Personne n'a mieux manié l'arme du ridicule, & vous savez que c'est la plus efficace contre les erreurs. […] Après l’examen de leurs Ouvrages, j’ai voulu juger de leur personne.

75. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Pourtant comme, en fait de personnes du sexe, la force et la grandeur ne sont pas tout, je ne saurais pour ma part pousser la préférence jusqu’à l’exclusion. […] Mme de Staal était une personne vraie, et son livre est un livre vrai dans toute l’acception du mot : ce caractère y paraît empreint à chaque ligne. […] Mais de quelque utilité que cette personne d’esprit ait pu être dans un autre temps à l’abbé de Chaulieu plus que septuagénaire, ce n’est pas sur ce genre d’aveu que je fais porter le plus ou moins de sincérité d’un auteur femme dans les Mémoires qu’elle, écrit. […] Encore faudrait-il observer, dans la plupart des passages qu’on cite à l’appui de ce défaut, que c’est elle-même qui s’y dénonce à plaisir et qui fait gaiement les honneurs de sa personne. […] Je suis étonnée qu’une personne si vénérable ne regarde pas les passions comme des égarements d’esprit, qui ne sont point susceptibles de l’ordre qu’on y veut admettre.

76. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Il ne passe personne dans la rue qui ne soit étudié. […] Quant à ses capitaux, deux seules personnes pouvaient vaguement en présumer l’importance : l’une était M.  […] Il n’y avait dans Saumur personne qui ne fût persuadé que M.  […] Personne ne le voyait passer sans éprouver un sentiment d’admiration mélangé de respect et de terreur. […] Pour quelques personnes, la fortune du vieux vigneron était l’objet d’un orgueil patriotique.

77. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

On a publié, il y a quelques années70, une notice historique sur l’Inventaire des biens meubles de Gabrielle d’Estrées, inventaire dont le manuscrit est conservé aux Archives impériales : rien n’égale la richesse, la somptuosité et les recherches d’art et de magnificence dont s’environnait Gabrielle tant dans son ameublement que sur sa personne. […] Tant qu’il ne fut question pour le roi que d’avoir près de lui une amie, « une personne confidente pour lui pouvoir communiquer ses secrets et ses ennuis, et recevoir d’elle une familière et douce consolation », il n’eut aucune objection à faire. […] Cela posé, il énumère et parcourt la liste de toutes les personnes royales et d’extraction souveraine qui sont à marier ; il épuise, comme on dirait, l’Almanach de Gotha de son temps, distribuant à droite et à gauche des lardons et voyant à toutes des impossibilités. […] C’est sans doute ce que voulait dire Sully lorsque, quittant Paris pour passer à Rosny la Semaine sainte de 1599, il disait à sa femme que la corde était bien tendue, et que le jeu serait beau si elle ne rompait, mais que le succès, selon lui, ne serait pas tel que se l’imaginaient certaines personnes. […] [1re éd.] par une personne du temps i.

78. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Ce que je puis vous dire, mademoiselle, c’est que jamais personne ne fut si haut que moi, et que je ne croyais pas que la Fortune me dût jamais tant élever. […] Cet homme, qui « passait sa vie entre dix ou douze personnes, en cinq ou six rues et deux ou trois maisons », et qui ne pouvait souffrir un vent coulis dans le cabinet de Mme de Rambouillet, s’en va courir par monts et par vaux, et jusque par-delà les colonnes d’Hercule. […] Je connus alors que vous aviez de si saines opinions de tout ce qui a accoutumé à tromper les hommes, que les choses qu’ils considéraient le plus en vous étaient celles que vous y estimez le moins, et que personne ne juge d’un tiers avec moins de passion que vous jugez de vous-même. […] Sa personne n’était pas extrêmement bien faite : cependant il faisait profession ouverte de galanterie, mais d’une galanterie universelle, puisqu’il est vrai que l’on peut dire qu’il a aimé des personnes de toute sorte de conditions. […] On dirait que, selon l’usage des romanciers, mêlant plusieurs personnes en une, Mlle de Scudéry ait ici prêté à la princesse Parthénie quelques-uns des griefs qu’avait contre Voiture Mlle Paulet.

79. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Les personnes si modérées, si désintéressées et si justes dans l’amitié, sont ordinairement peu sensibles. […] A la vérité l’intérêt qu’il vous montre augmenterait, s’il était possible, l’opinion qu’on a de sa magnanimité et de sa bienfaisance, et les personnes comme vous ont des droits naturels sur une âme comme la sienne. […] Je lui ai conseillé de se retirer en Angleterre, lui promettant des lettres de recommandation pour vous, Monsieur, et pour d’autres personnes de mes amis. […] Enfin Hume se décida à l’informer, et il le fit par une lettre tardive du 15 juillet, à laquelle elle répondit en personne plus peinée que piquée. […] Hume, et les personnes sensées ne le soupçonnent point d’avoir tort.

80. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

On y parvient au moyen de témoignages contemporains rapprochés et contrôlés, et surtout si l’on a, de la personne qu’on étudie, des lettres ou toute autre production directe de son âme ou de son esprit. […] C’est le seul plaisir d’une personne raisonnable à un certain âge ; car les conversations sont médiocres et bien faibles, et toujours très-ignorantes. […] Il n’était, après tout, la doublure de personne. […] Telle qu’elle était devenue et que l’expérience l’avait faite, c’était une personne toute pratique, sachant jouir des dédommagements à sa portée et consentir graduellement aux diminutions nécessaires. […] Elle n’invitait à dîner que fort peu de personnes, jamais plus de deux à la fois.

81. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

L’idée donc me paraît excellente ; et je me figure très bien une personne, une femme élégante, qui fait son courrier dans son boudoir devant témoins, pendant qu’on jase autour d’elle, et qui ne serait pas fâchée de pouvoir se fixer sur l’exacte orthographe d’un mot, sans se lever toutefois et se déranger, sans déceler son doute, sans avoir recours même au plus portatif et au plus maniable des dictionnaires : elle n’a, maintenant, qu’à tourner d’une main négligente et comme par distraction son papier ; elle a l’air, tout au plus, de chercher le quantième du mois, et son œil est tombé précisément sur le mot qui faisait doute et qu’elle avait mal mis. […] Personne, certes, ne les voudrait imiter en ce point. […] pour le coup, Duclos, vous nous croyez par trop honnêtes femmes. » Que si l’on appliquait cela à la manière d’écrire, et si quelque docteur relâché venait à poser en principe que plus on a d’esprit et moins on est tenu à ces misères de l’orthographe, que ce sont choses à laisser à des plumes bourgeoises et que la marque de la supériorité consiste à ne pas se priver de ces licences d’autrefois, un exemple comme celui de Mme de Bregy suffirait, certes, à dégoûter les moins susceptibles, à effrayer les moins timides, et il n’est personne qui ne s’écriât : « Dieu nous garde d’être jamais beaux esprits à ce point ! » Personne, aujourd’hui, ne veut donc se passer d’orthographe. […] Ces soins qu’on prenait autrefois pour les fils de princes ou de grands seigneurs, pour Mgr le Dauphin en personne, on les a pour lui.

82. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 4, objection contre la proposition précedente, et réponse à l’objection » pp. 35-43

On n’est pas en peine comment les enfans de génie, nez dans les villes, tombent entrent les mains des personnes capables de les instruire. […] L’esprit qu’elles lui donnent lieu de montrer, engage d’autres personnes à l’aider, et lui-même il court au devant des secours qu’elles lui présentent. […] Il tombera dans les mains de quelqu’un qui le destinera aux emplois ecclesiastiques ; et toutes les communions chrétiennes sont remplies de personnes charitables qui se font un devoir de procurer l’éducation convenable à des étudians indigens, qui montrent quelque lueur de génie, et cela dans la vûë de procurer de bons sujets à leurs églises. […] Il apprendra à lire à vingt ans, pour joüir indépendemment de personne du plaisir sensible que font les vers à tout homme qui est né poëte… bien-tôt il fera lui-même des vers. […] Ce talent ne frappera-t-il personne, qui le menera dans une ville voisine, où, sous le maître le plus grossier, il se rendra digne de l’attention d’un plus habile, qu’il ira bien-tôt chercher de province en province ?

83. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Quant à Racine, voici de nouvelles particularités sur sa personne. […] Il alloit souvent se perdre dans les bois de l’abbaye, un Euripide à la main, malgré la défense de quelques personnes dont il dépendoit, & qui lui en brûlèrent consécutivement trois exemplaires. […] Le nombre des couplets qu’il fit contre beaucoup d’académiciens & de personnes distinguées, est considérable. […] Enchantée de voir le peu de succès de la Phédre de Racine, elle fit, au sortir de la première représentation, ce fameux sonnet : Dans un fauteuil doré, Phédre tremblante & blême, Dit des vers où d’abord personne n’entend rien, &c. […] Les amis de Racine les attribuèrent au duc de Nevers, & parodièrent le sonnet : Dans un palais doré, Damon jaloux & blême, Fait des vers où jamais personne n’entend rien.

84. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

J’ai vû en Italie des opera représentez de cette maniere, et personne ne les trouvoit un spectacle ridicule. […] Il faut donc se défier de ce premier mouvement autant que les personnes sages se défient de celui qui porte à désapprouver d’abord les modes et les coutumes des païs étrangers. […] La personne de Panurgus, ajoute Ciceron, ne vaut pas trente pistolles, mais l’éleve de Roscius vaut vingt mille écus. […] Ce soin faisoit une partie des occupations serieuses de toutes les personnes qui parloient ou qui récitoient en public. […] Il les faisoit appeller par ce domestique que les romains tenoient auprès de leurs personnes pour parler pour eux dans les occasions où il falloit parler haut afin de se faire entendre.

85. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 18, reflexions sur les avantages et sur les inconveniens qui resultoient de la déclamation composée des anciens » pp. 309-323

En second lieu, quand bien même chaque comedien pris en particulier seroit aussi capable de composer la declamation d’une tragedie qu’un maître de l’art, il seroit encore vrai de dire que la declamation d’une piece qui auroit été composée d’un bout à l’autre par une seule personne, devroit être et mieux conduite et mieux ménagée qu’une declamation où chaque acteur recite son rolle à sa mode. […] On va voir même dans Ciceron que parmi ceux qui sifloient les acteurs de son temps dès qu’ils manquoient à la mesure, il y avoit un petit nombre de personnes qui sçussent l’art et qui eussent pû dire précisement en quoi la faute consistoit. […] Dans une assemblée de spectateurs, combien peu de personnes y a-t-il, qui sçachent à fonds la musique ? […] Ces personnes alleguent comme une preuve de ce qu’elles disent que la representation des opera de Lulli dure aujourd’hui plus long-temps que lorsqu’il les faisoit executer lui-même, quoi qu’à present elle dut durer moins de temps, parce qu’on n’y repete plus bien des airs de violon que Lulli faisoit jouer deux fois. Cela vient selon ces personnes, car je ne suis garant de rien, de ce qu’on n’observe plus le rithme de Lulli que les acteurs alterent, ou par insuffisance ou par presomption.

86. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VI. Utilité possible de la conversation »

Dans la jeunesse on regarde volontiers les idées comme erreurs ou vérités absolues, les personnes comme des êtres simples, sans alliage, bons ou mauvais absolument. […] Il faut se défier de cette inclination : il faut ne recevoir ou ne rejeter rien pour la personne qui le dit, et regarder la chose en soi ; mais en même temps se demander pourquoi celui qui parle parle ainsi, à quel sentiment il cède, à quel intérêt, si un autre parlerait de même, si lui-même n’a jamais parlé, ne parlera jamais autrement. En un mot, au lieu de se persuader qu’on a affaire à de purs esprits et à des axiomes universels, on croira qu’on a devant soi un individu vivant, en qui tout est borné et relatif, chez qui les affections, les habitudes, la disposition physique font échec à la vérité ; on prendra la parole qu’on entend pour le signe de l’âme qu’on ne voit ni n’entend ; on tâchera par elle de deviner ce qu’est l’invisible personne qui ne se laisse jamais atteindre que par le dehors. Liez donc entre elles toutes les idées de la personne à qui vous parlez ; confrontez-les avec ses actes ; classez-les, faites-en un système ; formez-vous une conception de l’homme.

87. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Benoît XIV lui-même, selon certaines personnes, a donné créance à ce bruit. […] Il y a de plus des personnes députées dans chaque paroisse pour la visite des pauvres. […] D’autres personnes entrèrent alors dans cette dispute. […] Il n’y eut personne qui ne s’égayât sur le compte de l’académie Françoise. […] Celui qu’il trace de la personne du père Norbert, dans une lettre à M.

88. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Elle revint souper chez elle au logis avec cinq ou six personnes, du nombre desquelles était Pradon. […] C’est, concluait-il, ce qui rend intéressant et nécessaire de connaître le caractère du roi de Prusse, qui est à lui-même son ministre, son général, son conseil ; qui délibère, qui détermine sans consulter personne, et même sans communiquer à personne. […] Dans l’été qui suivit la conclusion de la paix, quelques personnes du beau monde français voulurent voir l’Angleterre ; la comtesse de Boufflers fut des premières à y aller. […] C’est ce qu’a fait de mieux le duc de Nivernais, et ce qui donne le plus l’idée d’un Chesterfield français en sa personne. […] [1re éd.] et depuis ce temps-là elle appartient à tous et à personne.

89. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Ainsi toute rencontre de société, toute personne devient pour lui matière à remarque, à distinction, tout lui est point de vue qu’il relève. […] Le rôle de Pierre, qui se soumet en chaque chose à la Providence, a un grain de raillerie douce et fine qui ne saurait choquer personne, mais qui n’est pas fait non plus pour exalter. […] On ne pouvait refuser l’estime à l’écrivain, on se rejetait sur les convenances particulières à la personne. […] Personne de réalité, de pratique et d’épreuves, elle ne se prêtait pas volontiers à la mise en œuvre de la douleur, et ne se laisssait pas contenir et bercer dans l’idéale région. […] Personne de vérité jusqu’au bout, elle ne voulut mêler, même aux devoirs qui suivent la mort, rien de factice et de convenu, rien que de conforme à l’intime pensée.

90. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

« Il n’est pas du tout prouvé, disent les défenseurs de la comtesse, que personne ait remplacé Alfieri dans son cœur. […] On ne savait si elle descendait au vôtre, ou si elle vous élevait au sien, tant il y avait de naturel dans sa personne.” […] Non ; personne n’a été tenté de traduire pour nous ces drames avortés, excepté M.  […] En personne prudente, elle n’eut garde de se montrer à Genève, où ses amis de Coppet espéraient bien l’arrêter au passage […] Son regard était toujours approprié à la personne qu’elle regardait, comme s’il y avait eu un secret entre elle et son interlocuteur.

91. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Nous ne conspirons contre personne, encore moins contre le représentant de Dieu sur la terre. […] Personne ne sent plus que moi, je l’atteste à Votre Éminence, et ne partage davantage tous les sentiments dont son cœur doit être déchiré. […] Jamais, dit le Pape, nous n’avons eu avec personne de communications plus instructives, plus substantielles, plus utiles à l’Église et à l’État ; Consalvi a été sublime. […] Jean Giorgi, mon trésorier, et Jean Luelli, mon majordome, personnes qui me sont très attachées, de consulter les curés et de vérifier quels sont ceux qui ont vraiment besoin de secours. […] Elle était déjà d’un certain âge, et l’on voyait dans toute sa personne, aussi délicate que majestueuse, les traces plutôt que l’éclat de sa grande beauté.

92. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Vous, mon cher ami, vous êtes onctueux et indulgent. » Cette onction de M. de Meilhan de loin nous échappe, mais les auteurs contemporains ont ainsi, pour les personnes qui les connaissent et qui les aiment, toutes sortes de vertus et de supériorités singulières qui s’évanouissent à distance. […] c’est l’impossible, monsieur, pour des gens qui ont résolu que personne n’a le sens commun depuis le siècle de Louis XIV. […] Ce qui paraîtra surprenant, c’est que la maréchale était la personne la plus infatuée de l’avantage d’une haute naissance, et des distinctions attachées à son rang. […] Ce Saint-Alban, dont la vie s’est passée dans un cercle de plaisirs et d’émotions agréables, est décidé à ne pas attendre que la Révolution vienne le prendre au collet, et l’atteignant dans sa personne le soumettre à une série d’épreuves cruelles et de tortures : il porte toujours sur lui un poison subtil pour s’y soustraire à temps. […] Il n’est personne à qui l’on doive confier des secrets dont la publication peut compromettre la vie et le bonheur : il faut donc séparer d’avance dans sa pensée tout ce qui doit être l’objet d’un profond silence avec le plus intime ami, et s’abandonner à lui pour tout le reste.

93. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Aucune faiblesse ni enfanterie n’a paru dans aucune de ses actions, mais une fermeté noble et tranquille a accompagné toutes ses actions : et certes il y a des moments où il faut toute l’assurance d’une personne formée pour soutenir avec dignité ce rôle. […] M. le dauphin se mit la couverture sur le visage, mais ma princesse ne cessa de me parler avec une liberté d’esprit charmante, ne faisant non plus d’attention à ce peuple de Cour que s’il n’y avait eu personne dans la chambre. […] Louis XV ne devait paraître de sa personne et se mettre à la tête des troupes que lorsqu’on lui aurait tout disposé pour une affaire royale, à laquelle il mettrait la main. […] La petite Chantilly (comme on l’appelait) ne fut point d’abord cette personne si rebelle qu’on prétend. […] Un autre ami de Mme Favart et du mari, l’abbé de Voisenon, initié plus que personne au ménage Favart, a parlé de cette aventure un peu inexactement peut-être encore, mais du moins d’un ton approprié, sans rien d’emphatique.

94. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

L’esprit du grand aïeul se soutint cependant avec distinction encore, et se distribua comme en brillantes parcelles, dans la personne de plus d’un rejeton. […] Trente-neuf personnes furent nommées et firent le serment voulu : on jurait par le mont Hymette. […] Ce cardinal, si agréable de sa personne et si bel-esprit, semblait fait exprès pour cette cour à la Rambouillet. […] En un mot, pour reprendre une comparaison précédente, elle ressembla à une personne qui est tombée un jour par mégarde du premier étage sans trop se faire mal, mais qui pour cela n’a pas mis et ne mettra jamais la tête à la fenêtre. […] Elle dit ingénument qu’elle a le malheur de ne pouvoir se passer des personnes dont elle ne se soucie point.

95. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

X… intrigue pour avoir l’affaire ; je n’en ferai mon compliment à personne. […] Je me considérerai donc comme parfaitement délié envers la nouvelle administration ; je ne déserterai personne, mais j’irai où il me plaira : c’est bien le moins. […] Une personne qui eût pu être consultée encore plus utilement que moi est M.  […] Personne n’a eu à demander compte à M.  […] Le maître de la maison ne se considérait, disait-il lui-même, que « comme le maître du cabaret », où l’on avait, il est vrai, cet avantage de plus sur les autres cabarets, que l’on pouvait être bien sûr que personne n’écoutait aux portes.

96. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Je crois qu’il n’y a que moi qui fasse si bien tout le contraire de ce que je veux faire ; car il est vrai qu’il n’y a personne que j’honore plus que vous, et j’ai si bienfait qu’il est quasi impossible que vous le puissiez croire. […] Personne ne peut lire Boileau, sinon à titre de document historique ; ses dissertations sur le vrai, sur l’honneur, sur le style, ressemblent aux amplifications d’un écolier laborieux et fort en vers. […] Lorsque dans une société la loi consacre des conditions inégales, personne n’est exempt d’insulte ; le grand seigneur, outragé par le roi, outrage le noble qui outrage le peuple ; la nature humaine est humiliée à tous les étages, et la société n’est plus qu’un commerce d’affronts. […] Il est vrai que je n’ai le droit d’insulter personne, mais j’ai le droit de n’être insulté par personne. […] Mme de Longueville connaissait beaucoup de personnes ; M. 

97. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Et ici l’auteur doit remercier hautement toutes les personnes graves et indépendantes de la littérature et des arts qui lui ont donné dans cette occasion tant de preuves de sympathie et de cordialité. […] Expliquons-nous pourtant, non pas avec la police à laquelle, moi, honnête homme, je défends de parler de ces matières, mais avec le petit nombre de personnes respectables et consciencieuses qui, sur des ouï — dire ou après avoir mal entrevu la représentation, se sont laissé entrainer à partager cette opinion, pour laquelle peut-être le nom seul du poëte inculpé aurait dû être une suffisante réfutation. […] C’est un écrivain ainsi placé que, si son talent peut être contesté de tous, son caractère ne l’est de personne. […] Nous épargnerons autant que possible à une personne haut placée les conséquences de cette étourderie de courtisans. […] Il plaidera son droit fermement, avec gravité et simplicité, sans haine des personnes et sans crainte aussi.

98. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Le jeune auteur vouloit aller à la célébrité : la plus grande qu’il ait eue lui vient en effet de son acharnement contre la personne & les écrits d’un grand homme*. […] Je ne connoissois presque personne des ministres & de tout ce qu’il y avoit à la cour, je ne rendois pas même les visites, quelquefois les plus indispensables. J’avois mangé souvent à la table du roi avec des personnes dont j’ignorois le nom. […] On se souvient encore quel étoit l’extérieur bisarre de sa personne. […] On a entendu dire à la Beaumelle : Personne n’écrit mieux que M. de Voltaire.

99. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Il l’est, vraiment, comme je n’ai vu personne l’être pour personne ! […] Excepté Vera, seul hégélien franc du collier que je connaisse, qui prend bravement Hegel et son système et qui avale le tout, — ce qui n’est pas facile, — les autres philosophes du temps ont de l’Hegel plus ou moins dans l’estomac ou dans la veine ; ils l’éructent ou le suent plus ou moins ; mais ils ne sont jamais du pur Hegel, et même ils ne voudraient pas l’être, l’orgueil anarchique des esprits étant monté si haut que personne bientôt ne voudra plus être le disciple de personne, et qu’un homme à qui vous direz qu’il est d’une École se regardera comme insulté. […] Trop péremptoirement opposé à la pensée hégélienne pour ne pas poursuivre et traquer partout cette pensée qui, si elle est quelque chose, n’est que la théorie du néant dans sa laborieuse et ténébreuse vacuité, Caro, pourtant, ne la voit pas seule rayonner dans les systèmes contemporains : « Kant, — dit-il avec une rancune légitime, — a inspiré la première défiance contre la métaphysique, c’est-à-dire contre les croyances qui dépassent les choses d’expérience. » Il n’oublie donc pas Kant, il n’oublie personne, pas même les poètes, pas même Goethe, pas même Heine, le Turlupin de génie, dans cette histoire des influences qui jouent pour l’heure sur la raison et l’imagination du monde. […] Elles perdent de leur froideur saisissante et de leur rigueur de ton, parce qu’ici, au lieu d’idées, nous avons affaire à des personnes, et à des personnes qui sont sorties comme l’auteur de l’Université.

100. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

Voici la première, qui exprimait mes plaintes pour certains propos qui me revenaient de Passy : « Mon cher Béranger, « Bien que j’eusse bien pris la résolution de me taire vis-à-vis de vous jusqu’à ce que le hasard me fit vous rencontrer, je crois pourtant sentir qu’il est mieux de vous demander franchement en quoi et comment j’ai pu avoir tort envers une personne que j’ai toujours fait profession d’honorer autant que vous. […] Si ce tiers n’a su de quoi il était question, comme cela a dû lui paraître, je ne le sais pas davantage ; et, en général, ce qui m’a été le plus clair depuis plusieurs mois, c’est que vous pensiez avoir quelque sujet de plainte sur mon compte et le disiez assez volontiers à beaucoup de personnes. […] Mais vous n’êtes pas ce troisième, et même, à vrai dire, personne ne l’est, puisque les traits sont assez généraux pour convenir à deux ou trois personnes dont aucune ne serait vous. […] Je rougis presque d’avoir à entrer dans ces détails, s’il y avait à rougir de demander un éclaircissement d’amitié à une personne comme vous. […] J’en ai plus été affligé qu’étonné, quoique j’en aie été étonné un peu, surtout de la part de certaines personnes : on a beau se croire une grande expérience des hommes, on persiste à se faire et à rêver des exceptions exprès pour soi tout seul. — C’en est assez, mon cher Béranger, pour vous poser fort incomplètement une question que vous saurez mieux préciser que moi : « Que me reprochez-vous à votre égard ? 

101. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Je considère les 800 précieuses ou alcovistes, dont Somaise a donné le nom et la demeure en 1661, comme 800 personnes académiques qui se partageaient en différentes sociétés mixtes de galanterie décente et de langage soigné. […] Par sa conversation, la vie sociale s’était perfectionnée ; les personnes s’étaient classées ; les sympathies d’esprit, de cœur, de caractère, même de conditions sociales, s’étaient rencontrées, reconnues, agrégées ; les existences se touchaient diversement ; les distinctions les plus faiblement marquées entre les personnes, mettaient des nuances dans leurs relations réciproques. […] Les grands écrivains eurent alors leur style propre ; de grandes et d’heureuses variétés de style charmèrent les esprits polis, surtout par leur appropriement aux choses, aux temps, aux personnes. […] En effet, on ne peut méconnaître la convenance de l’unité de ton dans une crise d’un moment, entre les mêmes personnes, dans un même lieu. […] On souffrait à l’idée de revêtir ses pensées d’expressions nobles et vigoureuses, ou de voir quelqu’un pénétré des sentiments d’une personne.

102. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 30, de la vrai-semblance en peinture, et des égards que les peintres doivent aux traditions reçuës » pp. 255-265

Une personne vive ne voit pas et n’écoute pas dans la même attitude qu’une personne mélancolique. […] Un soldat qui verroit le ciel s’entr’ouvrir ne doit pas même avoir peur comme une personne d’une autre condition. […] Le peintre y exprime parfaitement bien la difference qui est entre l’action naturelle des personnes de chaque temperament, quoiqu’elles agissent par la même passion ; et l’on sçait bien que cette sorte d’execution ne se faisoit point par des bourreaux païez, mais par le peuple lui-même. […] Si je n’en parle point plus au long, c’est que j’en ai déja dit trop pour les personnes qui ont reflechi sur le grand art des expressions, quand je n’en sçaurois dire assez pour celles qui n’y ont pas reflechi.

103. (1912) L’art de lire « Chapitre VII. Les mauvais auteurs »

On remarque parmi les enfants beaucoup de petits moqueurs qui saisissent bien les ridicules des grandes personnes et de leurs camarades et qui se font par là une petite royauté, comme d’autres par la force ou par l’instinct et les qualités du commandement. […] A l’exercer sur le mauvais livre, on lui donne satisfaction, et l’on n’a plus le besoin, peut-être, de l’exercer sur les personnes. […] Alceste me paraît bien avoir été aussi bourru contre les livres que contre les personnes et contre les personnes que contre les livres, et Molière ne se trompe guère en connaissance des caractères. […] Or, j’ai dit que je le connais ; il est extrêmement agréable et bienveillant envers les personnes ; c’est un homme du meilleur caractère.

104. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 6, de la nature des sujets que les peintres et les poëtes traitent. Qu’ils ne sçauroient les choisir trop interressans par eux-mêmes » pp. 51-56

On s’imagine entendre les reflexions de ces jeunes personnes sur la mort qui n’épargne ni l’âge, ni la beauté, et contre laquelle les plus heureux climats n’ont point d’azile. […] Un conte en vers dont le sujet ne seroit point plaisant par lui-même, ne feroit rire personne quelque bien versifié qu’il pût être. […] Si le trait de l’épigramme n’est pas vif, si le sujet n’en est pas tel qu’on l’écoutât avec plaisir, quand même il seroit raconté en prose, l’épigramme, quoique bien versifiée et rimée richement, ne sera retenuë de personne. Un poëte dramatique qui met ses personnages en des situations qui sont si peu interressantes, que j’y verrois réellement des personnes de ma connoissance sans être bien ému, ne m’émeut gueres en faveur de ses personnages.

105. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

S’il n’exalte personne, il ne décourage personne. […] Fénelon fut traité en vaincu ; on l’accabla dans sa personne et dans ses amis. […] Dans cette admirable polémique Bossuet montre rarement la personne. […] Pourvu qu’il sauve la faveur de sa personne, sa cause est gagnée. […] il offre d’aller au martyre, où personne ne songe à l’envoyer.

106. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Personne n’étoit plus capable que lui d’amener une révolution dans l’école. […] Elle fut invitée à ses obséques ; mais personne n’y parut. […] Gautier auroit dû, mieux que personne, me pardonner celle-là. […] La modération seule n’étoit du côté de personne. […] Personne ne connoissoit mieux que lui la bibliothèque du Vatican.

107. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion Des personnes d’esprit ont crû que l’illusion fut la premiere cause du plaisir que nous donnent les spectacles et les tableaux. […] Il se peut faire tout au plus qu’une jeune personne d’un naturel très-sensible, sera tellement transportée par un plaisir encore nouveau pour elle, que son émotion et sa surprise lui feront faire quelque exclamation ou quelques gestes involontaires, qui montreront qu’elle ne fait point une attention actuelle à la contenance qu’il convient de garder dans une assemblée publique. […] Toutes ces personnes, dira-t-on, sont tombées dans l’illusion que vous regardez comme impossible. […] Il n’est personne qui n’ait experimenté ce que j’avance, si jamais il lui est tombé dans les mains quelque livre qu’il souhaitât avec beaucoup d’impatience de lire.

108. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

On appelle aussi Abécédaires les personnes qui montrent à lire. […] Le septieme accident est de marquer les personnes grammaticales, c’est-à-dire, les personnes relativement à l’ordre qu’elles tiennent dans la formation du discours, & en ce sens il est évident qu’il n’y a que trois personnes. La premiere est celle qui fait le discours, c’est-à-dire, celle qui parle, je chante ; je est la premiere personne, & chante est le verbe à la premiere personne, parce qu’il est dit de cette premiere personne. La seconde personne est celle à qui le discours s’adresse ; tu chantes, vous chantez, c’est la personne à qui l’on parle. Enfin, lorsque la personne ou la chose dont on parle n’est ni à la premiere ni à la seconde personne, alors le verbe est dit être à la troisieme personne ; Pierre écrit, écrit est à la troisieme personne : le soleil luit, luit est à la troisieme personne du présent de l’indicatif du verbe luire.

109. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Tout le monde s’empressa d’abord à le suivre, et le jour même de cette vilaine action, il revint du palais, suivi de trois cents personnes à cheval. […] Ce portail est un asile sacré et inviolable, et dont il n’y a que le souverain en personne qui puisse tirer un homme. […] Tout proche est le magasin des coffres, et celui qu’on appelle la petite garde-robe, où l’on ne travaille que pour la personne du roi. […] Il y a bien cent cinquante à cent quatre-vingts appartements où habitent huit à neuf cents personnes. […] Au milieu de la sixième terrasse, il y a un pavillon qui coupe l’allée, lequel est à trois étages, et si grand et si spacieux, qu’il peut contenir deux cents personnes assises en rond.

110. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Françoise. » pp. 159-174

Plusieurs personnes de mérite ont agité cette question, & l’agitent encore. […] Boursault étoit, plus que personne, dans ce cas, ainsi que la plupart de nos dames auteurs. […] On entend mettre en question par des personnes d’esprit, si, au lieu de condamner pendant si longtemps un jeune homme à apprendre le Latin, il ne seroit pas plus convenable de le lui défendre absolument. […] La seule raison qu’il apporte de la rencontre des meilleures plumes en un siècle plutôt que dans un autre, ce sont les efforts & les succès réitérés des personnes de génie. […] Il semble prévoir avec douleur qu’il en sera tôt ou tard des auteurs du siècle de Louis XIV, comme de ceux du siècle d’Auguste, qui, par la suite, ne furent connus que des personnes qui se piquoient d’érudition.

111. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Demogeot, qui est même, comme Sosie, l’ami de tout le monde, car, dès la préface du livre qu’il publie aujourd’hui, il commence par saluer je ne sais combien de personnes en les nommant toutes par leur nom, et il compare Villemain à ces dieux d’Homère qui en trois pas faisaient le tour du monde, — atroce politesse, — M.  […] Lenient, lui, ne resterait pas sur la scène si son costume en disparaissait, car c’est son costume qui est sa personne, c’est son costume qui est Arlequin ! […] Très soigné, très brossé, très épousseté, très convenable, cet habit couvre proprement la nullité de la personne, quand elle est nulle (et elle peut l’être), et crée à son profit une honnête, et, pour les myopes, une forte illusion. […] Excepté Beattie l’Écossais, qui n’a pas le don de seconde vue en philosophie, ni même le don de la première ; excepté Beattie, lequel a essayé de frotter son museau rêveur de mouton philosophique à ce sujet qui s’est moqué de lui, personne ne s’est encore douté qu’il y avait là à faire flamber une page… illuminante ! […] Nous ne voulons désespérer personne.

112. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Cette personne sensée n’a rien de toutes ces ignorances affectées ni de ce persiflage. […] Ce qui la rapproche surtout de cet homme de grand esprit et qui avait laissé jusqu à présent trop peu de souvenir, c’est une certaine conformité dans la manière de juger les choses et les personnes, le besoin de causer à cœur ouvert, d’être entendue de quelqu’un. […] Le nom de la marquise de Créqui se présenta avec toutes sortes d’avantages et comme réunissant le plus de conditions : point de descendant ni d’héritier, une vie longue et qu’avec un peu d’adresse on pouvait étendre jusqu’à la durée d’un siècle, un souvenir déjà vague d’une personne de beaucoup d’esprit et mordante. […] Mme de Créqui est de ces personnes qui ne nous apparaissent que vieilles et qu’on ne saurait se figurer autrement. […] La vie de cœur de Mme de Créqui paraît s’être concentrée, durant ses belles années, sur deux personnes, ce fils unique et son oncle le bailli de Froullay.

113. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

D’où sortait donc cette personne si distinguée et si habile, qui ne semblait point destinée à un tel rôle par sa naissance ni par sa position dans le monde ? […] L’Europe y était représentée dans la personne des Caraccioli, des Creutz, des Galiani, des Gatti, des Hume et des Gibbon. […] Le salon de Mlle de Lespinasse, à part cinq ou six amis de fond, n’était lui-même formé que de gens assez peu liés entre eux, pris çà et là, et que cette spirituelle personne assortissait avec un art infini. […] Je n’ai jamais vu, depuis que j’existe, personne qui atteigne si au vif les défauts, les vanités, les faux airs d’un chacun, qui vous les développe avec tant de netteté, et qui vous en convainque si aisément. […] Mme Geoffrin avait besoin, pour ne pas se lasser, d’une grande variété de personnes et de choses.

114. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Un soir, en 1714, le vieux roi près de sa fin envoya le duc de Noailles prendre dans son cabinet des papiers écrits de sa main, qu’il voulait jeter au feu : « il en brûla d’abord plusieurs qui intéressaient la réputation de différentes personnes ; il allait brûler tout le reste, notes, mémoires, morceaux de sa composition sur la guerre ou la politique. […] Il était aimable de sa personne, honnête et de facile accès à tout le monde, mais avec un air grand et sérieux qui imprimait le respect et la crainte dans le public, et empêchait ceux qu’il considérait le plus de s’émanciper, même dans le particulier, quoiqu’il fût familier et enjoué avec les dames. […] Il est une chose pourtant que Louis XIV n’eut à emprunter à personne et qui lui est bien originale, ce fut cet état, cette fonction réelle de souverain dont personne alors n’avait l’idée autour de lui, que les troubles de la Fronde avaient laissé dégrader et dépérir dans les esprits, et que Mazarin, même dans la restauration du pouvoir, n’avait que médiocrement relevée dans la révérence publique. […] De dire quand il faut s’en défier ou s’y abandonner, personne ne le peut ; ni livres, ni règles, ni expérience ne l’enseignent ; une certaine justesse et une certaine hardiesse d’esprit les font toujours trouver, sans comparaison plus libres en celui qui ne doit de compte de ses actions à personne. […] On a dit de Louis XIV que personne ne contait mieux que lui : « il faisait un conte mieux qu’homme du monde, et aussi bien un récit ».

115. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

L’œuvre d’art étant extrêmement relative, c’est-à-dire produisant des effets très différents en degré sur des personnes différentes, il ne servirait à rien de mesurer par un artifice, l’excitation diffuse qu’elle produirait sur une personne donnée. […] Nous avons nous-même reconnu cette variabilité de l’appréciation quantitative des œuvres d’art, quand nous avons parlé des tentatives faites pour la mesurer exactement chez diverses personnes. […] Entre personnes ressentant faiblement ou fortement de l’émotion à propos d’une œuvre, il n’existe que bien rarement des désaccords sur la nature et la cause de cette émotion. […] De même Mérimée ne paraîtra à personne lyrique, ni Victor Hugo familier, ni Lamartine sardonique. […] Si Iago émeut une personne du commun, ce n’est pas que celle-ci sente et puisse même comprendre l’art et l’audace que le poète a mis à dresser ce personnage ; cet art et cette audace, on ne les reconnaît qu’après coup, par un examen critique, minutieux et difficile.

116. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

On ne peut demander à Mme Elliott des jugements bien mûrs sur les personnes, il ne faut chercher avec elle que des impressions ; et, comme les siennes sont fort sincères, elles ont du prix. […] Aussi personne ne peut s’imaginer ce que j’ai souffert, en le voyant se plonger par degrés, petit à petit, dans toute sorte de malheurs ; car j’ai la conviction au fond de l’âme qu’il n’a jamais cru ou voulu aller aussi loin qu’il l’a fait. […] Je ne suis plus le maître de mon nom ni de ma personne, et vous ne pouvez pas juger de ma position, qui n’est pas agréable, je vous assure. » « Je ne m’appartiens pas, j’obéis à ce qui m’entoure », c’est l’aveu perpétuel et le refrain à voix basse de ce triste et abandonné prince. […] Je n’ai jamais ressenti pour personne une horreur pareille à celle que j’éprouvai en ce moment pour la conduite de ce prince. […] Je suis l’esclave d’une faction plus que personne en France ; mais laissons ce sujet ; les choses sont au pire. » Il croyait en détournant les yeux du danger, l’ajourner un peu, et il allait, en marchandant le plus qu’il pouvait, et le front de plus en plus bas, à sa perte prévue et certaine.

117. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

de Mme de Longueville en personne, oui, de cette sœur du Grand Condé, de cette beauté aux langueurs incomparables, qui, après avoir été une héroïne de la Fronde, est devenue un modèle de pénitence. […] L’an dernier, l’Académie française avait proposé un prix pour une traduction de Pindare : personne n’eut ce prix ; mais M.  […] Villemain a trouvé moyen de faire parler Napoléon en personne sur les études classiques et sur le haut enseignement. […] Pendant quelque temps, ces ambitions se sont contenues dans un cercle de personnes distinguées : mais bientôt, avec le débordement croissant, tout a été envahi. […] Nous qui parlons ici, nous en souffrons d’ailleurs autant que personne, et nous en ressentons la gêne.

118. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

La Curie se disait contente de mes services, et personne plus que moi n’était rapporteur d’autant de causes. […] Or tous les obstacles dont je parle étant extrinsèques à la personne, la personne, si l’on retourne la médaille, comme dit le vulgaire, ne soulevait aucune répulsion intrinsèque. […] Il ne s’agissait que de le prendre dans la faction de Bellisomi en la personne de Chiaramonti. […] Sa personne ne pouvait être suspecte, puisqu’il appartenait à sa faction et qu’il jouissait de toute son estime. […] « La première personne à laquelle il jugea indispensable de s’adresser fut Herzan.

119. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Pierre Janet, soit le terrain sur lequel peuvent pousser une foule d’anomalies, personne ne le contestera : la fausse reconnaissance est du nombre. […] Dugas avait émis l’hypothèse d’un dédoublement de la personne 43. […] Bernard-Leroy soit celui qu’on éprouve quand on se dit, en croisant une personne dans la rue, qu’on a déjà dû la rencontrer. […] Un des sujets écrit : « Ce sentiment de dédoublement n’existe que dans la sensation ; les deux personnes ne font qu’un au point de vue matériel.  […] Jensen prétend qu’il n’est presque aucune personne, faisant attention à elle-même, qui ne connaisse l’illusion.

120. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Et d’abord, il comprend bien le journaliste, car il l’est autant et plus que personne. […] voilà l’orateur en personne, au verbe enflammé, à la voix pénétrante comme un glaive, au timbre inflexible et sonore ; et des armes si belles sont au service d’une sainte cause. […] Guizot sait mieux que personne justifier ou nier à la tribune les erreurs du Cabinet ; mais il n’est pas toujours à la tribune. » — Tout ce compte rendu des Chambres est excellent, si l’on ne regarde qu’aux physionomies. […] Gaume feront bien, dans l’intérêt du livre qu’ils éditent, d’y ajouter une table générale alphabétique des noms de personnes. […] Il s’accommode de ce qu’on lui sert à table en voyage ; il s’accommode de toutes les personnes qu’il rencontre, pourvu que ce soient d’honnêtes gens, socialement parlant.

121. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Personne ne peut les suivre avec plus de désir de remplir exactement vos intentions que moi, parce que personne ne vous aime, Monsieur le maréchal, plus tendrement que L. […] Il n’eut pas seulement, comme à Raucoux, à soutenir son avant-garde, il fut continuellement engagé de tout son corps d’armée et de sa personne dans les différentes attaques acharnées qu’il fallut faire pour emporter le village de Lawfeld, qui était l’objectif et le pivot de l’action. […] J’ai reçu des lettres d’une personne (sans doute Mlle Leduc) que vous voyez souvent ; mais il ne me paraît pas encore qu’elle ait reçu des miennes. […] Ainsi dans une lettre du 17 septembre 1746 : « Je vois, Monsieur le maréchal, par la copie de la lettre que vous écrivez à M. d’Argenson, aussi bien que par tout ce qui s’est passé jusqu’à présent, que vous ne pouvez mieux faire que de vous porter en personne à Villers-Saint-Siméon. […] Je vient dariver Monsieur le Maréchal et me voila pret a exequter les ordres que vous voudres bien madresser personne ne peut les suivres avec plus de desir de remplir exactement vaux intentions que moy parceque personne ne vous eime M. le maréchal plus tendrement que L. » 37.

122. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Les journaux à tirage trop faible pour exiger ce droit léonin relèguent en des colonnes de troisième page, bien après les informations politiques et tout juste avant les faits divers, des critiques qu’on ne va pas lire, et que rédigent des personnes n’ayant à ce rôle d’autre aptitude que leur bonne volonté. […] Or, ces personnes ne peuvent être que de deux sortes : ou elles ont l’esprit sectaire, ou elles ont la compréhension libre et large. […] Émile Faguet, qui est évidemment le plus sérieusement intellectuel et la plus solide personne morale de tous nos critiques, s’est tiré de ce mauvais pas par la large franchise de son intelligence, qu’illumine la clarté d’un beau caractère dédaigneux des intrigues et des mesquineries de l’arrivisme. […] L’organisation de la presse ne permettant même plus à leurs jugements d’avoir une influence sur la vente des livres, on s’accoutume à les négliger ; on ne tient plus guère qu’à l’opinion et au compte rendu d’une dizaine de personnes dans les grandes revues et les grands quotidiens, et l’amitié, les relations personnelles sont des éléments précieux pour les obtenir dans la cohue. […] Personne au degré des frères Rosny, des puissants auteurs de Daniel Valgraive, de l’Impérieuse bonté et des Âmes perdues, ne saurait parler de l’évolution de la littérature vers la morale et la religion de l’humanité.

123. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Vers le milieu du xviie  siècle, au haut du faubourg Saint-Jacques, dans les dehors du monastère de Port-Royal, se retirait une personne célèbre par son esprit et par le long éclat de ses succès, la marquise de Sablé. […] C’est qu’aussi elle ne ressemblait à personne. […] À ses nouveaux amis (comme elle voulait bien quelquefois les appeler), Mme Récamier parlait souvent et volontiers des années anciennes et des personnes qu’elle avait connues. […] Fox, elle dit un mot à chacun, elle présenta chaque personne à l’autre avec une louange appropriée ; et à l’instant la conversation devint générale, le lien naturel fut trouvé. […] Cette personne unique, et dont la mémoire vivra autant que la société française, a été peinte avec bien de la grâce par Gérard dans sa fraîcheur de jeunesse.

124. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 28, du temps où les poëmes et les tableaux sont apprétiez à leur juste valeur » pp. 389-394

Les personnes qui en avoient jugé autrement que les gens de l’art, et en s’en rapportant au sentiment, s’entrecommuniquent leurs avis, et l’uniformité de leur opinion change en persuasion l’opinion de chaque particulier. […] Il le dit aux personnes qui ont confiance en lui, qui la lisent et qui sentent la vérité. Elles informent d’autres personnes de leur découverte, et la piece que je veux bien supposer avoir été noïée, revient ainsi sur l’eau. c’est le terme. […] Le public s’assemble pour juger les pieces de théatre, et les personnes qui se sont assemblées s’entrecommuniquent bien-tôt leur sentiment.

125. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Il m’a prié de le recommander, ce que j’ai fait dès le soir même à deux ou trois personnes. […] Je ne vous nommerai pas la personne qui tient après vous le premier rang dans mon cœur. […] Instruisez-moi de la fortune des personnes que j’ai connues. […] J’y ai été décidé par l’envie de témoigner quelque reconnaissance à quelques personnes qui m’avaient obligé. […] Il ignore le sort des autres personnes dont je me suis informé.

126. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Or, ces critiques qui disent que les poëmes des anciens ne font pas sur eux l’impression qu’ils font sur le reste des hommes, sont un contre cent mille. écouteroit-on un sophiste qui voudroit prouver que ceux qui sentent du plaisir à boire du vin, ont le goût corrompu, et qui fortifieroit ses raisonnemens par l’exemple de cinq ou six personnes qui ont le vin en horreur. […] Dans les questions qui gissent en fait, comme est celle de sçavoir si la lecture d’un certain poëme interesse beaucoup ou si elle n’interesse pas, le monde juge comme les tribunaux ont coutume de juger, c’est-à-dire, qu’il prononce toujours en faveur de cent témoins qui déposent avoir vû le fait, au mépris de tous les raisonnemens d’un petit nombre de personnes qui disent qu’elles ne l’ont point vû et qui le soutiennent même impossible. […] Quel attrait peuvent avoir pour bien des personnes du nord qui ne burent jamais une goute d’eau pure, et qui ne connoissent que par imagination le plaisir décrit par le poëte, les vers de la cinquiéme églogue de Virgile, qui font une image si pleine d’attrait du plaisir que goûte un homme accablé de fatigue à dormir sur un gazon, et le voïageur brulant de soif à se désalterer avec l’eau d’une source vive. […] D’ailleurs cet animal que nous ne voïons jamais que couvert pauvrement et abandonné à la populace pour la servir dans les travaux les plus vils, sert ailleurs de monture aux personnes principales de la nation, et souvent il paroît couvert d’or et de broderie. […] Mais se faire l’idée d’un poëme sur ce que les personnes capables de l’entendre en sa langue, déposent unanimement concernant l’impression qu’il fait sur elles, c’est la meilleure maniere d’en juger quand nous ne l’entendons pas.

127. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Mais c’est ce que personne ne peut vous promettre sans être un fanatique. […] Personne d’ailleurs n’a autant exalté la folie, personne ne l’a aussi constamment invoquée, comme le seul refuge contre la terrible vision du néant universel. […] Personne que la famille, Wagner, et nous deux. […] Et avec tout cela, personne, ou à peu près, ne s’avise plus présentement, de le lire. […] Personne de nous n’est maître de soi, personne ne sait ni ce qu’il est, ni pourquoi il fait ce qu’il fait.

128. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

« Vous prétendez, madame, que le nous parle de cette autorité inhérente à la personne, distincte de celle qui naît du pouvoir donné par la république, et que je vous en dis quelque chose qui n’ait jamais été dite. C’est une certaine lumière de gloire et un certain caractère de grandeur que la vertu héroïque imprimée sur le visage des à omet mes ; elles défendent la solitude et la nudité d’une personne exposée aux outrages de la fortune, accablée sous les ruines d’un parti détruit, abandonnée de ses propres vœux et de sa propre espérance. […] Les citoyens romains apportaient de grands avantages dans le monde ; devaient beaucoup à leurs mères et ci leur naissance, savaient quantité de choses que personne ne leur avait apprises . […] Cet écrit est terminé par un nouvel éloge de la personne à qui il s’adresse. […] En tout temps, il vaut mieux, dans le monde, parler des mots que des personnes.

129. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Elle avait avec elle une très jeune personne, nommée Victorine Taillefer, à qui elle servait de mère. […] Elle n’avait avoué à personne qu’elle possédait quarante mille francs amassés sou à sou. […] Chacun a sa façon d’aimer, la mienne ne fait pourtant de mal à personne, pourquoi le monde s’occupe-t-il de moi ? […] Je demeurai là huit ans, sans voir personne, et menant une vie de paria. […] On ne s’intéresse plus à personne ; et on sent que l’auteur se désintéresse à la fin de lui-même.

130. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Le tour d’esprit d’un Fontenelle n’est qu’à lui ; Diderot, non plus, n’imite personne : c’est tout une nature en action et en éruption. […] Retirée du monde et presque de la vie de famille, cette personne respectable n’aspirait qu’à mener la vie spirituelle selon un régime de plus en plus exact, de moins en moins séculier. […] Elle donne à entendre qu’il ferait une assez triste figure s’il avait à comparaître en personne. […] Étendons notre vue ; il y a plus d’une façon de belle mort ; personne n’en a le monopole. […] Elle y plaide vivement pour la plus grande instruction des jeunes personnes, pour une instruction proportionnée et appropriée.

131. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Aujourd’hui, lire la Henriade n’est possible à personne ; j’entends la lire comme on fait des vrais poètes, pour la lire. […] Aussi aime-t-on mieux l’entendre en personne que par ses interprètes. […] Tous ces ouvrages sont pleins de sa personne ; personne très diversement jugée, qui n’a guère moins mérité le mal que le bien qu’on en a dit, mais, après tout, personne si naturelle, si française et de tant d’esprit, que pour en avoir plus que lui il faut, comme on l’a dit, être tout le monde. […] C’est encore sa personne, mais sur un théâtre, ou plutôt du haut de cette chaire bâtarde près de laquelle il n’y a point d’autel, et où l’on se croit par moments à la comédie. […] Là encore il est tout entier de sa personne ; mais c’est le plus souvent cette personne par ses beaux côtés, par son bon sens qui est comme le bon sens de la France, par son goût supérieur à son talent, par ce naturel qui nous fait voir le fond de son cœur et nous apprend à lire dans le nôtre.

132. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Elle était seulement blessée de la négligence du roi et de ses attentions pour cette jeune et belle personne, qu’elle appelait une belle idiote, et elle avait recours à son secret ordinaire pour rappeler sur elle l’attention, c’était de s’éloigner. […] Mais, a-t-elle répliqué, ne vous mettez pas eu tête qu’il aime une personne… Elle n’a pas fini, et c’est la première fois que je l’ai vue se modérer dans ses transports. […] Elle (madame de Fontanges) est une espèce de rouée, comme la Ludres, Elles ne feront peur à personne, ni l’une ni l’autre. » Pendant ces souffrances, ces dégoûts, ces disgrâces, la faveur de madame de Maintenon croissait toujours. […] Le but n’était pas seulement de posséder la personne, c’était aussi et surtout de posséder le cœur et d’obtenir un tendre retour. […] J’ai voulu seulement montrer, dans le plus grand événement de sa vie, le triomphe d’une des plus illustres personnes de la société polie, et de cette société elle-même dont elle fut l’ornement et la gloire.

133. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

La mère de Goethe habitait Francfort ; Bettina se lia avec elle, et se mit à aimer, à étudier et à deviner le fils dans la personne de cette mère si remarquable, et si digne de celui qu’elle avait mis au monde. […] Il me faut absolument quelqu’un à qui je puisse dire tout cela, et personne ne m’écoute aussi bien que toi. […] Il rompit enfin le silence : « Vous aurez lu dans le journal, dit-il, que nous avons fait, il y a quelques jours, une grande perte en la personne de la duchesse Amélie (la duchesse douairière de Saxe-Weimar). — Ah ! […] Vous savez qu’il m’est impossible de rester assise, en personne bien élevée. […] Il est évident que Beethoven fut touché au cœur par cette jeune personne qui savait si bien l’écouter et lui répondre avec ses beaux regards expressifs.

134. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 1, de la necessité d’être occupé pour fuir l’ennui, et de l’attrait que les mouvemens des passions ont pour les hommes » pp. 6-11

Il n’est personne qui n’ait éprouvé l’ennui de cet état où l’on n’a point la force de penser à rien, et la peine de cet autre état, où malgré soi l’on pense à trop de choses, sans pouvoir se fixer à son choix sur aucune chose. Peu de personnes mêmes sont assez heureuses pour n’éprouver que rarement un de ces deux états, et pour être ordinairement à elles-mêmes une bonne compagnie. […] Mais, comme je l’ai dit, les personnes qu’un sang sans aigreur et des humeurs sans venin ont prédestinées à une vie interieure si douce, sont bien rares. […] C’est l’unique ressource de la plûpart des hommes contre l’ennui ; et même les personnes qui sçavent s’occuper autrement sont obligées, pour ne point tomber dans la langueur qui suit la durée de la même occupation, de se prêter aux emplois et aux plaisirs du commun des hommes.

135. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 17, s’il est à propos de mettre de l’amour dans les tragedies » pp. 124-131

L’homme, pour qui les attraits du jeu sont sans amorce, est-il touché de l’affliction d’une personne qui vient de faire des pertes considerables, à moins qu’il ne prenne pour elle de ces interêts particuliers qui font partager tous les sentimens d’une autre personne, de maniere qu’on s’afflige de ce qu’elle est affligée. […] Les transports forcenez d’un ambitieux, au desespoir qu’on lui ait préferé pour remplir un poste éminent et l’objet de ses desirs, celui de ses rivaux qu’il méprisoit davantage, peuvent donc bien interesser vivement ceux qui sçavent par leur propre experience que la passion que le poëte dépeint peut exciter dans le coeur humain ces mouvemens furieux : mais toutes ces agitations, que quelques écrivains nomment la fievre d’ambition, toucheront foiblement les hommes à qui leur tranquillité naturelle a permis de se nourrir l’esprit de reflexions philosophiques, et qui plusieurs fois se sont dit à eux-mêmes que les personnes qui distribuent les emplois se déterminent souvent dans tous les païs et dans tous les tems par des motifs injustes ou frivoles. […] Or de toutes les passions celle de l’amour est la plus generale : il n’est presque personne qui n’ait eu le malheur de la sentir du moins une fois en sa vie.

136. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 26, que les jugemens du public l’emportent à la fin sur les jugemens des gens du métier » pp. 375-381

Jusqu’à ce que cet ouvrage vienne à être connu generalement, le prejugé que la décision des gens du métier a jetté dans le monde, balance le sentiment des personnes de goût et désintéressées, principalement si l’ouvrage est d’un auteur dont la réputation n’est pas encore bien établie. […] Le plus grand effet des préjugez que les peintres et les poëtes sement dans le monde contre un nouvel ouvrage, vient de ce que les personnes qui parlent d’un poëme ou d’un tableau sur la foi d’autrui, aiment mieux en passer par l’avis des gens du métier, elles aiment mieux le repeter, que de redire le sentiment de gens qui n’ont pas mis l’enseigne de la profession à laquelle l’ouvrage ressortit. […] La profession de l’art en impose même tellement à bien des personnes, qu’elles étouffent du moins durant un temps leur propre sentiment pour adopter l’avis des gens du métier. […] C’est donc avec bienveillance qu’on écoute des personnes de la profession qui font méthodiquement le procès à une tragédie ou bien à un tableau, et l’on retient même ce qu’on peut des termes de l’art.

137. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Il y a des personnes qui le croient, et qui veulent bien nous plaindre de nous y absorber ou dissiper. […] Quand il m’arrive d’exprimer ce que je sens, ce que j’exige de moi ou des autres, ce que je désire, ce que je pense, personne ne m’entend ; je n’intéresse personne. […] Non, ne demande à personne ; on ne t’entendra pas ! […] (j’ai oublié le reste de son nom) devint en deux ou trois jours une autre personne : une personne, je ne comprenais pas alors ce que cela voulait dire ; à présent je le comprends. […] Personne ne parlait.

138. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Préface » pp. -

Mon assujettissement aux dates des faits, aux âges des personnes, à la nomenclature des ouvrages ; ma division en périodes, qui fait revenir souvent les mêmes noms sans autre motif que d’en présenter une revue à différentes époques, tout cela est très fastidieux ; et cependant comme mon but était de prouver que les notions généralement reçues confondaient des personnes, des choses sans relation, uniquement parce qu’on n’avait pas démêlé les temps de leur existence, j’ai voulu rendre aux amateurs d’histoire le service de remettre les choses en leur temps et les personnes à leur place.

139. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 64

M. du Tillet s’exprime ainsi à son sujet, avec plus de vérité que de grace : « Il avoit une facilité merveilleuse à composer des Chansons presque dans l’instant, sur tout ce qui se présentoit d’agréable ou d’intéressant, & personne n’a mieux réussi que lui dans ce genre d’écrire. Le naturel & le tour aisé qu’il donnoit aux paroles de ses Chansons, qu’il mettoit sur les airs les plus connus & les plus faciles, a fait que plusieurs personnes les ont retenues, & qu’on a été en état d’en donner un Recueil au Public. L’Auteur ne parut pas satisfait de cette édition ; son dessein n’ayant pas été qu’on imprimât des Vers qu’il avoit faits seulement pour s’amuser & les personnes avec lesquelles il étoit en société. » Les Chansons de M. de Coulanges ont un mérite particulier ; elles contiennent des anecdotes curieuses sur les événemens de son temps : c’est par-là que ce genre frivole peut encore être utile.

140. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

Rien, selon quelques personnes*. […] Accoutumé depuis long-temps à braver toutes les bienséances ; à mettre au théâtre des faits connus, des actions vraies, avec les noms, les habits, les gestes, & même les visages des citoyens par des masques très-ressemblans ; à n’épargner personne ; à ridiculiser les premiers de l’état, les généraux d’armée & les juges de l’aréopage ; il ne crut pas devoir respecter beaucoup un sage qui s’oublioit lui même, & qu’il accusoit de n’avoir que l’apparence de grand homme. […] Cette même Athènes défendit de traiter des sujets véritables, & de nommer les personnes. […] Il ne ménagea pas la cour & les dévots, encore moins les médecins, sans nommer néanmoins les personnes. […] Personne n’a plus eu à se plaindre que l’abbé Pellegrin.

141. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

J’ai parlé à plusieurs personnes au fait. […] Vous êtes la seule personne à qui je n’écrive pas pour lui donner de mes nouvelles, mais pour lui parler. […] Tout d’un coup je me demandai : Mais qui est donc cette personne ? […] « Dites-moi un peu, singulière et charmante personne, où tend cette modestie ? […] Adieu, divine personne. » (Note de M. 

142. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Mais personne, je le répète, ne rendit en ce temps un plus réel et plus signalé service à la langue que ce grammairien médiocrement philosophe, excellemment pratique, sage, avisé, poli, scrupuleux, dont on plaisante quelquefois, mais qu’on estime dès qu’on y regarde d’un peu près. […] Celle-ci étant en premier lieu pour l’importance, il demandait d’y associer les bons auteurs, les bons livres, et aussi, de plus, la fréquentation, la consultation directe des personnes savantes, capables d’éclaircir les doutes et de résoudre les difficultés. […] En les indiquant sans les nommer, Vaugelas les salue encore avec respect et les appelle nos maîtres ; car il est toujours poli jusque dans sa contradiction et dans la critique qu’il fait des personnes et des auteurs. […] Quelle obligation ne lui a point notre langue, n’y ayant jamais eu personne qui en ait mieux su le génie et le caractère que lui, ni qui ait usé de mots ni de phrases si naturellement françaises, sans aucun mélange des façons de parler des provinces, qui corrompent tous les jours la pureté du vrai langage français ! […] Et si elles étaient comme elles eussent pu être ; si un meilleur ouvrier que moi y eût mis la main, combien de personnes en pourraient-elles profiter durant ce temps-là !

143. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Richepin procède plus que de personne, écriraient-ils maintenant ce qu’ils ont écrit autrefois ? […] Qualité rare en tout temps que la verve, mais plus rare et plus précieuse que jamais dans une époque épuisée où personne ne vit fort ! […] On ne peut pas retourner ce qui est de la personne contre le poète, quand il y a poète dans un homme. […] Mais avec le talent qu’il possède il ne devait faire hausser les épaules à personne, même à ceux qui respectent le plus tout ce qu’il outrage. […] Il n’apprend rien à personne, d’ailleurs.

144. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Je t’envoie mon dessin, seulement ne le montre à personne, parce que c’est mal fait. […] La personne me salua et je vis s’épanouir la figure du stupide Em. […] Nous avions quelques personnes à dîner. […] Plaintes à la troisième personne. […] Je n’ai jamais blessé la personne.

145. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

La proportion donne environ 37 000 religieuses en 1 500 maisons pour les 38 000 paroisses de la France  Ainsi le total du clergé régulier est de 60 000 personnes  Pour le clergé séculier, on peut l’évaluer à 70 000 : curés et vicaires, 60 000 (l’abbé Guettée, Histoire de ! […] Cette commission lui est accordée gratuitement, pour maintenir le droit ; « d’ailleurs il serait impossible de rencontrer sur le lieu une personne intelligente pour la remplir ». […] 6° Droit sur les biens des personnes décédées sans héritiers, des bâtards et aubains décédés, sur les biens des condamnés à mort, aux galères perpétuelles, des bannis, etc. […] 14° Corvées de charrois et à bras, par droit de seigneur haut justicier sur 97 personnes à Blet (22 corvées de voitures et 75 corvées à bras), sur 26 personnes aux Brosses (5 corvées de voitures et 21 à bras). […] (Telle est) l’éducation ridicule à tant d’égards que reçoivent en général les personnes de ce rang ; dès leur enfance, toujours suivies, aidées, escortées, prévenues, (elles) sont ainsi privées de la plus grande partie des facultés que leur a données la nature. » (Mme Campan, Mémoires, I, 18, 28.)

146. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

La Rochefoucauld n’est qu’un spéculatif, que sa naissance, ses amitiés, les passions de sa jeunesse ont jeté dans l’action ; qui paye fort décemment de sa personne, et qui joue sa vie pour l’honneur de son nom, peut-être par dégoût pour l’action. […] Un homme qui avait été son ennemi, mais qui ne le fut jamais assez de personne, Mazarin excepté, pour calomnier les caractères et faire par vengeance des portraits mensongers, le cardinal de Retz lui reproche de l’irrésolution, et déclare n’en pouvoir déterminer les motifs. […] Peut-être ne manque-t-il qu’un mot, un amendement, relatif soit au temps, soit aux personnes, pour faire de cette pensée une vérité incontestable. […] « Je n’ai jamais eu de haine pour personne, dit-il ; je ne suis pourtant pas incapable de me venger96. » Quand il croyait n’être que sévère au nom de la morale, il conservait un vieux ressentiment qu’il ne savait pas toujours démêler de ses sévérités. […] Avant donc d’accepter les Maximes comme des vérités, il faut en ôter par la réflexion tout ce qui est inspiré de cette mélancolie dont La Rochefoucauld s’avoue atteint, tout ce qui vient d’un dépit mal apaisé contre les personnes et les choses.

147. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Il y avait sept ans déjà que la reine était mariée, quand un jour elle fit part aux personnes de son intérieur de sa première joie d’épouse et de ses futures espérances. […] Mais les personnes qui l’ont le mieux connue, et qui sont le plus dignes de foi, assurent qu’une telle disposition était bien loin d’être la sienne. […] » s’écrièrent les généraux en levant la main. — « Je ne vous demande pas de serments, répliqua-t-elle avec un geste de pitié dédaigneuse ; on m’en a fait assez, je n’en veux plus 12. » Ce mot altier, elle avait droit de le dire, et certes peu de personnes ont vu de leurs yeux plus qu’elle jusqu’où peuvent aller, selon les temps, ou la méchanceté ou la versatilité des hommes. […] Elle ne parlait jamais des choses pénibles et saignantes de sa jeunesse, sinon à très peu de personnes de son intimité. Le 21 janvier et le 16 octobre, jours de la mort de son père et de sa mère, elle s’enfermait seule, ou quelquefois elle faisait demander, pour l’aider à passer ces journées cruelles, quelque personne avec laquelle elle était à l’unisson de deuil et de piété (feu Mme de Pastoret, par exemple).

148. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Beaucoup de personnes dont je parle peuvent vivre encore ; or, ceux qui ne sont point familiarisés avec la publicité en ont une sorte de crainte. […] La personne qui a eu la plus grande influence sur ma vie, je veux dire ma sœur Henriette, n’y occupe presque aucune place 1. En septembre 1862, un an après la mort de cette précieuse amie, j’écrivis, pour le petit nombre des personnes qui l’avaient connue, un opuscule consacré à son souvenir. […] L’opuscule sur ma sœur a été lu avec sympathie par quelques personnes animées pour elle et pour moi d’un sentiment bienveillant. […] Mais la liberté est comme la vérité : presque personne ne l’aime pour elle-même, et cependant, par l’impossibilité des extrêmes, on y revient toujours.

149. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 45, de la musique proprement dite » pp. 444-463

Par exemple, l’imitation du bruit d’une tempête qui va submerger un personnage, à qui le poëte nous fait prendre actuellement un grand interêt, nous affecte comme nous affecteroit le bruit d’une tempête, prête à submerger une personne pour laquelle nous nous interesserions avec chaleur, si nous nous trouvions à portée d’entendre cette tempête veritable. […] Les personnes qui ne sçavent pas le françois, devinent les sentimens et les passions des acteurs qu’il fait déclamer en musique. […] On voit tous les jours des personnes travaillées d’insomnie, ne pouvoir s’endormir qu’au bruit d’une lecture ou d’une conversation. […] Ces morceaux de musique qui nous émeuvent sensiblement, quand ils font une partie de l’action théatrale, plairoient même médiocrement, si l’on les faisoit entendre comme des sonates, ou des morceaux de symphonies détachez, à une personne qui ne les auroit jamais entenduës à l’opera, et qui en jugeroit par conséquent sans connoître leur plus grand mérite, c’est-à-dire, le rapport qu’elles ont avec l’action, où, pour parler ainsi, elles joüent un rôle. […] Comme il est des personnes qui sont plus touchées du coloris des tableaux que de l’expression des passions, il est de même des personnes, qui dans la musique ne sont sensibles qu’à l’agrément du chant, ou bien à la richesse de l’harmonie, et qui ne font point assez d’attention, si ce chant imite bien le bruit qu’il doit imiter, ou s’il est convenable au sens des paroles ausquelles il est adapté.

150. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

Balzac, en effet, Balzac est tout entier, de pied en cap, de fond et de surface, dans cette Correspondance, publiée, avec raison, comme le dernier volume de ses Œuvres, — les éclairant par sa personne, — les closant par l’homme, — et démontrant la chose la plus oubliée dans ce temps où le talent voile si souvent la personne de son rayon et lui fait malheureusement tout pardonner, c’est que l’homme égalant l’artiste le rend plus grand et en explique mieux la grandeur. […] Cela l’a été assez longtemps, mais c’est fini : Balzac est sur son socle, et personne ne l’en fera descendre ! […] Et, cela étant reconnu et irréfragablement certain, la Critique n’a point ici à s’occuper du génie de Balzac, incontestable comme la lumière, ni de ses Œuvres, pour lesquelles, s’il était nécessaire de les analyser et de les juger, il faudrait l’étendue d’un Cours de littérature, mais elle va s’occuper de son âme, de sa personne morale, à Balzac, aperçue, soupçonnée à travers son génie, mais vue — et pour la première fois — dans le plein jour d’une Correspondance qui montre la plus magnifique nature dans sa complète réalité ! […] Balzac a souffert plus que personne, en raison de son omnipotente supériorité et de la vie qu’il s’était créée, de ces insectes littéraires. […] Il est sagace et non aveugle, comme la plupart de nos amours, qui sont d’épouvantables ou de ridicules égarements ; et c’est de la perfection morale, dans la personne aimée, qu’il est épris.

151. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Clément Marot, et deux poëtes décriés, Sagon & La Huéterie. » pp. 105-113

Il écrivoit de Ferrare, lieu de son exil, à François premier, aux dames de France, à toutes les personnes en état de le servir, afin de les intéresser en sa faveur. […] Personne n’écrit de cette manière aisée & piquante. […] Pour empêcher qu’on ne les exauçât, Sagon & la Huéterie se hâtèrent d’écrire aux mêmes personnes que Marot avoit sollicitées, & de leur écrire en vers, imitant son badinage & sa légèreté. […] Les écrivains, que son exil n’avoit point détachés de sa personne, le secondoient, l’animoient.

152. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

En réalité, peu de personnes ont le droit de ne pas croire au christianisme. […] Mais en avons-nous de meilleures à offrir à une personne atteinte d’un cancer ? […] Je comprends qu’on fasse le virtuose devant dix comme devant dix mille personnes, mais devant une personne ! […] Ce jeune prêtre savait son art comme personne ne le sut jamais. […] Le saint prêtre insistait sur ce doute terrible : non, personne, absolument personne, n’est sûr qu’après les plus grandes faveurs du ciel il ne sera pas abandonné de la grâce. « Je crois, dit-il, avoir connu un prédestiné !

153. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Pourtant — et vous en avez fait sûrement l’expérience  parmi ces enveloppes mortelles, il y en a chez qui nous sentons ou croyons sentir une âme, une personne — peut-être parce que cette âme a quelque ressemblance intime avec la nôtre. […] Je perçois chez eux des séries de pensées, d’attitudes, de gestes ; mais, quand ils me parlent, ce n’est point une personne qui me répond, c’est quelque merveilleux automate. […] Il plaît et règne par les apparences qu’il donne à sa personne physique, comme l’écrivain par ses livres. […] Ce n’est pas, comme le comédien, la pensée d’un autre qu’il interprète avec sa personne et son corps. […] S’est-il contenté d’achever, de pousser à leur maximum d’expression les traits naturels de sa personne physique et morale ?

154. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Personne & […] il est à la troisieme personne du singulier ; quel en est le sujet ? […] Voilà des connoissances de fait, & personne ne s’y méprend. […] Disc. viij. du verbe, pag. 13.) que l’usage n’a point fait dans nos verbes de mode impératif, parce qu’il ne caractérise l’idée accessoire de commandement, à la premiere & seconde personne, que par la suppression des pronoms dont le verbe se fait ordinairement accompagner, & à la troisieme personne par l’addition de la particule que. […] Mais pour ce qui concerne la seconde personne au singulier, & les deux premieres au pluriel, la suppression même des pronoms, qui sont nécessaires partout ailleurs, me paroît être une forme caractéristique du sens impératif, & suffire pour en constituer un mode particulier ; comme la différence de ces mêmes pronoms suffit pour établir celle des personnes.

155. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

J’épouse… » (II nomma, la personne) […] Est-ce que cette personne est riche ? […] Il n’en parla à personne, pas même à moi. […] Trop sceptique pour avoir le courage de se fâcher, il n’en voulait à personne et n’a jamais blessé personne. […] Une jeune personne nous montra des gravures.

156. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

… Ce devait être par ma faute… Est-ce que les grandes personnes voyaient à travers moi ? […] Je vis beaucoup de monde au fond du fossé, huit ou dix personnes et des personnes qui, certes, n’étaient pas de Montrouge. […] Seules dans la salle à manger et servies comme des grandes personnes. […] Ils se cachèrent si bien, qu’on ne put les reprendre, et personne n’eut le cou coupé. […] C’était une personne dure et sèche, peu sympathique.

157. (1887) Essais sur l’école romantique

Il n’est personne d’entre nous qui n’y ait pensé. […] Toutes difficultés dont je ne propose la solution à personne. […] Personne n’est plus persuadé que moi des vues inoffensives du roman. […] personne ne trouvera une heure à donner à la littérature facile et inutile ? […] Il n’est le poète de personne ; il ne représente aucun parti, aucune opinion ; il ne va, comme on dit en France, à personne, et cependant c’est un des noms les plus retentissants de l’époque.

158. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Et enfin, il n’est pas déraisonnable de penser que l’état d’humiliation où la première jeunesse du roi fut tenue par sa déraisonnable mère, lui rendait impossible cette confiance en lui-même et dans les autres, qui est le premier véhicule de l’amour ; qu’il ne voyait dans Anne d’Autriche qu’une femme attachée à lui par le devoir ; qu’il avait besoin d’être relevé de cette dépression par la tendresse de personnes désintéressées. […] Henri IV commanda à Malherbe de se tenir près de sa personne ; il eut place à la table du grand-maître de la maison, 1 000 fr. d’appointements, un valet et un cheval à son service. […] M. le Prince disait de lui : « Si Voiture était de notre condition, on ne le pourrait souffrir. » Je remarque que nous n’avons rien dit encore que de vague et de banal concernant la personne sur qui pèse aujourd’hui le ridicule de la préciosité de mœurs et de langage ; parlons un moment de ses premières années et des premières apparences de son caractère. […] Elle était aussi bonne amie, et elle obligeait tout le monde. » Mademoiselle de Montpensier, qui certes n’était point une précieuse, s’est plu, dans son histoire allégorique de la princesse de Paphlagonie, à faire le portrait de la marquise de Rambouillet, d’après les témoignages des personnes de la cour qui l’avaient particulièrement connue. […] On voit dans une lettre de Malherbe, du 17 juillet 1615, de quelle familiarité plus que leste usaient avec Louis XIII, âgé de quatorze ans, les personnes qui devaient aux autres l’exemple du respect.

159. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 11, les romains partageoient souvent la déclamation théatrale entre deux acteurs, dont l’un prononçoit tandis que l’autre faisoit des gestes » pp. 174-184

Je crois qu’il seroit inutile d’exposer dequel poids est ici l’autorité de Tite-Live, et de faire voir que tous les raisonnemens possibles ne doivent pas balancer un moment sa déposition, il n’y aura personne qui ne sente bien cette verité. […] Cet ancien grammairien après avoir dit que les pieces de théatre étoient composées de choeurs, de dialogues et de monologues, ajoute : les dialogues sont les endroits d’une piece où plusieurs personnes conversent ensemble. […] autrefois c’étoit les mêmes personnes qui récitoient… etc. […] Ainsi le spectateur ne sentoit pas le ridicule qu’on imagine d’abord dans deux personnes dont l’une feroit des gestes sans parler, tandis que l’autre réciteroit sur un ton pathetique les bras croisez.

160. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Nous parlerions de lui et de tant de personnes que nous avons connues, et de tant d’événements auxquels nous avons été mêlés. […] Mignet, il désirait prononcer en personne l’Éloge du comte Reinhard. […] S’étant aperçu qu’il y avait là trois ou quatre personnes qui n’avaient point été présentées, deux médecins, son secrétaire et son principal valet de chambre, il les nomma selon l’étiquette usitée en pareil cas avec les personnes royales. […] Les personnes de la famille étaient seules admises dans la chambre, mais le salon voisin ne désemplissait pas : « Il y avait là l’élite de la société de Paris. […] On aurait ainsi un Talleyrand de salon par une des personnes qui l’ont le mieux connu.

161. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Cette étude ne se composera pas seulement de l’examen critique et analytique de leurs ouvrages : elle comprendra encore sur leurs personnes des détails biographiques, et des aperçus moraux sur les temps où ils ont vécu. […] Il en résulte que, parmi les personnes de goût, les unes penchent pour la délicatesse, les autres pour la pureté, selon que chez elles le sentiment l’emporte sur la raison ou la raison sur le sentiment. […] Il est peu de personnes qui ne sachent pas, en présence d’un ami, s’exprimer sur un sujet qui les intéresse, avec la variété de tons, de physionomie et de gestes qu’il comporte. […] Nous entendons partout se plaindre du petit nombre de bons lecteurs : comment se fait-il alors que personne ne songe à acquérir un talent dont l’absence paraît si regrettable ? […]   Des sièges numérotés assurent à chaque personne la place pour laquelle elle se sera fait inscrire.

162. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Ses manières aimables et engageantes étaient comme un charme qui calmait ou qui suspendait les fureurs des partis contraires, et jamais homme n’a mieux su se faire tout à tous pour les gagner tous : heureux si c’eût été à la religion qu’il eût voulu les attacher plutôt qu’à sa personne ! […] L’archevêque, ayant été informé de la beauté de cette personne, la voulut connaître et l’enleva à Pierrepont. […] Il fut charmé et lut la pièce quatre ou cinq fois ; mais, soit modestie, soit politique, après m’en avoir remercié, il me fit promettre de ne la faire voir à personne. » La pièce ne fut imprimée qu’après sa mort. […] Quoique les Conférences s’ouvrissent à trois heures après midi, la salle était si remplie dès les neuf heures du matin, qu’il n’y avait plus de places que celles qui étaient gardées pour les personnes du premier rang. […] Le chancelier Séguier étant mort au commencement de l’année suivante (1672), M. de Harlay fut, auprès de Louis XIV, l’interprète du vœu de l’Académie pour que le roi en personne voulût bien agréer dorénavant le titre de son Protecteur.

163. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Bonhomme ce qu’on pense, car c’est une des plus estimables personnes que je connaisse. […] Vous qui avez assisté à l’une de ces scènes d’une vérité crue, âpre et mordante, non moins qu’amusante, où Henri Monnier se diversifie, et dont quelques-unes sont réellement le sublime du bas, comment, s’il n’était là pour recommencer en personne, pourriez-vous en rendre l’impression à ceux qui d’abord n’y étaient pas ? […] Lorsqu’on interroge sur lui, lui-même d’abord, bon témoin, des plus véridiques, et ceux qui l’ont connu, on arrive à se faire une idée fort juste de sa personne et de son genre d’originalité. […] Le jeune homme se plaignait d’être timide, de ne savoir où placer son mot en conversation ; Collé lui répond : « Suivez et commentez, pour ainsi dire, les idées des personnes avec lesquelles vous causez, vous serez sûr de réussir. […] Personne n’a badiné avec plus de grâce et de légèreté ; il semble qu’on entend un homme de la Cour : ses plaisanteries sont du meilleur ton.

164. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Cette personne était en train de poursuivre son propre divorce, tandis que Benjamin, de son côté, accomplissait le sien. […] Il faut, ou ne plus avoir de relation avec elle, ou ne plus me moquer d’elle ni avec vous, ni avec personne. […] En général, il ne faut jamais croire aux correspondances que dans une certaine mesure, car on se modèle toujours, à quelques égards, sur la personne à laquelle on écrit. Tout homme d’esprit, d’esprit rompu et mobile, quand il prend la plume pour correspondre, est un peu comme Alcibiade, et revêt plus ou moins les nuances de la personne à laquelle il s’adresse. […] Avec la noble personne dont la beauté ne se sépara point des grâces décentes, il saura trouver les délicatesses exquises, tout en s’efforçant d’attendrir chez elle et d’apitoyer la clémence.

165. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

On y peut étudier en même temps le public, et, si je puis dire, les femmes de Rousseau, dans la personne de l’une des plus distinguées et certainement de la plus dévouée d’entre elles. […] M. de Balzac, le célèbre romancier, a eu plus que personne son cortège de femmes, celles de trente ans en masse et d’au-delà, dont il a si bien saisi la faible et flattée infirmité secrète, toutes ces organisations nerveuses et fébriles qu’il a eu l’art de magnétiser. […] Mon visage, qui, grâce à la petite vérole dont je suis un peu marquée, est la partie la moins blanche de ma personne, ne l’est pourtant pas encore trop mal pour une brune. […] Reste un article qui, à mon sens, tient assez à la personne pour qu’on en fasse mention, et que vous-même n’avez pas dédaigné : la façon de se mettre. […] Mme de La Tour était une personne de mérite et de vertu.

166. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

C’est plutôt l’idée d’une personne accomplie. […] Il ne fut pas inutile à Ninon, dans ces conjonctures, que le prince de Condé, son ancien amant et son ami toujours, intervînt en personne pour lui donner à la Cour et ailleurs des témoignages publics d’intérêt. […] Je citerai une partie de cette lettre peu connue, et qui ne se trouve point dans les Œuvres de Saint-Évremond19 : N’en déplaise à ce vieux rêveur (Solon) qui ne trouvait personne heureux devant la mort, je vous tiens, lui écrit-il, en pleine vie comme vous êtes, la plus heureuse créature qui fut jamais. […] De tous les tourments, vous n’avez senti que ceux de l’amour, et vous savez mieux que personne qu’en amour Tous les autres plaisirs ne valent pas ses peines. […] Mme de Sévigné, qui avait eu tant à se plaindre de Ninon sur la personne de son mari et sur celle de son fils, voyait sans crainte son petit-fils, le marquis de Grignan, lui rendre des devoirs.

167. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Penseur de sa nature, il ne voulait se déterminer sur rien que par des motifs suffisants : Son esprit, a dit une personne qui l’a bien connu (ce même M.  […] La figure et la personne physique de M.  […] « Ses traits ne ressemblent à ceux de personne ; la forme de son visage est extraordinaire. » C’est sa femme qui disait cela, et d’autres qu’elle l’ont également remarqué. […] Franchement est un mot souvent employé par une personne dissimulée, sans façon par un homme exigeant. […] Ce métier dispense la maîtresse de la maison de se lever entièrement ou de le faire trop vulgairement lorsque des personnes nouvelles entrent dans son appartement pour lui rendre visite.

168. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

La critique ainsi entendue n’est plus que l’agrandissement égoïste de la personne, qui veut dominer une autre personne. « N’y a-t-il pas du plaisir, demande Candide, à tout critiquer, à sentir des défauts où les autres hommes croient voir des beautés ?  […] Il garde pour un temps cette chose indéfinissable, si fragile et si profonde, l’accent de la personne, qui va le mieux au cœur de quiconque sait aimer. […] Au contraire, dans un simple regard de la personne aimée vous verrez jusqu’à son cœur, avec la diversité infinie des sentiments qui s’y agitent. […] Ouvrez au contraire le livre ami, celui avec qui vous avez pris l’habitude de causer comme avec une personne, vous y découvrirez entre toutes les pensées des rapports harmonieux, qui les feront se compléter l’une par l’autre ; le sens de chaque ligne s’élargira pour vous. […] Cette sympathie court risque d’être bien « générale » et, en voulant s’étendre à tous, de ne s’appliquer à personne : elle ressemble à celle que nous pouvons éprouver pour un membre quelconque de l’humanité, un Persan ou un Chinois.

169. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

Eugénie de Guérin ressemble à ce portrait de sainte Germaine dans lequel on fait passer si gentiment et si chastement à la petite pastoure un ruisseau avec ses pieds nus… Elle n’a pas, en toute sa personne, la moindre nuance de bas-bleuisme. […] Sa duchesse Eltha qui est une Lélia catholique et mystique ; son Lucio, qui est un Sténio sans débordement ; son critique Malesch, dont l’esprit a dévoré le cœur et qui est un Tremnor sans galère, ne sont pas certainement autre chose que des personnes de la connaissance de Mme de Blocqueville, des habitués de son salon, enchantés et peut-être fiers de se rencontrer dans son livre. Elles parlent, ces honnêtes personnes, comme les déshonnêtes personnes de Lélia, des mystères de l’âme, de la vie et de la destinée, dans des paysages, un palais et des clairs de lune trop sandesquement décrits, et quoiqu’elles ne disent pas les mêmes choses, elles les disent avec les mêmes attitudes emphatiques, le même bombast que dans Lélia et le même amphigouri de poésie fausse et de solennité. […] Mais le catholicisme de celle-ci est, comme sa personne, un peu trop azuré. […] Mme de Blocqueville, qui fut belle, dit-on, — qui est grandement née, — qui est peut-être aimable dans son salon, — et je suis sûr qu’elle l’est, car il est impossible qu’on y parle comme dans sa Villa des Jasmins ; elle n’y aurait plus personne, — Mme de Blocqueville n’aurait pas du tout de talent littéraire qu’elle aurait dix raisons pour pouvoir très bien s’en passer ; et d’ailleurs, ce n’est pas un si grand malheur que de n’avoir point de talent, quand on sent le talent des autres !

170. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Robert Franz, qui n’est peut-être personne, pourrait cependant être quelqu’un. […] C’est qu’après l’avoir lue, cette femme indisciplinée qui ne relève que d’elle-même, — qui a l’ivresse et la folie du plus satané orgueil que le diable, auquel elle ne croit pas, mais à qui elle fait croire, ait jamais départi à une aimable femme, on n’a plus sous les yeux qu’une personne ou assez modeste, ou assez prudente, ou assez sournoise pour se mettre derrière le nom de M.  […] Mais elle a la modération, pleine d’un ancien bon goût, étonnant avec ses attitudes, de n’envoyer de cartel à personne, tandis que la femme la plus joliment blonde et ronde du bas-bleuisme contemporain (Mme Olympe Audouard) a, un jour, proposé un duel à un directeur de journal qui s’amusa beaucoup de cette bravacherie ! […] Et son éducation n’est pas plus cosaque que sa personne, à cette Cosaque, qui, du moins, dans son livre, a perdu, à mon grand regret, sa nationalité ! […] La dame cosaque des Souvenirs peut très bien n’avoir pas aimé son Monsieur X…, mais au ton de son livre, puisque personnellement je n’ai pas l’honneur de la connaître, je ne crois point qu’elle l’ait aimé, et je vais aller bien plus loin, je vais désespérer ses amoureux, je ne crois pas qu’elle puisse jamais aimer personne !

171. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Cela ne prouve pas que vous n’aimiez pas cette personne ; cela prouve seulement que la personne n’est pas pour vous sans ses qualités. […] Ils nous procurent des plaisirs où notre personne semble moins intéressée et s’oublie davantage. […] On n’estime pas non plus une action ou une personne, parce qu’elles ont réussi. […] Ce qui a fait cela, ce n’est personne et c’est tout le monde : c’est le génie de l’humanité. […] On est une personne morale tout autant et au même titre qu’une autre personne morale.

172. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 134-135

Il étoit naturel que l’Abbé Desfontaines fût sensible à la dégradation des Lettres ; personne ne connoissoit mieux que lui les regles & les raisons des regles ; personne ne les développoit avec plus de finesse, d’agrément & de clarté ; personne ne saisissoit avec autant de précision les différens degrés du beau & les moindres nuances du ridicule ; l’œil sans cesse ouvert sur les moindres défauts, il les sentoit vivement, & ne faisoit grace à rien.

173. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Ce sont des ouï-dire qu’elle tient de personnes qui les tiennent d’autres : elle ne voit le spectacle que des premières loges. […] Je vois d’un côté un bel esprit qui se donne en spectacle, de l’autre une personne du monde qui lui a demandé une lettre, pour s’en faire honneur dans les ruelles. […] On aimait tant l’esprit, qu’il n’était permis à personne de n’en avoir que pour soi ou dans son petit cercle. […] Il se commet, à son insu, dans plus d’un récit, parce qu’au lieu d’avoir vu les choses de la galerie, il y a été mêlé de sa personne, et qu’il a sa part du ridicule qu’il observait. […] Deux situations seulement pour les personnes publiques : la faveur du prince ou sa disgrâce ; dès lors une seule émulation, la flatterie.

174. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Avant de se coucher, le roi achève cette importante lettre à Mme de Maintenon, par laquelle il lui rend compte dans le plus grand détail de la personne et des moindres mouvements de la princesse ; c’était l’affaire d’État du moment. […] Elle parle peu, au moins à ce que j’ai vu, n’est point embarrassée qu’on la regarde, comme une personne qui a vu du monde. […] Il semble trop, d’après ce gracieux et discret auteur, que la duchesse de Bourgogne fût une personne accomplie et parfaite, et que cette éducation de Saint-Cyr l’eût réellement atteinte au fond. […] Mais on peut tout entendre sans scrupule à cette distance, et, en faisant la part d’hommage à la personne qui eut en don le charme, il faut oser voir les mœurs d’alors comme elles étaient. […] Adorée de son jeune époux, et sachant prendre en main ses intérêts en toute rencontre, il ne paraît pas qu’elle eût pour sa personne un goût bien vif et bien tendre.

175. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 25, du jugement des gens du métier » pp. 366-374

Sous le nom de gens du métier, je comprens ici, non-seulement les personnes qui composent ou qui peignent, mais encore un grand nombre de ceux qui écrivent sur les poëmes et sur les tableaux. […] En effet, on voit tous les jours des personnes qui jugeroient très-sainement si elles jugeoient d’un ouvrage par voïe de sentiment, se méprendre en prédisant le succès d’une piece dramatique, parce qu’elles ont formé leur prognostic par voïe de discussion. […] Que les peintres soient plus capables que tous ceux qui ne le sont pas de juger du mérite d’un tableau par rapport au coloris, à la régularité du dessein et à quelques autres beautez dans l’éxecution, personne n’en doute et nous le dirons même dans le vingt-septiéme chapitre de cet ouvrage. […] L’on a souvent eu raison de reprocher aux illustres dont je parle, le trait d’amour propre dont Auguste fut accusé ; c’est de s’être choisi dans la personne de Tibere le successeur qu’il croïoit le plus propre à le faire regretter.

176. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

S’il était resté à La Chesnaie, personne ne lui en eût rien dit : Fouché avait pour lors d’autre gibier en tête. […] Personne ne sait comment ceci finira. […] Tout le monde crut bien faire, personne n’est coupable, et l’on se trompa. […] Quant aux avis qu’on y pourrait ajouter, l’expérience que j’en ai a tellement rétréci ma confiance, qu’à moins d’être contraint d’en demander, je suis bien résolu à ne jamais procurer à personne l’embarras de m’en donner ; et j’en dis autant des exhortations. […] Je ne tracasse personne ; qu’on me laisse en repos de mon côté : ce n’est pas trop exiger, je pense.

177. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Il nous parle de sa personne, de ses cheveux déjà gris, de sa mère, de sa sœur, de sa famille, de son château de Saverne, de ses cinq domestiques, des dix-huit personnes qu’il a toujours à sa table, de sa chasse, de son ami Sarcey de Suttières, dont le roman des « Salons de province » vient comme du Balzac bien écrit, de la désillusion qu’il a eue à relire Notre-Dame de Paris, la semaine dernière, des qualités de Ponson du Terrail, et du cas qu’il en fait avec Mérimée. […] Et que personne de ceux qui sont morts ne soit revenu dans le rêve d’un vivant, à ce moment où il est délié de la vie, un père pour avertir son fils, une mère, une mère ! […] Pendant tout ce temps, pendant ces deux mois il n’a vu personne. […] Personne n’a vraiment rendu la passion, l’excitation, la furie, le grand delirium tremens de ce temps. […] C’est toujours dans notre cervelle les infinies déductions de l’imprévu, déductions qui ne viennent à la pensée de presque personne.

178. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Note sur les éléments et la formation de l’idée du moi » pp. 465-474

Lorsqu’on lui parlait, il se sentait étourdi comme si plusieurs personnes lui parlaient à la fois… Il ne reconnaissait ni le goût ni l’odeur des mets, et ne distinguait pas les objets au toucher, les yeux fermés. […] Je ne sonnai même pas ma domestique, persuadé qu’il n’y avait rien à faire ; je me couchai sur un canapé, et j’attendis. — Il me semblait que quelque chose tendait à m’isoler du monde extérieur ; en même temps, il se faisait comme une atmosphère obscure autour de ma personne ; je voyais cependant très bien qu’il faisait grand jour. […] Sur ce point, presque tous emploient le même langage : « Je me sentais si complètement changé, qu’il me semblait être devenu un autre134 ; cette pensée s’imposait constamment à moi sans que cependant j’aie oublié une seule fois qu’elle était illusoire. » — « Quelquefois il me semble n’être pas moi-même, ou bien je me crois plongée dans un rêve continuel. » — « Il m’a littéralement semblé que je n’étais plus moi-même. » — « Je doutais de ma propre existence, et même par instants je cessais d’y croire. » — « Souvent il me semble que je ne suis pas de ce monde ; ma voix me paraît étrangère, et, quand je vois mes camarades d’hôpital, je me dis à moi-même : “Ce sont les figures d’un rêve.” » — Il semble au malade « qu’il est un automate » ; « il sent qu’il est en dehors de lui-même ». — Il ne « se reconnaît plus ; il lui semble qu’il est devenu une autre personne ». […] Ainsi le moi, la personne morale, est un produit dont les sensations sont les premiers facteurs ; et ce produit considéré à différents moments n’est le même et ne s’apparaît comme le même que parce que ses sensations constituantes demeurent toujours les mêmes. […] En effet, selon le docteur Krishaber, « la perturbation particulière en vertu de laquelle le malade perd jusqu’à un certain point le sentiment de sa propre personne ne disparaît que lorsque les troubles sensoriels auxquels elle est liée ont disparu135 ». — À mon sens, ceci est décisif, et je trouve le petit récit qu’on vient de lire plus instructif qu’un volume métaphysique sur la substance du moi.

179. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Apprend-elle rien à personne sur vos opinions d’alors ? […] — Je ne veux d’ailleurs voir personne. […] Il y a une personne ici qui voudrait le traduire. […] — Au reste, c’est peut-être une seule personne qui a dit cette bêtise recherchée […] Ballanche est, après vous, la personne avec laquelle j’aimerais le mieux voyager !

180. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Personne n’ose dire ce qu’il pense, exprimer ce qu’il sent. […] Personne ? […] Un chef-d’œuvre littéraire que personne ne connaît, dont personne ne parle, est pareil à un opéra manuscrit qui ne trouvera jamais son orchestre. […] Il y a peu de personnes capables d’une pareille épargne. […] Il n’y a plus personne de cet antique bois-là.

181. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Le comte de Clermont était un abus en personne, un abus vivant, et son énorme dot ecclésiastique, appliquée comme il le faisait, rendait dès lors cette existence amphibie plus bizarre que d’autres et d’un scandale plus criant. […] La Cour de Sceaux, même en son meilleur temps, fut toujours un peu arriérée sans doute, cantonnée dans son vallon, fermée aux lumières et au souffle du dehors, obstinément cartésienne par M. de Malezieu ; mais ce Malezieu était un homme de savoir, nourri de premières études très fortes, qui lisait Sophocle dans le texte, et chaque jour il passait là, dans ce cercle de la princesse, des personnes du premier ordre par l’esprit : Voltaire, Mme du Châtelet, Mme du Defland ; Mlle de Launay, ce témoin exquis qui fait loi devant la postérité, y était en permanence. […] Rochambeau, qui servait sous lui, a rapporté fort exactement ce premier exploit avec tous ses risques, et il a cité un propos chevaleresque du maréchal : « Il n’y a personne dans l’armée qui ne pense comme moi qu’il vaut mieux se faire moine au haut du Monte del Toro que de rentrer en France sans avoir pris Mahon. » Le succès répondit à l’audace. […] La Bruyerre, se piquant d’honneur, répondit sur tous les points avec tant de franchise et de promptitude, que le prince non seulement le fit remettre en liberté, mais lui donna une place de garde de ses chasses, comme pour vérifier en sa personne le dicton : « Il n’est si bon garde qu’un vieux braconnier. » Il en résulta un volume intitulé : les Ruses du Braconnage, mises à découvert par L. […] Il n’a pas été général, quoique ayant assez bien fait la guerre au début. — Il n’a pas été bon académicien, quoique ayant consenti à se faire nommer, et il n’a pas eu le courage du discours de réception. — En trempant aussi avant que personne dans les mœurs et dans les licences du jour, il n’a pas su soutenir la gageure ni être jusqu’au bout un hardi viveur comme Maurice de Saxe, ou un libertin de bel air comme Richelieu. — Mélange peu relevé d’homme d’Église, d’homme de guerre, d’homme de plaisir et finalement de dévot ; au demeurant, fort bonhomme, mais un Condé dégénéré.

182. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Le père de notre Horace François, parlant un jour de ses enfans, dit de Nicolas : que c’étoit un bon garçon, qui ne diroit jamais mal de personne . […] La Fontaine & quelques personnes de la même société s’imposoient pour peine d’en lire une certaine quantité, lorsqu’on avoit fait une faute contre le langage. […] On fit mention de toute sa personne, de sa figure, de son maintien, de son habit, de sa vieille perruque, de sa calotte. […] Plusieurs personnes ont excellé dans chaque genre ; mais il n’y a qu’un Quinault pour les opéra. […] Personne aujourd’hui n’oseroit porter son nom.

183. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Lorsque les deux dernières sœurs reparurent à la Cour après la grande maladie du roi, Mme de Boufflers fut, avec Mme de Modène, la première personne que Mme de Châteauroux informa de son rappel par un courrier exprès. […] Telle était la personne qui était généralement tenue pour l’oracle du goût et de l’urbanité, celle qui exerçait, on l’a dit, une espèce de police pour le ton et l’usage du monde, le censeur de la bonne compagnie durant les belles années de Louis XVI. […] Le tour de sévérité caustique et critique que j’ai indiqué chez la maréchale était (il faut le croire, puisque tout le monde l’atteste), exempt de raideur et accompagné de tout agrément en sa personne. […] Personne même ne fit sur le temps son oraison funèbre. […] Mme de Genlis, qui avait fort connu la maréchale de Luxembourg, en a parlé avec un détail dont on lui sait gré ; mais elle a montré plus que personne, en voulant fixer par écrit quelques-unes des remarques qu’elle avait recueillies de sa bouche sur les usages du grand monde et en les rédigeant dans une sorte de Dictionnaire de l’Étiquette, que la finesse ne se transmet pas, qu’il y a une pédanterie même dans les choses légères, et qu’on ne professe ni le tact ni la grâce.

184. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

J’ai horreur d’interrompre ces grands missionnaires de Dieu. » Quant à Brizeux, sa personne, son profil reparaît et disparaît sans cesse dans la correspondance. […] Véritablement, c’est visible dans toute sa personne affaissée ; ce n’est plus lui. […] Elle jugeait mieux des personnes et des caractères que sa tendre amie, et elle lui disait quelquefois, à propos de l’inintelligence de cœur de certaines gens les plus polis de surface et les plus avenants en apparence : « Ah ! […] La seule personne qu’il connût à Montpellier était M.  […] Nous savons que l’une des deux nobles personnes fut véritablement bonne et ne s’en tint pas toujours aux paroles.

185. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Les malins, à certaines marques, ont vite fait de reconnaître « la fabrique de Ferney » : Voltaire nie comme un beau diable ; cela ne trompe personne, et amuse tout le monde. […] Sa personne et sa maison offrent tous les contrastes. […] qui donc n’était pas prêt à absoudre les actes qui ne font de mal à personne, et font du bien à quelqu’un, mensonges ou autres ? […] Personne n’a plus contribué que Voltaire à mettre au cœur des particuliers l’incurable défiance du gouvernement, à leur donner l’esprit de critique et d’opposition quand même. […] D’autres ont cru aussi peu à la religion, moins à Dieu : personne n’a été plus foncièrement irréligieux.

186. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Elles ont de commun un goût prononcé pour l’esprit, et pour la raison relevée d’un certain tour distingué, concis et neuf, qu’il ne tient qu’aux personnes peu bienveillantes de confondre avec le recherché et le précieux. […] Quelle put être l’influence du monde de son beau-père sur la jeune personne, on le suppose aisément, mais on est réduit à le deviner. […] Au bien que j’en ai ouï dire, personne n’avait plus que lui les qualités éminentes et le talent de la guerre. […] Elle recommande constamment à son fils de viser haut en toute chose, et en même temps de s’attacher à la réalité et non à l’apparence : « Que vos liaisons soient avec des personnes au-dessus de vous : par là vous vous accoutumez au respect et à la politesse. […] Mme de Lambert, comme Mlle de Scudéry, pense que rien n’est si mal entendu que l’éducation qu’on donne aux jeunes personnes : « On les destine à plaire ; on ne leur donne des leçons que pour les agréments. » Elle, au contraire, fille d’une mère telle que nous l’avons dite, elle a senti de bonne heure le besoin qu’ont les femmes d’être raisonnables et d’être fortifiées contre leurs passions.

187. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Mais personne n’a marché seul ; personne n’a quitté la main des anciens. […] Qu’est-ce qu’on entend par une personne naturelle, sinon une personne dont tous les mouvements sont réglés, qui est vraie et judicieuse, qui parle et agit selon la vérité et la raison ? […] Nos conditions, pour la plupart dépendantes, nous rendent cette conduite difficile ; une certaine retraite en soi-même n’est impossible à personne. […] Il est remarquable que nous ne séparons pas l’idée du naturel de l’idée de raison ; car qui en a jamais vu donner la louange à une personne commune ou à une personne extravagante ? […] Il y a là pourtant une sorte de naturel, c’est celui d’une personne dont la raison ne règle point toujours l’imagination et la sensibilité, mais qui met une certaine grâce à ne s’en point cacher, et qui, n’ayant d’ailleurs que des caprices supportables ou des défauts modérés, s’y abandonne naïvement, dans une mesure qui n’incommode personne.

188. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

C’est alors surtout que les grands commencent à rechercher non seulement les ouvrages, mais la personne même des écrivains, tant célèbres que médiocres ; ils s’empressent, au moins par vanité, de donner aux talents des marques d’estime, souvent plus intéressées que sincères. […] Il en est du mérite d’un homme comme de ses ouvrages, personne ne peut mieux les juger que lui, parce que personne ne les a vus de plus près, et plus longtemps. […] Quoi qu’il en soit, j’avoue qu’avec tout le cas que je fais de leur personne, j’en fais encore plus de leur nation, et que je suis aussi peu curieux d’un Anglais à Paris que je le serais d’un Français à Londres. […] L’ennui veut jouir du talent, et la vanité trouve moyen de le séparer de la personne. […] Je parle de liberté non seulement dans leurs personnes, mais aussi dans leurs écrits ; je ne la confonds pas avec cette licence condamnable qui attaque ce qu’elle devrait respecter : le vrai courage est celui qui combat les ridicules et les vices, ménage les personnes, et obéit aux lois.

189. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Personne ne pouvait le lui dire, et cela le tourmentait. […] Il s’y glissa rapidement ; ainsi, personne ne le vit. […] Il regarda partout et ne vit personne. […] Je ne connais personne ici qui pourrait me porter de la haine. […] Je ne pense point que personne vous ait donné en otage.

190. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Il n’y a personne assurément dans la littérature actuelle qui ait le genre de plume (arrachée d’où ? […] j’aimerais mieux qu’elle ne relevât de personne, mais le moyen de ne pas relever de Balzac, quand on fait une étude de mœurs, et de mœurs parisiennes encore ? […] Faisant un roman dont le sujet était les mœurs de l’Empire, dans lequel cette personne tenait tant de place, le romancier ne pouvait pas l’oublier. […] À cette hauteur, ce n’est plus personne. […] Christian II ne croit pas plus en lui qu’en personne.

191. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Un jour, par exemple, chez Mme de Coulanges, il se décida à lire à quelques élus, à trois ou quatre personnes en tout, un ouvrage qu’il avait composé : C’est un précis des Pères, écrit Mme de Coulanges, qu’on dit être la plus belle chose qui ait jamais été. […] Le premier point s’appliquait à plus d’une personne parmi celles qui faisaient alors les sévères et qui se déclaraient le plus haut contre la morale relâchée. […] On invente, on exagère, on empoisonne les choses, on ne les rapporte qu’à demi ; on fait valoir ses préjugés comme des vérités incontestables ; on débite cent faussetés ; on confond le général avec le particulier ; ce qu’un a mal dit, on le fait dire à tous, et ce que plusieurs ont bien dit, on ne le fait dire à personne : et tout cela, encore une fois, pour la gloire de Dieu. […] Les personnes qui rient de tout, et auprès desquelles un bon mot a toujours raison, se sont autorisées quelquefois d’une parole de Mme Cornuel sur Bourdaloue ; elle disait : « Le père Bourdaloue surfait dans la chaire, mais dans le confessionnal il donne à bon marché. » Ce n’est là qu’un joli mot de société. […] Personne n’était plus propre que Bourdaloue à rallier ces âmes effrayées, prises par violence, et à leur offrir un christianisme à la fois sévère et consolant70.

192. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Ces esprits prévenus, en s’avisant de contester contre toute évidence l’authenticité des Mémoires de Mme Roland, n’avaient persuadé personne et n’avaient réussi qu’à faire douter d’eux-mêmes et de leur sens critique. […] Eh bien, il caractérise la personne ou l’époque ; laissez-le… » Cela est juste à la rigueur, mais cela est dit d’un ton bien solennel et vraiment un peu déclamatoire. […] franchement, si ami que je sois de la réalité, je regrette que Mme Roland n’ait pas obéi jusqu’à la fin au sentiment de répulsion instinctive qui lui avait fait ensevelir en elle ce triste détail, et qu’elle ait cru devoir consigner si au long un incident plus que désagréable ; pour l’excuser, pour m’expliquer cette franchise que personne au monde ne lui demandait à ce degré, j’ai besoin de me représenter l’autorité suprême et l’ascendant prestigieux que l’exemple de Rousseau avait pris sur elle et sur les personnes de sa génération. Nous y avons tous cédé plus ou moins dans nos propres confessions aussi, en vers ou en prose ; mais elle, elle était femme et devait s’en souvenir ; elle pouvait, si elle le voulait absolument, indiquer le fait en glissant un peu ; il y a manière de tout faire comprendre et de tout dire ; mais cette confidence de sang-froid, sous la plume d’une belle personne restée honnête et qui s’appesantit sur une sale image, est tout à fait déplaisante. […] L’ordre et la paix dans tout ce qui m’environne, dans les objets qui me sont confiés, parmi les personnes à qui je tiens ; les intérêts de mon enfant toujours envisagés dans mes différentes sollicitudes, voilà mes affaires et mes plaisirs.

193. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Ignorez le rang, ignorez le nom, cette personne entre deux âges a certainement la répartie juste et à propos, le grain de sel sans amertume. […] Elle faisait allusion à la lettre fort dure que le roi lui avait écrite le jour même de l’avènement de Fleury au ministère, et que cette Éminence en personne lui avait remise). […] « Sa Majesté commence à manger sans regarder personne, tenant les yeux baissés sur son assiette. […] « Les agréments ont tant de pouvoir sur Thémire, qu’ils lui font souvent tolérer les plus grands défauts ; elle accorde son estime aux personnes vertueuses, son penchant l’entraîne vers celles qui sont aimables. […] La satire en personne s’est exécutée de bonne grâce et s’est mise en frais pour louer la vertu.

194. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

« Ne vous chargez d’aucune recommandation ; n’écoutez personne, si vous voulez être tranquille. […] Elle avait besoin d’être pressée, et j’avais le plaisir de voir qu’elle prenait souvent le bon parti… » Voilà la véritable Marie-Antoinette, celle, à l’origine, dont la personne avait du charme, mais dont l’esprit n’avait certes rien du prodige. […] Elle s’est déshabituée d’un nombre de mauvaises expressions ; il lui reste quelques mauvais tours de phrases dont elle se corrigera promptement lorsqu’elle n’entendra plus l’allemand et le mauvais français des personnes qui la servent. […] Elle pourra aussi se trouver dans des circonstances à désirer un serviteur fidèle et uniquement dévoué à sa personne. […] Personne ne peut connaître et apprécier comme moi l’honnêteté de son âme, le charme et la vérité unique de son caractère. » Si l’on n’avait pour tout document que cette correspondance, on croirait sérieusement à une retraite prochaine de l’abbé.

195. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Je me suis écrié, et j’ai compris alors seulement cette phrase d’une lettre qu’elle écrivait l’an dernier, du fond de son Berry, à une personne de ses amies qui la poussait sur la politique : « Vous pensiez donc que je buvais du sang dans des crânes d’aristocrates ; eh ! […] La Grise est solide et peut très bien, à la rigueur, porter trois personnes, dont deux surtout pèsent si peu. […] Il faut que, sans le vouloir, sans que personne y vise, peu à peu, Germain soit amené à se dire : « Eh quoi ? […] Tout se répare : la petite Fadette, devenue une belle, sage et riche personne, épouse Landry et guérit presque le souffreteux Sylvinet par ses secrets de magnétisme naturel. Elle réussit même trop bien ; le pauvre Sylvinet, un jour, se croit dans l’obligation de s’éloigner de sa belle-sœur sans dire son motif à personne.

196. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Une personne qu’il aimait et poursuivait vivement alors, une enchanteresse lui avait dit : « Songez à votre gloire avant tout, faites votre voyage d’abord, et après… après… nous verrons !  […] » Il se fait dire encore par elle : « Quand je vous ai connu, personne ne prononçait votre nom : maintenant, qui l’ignore ?  […] De une à deux heures, — de deux à trois heures, — à tel endroit, chez telle personne ; — de trois à quatre, ailleurs ; — puis arrivait l’heure de sa représentation officielle hors de chez lui ; on le rencontrait en lieu connu et comme dans son cadre avant le dîner. […] J’ai sous les yeux des lettres, presque des lettres de cœur, adressées par Chateaubriand à une personne distinguée, qu’il se gardera bien de nommer dans ses Mémoires (fi donc ! […] Il aurait bien désiré que l’aimable personne à qui il s’adressait, et que les Mémoires, qui parlent de tant d’idoles, ne mentionnent pas, le vînt rejoindre à ce moment même.

197. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Toute sa personne avait de la roideure, de l’audace, un air de décision et de certitude auquel il manqua toujours quelque chose pour être de l’autorité entière et véritable. […] Le feu qu’il avait dans sa personne ne se communiquait en rien à sa poésie. […] N’oublions pas qu’une grande partie de l’originalité de ses critiques a péri ; joignons-y toujours la personne même de l’Aristarque qui y faisait commentaire, sa véhémence de geste et de ton, ce qu’il y avait de piquant (et même de choquant) à le voir se retourner sur des amis, des camarades de la veille, du moment qu’il y croyait le bon goût intéressé. […] C’est une sottise inexcusable, mais il ne veut consulter personne, et, s’il écrit une seule ligne contre ses ennemis, il est perdu sans ressource. […] [1re éd.]Toute sa personne avait de la raideur

198. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

C’était une personne des plus distinguées et des plus rares de l’ancienne société, et qui n’avait cessé de rester en relation et en communication d’esprit avec la société nouvelle. […] Jeune, jolie, irréprochable, la comtesse de Boigne, rentrée en France, tenait avec distinction le salon de son père, et les étrangers qui visitaient Paris vers 1809 parlaient déjà d’elle comme d’une des personnes les plus sérieuses jusque dans son amabilité. […] Après la révolution de juillet 1830, elle fut la première personne des anciens salons aristocratiques qui passa à la branche nouvelle. […] Pour tous ceux qui l’ont connue, on peut dire que c’est une personne unique qui meurt, quelqu’un à qui nulle autre ne ressemblera plus. […] Dans la vie si au hasard que je mène depuis des années et où j’obéis aux nécessités de chaque jour, j’ai gardé du moins et réservé un coin de ma vie antérieure : c’est une appréciation profonde et encore plus juste que reconnaissante des personnes si distinguées, si à part, que j’ai eu le bonheur de connaître et qui m’ont honoré de leur bonté en même temps qu’élevé par leur commerce.

199. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Le ridicule des précieuses était usé et ne se rajeunissait pas par son alliance avec le savantisme, qui ne pouvait être reproché qu’à un nombre infiniment petit de personnes opulentes ; il n’y avait pas là de quoi assurer le succès des Femmes savantes, aussi n’en eurent-elles point. […] Il semble à trois gredins dans leur petit cerveau, Que pour être imprimés et reliés en veau, Les voilà dans l’état d’importantes personnes, Qu’avec leur plume ils font le destin des couronnes, Que sur eux l’univers a la vue attachée. […] Fausses clefs, ajoute l’auteur, aussi inutiles au lecteur qu’injurieuses aux personnes dont les noms sont déchiffrés, et à l’écrivain. […] Nommant des personnes de la cour et de la ville à qui je n’ai jamais parlé, que je ne connais point, peuvent-elles partir de moi ? […] J’ai peint à la vérité d’après nature ; j’ai pris un trait d’un côté et un trait d’un autre, et de ces divers traits, qui pouvaient convenir à une même personne, j’en ai fait des peintures vraisemblables, cherchant moins à réjouir les lecteurs par la satire de quelqu’un, qu’à leur proposer des défauts à éviter et des modèles à suivre ».

200. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Le commencement de la critique étoit un éloge de la personne qu’on attaquoit ; mais on n’avoit débuté par la louange que pour mieux faire passer la critique. […] L’éloquence est à la fois art & talent : art en elle-même, talent dans la personne éloquente. […] Après avoir disputé longtemps, on vit que rien n’étoit éclairci, que personne ne s’étoit entendu. […] L’opinion qu’il en avoit lui-même, ou plutôt sa simplicité, alloit au point qu’ayant trouvé à la campagne, dans un endroit isolé, une personne qui tenoit un livre, il lui demanda ce qu’elle lisoit. L’Histoire Romaine, répondit cette personne.

201. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Il l’avait choisi comme le plus excellent modèle qu’il eût à se proposer, et jamais personne ne l’imita si bien qu’il a fait. […] Ce Prince qui l’estimait, et qui alors n’aimait rien tant que la Comédie, le reçut avec des marques de bonté très obligeantes, donna des appointements à sa Troupe, et l’engagea à son service, tant auprès de sa personne, que pour les États de Languedoc. […] En 1658, ses amis lui conseillèrent de s’approcher de Paris, en faisant venir sa Troupe dans une Ville voisine : C’était le moyen de profiter du crédit que son mérite lui avait acquis auprès de plusieurs personnes de considération, qui s’intéressant à sa gloire, lui avaient promis de l’introduire à la Cour. […] Quoi qu’il fût très agréable en conversation lorsque les gens lui plaisaient, il ne parlait guère en compagnie, à moins qu’il ne se trouvât avec des personnes pour qui il eût une estime particulière : cela faisait dire à ceux qui ne le connaissaient pas qu’il était rêveur et mélancolique ; mais s’il parlait peu, il parlait juste, et d’ailleurs il observait les manières et les mœurs de tout le monde ; il trouvait moyen ensuite d’en faire des applications admirables dans ses Comédies, où l’on peut dire qu’il a joué tout le monde, puisqu’il s’y est joué le premier en plusieurs endroits sur des affaires de sa famille, et qui regardaient ce qui se passait dans son domestique. […] Tout le monde a regretté un homme si rare, et le regrette encore tous les jours ; mais particulièrement les personnes qui ont du bon goût et de la délicatesse.

202. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

Les personnes les moins spéculatives ont fait plusieurs fois refléxion, qu’il étoit des siécles où les arts languissoient, comme il en étoit d’autres où les arts et les sciences donnoient des fleurs et des fruits en abondance. […] Personne ne s’en tient plus honoré. Le soldat romain n’auroit plus fait de cas de cette couronne de chêne, pour laquelle il s’exposoit aux plus grands dangers, si la faveur l’eût fait donner quatre fois de suite à des personnes qui ne l’auroient pas méritée. […] Dès que ce prince eût commencé de regner par lui-même, il fit des établissemens les plus favorables aux personnes de génie, qui jamais aïent été faits par aucun souverain. […] Il n’avoit d’autre volonté, que de faire servir son prince par les personnes les plus capables.

203. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Peut-être ai-je à l’égard de Socrate poussé trop loin mes railleries, puisque ses ennemis en ont tiré des armes contre sa personne. […] Personne ne réclame assez haut sur la cause de cette calamité. […] Telle anecdote vous paraît piquante, et produit le même effet sur quelques personnes, qui ne le produira pas sur le public. […] Observez qu’en ce cas sa tendance le détourne de l’objet principal de la comédie puisqu’il n’égaye ni ne change plus personne. […] En effet, pourquoi aller offenser toutes ces personnes-là, et particulièrement les cocus, qui sont les meilleures gens du monde ?

204. (1874) Premiers lundis. Tome I « Hoffmann : Contes nocturnes »

Pour moi, il me semble que ces hommes, doués d’une seconde vue, sont assez semblables à ces chauves-souris en qui le savant anatomiste Spallanzani a découvert un sixième sens plus accompli à lui seul que tous les autres… Ce sixième sens, si admirable, consiste à sentir dans chaque objet, dans chaque personne, dans chaque événement, le côté excentrique pour lequel nous ne trouvons point de comparaison dans la vie commune et que nous nous plaisons à nommer le merveilleux… Je sais quelqu’un en qui cet esprit de vision semble une chose toute naturelle. De là vient qu’il court des journées entières après des inconnus qui ont quelque chose de singulier dans leur marche, dans leur costume, dans leur ton et dans leur regard ; qu’il réfléchit avec profondeur sur une circonstance contée légèrement et que personne ne trouve digne d’attention ; qu’il rapproche des choses complètement antipodiques et qu’il en tire des comparaisons extravagantes et inouïes. » « Lélio s’écria à haute voix : « Arrêtez, c’est là notre Théodore. […] Aussi personne jusqu’ici, ni critique, ni poète, n’a-t-il senti et expliqué à l’égal d’Hoffmann ce que c’est qu’un artiste. […] il a connu mieux que personne le mal de ce siècle ; il en a souffert lui-même et c’est pour cela qu’il l’a si bien exprimé.

205. (1874) Premiers lundis. Tome II « Deux préfaces »

Quand on étudie quelque grand écrivain ou poète mort, La Bruyère, Racine, Molière, par exemple, on est bien plus à l’aise, je le sens, pour dire sa pensée, pour asseoir son jugement sur l’œuvre ; mais le rapport de l’œuvre à la personne même, au caractère, aux circonstances particulières, est-il aussi facile à saisir ? […] Quelle différence d’exactitude et de vérité nous sentons dans nos jugements successifs sur un même individu, si nous l’avons vu en personne ou si nous n’en avons qu’entendu parler, si nous le connaissons pour l’avoir rencontré ou pour avoir vécu avec lui ! […] Tout en croyant d’ailleurs autant que personne au génie et aux œuvres dominantes, tout en m’incinant devant les monuments que consacre la gloire, je ne suis pas de ceux qui ne s’inquiètent que du grand ; et les hommes, les œuvres secondaires m’intéressent singulièrement en bien des circonstances. […] Si l’exactitude de la réimpression nous a coûté quelquefois, c’est quand il nous a semblé que nous avions été injuste à l’égard de quelques personnes, et passionné en quelques opinions.

206. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’Empereur Néron, et les trois plus grands poëtes de son siècle, Lucain, Perse & Juvénal. » pp. 69-78

Personne n’a poussé plus loin la métromanie. […] Il n’ignora rien de ce déluge d’écrits répandus contre sa personne. […] Ses amis, ses parens, beaucoup de personnes de la lie du peuple, s’étoient avancés par son canal, & remplissoient les places les plus importantes. […] Si la force & la nouveauté des pensées, l’énergie & l’âpreté du stile, font l’écrivain satyrique, personne ne l’est plus que lui.

207. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 27, que les sujets ne sont pas épuisez pour les poëtes, qu’on peut encore trouver de nouveaux caracteres dans la comedie » pp. 227-236

Ils ont tous le même air, parce que ces peintres n’ont pas les yeux assez bons pour discerner l’air naturel qui est different dans chaque personne, et pour le donner à chaque personne dans son portrait. […] Ainsi la contenance et l’action des personnes qu’il peint, sont toujours variées. […] Je reviens à ma proposition, c’est qu’il ne s’ensuit pas que tous les sujets de comedie soient épuisez, de ce que les personnes qui n’ont point de genie pour la comedie, et qui n’ont pas étudié les hommes par le côté que la comedie doit étudier, n’en puissent pas indiquer de nouveaux.

208. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Après avoir longtemps médité, il découvrit un biais dont personne ne s’était avisé. […] D’après l’ordre que je reçus du Saint-Père, je rapportai tout ce que m’avait dit M. de Cacault, soit sur l’ambassade en général, soit sur le choix de ma personne. […] Mes scrupules étaient hors de mise, et personne ne voulut changer d’avis. […] ” « À cette question, je me tus, n’ayant rien à riposter et ne voulant surtout désigner personne. […] L’empereur tenait par la main la nouvelle impératrice, et lui désignait chaque personne à mesure qu’il les rencontrait dans le cercle.

209. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Les personnes divines ne sont pas pour Bossuet des symboles. […] L’allusion d’ailleurs, dans La Bruyère, est une création ; c’est une personne. […] L’innocence à laquelle ils nous invitent n’est interdite à personne. […] Tel de ses caractères est une foule confuse ; ce n’est pas une personne. […] Personne ne lui a appris Racine ; mais il a fallu que Voltaire lui apprît Corneille.

210. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Mais aussi personne n’a soutenu que nous fussions libres, dans des conditions données, d’entendre telle note ou d’apercevoir telle couleur qu’il nous plaira. […] Que si, au contraire, il prend ces états psychologiques avec la coloration particulière qu’ils revêtent chez une personne déterminée et qui leur vient à chacun du reflet de tous les autres, alors point n’est besoin d’associer plusieurs faits de conscience pour reconstituer la personne : elle est tout entière dans un seul d’entre eux, pourvu qu’on sache le choisir. […] Ainsi une suggestion reçue dans l’état d’hypnotisme ne s’incorpore pas à la masse des faits de conscience ; mais douée d’une vitalité propre, elle se substituera à la personne même quand son heure aura sonné. […] En les faisant cristalliser sous forme de mots bien définis, il enlève par avance toute espèce d’activité vivante à la personne d’abord, et ensuite aux sentiments dont elle est émue. […] Il y a plusieurs manières de se représenter l’état d’une personne à un moment donné.

211. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Qu’on eût gardé des chevaux à la porte de New-Market, ou fait le lit du roi à Versailles, personne ne s’en humiliait ou ne s’en glorifiait. […] Bonne place à l’entrée dans la vie, où l’on reçoit une éducation libérale, où l’on ne méprise personne, parce qu’on touche à tous, où l’on n’est dédaigné de personne, parce qu’on n’accepte pas le dédain. […] Il est bien difficile à une comédienne, belle et soigneuse de sa personne, d’observer si bien sa conduite, que l’on ne puisse l’attaquer. […] Je ne me moque point, Et je vais n’épargner personne sur ce point. […] Oui, c’est elle en personne, et je vous laisse ensemble.

212. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Personne peut-être n’a été plus à même que moi de faire des observations directes on indirectes sur l’esprit français. […] Dans un entretien confidentiel qu’il a avec l’empereur Alexandre, en mai 1812, il déconseille à ce monarque de faire la guerre en personne ; il faut laisser cela à l’usurpateur, dit-il : « Un usurpateur ne peut être tel qu’en vertu d’une volonté de fer et d’une force qui tient du miracle. […] — Sur la famille de Napoléon (octobre 1816) : Sa personne seule a disparu, mais son esprit demeure. […] Des conversions opérées chez des personnes de la haute société firent éclat : de Maistre en avait été, de bonne heure, le confident ; on le soupçonna d’en avoir été l’instrument ou l’auxiliaire. […] De Maistre serait, certes, plus étonné que personne de se voir un tel disciple ; il en serait honteux.

213. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Plus d’une personne de la famille offrait l’image des vertus chrétiennes. […] Sa personne, son air et son tour de génie se prêtaient à la faveur. […] Il s’entend à les mettre en œuvre comme personne : son Louvois est un monument ; son Noailles est un intéressant épisode. […] Il avait pour l’accompagner deux officiers de distinction de son régiment de Champagne : c’était une manière de Mentor en deux personnes. […] C’est qu’on ne va le plus souvent aux enterrements que pour ceux qui vous y voient, et il ne laissait personne après lui.

214. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Ce qui est intéressant, c’est une nouvelle, un roman, une comédie de mœurs, un portrait, une chronique, un article de journal ; mais un recueil de « pensées » n’a de valeur qu’à la condition que toutes se rapportent à un même point de vue, ou reflètent une même philosophie, ou tendent à nous faire connaître la personne même du moraliste : et alors il faut que cette personne ne soit point la première venue. […] Bien des gens nerveux, capricieux et frivoles  à moins qu’ils ne soient, au contraire, très philosophes  ne tiennent guère compte que de la personne même de l’artiste, qui leur est sympathique ou antipathique, voilà tout. […] Même dans les scènes où elle exprime d’autres passions que celle de l’amour, elle ne craint pas de déployer, si je puis dire, ce qu’il y a de plus intime, de plus secret dans sa personne féminine. […] Personne ne se pose, ne se meut, ne se plie, ne s’allonge, ne se glisse, ne tombe comme Mme Sarah Bernhardt. […] Personne non plus ne s’habille comme elle, avec une somptuosité plus lyrique ni une audace plus sûre.

215. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Il sait voir les personnes, les objets, les ensembles, les caractères avec une exactitude notablement supérieure à celle des romanciers idéalistes ; la vie d’un homme étant rarement tragique, il s’abstient de toute intrigue violente ou qui comprenne d’autres incidents que ceux éprouvés par un Parisien de la moyenne ; l’histoire à raconter se trouvant ainsi réduite, M.  […] S’il met en scène des personnages que leur manque de culture rend incapables d’observations minutieuses, dont les yeux rudimentaires ne savent point voir ; il intervient, décrit en personne, sensation par sensation, les tableaux que ces obtus spectateurs contemplent, et marque ensuite en réaliste exact le peu d’intérêt qu’éveille chez eux ce spectacle inaperçu. […] Désirée, conduite au théâtre Bobino, perçoit la silhouette de la chanteuse, avec les omissions et les insistances d’un peintre intransigeant, puis les détails de sa toilette, comme une personne située dans la coulisse. […] Dans En Ménage, Cyprien, revenant d’une soirée, déblatère contre les diverses catégories des personnes qu’il y a aperçues, avec une amusante partialité. […] Mais, par contre, personne plus que lui n’aura plus d’audace à se mettre au-dessus du goût public, à aller droit à ce qui est excellent.

216. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Les personnes qui l’ont entendu savent que ce petit roman, qui n’a jamais été publié, était plein de pureté, de délicatesse ; ce ne pouvait être autrement, puisqu’il venait de Mme de Duras. […] Plus d’un lecteur y fut pris et se dit avec étonnement : « Mais est-il possible qu’une personne comme Mme de Duras, qu’une femme du monde et qu’une femme, soit allée choisir une pareille donnée ? […] Et si personne ne l’habite, on y rattache plus librement ses souvenirs. […] [NdA] Une réclamation m’est venue sur ce point, et de la part d’une personne qui, par sa position au Constitutionnel de 1817, devait être bien informée. […] — D’un autre côté, la personne de qui je tiens ma première anecdote, et qui était également en position de bien savoir les choses, insiste sur quelques difficultés qu’offrirait la version précédente, et qui entraîneraient toute une discussion ; cette personne (M. 

217. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Une personne animée de dispositions bienveillantes pour l’humanité ne goûtera pas pleinement des livres exprimant une misanthropie méprisante, comme l’Education sentimentale ; de même, un homme à l’esprit prosaïque et précis sera difficilement saisi d’admiration à la lecture de poésies qui font appel au sens du mystère, ou qui essaient, de susciter une mélancolie sans cause. Pour éprouver un sentiment à propos d’une lecture, il faut déjà le posséder ; or, la possession de ce sentiment n’est point une chose isolée et fortuite : il existe une loi de dépendance des facultés morales, aussi précise que la loi de dépendance des parties anatomiques ; la constatation d’un sentiment chez une personne, un groupe de personnes, une nation, à un certain moment, est donc une donnée importante pour établir la psychologie de ces hommes ou de cette nation à ce moment. Une œuvre d’art n’exerce d’effet esthétique que sur les personnes dont ses caractères représentent les particularités mentales ; plus brièvement, une œuvre d’art n’émeut que ceux dont elle est le signe. […] Hennequin : « Une œuvre n’aura d’effet esthétique que sur les personnes qui se trouvent posséder une organisation mentale analogue et inférieure à celle qui a servi à créer l’œuvre, et qui peut en être déduite. » Personne, par exemple, n’admet une si cette description description ne lui paraît pas correspondre à la vérité, mais cette vérité est variable, elle est une idée ; elle ne résulte pas de l’expérience exacte, mais de la conception froide ou passionnée, vraie ou illusoire, que l’on se fait des choses et des gens34. […] « Que l’on compare, par exemple, la nature des détails qu’il faut pour persuader une personne du monde de la vérité d’un type de gentilhomme, et de ceux qu’il faut pour provoquer la même croyance dans un feuilleton destiné à des ouvriers.

218. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — De l’état de savant. » pp. 519-520

La propriété des biens et celle de la personne, ou la liberté civile, supposent de bonnes lois et avec le temps amènent la culture des terres, la population, les industries de toute espèce, des arts, des sciences, le beau siècle d’une nation. […] Elle publie de beaux recueils que personne n’achète et ne lit, parce que personne ne les entend ; de ces recueils il en passe au loin quelques exemplaires qui ne compensent pas les dépenses, et la nation reste au même point d’ignorance ou d’instruction.

219. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 38, que les remarques des critiques ne font point abandonner la lecture des poëmes, et qu’on ne la quitte que pour lire des poëmes meilleurs » pp. 554-557

Un homme capable par les forces de son génie d’être un grand poete, et qui pourroit tirer de son propre fond toutes les beautez necessaires pour soutenir une grande fiction, trouveroit mieux son compte à traiter un pareil sujet dans lequel il n’auroit point à éviter de se rencontrer avec personne, qu’il ne pourroit le trouver en maniant des sujets de la fable ou de l’histoire grecque et romaine. […] Tandis qu’on ne fera pas mieux, ni même aussi-bien que les anciens, les hommes continueront à les lire et à les admirer, et cette véneration ira toujours en s’augmentant à mesure que les siecles s’écouleront sans qu’il paroisse personne qui ait pû les atteindre. […] Enfin, parce que plusieurs siecles se sont écoulez sans que personne ait égalé leurs auteurs en ce genre de poesie.

220. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Autre chose : il faut que j’accorde un certain degré d’estime à la personne aux dépens de laquelle on prétend me faire rire. […] Il n’est personne qui ne connaisse cinq ou six cents excellents contes qui circulent dans la société : l’on rit toujours à cause de la vanité désappointée. […] Voltaire porta au théâtre cette habitude de mettre dans la bouche même des personnages comiques la description vive et brillante du ridicule qui les travaille, et ce grand homme dut être bien surpris de voir que personne ne riait. […] Mais fabriquer un personnage comme Fier-en-Fat, ce n’est pas peindre les faiblesses du cœur humain, c’est tout simplement faire réciter, à la première personne, les phrases burlesques d’un pamphlet, et leur donner la vie. […] Aujourd’hui, il n’y a plus de cour, ou je m’estime autant, pour le moins, que les gens qui y vont ; et en sortant de dîner, après la bourse, si j’entre au théâtre, je veux qu’on me fasse rire, et je ne songe à imiter personne.

221. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Elle fréquentait cette maison bien avant d’être en faveur près du roi ; et les premiers amusements qu’elle essaya de lui donner chez madame de La Vallière, furent aux dépens des personnes de cette société dont elle contrefaisait le langage et les manières. […] Madame de Montespan elle-même, malgré le plaisir qu’elle avait trouvé autrefois dans ces conversations, les tourna après en ridicule pour divertir le roi63. » Il était fort naturel sans doute qu’à la cour, où tant d’intrigues étaient toujours en action, soit pour la galanterie ou pour la fortune, on regardât comme oisifs les gens qui faisaient les plaisir de la conversation, et que le roi et madame de Montespan, dans les ébats d’un double adultère, eussent besoin de donner un nom ridicule aux personnes spirituelles de mœurs régulières et décentes. Durant la période de 1660 à 1670, plusieurs des personnes que nous avons citées, d’autres encore, ouvrirent elles-mêmes leur maison. […] Si on trouvait leurs lettres, on en tirerait de grands avantages… On apprendrait toute la politesse du style et la plus délicate manière de parler sur toute chose Elles ont su les affaires de tous les états du monde, toutes les intrigues des particuliers, soit de galanterie ou d’autres choses où leurs avis ont été nécessaires… C’étaient des personnes par les mains desquelles le secret de tout le monde avait à passer. […] Son amour dura plusieurs années avec une telle exaltation, que personne, dans sa société la plus intime, n’eût osé lui adresser un mot de la plus légère galanterie.

222. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Que le meilleur de leur style soit perdu pour nous, il est très possible, et nous l’avons dit ; mais que leur émotion, leurs images, leur vie descriptive, leurs fortes qualités intérieures ne se puissent plus sentir, c’est, je crois, ce que personne ne soutiendra. […] Albalat pose Homère en modèle absolu : Tu imiteras Homère, il donne un mauvais conseil, parce qu’il ne faut imiter personne. » Certes, oui, il ne faut imiter personne, au sens étroit qu’on nous prête (Voir plus haut) ; mais l’imitation est une chose excellente dans le sens que nous lui donnons raisonnablement. […] Personne, je pense, ne blâmera ce conseil. […] Qu’il y ait dans Homère des épilhètes de tradition, personne ne le nie ; que ces épithètes soient, à elles seules, des « photographies du monde extérieur », je ne crois pas que quelqu’un l’ait prétendu ; mais que les descriptions d’Homère soient vivantes, en relief, et en quelques sorte photographiques, M. 

223. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Mais le génie de Lamartine n’est la femme du génie de personne. […] » et qui l’avait fui, comme l’hirondelle, car à peu près personne ne savait que cette romance fût de Lamartine, il n’y a rien dans ces Mémoires inédits qui accuse la prétention, l’ambition, l’orgueil et même l’amour de la littérature. […] Le naturalisme de cette heure, qui s’est vanté d’être le républicanisme littéraire, n’acceptera pas plus le naturel de Lamartine que son idéal, ces deux choses qui font tout son génie, et ces Mémoires inédits qu’on publie passeront sans attirer le regard et l’admiration de personne, comme il convient, du reste, à un temps grossier, sans âme et sans Dieu. […] Réfugié en Suisse pendant les Cent-Jours, il y vécut tête-à-tête avec la Nature, en face des lacs qu’il a chantés comme personne ne les chantera plus, aussi nature lui-même que cette nature ! […] Le poète incomparable des Harmonies dont personne ne parle plus, devra-t-il à ses Mémoires inédits un regain de bruit sur sa tombe ?

224. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Si Esther, avec ses conséquences mondaines et l’élite des profanes qu’elle introduisait, fut une distraction, peut-être une imprudence et une faute du premier Saint-Cyr, on sent bien que ce n’est pas nous qui en ferons un reproche, et personne au monde n’aura le courage de le blâmer. […] En définitive, les personnes de cette génération, qui avaient goûté Fénelon, Racine, et qui s’en ressouvenaient tout en s’en étant guéries, réalisèrent seules la perfection de l’éducation, de la grâce et de la langue de Saint-Cyr : après elles, on garda encore les vertus essentielles et les règles, mais le charme s’était envolé, et peut-être aussi la vie. […] En présence de ce monde qu’elle connaissait si bien, ne croyez pas que Mme de Maintenon voulût former des plantes trop tendres, des femmes frêles, ingénument ignorantes et d’une morale de novices, elle avait plus que personne un sentiment profond de la réalité. […] Sa langue même si pure se répandait sur ces jeunes personnes qui l’écoutaient, et sa grâce inimitable se renouvelait avec naturel dans leur bouche. […] Mme de Maintenon est sortie tout à fait à son honneur de cette étude précise et nouvelle ; on peut même dire que sa cause est désormais gagnée : elle nous apparaît en définitive comme une de ces personnes rares et heureuses, qui sont arrivées, dans un sens, à la perfection de leur nature, et qui ont réussi un jour à la produire, à la modeler dans une œuvre vivante qui a eu son cours, et à laquelle est resté attaché leur nom.

225. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Mais auparavant j’ai à donner, à ceux de nos lecteurs qui ne la connaîtraient pas, une première idée de la personne distinguée dont il s’agit et dont le nom a quelque effort à faire, ce semble, pour courir aisément sur des lèvres françaises, — pour se loger dans les mémoires françaises. […] On dira tout ce qu’on voudra de M. de Falloux comme homme de parti politique et religieux, mais il est de sa personne le plus gracieux des catholiques et le plus avenant des légitimistes : il semble né pour les fusions, pour les commissions mixtes, pour faire vivre ensemble à l’aise, dans le lien flexible de sa parole, un protestant et un jésuite, un universitaire et un ultramontain, un ligueur et un gallican. […] Les deux jeunes personnes, au reste, qui étaient censées compatriotes, ne sortaient pas tout à fait du même Orient. […] Je l’ai promis cependant, et je dois dire ici comment la personne que l’on commence, ce me semble, à entrevoir par bien des traits originaux, et qui nous arriva de Russie toute mure, toute formée, et douée d’une autorité précoce qui s’accrut considérablement avec les années, m’inspira, lorsque j’eus l’honneur de la connaître, plus de respect et de vénération que d’attrait. […] sachez que c’est bien une chapelle, une chapelle consacrée où est exposé, au milieu d’un luminaire éblouissant, le Saint des saints, le saint Sacrement que plusieurs des personnes présentes vont aller adorer dès que minuit sonnera ; adorer même est trop peu dire, puisqu’à decertaines solennités la sainte table est toute prête, qui les attend. — Oh !

226. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

La distinction, l’élévation d’esprit et de sentiments de Mme de Boufflers nous sont suffisamment attestées et prouvées par tout ce que nous avons vu de ses actions et de ses paroles : c’est une personne qui a tout droit d’occuper l’historien littéraire ; nous ne l’inventons en rien, nous la retrouvons. […] On ne comprenait point, dans cette classe, les ambassadrices ni la duchesse de Mazarin, qui y étaient venues par nécessité. » Ainsi Mme de Boufflers fut la première grande dame de la société qui alla inaugurer en personne ce goût de l’Angleterre et de sa Constitution, et de ses usages, de ses modes, qui devint bientôt une manie chez plusieurs, mais qui chez elle n’était encore qu’une curiosité éclairée. […] La délicatesse et l’esprit qui brillent dans ce morceau sont bien dignes du sujet qu’il traite ; voici comment il s’exprime : « Je dédie cet ouvrage à la personne à qui je dois le bien le plus précieux de la vie pour qui sait en jouir. […] Mme du Deffand elle-même qui la visita à Auteuil, où elle s’était retirée dans les premiers jours de son deuil, est obligée de rendre justice à l’air de vérité qui régnait dans toute sa personne : « (4 août 1776.) […] encore pour son esprit jusque sous les premières neiges de la vieillesse, tout d’un coup, on ne sait plus et qu’elle devient, elle disparaît dans le gouffre commun, elle ne surnage pas un instant, ou, si elle surnage, personne ne fait, plus attention à sa présence ou à son absence ; elle va échouer où elle peut et sans qu’on le remarque ; elle n’est une perte et un regret pour personne ; elle n’obtient pas la moindre mention funéraire de la part d’une société bouleversée ou renouvelée, qui toute à ses soucis, à ses craintes, à ses espérances ou à ses ambitions renaissantes, n’a que faire des anciennes idoles, et qui, après avoir renversé coup sur coup avec tous ses temples ses anciens dieux, et les plus grands, n’a plus même un regard de reste pour les demi-déesses d’hier !

227. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

On veut donc qu’elle n’ait, de sa vie, aimé personne, et l’on met un prix extrême à le prouver. […] On suit avec intérêt ces degrés et comme ces nœuds de formation chez une personne qui est arrivée à la perfection morale ; il y eut des crises à traverser. […] Elle a une cour assidue ; les ambassadeurs y vont, et toute personne étrangère de distinction demande à être présentée. […] Dès l’abord et le premier étourdissement passé, la Dauphine dut chercher à se dérober à l’étiquette si ennuyante ; Mme de Noailles n’était pas une personne à l’alléger. […] L’abbé de Vermond, s’il revit en effet les endroits qu’on vient de lire, put y mettre quelques points et virgules et peut-être l’orthographe ; mais il n’y donna pas le mouvement et ce je ne sais quoi de léger qui tient à la personne.

228. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Ce qu’on a raconté de Joseph Vernet se renouvela pour elle dans la traversée, sans qu’elle crût imiter personne. […] On était loin d’être revenu alors des préjugés contre les personnes de théâtre : qu’on se rappelle le scandale qui s’était produit à l’enterrement de Mlle Raucourt ; et ce n’était pas seulement le clergé, c’était le monde qui avait son genre de réprobation et sa nuance d’anathème. […] Tendre, modeste et décente, Mme Valmore était plutôt portée à s’exagérer cette fausseté de position que tout repoussait et démentait si bien dans sa personne ; on aurait cru, à l’entendre, qu’elle en était restée au temps de la Champmeslé. […] D’autres lettres d’une personne moins connue, Mme de Launay, qui fut au théâtre sous le nom de Mlle Hopkins, sont aussi fort vives, spirituelles, et d’un tour plaisant. […] Lorsque j’ai rendu cette réponse très adoucie à Garat, il a dit : “On peut voir à présent que ce n’est pas moi qui suis l’hyène…” » — Et le 6 août 1822 : « Garat traîne sa vie ; il va tous les jours à Feydeau, mais soutenu par deux personnes.

229. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Une année avant qu’Ernest vînt habiter du collége à la maison, il paraîtrait qu’elle aurait fait une absence, et perdu, durant cette absence, une personne fort chère : elle portait du deuil au retour, et c’était précisément l’époque de la fameuse bataille de B… (Bautzen peut-être ?) […] Mais, je le répète, je désirerais fort que vers la fin, au milieu des douleurs et de la sublimité de sentiments qui domine, il ne fût plus question de cette disposition insignifiante d’une si noble personne : la flamme de la lampe, en s’étendant, avait dû beaucoup user. […] Oui, ma vocation, l’objet de ma vie, était sans doute de t’aimer, et ce qui me le fait croire, c’est que rien de ce que j’ai fait pour t’en donner des preuves n’excite en mon âme le moindre remords. » Nous avons entendu quelques personnes, d’un esprit judicieux, reprocher à Mlle de Liron de la seconde moitié de n’être plus Mlle de Liron de la première, et de s’être modifiée, platonisée, vaporisée en quelque sorte, grâce à son anévrisme, de façon à ne plus nous offrir la même personne que nous connaissions pour pétrir si complaisamment la pâtisserie et pour avoir eu un amant. […] C’était une personne de vertu et de religion : Mlle Aïssé lui confia tout le passé, et ses scrupules encore vifs, ses remords d’un amour invincible ; Mme de Calandrini lui donna de bons conseils, lui fit promettre, au départ, d’écrire souvent, et ce sont ces lettres précieuses que nous possédons. […] Quelques personnes ont trouvé à redire à ce petit souper d’Ernest et de mademoiselle de Liron.

230. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

C’était une charmante personne. […] Tous ceux qui ont connu le duc de Lauzun savent que, pour donner du charme à ses récits, il n’avait besoin que des agréments naturels de son esprit ; qu’il était éminemment un homme de bon ton et de bon goût, et que jamais personne ne fut plus incapable que lui de nuire volontairement à qui que ce fût. C’est cependant à cet homme-là qu’on ose attribuer les satires les plus odieuses contre des femmes françaises et étrangères, et les calomnies les plus grossières contre une personne auguste (Marie-Antoinette), qui, dans le rang suprême, avait montré autant de bonté qu’elle fit éclater de grandeur d’âme dans l’excès de l’infortune. […] En écrivant ceci, M. de Talleyrand croyait faire une bonne œuvre ; il faisait une œuvre agréable du moins aux personnes de sa société, mais il mentait, et il mentait sciemment, ce qui est toujours fâcheux quand on veut faire un acte public au nom de la morale. […] Personne ne lit l’histoire, et c’est dans les mémoires que se forme l’instruction des salons.

231. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Deux personnes de bord différent (dont une était M.  […] Quelques personnes voudraient que je fusse député et y travaillent de tout leur pouvoir. » Son bon sens pourtant lui disait qu’il ne convenait à aucun parti, et on lui doit cette justice qu’il craignait de s’engager dans aucune cabale. […] J’ai imaginé aussi (car c’est mon plaisir d’opposer ces noms à la fois voisins et contraires), j’ai plus d’une fois, dans le courant de ce travail, imaginé à Paul-Louis Courier un interlocuteur et un contradicteur plus savant et non moins fait pour lui tenir tête, dans la personne de l’illustre et respectable Quatremère de Quincy, cette haute intelligence qui possédait si bien le génie de l’Antiquité, mais qui résistait absolument aux révolutions modernes. […] L’assassinat avait dû avoir lieu dans l’après-midi du dimanche, 10 avril 1825, une demi-heure environ avant le coucher du soleil : un fort coup de fusil avait été entendu par plusieurs personnes à distance. […] Courier, quelle que soit l’idée qu’on se fasse de sa personne morale et de ses qualités sociales, restera dans la littérature française comme un type d’écrivain unique et rare.

232. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Tolérance »

Personne, ou presque personne ne l’est, voilà la vérité. […] Je ne vois personne qui réclame publiquement l’esclavage, l’inquisition, l’abrutissement du peuple, ni l’oppression des faibles par les forts. […] Elle implique le respect de la personne humaine.

233. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 2, de l’attrait des spectacles propres à exciter en nous une grande émotion. Des gladiateurs » pp. 12-24

Un mouvement que la raison réprime mal, fait courir bien des personnes après les objets les plus propres à déchirer le coeur. […] Les combats en champ clos, entre deux ou plusieurs champions, furent long-tems en usage parmi nous ; et les personnes les plus considerables de la nation y tiroient l’épée par un motif plus serieux que celui de divertir l’assemblée ; c’étoit pour vuider leurs querelles, c’étoit pour s’entre-tuer. […] Beaucoup de personnes mettent tous les jours une partie considerable de leur bien à la merci des cartes et des dez, quoiqu’elles n’ignorent point les mauvaises suites du gros jeu. […] Ce n’est donc point l’avarice, c’est l’attrait du jeu qui fait que tant de personnes se ruinent à joüer.

234. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 30, objection tirée des bons ouvrages que le public a paru désapprouver, comme des mauvais qu’il a loüez, et réponse à cette objection » pp. 409-421

Les personnes d’un goût exquis, celles dont nous avons dit qu’elles avoient la vûë meilleure que les autres, prévirent même d’abord quel parti le public prendroit avant peu de jours. […] Quant à la Phedre de Pradon, on se souvient encore qu’une cabale composée de plusieurs autres, dans lesquelles entroient des personnes également considerables par leur esprit et par le rang qu’elles tenoient dans le monde, avoit conspiré pour élever la Phedre de Pradon et pour humilier celle de Racine. […] Quand le succès de ces deux tragédies sembloit égal, à compter le nombre des personnes qui prenoient des billets à l’hôtel de Guenegaud et à l’hôtel de Bourgogne, on voïoit bien qu’il ne l’étoit pas dès qu’on écoutoit le sentiment de ceux qui sortoient de ces hôtels, où deux troupes separées joüoient alors la comedie françoise. […] Il faut du temps aux personnes désinteressées pour se reconnoître et pour s’affermir réciproquement dans leur sentiment par l’autorité du grand nombre.

235. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Assurément je vous tiens de plus près qu’à personne par l’amitié et, malgré vous, par le respect ; mais, s’il y a incompatibilité, les premiers engagements sont les plus forts, à moins que Ginguené ne me chasse. […] … Ginguené me paraît une si bonne et si honnête personne, que je ne verrais aucun motif d’éloignement pour ma proposition. […] Les formes de Roederer, sa personne, au premier aspect, n’étaient pourtant pas propres à corriger ces préventions ou ces inimitiés si faciles à naître et à s’entretenir en temps de révolution. […] Cela ne m’empêche pas de paraître fort serein devant les personnes qui m’entourent. […] » — « Je n’ai point de places à donner. » — « Mais il en faut faire. » — « Je ne connais personne. » — « Et vous, qu’est-ce que vous voulez être ? 

236. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

On m’assure qu’il y aura du danger pour ma vie ; mais elle m’est si peu considérable quand il s’agit de vos intérêts, que je la hasarderai avec toute la joie dont est capable une personne qui a pour vous une tendresse infinie. […] Il faut encore que vous empêchiez une chose, qui est que cent contes que quelques méchants railleurs de votre cour font de moi ne soient sus par la personne qui y a intérêt, car cela feroit le même effet que le reste. […] J’en ai reçu qui m’assurent des choses si effroyables, que je ne veux pas vous en rien mander que je n’en aie des preuves tout à fait assurées ; car ce sont des choses qu’il ne faut pas dire à demi, quand elles sont d’une personne importante. […] Elle revint souper chez elle au logis avec cinq ou six personnes, du nombre desquelles étoit Pradon. […] Villemain, Tableau du dix-huitième Siècle, onzième leçon. — Il a eu raison dans tout ce qu’il a dit du style, mais il a été injuste en ce qui concerne la personne et le caractère.

237. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Il n’avait excité l’envie de personne, il mourait avec l’amitié de tous. […] Quoique ces douleurs, par leur violence, ne tuent personne, elles passent cependant, et à bon droit, pour les plus insupportables, parce qu’elles sont les plus poignantes. […] La probité, la justice, la bonne foi, personne n’ignore qu’elles avaient choisi le cœur et toute l’âme de Laurent pour leur domicile et le temple qui leur était le plus agréable. […] Jean, son second frère, à dix-huit ans, est déjà un cardinal illustre, ce qui, à cet âge n’est jamais arrivé à personne. […] Il y eut aussi quelques personnes, ainsi court l’imagination, qui virent un présage dans la destinée de ce médecin, le plus grand de notre temps.

238. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Personne n’a peint un tapis de Turquie aussi bien que Gérard Dow, mais il est resté un peintre de genre. […] Personne. […] La jeune Circassienne est la proche parente de Gulnare et de Haïdée, et c’est une belle personne qu’on ne voit guère que par les yeux de l’imagination lorsqu’on a vingt-cinq ans. […] Personne ne raconte plus spirituellement que Pouchkine, personne n’entremêle plus agréablement la satire hardie, mais honnête, aux observations justes et fines de mœurs et de caractères ; personne enfin n’effleure avec plus de discrétion des situations qui, sous une plume moins habile, alarmeraient les lecteurs les moins timorés. […] Devant tout le peuple, elle se jeta dans ses bras en pleurant, et personne ne douta plus qu’elle ne fût sa mère.

239. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Il est, ce me semble, curieux de savoir comment l’autorité de la société polie, la considération qu’elle donnait aux personnes qu’elle distinguait, celle qu’elle en recevait, celle qu’y sut acquérir madame de Maintenon, parvinrent, à l’aide des agréments personnels et par la conversation de cette femme célèbre, à opérer un changement total dans les mœurs de la cour ; changement qui eut été trop heureux si l’ambition des ministres n’eut jeté l’esprit du roi dans une extrémité opposée ; je veux dire dans l’aveugle dévotion. […] Sa femme en attira une meilleure encore, se fit aimer et admirer par des personnes du premier rang, qui l’attirèrent dans leur maison, notamment le maréchal d’Albret ; il était devenu amoureux d’elle n’étant encore que comte de Miossens ; il la fit connaître à la maréchale, dont elle gagna la confiance et la tendre estime. […] Il ne suffisait pas encore d’y être aimable, il fallait l’être pour la société entière, et ne l’être pour personne en particulier ; il fallait aimer tout le monde, pour être aimée de tout le monde ; ne pas avoir d’amant, pour n’avoir pas d’ennemis ; ne pas faire un heureux, pour ne pas faire vingt jaloux et mille détracteurs. […] Lorsqu’elle y vient à parler de la personne du roi, elle remplit trois pages de détails. […] Monmerqué, et qu’il acquiesce à mes, observations, je devrai cette satisfaction à un mérite que je n’ai la dureté de souhaiter à personne, mérite qui ne conviendrait point à des hommes dans l’âge de produire, et ne sied qu’à la vieillesse : c’est la patience.

240. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Personne n’a poussé la prévention, à cet égard, plus loin que le feu roi de Prusse, qui certainement n’avoit lu ni Platon, ni le père Lamy : tout poëte lui étoit un objet odieux*. […] On lui donna le gouvernement d’une province de l’Appennin, qui s’étoit révoltée, & qu’infestoient des bandits & des contrebandiers, d’autant plus difficiles à réduire, qu’après avoir commis toutes sortes d’excès, ils se retiroient dans leurs montagnes, & n’y craignoient personne. […] Voilà pour ce qui concerne les accusations dont on charge la poësie, & qui la font condamner par certaines personnes. […] On ne sçait presque plus ce que signifient ceux qu’on montre à Sceaux, ou les personnes attachées à madame la duchesse du Maine, M. de Malézieux, le cardinal de Polignac, madame de Staal, sont représentées sous des figures de singes. […] Il se glorifioit de sçavoir mieux mentir que personne.

241. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

J’ai fait la faute en ma personne, je la veux réparer en la personne de mon fils. » À vingt et un ans il quitta la maison paternelle. […] Ni la jeune princesse ni personne alors ne lui en demandait tant. […] L’orateur-académicien qu’on reçoit est là en personne ; il parle d’un mort qu’on a connu, devant sa famille, ses enfants, ses amis, là présents ; il est loué lui-même et quelquefois critiqué finement, lui en personne, lui sur le visage duquel on aime à suivre le reflet de cet éloge direct, ou de cette fine critique qui l’effleure à bout portant. […] Le roi ayant un jour demandé au prélat s’il faisait encore des vers, celui-ci répondit que « depuis que le roi lui avait fait l’honneur de l’employer dans ses affaires, il avait tout à fait quitté cet exercice, et qu’il ne fallait plus que personne s’en mêlât après un gentilhomme de Normandie établi en Provence, nommé Malherbe, qui avait porté la poésie française à un si haut point que personne n’en pouvait approcher ». […] Le bruit de cette conversation vint aux oreilles de Balzac, et on lui raconta qu’une des personnes présentes ayant trouvé à redire à ses Lettres, Malherbe l’avait défendu.

242. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

A une personne qu’il dirigeait. […] Les lettres de Fénelon sont, pour la plupart, adressées à des personnes du monde. […] Elle est séduisante comme une nouveauté qui n’engage personne, plutôt qu’imposante comme une loi qui oblige l’esprit humain. […] « Plus on lira cet ouvrage, dit-il, plus on verra que j’ai voulu dire tout sans peindre personne de suite. » On n’en veut pas davantage. […] Ces défauts du Télémaque ne sont d’ailleurs sensibles qu’aux personnes assez instruites pour discerner tous les genres de convenance dans les ouvrages d’esprit.

243. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

Quel service n’avez-vous pas rendu au feu pape Honorius, en me chicanant un peu sur sa personne ? […] Dans une de vos précédentes lettres, vous m’exhortiez à ne pas me gêner sur les opinions, mais à respecter les personnes. […] Nous en avons tous, et vous m’avez trouvé assez docile en général pour n’être pas scandalisé si je vous dis qu’on n’a rien fait contre les opinions, tant qu’on n’a pas attaqué les personnes 253. […] Vous ne m’en avez rien dit ; cependant des personnes en qui je dois avoir confiance prétendent qu’il ne passera pas, et je le crois de même. » Mais, de ces mots-là, quelques-uns ont passé par manière d’essai, pour tenter notre goût aussi, à nous lecteurs français, lecteurs de Paris : nous voilà bien prévenus. […] Si c’était une illusion française, de respecter les personnes en attaquant les choses, il faut reconnaître qu’elle s’est bien évanouie depuis peu.

244. (1890) L’avenir de la science « VI »

Il n’est personne qui, à un point de vue plus ou moins élevé, n’avoue qu’il est nécessaire qu’il y ait des gens pour faire des pièces de théâtre, des romans et des feuilletons. Bien peu de personnes, il est vrai, conçoivent le côté sérieux de la littérature et de la poésie ; le littérateur n’est, aux yeux de la plupart, qu’un homme chargé de les amuser, et le savant, n’ayant pas ce privilège, est par là même déclaré inutile et ennuyeux. […] Plus que personne, nous pensons que la science ne peut exister sans ce qu’on appelle le technique ; moins que personne nous avons de sympathie pour cette science de salon énervée dans sa forme, visant à être intéressante, science de revues demi-scientifiques, demi-mondaines. […] Personne ne s’en offense chez les humanistes de la restauration carlovingienne, ni chez ceux de la Renaissance : il faut que l’esprit humain s’amuse d’abord quelque temps de ses découvertes et des résultats nouveaux qu’il introduit dans la science, qu’il s’en fasse un plaisir, quelquefois même un jouet, avant d’en faire un objet de méditation philosophique.

245. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Gœthe, sans Diderot, pourrait exister peut-être, comme Diderot lui-même ; mais ils n’en sont pas moins tous deux des esprits de même substance et de même race, — et tellement qu’en écrivant de Gœthe, ce Voltaire de l’Allemagne, qui n’eut personne pour contrebalancer sa gloire, il est impossible de ne pas penser à Diderot, qui eut Voltaire à côté de lui pour tuer, par la comparaison, la sienne ! […] la France, la séductible France, qui s’éprend de toute chose et de toute personne étrangère, a européanisé la gloire de Gœthe. […] Cousin, ce grand indigent philosophique, qui avait demandé l’aumône à la porte de la philosophie écossaise, la demanda à la porte de la philosophie allemande, et Hégel lui donna ; et ce fut Cousin, lui plus que personne (était-ce de reconnaissance ?) […] De personne il a passé système ; d’idée concrète il a passé idée générale ; on l’a invoqué comme la philosophie même de l’art ! […] Immédiatement justice fut faite, et la porte du journal où il écrivait fut fermée à l’auteur de l’article, pour avoir manqué, dans l’auguste personne de Gœthe, à la littérature française et au gouvernement français3 !

246. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Mais, s’il n’y a pas de supériorité réelle et de tous les moments à montrer, sur place, dans la correspondance d’un auteur qui, comme auteur, a eu sa fortune, il ne faut pas exposer cette fortune à ce qu’on revienne de l’homme à l’auteur et de la correspondance aux livres, pour commencer une réaction à laquelle personne ne pensait ! […] Dans les autres fragments, au contraire, dans le Voyage en Sicile, la Course au lac d’Onéida, et surtout les Quinze jours au Désert, plusieurs critiques, parmi lesquels on doit ranger Sainte-Beuve, ont annoncé qu’ils avaient découvert et cueilli un Tocqueville nouveau, à l’imagination rosée, dont personne ne pouvait se douter dans le grave publiciste américain. […] Toute sa vie, cet homme, qui n’avait que des opinions et qui eut très peu de métaphores pour les exprimer (dans cette correspondance de deux volumes je n’en ai compté qu’une seule, c’est quand, après l’insurrection Indienne, il compare l’Angleterre à un gros homard qui a perdu son écaille), toute sa vie, cet écrivain, qui trouva hardie l’expression, pour dire la république, « d’une servitude agitée », eut la prétention d’être la passion en personne, — un dévorant, un dévoré par elle, et peut-être crut-il en être un. […] C’est ainsi que tout le monde lui aura donné, — et que personne parmi les célébrités, personne, ma foi !

247. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

C’est à Barthélemy et à Barbier que se raccorde donc mieux qu’à personne le talent ferme de l’auteur du Livre de sang. […] Eh bien, c’est ce muscle qu’Amédée Pommier a comme eux, et encore il l’a développé par la lutte avec les difficultés de la langue et du rythme, que personne n’a vaincues comme lui. […] Ce poète, qui n’avait dans le rythme de rival que Théophile Gautier, et qui, comme âme poétique et comme inspiration, valait bien davantage, Amédée Pommier, qui n’a jamais su faire de visites pour l’Académie, n’en a jamais su faire non plus à la Critique et n’a demandé dix lignes d’article à personne. […] Amédée Pommier fit le tour de force, pendant un an, d’un feuilleton hebdomadaire qui était un véritable poème, et jamais personne ne s’aperçut, dans le jet superbe du disque qui eût pesé à la main d’un autre, de la fatigue du discobole ! […] La simplicité en est si grande, si étrangement grande, que j’ai entendu dire à plusieurs personnes que ce n’était plus là des vers.

248. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

La poésie était son titre ; ceux qu’il n’aurait pu soumettre, il les charmait par l’excès de confiance en lui-même ; il ne jalousait personne. […] L’accueil a été extrêmement affectueux, et l’impression que sa personne a faite sur moi a été telle, que je compte ce jour parmi les plus heureux de ma vie. […] Nous nous séparâmes alors, je me mêlai aux autres personnes, qui dans chaque salon causaient bruyamment et gaiement. […] En arrivant, on fait connaissance et amitié avec des personnes qui étaient déjà là depuis longtemps et qui sont près de partir. […] Il parle de moi à peu près comme en parlent les personnes de Berlin qui me sont favorables ; du moins je reconnus leur manière de voir et de penser.

249. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Chamfort, dans une anecdote dénuée de toute authenticité, est allé jusqu’à nommer la personne du sexe dont il le prétend occupé d’une manière mondaine9. Les contemporains de Massillon ont nommé plus positivement une autre personne de qualité parmi celles qu’il dirigeait10. […] Massillon, dès ce temps-là, montre que, sans avoir vu les Childe-Harold et les René, et tant d’autres illustres dégoûtés à leur suite, il en savait sur leur mal aussi long que personne, et qu’il en avait appris le secret de Job et de Salomon, sinon de lui-même. […] Approchez des grands ; jetez les yeux vous-même sur une de ces personnes qui ont vieilli dans les passions, et que le long usage des plaisirs a rendues également inhabiles et au vice et à la vertu. […] [NdA] La personne que désigne Chamfort n’est autre que l’aimable Mme de Simiane, la petite-fille de Mme de Sévigné.

250. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Cet office, qu’avaient autrefois rempli avec plus ou moins de distinction et de goût les Boisrobert, les Voiture, les Sarasin, les Marigny, Santeul le remplissait à Chantilly avec une belle humeur qui ne le cédait à celle de personne et avec une verve intarissable. […] C’est alors qu’un léger incident survint, qui amena autour du nom et de la personne de Santeul la plus formidable querelle qu’on pût imaginer. […] Arnauld plus que personne au monde, qu’il portait toujours sur lui, comme une relique, une lettre que cet incomparable docteur lui avait autrefois fait l’honneur de lui écrire » ; et la réponse allait non aux mains du digne curé de Saint-Jacques qui ne savait mot de ce manège, mais droit au collège Louis-le-Grand, où c’était la gaieté des récréations. […] On aime à savoir que l’aimable Bourdaloue contribua plus que personne à sceller la paix, et à réconcilier Santeul avec ses autres confrères plus irrités ou qui le voulaient paraître. […] La Monnoye continue en faisant de son côté l’éloge de Santeul, et cet endroit est trop caractéristique et vient trop bien à l’appui de ce que dit La Bruyère pour ne pas être ici rappelé : Vous ne sauriez croire combien les personnes qui aiment l’esprit le regrettent ici.

251. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Il ne fut éclairé sur la gravité de la situation que lorsqu’il vit le roi en personne s’emparer en peu de jours de Privas, et le roi d’Angleterre conclure en ce même temps la paix sans y comprendre les réformés. […] Il écrivit au roi, qui était à Nîmes, pour demander une personne de qualité et autorisée, qui le conduisît jusqu’à Venise, lieu désigné pour sa retraite, craignant ou feignant de craindre quelque danger en chemin de la part des princes d’Italie ; il désirait peut-être se mettre par là à l’abri de tout soupçon de nouvelles intrigues. […] Au nom de Dieu, ayez soin qu’une personne qui ne respire que votre service ne voie point la réputation des armes du roi flétrie en un lieu où, jusqu’à présent, il les a maintenues glorieuses ; car j’aimerais mieux être mort en ma maladie que de voir cela. […] Il devait savoir mieux que personne le point de la difficulté. […] Il n’y en peut avoir autre raison, sinon qu’il craignait qu’on ne se saisît de sa personne ; c’était sa conscience qui le jugeait.

252. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

J’imagine que si elle écrivait directement au roi une lettre touchante et raisonnée, et qu’elle adressât cette lettre à la personne dont je vous parle, cette personne pourrait, sans se compromettre, l’appuyer de son crédit et de son conseil. […] Qui sait même si la personne principale qui aurait envoyé la lettre de Mme la margrave au roi, qui l’aurait appuyée, qui l’aurait fait réussir, ne pourrait pas se mettre à la tête du congrès qui réglerait les destinées de l’Europe ? […] La gravité, l’autorité de la parole, celle des doctrines, cette immortalité religieuse acceptée et passée dans le cœur, puisée à la source des croyances, qui s’étend de celui qui parle aux personnes qu’il célèbre et les revêt de leurs vertus épurées comme d’un linceul éblouissant et indestructible, tout cela manquait ; et, il faut le dire, la mémoire même de la généreuse et noble margrave n’y prêtait pas. […] Elle était évidemment une personne des plus distinguées, spirituelle, naturelle, piquante, capable de satire, encore plus capable d’affection, tendrement dévouée à son frère, et l’égalant au besoin par la fermeté du caractère et le stoïcisme des résolutions : dans une des crises les plus extrêmes où se soient vues des personnes de leur rang, elle a fait acte de vigueur et de sacrifice ; si Frédéric avait fini violemment alors, elle serait indubitablement morte avec lui ; elle avait de l’âme d’une Porcia ou d’une Roland. […] Il y a eu, en des temps plus voisins de nous, une autre sœur de roi aussi, qui a voulu partager la destinée de son frère et mourir avec lui : cet autre roi était loin d’être un grand homme ou même un homme supérieur, ce n’était qu’un honnête homme ; cette sœur, c’était une personne douce, pure, simple, pieuse, ayant surtout les trésors du cœur.

253. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Ces soixante personnes en font autant de leur côté, de sorte que le lendemain l’arrêt se trouve promulgué dans tout Paris et la pièce jugée. […] Les chefs ne disaient presque mot ; les subalternes approuvaient en silence et selon les personnes qui avaient parlé. […] Vous avez en vous un trésor de connaissances, vous avez un ami ; pourquoi ne pas jouir d’un bonheur qui est en votre puissance, au lieu dépasser votre vie dans des intrigues sans intérêt, auxquelles nous sommes, vous et moi, moins propres que personne au monde ? […] Après dîner il s’évadait furtivement pour faire de la poésie d’amour avec quelque aimable et jeune personne. […] L’affaire qui me réclamait était grave ; il fallait aller sur-le-champ en personne dans un lieu assez éloigné.

254. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Le public a droit de se plaindre, dans ce cas, de l’application du droit de propriété littéraire ; et si ce droit s’étend, comme plusieurs personnes le désirent, le cas se reproduira souvent. […] Les lettres qu’on a recueillies et qui font suite ne s’adressent qu’à cinq ou six personnes. […] Sur la mort des personnes qu’on aime, dans une lettre à M. de Vitrolles qui avait perdu sa fille (5 septembre 1829) : « Il n’y a qu’un voile entre elle et vous : que cette certitude vous console ! […] La faculté de souffrir, de saigner pour tous, et d’espérer, malgré tout, en l’avenir du monde, les sentiments d’humanité, de sociabilité chrétienne, qui y éclatent, sont tels que Lamennais ne craint ici la comparaison avec personne. […] C’est moi-même qui me suis trouvé chargé par Lamennais du manuscrit des Paroles d’un Croyant pour en procurer la publication, comme on disait autrefois, pour en surveiller l’impression ; je n’ai jamais raconté ces détails qui peuvent avoir leur intérêt, et dont plusieurs personnes existantes sont là encore pour attester, au besoin, l’exactitude.

255. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

» Mais ce jeune roi, âgé de vingt-deux ans, n’attendait en réalité personne, et Fouquet débutait dans ce nouveau règne par la plus grande des illusions, s’il se croyait nécessaire. […] Fouquet me parla de M. le président Le Coigneux comme d’une personne qu’il fallait tâcher de voir ; je lui dis que j’allais quelquefois à la chasse avec lui, et que je verrais de quelle manière je pourrais m’y prendre. […] Revenant à plus d’une reprise sur ce même ordre d’argumentation et usant de son droit d’avocat, Pellisson suppose, en lieu et place de Fouquet, le cardinal Mazarin en personne, questionné et chicané sur ce fait du maniement d’argent et obligé de rendre compte : En conscience, dit-il, quel homme de bon sens lui eût pu conseiller d’autre harangue que celle de Scipion : Voici mes registres, je les apporte, mais c’est pour les déchirer. […] Je leur ai déclaré aussi que je ne voulais plus de surintendant, mais travailler moi-même aux finances avec des personnes fidèles qui agiront sous moi, connaissant que c’était le vrai moyen de me mettre dans l’abondance et de soulager mon peuple. […] Dans les premiers temps de cette arrestation, l’opinion publique était loin d’être favorable à Fouquet : on eut à craindre, durant sa translation de Nantes à Paris, que la populace ne se portât à des excès contre sa personne.

256. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Quand elle se crut une personne politique, elle n’était pas fâchée qu’on l’estimât moins sincère, s’imaginant passer pour plus habile. […] Huet (dans ses Mémoires) nous le montre comme tellement embarrassé en public, que s’il avait eu à parler d’office devant un cercle de six ou sept personnes, le cœur lui aurait failli. […] Les Maximes sont de ces choses qui ne s’enseignent pas : les réciter devant six personnes, c’est déjà trop. […] C’était un mérite que personne n’avait eu avant lui, en Europe, depuis la renaissance des lettres. » Trois cent seize pensées formant cent cinquante pages eurent ce résultat glorieux. […] L’infirmité de l’esprit humain est telle que les impressions reçues des mêmes objets diffèrent selon les personnes, selon les âges et les moments : la forme ou le fond du vase fait la couleur de l’eau.

257. (1900) Molière pp. -283

Mais il s’est taillé un domaine dans lequel personne n’est au-dessus ni à côté de lui ; qu’aurait-il eu besoin d’être jaloux ? […] Est-ce que jamais personne d’entre vous a pu se reconnaître au milieu de ces suppositions de personnes, de ces changements de noms, de ces déguisements, de ces filles perdues et retrouvées, retrouvées et perdues, qui forment toute l’intrigue et le dénouement du Dépit ? […] Personne ne vit au-delà, excepté les dévots, qui le lendemain s’agitèrent. Excepté eux, personne ne trouva rien de surprenant dans Tartuffe. […] La personne d’Hannibal, qui y est annoncée, nous échappe ; la sentence qui devait être définitive nous fait défaut.

258. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

personne du moins ne l’oserait dire, et il n’est sage si morose qui, nous connaissant tous deux, et nos goûts et nos mœurs, aille s’enquérir de la date de notre alliance, et qui n’applaudisse de bon cœur à une si parfaite union. […] Étienne de La Boétie n’avait rien d’ailleurs, à ce qu’il semble, de particulièrement attrayant, et son premier aspect, si l’on en juge par une parole de Montaigne, offrait plutôt quelque mésavenance et quelque rudesse ; mais la franchise et une brave démarche se faisaient sentir dans toute sa personne. […] Mme de Lambert, qui semble nier que l’amitié entre deux femmes soit possible, admet cet autre sentiment mixte entre deux personnes du sexe et le décrit d’une manière pleine de vérité ; c’est qu’elle l’avait éprouvé pour M. de Sacy, l’auteur du Traité de l’amitié. […] Il y a toujours un degré de vivacité qui ne se trouve point entre les personnes du même sexe ; de plus, les défauts qui désunissent, comme l’envie et la concurrence, de quelque nature que ce soit, ne se trouvent point dans ces sortes de liaisons. […] Entre hommes et femmes, il y a moins de grandes et moins de petites rivalités qu’entre des personnes du même sexe : il y a, par conséquent, beaucoup moins d’occasions de se heurter et de se blesser.

259. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

L’empereur eut beau lui expliquer qu’il y avait été contraint par le manque d’argent, de capitaines et de soldats, ainsi que par l’indisposition de sa personne : il répondit toujours qu’il n’aurait jamais voulu fuir. […] Ces excès de table sont la cause de son état maladif, et bien des personnes pensent qu’en continuant de la sorte il ne pourra vivre longtemps. […] Ainsi, quand des personnes qui lui paraissent de peu de considération se présentent devant lui, il leur fait donner le fouet ou la bastonnade, et il n’y a pas longtemps qu’il voulait absolument que quelqu’un fût châtré. Il n’aime personne, qu’on sache ; mais il y a beaucoup de gens qu’il hait à mort. […] Dans ses fureurs il ne connaissait personne.

260. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Le cœur des personnes romanesques, de celles qui aiment le raffinement et l’amalgame, est capable de plus d’une attention à la fois. […] Sa plume, comme sa personne, avait de la magie. […] Eynard a été guidé, pour le fil de cette relation délicate, par une personne d’un haut mérite, initiée dès l’origine à la confidence de Mme de Krüdner et de l’empereur, Mme de Stourdza, depuis comtesse Edling. […] Eynard l’interrogea, M. de Gérando vit en sa présence une personne qui désirait avant tout savoir tout le bien, et lui-même (qui d’ailleurs par nature souriait peu) il supprima son sourire. […] Les personnes enthousiastes qu’un beau zèle anime n’y mettent pas tant de façons.

261. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

Telle est dans une chose l’idée accessoire de la difficulté de l’avoir faite, ou de la personne qui l’a faite, ou du tems où elle a été faite, ou de la maniere dont elle a été faite, ou de quelque autre circonstance qui s’y joint. […] Il y a quelquefois dans les personnes ou dans les choses un charme invisible, une grace naturelle, qu’on n’a pu définir, & qu’on a été forcé d’appeller le je ne sai quoi. […] Nous sommes touchés de ce qu’une personne nous plaît plus qu’elle ne nous a paru d’abord devoir nous plaire ; & nous sommes agréablement surpris de ce qu’elle a sû vaincre des défauts que nos yeux nous montrent, & que le coeur ne croit plus : voilà pourquoi les femmes laides ont très souvent des graces, & qu’il est rare que les belles en ayent ; car une belle personne fait ordinairement le contraire de ce que nous avions attendu ; elle parvient à nous paroître moins aimable ; après nous avoir surpris en bien, elle nous surprend en mal : mais l’impression du bien est ancienne, celle du mal nouvelle ; aussi les belles personnes font elles rarement les grandes passions, presque toûjours reservées à celles qui ont des graces, c’est-à-dire des agrémens que nous n’attendions point, & que nous n’avions pas sujet d’attendre. […] Rien n’est plus propre à faire sentir cette magie & ce pouvoir des graces, qui semblent être données à une personne par un pouvoir invisible, & qui sont distinguées de la beauté même. […] Si notre ame la regarde comme un malheur dans la personne qui la possede, elle peut exciter la pitié.

262. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Il se résume en un petit jeu de société et de théâtre dont l’ingénieuse simplicité n’échappera à personne : La scène se passe en 1885-86. […] Il prédit que Renée n’aura pas quatre représentations, et, malgré tout, la pièce va jusqu’à la vingt-huitième ; il vaticine le succès de Mademoiselle de Bressier : huit jours après, cette jeune personne cesse de vivre. […] Personne d’humain ne peut s’y laisser prendre, en sorte que l’auteur ne peut être estimé que de ceux-là même, ses congénères, qui reconnaissent, en son mensonge, celui qu’ils sont eux-mêmes. […] Lamoureux puisse chicaner, les choses que je raconte étaient connues de personnes « faisant foi ». […] Le bâtiment fut reconstruit mais il prit feu à nouveau en cette année 1887, à cause d’une mauvaise utilisation de l’éclairage au gaz, ce qui causa la mort de quatre-vingt-quatre personnes.

263. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Étendu sur son lit de mort à l’hospice de la Charité, le caractère qui était le plus empreint sur sa face, me dit une personne qui ne l’a vu que ce jour-là, était une remarquable douceur. […] Lebrun, qui le reconnut poète, s’intéressa à lui, fit souscrire à ses vers par des personnes de la ville, et le dégagea par ce moyen du service militaire auquel il allait être assujetti. […] Comment se fait-il, dit Horace dans sa première Satire, que personne ne soit content de son sort ni de son état, et qu’on porte toujours envie à celui du voisin ? […] Les personnes de Provins qui ont le plus connu et le mieux aimé Moreau de son vivant, ont paru me savoir gré de ce sentiment à la fois de réserve et de sympathie. […] Angebert dans lequel cette personne à principes et à sentiments me reproche d’avoir fait tort à Moreau dans mon appréciation morale tout indulgente.

264. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Benoît 10, qu’il soit empire, royaume, ou république, personne n’est plus en dehors ni au-dessus de la loi. […] Le pouvoir législatif ne réside plus, ainsi qu’il résidait jadis, dans la personne d’un chef plus ou moins assisté de quelques conseillers ; il réside ou il est censé résider dans le peuple. » La pyramide est décidément retournée. […] L’idée de la valeur de l’humanité en général nous a paru être, en même temps que l’idée de la valeur propre à la personne, une des pierres angulaires de l’égalitarisme. […] D’autre part, est-il même permis d’affirmer qu’elles reconnaissent des droits propres à leurs membres, comme à des personnes distinctes du groupe, — c’est-à-dire à l’individu en tant qu’individu ? […] Seuls les rapports des groupes sont réglés ; à quel titre parler ici de l’égalité civile, juridique, économique, politique des personnes ?

265. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Pourquoi jamais personne n’en a-t-il entendu parler ? […] Personne n’ose dire : nationale aussi, française sous la plume d’un Français, allemande sous celle d’un Allemand, et toute pleine de patriotisme. […] Ta toilette était de la dernière élégance, et quelques personnes osaient dire tout bas que tu ne semblais pas ignorer l’emploi des cosmétiques. […] Toutes les paroles, toutes les habitudes des personnes pieuses moqueusement employées sur la scène ! […] Personne n’a parlé plus magnifiquement de Shakespeare.

266. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Consolez-vous, personne n’a vécu dans la familiarité de M. de Vigny, pas même lui. » Mais M. de Vigny manquait de mémoire le jour où il écrivait cette note, et je puis dire que je le connaissais alors et l’avais étudié assez à fond, comme poète du moins et comme artiste. […] Je ris encore en pensant que j’ai passé, il y a quelque temps, deux heures avec vous sans vous rien dire de votre bel article sur Racine, et je venais d’en parler toute la matinée à quatre personnes de différentes opinions, à qui je disais ce que j’en pense. […] J’ai entendu plusieurs personnes soutenir que la peinture de cet orage n’était pas réelle, que c’était de pure imagination. […] Ratisbonne, je citerai la lettre suivante que me fit l’honneur de m’écrire une personne qui, si j’excepte M. 

267. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

Et, depuis cette époque, plusieurs personnes qu’il n’a pas l’honneur de connaître lui ayant écrit pour lui demander s’il existait encore quelques nouveaux obstacles à la représentation de cet ouvrage, l’auteur, en les remerciant d’avoir bien voulu s’intéresser à une chose si peu importante, leur doit une explication ; la voici. […] Quelques personnes influentes de ce théâtre vinrent trouver l’auteur ; elles le pressèrent de laisser jouer son ouvrage, relevé comme les autres de l’interdit. […] L’auteur doit le dire ici franchement, comme il le déclara alors dans l’intimité aux personnes qui faisaient cette démarche près de lui, et notamment à la grande actrice qui avait jeté tant d’éclat sur le rôle de doña Sol : ce fut précisément cette raison, la probabilité d’un succès de réaction politique, qui le détermina à garder pour quelque temps encore, son ouvrage en portefeuille. […] Si cet ouvrage avait une plus haute valeur, on pourrait soumettre cette observation aux personnes qui affirment que la révolution de juillet a été nuisible à l’art.

268. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 14, comment il se peut faire que les causes physiques aïent part à la destinée des siecles illustres. Du pouvoir de l’air sur le corps humain » pp. 237-251

On a observé dans la capitale de ce roïaume, où l’on tient un registre mortuaire, qui fait mention du genre de mort d’un chacun, que de soixante personnes qui se défont elles-mêmes dans le cours d’une année, cinquante se sont portées à cet excès de fureur vers le commencement ou bien à la fin de l’hyver. […] Le grand froid glace l’imagination d’une infinité de personnes. […] Aussi ces altérations produisent quelquefois des maladies épidemiques qui tuent en trois mois six mille personnes dans une ville où il ne meurt que deux mille personnes dans les années communes.

269. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Critique sagace et parole comptée quand il s’agit de l’appréciation des livres et des hommes, Rapetti, qui réunit la capacité étendue et diverse de l’historien au sens incessamment aiguisé du jurisconsulte, a été plus frappé que personne du caractère qu’offrent ces mémoires de Raguse où l’inconsistance essaie d’être retorse et réussit à se montrer telle, et où les machiavélismes et les sophismes de la défense brouillent la faute pour la couvrir. […] Consciencieux, travaillé, fouillé, positif comme une instruction criminelle, son livre, la Défection de Marmont en 1814 22, nous paraît d’un péremptoire affreux pour l’honneur de Marmont, et nous croyons qu’après l’avoir lu personne ne reprendra pour la plaider à nouveau la cause du coupable défectionnaire d’Essonnes, malgré la manie des circonstances atténuantes dont les sociétés sans force soutiennent leur faiblesse, et qui pour le moment s’introduisent partout, même en histoire. […] Seulement, dans une société où le sophisme et la lâcheté ont appris à tant de personnes cet art des nuances qui change tout sans faire rien crier, dans une société où la netteté de l’expression passe pour une indécence ou pour une tyrannie, appeler les choses par leur nom est une hardiesse qui doit honorer un écrivain. […] Rien n’effacera ces quelques lignes : « Lorsque l’ennemi était à Paris et que la déchéance de l’Empereur avait été prononcée par un Sénat rebelle, lorsque Napoléon n’avait pour toute ressource que son génie, plus grand dans l’infortune, comme une torche qui jette plus de feu quand une fois elle est renversée, et aussi l’idée, terrifiante pour les étrangers, que l’armée était toujours fidèle, Marmont, qui commandait l’avant-garde, la livra sans consulter personne et traita nuitamment avec Schwartzenberg. » Or, voilà ce qu’a dit Rapetti avec un impitoyable détail et une conclusion plus impitoyable encore.

270. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XX » pp. 215-219

« On eut lieu, dit Saint-Simon, d’être surpris de ce qu’un élève de l’hôtel de Rambouillet, et pour ainsi dire l’hôtel de Rambouillet en personne, et la femme de l’austère Montausier, succédât à madame de Navailles si glorieusement chassée. » Le reproche d’avoir succédé à madame de Navailles, si glorieusement chassée pour avoir fermé au roi la porte des visites nocturnes, est absolument dénué de fondement, cette clôture, vraie ou supposée, n’a point été la cause de la disgrâce de madame de Navailles : ce fut l’imputation d’un fait qui, par sa gravité, était de nature à motiver la disgrâce et non à la rendre glorieuse. […] L’imputation fut reconnue fausse par la suite ; mais personne à la cour n’était juge des preuves sur lesquelles le roi se décida au renvoi de madame de Navailles ; bien d’autres y auraient été trompés, et, certes, le fait était grave. […] Il résulte de ce qui précède : i° que Saint-Simon s’est trompé sur le motif qui fit renvoyer madame de Navailles, et qu’ainsi son accusation contre madame de Montausier tombe ; 2° que la cause du renvoi de la maréchale fut une intrigue issue de main de courtisan, avec de telles circonstances, que ni le roi, ni les personnes instruites de ses motifs, ne pouvaient douter de la faute grave qui était imputée à la dame d’honneur, et qu’ainsi, madame de Montausier, en achetant sa charge, ne fit que partager le sentiment général qui la condamnait.

271. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 296-302

Personne ne possédoit mieux les Auteurs Grecs & Latins ; & ne s’est plus appliqué à les commenter, à les éclaircir, & à les faire paroître sur la Scène avec tout le cortége d’une Edition travaillée avec soin. […] Il est vrai qu’il possédoit éminemment ces deux qualités de l’Orateur, & que personne n’avoit porté aussi loin cette derniere, dont on avoit eu longtemps la simplicité de croire que notre langue étoit peu susceptible. […] Les autres Oraisons funebres qu’il a composées, sans avoir autant de mérite, n’en annoncent pas moins un talent particulier d’assortir la morale & l’instruction aux éloges des différentes personnes qu’il avoit à célébrer.

272. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Chœur. » pp. 21-24

Ils rendaient la tragédie plus régulière et plus variée : plus régulière, en ce que, chez les anciens, le lieu de la scène était toujours le devant d’un temple, d’un palais, ou quelque autre endroit public ; et l’action se passant entre les premières personnes de l’état, la vraisemblance exigeait qu’elle eût beaucoup de témoins, qu’elle intéressât tout un peuple : et ces témoins formaient le chœur. […] Le nombre des personnages monta jusqu’à cinquante personnes ; mais Eschyle ayant fait paraître, dans un de ces chœurs, une troupe de furies qui parcouraient la scène avec des flambeaux allumés, ce spectacle fit tant d’impression que des enfants en moururent de frayeur, et que des femmes grosses accouchèrent avant terme. Les magistrats réduisirent alors le chœur à quinze personnes.

273. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 49, qu’il est inutile de disputer si la partie du dessein et de l’expression, est préferable à celle du coloris » pp. 486-491

Ainsi les personnes intelligentes, conviendront bien entr’elles du rang que Le Brun tient entre les compositeurs et les dessinateurs, comme du rang du Titien entre les coloristes. […] Jamais les personnes d’un sentiment opposé, ne sçauroient s’accorder sur cette preéminence dont on juge toûjours par rapport à soi-même. […] Mais les hommes croïent naturellement que leur goût est le bon goût, et par consequent, ils pensent que les personnes qui ne jugent pas comme eux, ont les organes imparfaits, ou qu’elles se laissent conduire à des préjugez qui les gouvernent sans qu’elles-mêmes s’apperçoivent du pouvoir de la prévention.

274. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Le pacha vint d’abord en Imirette, se rendit maître du pays et de la personne du roi Bacrat. […] Il y avait près de vingt personnes, la moitié esclaves et le reste Turcs. […] La pension est selon la qualité des personnes, mais, d’ordinaire, ce n’est pas plus de deux mille écus. […] Ces personnes s’étaient cachées ; elles fuirent çà et là durant quelques mois. […] Enfin, la qualité de la personne règle entièrement le prix et la qualité des calates qu’on lui donne.

275. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Quand personne ne sait qu’une chose est, c’est à peu près comme si elle n’était pas. […] Mais peu importe la personne. […] Il est vrai que l’action exercée sur nous par des personnes tend ainsi à devenir impersonnelle. […] Que la raison soit la marque distinctive de l’homme, personne ne le contestera. […] Dans le premier cas, la personne s’attache à l’impersonnel et vise à s’y insérer.

276. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Elle pourrait être un jour dans les personnes, mais par la faute de ces dernières. Le système est indifférent pour les personnes ; mais si elles n’étaient pas indifférentes pour le système, si elles le haïssaient, l’attaquaient, alors la question deviendrait question de choses et de personnes à la fois. […] Sa conduite, en ces grands moments décisifs (du 26 au 31 juillet), peut se résumer en deux traits : il contribua plus que personne à l’acte initial (la protestation), et autant que personne à l’acte final (Orléans). […] Or personne, je le pense (et cette conclusion ressortirait de notre seule étude), personne ne refusera à M. […] Je dis qu’il n’est pas sacrifié, et personne, dans ce que nous avons lu, ne l’est par M.

277. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Personne ne peut-il donc, ô guerriers, vous détourner de votre projet ? […] Les guerriers d’élite ne craignaient l’inimitié de personne. […] Et ainsi on prisera davantage nos personnes. […] Il se fit un effort plus grand encore pour que personne ne frappât plus. […] On n’enlèvera personne de notre garde de chevaliers.

278. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Plusieurs milliers de personnes reçoivent à la même heure la visite du même esprit bienfaisant. […] Personne n’oserait le dire. […] Personne ne les a jamais incarnées avec plus de puissance, plus d’éclat et plus d’autorité ; personne n’a formulé leur esprit avec plus de netteté et plus de correction. […] On voyait bien qu’ils n’avaient jamais fait de mal à personne. […] Personne n’a de visions parmi nous ; mais la faute n’en est qu’à nous seuls en vérité.

279. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

Une fois, dans une fête, une cérémonie solennelle à Pétersbourg, il s’agissait pour toutes les personnes de la cour de porter le costume russe national : cette condition, qui était de rigueur et ne soutïrait pas d’exception, était pénible au cœur français, au cœur impérial de la princesse. […] Elle servit les siens dès son retour ; on aimait à faire réparation aux Napoléon en cette belle personne ; mais elle sut très bien distinguer le degré, le point juste, où la gratitude la mieux sentie pouvait aller ; et en sachant gré des bons offices envers les présents, elle n’avait garde d’oublier ceux qui restaient captifs ou dans l’exil. En un mot, les Tuileries ne purent se parer d’elle, tandis que sa race, malgré tout, dans la personne de son chef, restait proscrite et déshéritée. […] Sa bonté envers les malheureux est connue ; son nom, sa personne, sont populaires : elle a visité à Paris tous les asiles de la misère et de la souffrance en ce qui est de son sexe. […] On serait heureux d’avoir donné une idée, qui ne fût pas trop incomplète, d’une nature riche, loyale, généreuse, d’une personne qui, dans le plus haut rang, unit le don de beauté au feu sacré de l’art ; qui a le courage de ses pensées et le charme de ses sentiments.

280. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Carrel, un surcroît, pour ainsi dire, d’honneur et de valeur dont la plupart, à sa place, se seraient crus dispensés, et que les personnes modérées en toutes choses ont peut-être blâmé comme un exemple onéreux pour elles, il faut se rappeler néanmoins qu’il est des positions d’avant-garde, des existences lancées hors de ligne, et fortement engagées, pour lesquelles le trop n’est que suffisant, et auxquelles il sied d’être personnellement ombrageuses sur ce qui offense en général un parti et une cause. […] Mais connu, apprécié de ses amis et des personnes du métier, M.  […] Mais ç’a été un beau et véritable succès, un succès invincible dont l’étreinte dramatique n’a épargné personne là présent. […] Voilà des questions que personne ne peut s’empêcher de s’adresser à soi-même, avec un sentiment intime de respect pour le poëte de génie qui les suscite. […] Le Corps académique qui a commis la bévue renferme des personnes éclairées, d’une moralité et d’une capacité scientifique qui a intérêt à purger cette sotte affaire.

281. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre V. L’Analyse et la Physique. »

Parmi les personnes qui font cette question, je dois faire une distinction ; les gens pratiques réclament seulement de nous le moyen de gagner de l’argent. […] Il y a longtemps que personne ne songe plus à devancer l’expérience, ou à construire le monde de toutes pièces sur quelques hypothèses hâtives. […] Si les quaternions, dont je viens de parler, n’avaient été si promptement utilisés par les physiciens anglais, bien des personnes n’y verraient sans doute qu’une rêverie oiseuse, et pourtant, en nous apprenant à rapprocher ce que les apparences séparent, ils nous auraient déjà rendus plus aptes à pénétrer les secrets de la nature. […] Jamais au contraire, si l’on avait conservé l’énoncé de Kepler, on n’aurait regardé les orbites des planètes troublées, ces courbes compliquées dont personne n’a jamais écrit l’équation, comme les généralisations naturelles de l’ellipse. […] Ces développements convergent, personne n’en doute ; mais la certitude mathématique fait défaut.

282. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

Il semble parfois que son plan était d’entourer sa personne de quelque mystère, de rejeter les grandes preuves après sa mort, de ne se révéler complètement qu’à ses disciples, confiant à ceux-ci le soin de le démontrer plus tard au monde 824. « Ce que je vous dis dans l’ombre, prêchez-le au grand jour ; ce que je vous dis à l’oreille, proclamez-le sur les toits. » Cela lui épargnait les déclarations trop précises et créait une sorte d’intermédiaire entre l’opinion et lui. […] Quelques-uns hésitaient, le selâm étant alors comme aujourd’hui, en Orient, un signe de communion religieuse, qu’on ne hasarde pas avec les personnes d’une foi douteuse. « Ne craignez rien, disait Jésus ; si personne dans la maison n’est digne de votre selâm, il reviendra à vous 831. » Quelquefois, en effet, les apôtres du royaume de Dieu étaient mal reçus, et venaient se plaindre à Jésus, qui cherchait d’ordinaire à les calmer. […] Ailleurs, nous voyons Jésus reconnu à la fraction du pain 859, comme si ce geste eût été pour ceux qui l’avaient fréquenté le plus caractéristique de sa personne. […] L’idée toute spirituelle de la présence des âmes, qui était l’une des plus familières au maître, qui lui faisait dire, par exemple, qu’il était de sa personne au milieu de ses disciples 866 quand ils étaient réunis en son nom, rendait cela facilement admissible.

283. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

On était son disciple non pas en croyant ceci ou cela, mais en s’attachant à sa personne et en l’aimant. […] Plaçons donc au plus haut sommet de la grandeur humaine la personne de Jésus. […] Personne plus que moi n’est disposé à placer haut ce peuple unique, dont le don particulier semble avoir été de contenir dans son sein les extrêmes du bien et du mal. […] Cette sublime personne, qui chaque jour préside encore au destin du monde, il est permis de l’appeler divine, non en ce sens que Jésus ait absorbé tout le divin, ou lui ait été adéquat (pour employer l’expression de la scolastique), mais en ce sens que Jésus est l’individu qui a fait faire à son espèce le plus grand pas vers le divin. […] Mais jamais personne autant que lui n’a fait prédominer dans sa vie l’intérêt de l’humanité sur les petitesses de l’amour-propre.

284. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

C’étoit de tous les arts musicaux, celui que les anciens aimoient le plus, et par consequent celui qu’ils avoient cultivé davantage : ainsi cet art qui enseignoit à l’histrion ce qu’il devoit faire sur le théatre, en même-temps qu’il enseignoit à l’orateur à bien faire ses gestes, s’étoit subdivisé en plusieurs talens dont quelques-uns convenoient aux personnes les plus graves. […] J’espere néanmoins que je n’ennuïerai personne en rapportant beaucoup de choses qui prouvent que les anciens avoient plusieurs saltations où l’on ne dansoit pas. […] Suetone dit en parlant de Caligula, qui aimoit la saltation avec fureur. " ce prince aïant mandé au palais plusieurs personnes des plus considerables de l’état, il entra brusquement vétu d’un habit à la grecque, et qui lui venoit jusques sur les talons, dans le lieu où ses gens les avoient fait entrer, et là il fit devant eux, au bruit des instrumens les gestes d’un monologue, après quoi il se retira sans leur avoir dit un mot. " ce que dit Quintilien en parlant de la necessité d’envoïer les enfans dans les écoles où l’on enseignoit l’art de la saltation, suffiroit seul pour persuader que l’art du geste en étoit la principale partie. […] Il anime à la fois, et la personne même qui parle, et celle qui écoute. […] Nous voïons que les anciens appelloient indistinctement la même personne, danseur et faiseur de gestes, parce que la saltation étoit le genre, et l’art du geste l’espece.

285. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

On a fait de ses œuvres de petites éditions ineptes, ignobles, honteuses, belges enfin (le mot dit tout), et en France, personne n’a songé à dessouiller son génie de ces porcheries qu’on a osé faire de ses œuvres, en prenant l’initiative d’une édition, digne de leur distinction et de leur beauté ! […] ni personne ! […] Elle l’était jusqu’aux ongles… qu’elle n’avait pas, car elle n’a jamais égratigné personne. […] Leur génie est sédentaire comme leur personne. […] C’est la femme enfin qu’il faudrait montrer, parce qu’on l’a trop cachée, dans tout ce qui fut la tête, le cœur, la personne entière de Mme de Staël !

286. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Horace Walpole était le premier épistolier de l’Angleterre, non pas seulement par le talent, mais par l’emploi de son talent… Il a écrit pendant quarante-cinq ans à la même personne, en coupes réglées, et il a dit de lui : « Ma vie n’a été qu’une longue lettre. » Certainement, vous pensez — n’est-ce pas ?  […] … Côté très inférieur dans sa personne pour un dandy, c’est-à-dire pour un homme qui sent en soi quelque chose de plus grand que ce qui se voit et qui doit avoir le beau don naturel de l’indifférence ! […] Il prétendait qu’il renfermait plus de craie que de muscles dans sa mince personne, et cette idée de craie, rapprochée de l’idée de sa gaieté froide et forcée, fait penser à ces clowns anglais qui s’en barbouillent et qui rient, comme par ressorts, sous ce masque blanc… « Je sais maintenant comment je finirai, — écrit-il à Lady Ossory, le 16 janvier 1785. — Comme je ne suis plus qu’une statue de craie, je m’émietterai en poussière. Alors le vent dispersera toute ma personne du haut de ma terrasse, et la vieille Marguerite — (sa servante) — pourra dire aux personnes qui viendront visiter la maison :         Un matin, nous l’avons perdu,         Sur la colline accoutumée ! 

287. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Les effets émotionnels d’un livre ou de toute autre œuvre d’art ne peuvent être perçus que par des personnes capables de ressentir les émotions que ce livre suggère. […] La constatation d’un sentiment chez une personne, un groupe de personnes, une nation à un certain moment, est donc une donnée importante, qui permettra souvent, de déduction en déduction, de connaître sinon toute leur psychologie, du moins un département important de leur organisation spirituelle et morale. […] Que l’on examine la nature des détails propres à convaincre une personne du monde de la vérité d’un type de gentilhomme, et ceux qu’il faut pour persuader de même dans un feuilleton destiné à des ouvriers. […] Pour dix personnes placées devant un coucher de soleil, il y a dix manières plus ou moins complètes de l’apercevoir. […] En dehors d’esprits supérieurs qui no sont exclusifs pour personne, on ne rencontre guère de gens aimant également et à un même moment Lamartine et Hugo, Balzac et Dumas, la basse et la haute littérature.

288. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Il met sur la scène sa propre personne investie du beau rôle et dans sa personne celle du peuple, du peuple roturier en passe de devenir souverain. […]Personne. […] Guizot donne aux enfants, c’est de les traiter comme des personnes déjà raisonnables. […] S’il est dans l’histoire une personne auguste qui soit chère à son cœur, c’est saint Louis, le roi très chrétien. […] Sur ce point, l’accord de toutes les personnes qui l’ont connu familièrement est remarquable.

289. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Diderot, j’ose croire que personne ne sera assez hardi pour s’y opposer. » L’idée du Dictionnaire de l’Académie auquel Diderot, auteur de toute la partie des arts et métiers dans le Dictionnaire encyclopédique, pourrait coopérer très utilement, s’offre à l’esprit de Voltaire comme prétexte et moyen efficace : Ne pourriez-vous représenter ou faire représenter combien un tel homme vous devient nécessaire pour la perfection d’un ouvrage nécessaire ? […] Duclos s’était mis sur le pied, en quelque lieu qu’il fût, soit à l’Académie, soit chez les ministres et les ambassadeurs, de ne jamais se refuser le plaisir d’une exécution publique quand il avait en face quelque personne qu’il détestait et qu’il déclarait peu estimable. […] Dans son testament, Duclos a pris soin de mettre cet article épigrammatique : « Je donne à l’Académie mon buste du roi en bronze, et je la prie de me donner pour successeur un homme de lettres. » Personne, du reste, n’a joui plus agréablement que lui dans ses voyages, et en toute occasion, de l’avantage social qu’il y avait alors à être le confrère des gouverneurs de provinces, des archevêques et des ambassadeurs. […] Duclos était resté bon et tendre fils ; le chagrin qu’il éprouva en perdant « la seule personne, dit-il, dont on puisse être sûr d’être aimé », le rendit malade. […] En revenant en France, la douleur dans l’âme, il écrivait à l’un de ses amis : « Croiriez-vous, ce qui est fort en pensant à une personne centenaire, que l’espoir de la revoir, après l’erreur où j’ai été, ne s’efface que successivement de mon esprit ? 

290. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Monmerqué avait dès longtemps en main toutes les preuves de la corruption, et, comme auraient dit nos vieux éditeurs, de la dépravation du texte Sévigné, et l’aimable homme dormait tranquille là-dessus, il attendait patiemment et ne prévenait personne du danger : on ne s’en serait pas douté, si un autre près de lui ne l’avait dit et répété bien souvent, et n’avait averti un chacun de prendre garde ; cet autre, le premier et longtemps le seul à le dire, a été M.  […] Le résultat final des soins et des peines infinies qu’auront pris, cette fois, tant d’hommes de mérite autour d’elle et autour de ses Lettres, sera donc de nous offrir non seulement un écrivain plus naturel, mais une personne plus originale et plus semblable à la vraie, une Sévigné plus Sévigné qu’elle ne l’avait jamais été jusqu’ici. […] Je ne dormais plus en repos de songer que la petite languissait, et du chagrin aussi d’ôter cette jolie femme, qui pour sa personne était à souhait ; il ne lui manquait rien que du lait. […] Pour vous dire le vrai, c’est que je suis une autre personne quand je suis chargée d’une chose toute seule, ou que je la partage avec plusieurs. » Oh ! […] Mais on est heureux, avec une personne aussi pure, aussi morale et d’une vie au-dessus de tout soupçon, de trouver la belle et bonne qualité française de nos mères, la franchise du ton, la rondeur des termes, le contraire de tout raffinement et de toute hypocrisie. et, avec tant de délicatesse et de fleur, l’éclat du rire, la fraîcheur au teint, la santé florissante de l’esprit.

291. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

L’histoire du Christ était écrite avant que Jésus en personne fût venu. […] Il s’arrête pour contempler et démontrer cet accord parfait en toute la personne du Sauveur, dans sa vie, dans sa doctrine, dans ses miracles. […] La vie de Jésus, le scandale qu’il cause par sa prédication et sa vertu même, l’attentat commis en sa personne par la Synagogue, sa condamnation et son supplice, sont résumés en une page touchante : « Le Juste est condamné à mort : le plus grand de tous les crimes donne lieu à la plus parfaite obéissance qui fut jamais. » — Autant j’ai pu paraître en garde précédemment, autant je dirai ici en toute conviction que ces pages admirables par la simplicité et la beauté morale de l’expression sont en bonne partie vraies, de quelque côté qu’on les envisage. […] On ne saurait mieux comprendre qu’en lisant Bossuet à cet endroit et dans tout ce qui suit, la difficulté qu’il y avait pour le monde, pour l’univers païen, à faire ce grand pas, à sortir non plus en la personne de quelques individus d’élite, mais en masse et par classes et nations tout entières, de cette chose confuse et qui nous paraît si absurde, l’idolâtrie. […] Son autorité, révérée autant par le mérite de sa personne que par la majesté de son sceptre, ne se soutient jamais mieux que lorsqu’elle défend la cause de Dieu.

292. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Mais derrière ces premiers articles, qui sont d’affiche et de montre, arrivent les autres plus essentiels, à savoir qu’en la tendresse de l’âge du jeune roi, le parlement de Paris présentera pour le gouvernement de l’État des personnes illustres, tirées des ordres du clergé, de la noblesse et de la magistrature, qui seront, après les princes du sang, les conseillers naturels et les ministres de la régence. […] C’est Retz en personne qui, en sa qualité de coadjuteur, avait donné la bénédiction à ce fameux mariage qui se présentait sous de si magnifiques auspices ; mais qu’en pensait-il lui-même ? […] Retz, qui sait mieux que personne son ménage de Paris, étale à nu au duc de Bouillon toutes les divisions et les causes probables de ruine : « Le gros du peuple qui est ferme, dit-il, fait que l’on ne s’aperçoit pas encore de ce démanchement des parties. » Mais lui, il sent ce démanchement très prochain si l’on n’y prend garde, et il le fait toucher au doigt dans ses paroles meilleures que ses actes. […] Siècle à jamais heureux et incomparable, où les illustres naufragés de la politique, quand ils s’appelaient Retz, avaient comme pis-aller, pour se consoler dans le courant d’une semaine, un Corneille, un Despréaux et un Molière en personne, leurs œuvres à la main, et Mme de Sévigné sur le tout ! […] Il n’a reçu cet exemple de personne, et personne ne le suivra.

293. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

» Ce grand homme parle bien des choses et des personnes ! […] Personne ne l’avait trouvée, avant Molière ; Molière est le premier qui l’ait vue. […] Personne ; mademoiselle Mars elle-même, elle n’en sait rien. […] Savez-vous bien qu’Alceste c’est Molière en personne ? […] Il n’a imité personne.

294. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVI » pp. 188-192

Ces personnes auront à répondre à la France entière du dépôt qui leur sera confié ; et le monarque est en quelque sorte chargé de lui répondre de leur convenance. […] L’exemple de François Ier, celui des quatre successeurs de ce prince, celui de Henri IV, lui avaient persuadé que la France voyait sans scandale des maîtresses attitrées à ses rois, et regardait l’usage qui les avait introduites comme un dédommagement destiné à racheter ce qui manque à la liberté de leur choix quand ils se marient ; mais il n’oubliera pas ce qu’il doit à sa couronne dans le choix des personnes qui seront chargées d’élever son héritier. […] Si quelque biographe imprimait aujourd’hui cette phrase dans une vie de Louis XIV : « Le 1er novembre 1661, le roi nomme pour gouvernante de M. le Dauphin, une des personnes de la société représentée par Molière, dans ses Précieuses ridicules, et bafouée par le public depuis deux ans », ne croirait-on pas que cet écrivain est tombé en imbécillité ou en démence ?

295. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Rosny refusa net, et, Henri IV s’informant si son ordre avait été exécuté et si les Suisses allaient être payés, Sancy tout en colère répondit : « Non, je n’y vais pas, Sire ; car il ne plaît pas à votre M. de Rosny qui fait l’empereur dans son logis, et dit qu’il ne connaît personne… ; étant là assis sur ses caques d’argent comme un singe sur son bloc ; et ne sais si vous y aurez plus de crédit que les autres. » Cependant l’envoi était déjà fait, et l’argent porté au quartier des Suisses ; Rosny l’avait fait de lui-même après avoir bien marqué que ce n’était point en vertu de l’espèce d’ordre que lui avait envoyé Sancy. […] Rosny se mettait ainsi de sa personne comme en travers des pots-de-vin. […] Rosny s’obstine à ne pas comprendre et à dire qu’il ne connaît personne de tel. […] Or, combien que j’y reconnaisse une partie de ses défauts, et que je sois contraint de lui tenir quelquefois la main haute quand je suis en mauvaise humeur, qu’il me lâche ou qu’il s’échappe en ses fantaisies, néanmoins je ne laisse pas de l’aimer, d’en endurer, de l’estimer et de m’en bien et utilement servir, pource que d’ailleurs je reconnais que véritablement il aime ma personne, qu’il a intérêt que je vive, et désire avec passion la gloire, l’honneur et la grandeur de moi et de mon royaume ; aussi qu’il n’a rien de malin dans le cœur, a l’esprit fort industrieux et fertile en expédients, est grand ménager de mon bien ; homme fort laborieux et diligent, qui essaye de ne rien ignorer et de se rendre capable de toutes sortes d’affaires, de paix et de guerre ; qui écrit et parle assez bien, d’un style qui me plaît, pource qu’il sent son soldat et son homme d’État : bref, il faut que je vous confesse que, nonobstant toutes ses bizarreries et promptitudes, je ne trouve personne qui me console si puissamment que lui en tous mes chagrins, ennuis et fâcheries. […] Bazin ; au Louvre, à l’Arsenal, on avait bien autre chose à faire qu’à bâtir des utopies. » Un moraliste a fait également cette remarque : « Quand ces grands esprits deviennent vacants, les toiles d’araignées s’y mettent. » Sully, cet esprit solide et positif, mais entier, n’étant plus contredit par personne, a donc sur certains points payé tribut à la chimère en vieillissant.

296. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

On a dit que, s’étant fait un point d’honneur de ne jamais parler des personnes d’une naissance commune, M. de Noyon avait affecté de ne rien dire de son prédécesseur Barbier d’Aucour. […] Arrivant à l’éloge de Louis le Grand, l’orateur ne se contient plus : « Vous le voyez, messieurs, et je le sens encore plus, je tremble de peur et je suis transporté de joie… » C’est ici que Tertullien revenait encore assez singulièrement : Il y a deux personnes dans un même homme, lorsque la Providence l’élève aux premières places : la personne particulière et la personne publique. […] Nous sommes au plus fort de cette pluie d’épigrammes fines qui ne laisse pas de répit et qui ne cesse plus : La véritable éloquence, poursuivait sans pitié l’abbé de Caumartin, doit convenir à la personne de l’orateur : la vôtre ne laisse pas ignorer à ceux qui vous entendent ou qui vous lisent, d’où vous venez et ce que vous êtes. […] Il sait mieux que personne ce que vous valez, il vous connaît à fond, il aime à vous entretenir, et lorsqu’il vous parle, une joie se répand sur son visage, dont tout le monde s’aperçoit. […] Sur quoi Saint-Simon ajoute au plus vite cette explication : « C’est qu’il n’y ayant plus de filles d’honneur que les deux souffertes à Mme la princesse de Conti, il n’y avait plus personne pour quêter. » Mais cette incorrection parfois incroyable de diction ne doit pourtant pas faire admettre de lui toute locution étrange d’après une copie fautive.

297. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

À part un petit nombre de lettres inédites de Mme du Deffand à Horace Walpole et de Voltaire à elle, qui s’y rencontrent par hasard et qui sont jetées çà et là, la correspondance se passe régulièrement et se renferme tout entière entre trois personnes, Mme du Deffand, la duchesse de Choiseul et l’abbé Barthélemy. […] Son visage est joli, pas très joli ; sa personne est un petit modèle. […] ne scandalisons personne. […] Le traité de paix que Mme de Choiseul signe avec sa belle-sœur dans une première entrevue en présence de son mari, les conditions qu’elle pose, les limites qu’elle établit nettement et qu’elle trace autour d’elle, chez elle, en épouse dévouée autant qu’en maîtresse de maison accomplie, tout cela est d’une personne bien ferme, bien délicate, parfaitement douce et sans humeur, mais qui veut qu’on la compte, capable de plus d’un sacrifice, excepté de ceux qui atteindraient la dignité. […] Disons-nous, pour être justes, que ce n’est pas pour nous qu’il écrivait, c’était pour les personnes de sa coterie qui trouvaient tout cela fort bon, fort doux et très amusant.

298. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Et pourtant elle commençait à connaître à qui elle avait affaire désormais en la personne du jeune duc. […] Il paraît avoir de l’aversion pour les personnes qu’il croit dans mes intérêts. […] s’écriait-il, si l’on veut me perdre auprès du roi, je prendrai la poste, j’irai le trouver ; je m’assure qu’un si grand monarque, et qui a tant de belles qualités personnelles, ne m’abandonnera point ; j’irai même servir de volontaire auprès de sa personne, en cas qu’il entreprenne quelque chose ; car j’ai fortement dans la tête de mériter son estime. » — « Mais, lui répondait-on, les princes comme Votre Altesse Royale n’ont point accoutumé d’aller ainsi ; une telle démarche surprendrait fort le roi de France. » — « Non, répliquait-il, je sais bien que je n’ai rien à craindre en me jetant entre les bras du roi, qui est aussi honnête homme que grand monarque. » Et Louis XIV, touché à l’endroit chatouilleux, s’adoucissait pour le jeune prince, dont les effusions lui arrivaient par le canal de M. de La Trousse et de Louvois, tandis que son envoyé officiel, l’abbé d’Estrades, lui écrivait dans le même temps : « L’on doit cette justice à M. le duc de Savoie que c’est un prince qui a beaucoup d’esprit, qui est fort éloigné de tous les amusements ordinaires aux personnes de son âge, et que toutes ses occupations marquent des sentiments fort élevés, et beaucoup d’inclination pour la guerre et pour les affaires. » Le duc de Savoie marchait sur ses dix-huit ans. […] D’ailleurs il s’adonnait aux affaires et ne laissait personne lire dans ses pensées. […] On le verra bientôt, au début de la grande lutte européenne (1688), avoir un camp à Saluggia, y exécuter des manœuvres, tout faire de sa personne pour se tremper, se rompre aux fatigues et acquérir une constitution robuste que lui avait refusée la nature.

299. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Or, les hommes sont ainsi faits qu’ils se sentent portés à mépriser jusqu’à la bonté en personne chez un supérieur, s’il est faible. […] Les nouvelles que vous voulez bien me donner des heureux progrès dans votre lien conjugal me font le plus grand plaisir, et vous voulez même presque me laisser l’espérance d’y avoir contribué par mes propos, qui étaient bien épurés par l’intention unique de cimenter par là les liens et le bonheur de deux personnes qui me sont si chères et précieuses. » Enfin le 19 décembre 1778, la reine accouche de son premier enfant qui sera Madame, duchesse d’Angoulême. […] Hors M. de Mirepoix, tous sont acccablés des dons et des grâces du roi, et personne ne les rend… Heureusement que tous les moyens sont encore dans les mains du roi et qu’il arrêtera tout le mal que les imprudents veulent faire. » On se croyait maître de la situation, on ne l’était déjà plus, et il y avait des hommes qu’on allait être obligé de subir. […] Personne n’était plus consciencieux que Louis XVI : eh bien ! […] Elle paye à tout moment de sa personne.

300. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Y avait-il lieu à une révolution dans l’idée qu’on doit se former dorénavant de ces illustres personnes, à un bouleversement d’opinion du tout au tout ? […] Ceux qui l’ont vu en ces sortes d’action, et qui étaient disposés, d’ailleurs, à blâmer son trop de circonspection dans l’ensemble, disaient que personne n’était plus fier que lui l’épée à la main77. […] Si le major général est réduit à sa charge, et que l’estime, l’amitié, l’amour de la patrie et de la gloire ne l’unissent point avec le général, la machine ne se meut que lourdement, et la présence d’une seule personne étant impossible en tous lieux dans le même instant, on ne peut remédier aux accidents parce qu’on ignore l’intention du général. […] Mattioli se rendit lui-même en France au mois de décembre 1678 : introduit à Versailles avec les précautions les plus mystérieuses, il remit à Louis XIV en personne une lettre du duc de Mantoue, reçut la réponse du roi ; et la cession de Casal, pour laquelle M. de Pomponne, ministre des affaires étrangères, déjà bien voisin d’une disgrâce, n’intervint que pour les formalités de signature, fut arrangée directement avec Louvois, vrai ministre, fut ordonnée et réglée par lui dans le dernier détail. […] Il y avait auprès du duc de Mantoue un chargé d’affaires de Louis XIV, fort sage, fort entendu, l’abbé Morel, un « parfaitement bon esprit » ; pourtant on ne se fia pas à lui d’abord pour traiter et trancher des questions plus militaires que politiques ; Catinat eut ordre d’aller en personne à Mantoue pour forcer la main le plus doucement possible au duc et tirer de lui plus qu’il n’avait été convenu.

301. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

M. de Chateaubriand, dans ses Mémoires inédits, après une vive peinture de cette même période d’émigration en Angleterre, et des diverses personnes qu’il y rencontra, ajoute : « Mais très-certainement à cette époque Mme la duchesse de Duras, récemment mariée, était à Londres ; je ne devais la connaître que dix ans plus tard. […] Elle avait un don singulier de se proportionner à chaque chose, à chaque personne, et cela naturellement, sans effort et sans calcul ; elle était très-simple avec les simples, peu spirituelle avec les insignifiants, non par dédain, mais parce qu’il ne lui venait alors rien de plus vif. […] L’une perdit son premier mari, l’autre son père sur l’échafaud ; toutes deux subirent l’émigration ; mais les idées de l’une de ces personnes distinguées étaient déjà faites, pour ainsi dire ; ses impressions, la plupart, étaient prises. […] Le jour où quelque personne intime, en 1824, la surprenait le plus vive contre les projets de M. de Villèle, tenant en main la brochure du comte Roy sur le 3 pour 100, s’en animant comme en connaissance de cause, et présageant par cette noble faculté d’indignation, qui était restée vierge au milieu du monde, la rupture inévitable de son éloquent ami, ce jour-là peut-être elle avait médité le matin sur l’une des Réflexions chrétiennes qu’elle s’efforçait de mûrir. […] Une personne du même monde que Mme de Duras, et qui portait l’esprit de justesse jusqu’à la rigueur, Mme de Boigne, disait : « Mme de Duras a aimé son mari, puis M. d’Angosse, puis M. de Chateaubriand.

302. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Les deux personnes qui venaient occuper cette humble et assujettissante position, et passer de longues journées sans murmure à ces fenêtres monotones et en vue de cette grille de bois, étaient bien loin de s’y trouver accoutumées par leur vie antérieure. […] Cette jeune personne qui avait atteint dix-huit ans faisait l’unique soin de sa mère. […] Christel n’apprit ces détails que successivement, et sans rien faire pour s’en enquérir ; mais, quoique sa mère et elle ne reçussent habituellement aucune personne du lieu, les simples propos des voisines, la plupart du temps en émoi si l’on voyait le jeune homme arriver au galop du bout de la place, puis mettre son cheval au pas en approchant, auraient suffi pour instruire. […] Il apprécia, dès qu’il eut tourné son regard, ces deux personnes si distinguées, si nobles vraiment. […] Son mal réel l’obligeant à garder le repos, on ne se tenait plus dans la pièce du devant ; une personne qu’Hervé avait indiquée, une ancienne femme de charge, capable et sûre, y passait le jour, à des conditions modiques, et, tout en suivant son travail d’aiguille, répondait aux venants.

303. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Mme du Châtelet n’était pas une personne vulgaire ; elle occupe dans la haute littérature et dans la philosophie un rang dont il était plus aisé aux femmes de son temps de sourire que de le lui disputer. […] Voltaire se trompait peut-être et avait le bandeau sur les yeux quand il écrivait : Jamais personne ne fut si savante qu’elle, et jamais personne ne mérita moins qu’on dît d’elle : C’est une femme savante… Les dames qui jouaient avec elle chez la reine étaient bien loin de se douter qu’elles fussent à côté du Commentateur de Newton : on la prenait pour une personne ordinaire. […] Elle n’avait ni le temps ni la volonté de s’en apercevoir ; et quand on lui disait que quelques personnes ne lui avaient pas rendu justice, elle répondait qu’elle voulait l’ignorer. […] Elle se trace l’idéal de deux personnes « qui seraient faites à tel point l’une pour l’autre, qu’elles ne connussent jamais la satiété ni le refroidissement ». […] J’en avais ôté Richelieu, Saint-Lambert m’en a chassé ; cela est dans l’ordre ; un clou chasse l’autre : ainsi vont les choses de ce monde. » Mme du Châtelet avait à peine fermé les yeux, que Voltaire écrivait à Mme Du Deffand, avant toute autre personne, pour lui annoncer cette mort : « C’est à la sensibilité de votre cœur que j’ai recours dans le désespoir où je suis. » Rappelons-nous le portrait satirique ; en vérité, l’ami au désespoir s’adressait bien !

304. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Je ne dirai pas que son image s’est gravée en moi, mais il m’est du moins resté de sa personne une idée qui n’est en rien le contraire du vrai, et que le souvenir et la réflexion peuvent achever très fidèlement. […] Il partit à l’instant sans congé, et sans prévenir personne, pour aller embrasser sa mère à La Véronique près Luynes, en Touraine. […] Des personnes, qui ont vu ces pièces, en ont emporté une impression qui est un peu autre, m’assure-t-on, que celle des lecteurs de la brochure ; les simples lecteurs, en effet, qui n’entendent qu’une des parties, ont peine à ne pas donner raison à Courier. […] Je les prends comme je les trouve, car, si on était difficile, on ne lirait jamais, et on ne verrait personne. […] Ce que rêve Courier à cette date, ce n’est pas de noyer tout le genre humain, quoique détestable, mais de faire une arche de quelques personnes d’élite et d’y vivre entre soi.

305. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

La république de Venise était aux prises avec l’archiduc de Gratz ; Louis XIII, par le conseil de Richelieu, veut évoquer à lui l’affaire ; et, comme la guerre de Piémont se prolonge malgré les efforts qu’on a faits sur les lieux pour l’apaiser, Louis XIII désire également que le duc de Savoie dépêche un négociateur à Paris pour traiter avec l’ambassadeur d’Espagne qui y réside, jugeant que l’affaire se réglera mieux auprès de sa personne ; il envoie en Espagne un ambassadeur pour obtenir, à cet effet, l’agrément du Roi Catholique. […] La rébellion est manifeste : le roi en personne s’y porte, plein de courage ; mais Luynes sait mal lui préparer le terrain et lui ménager les occasions. […] Si Luynes avait vécu, la fortune de Richelieu s’ajournait pourtant et pouvait manquer : aussi, quand Luynes disparaît, quand il est emporté d’une maladie soudaine (14 décembre 1621) au milieu de cette campagne qu’il avait entreprise sans pouvoir la mener à fin, Richelieu a pour peindre sa mort, son caractère et sa personne, des traits de couleur et de passion que Saint-Simon, un siècle après, aurait trouvés. Luynes, au milieu de ses défauts, en avait un qui, en France, gâterait même les meilleures qualités : il n’était point brave de sa personne. […] La rigueur est très dangereuse où personne n’est content ; la mollesse, où il n’y a point de satisfaction, l’est aussi ; mais le seul moyen de subsister est de marier la rigueur avec une juste satisfaction de ceux qu’on gouverne, qui aboutit à punition des mauvais et récompense des bons.

306. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Jouffroy causait dans une chambre, devant vingt personnes, presque tous gens d’esprit. […] Le pouvoir qu’a l’homme de s’emparer de ses capacités naturelles et de les diriger, fait de lui une personne, et c’est parce que les choses n’exercent pas ce pouvoir en elles-mêmes qu’elles ne sont que des choses… Certaines natures ont reçu, par-dessus les autres, le privilège de se saisir d’elles-mêmes et de se gouverner : celles-là sont des personnes. […] Il est la personne des choses, comme l’ouvrier est la personne de la montre… Quoique la plante manifeste une foule d’effets qui dérivent des capacités de son organisation, ces capacités ne sont dans toute langue que des propriétés (et non des facultés), parce qu’il n’y a point en elle de pouvoir personnel qui s’approprie ces capacités et les gouverne. […] Bien plus et bien pis, voilà que la volonté en nous devient la personne, le moi lui-même, être et principe distinct, lequel est à nos facultés ce que Dieu est à l’univers, et ce que l’ouvrier est à la montre. […] Le lecteur voit que le pouvoir personnel n’est que la force prédominante d’une idée ; que bien loin d’être une chose distincte et une personne réelle, il n’est que la qualité périssable d’une idée périssable ; que si M. 

307. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

— Monsieur le marquis, répondit cette prodigue personne, je n’ai demandé que six mois pour réduire le Pérou à la mendicité. […] Jusqu’ici, personne n’avait pu vaincre son indifférence, devenue proverbiale. […] demanda-t-il avec inquiétude à la personne qui avait apporté le vin. […] En villégiature, les relations se nouent vite, surtout entre personnes qui portent un nom connu. […] En littérature particulièrement, les relations servent les personnes au préjudice de l’art.

308. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Personne n’est moins « émigré » que lui. — Les émigrés, il les déteste ! […] Personne n’a plus fortement conçu ni plus vivement senti l’idée de patrie. […] Personne n’a été plus systématique, et personne n’a composé ses livres d’une manière plus discursive […] Personne n’a plus dîné en ville, personne n’a plus causé, ni mieux, avec toute l’Europe, en quatre ou cinq langues, qu’il savait très bien. […] Celles qui diminuent la personne humaine, celles qui touchent au fond même de l’homme, celles qui lui demandent d’abdiquer.

309. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

La dissolution de la société de Rambouillet fut l’époque ou commencèrent des sociétés d’un autre ordre, et où s’introduisit dans la langue un mot nouveau, dont la naissance atteste celle de la chose ou de l’espèce de personnes qu’il désigne, le mot précieuse. […] Mais, nous l’avons déjà dit, à l’hôtel de Rambouillet il y avait du mélange, non de mœurs, mais d’esprits ; et qu’elle est la société où il ne se rencontre pas des gens de mauvais ton et de mauvais goût, parmi les personnes qui en sont le plus exemptes ? […] « Souvenez-vous, dit-il, de ces cabinets qu’on regarde encore avec tant de vénération, où la vertu était révérée sous le nom de l’incomparable Arthénice, où se rendaient tant de personnes de qualité et de mérite, qui composaient une cour choisie, nombreuse, sans confusion, modeste sans contrainte, savante sans orgueil, polie sans affectation. » La causticité du duc de Saint-Simon ne l’a pas empêché de rendre justice à la maison de Rambouillet. « L’hôtel de Rambouillet », dit-il dans une note sur Dangeau (10 mai 1690), « était dans Paris une espèce d’académie de beaux esprits, de galanterie (galanterie est là pour élégance), de vertu et de science, car toutes ces choses s’accordaient alors merveilleusement et le rendez-vous de tout ce qui était le plus distingué en condition et en mérite, un tribunal avec qui fallait compter et dont sa décision avait un grand poids dans le monde, sur la conduite et sur la réputation des personnes de la cour et du grand monde, au tant pour le moins que sur les ouvrages qui s’y portaient à l’examen37. » 35.

310. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Le sel & les agrémens dont il eut soin d’assaisonner ses feuilles, les firent moins rechercher des personnes sçavantes que des esprits frivoles. […] Parmi les personnes amies de M. de Voltaire, qui s’employèrent pour la délivrance de l’abbé Desfontaines, il faut comprendre principalement M. le comte d’Argenson. […] Cet abbé, dans son danger extrême, se réclamoit de toutes les personnes de sa connoissance. […] Mais personne ne prit le change, & l’on n’a pas manqué de comprendre la Voltairomanie dans la liste qu’on a donnée récemment de tous ses ouvrages.

311. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

Personne n’ignore les malheurs de Bellizaire, réduit à demander l’aumône sur les grands chemins, après avoir souvent commandé avec des succez éclatans les armées de l’empereur Justinien. […] J’ai même entendu dire à des personnes dignes de foi, que parmi le bas peuple de Rome, il s’étoit trouvé des hommes assez ennemis de la réputation de nos peintres françois pour déchirer les estampes gravées d’après Le Sueur, Le Brun, Mignard, Coypel et quelques autres peintres de notre nation, que les chartreux de cette ville ont placées avec des estampes gravées d’après des peintres italiens dans la gallerie qui regne sur le cloître du monastere. […] Le Poussin que nous vantons tant aujourd’hui, fut mal soutenu par le public lorsque dans ses plus beaux jours il vint travailler en France, mais quoi qu’un peu tard, les personnes désinteressées et dont l’avis est conforme à la verité se reconnoissent, et prenant confiance dans un sentiment qu’elles voïent être le sentiment du plus grand nombre, elles se soulevent contre ceux qui voudroient faire marcher de pair deux ouvriers trop inégaux. […] Il n’y auroit rien de certain en vertu des lumieres humaines, si quatre cens personnes qui s’entrecommuniquent leur sentiment, pouvoient croire qu’elles sont touchées quand elles ne le sont pas, ou si elles pouvoient être touchées sans qu’on leur eut présenté un objet réellement interessant.

312. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Nous n’exceptons personne de ce jugement. […] D’ailleurs, lorsqu’on n’a pas plus d’idées générales que de style, peut-on être pris par la postérité — et même par personne — pour le véritable historien de l’Empereur ? […] Son souvenir, la pile de Volta de ce siècle, a frappé au cerveau toutes les organisations magnétiques des poètes et des artistes, et leur a fait rendre, sous le coup de son influence, les plus belles et les plus puissantes choses qui aient jamais vibré et qui aient jusqu’ici été écrites sur sa personne. […] Intellectuellement, ce n’est personne.

313. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

« Cornus iste bonæ ætatis tyrannus est ; deliciis capit animos ut enervet 9. » Cette définition de la comédie est plus vraie et plus sincère que la fameuse définition de Santeuil : « Elle corrige les mœurs en riant. » Or, la comédie a-t-elle jamais corrigé personne ? […] Ce qui vous prouve que les chefs-d’œuvre ne portent jamais malheur à personne, et qu’une belle jeune fille n’est jamais perdue quand elle a, pour ses deux parrains, Molière et Marivaux. […] — Enfin il ne faut tuer personne. […] Molière le savait mieux que personne ; et, tantôt, comme s’il eût rougi de s’être oublié un instant, écoutez-le poser les bases de la critique. […] il faudrait tout citer de cette rhétorique en action) : « J’ai remarqué une chose de ces messieurs-là, c’est que ceux qui parlent le plus de règles et qui les savent mieux que les autres, font des comédies que personne ne trouve belles.

314. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Un jour, quelqu’un l’appela spirituellement un cueilleur de muguet, et c’était un mot doux et juste… Mais aurait-on jamais pu croire que cet aimable cueilleur de muguet pour les jeunes personnes qu’il ne faut qu’honnêtement émouvoir, aurait l’incroyable ambition de protéger le catholicisme ? […] qui veut qu’elle ait sa récompense dans sa personne, et dont le roman est peut-être destiné à quelque prix académique, s’est fait dans son livre le sauveteur de ce que ce grand connaisseur croit la vertu. […] ce n’est personne, et Octave Feuillet, certainement, n’en a pas fait quelqu’un… Clarisse aussi n’était personne, quand Richardson la publia. […] Tous ces livres de Feuillet, manqués aux yeux de la critique exigeante, ne sont que des effleurements d’observation ou d’idées, mais ils ne choquent personne et paraissent charmants à la majorité des esprits, qui ne veulent pas qu’on les remue trop fort. […] Octave Feuillet n’a point ce don de mettre debout une personne et de la faire voir, beautés, vices et tout, vivante et flambante !

315. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Il m’est impossible, en ce moment, de faire connaissance avec toutes les personnes qui m’entourent ; je me distingue d’elles cependant, et je vois aussi quelle situation elles occupent par rapport à moi. […] Mais ce point n’a jamais été contesté par personne, et il y a loin de là à soutenir que le cérébral est l’équivalent du mental, qu’on pourrait lire dans un cerveau tout ce qui se passe dans la conscience correspondante. […] Que sera-ce, s’il s’agit de l’image visuelle d’une personne, dont la physionomie change, dont le corps est mobile, dont le vêtement et l’entourage sont différents chaque fois que je la revois ? […] Le même mot articulé, par des personnes différentes, ou par la même personne à des moments différents, dans des phrases différentes, donne des phonogrammes qui ne coïncident pas entre eux : comment le souvenir, relativement invariable et unique, du son du mot serait-il comparable à un phonogramme ? […] Encore ces états ne pourraient-ils être représentés que vaguement, grossièrement, tout état d’âme déterminé d’une personne déterminée étant, dans son ensemble, quelque chose d’imprévisible et de nouveau.

316. (1902) Le critique mort jeune

Cependant personne ne s’y trompe, et il était malaisé de s’exprimer différemment. […] Personne ne songeait sérieusement à bouleverser les choses. […] Boylesve n’a nommé personne. […] Entre personnes de valeur égale on fait contrat d’association, non de dépendance. […] Quelques personnes s’étonneront peut-être que M. 

317. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

» Personne aujourd’hui ne pousserait le premier ni surtout le dernier bravo. […] Walpole, bon observateur, ne s’y est pas trompé. « D’après ce que je vous ai dit de leurs opinions religieuses ou plutôt irréligieuses, ne concluez pas, écrit-il, que les personnes de qualité, les hommes du moins, soient athées. […] Des sociétés de vingt et vingt-cinq personnes se forment dans les salons, pour suivre un cours de physique ou de chimie appliquée, de minéralogie ou de botanique. […] À ses yeux une religion positive n’est qu’une superstition populaire, bonne pour les enfants et les simples, non pour « les honnêtes gens » et les grandes personnes. […] Archives nationales, II, 1149 : en 1778, dans la généralité de Moulins, trente-neuf personnes, la plupart nobles, ajoutent de leur argent 18 950 livres aux 60 000 allouées par le roi pour les routes et ateliers de charité.

318. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Elle ajouta qu’elle était la mère de ces trois jeunes personnes qu’elle me demandait la permission de me présenter. […] Nous n’avons rien à demander à personne ; mais mes filles sont jeunes, comme vous voyez, et pendant que vous êtes encore sur la terre, elles étaient heureuses de se ménager, en vous voyant, un souvenir. […] — N’en parlons pas, répondis-je, le temps approche où tout me sera ravi ; mais je montrerai au moins que j’ai assez travaillé pour que personne ne puisse m’accuser de sa ruine. […] — Mais comment, ajoutai-je, êtes-vous venues de Renève coucher au petit village de Charnay, qui n’est qu’à deux pas d’ici et où personne ne s’arrête à moins de voyager à pied ? […] — Entrons-y, dit Marie, et ne faisons pas de bruit pour que personne de la maison ne vienne effaroucher nos souvenirs.

319. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Personne ne pourra plus me retenir en prison. […] Moi, tu me mettras un peu plus loin ; mais cependant pas trop loin, et mon enfant à droite sur mon sein : mais personne ne doit reposer à mes côtés. […] Oui, bientôt il fera jour ; mon dernier jour pénètre dans ce cachot ; il vient pour célébrer mes noces éternelles ; ne dis à personne que tu as vu Marguerite cette nuit. […] Elle n’eut pas de conversation générale, mais seulement quelques paroles expressives échangées avec les personnes les plus considérables de la réunion. […] Adieu, chère madame. » Et peu de minutes après, madame de Staël et quelques amis plus affidés de sa personne et de sa famille étaient sortis du salon pour partir cette nuit même.

320. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

— un piètre révolutionnaire, — rien de moins, rien de plus, — qui nous a mystifiés quelque temps, mais ne peut plus mystifier personne. […] Le fond du poème, ce sont les épisodes, et ces épisodes sont du Rabelais, du bâton de Rabelais, empoigné par le bout… que personne ne prend. […] Seulement, l’un l’a abominablement avilie et déshonorée en sa personne, et l’autre l’a relevée et honorée dans la sienne. […] Cela n’offense personne pas même Dieu ! […] L’homo duplex de saint Paul est dans Proudhon plus que dans personne.

321. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Même dispositif dans bien des images pour grandes personnes. Dans les « histoires sans paroles » que crayonnent les dessinateurs comiques, il y a souvent un objet qui se déplace et des personnes qui en sont solidaires : alors, de scène en scène, le changement de position de l’objet amène mécaniquement des changements de situation de plus en plus graves entre les personnes. […] La personne en cause, d’ailleurs, n’est pas toujours celle qui parle. […] Au lieu de manier ses idées comme des symboles indifférents, l’homme d’esprit les voit, les entend, et surtout les fait dialoguer entre elles comme des personnes. […] Souvent à une personne absente, dont il suppose qu’elle a parlé et qu’il lui répond.

322. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Il y avait souvent jusqu’à trente personnes, étrangers et amis ; les plus habituels étaient Benjamin Constant, M. […] La poésie européenne assistait à Coppet dans la personne de plusieurs représentants célèbres. […] Une personne d’esprit écrivait : « Comme j’aime certaines poésies ! […] Mme de Staël ne pouvait s’empêcher d’être plus que personne de cette nation-là. […] Mais la seule personne survivante de la Décade, qui fût à même de nous éclairer sur cette particularité de rédaction, le respectable M.

323. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Levallois sait son Jean-Jacques et le possède comme personne en ce temps-ci ; il le sait par devoir et aussi par amour. […] N’allons pas oublier que la philosophie, en la personne de Descartes, avait fait dans le sexe des conquêtes illustres. […] Pesez donc les choses en bonne mère, mais en personne libre. […] Est-il possible que personne n’en veuille laisser jouir un homme qui ne troubla jamais celui de personne !  […] J’ai connu une personne qui avait beaucoup fréquenté cette aimable femme.

324. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre premier. Que personne à l’avance ne redoute assez le malheur. »

Que personne à l’avance ne redoute assez le malheur. […] Les consolations de l’amitié agissent à la surface, mais la personne qui vous aime le plus, n’a pas, sur ce qui vous intéresse, la millième partie des pensées qui vous agitent ; de ces pensées qui n’ont point assez de réalité pour être exprimées, et dont l’action est assez vive cependant pour vous dévorer, excepté dans l’amour, où en parlant de vous, celui qui vous aime s’occupe de lui ; je ne sais comment on peut se résoudre à entretenir un autre de sa peine autant qu’on y pense ; et quel bien, d’ailleurs, en pourrait-on retirer ? […] Si les paroles pouvaient transmettre ces sensations tellement inhérentes à l’âme, qu’en les exprimant, on leur ôte toujours quelque chose de leur intensité ; si l’on pouvait concevoir d’avance ce que c’est que le malheur, je ne crois pas que personne pût rejeter avec dédain, le système qui a pour but seulement d’éviter de souffrir.

325. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Jamais il n’a froissé personne, et personne ne sait mieux que lui choisir ses relations au bon coin. […] Les Arabes avaient fui, et personne ne venait. […] La Belgique ne trompe plus personne aujourd’hui. […] C’est que personne, comme M.  […] Jamais je ne forcerai personne à l’admiration de M. 

326. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

La raison la lui faisoit regarder comme une personne que sa conduite rendoit indigne des caresses d’un honnête homme. […] Je la considérai comme une personne de qui tout le mérite étoit dans l’innocence, et qui par cette raison n’en conservoit plus depuis son infidélité. […] Quand il fut dans sa chambre, Baron voulut lui faire prendre du bouillon, dont la Molière avoit toujours provision pour elle, car on ne pouvoit avoir plus de Foin de sa personne qu’elle en avoit. — Eh ! […] Deux cents personnes environ suivaient, tenant chacune un flambeau ; il ne se chanta aucun chant funèbre. […] Comment une erreur aussi forte, sur une relation aussi rapprochée, a-t-elle fait autorité du temps de Molière, et même auprès des personnes qui l’avaient beaucoup vu et pratiqué ?

327. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — Malades persuadés qu’ils sont une autre personne, qu’ils sont changés en animaux ou en corps inanimés, qu’ils sont morts. — Croyances analogues dans le rêve. — Mécanisme de l’idée du moi à l’état normal. — Mécanisme de l’idée du moi à l’état anormal. — Analogie du travail mental et du travail vital. […] L’esquisse vague et vide, que nous avions du moi ou de la personne, se délimite et se remplit. […] Il n’y a là qu’un seul et même fait à deux faces, l’une intellectuelle, l’autre affective et impulsive. — On vous annonce que telle personne que, la veille, vous avez quittée bien portante, est morte subitement, et Cette idée vous bouleverse. […] Si je recule plus loin, je n’aperçois, dans le naufrage et l’engloutissement irrémédiable de mes innombrables sensations antérieures, que de rares images surnageantes, mon arrivée dans la maison de campagne où j’habite, les premières pousses vertes du printemps, une soirée d’hiver chez telle personne, tel aspect d’une ville étrangère où j’étais il y a un an. […] L’un d’eux, nommé Dupré et traité par Leuret, se croyait et se disait à la fois Napoléon, Delavigne, Picard, Andrieux, Destouches et Bernardin de Saint-Pierre. — Une femme citée par Leuret, et qui s’appelait Catherine, n’est plus elle-même ; elle ne s’appelle plus Catherine ; il y a rupture entre son passé et son présent ; elle ne parle de soi qu’à la troisième personne, en disant : « la personne de moi-même ». — D’autres étaient transformés en animaux.

328. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Sa figure régulière s’animait surtout par l’expression de très-beaux yeux noirs ; le reste, sans frapper d’abord, gagnait plutôt à être remarqué, et toute la personne paraissait mieux à mesure qu’on la regardait davantage. […] On y pouvait voir une pensée du maître, une première avance et comme un premier anneau pour se rattacher à l’ordre civil, et pour en gagner les personnes considérées. […] Une particularité essentielle et, pour ainsi dire, historique, reste à noter : Mme de Rémusat fut une des personnes qui, pendant ces premières années, causèrent le plus avec le Consul. […] On voit une personne qui connaît le cœur, qui possède à fond la réalité des cours, et qui ne dit pas tout. […] Lorsque je publiai ceci pour la première fois, M. de Chateaubriand fut mécontent d’être ainsi surpris en liaison et en bonne grâce avec une personne de ce monde impérial ou doctrinaire, avec lequel il avait été constamment depuis en froid et même en antipathie.

329. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Elle laisse Louis XVI roi ou elle le refait roi, non par respect pour l’institution, mais par pitié pour sa personne et par attendrissement pour une auguste décadence. […] Aux derniers coups de canon, aux cris de victoire du peuple, à la vue de ses écrins, de ses bijoux, de ses portefeuilles, de ses secrets étalés et profanés sous ses yeux comme les dépouilles de sa personne et de son cœur, elle était tombée dans un abattement immobile, mais toujours fier. […] Eh bien, quoique mêlé plus que personne aux mouvements, aux choses, aux hommes de cette journée ; quoique les ayant interrogés dans la chaleur et dans la confidence de l’événement, il m’a été impossible de découvrir la moindre lueur de vérité, même de probabilité, sur les causes, les plans, les actes de cette prise d’armes des 22, 23, 24 février contre la royauté de juillet. […] Il y a des événements qui sortent du ciel, comme des bouches de volcan, sans avoir été allumés par aucune main, ou qui sortent du ciel comme des météores, sans que personne puisse dire d’où ils viennent, ce qu’ils vont frapper et où ils vont s’éteindre. […] Je l’ignore ; et je crois que personne mieux que moi n’était placé pour ne rien ignorer, s’il y avait eu quelque chose de mystérieux à savoir.

330. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Elle n’avait tué personne, et n’avait exposé qu’elle-même aux coups de feu des gendarmes. […] Ici le bargello se pencha vers moi, baissa la voix, et me dit en me montrant la dernière loge grillée, sous le cloître, au fond de la cour : — Il n’y a qu’un grand criminel ici, qui n’inspire ni pitié ni intérêt à personne, c’est celui-là, ajouta-t-il en me montrant du doigt et de loin la loge de Hyeronimo. […] Il a, d’un seul coup, tué traîtreusement un sbire et blessé deux gardes du duc ; il n’emportera pas loin l’impunité de ses forfaits et personne ne pleurera sur sa fosse ; il est d’autant plus dangereux que l’hypocrisie la plus consommée cache son âme astucieuse et féroce, et qu’avec le cœur d’un vrai tigre, il a le visage candide et doux d’un bel adolescent ; il faut trembler quand on l’approche pour lui jeter sa nourriture. […] Les prisonniers crurent que c’était un faux pas contre les dalles du cloître qui avait causé l’accident ; personne, heureusement, n’y prit garde ; j’eus le temps de revenir à moi, de sentir le danger et de réfléchir au moyen d’entrer dans la loge du meurtrier sans que le saisissement trop soudain lui fît révéler involontairement qui j’étais aux oreilles de ses compagnons de peine. […] Mais quels moments délicieux, quoique tristes, comptaient pour lui et pour moi les voûtes de son cachot, quand j’y rentrais le matin avant que le bargello fût levé, pendant que le piccinino dormait encore et que personne ne pouvait nous surprendre ou nous entendre !

331. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Elle était comédienne et chanteuse au théâtre Feydeau ; et c’est une profession qui met peu de garde-fous autour des jeunes personnes. […] … Je n’en veux à personne de t’avoir trouvé aimable, mon cher mari. […] C’est quand le résultat en doit être comique, quand la personne dupée doit finalement apparaître dans une posture qui prête à rire. […] Personne, si ce n’est notre adorable père et maman… Va ! […] La directrice, Mme Lagut, personne de grand mérite, avait un salon très fréquenté, où Sainte-Beuve, déjà célèbre, était reçu familièrement.

332. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Il y a des notes très-bonnes et très exactes, d’amples marges, pour faire connaître les personnes dont il est parlé. […] Il n’a pas d’hostilité contre les personnes ; il n’en est que plus écrasant dans ce qu’il raconte. […] » Le pauvre battu se montre le plus qu’il peut à la Cour, à la ville, mais personne ne le plaint, et ceux qu’il croyait ses amis lui ont tourné le dos. […] … » Montesquieu n’avait rien désavoué ; il était rentré par la grande porte du mérite, et du droit du génie, déjà visible à tous et manifeste dans sa personne. […] Marais ne fut donc pas académicien, et personne ne s’en étonna.

333. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Alors vous aurez gagné tout à fait vos éperons, vous vous serez naturalisé aux yeux de toute l’armée, et personne n’osera plus vous opposer nulle part que vous n’êtes pas Français. […] Toujours est-ce que l’ordre chiffré apporté au maréchal par un paysan, et qui assignait positivement le rendez-vous de Bautzen, ne fut remis à temps le 19, que parce que Ney ne s’était pas laissé distraire à cette idée d’une pointe sur Berlin et s’était tenu de sa personne dans le rayon des opérations centrales, la dépêche chiffrée prescrivait le même mouvement qu’on exécutait déjà depuis quarante-huit heures. […] Si Napoléon en personne, et toutes les fois qu’il avait été en contact direct avec Jomini, s’était montré assez bienveillant pour un officier de ce mérite, il l’avait laissé froisser et écraser par ses alentours, par ses séides ; et un souverain, surtout quand il est absolu, répond jusqu’à un certain point des injustices et des injures qu’on inflige en son nom à des âmes délicates, et par conséquent sensibles à l’outrage. […] On lui attribua ainsi qu’à Moreau un principe que les Alliés parurent s’être fait dès ce moment, à savoir, de combattre le moins possible Napoléon en personne, mais d’attaquer partout ses lieutenants en son absence. […] Dans la Vie politique et militaire de Napoléon, l’historien rentre dans le vrai et le vraisemblable : « Ney, est-il dit, attachant trop d’importance au mouvement sur Berlin, était prêt (à un moment) à s’y porter de sa personne. » Là eût été la faute, et c’est en cela que Jomini le combattit par toutes sortes d’objections que les renseignements et les ordres ultérieurs vinrent tout à fait confirmer.

334. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Sans se faire reflet ni écho de personne en particulier, il s’est laissé couramment inspirer des divers essais et des vogues d’alentour, et en a rendu quelque chose à sa manière. […] De braves gens qui vivent en famille, des hommes sérieux régulièrement occupés, des personnes du monde tout agréables et qui ne veulent pas être choquées, peuvent dire : « Où trouve-t-on de tels personnages ? […] Sue s’est attaqué à Louis XIV de 1669 à 1674, c’est-à-dire au cœur de sa gloire, comme s’il l’avait voulu humilier et rabaisser dans sa personne même jusque sur son char de triomphe. […] Eugène Sue était ou voulait être surtout un romancier aristocratique, plus ou moins raffiné, ne s’adressant qu’aux personnes du monde, sans paraître viser à être populaire. […] Sue, depuis Plik et Plok, a porté plus galamment que personne cette cocarde-là.

335. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Personne ne songeait plus à lui, coupe-tête. […] personne ne songe plus à l’abolition de la peine de mort. […] Personne n’a été inquiété. […] C’est pour eux une question quasi-littéraire, une question de personnes, une question de noms propres. […] Personne ne lui a appris à savoir ce qu’il faisait.

336. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Saint Louis, près de partir pour la dernière croisade où il mourut, était déjà d’une grande faiblesse et d’une extrême débilité de sa personne, et comme épuisé de vieillesse, quoiqu’il n’eût guère que cinquante-cinq ans. […] On peut dire de cette bataille de saint Louis à la Massoure, et des prodiges de valeur qu’y fit le noble croisé, que ce fut le suprême épanouissement en sa personne et comme le bouquet de la chevalerie sainte, de la chevalerie tout en vue de la croix. […] Nous avons affaire en sa personne à un homme qui parle sincèrement de lui-même, et c’est pour cela que nous l’écoutons si à plaisir et que nous l’aimons. […] Les autres, qui n’avaient pas eu le courage de donner cet avis, n’osèrent toutefois le contredire : « Il n’y avait là personne qui n’eût de ses proches amis en prison ; par quoi nul ne me reprit, dit Joinville, mais se prirent tous à pleurer. » Il se livrait donc en leur cœur une sorte de lutte entre le violent désir qu’ils avaient de rentrer en France, et le sentiment de compassion et de justice qui leur disait qu’il n’était pas bien d’abandonner des frères et des compagnons malheureux. […] Transporté à terre dans un grand état de faiblesse, et ayant senti plus d’une fois le couteau sur la gorge, il est amené, toujours par le secours du bon Sarrasin jusqu’au château où se trouvent les personnes de distinction de l’armée ennemie : ad.

337. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Voltaire, qui l’a plus loué que personne, a retiré, à la fin, tous ses éloges, lorsqu’il a vu le président mourir en reniant la philosophie. […] Il ne se pique ni de naissance ni de titres illustres ; mais il est assez riche pour n’avoir besoin de personne… On trouve dans ce portrait sorti d’une plume amie tout ce qui peut expliquer les succès et la réputation du président dans le monde et en son bon temps. […] et comment cette pensée n’est-elle venue à personne ? […] Il les a commencés tard, dans sa vieillesse, vers 1763 ; il y suit peu l’ordre chronologique, et, à propos de chaque personne qu’il rencontre, il se laisse aller volontiers à en tout dire, ce qui le force à revenir sans cesse sur ses pas. […] Ce que j’atteste, c’est que je n’ai jamais fait de mal à personne ; que le peu de crédit que j’avais n’a jamais, par ma volonté, tourné à mon profit ; que je ne l’ai employé qu’au profit de mes parents, de mes amis et de mes connaissances ; et que je n’ai pas laissé de rendre de grands services, dont on s’est souvenu, — si l’on a voulu.

338. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

C’était peut-être une injustice pour quelques-unes de ces versions qui pouvaient donner une certaine idée de l’auteur latin, en attendant mieux ; et, comme il le disait naïvement en une de ses préfaces : « Si je n’ai pas rendu en cela un grand service au public, je crois facilement aussi que je ne lui ai pas fait beaucoup de mal. » Il écrivait ces paroles d’innocence dans la préface de son Tibulle, en 1653, et s’y plaignait dès lors du peu de cas qu’on faisait de son travail, du malheur de n’avoir point pour amis « ceux qu’on tenait pour arbitres de la réputation des livres », et du silence barbare qu’affectaient de garder au sujet de ses productions quelques personnes sur l’amitié desquelles il avait cru pouvoir compter. […] Il nous explique cela bien doucement quelques années après, à l’occasion de manuscrits considérables qu’il se voit obligé de retenir en portefeuille, « parce que, dit-il ingénument, les libraires qui regardent leur profit s’en sont un peu défiés pour le débit, ne l’ayant eu que fort médiocre pour mes autres ouvrages et même pour ma traduction de Virgile, qui est la plus juste, la plus belle et la plus élégante de toutes celles que j’ai faites, lesquelles néanmoins25 vont fort lentement en comparaison de beaucoup d’autres qui se débitent en foule… » Personne plus que lui ne donne de curieux détails sur son propre discrédit et sur sa baisse de plus en plus profonde. […] Enfin, si vous ne contestiez sur ce vers2 qu’avec lui, ce serait ne le contester avec personne. […] Selon cette chronique dont il se porte garant, les deux personnes qui passaient pour être filles de l’intendant et fidèle domestique de Marolles auraient tenu de plus près à ce dernier ; les gens soi-disant bien informés prétendaient qu’il était le vrai père. […] Au point de vue de la description des caractères et de l’observation naturelle des talents, l’étude de Marolles a sa moralité particulière : il nous apprend à ne mépriser personne.

339. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Je vous avoue que tout cela ne tente pas un général à hasarder l’honneur des armes du roi, et que, pour peu que l’on soit naturellement précautionné, les réflexions et difficultés viennent en foule. » Catinat n’avait plus Louvois ; il se méfiait de Versailles ; il commençait, à tout ce qu’on proposait d’un peu hardi, par se mettre en garde et par faire toutes les difficultés « que la prévoyance et la pratique de l’algèbre lui pouvaient fournir. » Après cela, il était autant et plus que personne en état, comme disait Tessé, de « faire le possible » ; car il n’était pas de la race de ceux qui font l’impossible. […] Tout y fuit, personne n’y croit être en sûreté : ceux qui sont à la campagne s’y réfugient, et ceux qui sont dans la ville se réfugient à la campagne. […] Catinat, dès ce moment se relève ; en voyant arriver son successeur, il va regagner dans un autre ordre, par sa grandeur d’âme, au-delà de ce qu’il a perdu en renommée militaire ; il accepte l’infériorité, il se soumet sans réserve au désagrément amer, et n’a qu’un désir, contribuer encore au succès des affaires, à leur rétablissement, et payer de ses conseils si on l’écoute, ou, en tout cas, de sa personne. […] Il n’y a rien de satirique dans ces deux lettres : on n’y médit de personne ni directement, ni indirectement. […] Ce serait de la part de M. le maréchal ministre de la guerre un bienfait non moins littéraire qu’historique que de vouloir bien l’y autoriser ; ce serait vraiment donner en la personne de Tessé un épistolaire de plus et un écrivain de qualité à notre littérature.

340. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

« Son infatigable activité, nous dit-il, et l’habitude qu’elle avait de correspondre, non-seulement avec les nombreux membres de sa famille, mais avec les princes étrangers, avec ses conseillers et avec une foule d’autres personnes, me permettaient de penser que je ferais une ample moisson, et j’espérais pouvoir publier toute la Correspondance de Marie-Thérèse. » Malheureusement, M. d’Arneth dut renoncer en partie à ce projet : il rencontra des refus auprès de la plupart des familles nobles d’Autriche. […] Elle sait certainement, autant et mieux que personne, les heureuses et charmantes qualités de sa fille, de « cette gentille Antoinette », comme elle l’appelle ; est-ce à une mère tendre qu’il faut apprendre ces choses ? […] Les éloges se mêlent aux réprimandes, car on sent qu’elles sortent d’un cœur tendre et qui n’a en vue que le bonheur des siens : « Je suis toujours sûre du succès, si vous entreprenez une chose, le bon Dieu vous ayant douée d’une figure et de tant d’agréments, joint avec cela votre bonté, que les cœurs sont à vous si vous entreprenez et agissez ; mais je ne puis vous cocher pourtant ma sensibilité : il me revient de toutes parts et trop souvent que vous avez beaucoup diminué de vos attentions et politesses à dire à chacun quelque chose d’agréable et de convenable, de faire des distinctions entre les personnes. […] J’ai tant vu d’injustices de ce genre et de faux jugements accrédités, à force d’être répétés, sur des personnes qui ne les méritaient pas, que je laisse toujours dans mon esprit une porte entr’ouverte à la contradiction et au doute. […] Il est homme moins que personne à incliner du côté du roman et à y sacrifier la vérité.

341. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

On dépeint votre embarquement le plus bas et le plus abject où se soit jamais mise une personne de votre qualité, et on dit que votre ami exerce sur vous un empire tyrannique, et sur tout ce que vous approchez, etc. » On s’embarque donc, et même on se rembarque quelquefois auprès de la même personne pour réparer, s’il se peut, les torts de réputation qu’on a reçus d’un premier échec. […] Ce n’était pas la peine d’introduire Mme Cornuel, cette personne de tant de sel et de mordant, pour lui faire professer un code d’amour honnête et débiter une sorte de sermon en trois points. […] Il se trouve bien comme il est, il atteint d’abord à son niveau, il n’en veut à personne. […] Sur Henri IV, Sully, Richelieu, sur les plus anciens que lui et qui le dépassent par tant de côtés, il n’a ramassé que des miettes (et encore sont-elles tombées de bonne table) ; il n’est à écouter que comme un écho et un assembleur de bruits : mais sur les gens qu’il a vus et qu’il a fréquentés, dont il a mesuré et pressé la taille, il y a mieux de sa part, il compte autant que personne ; il a lu dans les physionomies, et il nous les rend. […] Conrart que personne.

342. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Or personne ne se récrie, personne ne réclame ; ne suis-je donc pas tout naturellement autorisé à les mettre en volume, surtout quand des amis m’y engagent et de temps en temps me disent comme pour m’agacer : « Vous avez là les matériaux d’un joli volume ; quand le publierez-vous ?  […] Mais qu’âgé de cinquante ans environ, devant ces mêmes personnes vivantes, lui qui peut les rencontrer nez à nez à chaque instant, il vienne nous raconter des entretiens plus ou moins intimes, et non agréables pour tout le monde, qui auraient eu lieu à table entre deux ou plusieurs convives ; que, sous prétexte de débiter ses mécomptes, il se donne les airs de supériorité ; qu’il nous exhibe le menu de la carte, additionne les petits verres de curaçao qu’on a bus et qu’il a payés, n’oublie jamais de rappeler qu’il est gentilhomme et propriétaire, qu’il a eu affaire à des confrères besoigneux ; mais tout cela est d’un goût détestable, d’un fonds illibéral et presque vulgaire, que tout l’esprit de malice dans le détail et un vernis extérieur d’élégance ne sauraient racheter ! […] Il avait tiré ce même pistolet trois ans auparavant dans une cave (comme lui-même il appelle poliment l’honnête journal qui lui avait prêté d’abord sa publicité clandestine), et personne n’y avait fait attention ; il a rechargé et tiré de nouveau avec la même balle en plein boulevard, en pleine rue Vivienne ; de là tapage et attroupement. […] Mais enfin M. de Pontmartin est meilleur juge de sa situation que nous ; il en dit trop pour qu’il n’y ait pas du vrai dans ses doléances, et il se présente dans tout son livre comme si mécontent, si battu de l’oiseau, si en guerre non seulement avec nous autres gens de lettres, mais avec les personnes de sa famille, avec les nobles cousines qui ont hérité d’un oncle riche à son détriment, avec les amis politiques qui lui ont refusé un billet d’Académie pour une séance publique très-recherchée, avec ses paysans mêmes et les gens de sa commune qui ont traversé indûment son parc et à qui il reproche jusqu’aux fêtes et galas qu’il leur a donnés, qu’il est impossible de ne pas voir dans tout cela une disposition morale existante et bien réelle, celle de l’homme vexé, dépité. […] Pour les rendre plus piquants, l’auteur a outré dans quelques-uns les traits, ce qui est, dit-il, le droit du satirique : il a, dans d’autres, altéré la vérité, ce qui n’est le droit de personne.

343. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Il a, plus que personne, remis en lumière et en honneur le xviie  siècle et le naturalisme classique. […] Ohnet, mais on ne trouve plus personne qui s’en vante. […] Sarcey connaît comme personne cette technique du théâtre, et je crois qu’à peu près tout ce que savent là-dessus les hommes de ma génération, ils le lui doivent. […] Le mal est que par sa compétence, par son esprit, par toute sa personne robuste et spirituelle, M.  […] Personne ne peut dire si, dans aucun genre, les hommes nécessaires viendront.

344. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Il est, d’esprit aussi, comme de toute sa personne, bien portant et réjoui, un peu comme ces personnages gaillards de Molière, ces Dorine et ces Marton qu’il aime à citer, et qui disent des vérités le poing sur la hanche. […] Mme de Mondonville était, tout l’atteste, une personne de tête et de capacité, ferme, altière, séduisante, ayant l’instinct et le génie de la domination. […] Elles vivaient néanmoins en commun, mais sans autres pratiques extérieures que celles que doivent observer toutes les personnes de leur sexe qui renoncent au mariage, et qui veulent mener une vie modeste et chrétienne. […] Il est assez difficile aujourd’hui, d’après l’état incomplet des documents, de se faire une idée très précise du caractère de Mme de Mondonville ; mais tout ce qu’on sait prouve, encore une fois, que ce dut être une personne d’une haute distinction, d’un caractère ferme, élevé, née pour le commandement, et d’une grande habileté de domination. […] C’est ce saint évêque qui avait d’abord établi dans son diocèse des filles régentes pour l’éducation des personnes du sexe, et M. de Ciron lui avait demandé d’en envoyer quelqu’une à Toulouse pour y former d’autres maîtresses et y faire école.

345. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Ils sont des chiffres dont personne n’a la clef, et même peu de gens la cherchent. […] Le sentiment des personnes habiles est, que les personnages allegoriques n’y doivent être introduits qu’avec une grande discretion, puisque ces compositions sont destinées à répresenter un évenement arrivé réellement et dépeint comme on croit qu’il est arrivé. […] Ce sens misterieux est placé si haut que personne n’y sçauroit atteindre. […] Un autre examine les traits et la contenance des personnes illustres. […] Jesus-Christ sort d’entre les deux autres personnes de la trinité, comme pour executer l’arrêt de condamnation, qu’elle viendroit de prononcer contre le monde, figuré par un globe placé dans le bas de ce tableau.

346. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

ces gens-là, tout le monde vous les abandonne ; fustigez les paillasses du Romantisme tant que vous voudrez, personne ne s’y oppose ; mais ne concluez pas de leurs pantalonnades de style au principe mauvais et à l’abolition urgente du Romantisme ! […] Madeleine en a rougi pour toi : une cousine est parfois bonne à quelque chose ; mais il est des soins, mon cher Valentin, dont on ne devrait se reposer sur personne. […] Les gens qu’on y voit n’ont rien volé à personne — pas même leur talent. […] Tu auras beau monter sur des échasses aussi hautes que celles de Maître Pierre, et proclamer de là ton dévouement aux intérêts des nationalités opprimées ; tu feras en même temps quelque cabriole grotesque, et personne ne te croira. Évite surtout, quand tu prends en main la plume du politique, les phrases de ce genre : « Dans les légations ce sont les mêmes personnes qui administrent les revenus et les sacrements » (Question romaine), bien que je ne me dissimule pas l’irrésistible influence de cette phrase sur les destinées futures de l’Italie centrale.

347. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Brunetière faisait remarquer que le début de Phèdre est très précisément un tableau, toutes les paroles de Phèdre étant des descriptions de sa personne, de ses attitudes et de ses gestes. […] Or, elle n’aurait aucune raison de se lever, si Œnone était assise et elle en a une grande raison si Œnone est debout, parce qu’à une personne qui est debout on parle de plus près, plus directement, plus intimement, si l’on est debout soi-même. […] Dans le premier cas, au moment où la confidence commence, il est naturel qu’instinctivement elle veuille se rapprocher de la personne à qui elle la fait et que, puisque cette personne est debout, elle se lève elle-même. […] Personne ne doute, à la façon dont Suréna parle, que Corneille ne soit avec Suréna, et que Suréna ne jette au public la pensée même de Corneille. Personne ne doute que les Don Diègue et le vieil Horace ne soient le coeur même de Corneille.

348. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Maurice Rollinat s’ajoutera-t-il à eux pour une Trinité future, comme la troisième personne de cette Trinité dont le règne n’est pas venu encore ? […] Car il est visionnaire, et je crois même qu’il l’est comme jamais personne ne le fut. […] Seulement, en Angleterre, pays fortement hiérarchisé où l’orgueil supprime la vanité et où la supériorité n’est pas une insulte, tant l’orgueil doublant leur égoïsme fondamental rend les Anglais contents d’eux-mêmes, cela n’avait pas d’inconvénient et n’offensait personne, tandis qu’en France cela devait, en y pensant bien, blesser tout le monde. […] Rollinat, c’est de ne laisser personne tranquille, c’est de tourmenter violemment les imaginations. […] Que cela plaise ou non à votre personne, à vos idées, à vos sentiments, à vos sensations, à votre éducation, à vos préjugés, l’homme que voici, l’inconnu d’hier qui s’appelle Rollinat et qui a écrit les Névroses, est-il puissant, oui ou non et quelle est la mesure de sa puissance ?

349. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Personne n’a jamais douté que cette connaissance ne fût vraie. […] Il aura besoin de se souvenir que l’un vient du verbe imputer et l’autre du mot personne. […] Les actions que nous voulons ne sont pas les seules que nous rapportions à notre personne. […] Cousin à la ligne suivante, « que la volonté seule soit la personne ou le moi. » Mes douleurs, mes plaisirs, mes idées, mes souvenirs, m’appartiennent très-certainement. Je les rapporte à ma personne ; ils font partie de moi-même.

350. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

La reine saisit donc le livre à temps, quoique déjà sous la couverture ; elle en lut au hasard quelques lignes qui la firent bien sourire, et, ayant appelé mademoiselle de Sparre, noble et belle fille de sa suite, et sa favorite la plus chère, elle lui marqua du doigt certains passages, qu’elle lui ordonna de lire tout haut, malgré les fréquents arrêts, la rougeur et la honte de cette jeune personne, et aux grands éclats de rire de tous les assistants. — Qui nous raconte cela, s’il vous plaît, sur ce ton de badinage ? […] Il se peut que la lecture de plusieurs soit la perte de bien des jeunes personnes ; mais il est certain que la lecture des bons leur apprend la gentillesse et l’exercice des vertus sociales. » A la bonne heure ! […] De toutes les beautés dont Casanova nous entretient dans ces premiers volumes, celle qui est reine évidemment, celle qui lui a laissé la plus profonde empreinte, et pour laquelle il démentirait le plus volontiers sa définition un peu outrageuse de l’amour que, ce n’est qu’une curiosité plus ou moins vive, jointe au penchant que la nature a mis en nous de veiller à la conservation de l’espèce ; cette femme mystérieuse, appelée Henriette, qu’il rencontre la première fois en habit d’officier, et qui se trouve être une noble personne française, ne diffère pas notablement, par le caractère, de dona Lucrezia, ni de tous ces cœurs d’amantes voluptueux, passionnés, non jaloux et capables de séparation. […] Trois mois se passèrent dans une félicité sans mélange, chaque jour révélant un surcroît de perfection et un talent imprévu dans cette personne rare, dont il ignora jusqu’à là fin l’histoire antérieure et le secret. […] Je ne sais pas qui tu es, mais je sais que personne au monde ne te connaît mieux que moi.

351. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Mais ce que je veux surtout, c’est traiter Buloz comme une idée générale… Je veux lui faire cet honneur… Je ne connais d’ailleurs personne qui soit plus que lui sain à étudier, car le succès est peut-être la plus grande corruption de l’âme humaine, et Buloz le fait dédaigner, II Il est né en 1803, à Vulbens, près de Genève, pays commerçant et puritain. Il n’est donc pas Français, ce qui, aux yeux de quelques personnes, eût pu être vexant pour la France. […] Personne ne se serait désabonné. […] Je ne connais guères qu’une personne de ce temps-ci qui ait eu un honneur égal à celui de Buloz, et c’est Véron, ce gros mauvais sujet de Philibert, devenu le docteur Véron vers le tard. […] Ce n’était là nullement pour personne un vrai et grand directeur de revue.

352. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Il ne s’agit d’envoyer de cartes à personne, quand il faut parler d’un homme immortel ! […] … Elle n’est pas là, cette gloire, et elle ne dépend de personne. […] c’est ce qu’il a fait ou ce qu’il a sculpté lui-même tout seul, sans personne, dans l’isolement et l’individualité de son génie. […] tous les sentiments de l’âme humaine, épanouis ou concentrés dans sa personne… Il chanta et pleura, et il fit de l’Élégie — car les classificateurs l’auraient appelé un élégiaque — quelque chose de si splendide et de si grandiose, qu’un poète épique, impossible, dit-on, en France, y aurait paru et s’y serait emparé subitement de l’imagination française, qu’il n’aurait pas produit d’effet plus grand ! […] Quand on est poète au degré où le fut Lamartine, on chante encore lorsque l’on parle, et Lamartine, plus que personne, était ce poète immanent, qui poétisait tout en parlant de tout.

353. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Il ne pouvait pas ne point la tirer, quoiqu’il ne puisse pendre personne. […] Il y intervient de sa pensée, de sa réflexion, de sa personne tout entière. […] » L’enchantement n’est qu’un effet dans l’âme, et je voudrais voir la cause de cet effet, c’est-à-dire la personne qui le produit. […] Un jour, Desgrieux, désespéré des infidélités de sa maîtresse, qui va si ingénument de son amant qui plaît à ses amants qui paient, se réfugie au séminaire de Saint-Sulpice ; mais elle l’y vient chercher et l’en fait sortir, sans que personne, dans ce séminaire ouvert à tous les vents et à toutes les dames, lui dise seulement : Où allez-vous ? […] Il va jusqu’à Chaillot sans culotte, — on ne dit pas si c’était en hiver, — et il s’établit dans une auberge avec sa Manon, sans que personne lui fasse la moindre observation sur son absence de culotte.

354. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

Il y avait, rappelons-le pour ne pas être injuste dans notre sévérité, il y avait, au sein de ce Versailles d’alors et de cette Cour si corrompue, un petit coin préservé, une sorte d’asile des vertus et de toutes les piétés domestiques dans la personne et dans la famille du Dauphin, père de Louis XVI. […] La duchesse du Maine avait parmi ses femmes cette spirituelle Delaunay qui a écrit : « Les grands, à force de s’étendre, deviennent si minces, qu’on voit le jour au travers ; c’est une belle étude de les contempler, je ne sais rien qui ramène plus à la philosophie. » Et encore : « Elle (la duchesse du Maine) a fait dire à une personne de beaucoup d’esprit que les princes étaient en morale ce que les monstres sont dans la physique : on voit en eux à découvert la plupart des vices qui sont imperceptibles dans les autres hommes. » C’est en effet dans cet esprit qu’il faut étudier les grands, surtout depuis qu’on a appris à connaître les petits : ce n’est pas tant comme grands que comme hommes qu’il convient de les connaître. […] Il nomme chacun des principaux seigneurs qui sont en fonction autour de lui, et s’en distingue ; il n’est donc ni le grand-chambellan (M. de Bouillon), ni le premier gentilhomme de la chambre (M. d’Aumont) ; ce ne peut être que leur égal, le grand-maître de la garde-robe en personne, M. le duc de Liancourt, qui avait alors la survivance du duc d’Estissac, son père, et qui en exerçait la charge ; c’est celui même que tout le monde a connu et vénéré sous le nom de duc de La Rochefoucauld-Liancourt, et qui n’est mort qu’en mars 1827. […] L’auteur, qui avait eu l’occasion de voir continuellement Louis XV dans ses chasses dont il était lieutenant, parle de ce roi d’un ton de vérité plutôt bienveillante ; mais il insiste autant que personne sur sa timidité ; sa défiance de lui-même, son impuissance totale de s’appliquer, et cette inertie, cette apathie incurable qui ne fit que croître avec les années.

355. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Là, sans que mes amis prêchent leurs sentimens, J’arrache quelquefois leurs applaudissemens ; Là, content du succès que le mérite donne, Par d’illustres avis je n’éblouis personne. […] Personne ne fut la dupe de l’apparence d’impartialité du cardinal. […] Il releva les expressions offensantes pour sa personne ou pour celle de tant de gens respectables devant qui la pièce avoit été jouée, & se moqua de ce qui ne tomboit que sur l’ouvrage. […] A la première représentation des Horaces, le bruit courut que le cardinal & deux autres personnes accréditées de la cour sollicitoient une critique plus sanglante que-celle du Cid.

356. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Pour entendre les passages des anciens, qui parlent de leurs représentations théatrales, il me semble necessaire de sçavoir ce qui se passe sur les théatres modernes, et même de consulter les personnes qui professent les arts lesquels ont du moins quelque rapport avec les arts que les anciens avoient, mais dont la pratique est perduë. […] Je sçais bien qu’on ne trouveroit pas d’abord des personnes capables de lire couramment cette espece de musique et de bien entonner les notes. […] Quant au moïen d’écrire en notes la déclamation, soit celui que nous avons indiqué, soit un autre, il ne sçauroit être aussi difficile de le réduire en regles certaines, et d’en mettre la méthode en pratique, qu’il l’étoit de trouver l’art d’écrire en notes les pas et les figures d’une entrée de ballet dansée par huit personnes, principalement les pas étant aussi variez et les figures aussi entrelacées qu’elles le sont aujourd’hui. […] J’ajouterai encore que quoique sa corégraphie n’ait été publiée qu’en mil sept cens six, néanmoins les personnes de la profession, tant en France que dans les païs étrangers, y sçavent déja lire couramment.

357. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIV »

C’est ainsi que, dans cette conférence, lui, homme d’enseignement, il a combattu un enseignement dont il connaît mieux que personne la légitimité, les raisons et surtout l’efficacité pratique.‌ […] Mais, ceci accordé, nous disions aussi que ces défauts sont néanmoins à éviter, parce qu’ils ne sont nécessaires à personne ; que de grands prosateurs, comme Chateaubriand et Buffon, en sont exempts46 ; que même ceux qui les ont ne les ont pas toujours et demeurent supérieurs là où ils ne les ont pas ; et qu’enfin, lorsqu’on enseigne le style, c’est par l’excellence des conseils et les bons exemples d’exécution qu’il faut l’enseigner, et non par des relâchements et des indulgences de doctrine. […] Il sait mieux que personne qu’à peu près tous les bons auteurs, non seulement ont recommandé le travail, mais en ont fait personnellement leur grand moyen de perfection ; il connaît la question des manuscrits, des corrections et des refontes. […] Le style de Pascal, par exemple, n’eût rien perdu à avoir un peu moins de qui, et de que dans cette phrase ; « Si je ne craignais d’être téméraire, je crois que je suivrais l’avis de la plupart des gens que je vois, qui, ayant cru jusqu’ici sur la foi publique, que ces propositions sont dans Jansénius, commencent à se délier du contraire, par un refus bizarre qu’on fait de les leur montrer, qui est tel que je n’ai encore vu personne qui ait dit les y avoir vues. » — Chateaubriand a écrit d’admirables pages en évitant soigneusement la répétition des mêmes mots et des qui et des que, et M.

358. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Personne. […] Il n’est téméraire ni pour personne ni contre personne. […] Les qualités de cet esprit pour lequel on pouvait inventer, mieux que pour personne, le mot d’esprit fort, sont l’énormité de la puissance dans la nuance, la force d’équilibre, la statique, la froideur du front.

359. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

Pendant que son vieux ministère se démenait jour et nuit, inépuisable à lui inventer des surprises et des fêtes, son jeune aide de camp Momonoff ne la quittait pas ; le roi Stanislas implorait d’elle une entrevue qu’elle lui accordait en courant, et l’empereur Joseph II venait en personne lui apporter des complaisances et des hommages. […] M. de Malesherbes, comme la plupart des grands hommes, avait son faible : c’était celui de se plaire à raconter les nombreuses anecdotes dont sa riche mémoire était meublée, et il faut convenir que personne ne racontait mieux que lui. […] Espérons qu’il sera bientôt en état de le poursuivre, et qu’échappé à une maladie qui menaçait de le ravir aux lettres et aux libertés publiques, il trouvera encore de longs jours pour se souvenir et pour raconter, Il est du petit nombre de ces hommes qu’on aime toujours à entendre sur les personnages et sur les choses d’autrefois ; et, pour lui appliquer à lui-même ce qu’il a dit de M. de Malesherbes, quand il cause avec son lecteur, personne n’est tenté de mettre le signet.

360. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ix »

L’église chrétienne ouverte à tous, chante et prie devant tous, pour tous, sans demander à personne ses raisons. […] En même temps que les personnes, les doctrines, les opinions étaient là, coude à coude, et trouvaient à cette table un foyer accueillant.‌ […] La plus grossière même, s’il en est, ne choquait personne.

361. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — III »

Ce ne sont pas seulement ses papiers qu’il faut défendre, mais encore sa propre personne. […] Il ne compta que sur la force et la logique de son œuvre, pour donner, de ses idées et de sa personne, une image exacte au public.‌ […] C’est la faculté de comprendre qu’il faudrait donner à un certain nombre de personnes.‌

362. (1925) Comment on devient écrivain

Personne n’a lancé Pierre Loti. […] En tous cas, personne, sauf M.  […] Il y intervient incessamment de sa personne. […] Il vivait riche, seul, sans parler à personne, sans fréquenter personne. […] Littérairement, personne ne se connaît, personne ne se voit.

363. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Peut-être même, dans un accès de fierté, est-il allé jusqu’à se dire : Personne encore n’a souffert autant que moi ; personne n’a aimé d’un amour aussi ardent, aussi fidèle, aussi persévérant, aussi désintéressé ; personne n’a élevé dans son cœur à la femme préférée un temple aussi magnifique, personne ne lui a rendu un culte aussi fervent. […] Personne ne voudra croire que M.  […] Le génie est un privilège que personne ne peut invoquer comme un devoir. […] Personne sans doute ne s’en étonnera. […] Personne n’admire plus sincèrement que moi l’érudition et la sagacité de M. 

364. (1802) Études sur Molière pp. -355

L’optique du théâtre a ses licences, personne n’en doute ; mais elles ne doivent pas aller au-delà de la vérité. […] Quelques personnes assurent qu’il demanda ce service à M.  […] Félicitons Molière d’avoir substitué, à l’héroïne hébétée et rebutante de Scarron, une jeune personne intéressante par sa simplicité même. […] Voilà, disent bien des personnes, voilà une de ces pièces que Molière lisait à sa servante, et non ses chefs-d’œuvre. […] Il est des comédiens que personne n’ose remplacer.

365. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Je ne crains rien tant dans le monde qu’une jolie personne en déshabillé ; je la redouterais cent fois moins parée. […] Ce n’était plus une beauté, mais c’était une personne à citer pour la bonne grâce, pour l’humeur égale, pour le bon naturel. […] Les personnes qui m’apportent des provisions de l’hôpital ne craignent pas de s’en faire des bouquets. […] personne ne peut le comprendre. […] Malgré le soin que j’en avais, il s’échappait quelquefois, et je n’avais jamais pensé que cela pût être nuisible à personne.

366. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

À ce compte là Joconde valait mieux que ces impuissantes imitations ; Nicolo représentait un petit genre, il est vrai, mais il ne portait la livrée de personne. […] Plus tard, quand son Lohengrin avait commencé le tour du monde et qu’il vint en personne conduire aux Italiens des fragments de ses œuvres, nous l’avons bafoué. […] Tu as horreur de Wagner, parce qu’il est Allemand ; personne ne te force à te rendre dans un théâtre où l’on joue quelqu’une de ses œuvres ; tu n’as qu’à t’abstenir. […] Le 19 au soir, dans un salon, en présence de nombreuses personnes. […] Où sont les cabaleurs, puisque personne ne veut l’être, et qui trompe-t-on ici ?

367. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Si avant M. de Polignac quelqu’un eût pu penser que cet article donnait au roi le droit de supprimer la Charte, c’eût été l’objet d’une perpétuelle protestation ; or personne ne protesta ; car personne ne pensa jamais que cet insignifiant article contînt le droit implicite des coups d’État. […] Il ne venait à l’esprit de presque personne qu’un tel état pût être expose à la plus effroyable des catastrophes. […] Le chiffre des opposants augmentait chaque année ; d’où quelques personnes concluaient qu’il grandirait jusqu’à devenir majorité. […] Les grandes villes, enfin, sont des personnes morales, ayant un esprit propre. […] En y revenant, nous n’imiterons personne, nous ne ferons que reprendre notre tradition.

368. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

Béranger, plus que personne, a entretenu en France le culte de la gloire et des plus nobles signes auxquels elle s’est attachée dans les années héroïques du siècle : Quand secoûrai-je la poussière Qui ternit ses nobles couleurs ? […] Honoré de tous, ne trouvant en tous lieux que des admirateurs et des amis, ne voulant rien pour lui-même, il osait demander pour les autres ; il est peu de personnes qui se soient adressées à lui sans lui être redevables en quelque chose. […] Ce sera un aspect nouveau, mais non imprévu, de sa personne morale.

369. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému » pp. 34-42

Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému Personne ne doute que les poëmes ne puissent exciter en nous des passions artificielles, mais il paroîtra peut-être extraordinaire à bien du monde et même à des peintres de profession, d’entendre dire que des tableaux, que des couleurs appliquées sur une toile puissent exciter en nous des passions : cependant cette verité ne peut surprendre que ceux qui ne font pas d’attention à ce qui se passe dans eux-mêmes. […] Les personnes délicates souffrent-elles dans leurs cabinets des tableaux dont les figures sont hideuses, comme seroit le tableau de Promethée attaché au rocher et peint par le Guerchin. […] Turlow, disent-ils, lui expliquoit dans le tems, et comme on l’explique à une femme qu’on veut faire agir dans une affaire importante, quelles personnes il falloit gagner pour faire réussir un projet, et par quel endroit il falloit les attaquer.

370. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Comme les personnes dont je parle, destinées pour être la pepiniere des artisans médiocres, n’ont pas les yeux ouverts par le génie, notre imitateur ne sçauroit appercevoir dans la nature même ce qu’il y faut choisir pour l’imiter. […] Il faut qu’ils ne voïent le jour d’abord que devant certaines personnes, et que les indifferens ne les entendent qu’après avoir été informez que tels et tels les ont approuvez. […] Il devient un dessinateur correct, s’il ne devient pas un dessinateur élegant, et si l’on ne sçauroit loüer l’excellence de son coloris, du moins n’y remarque-t-on pas de fautes grossieres contre la verité ; il est des regles pour n’en point faire : mais comme les regles ne peuvent enseigner qu’aux personnes de génie à réussir dans l’ordonnance et dans la composition poëtique, ses tableaux sont très-défectueux dans ces deux parties.

371. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — I »

Renan savait qu’il n’y a de vraiment dangereux que l’adversaire dont on a froissé la personne. […] Renan pense même que le philosophe, quand sa dignité n’y est pas trop compromise, doit user d’une extrême complaisance à l’égard de toute personne considérée. […] Des personnes avisées l’engagèrent à différer cette publication.

372. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

M. de Krüdner, ambassadeur pour la Russie en diverses cours de l’Europe, y introduisit successivement la personne qui nous occupe, et qui partout ravissait, enchaînait les cœurs sur ses pas. […] Bien des railleurs à Paris, qui allaient l’entendre dans son grand salon du faubourg Saint-Honoré, ouvert à tous, revenaient, sinon convaincus, du moins charmés et pénétrés de sa personne. […] Elle eût peut-être sauvé Labédoyère, si elle avait obéi à une seule pensée : mais des suggestions diverses se succédaient près d’elle ; l’inspiration variait au gré de la dernière personne qu’elle voyait ; et l’une de ces personnes, hostile à Labédoyère, avait grand soin de ne la quitter que peu d’instants avant l’heure de l’empereur Alexandre, lequel trouvait la bonne inspiration clémente toute combattue et refroidie. […] On aime à rechercher quelles furent, à cette époque de 1815, les relations de Mme de Krüdner avec quelques personnes célèbres, dont l’âme devait, par plus d’un point, rencontrer la sienne. […] en même temps qu’alors, près d’une personne admirée et aimée, il se plaignait d’une certaine rigueur habituelle, qu’il eût voulu attendrir, il se faisait l’organe d’une certaine sainteté mystique qu’il essayait de suggérer.

373. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Ce que nous disons avec impartialité des vers de Farcy, il le sentit lui-même de bonne heure et mieux que personne ; il aimait vivement la poésie, mais il savait surtout qu’on doit ou y exceller ou s’en abstenir : « Je ne voudrais pas, écrivait-il à M.  […] Il ne s’expliquait jamais là-dessus qu’avec une extrême réserve ; il avait ceci pour constante maxime : « Si tu veux que ton secret reste caché, ne le dis à personne ; car pourquoi un autre serait-il plus discret que toi-même dans tes affaires ? […] « 29 novembre, Rio-Janeiro. — Que n’ai-je écouté ma répugnance à m’engager avec une personne dont je connaissais les fautes antérieures, et qui, du côté du caractère, me semblait plus habile qu’estimable ! […] Loyson lui demanda s’il désirait faire appeler quelque parent, quelque ami ; Farcy dit qu’il ne désirait personne ; et comme M.  […] Plusieurs personnes, et entre autres M. 

374. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

Les rhétoriques l’exigent impartiale et impersonnelle, et, fût-ce celle de Polichinelle ou d’Arlequin qu’il nous fallût écrire, nous ne pourrions l’écrire autrement qu’avec nos personnes, — avec le sang, avec la flamme, avec la lave ou avec la froide argile dont nous avons été pétris ! […] Son Histoire de la Papauté aux xve , xvie et xviie  siècles, fut le premier livre qui porta l’attention sur sa personne et qui méritait de la captiver. […] Comment le reconnaître dans cette dernière histoire, sans marquants détails personnels sur personne, et où les portraits ne sont que des lieux communs en grisaille ; dans ce livre à dix mille pieds au-dessus du niveau de la mer… et des faits, qui a la fatuité de renfermer en un demi-volume toute l’Histoire de France, depuis Mérovée jusqu’à François Ier ! […] Mais la finesse de Ranke, s’il y a finesse, s’il n’est pas lui-même la dupe innocente de son système, ne trompera personne.

375. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

Les Légitimistes, qui ne sont pas des Césars, ne crucifient personne, pas même ceux qui ont pris leur lit pendant dix-huit ans. […] Parfois même il n’est pas besoin d’une filiation directe ; il suffit du même nom, pour que la mystérieuse et redoutable loi s’accomplisse… Habitué, par l’histoire religieuse qu’il a souvent écrite, aux idées générales et aux conclusions providentielles, Crétineau-Joly devait être nécessairement plus frappé que personne du rôle invariablement funeste qu’a joué dans nos annales tout ce qui porta jadis le nom d’Orléans, et il n’a pas voulu qu’on l’oublie. […] Quant à l’affreux Égalité, « l’Héliogabale », personne n’ignore comme il l’eut et ce qu’il en fit, de cette ambition qui n’osait ! Personne n’ignore que c’est à lui que Mirabeau sanglait par la face ce mot que l’Histoire ne sait trop comment répéter.

376. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

Il y a une petite industrie à laquelle la Critique se prendra toujours, — à laquelle elle a été prise une fois de plus en ma personne, et que je veux cependant, pour l’honneur de ma duperie, signaler. […] Ce que je dis là, je ne le dis point pour Sismondi et Bonstetten, genre d’esprits qui, en eux-mêmes et sur la recommandation de Saint-René Taillandier (surtout), ne peuvent faire d’illusion à personne. […] C’était un érudit, et personne n’ignore combien la vie d’un érudit est simple. […] Selon Saint-René Taillandier, qui est le Christophe Colomb de ces lettres, le Monsieur Josse de ces bijoux qu’il a montés dans le similor de son Introduction, ces lettres révèlent en Sismondi des tendresses, des délicatesses et des nuances dont personne jusqu’à présent ne s’était douté, et nous font entrevoir un Sismondi charmant, pris sous l’autre, et que Saint-René Taillandier s’est mis en train de dégager, comme le phaéton de la voiture à foin embourbée dégage sa voiture : Prends ton pic et romps-moi ce caillou qui te nuit !

377. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

S’il peut paraître étrange à quelques personnes, et qui sait ? […] « Personne ne croit, nous dit M. de Beauverger dans sa préface, que la politique spéculative n’ait pas d’influence sur la destinée des empires et qu’il n’y ait pas d’enseignement à retirer de ses travaux. » Personne ne le croit, en effet ; seulement il s’agit de savoir quelle fut cette influence, si elle était nécessaire, si elle a été bonne ou funeste et si tous ses travaux valaient plus ou moins, de la part des esprits qui dominent ces sujets, que les deux lignes de résumé qui pouvaient être l’ouvrage de M. de Beauverger et qui, malheureusement, ne le sont pas. […] Nul ne doit le bonheur à personne.

378. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Je reviens au cardinal de Bernis que je n’avais pas songé d’abord à prendre si politiquement, ni d’une manière si grave ; je reviens au caractère général qui m’avait d’abord attiré vers sa personne et dont je ne me laisserai plus détourner même par les grandes affaires et les controverses très vives où son nom se trouve mêlé. […] Cinq longues années se passèrent de la sorte, fort adoucies sans doute par les visites d’amis, par des voyages et des séjours que bientôt Bernis put faire dans le Midi chez les personnes de sa famille, mais enfin cinq années d’exil et d’éloignement obligé du monde. […] C’est beaucoup, dit-il, pour un cadet de Gascogne, si c’est peu pour un cardinal : Les premiers diacres de l’Église romaine n’en avaient pas tant, et je ne suis pas fâché d’être le plus pauvre des cardinaux français, parce que personne n’ignore qu’il n’a tenu qu’à moi d’être le plus riche. […] Grand par lui-même, il est en outre magnifique dans ses représentations ; tout ce qui concourt à leur éclat est double chez lui de la plus grande magnificence de tout autre ; tenant table ouverte, donnant à tout le monde, ne recevant de personne, et toujours au-dessus de toute comparaison dans les fêtes, dans les cérémonies, dans les illuminations publiques. […] Tout ce qui est dû à la nation française et à son roi rejaillit sur sa personne par l’art avec lequel il le leur fait rendre.

379. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Mme de Castellane n’a rien oublié de tout cela ; elle se rappelle parfaitement ma mère et sa belle figure pâle, notre salon vert, et mille détails qui m’ont confondue de la part d’une personne qui a tant vécu dans le grand monde et tant vu de choses. […] Or il y avait en ces années trois personnes, trois femmes distinguées qui, dans la rue d’Anjou, s’occupaient à la fois de littérature sacrée et des Pères4. […] Je n’ai donc personne qui puisse me seconder dans mon travail ; il me faut tout lire, tout chercher, tout écrire et tout recopier. […] Rossi, à qui elle en parla, et qui certainement appréciait tout bas l’impossibilité, lui conseilla de ne recourir à personne, de se charger seule du fardeau, et de démêler ses idées à sa guise, sauf à les rectifier après. […] Je n’ai point à conclure ni à porter de jugement ; je n’ai voulu qu’offrir à nos lecteurs un choix dans ces pages qu’il a été donné à peu de personnes de parcourir.

380. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

« Personne, me disait un des amateurs qui connaissent le mieux toute son œuvre, personne de nos jours n’a enveloppé la femme ni habillé l’homme comme Gavarni. » Un des premiers tailleurs de Paris28 a dit ce mot mémorable : « Il n’y a qu’un homme qui sache faire un habit noir, c’est Gavarni, Voilà un habit fait il y a vingt-cinq ans, il est toujours à la mode. […] Voyez sa personne ; revoyez-la telle qu’elle a dû être dans la fleur de la jeunesse. […] le crayon de Gavarni est innocent, il est pur et innocent de toute attaque et injure personnelle ; cet homme, si habile à saisir le ridicule, ne fit jamais de caricature Contre personne. […] Supposez que, du premier ou du second étage, vous regardiez dans la cour deux personnes qui causent : vous voyez leurs gestes, leur jeu de physionomie, et vous n’entendez qu’imparfaitement leurs paroles ; elles ne vous arrivent qu’en bruit confus. Or, il s’agit de trouver, de ressaisir exactement ce propos, et à l’endroit le plus intéressant, le plus significatif. — J’ai vu ou entrevu autrefois en Suisse un bien savant homme et des plus sagaces, M. de Gingins ; il était sourd, mais complètement sourd, comme une souche ou un rocher ; de jour, dans le tête-à-tête, personne ne s’en serait douté ; il en était venu, à force de finesse, à deviner les paroles au mouvement des lèvres.

381. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Plus modeste par situation et par nécessité, je ne m’attachais qu’à une seule personne et je vivais chez Virieu dans l’isolement et dans l’obscurité. […] Je m’installai, avec ma malle, dans une petite chambre de son appartement, où personne ne passait, et qui communiquait avec la sienne. […] Quelquefois j’arrivais un peu trop tôt, et je trouvais quelque homme ou quelque femme célèbre, achevant la conversation commencée avec la personne qui m’attirait seule, et s’étonnant de la présence de ce mélancolique jeune homme qui saluait respectueusement, mais qui mêlait rarement un mot court et convenable à l’entretien. […] Il y a tel drame dont personne ne voudrait être l’auteur, et qui déchire le cœur bien autrement quel’Enéide. […] Secondement, il avait été lié avant moi avec la personne que j’idolâtrais.

382. (1890) L’avenir de la science « II »

Cette science primitive n’est que le pourquoi répété de l’enfance, à la seule différence que l’enfant trouve chez nous une personne réfléchie pour répondre à sa question, tandis que là c’est l’enfant lui-même qui fait sa réponse avec la même naïveté. […] C’est le moment correspondant à celui où l’enfant, conduit jusque-là par les instincts spontanés, le caprice et la volonté des autres, se pose en personne libre, morale et responsable de ses actes. […] D’ailleurs, le pas n’est plus à faire : l’humanité s’est définitivement émancipée, elle s’est constituée personne libre, voulant se conduire elle-même, et supposé qu’on profite d’un instant de sommeil pour lui imposer de nouvelles chaînes, ce sera un jeu pour elle de les briser. […] Le Cosaque n’en veut à personne des coups de fouet qu’il reçoit : c’est la fatalité ; le raïa turc n’en veut à personne des exactions qu’il souffre : c’est la fatalité. L’Anglais pauvre n’en veut à personne, s’il meurt de faim : c’est la fatalité.

383. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Je voudrais faire équitablement les deux parts, et juger cette personne de mérite en toute liberté, mais avec égards toujours et avec respect. […] Ayant perdu vers ce temps son père vénéré, et restant seule avec sa mère sans fortune, elle intéressa vivement toutes les personnes qui la connaissaient ; et comme, dans ce pays de la Suisse française, il règne un grand goût pour l’enseignement et l’éducation, on imagina de lui faire donner quelques leçons sur les langues et les choses savantes qu’elle avait apprises dans le presbytère paternel. […] Mais à peine eut-il vu chez Mme de Vermenou la jeune personne qu’elle amenait de Suisse, qu’il sentit son choix changer d’objet, et ce fut Mlle Curchod qui, après quelques mois de séjour à Paris, devint Mme Necker (1764). […] Je crois le voir environné de toutes nos heures, et je cherche auprès de lui et les instants et les personnes qui semblent ne plus exister pour nous : alors mon âme se calme ; ma pensée errante et désolée trouve un asile. […] La plus haute de ces amitiés, et qui était pareille elle-même à un culte, fut celle qui l’attacha à M. de Buffon, qu’elle peut contribuer mieux que personne à nous faire connaître et apprécier par les côtés intimes et encore élevés, car elle n’est pas femme à entrer jamais dans rien de familier avec ce qu’elle admire.

384. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Ceux qui par leur condition se trouvent exempts de la jalousie d’auteur, ont ou des passions ou des besoins qui les distraient et les rendent froids sur les conceptions d’autrui : personne presque, par la disposition de son esprit, de son cœur et de sa fortune, n’est en état de se livrer au plaisir que donne la perfection d’un ouvrage. […] C’est une expérience faite, que s’il se trouve dix personnes qui effacent d’un livre une expression ou un sentiment, l’on en fournit aisément un pareil nombre qui les réclame : ceux-ci s’écrient, pourquoi supprimer cette pensée ? […] Les personnes d’esprit ont en eux les semences de toutes les vérités et de tous les sentiments, rien ne leur est nouveau ; ils admirent peu, ils approuvent. […] Mais sans citer les personnes graves ou les esprits forts qui trouvent du faible dans un ris excessif comme dans les pleurs, et qui se les défendent également : qu’attend-on d’une scène tragique ? […] Celui qui n’a égard en écrivant qu’au goût de son siècle, songe plus à sa personne qu’à ses écrits : il faut toujours tendre à la perfection, et alors cette justice qui nous est quelquefois refusée par nos contemporains, la postérité sait nous la rendre.

385. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Pourquoi perçoit-on, comme si elles étaient réellement présentes, des personnes et des choses ? […] Beaucoup de personnes diront qu’il ne se passe rien : c’est qu’elles ne regardent pas attentivement. […] Il nous arrive, selon la remarque de Max Simon, de soutenir en rêve toute une conversation et de nous apercevoir soudain que personne ne parle, que personne n’a parlé. […] Il s’endormit ; et voici que le diable en personne apparut, s’empara du violon, joua la sonate désirée. […] La personne qui doit servir de sujet d’expérience est placée devant ces formules, dans l’obscurité, et ignore naturellement ce qui a été écrit.

386. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

J’aime à me retracer avec vous le lieu, l’époque, les personnes, au milieu desquels je lus ou j’entendis lire pour la première fois cette féerie du cœur et de l’imagination qu’on appelle le Roland furieux. Le lieu, la saison, les personnes, étaient admirablement adaptés par le hasard à cette ravissante lecture. […] Est-ce le livre, est-ce la scène, est-ce la personne, qui s’incruste ainsi dans notre âme, de manière à en faire partie éternellement ? Je crois que le livre ne serait pas si identifié à nous, sans la personne et sans le site ; et que le site et la personne ne seraient pas si fascinateurs sur notre souvenir, sans le livre. Il y a des sites, des heures de la vie, des personnes, des lectures, qui se complètent les uns les autres par une certaine consonance de nos sens avec notre âme ; de telle sorte que, quand on pense au livre, on revoit la personne et le site, et que, quand on revoit dans sa pensée la personne ou le site, on croit relire le livre.

387. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Il y a là une énigme que personne encore n’a devinée, mais ce détail offre peu d’intérêt ; la seule chose à signaler ici, c’est le témoignage de leurs sentiments mutuels pendant ces années de séparation et d’exil. […] Je me mets entièrement dans les bras d’un si digne ami que vous êtes, Monsieur, car je ne connais personne à qui je puisse confier mieux et mon honneur et mes intérêts. […] J’avais trop à en rougir pour l’avoir jamais racontée à personne ; je la dis seulement à mon amie quelque temps après. […] La liberté est classique. — C’est vrai, mais n’en parlez pas : personne, excepté votre imprimeur, n’en parle ; imprimez, si vous voulez, pour les lecteurs à venir, et taisez-vous sur les ingratitudes du présent !  […] Je m’enfermai, pour ainsi dire, dans ma maison, et à l’exception de deux heures de promenade, que je faisais chaque matin pour ma santé, et dans les lieux les plus écartés, je ne me laissais voir à personne, et m’absorbais dans le travail le plus obstiné.

388. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Rousseau dans le jardin des Tuileries, et personne ne s’avisa de lui en faire la sommation. […] Les cœurs ne sont pas aussi variés que les humeurs, et deux personnes véritablement touchées d’amour ou d’amitié sentent de la même façon. […] Telle était chez Rousseau l’ardeur de n’être de l’avis de personne, qu’en voyant venir les autres à son avis, il s’en était dégoûté. […] Ni les mœurs publiques n’ont jamais empêché personne de vivre honnêtement, ni l’éducation n’a jamais absous celui qui outrageait la nature. […] Mais autant l’indulgence pour sa personne est justice, autant la complaisance pour ses idées serait duperie.

389. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Tant que l’on n’est que sept à huit, tout n’est pas excusé par la nécessité de faire effet ; chacun voit trop clairement que personne n’est trompé. […] Je ne prétends pas trop presser cette petite comparaison ; mais enfin personne en France n’a encore travaillé d’après le système romantique, et les bons hommes Guiraud et compagnie, moins que personne. […] Pour comprendre Swift, il faut un commentaire pénible, et personne ne se donne la peine de lire ce commentaire. […] Vos comédies ont si peu de verve comique et de feu, que personne ne prendrait garde à leur esprit, personne ne rirait de leurs plaisanteries, si quotidiennement elles n’étaient louées, recommandées, prônées par les journaux dans lesquels vous travaillez. […] Raynouard et autres personnes sages ennemies du scandale.

390. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

C’était bien la peine, dira-t-on, de faire la plus simple et la plus sensée des Logiques tout exprès pour quelqu’un, et d’atteindre justement en sa personne à ce résultat. […] Fénelon l’avertit toutefois de prendre garde et de ne pas trop se livrer à sa pente : il croit utile que le bon duc ait quelquefois entretien avec un autre que soi, avec quelqu’un de simple, de pieux, de sincère : « Cette personne, lui dit-il, vous consolerait, vous nourrirait, vous développerait à vos propres yeux et vous dirait vos vérités. » On a beau se persuader qu’on se dit à soi-même ses vérités, on n’y atteint jamais complètement ni par le coin le plus sensible : « Une vérité qu’on nous dit nous fait plus de peine que cent que nous nous dirions à nous-même : on est moins humilié du fond des vérités que flatté de savoir se les dire. » En attendant que le duc de Chevreuse ait trouvé de près ce quelqu’un pour lui rendre ce service, Fénelon le lui rend de loin tant qu’il peut, en lui parlant sans réticence, sans ménagement ; il lui expose d’une manière sensible son grand défaut, ce beau défaut tout curieux, tout intellectuel ; il le lui étend avec ses replis et le lui fait toucher au doigt : Plus une vie est profonde, délicate, subtile et spécieuse, plus on a de peine à l’éteindre. […] Au nom de Dieu, qu’il ne se laisse gouverner ni par vous, ni par moi, ni par aucune personne du monde. […] Les religieuses sont pourtant séparées, mais j’occupe une partie de leurs logements… » Interrogé sur un cas de conscience lorsqu’il venait de donner un conseil royal et de politique, Fénelon souffre évidemment ; il rassure en deux mots son élève : « Vous ne devez avoir aucune peine, lui dit-il, de loger dans la maison du Saulsoir : vous n’avez rien que de sage et de réglé auprès de votre personne ; c’est une nécessité à laquelle on est accoutumé pendant les campements des armées. » Mais il fait précéder sa réponse sur ce point-là de bien des avis plus généraux que le duc de Bourgogne devait être capable d’entendre : « On dit que vous êtes trop particulier, trop renfermé, trop borné à un petit nombre de gens qui vous obsèdent. Il faut avouer que je vous ai toujours vu, dans votre enfance, aimant à être en particulier, et ne vous accommodant pas des visages nouveaux. » Il voudrait le voir accessible, ouvert à tous, sachant s’entourer mieux qu’il ne fait et de personnes plus considérées, sachant un peu proportionner ses témoignages de confiance à la réputation publique de ceux à qui il les accorde ; il voudrait surtout le mettre en garde contre tout ce qui semble dénoter une dévotion sombre, timide, scrupuleuse : Pour votre piété, si vous voulez lui faire honneur, vous ne sauriez être trop attentif à la rendre douce, simple, commode, sociable… (Et dans une autre lettre, à quelques jours de là) : Vous devez faire honneur à la piété, et la rendre respectable dans votre personne.

391. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Ainsi vous serez la seule personne sur qui j’appuierai toute la conduite de cette affaire. […] C’est, madame, que M. de Torcy, de son chef, et sans y intéresser le nom du roi en rien, voulût, par manière de conversation, demander à l’ambassadeur de Savoie, qui est à Paris, quelle est la personne que son maître destine ù cet emploi, et qu’il voulût bien me nommer comme m’y trouvant assez propre. […] À la rigueur, étant moi-même grande d’Espagne, cela ne devrait pas leur donner de la jalousie ; mais, étant Française aussi, je me contenterai d’exercer ma commission jusqu’où il plaira à Sa Majesté, et je continuerai le voyage comme une personne qui est bien aise de faire sa cour à la petite-fille de son roi et qui a aussi des affaires à Madrid. […] Il me siérait mal de parler de la capacité que je crois avoir pour un tel emploi ; ainsi, madame, c’est encore à vous à me faire valoir par les endroits que vous trouverez moins défectueux dans ma personne. […] Elle plaisante avec esprit, avec agrément, mais avec froideur ; elle flatte et caresse de même : on sent l’artifice et le rire qui n’est que des dents et des lèvres, et que tout est factice dans la personne.

392. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Louvois, surpris, écrivit aussitôt au premier président du Parlement de Metz : « Les commissaires de l’Empereur à la Diète de Ratisbonne ont mis en fait que Traerbach et ses dépendances n’avaient point été réunies ; sur quoi Sa Majesté m’a donné ordre de vérifier ce qui en est ; et comme le Mont-Royal, duquel cette seigneurie dépend, est d’une extrême conséquence, j’ai cru ne pouvoir mieux faire que de m’adresser à vous pour vous prier d’examiner sans délai, et sans que personne sache que vous en avez reçu d’ordre, ce qui a été fait sur ce sujet. […] Je vous supplie d’examiner ce qui en est, observant de vous conduire de manière que personne ne puisse croire que le roi doute de son droit sur ledit Traerbach et sur le Mont-Royal. » Et quelques jours après, Louvois écrivait à l’intendant La Goupillière, qui avait dû lever des impositions sur ce lieu s’il avait été en effet réuni. […] On sait comment les Étoliens, qui s’étaient abandonnés à leur foi, furent trompés ; les Romains prétendirent que la signification de ces mots, s’abandonner à la foi d’un ennemi, emportait la perte de toutes sortes de choses, des personnes, des terres, des villes, des temples et des sépultures même. […] Le roi en personne était prêt, en cas de résistance, à se mettre à la tête de cette soudaine armée. […] Il était reconnu que Louvois, en campagne, prenait toutes les sûretés pour ce qui regardait sa précieuse personne.

393. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

C’est le christianisme de Channing, de Chalmers, sans aucune marque calviniste expresse : il a réduit le christianisme à ses éléments les plus simples, les plus essentiels ; mais il lui garde expressément son caractère divin, surnaturel ; il le laisse entouré et glorifié des prophéties, prises au vrai sens, et des miracles ; il ne souffre aucune amphibologie sur la personne même du Christ, il voit en lui l’homme-Dieu et ne permet point qu’à cette nature divine on substitue, à aucun degré, le plus sage, le plus saint, et fût-ce même le plus divin des hommes. […] Personne ne saurait dire à quel degré d’abaissement et de dérèglement tomberait l’humanité. […] si la personne atteinte d’un mal lent et mortel lui est particulièrement chère, il suit la mort dans ses progrès, il la voit venir à coup sûr, fatale, irrémédiable ; il sait le néant des illusions, des espérances ; il ne manque cependant à aucun des soins, à aucune des sollicitudes, tout en sachant et en se prédisant presque à heure fixe, et montre en main, le terme funèbre que tous ses soins ne reculeront pas. Dans ses relations au dehors et pendant les intervalles de la science pure, il ne se contente pas de ne faire tort à personne ; s’il le peut, il fait le bien. […] J’ai lu autrefois cette lettre manuscrite qui s’était conservée parmi quelques personnes du canton de Vaud, et qu’on citait comme un monument de foi et un témoignage de grave jeunesse.

394. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Marie-Thérèse n’était pas sans le savoir autant et mieux que personne ; elle n’avait consenti qu’avec répugnance à ces démarches violentes et précipitées de son fils ; elle sentait bien que cette affaire n’avait pas été assez liée ni concertée avec les alliés ; qu’une nouvelle guerre de Sept Ans eu pouvait sortir, et que l’Autriche n’y était point préparée. […] Personne, pas même le grand Frédéric, n’avait repris ses bottes de la guerre de Sept Ans : il ne s’agissait plus de risquer le tout pour le tout. On sait que Marie-Thérèse, plus émue que personne (et elle en avait le droit), prit sur elle alors d’ouvrir une négociation particulière avec le roi de Prusse (juillet 1778) ; la négociation manqua : Joseph II fut très irrité quand il sut la tentative de sa mère. […] Elle détestait Frédéric de tout son cœur : ici la femme se confondait intimement avec la souveraine ; elle le considérait comme le mal en personne, un hérétique, un esprit diabolique et pervers. […] Il faut rappeler de telles pages, moins connues chez nous qu’elles ne devraient l’être : « Le roi, nous dit Frédéric parlant de lui-même, avait dans la personne de l’impératrice-reine une ennemie ambitieuse et vindicative, d’autant plus dangereuse qu’elle était femme, entêtée de ses opinions et implacable.

395. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Seulement M. de Lamartine, bien qu’il n’aille pas moins à pleines voiles dans cette idée, a gardé dans la forme, dans l’application en politique, dans l’extrême tolérance pour les personnes, tout ce qui faisait de lui dès l’abord un poëte d’harmonie, d’onction et de grâce ondoyante ; il procède toujours par voie d’expansion et non d’éruption.  […] Vous savez, mieux que personne, qu’elle n’a jamais été qu’un douzième tout au plus de ma vie réelle. […] voilà l’Humanité en personne, le Cosmopolitisme qui arrive dans les chants du poëte ; c’est un tiers un peu immense et qui engloutit tout.  […] La perruque était la seule pièce, dit-on, qui tînt bon contre le déshabillé ; personne ne l’avait jamais vu sans. Racine, au contraire, c’est-à-dire le poëte d’alors, dérobait chastement tout ce qui était de sa personne et de son domestique, pour n’offrir ses sentiments même et ses larmes qu’à travers des créations idéales et sous des personnages enchantés.

396. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Des divers écrits de l’abbé Gerbet, je ne citerai plus qu’un seul, et c’est peut-être son chef-d’œuvre : il se rattache à une circonstance touchante, que les personnes pratiquement religieuses sentiront mieux que d’autres, mais qu’elles ne seront pas seules à apprécier. […] Le jeune comte Albert de La Ferronnays avait épousé une jeune personne russe, Mlle d’Alopaeus, de la religion luthérienne, et il désirait vivement l’amener à la foi. […] Longtemps il crut avoir trouvé cet ami plus ferme de volonté et de dessein dans la personne de M. de Lamennais ; mais ces volontés plus fortes finissent souvent, sans y songer, par nous prendre comme leur proie et par nous jeter ensuite comme une dépouille. […] On y joue à quelques jeux : on y tire quelque loterie, et, pour qu’il soit dit que personne ne perdra, il est convenu que l’abbé Gerbet fera des vers pour le perdant, pour celui qui s’appelle, je crois, le nigaud. […] Et il y a plus : je suis bien sûr que la philosophie dans la personne de M. 

397. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Presque personne n’a plus le temps de s’enfermer « à l’ombre » pendant plusieurs jours pour lire un livre. […] Ils l’ont saisi d’abord et, avant qu’il ait eu le loisir de les trouver mauvais, il les a loués modestement en ma présence et il ne les a pas loués depuis devant personne. […] Et quand on songe qu’une seule suffit pour interdire qu’on soit liseur, on comprend que La Bruyère, ou tout autre auteur, soit effrayé des obstacles qu’il a à vaincre et du petit nombre de personnes qui restent, non pas pour lire son livre, mais pour n’être pas dans l’impossibilité de l’ouvrir. […] Si Boileau a été « touché » plus « vivement » que personne des belles choses de Racine, c’est précisément parce qu’il était critique et parce qu’il jouissait d’autant plus des belles choses qu’il était plus horripilé des mauvaises. […] Il y a précisément la jouissance qu’on éprouve à n’être de l’avis de personne, D’abord, c’est une attestation de supériorité que l’on se donne, « Que d’autres admirent tel ouvrage ; c’est affaire à eux ; c’est bien pour eux qu’il est écrit ; ils sont à sa hauteur, parce qu’il est à leur niveau.

398. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Plusieurs personnes font, sur ce point, à M.  […] Mais personne n’a peur. […] C’est de vouer à saint Yves la personne que l’on hait. […] Voici les personnes dont M.  […] Sa personne était sacrée.

399. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

C’était alors une politesse que les gens de cour prodiguaient aux personnes qu’ils connaissaient le moins. […] Personne mieux que ce dernier n’appréciait tout le mérite de La Fontaine. […] » Molière était également adoré de toutes les personnes qui l’entouraient. […] Il fit parler à M. de Montausier par quelques personnes, car peu osèrent s’y hasarder, et ces personnes furent fort mal reçues. […] On n’en veut point à sa personne, mais à son athée.

400. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Madame de La Fayette racontait plaisamment à madame de Sévigné qu’on discourut tout une après-dînée chez Gourville, sur les personnes qui ont le goût au-dessus ou au-dessous de leur esprit. […] L’attention, l’étude, l’admiration sont réservées pour une seule personne. […] Nombre de mots que Montaigne, Rabelais, Fromenteau ont employés couramment les mots que Molière, La fontaine et Boileau même ont employés à leur tour, et que Molière a prétendu maintenir dans le langage des honnêtes gens, sont, malgré leur autorité, bannis aujourd’hui du langage du monde poli70 : personne ne les souffrirait maintenant, ni dans un ouvrage de littérature, ni au théâtre, ni dans la conversation.

401. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

Il y en a eu beaucoup d’autres ensuite, & on a tellement multiplié les recherches inutiles, les fausses généalogies, les articles de savans inconnus, les détails sur des choses qui n’intéressent personne que le Dictionnaire de Moreri, est aujourd’hui en dix vol. […] Il enfla son énorme recueil de plus de six cens articles de ministres luthériens, de professeurs calvinistes, de commentateurs allemands que personne ne connoît, ni ne veut connoître. […] En effet, personne n’a jamais fait élever autant de brouillards autour de la vérité.

402. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 20, de quelques circonstances qu’il faut observer en traitant des sujets tragiques » pp. 147-156

Ainsi j’approuve les auteurs qui, lorsqu’ils ont pris pour sujet quelque évenement arrivé en Europe depuis un siecle, ont masqué leurs personnages sous le nom des anciens romains ou de princes grecs, ausquels personne ne prend plus d’interêt. […] On ne trouve personne qui ait vêcu mille ans avant lui, mais on rencontre tous les jours des gens qui ont vêcu dans ce païs éloigné de mille lieuës, et leurs recits nuisent à la veneration qu’on prétend nous donner pour ces hommes devenus des heros en passant la mer. […] Il est vrai que les défauts qui resultent de cet embarras ne sont remarquez que par un petit nombre de personnes assez instruites pour les connoître ; mais il arrive que, pour faire valoir leur érudition, elles exagerent souvent l’importance des défauts, et il ne se trouve que trop de gens qui se plaisent à repeter leur critique.

403. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 34, du motif qui fait lire les poësies : que l’on ne cherche pas l’instruction comme dans d’autres livres » pp. 288-295

Si la poësie du stile du roman de Telemaque eut été languissante, peu de personnes auroient achevé la lecture de l’ouvrage, quoiqu’il n’en eut pas été moins rempli d’instructions profitables. […] On remarquera que je ne parle ici que des personnes qui étudient ; car celles qui lisent principalement pour s’amuser, et en second lieu pour s’instruire (c’est l’usage cependant que les trois quarts du monde font de la lecture) aiment encore mieux les livres d’histoire dont le stile est interessant, que les livres d’histoire mal écrits, mais pleins d’exactitude et d’érudition. Bien des personnes suivent même ce goût dans le choix qu’elles sont des livres de philosophie, et d’autres sciences encore plus serieuses que la philosophie.

404. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 528

On a répandu du ridicule sur sa personne & sur ses Ouvrages, mais il pouvoit être un homme simple & crédule, sans être un Auteur médiocre. […] Il y a donc de l’injustice à faire rejaillir sur ses Ecrits, les travers de sa personne.

405. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Le général Lasalle étant célèbre par sa bravoure, par son dévouement à l’empereur, par ses services depuis quinze ans (il n’en a que trente-trois), et récemment encore ayant puissamment contribué, par son courage et l’habileté de ses manœuvres, au gain de la bataille de Médelin, étant remarquable par son ton militaire, par sa gaieté éminemment française qui ne se dément jamais au fort même des combats, enfin étant messin, mon compatriote, d’une famille que j’ai beaucoup connue, fils d’une mère que j’ai un peu aimée, cousin d’un de mes confrères au parlement de Metz, j’ai pris un extrême plaisir à le voir, à l’écouter, et je veux prolonger ce plaisir en écrivant ici, aussi exactement qu’il me sera possible, toute la conversation qui a eu lieu entre lui et moi, et a été commune, pendant tout le dîner, toutes les personnes qui s’y trouvaient réunies. […] buot. — Si vous voulez, général, l’embrasser pour moi… lasalle. — J’ai déjà cette commission pour plus de vingt personnes. […] En Italie, il n’avait que peu d’hommes presque sans armes, sans pain, sans souliers, sans argent, sans administration ; point de secours de personne ; l’anarchie dans le gouvernement ; une petite mine ; une réputation de mathématicien et de rêveur ; point encore d’actions pour lui ; pas un ami ; regardé comme un ours, parce qu’il était toujours seul à penser. […] Lorsque je suis arrivé à Valladolid, une personne est venue m’inviter à m’établir dans sa maison ; il avait donné ordre qu’on m’y donnât à dîner, à souper, et, de plus, cette personne était chargée de m’offrir de l’argent.

406. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

J’ai ouï dire aux personnes qui, en ce temps-là, y étaient le plus intéressées, qu’aucun rédacteur n’excellait comme lui à rendre avec exactitude, avec une vivacité fidèle, l’ensemble d’une séance, l’impression générale qu’elle laissait, sa physionomie si l’on peut dire. […] Il savait encore, et mieux que personne, m’a-t-on dit, le moment opportun où, dans les grandes mêlées polémiques engagées alors entre les principaux journaux, l’adversaire s’étant trop avancé et venant à prêter flanc, il était à propos d’entrer dans l’action et de donner ; il avait du tacticien. […] Elles sont, si la comparaison est permise, comme les œuvres mêmes de la nature et de Dieu : c’est une matière infinie d’étude et de contemplation. » M. de Sacy, certes, a ses défauts, et je puis dire qu’ayant habituellement suivi une tout autre voie, une tout autre méthode que la sienne en critique littéraire, j’y suis sensible, à ces défauts, comme il doit l’être aux miens : il a ses redites, il a ses longueurs ; il a des excès de louange sans nuances à l’égard de certaines personnes ; il a des humilités soudaines par lesquelles il se dérobe et s’interdit presque le droit de juger en des cas où il serait sans doute très compétent : voilà les inconvénients de sa manière et qui sont presque des conséquences de ses vertus. […] Dans notre temps, où ce qu’on appelait autrefois le sens commun est si peu d’usage en littérature et se trouve le plus souvent remplacé par le caprice, M. de Sacy en est un des derniers représentants utiles ; je ne sais même si l’on trouverait aujourd’hui personne qui le représentât aussi nettement et aussi distinctement que lui, qui en offrît un exemplaire vivant aussi authentique et aussi sensible. […] Depuis ce jour-là, je dis de M. de Sacy, qu’il est le sens commun le plus délicat de l’Académie, puisqu’il a été malade d’une sotte chose. — On le voit assez, chez M. de Sacy, la personne et les écrits sont dans un parfait accord ; l’homme est d’une pièce.

407. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

Il est d’une naissance obscure ; il le sait, il est certain que personne ne l’ignore ; mais au lieu de dédaigner cet avantage par intérêt et par raison, il n’a qu’un but dans l’existence, c’est de vous parler des grands seigneurs avec lesquels il a passé sa vie ; il les protège, de peur d’en être protégé ; il les appelle par leur nom, tandis que leurs égaux y joignent leurs titres, et se fait reconnaître subalterne par l’inquiétude même de le paraître. Sa conversation est composée de parenthèses, principal objet de toutes ses phrases ; il voudrait laisser échapper ce qu’il a le plus grand besoin de dire ; il essaye de se montrer fatigué de tout ce qu’il envie ; pour se faire croire à son aise, il tombe dans les manières familières ; il s’y confirme, parce que personne ne compte assez avec lui pour les repousser, et tout ce dont il est flatté dans le monde est un composé du peu d’importance qu’on met à lui, et du soin qu’on a de ménager ses ridicules pour ne pas perdre le plaisir de s’en moquer. […] Sur personne, peut-être même il s’en doute, mais la vanité s’exerce pour elle-même ; en voulant détromper l’homme vain, on l’agite, mais on ne le corrige pas, l’espérance renaît à l’instant même du dégoût, ou plutôt, comme il arrive souvent dans la plupart des passions, sans concevoir précisément de l’espérance, on ne peut se résigner au sacrifice. […] Celles à qui les distinctions de l’esprit sont à jamais interdites, trouvent mille manières de les attaquer quand c’est une femme qui les possède ; une jolie personne, en déjouant ces distinctions, se flatte de signaler ses propres avantages. […] Comme elle fait haïr l’ascendant d’un homme, elle soutient les lois constitutionnelles, qui, au bout d’un temps très court, ramènent les hommes les plus puissants dans une condition privée ; elle appuie en général ce que veulent les lois, parce que c’est une autorité abstraite, dont tout le monde a sa part, et dont personne ne peut tirer de gloire.

408. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Il y eut chez Simon le Lépreux 1046 un dîner où se réunirent beaucoup de personnes, attirées par le désir de le voir, et aussi de voir Lazare, dont on racontait tant de choses depuis quelques jours. […] » Quelques personnes même lui donnaient le titre de roi d’Israël 1055. « Rabbi, fais-les taire », lui dirent les pharisiens  « S’ils se taisent, les pierres crieront », répondit Jésus, et il entra dans la ville. […] Sur le moment, ce repas ne frappa personne, et à part les appréhensions dont le maître fit la confidence à ses disciples, qui ne comprirent qu’à demi, il ne s’y passa rien d’extraordinaire. […] Ce qu’on se rappelle le mieux d’une personne chère, ce sont ses derniers temps. […] Il est très-ordinaire, en Orient, qu’une personne qui vous est attachée par un lien d’affection ou de domesticité aille vous servir quand vous mangez chez autrui.

409. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Pourtant, parce qu’un homme tel que M. de Lamartine a trouvé convenable de ne pas clore l’année 1848 sans donner au public ses confessions de jeunesse et sans couronner sa politique par des idylles, faut-il que la critique hésite à le suivre et à dire ce qu’elle pense de son livre, faisant preuve d’une discrétion et d’une pudeur dont personne (et l’auteur moins que personne) ne se soucie ? […] Louer à tout moment sa mère comme une femme de génie, comme un modèle de sensibilité expressive et de beauté, prenez garde, c’est déjà un peu se louer soi-même, surtout quand toutes ces louanges vont à conclure qu’on est en personne tout son portrait vivant. […] Je n’avais jamais à lutter ni avec moi-même ni avec personne. […] Décrire avec une si visible complaisance une personne qui nous touche de si près et à laquelle on a tant de chances de ressembler, c’est déjà un manque de tact en si délicate matière.

410. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Les gens sensés regardèrent toujours Lacombe & la Guyon, comme deux personnes de bien dont l’esprit étoit aliéné, mais dont il falloit respecter les mœurs. […] Les personnes de la plus haute qualité se rendoient à ces pieuses assemblées. […] Personne alors, dans l’église Gallicane, n’avoit plus de réputation. […] La grande difficulté étoit de détacher l’abbé de Fénélon de la personne & des sentimens de son amie. […] On prétend** que ces deux célèbres antagonistes, qui combattirent avec tant de chaleur pour des matières de théologie, avoient une façon de penser toute philosophique, & que, s’ils étoient nés à Londres, ils auroient donné l’essor à leur génie & déployé leurs principes, que personne n’a bien connus.

411. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 390

Il a mis à la tête de plusieurs de ses Consultations imprimées : Moi, qui ne cede à personne, & à qui personne ne peut rien apprendre.

412. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Qu’importe la survivance du nom ou même de l’œuvre à qui ose espérer celle de la personne ? […] Père de la personne humaine ! […] C’est mon moi que je veux sauver, ô Père de la personne humaine ! […] Écris donc, puisque c’est ta destinée et que cela t’amuse et ne fait de mal à personne. […] Non, car il n’avait pas de génie, et les circonstances les plus favorables, quoi que l’on dise ou semble dire, n’en ont jamais donné à personne.

413. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Un fragment de lettre ou de conversation ; imaginé ou simplement encadré au chapitre des Jugements : Il disoit que l’esprit dans cette belle personne étroit un diamant bien mis en œuvre, etc., est lui-même un adorable joyau que tout le goût d’un André Chénier n’aurait pas mis en œuvre et en valeur plus artistement. […] La rêverie, enfin, à côté des personnes qu’on aime, apparaît dans tout son charme chez La Bruyère. […] Charpentier, qui, en sa qualité de partisan des anciens, le mit lourdement au-dessous de Théophraste ; la phrase, dite en face, est assez peu aimable : « Vos portraits ressemblent à de certaines personnes, et souvent « on les devine ; les siens ne ressemblent qu’à l’homme. […] Ceux qui s’attachent à ce genre d’écrire devroient être persuadés que la satyre fait souffrir la piété du Roi, et faire réflexion que l’on n’a jamais ouï ce Monarque rien dire de désobligeant à personne. […] Boyer n’a jamais offensé personne. » — Je m’étais mis, comme on voit, fort en frais de conjectures, lorsque Trublet, dans ses Mémoires sur Fontenelle, page 225, m’est venu donner la clef de l’énigme et le nom des masques.

414. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Genoude, pourtant, n’avait trompé personne ; mais, cherchant fortune sur la route du monde, il avait d’abord été lié avec des groupes d’ecclésiastiques ; puis, ayant rencontré des groupes de royalistes qui lui offraient la naissance, la fortune et l’amour dans l’union d’une jeune personne inespérée, il s’était laissé séduire et avait abandonné ses premiers patrons, mais il avait gardé l’estime de ceux qui étaient plus sensibles à l’amitié qu’à l’esprit de parti. […] Elle avait emmené une jeune personne, mademoiselle de Fauveau, célèbre pour son rare talent de sculpteur, qu’elle continua de perfectionner à Florence. […] Les mouvements d’un grand peuple bien compris sont presque toujours plus humains que les passions d’un parti ; il n’a personne à craindre et personne à flatter. […] Aubry-Foucault ; il a essayé de tout et tout s’est brisé dans sa main ; il est depuis six mois abandonné de tout le monde, excepté de ma femme qui lui raccommode ses habits, et de moi qui lui fais partager mon pauvre repas, et de temps en temps les misérables économies que je tiens de son respectable père. — Et n’y a-t-il personne qui s’intéresse à lui et qui vous aide ? — Personne, monsieur, sauf quelques amis de son enfance, qui vivent en Auvergne et qui l’invitent quelquefois à aller passer une semaine ou deux dans leur désert. — Envoyez-le chez moi, je vais tenter un moyen de lui être utile.

415. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Read, Henri-Charles (1857-1876) »

Personne, parmi les plus habiles ne l’a peut-être égalé dans l’art antique de choisir les épithètes. […] Philippe Gille Voici une nouvelle édition des Poésies d’Henri-Charles Read, ce poète mort à l’âge de dix-neuf ans et laissant déjà une œuvre qui peut donner la mesure de la perte que les lettres ont faite en sa personne.

416. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — Q. — article » p. 568

Les personnes qui ont lu son Essai physique sur l’économie animale, conçoivent encore une meilleure idée de ses talens. […] Quesnay a pu se tromper quelquefois, personne ne paroît plus fait pour atteindre à la vérité, & ses méprises sont de l’espece de celles qui échappent aux lumieres les plus étendues.

417. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Bien des personnes qui n’ont connu son nom que par ce dernier conflit ont conçu l’idée la plus fausse de M. d’Alton-Shée, dont les origines sont en effet assez complexes et dont la formation intellectuelle n’est pas simple. […] A ces honorables sexagénaires, on aurait pu faire remarquer que M. d’Alton-Shée n’avait pas encore soixante ans ; que dans son geste, son allure, dans toute sa personne, il y a toute la prestesse et la vivacité d’un homme encore jeune : il est vrai que la vue lui fait défaut. […] Étant en garnison à Boulogne, il y connut une jeune personne de la bourgeoisie et l’épousa. […] Son mérite, que j’ai entendu apprécier dans mon enfance par des personnes qui l’avaient bien connu, était autre encore que celui d’un brave. « D’Alton aîné connaissait les hommes. » Ce jugement, que je ne songeais point alors à recueillir, est resté gravé dans mon esprit.

418. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Qui oserait dire que dans beaucoup de cas, et en dehors des lésions tout à fait caractérisées, le contact d’une personne exquise ne vaut pas les ressources de la pharmacie ? […] C’était une opinion universelle, non-seulement en Judée, mais dans le monde entier, que les démons s’emparent du corps de certaines personnes et les font agir contrairement à leur volonté. […] Les personnes qui résident en Orient sont parfois surprises de se trouver, au bout de quelque temps, en possession d’une grande renommée de médecin, de sorcier, de découvreur de trésors, sans qu’elles puissent se rendre bien compte des faits qui ont donné lieu à ces bizarres imaginations. […] Une bizarrerie, en apparence inexplicable, c’est l’attention qu’il met à faire ses miracles en cachette, et la recommandation qu’il adresse à ceux qu’il guérit de n’en rien dire à personne 757.

419. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Sa prédication, grâce à l’extrême liberté dont on jouissait en Galilée et au nombre des maîtres qui s’élevaient de toutes parts, n’eut d’éclat que dans un cercle de personnes assez restreint. […] Un philosophe critique eût dit à ses disciples : respectez l’opinion des autres, et croyez que personne n’a si complètement raison que son adversaire ait complètement tort. […] Le peuple, dont l’instinct est toujours droit, même quand il s’égare le plus fortement sur les questions de personnes, est très facilement trompé par les faux dévots. […] L’antipathie qui, dans un monde aussi passionné, dut éclater tout d’abord entre Jésus et des personnes de ce caractère, est facile à comprendre.

420. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Il est donc vraisemblable que le prodige dont il s’agit ne fut pas un de ces miracles complètement légendaires et dont personne n’est responsable. […] Peut-être aussi l’ardent désir de fermer la bouche à ceux qui niaient outrageusement la mission divine de leur ami entraîna-t-elle ces personnes passionnées au-delà de toutes les bornes. […] Les personnes qui en avaient été témoins se répandirent dans la ville, et en parlèrent beaucoup. […] On comprend, en effet, que sous ce régime de pontificat annuel et transmis à tour de rôle selon le caprice des procurateurs, un vieux pontife, ayant gardé le secret des traditions, vu se succéder beaucoup de fortunes plus jeunes que la sienne, et conservé assez de crédit pour faire déléguer le pouvoir à des personnes qui, selon la famille, lui étaient subordonnées, devait être un très important personnage.

421. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Malheureusement il faut plus que ces dons charmants pour faire de l’histoire, et même de l’histoire diplomatique, qui n’est pourtant que de l’histoire dédoublée, désossée, — un os à ronger pour la grande Histoire ; et il faut plus que cela encore pour opérer la résurrection du Lazare sur la personne morte de Hugues de Lionne, le ministre d’État enterré dans la gloire d’hommes bien plus grands que lui, — Mazarin et Louis XIV, — et il pouvait rester, sans injustice, dans la splendeur d’un pareil tombeau ! […] Il eut cette rare chance d’être deviné et apprécié par trois grands hommes d’État qui se connaissaient en hommes : — Richelieu, Mazarin, Louis XIV, — le Dieu en trois personnes de la Monarchie absolue ! […] … Ce travailleur infatigable, mais à la suite ; ce premier, mais parmi les seconds ; cet instrument flexible, aiguisé, toujours prêt à la main qui le saisissait ; cette plume experte et à grand style, qui s’assimilait et traduisait presque avec majesté les inspirations de ses maîtres ; ce négociateur aux aptitudes et aux attitudes imposantes, mais qui, en somme, ne commanda nulle part en chef et ne gagna jamais en personne de grande bataille diplomatique, est-il réellement de stature d’Histoire ? […] Les autres négociations qui suivirent, comme, par exemple, le mariage de Louis XIV et le traité des Pyrénées, quoique plus heureuses et plus brillantes, n’eurent pas, non plus, en ce qui concerne Lionne, le caractère d’action et de domination personnelle qui rapporte à un homme cette espèce de gloire qui est la vraie gloire, et qu’on ne partage avec personne… Lionne a toujours partagé avec quelqu’un… J’ai dit les facultés qu’il avait ; mais les résultats auxquels il arriva par elles ne furent jamais en équation avec ces facultés.

422. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Prévost-Paradol » pp. 155-167

Accepté, non pas seulement par les Débats, mais par l’opinion, sur un pied très flatteur d’écrivain sans avoir jamais été contesté une minute par personne, lorsque le talent le plus robuste et même le génie le sont quelquefois si longtemps par tout le monde, — plus heureux en cela que M.  […] Je n’ai de haute main sur les ridicules de personne. […] dans une oisiveté désolante, il ne croyait pas à autre chose qu’à ces deux messieurs en sa personne et à leurs talents cachés, qu’il eut fait reluire au soleil de la vie publique si seulement, il y a quelques années, il avait été au Journal des Débats. […] Homme d’esprit dans le sens le plus léger du mot, doué d’un de ces genres de talent que je ne nie point, mais qui n’était pas de nature à donner de grandes jalousies à personne, Prévost-Paradol est arrivé, dès les premiers pas qu’il a faits dans la littérature, à monter les trois échelons, mystérieux toujours quoique très connu, après lesquels en France, dans ce pays de la moquerie despotisé par les coutumes dont on se sera le plus moqué, il ne reste rien de bien difficile à grimper.

423. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

On est toujours quelqu’un ; on est donc toujours personnel… Et ceux qui veulent que la Critique fasse abstraction de la personne qui est toujours derrière un livre pour en expliquer le dedans, ou ne connaissent rien à la façon dont sont faites les œuvres des hommes, ou sont des esprits lâches, s’abdiquant eux-mêmes par lâcheté et prenant toutes les précautions de la lâcheté quand ils frappent. […] Et à cette manière de citer Fréron, il n’y a d’exception, dans ce livre, où je ne vois personne, bœuf ou taureau, pris aux cornes par ce rude toucheur qui était de force à les rompre, qu’en faveur de Voltaire. […] L’invulnérabilité, cette qualité presque surhumaine, fut le caractère de la critique de Fréron et de sa personne, — le caractère de son caractère tout entier. […] Je l’ai déjà dit, les philosophes l’insultèrent comme jamais personne peut-être, dans l’Histoire littéraire, ne fut insulté.

424. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Plus que personne, Lavallée était en position de nous donner sur Saint-Cyr un livre intéressant et riche de détails. […] Seulement, si complet qu’il continue d’être, nous ne croyons pas que la seconde partie, qui nous est inconnue, ait pour personne l’intérêt si vif et si incessamment attisé de la première, et cela en vertu d’une foule de raisons. […] Les idées et les sentiments de ce siècle, si splendidement civilisé, se réfléchissaient et se raffinaient en ces jeunes personnes chez qui l’éducation s’ajoutait à la race, de même que les choses les plus grandes qui nous environnent peuvent se réfléchir dans une des facettes de la pierre précieuse qu’on porte au doigt, tout en s’y opalisant des propres couleurs de la pierre. […] Et, en effet, jamais personne plus digne des respects de l’histoire n’a été plus maltraité par elle que cette grande femme, qui fut pendant trente-deux ans reine de France sous cet étrange nom de Maintenon, qui dit presque sa destinée.

425. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Elles sont, en effet, le contraire de ce qu’on attendait, ces pitoyables et tristes lettres… et personne n’aura d’admiration à leur service, personne excepté MM. de Goncourt, qui phrasent de ces marivaudages sur elles : « Ces lettres de Sophie avec leur tour, leur franchise et leur premier coup, leur agrément libre et poissard, leurs larmes de si belle humeur, leur philosophie en chansons, leur coquetterie à la diable, leur esprit au petit bonheur, leurs charmes à l’aventure, leurs grâces salées… peuvent être le mets des plus délicats. » Ah ! […] Je n’y retrouve qu’épuisée, ramollie, finie, cette formidable Sophie Arnould qui faisait tout trembler devant son esprit, devant cette furie de mots coupants et vibrants que personne n’eut au même degré qu’elle, dans un temps où l’esprit dominait le génie et où les hommes de génie étaient encore plus des hommes d’esprit, comme Voltaire et Montesquieu… Allez ! […] Pour ces amoureux des personnes et des choses du xviiie  siècle, Sophie Arnould est peut-être jolie et même belle, malgré la laideur osseuse et mortifiée du portrait qu’ils nous en ont donné.

426. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

, impossible à jouer, Charles de Rémusat — à ce qu’il paraît — le lisait parfois, de son vivant, aux personnes dévouées d’esprit et d’oreille à ses œuvres. […] La Critique n’est la fille de personne que de la Vérité, et le plus noble langage d’un fils — fût-ce le Cid !  […] Charles de Rémusat, qui, en sa qualité de philosophe, aurait dû plus que personne se préoccuper de l’ordre et de la déduction nécessaires à toute œuvre de l’esprit, a oublié également l’un et l’autre dans la sienne… Au lieu de nous construire et de nous équilibrer un drame avec ses proportions harmonieuses, il s’est laissé couler et tomber dans le drame anarchique, grossier, élémentaire, qui lâche tout et ne s’astreint à rien, et est bien moins l’ensemble qu’on appelle un drame digne de ce nom, qu’une puérile succession de spectacles. […] Et, puisqu’il lisait trissotinement son drame dans les salons de son faubourg, un bas-bleu qui n’y a fait très certainement rougir personne !

427. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Ces monuments superbes ne font qu’attirer sur leurs cendres l’envie attachée autrefois à leurs personnes, à moins que la vertu ne consacre leur mémoire, et n’éternise pour ainsi dire cette fausse immortalité qu’on cherche inutilement dans des colonnes et des statues. » Il nous rappelle ensuite les idées de Rome, de Sparte et d’Athènes, qui eussent honoré le maréchal de Boufflers, comme elles honorent leur Miltiade, leur Phocion, les Caton, les Décius et les Fabrice. […] On a besoin de votre nom pour faire à nos descendants l’apologie de notre siècle ; ils douteront au moins de ses excès, quand ils sauront qu’il a produit en votre personne ce que nos pères avaient admiré dans les Du Guesclin, les Bayard et les Dunois, pour la gloire des rois, le salut de la patrie et l’honneur de la vertu. » Il n’y a personne qui, dans tous ces morceaux, ne reconnaisse le ton d’un orateur. […] Le prince de Conti, qu’il a loué, était ce petit neveu du grand Condé, si fameux par son esprit, sa valeur et ses grâces ; qui, à Steinkerque et à Nerwinde, déploya un courage si brillant ; qui, dans toute sa personne, avait cet éclat qui éblouit et impose encore plus que le mérite ; et que sa grande réputation et l’éloquence de l’abbé de Polignac placèrent pendant quelques jours sur un trône.

428. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

C’était un homme bien fait de sa personne, dont la physionomie calme n’annonçait rien moins qu’une imagination ardente. […] Personne ne s’informe si les portraits des grands hommes sont ressemblants. […] Après cela il se disposera à partir pour l’armée du Rhin, que Bonaparte ira commander en personne. […] Son caractère le poussait bien moins à cela que la personne que vous savez. […] Ces deux personnes vivaient à Florence, en 1823, lorsque Étienne eut occasion de les connaître et de les fréquenter.

429. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 61

Personne n’a mieux rendu les caracteres d’une morale sage, sensible, & embellie par les graces du style. […] Les jeunes personnes qui voudront se former le cœur & l’esprit, ne sauroient trop se nourrir de la lecture de ses Ouvrages.

430. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVI. Jésus au tombeau. »

Quelques heures de suspension à la croix paraissaient aux personnes habituées à voir des crucifiements tout à fait insuffisantes pour amener un tel résultat. […] Mais nous avons vu que, malgré son peu de succès à Jérusalem, Jésus avait gagné la sympathie de quelques personnes considérables, qui attendaient le royaume de Dieu, et qui, sans s’avouer ses disciples, avaient pour lui un profond attachement. Une de ces personnes, Joseph de la petite ville d’Arimathie (Ha-ramathaïm 1204, alla le soir demander le corps au procurateur 1205.

431. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Ce roman est une pastorale allégorique dans laquelle l’auteur a décrit ses propres amours dégagés de toute idée grossière, et où, « par plusieurs histoires et sous personnes de bergers et d’autres, sont déduits les divers effets de l’honnête amitié ». […] Le marquis d’Urfé devait en grande partie sa célébrité à sa longue et merveilleuse passion pour Diane de Châteaumorand, personne d’une admirable beauté, d’une grande fortune, toute occupée de ses charmes, et pénétrée du respect pour elle-même, au point d’avoir refusé à un neveu de s’arrêter une nuit dans un château qu’il avait sur une route où elle passait, parce qu’on y avait remplacé des vitres de cristal par du verre. […] Toutes ces circonstances étaient propres sans doute à mettre en vogue la première publication de L’Astrée, sans que personne s’en mêlât.

432. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 17, quand ont fini les représentations somptueuses des anciens. De l’excellence de leurs chants » pp. 296-308

Ces hommes nez plus industrieux que laborieux, et qui veulent toujours subsister d’un travail qui ne soit point pénible, ne pouvant plus vivre des profits du théatre qui les avoit nourris jusqu’alors, ou moururent de faim ou changerent de métier, et les personnes du même caractere qui vinrent après eux exercerent leurs talens dans d’autres professions. […] On voit par un passage d’Ammien Marcellin que le nombre des personnes qui de son temps vivoient à Rome des arts qui, pour ainsi dire, montoient sur le théatre, étoit prodigieux. […] Quand il y avoit un si grand nombre de personnes qui faisoient leur profession des arts musicaux ; faut-il s’étonner que les anciens eussent tant de méthodes et tant de pratiques relatives à la science de la musique, lesquelles nous n’avons pas.

433. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Capitaine de voltigeurs avec la croix, et une croix bien gagnée que personne n’est tenté de regarder en souriant, sera-t-il bientôt chef de bataillon ? […] L’idéal est une belle chose, mais il est bien loin et il a ses éclipses ; le public est une respectable personne, mais il est bien multiple, il a bien des visages et on ne le connaît pas. […] Dans la mesure où tout cela est présenté (et il faut en savoir gré aux éditeurs qui ont dû quelquefois choisir entre divers passages de la correspondance), personne n’a à se plaindre. […] Le 10 août, mauvais jour, nous nous sommes défendus pendant cinq heures pied à pied contre un saut aérien d’où personne ne serait redescendu par terre à l’état complet. […] Ma santé est déplorable, mais personne ne s’en apercevra les jours de bataille.

434. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Cette grâce du mouvement, ce pas cadencé, tout créole ou tout oriental, contrastaient tellement avec la vivacité un peu turbulente des femmes de Paris que j’en conclus sur-le-champ que cette belle personne était étrangère. […] — « Quelle est donc, lui dis-je avec l’accent d’un étonnement contenu, la personne qui vient de sortir de chez vous ? […] M. de Chateaubriand représentait à la fois dans sa personne un Louis XIV des lettres et un Racine de décadence. […] Quant à moi, je me hâtai de reporter mon attention sur ma mère, pour voir dans ses yeux ravis l’impression des noms et des personnes qui défilaient lentement de l’antichambre dans le grand salon sous les yeux de M. de Chateaubriand. […] La divine statue n’était descendue jusque-là pour personne de son piédestal ; l’audace de prétendre à une préférence ne se présentait à l’esprit de personne, comme si une telle préférence eût été quelque chose de trop divin pour un mortel.

435. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Montaigne a dit jadis : Je suis Français par Paris, et s’il pensait ainsi il y a trois siècles, que serait-ce depuis que l’on a vu réunies tant de personnes d’esprit dans une même ville, et tant de personnes accoutumées à se servir de cet esprit pour les plaisirs de la conversation ? […] Benjamin Constant s’approche de moi et me dit tout bas : « Voilà votre salon rempli de personnes qui vous plaisent. […] Joseph se crut obligé de n’y pas mettre les pieds pendant quelques semaines, et son exemple fut le signal que suivirent les trois quarts des personnes que je connaissais. […] J’acceptai, car je ne savais pas alors que je pouvais nuire à une personne si étrangère à la politique, je la croyais à l’abri de tout, malgré la générosité de son caractère. […] « Une personne de ma connaissance m’a raconté que peu de jours après la mort du duc d’Enghien elle alla se promener autour du donjon de Vincennes.

436. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

J’ai donc appris avec douleur que vous fréquentiez plus que jamais des gens dont le nom est abominable à toutes les personnes qui ont tant soit peu de piété, et avec raison, puisqu’on leur interdit l’entrée de l’Église et la communion des fidèles, même à la mort, à moins qu’ils ne se reconnaissent. […] D’ailleurs, excepté l’éloquence de la chaire qui éblouissait alors les temples dans la parole et dans la personne de Bossuet, l’éloquence civique et littéraire n’était pas née alors en France ; elle ne devait naître qu’avec la liberté. […] Corneille fait des vers cent fois plus beaux que les miens, et cependant personne ne le regarde. […] Mme de Maintenon et huit jésuites, dont était le père Gaillard, ont honoré de leur personne la dernière représentation. […] La seconde fut consacrée aux personnes pieuses, telles que le père Lachaise, et douze ou quinze jésuites auxquels se joignit Mme de Miramion, et beaucoup d’autres dévots et dévotes ; ensuite elle se répandit aux courtisans.

437. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 218

Despréaux, grimpé sur Parnasse Avant que personne en sût rien, Trouva Regnier avec Horace, Et rechercha leur entretien. […] En vérité je lui pardonne ; S'il n'eût mal parlé de personne, On n'eût jamais parlé de lui.

438. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

« Quels droits je lui ai donnés sur ma personne !  […] Personne, depuis Balzac, n’avait modifié à ce degré l’art du roman. […] La personne n’a pas produit cet équilibre. […] C’est pour cela aussi que tant vaut la personne, tant vaut la doctrine d’esthétique. […] Un étroit lien rattache notre vision des personnes et des objets à notre sensation de ces objets et de ces personnes.

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