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1125. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Ces deux conditions admises, c’est-à-dire la distance et l’esprit de parti, qu’arrive-t-il ? […] Dans ce Mémoire je demande de m’en aller à Paris avec la certitude d’être admis à parler à l’empereur sans intermédiaire ; je proteste expressément que jamais je ne dirai à aucun homme vivant (sans exception quelconque) rien de ce que j’entends dire à l’empereur des Français, pas plus que ce qu’il pourrait avoir la bonté de me répondre sur certains points ; que cependant je ne faisais aucune difficulté de faire à monsieur le général Savary, à qui le Mémoire était adressé, les trois déclarations suivantes : « 1º Je parlerai sans doute de la maison de Savoie, car je vais pour cela ; 2º je ne prononcerai pas le mot de restitution ; 3º je ne ferai aucune demande qui ne serait pas provoquée.

1126. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Je sais des juges instruits et de goût qui n’admettent pas la restriction. […] Il était digne d’y être admis.

1127. (1909) De la poésie scientifique

Le poète devra donc admettre la langue poétique sous son double et pourtant unique aspect : phonétique et idéographique, le sens usuel et la valeur émotive du son des mots étant requis en même temps, en concordance avec les idées directrices du poème. […] Elle est picturale, puisqu’il est admis une coloration des timbres vocaux et qu’elle la détermine aussi.

1128. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

L’accomplissement de cette tâche est un grand fait et l’effort qu’il suppose suscite peu à peu, chez le lecteur admis à suivre cette haute entreprise, le sentiment de tension spirituelle, les élans et les arrêts, les joies et les défaillances que l’auteur put éprouver. […] Il fallait donc que Tolstoï admît qu’il n’en est point ainsi et recourût à la réponse traditionnelle des religions ; mais cet espoir n’eût en rien atténué ses souffrances d’observateur essentiellement réaliste : ou que, par une haute opération intellectuelle, il accolât à l’idée générale de l’existence du mal, l’idée de sa nécessité, de son utilité, de sa diminution graduelle par l’effet de lentes causes auxquelles lui-même coopère, et qu’il se sentît participant à celle futurition d’un bien universel, par la notion de sa permanence dans le tout ; mais le cerveau de Tolstoï était incapable de ces spéculations, et ni ses observations en se fondant en types, ni sa faculté verbale en substituant à chaque chose individuelle sa désignation générique, ne l’ont conduit aux généralisations et aux idées.

1129. (1894) Textes critiques

Ce qui ne m’empêche pas d’admettre Qu’on puisse voir, enfin, Abhorré de Salzac Sous le dôme immortel qui coiffe les Quarante, Prendre place, à son tour, la palme verte au frac, Dans un des fauteuils à douze cent francs de rente La Plume Le spectacle s’est terminé par un aimable et solennel vaudeville. […] Mais il y a mieux. — Il y a les gens qui se remuent depuis dix ans en faveur du vers libre et qui admettent pour champion Catulle Mendès parnassien cinquantenaire.

1130. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Mais ces survivants de l’époque antédiluvienne n’avaient pas seulement sauvé leur vie ; ils avaient sauvé aussi leur intelligence et leur mémoire ; ils avaient transmis aux patriarches leurs premiers descendants, soit aux fils de Noé, si l’on admet la version biblique, soit aux fils des races indiennes, éthiopiennes, chinoises, si l’on admet les traditions de ces peuples de l’extrême Orient, ils avaient transmis quelques vestiges des vérités, de la révélation, de la philosophie, de la théologie que l’humanité antédiluvienne possédait depuis sa sortie de ce qu’on appelle Éden ; crépuscule du soir après un jour éclatant.

1131. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Mme de Staal de Launay, dans ses ingénieux Mémoires, a immortalisé cette petite scène de raccommodement qui eut lieu à souper, le 5 avril, dimanche d’avant Pâques de 1716 : ce jour des Rameaux n’était pas choisi sans dessein pour le pardon chrétien des injures : Avant que je fusse à la Bastille, écrit Mlle de Launay, M. de Valincour m’avait fait faire connaissance avec M. et Mme Dacier ; il m’avait même admis à un repas qu’il donna pour réunir les anciens avec les modernes.

1132. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Mais admis à parler devant le jeune roi, il apprit vite à corriger ce genre de saillies et à les réprimer.

1133. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Règle générale : pour les poètes et gens de lettres qui se retirent en province après un premier éclat (je parle toujours de la province telle qu’elle était alors, aujourd’hui j’admets que tout est changé), pour ces esprits et ces talents qui ne se renouvellent pas, qui se continuent seulement et qui vivent jusqu’à la fin sur le même fonds, il faut toujours en revenir, pour les bien connaître, à la date de leur floraison première.

1134. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

On a beau admettre toutes les formes de maturité et d’expérience ; on a beau se dire que Charron était un de ces esprits à qui il n’est pas donné de faire leur initiation par eux-mêmes, de se donner l’impulsion, qui l’attendent d’autrui, mais qui n’ont besoin que de ce premier mouvement, de cette chiquenaude du voisin, pour prendre leur assiette et arriver à la pleine possession de leur pensée ; on a beau se donner cette explication, il reste un coin d’obscurité et d’incertitude.

1135. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Puis, passant en un instant de l’extrême familiarité à la solennité, il leur déclare comme faveur suprême qu’il les admet.

1136. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Cependant il se formait à cette époque, et surtout chez les jésuites, toute une génération polie, assez mondaine, qui avait un pied dans la littérature du temps et un autre dans la littérature scolaire, et qui sut faire de la poésie latine une branche de côté, une plate-bande étroite, mais encore admise dans le riche parterre du grand règne.

1137. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Mlle de Rambouillet disait des douceurs que répandait Voiture en conversant ou en écrivant des lettres : « C’est toute poésie. » II était trop paresseux, trop insoucieux de l’avenir, pour travailler ses vers : ayant eu à copier je ne sais quelle de ses pièces qu’on lui avait demandée en Angleterre, il dit « que ce sont les seuls vers que jamais il ait écrits deux fois. » J’admets qu’il se vante un peu, mais cette affectation de négligence équivaut à la négligence même.

1138. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Il n’y a que l’article du militaire qui m’importe trop pour que je puisse y admettre des ménagements pour personne.

1139. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Quoique tout semble perdu, il nous reste des choses qu’on ne pourra nous enlever : c’est la fermeté et les sentiments du cœur. » Cependant, Frédéric discutait librement avec elle de ses résolutions tragiques, de leur commune et unanime destinée ; il sentait la force des raisons qu’on lui opposait, et il les admettait en partie : Si je ne suivais que mon inclination, je me serais dépêché d’abord après la malheureuse bataille que j’ai perdue ; mais j’ai senti que ce serait faiblesse, et que c’était mon devoir de réparer le mal qui était arrivé.

1140. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Cependant, l’office de l’art est-il de ne vouloir pas consoler, de ne vouloir admettre aucun élément de clémence et de douceur, sous couleur d’être plus vrai ?

1141. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Quand elles furent parties, je me dis qu’il fallait sans doute que de plaider sa cause à genoux fût un usage admis chez quelques députés, et je me rendis bientôt chez celui de mes collègues chez qui ces dames ensuite étaient entrées.

1142. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

En même temps que la forme de son intelligence n’admet que le système absolu, la nature de son âme aussi n’est capable que d’affections extrêmes.

1143. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Un pauvre enfant, qui devait un jour devenir principal de Montargis, Jean Stondonck, venait à pied de Malines à Paris pour être admis à cette sévère école, travaillait le jour sans relâche, et la nuit montait dans un clocher pour y travailler encore aux rayons gratuits de la lune.

1144. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Il est au courant de tout, il s’intéresse à tout, il a de l’admiration pour tout ce qui peut en admettre.

1145. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

quand y serai-je admis pour n’en plus sortir !

1146. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Phédria a été chassé, tenu dehors par Thaïs qui lui a fait refuser sa porte, tandis qu’un autre a été admis : il peste, il s’indigne, il se méprise lui-même, pour sa lâcheté, de sentir qu’il l’aime encore ; il prend de grandes résolutions : elle paraît, tout ce courage s’évanouit.

1147. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Il a dans la pensée un type de théâtre à lui, une scène idéale de magnificence et d’éclat, de poésie en vers, de style orné et rehaussé d’images, de passion et de fantaisie luxuriante, d’enchantement perpétuel et de féerie ; il y admet la convention, le masque, le chant, la cadence et la déclamation quand ce sont des vers, la décoration fréquente et renouvelée, un mélange brillant, grandiose, capricieux et animé, qui est le contraire de la réalité et de la prose : et le voilà obligé de juger des tragédies modernes qui ne ressemblent plus au Cid et qui se ressemblent toutes, des comédies applaudies du public, et qui ne lui semblent, à lui, que « des opéras-comiques en cinq actes, sans couplets et sans airs » ; ou bien de vrais opéras-comiques en vogue, « d’une musique agréable et légère, mais qui lui semble tourner trop au quadrille. » Il n’est pas de l’avis du public, et il est obligé dans ses jugements de compter avec le public.

1148. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Un moraliste à la façon de Nicole les a très-bien définis en ces mots : « Ce sont des esprits trop remplis d’eux-mêmes et des images présentes qui les occupent, pour pouvoir s’ouvrir et faire place en eux à d’autres idées que les leurs, et surtout quand il s’agit d’admettre et de comprendre les choses du passé. » De ces esprits exclusivement voués au monde moderne, aux impressions actives de chaque jour, et qui ne sauraient s’en déprendre, il en est, d’ailleurs, je le sais, de bien fermes et, à tous autres égards, d’excellents.

1149. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Moyennant ce biais, de simples Cours de Justice étaient admises à trancher à petit bruit des questions diplomatiques restées plus ou moins douteuses.

1150. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Marie-Antoinette ne parle en tout ceci que d’après Marie-Thérèse, sans élever ni admettre aucune objection, et l’on peut dire que, cette fois, c’est en obéissant trop docilement à son illustre mère qu’elle manque à faire son métier de reine : « Après avoir causé avec Mercy sur le mauvais état des affaires, j’ai fait venir MM. de Maurepas et de Vergennes ; je leur ai parlé un peu fortement, et je crois leur avoir fait impression, surtout au dernier.

1151. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Mais j’en reviens là, Sire, n’admettez aucun délai ni aucune difficulté ; on ne veut pas vous lier les mains, mais on veut espérer… » Ce sont là de bons, de justes et même de sages et raisonnables sentiments.

1152. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Sans s’attendre à le trouver parfait, ce qui ne serait pas seulement de la simplicité, mais de la folie, on se figure qu’entre lui et le type idéal qu’on s’en est formé d’après les maximes spéculativement admises, il existe au moins quelque analogie.

1153. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Mais on est tenté d’oublier ces portions magnifiques quand on songe à tant d’autres récidives simplement opiniâtres, à cette absence totale de modification et de nuance dans des théories individuelles que l’épreuve publique a déjà coup sur coup jugées, à ce refus d’admettre, non point en les louant au besoin (ce qui est trop facile), mais en daignant les connaître et en y prenant un intérêt sérieux, les travaux qui s’accomplissent, les idées qui s’élaborent, les jugements qui se rassoient, et auxquels un art qui s’humanise devrait se proportionner.

1154. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

En vérité, bien que La Fontaine n’ait pas cessé d’essayer et de cultiver à ses moments de loisir son talent, depuis le jour où l’ode de Malherbe le lui révéla, j’aime beaucoup mieux croire à sa paresse, à son sommeil, à ses distractions, à tout ce qu’on voudra de naïf et d’oublieux en lui, qu’admettre cet ennuyeux noviciat auquel il se serait condamné.

1155. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Puis il en vient aux ridicules et aux politesses hautaines de la noble société qui daigne l’admettre, à la dureté de ces grands pour leurs inférieurs, à leur excessif attendrissement pour leurs pareils ; il raille en eux cette sensibilité distinctive que Gilbert avait déjà flétrie, et il termine en ces mots cette confidence de lui-même à lui-même : « Allons, voilà une heure et demie de tuée ; je m’en vais.

1156. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Lebrun-Tossa, son ami alors et son collaborateur en perspective, non pas un projet de canevas, mais une véritable pièce en trois actes et en vers, presque semblable en tout à celle qui est imprimée sous le titre de Conaxa, et qu’il en tira, comme c’est le droit et l’usage de tout poëte dramatique admis à reprendre son bien où il le trouve, une comédie en cinq actes et en vers, appropriée aux mœurs et au goût de 1810, marquée à neuf par les caractères de l’ambitieux et du philanthrope, et qui mérita son succès.

1157. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Elle n’admet pas cette retraite définitive de la mer.

1158. (1886) De la littérature comparée

Tant qu’on a considéré le Beau littéraire comme un absolu, ou, plus exactement peut-être, tant qu’on n’a pas tenté l’analyse du Beau littéraire, la critique a pu demeurer ce qu’elle avait été à ses débuts, ce qu’on la voit dans les « Examens » de Corneille et de ses contemporains, dans le « Spectator » d’Addison, dans la « Dramaturgie de Hambourg » de Lessing : une discussion conduite en vue de rechercher si l’œuvre étudiée s’éloigne ou se rapproche d’un certain type d’œuvre admis comme type idéal ; si elle respecte ou viole certaines règles, tirées de l’examen des chefs-d’œuvre antiques et acceptées par une convention d’ailleurs tout arbitraire ; ou même, simplement, si elle plaît ou déplaît, soit au critique lui-même, soit à un groupe de personnes qu’il croit représenter, et qu’il appelle suivant les époques les « bons esprits » les « lettrés », le « public ».

1159. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Les lecteurs même qui ne voudraient pas remonter bien haut, ni se jeter dans la curiosité érudite, ceux qui ne voudraient se composer qu’une petite bibliothèque française toute moderne ne sauraient se dispenser d’y admettre et Montaigne et Commynes.

1160. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Admis dans l’intimité de la princesse et de Mme de Maintenon, traité sur le pied d’un bel enfant espiègle et spirituel, il ne tarda pas à prendre les licences que prend cet effronté de Chérubin près de sa marraine, et s’émancipa si bien qu’il ne fallut rien moins que la Bastille pour le remettre à la raison et satisfaire la colère du roi.

1161. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Je n’ai le droit d’exprimer aucun jugement personnel sur un prince que la versatilité française est en train d’exalter et d’amplifier pour le moment, après l’avoir précipité ; seulement je sais qu’un jour, pendant cinq courtes minutes, trois académiciens étaient admis en sa présence, et qu’il trouva moyen de leur dire la date de la fondation de l’Académie de la Crusca, ce qu’aucun des trois ne savait ; et il n’était pas fâché de le dire.

1162. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Dès cette époque, dans des Observations sur les maîtrises, sur les règlements, les privilèges et les prohibitions qui intéressent les progrès de l’industrie (1801), il se prononçait pour une liberté sage, non absolue ; il admettait quelques restrictions, sans rien d’exclusif, et il faisait preuve de connaissances pratiques et positives.

1163. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

On était dans un embarras extrême, ne pouvant se décider à l’admettre et n’osant le refuser.

1164. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Cela était vrai surtout de la Provence, de la Nation provençale comme on disait, chez laquelle le roi n’était admis à faire les lois qu’à titre d’héritier des comtes souverains du pays.

1165. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Vous pourriez aisément déployer vos excellents talents de raisonnement sur un moins hasardeux sujet, et par là obtenir un rang parmi nos auteurs les plus distingués : car parmi nous, il n’est pas nécessaire, comme chez les Hottentots, qu’un jeune homme, pour être admis dans la compagnie des hommes, donne des preuves de sa virilité en battant sa mère.

1166. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Lucien, qui se moque de ces historiens prétendus poétiques, qui ont, au début, des invocations pleines d’emphase, Lucien, qui veut de la simplicité dans l’histoire, admet pourtant que le style y participe, en certaines occasions, de la poésie : « Il faut alors qu’un petit vent poétique enfle les voiles du navire, et le tienne élevé sur le sommet des flots. » Il ne veut point que la diction s’élève trop, il suffit que la pensée soit un peu plus haut que l’expression, celle-ci à pied et tenant de la main, comme en courant, l’autre qui est montée et qui devance.

1167. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

J’aime le déshabillé d’un esprit charmant, je ne puis admettre cette nudité que l’Arsinoé de Molière aime tant.

1168. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

L’amour de la spécialité, cette furie de la médiocrité d’un temps qui remplacera incessamment le talent par le métier, l’amour de la spécialité ne nous a pas à ce point brouillé la cervelle que nous ne puissions très bien admettre des livres où l’imagination étend sa couleur inspirée sur les notions exactes de la science et rêve parfois à côté… Entre les savants purs et les poètes ou les écrivains de sentiment et de fantaisie, il y a des écrivains intermédiaires, ayant les deux dons à la fois, dans des degrés différents, qui savent composer des livres moins austères que la science, mais non pas cependant frivoles parce que l’imagination y ajoute son charme.

1169. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Si l’on excepte les élèves qui croient sur parole, les professeurs qui croient par état, et les inventeurs qui croient à titre d’inventeurs, on trouve que sur la foule, savants, jeunes gens et gens du monde, cette philosophie n’a plus de prise, Ceux-ci admettent comme l’école Dieu, l’âme, le devoir ; mais l’obligation en est au catéchisme et à l’opinion plus qu’à l’école.

1170. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

C’est une opinion qui n’aurait aucune chance d’être admise, et les meilleurs raisonnements du monde, et les faits les plus éclatants, n’y pourraient rien. On ne revient pas facilement sur les idées universellement admises, et chacun des hommes de lettres porte toujours la marque des impressions premières et des premiers jugements. […] Avoir admis tous ces regards Et avoir épuisé les miens à leur rencontre Et, désormais, ne plus pouvoir fermer les yeux. […] Comment admettre aussi que les Belges, si hospitaliers, si passionnés d’art, les premiers toujours à bravement accueillir nos œuvres libres, à les défendre contre les routines de la critique asservie ou indifférente, les premiers à les arracher de l’ombre où, chez nous, tout conspire, tout s’acharne à les ensevelir, les premiers à les acclamer, à les réaliser dans leur forme vivante, comment admettre que ces Belges ne sont que des singes, ou qu’ils ne sont pas ? […] En dépit des nombreuses atteintes qui ont terni son prestige, nous ne pouvons pas admettre facilement qu’elle torture quelqu’un, pour le plaisir, et qu’elle se fasse un jeu de la douleur des autres.

1171. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Il est au courant de tout, il s’intéresse à tout, il a de l’admiration pour tout ce qui peut en admettre. […] Quand la nature est pleine de variétés et de moules divers, et qu’il y a une infinité de formes de talents, pourquoi n’admettre et ne préférer qu’un seul patron ? […] Ce que rejette Ampère, ce qu’il admet pour commencer me paraît tout à fait arbitraire et dépendre moins d’une méthode que d’une impression personnelle et d’une espèce de divination qu’il aurait acquise en vivant beaucoup dans les mêmes lieux et en dormant dans l’antre de la sibylle.

1172. (1932) Le clavecin de Diderot

En effet, une nation dont la morale n’a cessé d’obéir au grand principe : un sou est un sou, comment n’aimerait-elle point à se rappeler qu’en un temps reconnu pour celui où s’exprima le mieux son génie, le peintre officiel des passions, admis à la cour du Grand Roi, dans la théorie des princesses, les unes, larmoyantes, les autres vindicatives, mais toutes uniformément chargées de falbalas, jamais ne reconnut par la bouche de leurs majestueux amants, que des objets de désir. […] Et certes, pour que les affirmations : Tu es ma chose, je te possède et les acquiescements : Je suis ta chose, prends-moi, fussent devenus des cris réflexes de la jouissance, il fallait bien que l’inégalité eût été, une fois pour toutes, admise entre et par les éléments du couple. […] Cette affection, quel moyen de faire admettre que j’y avais renoncé, parce que ne m’avait pas semblé assez féminine11 celle à qui j’eusse dû la vouer ! […] De négations en négations, vont ainsi les idéalistes, ces philosophes qui, selon Diderot, n’ayant conscience que de leur existence et des sensations qui se succèdent en eux n’admettent pas autre chose.

1173. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Un littérateur qui lui succéda dans cette même enceinte, Chénier, conçut, avec plus de raison, le plan qui admettait les idées universelles en mélange avec la littérature. […] Ce genre admet peu de développements, et n’est jamais meilleur que par l’intérêt de situations. […] Il frappe l’âme par des objets graves et touchants que l’autre genre n’a pas même la permission d’admettre ; et qui, sans le drame, seraient perdus pour les spectateurs, à moins que la comédie ne dégénérât elle-même, en imitant la mollesse de La Chaussée, accusé justement d’avoir fait larmoyer Thalie. […] Leur exclusion intolérante des beautés qui ressortent de chaque autre méthode admise par les étrangers, leur fait préférer les vices même d’un trop étroit attachement aux règles, à la certitude de plaire et d’émouvoir au prix de quelque inexactitude. […] (A) Quelle nécessité d’admettre un sujet non susceptible de l’application des règles, et de quitter la trace des poètes athéniens et des modèles français ?

1174. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il ne contrariait décidément personne : ni le moyen âge qui l’avait admis, ni la Renaissance, dont il était comme la forme extérieure et l’écorce brillante ; il n’y avait guère que Genève qu’il désobligeât un jeu, justement parce qu’il était un moyen terme. […] Il n’est pas sans avoir admis quelques nouveautés assez intéressantes pour le temps où il écrivait. […] Cette strophe est déjà peut-être un peu longue pour l’admettre. […] Le paradoxe c’est quelquefois une simple vérité qui a contre elle de n’être pas généralement admise. […] Un peu de nous et beaucoup de lui, c’est ce qui nous sauve. — Toujours un peu et beaucoup dans des choses qui n’admettent, par définition, que rien et tout !

1175. (1925) Proses datées

On fut admis à pénétrer dans ce sanctuaire dont M. de Montesquiou faisait les honneurs avec une bonne grâce qui n’allait pas sans quelque condescendance. […] Que Hugo n’ait pas été, dans cette occasion, un très bon confrère, admettons-le ; mais ce qui, au fond, paraît surtout indisposer Dumas fils contre Hugo, c’est que la gloire de ce dernier éclipse celle de Dumas père. […] En effet, les adversaires même du romantisme reconnaissent la nécessité et l’utilité de sa présence et admettent les ressources qu’il apporte en sensibilité, en pittoresque, en mouvement, la riche et abondante matière qu’il offre, la liberté d’expression qu’il permet, et dont c’est au classicisme à tirer parti en imposant à ces éléments de vitalité et de passion sa discipline et sa méthode, son ordre et son harmonie, en refrénant ses écarts et en modérant ses audaces. […] Admis très jeune dans les Fermes générales, en 1721, après un passage aux mousquetaires gris, dans la compagnie du marquis de Maupertuis et de Joseph d’Artagnan, il y demeura jusqu’en 1762 et s’acquitta toujours honorablement de sa charge. […] Ses preuves faites pour être admis au nombre des jeunes gentilshommes que le Roi faisait élever à son Ecole Militaire, il en sortit en 1761, des quatre premiers, avec la pension d’usage et la Croix de l’Ordre de Saint-Lazare et de Notre-Dame-du-Mont-Carmel qu’on leur donnait.

1176. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Il nous parle des balourdises qu’il fait dans les premiers dîners élégants où il est admis. […] je vois bien qu’il faut admettre l’histoire, — sur laquelle, au surplus, aucun des plus grands admirateurs de Rousseau, au xviiie  siècle, excepté Sébastien Mercier, n’a jamais eu de doutes. […] Il ne veut pas, il ne peut pas admettre ce tour et cette attitude d’esprit qui font qu’on raille parfois ce qu’on respecte, et qu’on prétend le respecter tout de même. […] Or, qu’Alceste soit ridicule, et par conséquent Jean-Jacques, Jean-Jacques n’admet pas ça. […] Mais en outre il faut bien admettre que sa personne avait, non seulement de la saveur, mais un charme réel : car nous voyons que jamais les enthousiastes de ses livres ne se sont refroidis sur lui quand ils l’ont connu, — ou que le refroidissement n’est venu qu’à la longue.

1177. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Non seulement il admet, mais il veut que nous soyons plus personnels que cela, parce que c’est le seul moyen pour que nous soyons intéressants. […] J’admets à la rigueur : « Un bonheur qui paisible dure. » C’est « paisible » pour « paisiblement ». […] C’est très généralement admis pour Marmontel et pour La Harpe. […] Remarquez que Taine, dont vous semblez vous inspirer, admet quelque amendement, quelques modifications au costume du dix-septième siècle : « Augmenter un peu la magnificence des broderies et dorures, accepter un casque vaguement antique avec panache chevaleresque. » Il admet le casque ; il dit : « Passez-moi le casque !  […] Cependant, j’admets pour les commodités et la brièveté de la discussion, que le peuple soit antipornographique.

1178. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Il n’admet guère qu’une manière d’aimer et de servir l’État et son maître, qui est la sienne.

1179. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

S’il les avait réellement faits comme on l’a admis pendant longtemps, sa réputation n’aurait certes pas à y gagner, et il y a lieu de craindre que la Fronde en le dissipant, en le livrant sans réserve à ses instincts d’opposition et de satire, ne lui ait fait perdre l’habitude plus grave et plus contenue qui sied à l’historien.

1180. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

On dirait que les objets sont nés dans le monde le jour ou il les a vus… J’ai déjà remarqué ailleurs93 qu’à l’autre extrémité de la chaîne historique on a tout le contraire de cette impression, quand on lit nos graves professeurs d’histoire d’aujourd’hui, nos auteurs de considérations politiques d’après Montesquieu, mais plus tristes que lui, tous ceux qui cherchent et prétendent donner la raison de tous les faits, l’explication profonde de tout ce qui se passe, qui n’admettent sur cette scène mobile ni l’imprévu, ni le jeu des petites causes souvent aussi efficaces que les grandes ; esprits de mérite, mais ternes et laborieux, ployant sous le faix de la maturité autant que Joinville errait et voltigeait par trop de candeur et d’enfance94.

1181. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Il fut mis d’abord rue de Charonne, dans une institution fondée par MM. de Dangeau, où l’on élevait, aux frais des fondateurs, une vingtaine de jeunes gentilshommes chevaliers de Saint-Lazare, et où l’on admettait, pour l’émulation, d’autres enfants payants.

1182. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Admettez que tous les Jésuites aient ressemblé à Bourdaloue pour la doctrine, ce qu’on a appelé jansénisme devenait inutile et n’avait plus de raison d’être.

1183. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

M. de Balzac et d’autres, à leur heure, n’ont eu qu’à désirer pour y être admis : avant 1830 c’était matière à négociations, et, à moins d’être d’un certain coin politique, on n’y parvenait pas.

1184. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Il était depuis 1805 intendant général de la maison de l’Empereur, ce qui, de la part du souverain, indiquait le désir de le tenir habituellement rapproché de sa personne et de l’admettre à toute heure à son entretien.

1185. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

À peine admise dans cet intérieur discret, elle s’y plut autant qu’elle y charma ; elle y apportait ce qui y avait manqué jusque-là, de la nouveauté et de la fantaisie.

1186. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Lui-même né et sorti des lettres, il n’aurait pu leur faire la moindre injure sans manquer à son passé ; il a donc, dans une combinaison qui est son œuvre, concilié son culte pour elles, le culte de la tradition, avec la part légitime que réclamaient des sœurs rivales, et qui, si elles n’étaient admises, allaient devenir impérieuses.

1187. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Sur quoi Saint-Simon ajoute au plus vite cette explication : « C’est qu’il n’y ayant plus de filles d’honneur que les deux souffertes à Mme la princesse de Conti, il n’y avait plus personne pour quêter. » Mais cette incorrection parfois incroyable de diction ne doit pourtant pas faire admettre de lui toute locution étrange d’après une copie fautive.

1188. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Elle s’ennuie ; elle se juge, et plus sévèrement qu’on ne le lui demande ; elle se défie des autres et surtout d’elle-même ; elle ne croit pas possible qu’on l’aime véritablement, elle admet tout au plus qu’on la supporte : « Je ne puis que vous être à charge, répète-t-elle sans cesse à Mme de Choiseul, qui voudrait la posséder à Chanteloup ; je ne puis contribuer au plaisir, à l’amusement ; je ne devrai qu’à vos vertus, tranchons le mot, à votre compassion, de me souffrir auprès de vous ! 

1189. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Peut-on admettre qu’il n’ait fait preuve de ce bon jugement que pour bien connaître les hommes, et qu’une fois choisis, ce jugement l’ait abandonné pour le livrer à leur merci sur les choses, sur les partis combinés à l’avance et désirés par eux ?

1190. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Mais, au lieu de rire et de secouer gaiement sa grossière enveloppe, il est pris dans un autre réseau plus subtil ; il se laisse conduire à des initiations redoutables, à la suite desquelles il est admis dans le collège des Pastophores, se faisant gloire désormais de montrer à tous sa tête rasée à large tonsure : circonstance curieuse à titre de témoignage : mais ce n’est plus là l’Apulée qu’il nous faut.

1191. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Elle a non seulement ses croyances fermes où elle se fonde, mais aussi ses superstitions flottantes qu’elle admet un peu à volonté : « Ils ne savent pas être heureux, dit-elle, ceux qui veulent tout comprendre. » N’allez pas vous figurer, en pensant à elle, ni une femme poëte, sentimentale et toujours dans l’attitude de la rêverie, ni une catholique raisonneuse et théologienne, ni une demoiselle châtelaine un peu haute ; si elle lit Platon, c’est bien souvent au coin du feu de la cuisine, et les jours de carnaval elle n’est pas chiche de retrousser ses manches pour faire des croustades.

1192. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Gachard penche pour admettre la vérité de cette scène des funérailles : M. 

1193. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Soulié va plus loin, et supposant cet axiome admis et accepté : « Montrez-moi la chambre à coucher d’une femme, et je vous dirai qui elle est », il conclut, non sans quelque couleur de raison et selon qu’on aime à le croire avec lui : « C’est donc de Marie Cressé que Molière tenait son esprit élevé, ses habitudes somptueuses et simples à la fois, sa santé délicate, son attrait pour la campagne hors de Paris, et désormais la mère de Molière, restée inconnue jusqu’à ce jour, aura sa place bien marquée dans les commencements de la vie de son premier-né. » Voilà où peuvent conduire, à toute force, des inventaires bien lus et finement commentés.

1194. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Je ne puis admettre avec M. 

1195. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Le récit du maréchal de Montesquiou, très-distinct de celui de Villars, paraît n’être arrivé d’abord au roi que par voie verbale également ; mais on possède une relation écrite que ce maréchal fit avec détail et complaisance pour être mise sous les yeux de Louis XIV, lorsqu’il dut produire ses titres et état de services avant d’être admis dans l’Ordre du Saint-Esprit.

1196. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Admis, le soir, à lui baiser la main, selon l’étiquette, et rarement le visage, il lui arrivait, lorsque cette dernière faveur lui avait été accordée par hasard, de se frotter la joue en sortant de la chambre « comme s’il avait approché d’un pestiféré », avouant à son valet de chambre favori qu’il savait et désapprouvait de tout son cœur les actions et déportements de sa mère.

1197. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Nous pouvons le faire, nous, aujourd’hui ; nous le devons même, je l’admets avec M. 

1198. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Lorsqu’il a eu à parler de Mme Roland, comme s’il s’agissait avant tout de la disculper et de la défendre, il a essayé de diminuer son rôle actif auprès de son mari et sa part virile d’influence : il s’est refusé également à admettre qu’il se fût logé dans ce cœur de femme aucun sentiment autre que le conjugal et le légitime, ni aucune passion romanesque : « Écoutez-les, disait-il hier encore, en s’adressant par la pensée aux différents historiens ses prédécesseurs et en les indiquant du geste tour à tour : ceux-là, soit admiration sincère pour le mérite de Mme Roland, soit désir de rabaisser celui des hommes qui l’entouraient, voient dans la femme du ministre la tête qui dirige et son mari et les législateurs qui le fréquentent, et répétant un mot célèbre : Mme Roland, disent-ils, est l’homme du parti de la Gironde ; — ceux-ci, habitués à se laisser aller à l’imagination du romancier ou du poète, transforment l’être qu’ils ont créé en nouvelle Armide, fascinant du charme de ses paroles ou de la douceur de son sourire ceux qu’elle réunit dans ses salons ou qu’elle convie à sa table ; — d’autres enfin, scrutateurs indiscrets de la vie privée, se placeront entre la jeune femme et son vieux mari, commenteront de cent façons un mot jeté au hasard par cette femme, chercheront à pénétrer jusqu’aux plus secrets sentiments de son âme, compteront les pulsations de son cœur agité, selon que telle ou telle image, tel ou tel souvenir l’impressionne, et montreront sous un voile transparent l’être vers lequel s’élancent sa pensée et ses soupirs ; car à leur roman il faut de l’amour. » Et il ajoute, plein de confiance dans le témoignage qu’il invoque : « Mme Roland a raconté elle-même avec une simplicité charmante ce qu’elle a pensé, ce qu’elle a senti, ce qu’elle a dit, ce qu’elle a fait. » Eh bien !

1199. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Elle sent et pense comme une personne de son sang et de son éducation doit sentir ; religieuse avant tout, elle a tous les préjugés d’une princesse de la race et presque du siècle de saint Louis : le jour où l’Assemblée accordera aux Juifs la possibilité d’être admis à tous les emplois lui paraîtra le plus horrible des jours et marqué d’une note sacrilège ; elle attribue tout ce qui se passe à la colère du Ciel, à sa vengeance ; puis elle espère qu’il se laissera toucher aux prières des bonnes âmes.

1200. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

J’admettrais même volontiers que ce qui était arrivé au duc de Noailles avec Saint-Simon, et dont les conséquences furent longues et dures, pût lui servir de leçon pour ne pas recommencer et s’y laisser reprendre.

1201. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Chéruel semble admettre qu’en plusieurs circonstances Saint-Simon, pour mieux arranger le tableau, a sciemment altéré la vérité, — par exemple, dans le récit qu’il a fait de certaine scène célèbre au Parlement, dans laquelle il a joué un rôle : on lui oppose des récits contradictoires de témoins oculaires ou des procès-verbaux d’une teneur différente.

1202. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

L’observateur anonyme parle comme s’il y avait été admis ; rien de sa part ne sent le subalterne : « La reine est très-gaie et aimable dans les sociétés ; on y parle fort librement d’affaires d’État, de littérature, de nouvelles, de spectacles, d’intérêts particuliers de chacun et de beaucoup de frivolités.

1203. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

« Quant à l’affaire de l’Académie française, je ne saurais le moins du monde admettre avec vous que La Bruyère, dans sa lettre à Bussy, ait manqué de tact : il a été modeste, trois fois modeste comme tous les candidats.

1204. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Le mélange de sensualité, en partie voluptueuse, en partie gourmande, de décence pourtant (le genre admis) et de malice anticléricale, rappelle sans abus le meilleur sel des fabliaux.

1205. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

bienveillant par nature, exempt de toute envie, il ne put jamais admettre ce qu’il considérait comme des infractions extrêmes à ce point de vue primitif auquel lui-même n’était plus que médiocrement fidèle ; il croyait surtout que l’ancienne langue, celle de Racine, par exemple, suffit ; il reconnaissait pourtant qu’on lui avait rendu service en faisant accepter au théâtre certaines libertés de style, qu’il se fût moins permises auparavant, et dont la trace se retrouve évidente chez lui à dater de son Louis XI.

1206. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Dévot adorateur de ces maîtres antiques, Je veux m’envelopper de leurs saintes reliques ; Dans leur triomphe admis, je veux le partager, Ou bien de ma défense eux-mêmes les charger.

1207. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Cette supercherie n’échappa point à la sagacité des juges ; mais, à cause de la coutume et de l’opinion reçue, ils consentirent à les laisser subsister, marquant toutefois d’un obel ceux qu’ils n’approuvaient pas, comme étant étrangers au poète et indignes de lui ; ils témoignèrent par ce signe que ces mêmes vers n’étaient point dignes d’Homère. » II Cicéron et les critiques romains de son époque ont admis cette opinion sur ce chef-d’œuvre de l’art grec et sur ce chef-d’œuvre des langues écrites.

1208. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Vous admettriez cet exemple, et vous vous approprieriez leur crime en le tolérant par votre inaction !

1209. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

et pourquoi admet-on celui-ci : L’herbe que je voulais arracher de ce lieu, C’est ton oisiveté ?

1210. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

L’absence totale de rigueur dogmatique faisait que des notions fort contradictoires pouvaient être admises à la fois, même sur un point aussi capital.

1211. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Décidément, il sera convenable qu’un jour, de tous ces chapitres métaphysiques, on n’en fasse qu’un seul, très réduit, dans lequel on n’admettra que les pensées belles, simples, acceptables, rejetant toutes celles qui sont équivoques ou énigmatiques.

1212. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Dans une édition choisie des Œuvres de Frédéric qui se ferait à l’usage des bons esprits et des gens de goût, pour ne pas tomber dans le fatras dont le voisinage gâte toujours les meilleures choses, je voudrais n’admettre que ses histoires, deux ou trois de ses dissertations tout au plus, et ses correspondances : ce serait déjà bien assez des vers qui se trouvent mêlés à ses lettres, sans y ajouter les autres.

1213. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Admis au collège d’Harcourt en qualité de boursier, grâce à la bonté du principal, M. 

1214. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

[NdA] Les dames pourtant ne furent point admises tout d’abord : il fallut trente ans encore pour qu’elles pussent assister, et de côté seulement, à ces séances académiques qu’elles décorent et qu’elles envahissent aujourd’hui.

1215. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Il semblait admis alors dans les bureaux du National que Carrel était très bon pour faire un article à loisir, à tête reposée ; mais, dès qu’il fallait payer de sa plume, c’était M. 

1216. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Vers la fin, engagé dans le parti libéral, il a fait quelques politesses à ce qu’on appelait les jeunes talents ; mais, en réalité, il n’a jamais prisé les plus remarquables des littérateurs et des poètes de ce siècle, ni Chateaubriand, ni Lamartine, qu’il raille tous deux volontiers à la rencontre ; il leur était antipathique ; c’était un pur Grec, et qui n’admettait pas tous les dialectes, un Attique ou un Toscan, au sens particulier du mot : « Notre siècle manque non pas de lecteurs, mais d’auteurs ; ce qui se peut dire de tous les autres arts. » C’était le fond de sa pensée.

1217. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Il ne saurait admettre que, dans un État, tout le monde indifféremment soit élevé pour être savant : « Ainsi qu’un corps qui aurait des yeux en toutes ses parties serait monstrueux, dit-il, de même un État le serait-il, si tous ses sujets étaient savants ; on y verrait aussi peu d’obéissance que l’orgueil et la présomption y seraient ordinaires. » Et encore : « Si les lettres étaient profanées à toutes sortes d’esprits, on verrait plus de gens capables de former des doutes que de les résoudre, et beaucoup seraient plus propres à s’opposer aux vérités qu’à les défendre. » Il cite à l’appui de son opinion le cardinal Du Perron, si ami de la belle littérature, lequel aurait voulu voir établir en France un moindre nombre de collèges, à condition qu’ils fussent meilleurs, munis de professeurs excellents, et qu’ils ne se remplissent que de dignes sujets, propres à conserver dans sa pureté le feu du temple.

1218. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Le caractère de la conversation comme nous l’entendons en société, et ce qui la distingue chez les modernes, c’est que les femmes y ont été admises ; et c’est ce qui fait qu’au Moyen Âge, aux beaux moments, dans certaines cours du Midi, en Normandie, en France ou en Angleterre, il a dû y avoir de la conversation charmante.

1219. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Puis j’ai été admis dans le sanctuaire où le beau Marcelin, dans un vestinquin clair, s’enlevait sur l’ambre d’un Crayer douteux.

1220. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

L’espacement de l’illimité admet toutes les créations.

1221. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Diêgui, notamment, nous révèle l’esprit chevaleresque des Torodo et, si l’on peut parfois comparer une période de notre évolution à l’état présent de la civilisation chez telle ou telle race indigène, il n’y aurait aucune audace à admettre des rapports marqués entre la mentalité des Torodo et celle de nos belliqueux ancêtres des premiers temps du Moyen-Age.

1222. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

nous ne pouvons nous empêcher d’admettre cette conséquence ; et, avant même qu’elle sortît aussi impérieusement des faits, nos plus grands poètes l’avaient reconnue et s’y étaient soumis ; car Corneille a fait Polyeucte et le Cid ; Racine, Athalie et Bajazet ; Voltaire, Zaïre, Alzire et Tancrède, il n’y a donc point encore là de romantisme.

1223. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Nous, nous n’admettons que le Jésus-Christ de l’Église, et, nous le disons hardiment !

1224. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Prenez les diverses spécialités de sujets que Baudelaire admet à ses expériences, le récit « du littérateur », où vous trouvez, par exemple, des caricatures et des contorsions d’imagination comme celles-ci : « Vous vous sentirez vous évaporant, et vous attribuerez à votre pipe (dans laquelle vous vous sentez accroupi et ramassé comme le tabac), l’étrange faculté de vous fumer  » ; prenez le récit de La Dame un peu mûre, et dites si tout cela n’est pas d’un comique dont le haschisch n’est que l’occasion, et d’un comique d’autant plus piquant qu’il est… hypocrite.

1225. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

La blessure suffirait pour l’immobiliser ; il ne l’admet pas.

1226. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Je le récuse surtout parce que la peinture qu’il a faite, même si on admet qu’elle a été fidèle autrefois, date de trop loin déjà pour qu’on la puisse dire ressemblante aujourd’hui.

1227. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Cousin naviguer dans la métaphysique, refusa de spéculer sur la nature de l’univers, sur la création, sur l’essence de Dieu, n’admit point que la philosophie fût une science universelle, chargée de découvrir le système du monde.

1228. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Qu’on se représente Molière vivant, admis au milieu des cercles de la ville et entrant parmi les courtisans du roi : sa pénétration connue devait tenir en échec les petits et les grands. […] Objection au système exclusif trop admis en littérature. […] c’est de ce que nous la condamnerions d’après nos règles prescrites, et que nous n’en voulons pas admettre d’étrangères. […] La folie la plus absurde, pourvu qu’elle soit très gaie, leur sert fréquemment de support : elles admettent les caractères, mais elles les choisissent dans la basse bourgeoisie et parmi le menu peuple : elles en chargent le maintien et les attitudes, et poussent le rire jusqu’aux éclats. […] Le ridicule exclut de la scène le concours des rôles sages et raisonneurs qui l’attristent, et n’y admet que les personnages dignes d’être moqués, les seuls qui nous amusent en nous corrigeant.

1229. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Il n’admet ni la mobilité, ni le progrès de la science religieuse. […] Hors du culte romain, il n’admet ni grâce ni salut. […] Comment admettre la cruelle mystification dont il est victime, à laquelle il donne les mains si naïvement ? […] Je ne sais : mais je puis affirmer que nombre de personnes honorables n’ont pu être admises, en temps opportun, faute de recommandation. […] Comme je n’ai pas l’honneur d’être admis au château, j’ai dû questionner, pour m’instruire, les familiers de S. 

1230. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Le Gongorisme ne suffit plus, il n’admet la bizarrerie que dans l’expression, et se laisse entendre ; l’art sera de trouver un système où la pensée sera voilée par les mots. […] Et c’est précisément tout ce sous-entendu du passé de Selwyn et de lord Annandale qui me rend moins rebelle à admettre le dénouement et à m’expliquer le dégoût lent et l’oubli de la Faustin. […] Le droit le plus sacré de l’homme est de se contredire : ce droit Baudelairien, l’Académie ne l’admet pas, paraît-il. […] On n’est pas de l’Académie si l’on s’imagine que ce vidangeur — aménité tout académique — sait écrire avec plus de couleur que M. de Falloux et avec plus de charme que le dernier des ducs admis en la noble compagnie, grâce aux titres littéraires que l’on sait, ou plutôt que l’on ne sait pas. […] « Elle n’admet point l’impartialité de l’historien, — d’abord parce qu’elle est inutile, — ensuite parce qu’elle est dangereuse, — surtout parce qu’elle est impossible.

1231. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Peu à peu il devint l’organisateur et le principal virtuose d’un concert de famille que les princesses donnaient chaque semaine, auquel assistaient d’ordinaire le roi, le dauphin la reine Marie Leczinska, et où n’étaient admis qu’un très petit nombre d’intimes. […] On le combla de prévenances et de cajoleries ; on l’admit au souper de la cour. […] Cette signification originelle de larigot étant admise, à tire-larigot s’explique aisément : c’est boire à tire cou, à cou tendu, allongé. […] Elle consiste à admettre la vérité du principe de La Rochefoucauld en montrant qu’à le bien prendre il n’a rien de si terrible, rien dont la morale et la vertu doivent s’alarmer. […] Nous pouvons donc admettre le principe de La Rochefoucauld, sans nous effrayer plus longtemps d’un mot qui n’est qu’un fantôme et un vain épouvantail.

1232. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

… » Mais on n’admettait pas que la comédie pût couler dans le cœur une amertume et faire entrevoir des dessous qui ne sont pas toujours risibles. […] Brunetière étant admise, toutes les difficultés d’interprétation que la pièce peut présenter s’évanouissent. […] Mais il a bon caractère ; il admet la substitution. […] Ou plutôt, j’admets toute cette psychologie tragique du jeune Severo et de sa mère, ancienne paysanne, restée primitive, et de son croquemitaine de père. […] D’abord, on les sait par cœur ; bonnes ou mauvaises (et il est aisé de n’en prendre que de bonnes), elles sont consacrées ; on les admet telles qu’elles sont, on ne songe plus à en faire la critique, elles ne provoquent point la contradiction ou la moquerie ; elles n’inquiètent ni n’agacent, et l’on reste libre d’appliquer son attention tout entière à la façon dont ces jeunes gens les interprètent.

1233. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Il était trop plein de soi et de ses sujets pour l’admettre. […] Le goût qui régnait à la cour du grand roi n’admettait la nature qu’à condition qu’elle fût peignée, frisée et taillée comme les ifs et les charmilles de Versailles. […] Cousin, la recherche de couleur locale à Chateaubriand et à Marchangy ; les images chrétiennes avaient été substituées à la mythologie grecque par Nodier, Lemercier, Chateaubriand. — Lamotte, Diderot, Schlegel, Guizot et les théâtres espagnols, anglais et allemands, avaient rejeté les trois unités avant Hugo, et admis le mélange de comique et de sérieux dans le drame, déjà tenté au xviiie  siècle. […] Mais, en aucun cas, il ne faut l’avilir dans le hasard des évènements ; il faut qu’il meure ou triomphe, et on ne doit pas craindre de lui donner une importance exceptionnelle dans la vie, des forces au-dessus du vulgaire, des charmes ou des souffrances qui dépassent tout à fait l’habitude des choses humaines, et même un peu le vraisemblable admis par la plupart des intelligences. […] Le fond des caractères restant ainsi humain, et agité par les mêmes courants qui agitent toutes les âmes humaines, le procédé se réduit à la mise en scène, à la couleur locale, et un peu plus au vraisemblable que ne l’admet George Sand, qui en écrivant les lignes précédentes, ne songeait sans doute pas à l’idylle.

1234. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Ce qui semble également admis, c’est qu’il y a d’autres modèles que ceux de l’antiquité ; que nos auteurs peuvent valoir les siens, et les dépasser même au besoin. […] Dans leur triomphe admis, je veux le partager, Ou bien de ma défense eux-mêmes les charger. […] Si l’on n’admet pas que le paganisme et le christianisme, le Nord et le Midi, la chevalerie et les institutions grecques et romaines se sont partagé l’empire de la littérature, l’on ne parviendra jamais à juger sous un point de vue philosophique le goût antique et le goût moderne. […] Sous l’influence de Mme de Staël et de Chateaubriand, si l’on n’admet pas encore que l’œuvre d’art soit une simple résultante, on s’accoutume du moins à l’idée qu’elle est un exemplaire de l’état général des esprits. […] En premier lieu, ce que Sainte-Beuve n’a jamais admis, ou plutôt, s’il l’avait admis pendant un temps, ce que l’auteur des Nouveaux Lundis n’a plus voulu concéder, c’est que la critique se réduisît à n’être que l’expression des jugements ou des goûts personnels du critique.

1235. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Mon point de vue, humblement scientifique, n’a pas été admis sans doute par les récentes écoles de poésie, car elles n’ont pas même daigné discuter mes principes. […] Je n’admets pas non plus que le mot soit tout : beaucoup plus et tout est la phrase ; c’est donc la phrase que je recherche, la phrase dont le développement sera l’élément musical. […] Rostand juge la rime indispensable, tout en allant jusqu’à admettre l’assonance.

1236. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Platon lui-même s’étoit laissé séduire à cet avantage apparent, lorsqu’il admit Aristophane dans son banquet, si toutefois l’Aristophane comique est l’Aristophane du banquet ; ce qu’on peut au moins révoquer en doute. […] Il n’admet que des personnages coupables & vertueux à demi, qui sont punis à la fin de quelque crime involontaire ; d’où il conclut que le dénouement doit être malheureux. […] Ainsi quoiqu’Homere pour éviter la confusion, n’ait pris pour sujet de l’Iliade que l’incident de la colere d’Achille, l’enlevement d’Helene vengé par la ruine de Troye n’en seroit pas moins une action unique, & telle que l’admet l’épopée dans sa plus grande simplicité. […] Dans les exemples vertueux, les principes, les moyens, la fin, tout doit être noble & digne ; la vertu n’admet rien de bas. […] Suivant cette regle, les talens appliqués aux beaux Arts, quoique peut-être les plus étonnans, ne sont pas les premiers admis au partage de la gloire.

1237. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Elle fréquentait les cafés des deux rives de la Seine et était admise, ou presque, dans des cercles d’artistes, d’étudiants et d’acteurs. […] Il est maître chez lui et regarde attentivement les gens qu’il y admet. […] Tous les raffinements dans le choix des mots et dans la construction des phrases y sont déjà appliqués en tant que le génie de la langue les admet. […] Non pas que je doute de sa justesse, mais mon esprit se refuse à admettre toutes les conséquences qui en découlent, d’après l’opinion de Richepin. […] Mais la vérité ne l’admet pas.

1238. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Leurs députés étaient admis avant tous les autres ; il les invitait à sa table. […] Il semble par là n’admettre sur la scène que l’amour criminel ; mais l’amour criminel est pire qu’une blesse. […] Dans le temps où l’on admettait le principe qu’une passion fait le destin de la vie, une déclaration devait être une circonstance importante et un incident du plus grand intérêt. […] Racine a supprimé sagement cette idée d’une mortelle qui reconnaît la supériorité du fils d’une déesse : idée très froide pour nous, qui n’admettons point de race divine, mais qui pouvait plaire aux Grecs. […] Les gens de goût, les connaisseurs délicats n’aiment point qu’on les bourre de préceptes tout crus ; ils n’admettent que les leçons qu’ils savent tirer eux-mêmes de la peinture des mœurs de la société.

1239. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Ils ne doutent pas d’eux-mêmes ; ils n’examinent jamais leur propre cause ; ils n’admettent point que la cause d’autrui pu d’un seul bloc. […] Dans la tragédie, les personnages consomment leur ruine par l’exclusif de leur volonté et de leur caractère d’ailleurs solide, ou bien ils doivent se résigner à admettre ce à quoi ils s’opposent.

1240. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Leur réputation les y avait devancés ; ils sont admis à se faire entendre à Versailles : les princesses, filles de Louis XV, comblent de caresses l’enfant miraculeux. […] On admet toutes les personnes de distinction.

1241. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

« Il fut un temps où, séduit par les illusions de la jeunesse, je connus d’autres désirs ; je dédaignai la houlette des bergers et je fuis loin des lieux qui m’avaient vu naître : je vécus à Memphis ; je fus admis dans le palais des rois ; quoique intendant des jardins, je vis, je connus la cour et ses injustices. […] « Mais cette hospitalité », écrit le Tasse, « bien loin d’être un soulagement, n’est qu’une aggravation pour moi, car le cardinal, cette fois, et sa maison, témoignent si peu de considération pour ma personne, et un tel mépris de ma mauvaise fortune obstinée, qu’il ne m’admet point à sa table, qu’il ne me fournit ni un lit, ni une chambre, ni un service décent à mon mérite et à ses anciennes grâces pour moi ! 

1242. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Couple heureux et brillant, vous qui m’avez admis Dès longtemps comme un hôte à vos foyers amis, Qui m’avez laissé voir en votre destinée Triomphante, et d’éclat partout environnée, Le cours intérieur de vos félicités, Voici deux jours bientôt que je vous ai quittés ; Deux jours, que seul, et l’âme en caprices ravie, Loin de vous dans les bois j’essaye un peu la vie ; Et déjà sous ces bois et dans mon vert sentier J’ai senti que mon cœur n’était pas tout entier ; J’ai senti que vers vous il revenait fidèle, Comme au pignon chéri revient une hirondelle, Comme un esquif au bord qu’il a longtemps gardé ; Et, timide, en secret, je me suis demandé Si, durant ces deux jours, tandis qu’à vous je pense, Vous auriez seulement remarqué mon absence. […] Il fallut quelque protection nouvelle et présente, telle que celle de Varus (on l’entrevoit), pour mettre le poète à l’abri de la vengeance, et pour tenir la main à ce que le bienfait d’Octave eût son exécution ; à moins qu’on n’admette que ce ne fut que l’année suivante, et après la guerre de Pérouse, Octave devenant de plus en plus maître, que Virgile reconquit décidément sa chère maison et son héritage.

1243. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Zeus put dire d’Encelade et de Briarée, ce qu’un César romain dit de son frère égorgé par lui, et admis ensuite à l’apothéose. […] XIII Le génie grec répugnait au désespoir et au pessimisme, il n’admettait rien d’irréconciliable.

1244. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

“Ce Poëte, Comique, dit M. de Voltaire, qui n’est ni Comique, ni Poëte, n’auroit pas été admis parmi nous à donner ses Farces à la Foire St. […] Il admit à sa familiarité ces deux Poëtes courtisans.

1245. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Aussi la réputation de certains hommes de lettres, mise en parallèle avec leurs ouvrages et leurs personnes, est quelquefois pour bien des gens un phénomène extraordinaire, qu’ils ne tentent pas d’expliquer, mais qu’ils se croient obligés d’admettre par respect pour ce qu’ils appellent le public. […] Cet usage, tout bizarre et peut-être tout injuste qu’il est, est pourtant fondé sur quelques raisons ; car il est impossible que tous les hommes admettent, sans des motifs au moins plausibles, un préjugé onéreux au plus grand nombre.

1246. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

XVI Si, pour notre part, il nous est impossible d’admettre que le drame de Henri V, dont François-Victor Hugo tire par les cheveux — et des cheveux aussi courts que ceux d’une tête ronde — une théorie politique contre le droit divin ; s’il nous est impossible d’admettre que ce drame ait été pour Shakespeare ce qu’il est pour son traducteur, nous n’en voyons pas moins comme lui les beautés supérieures de cette œuvre, splendide et charmante… Charmante, en effet, car ce n’est point l’élément du terrible et du pathétique, si familiers l’un et l’autre au génie de Shakespeare, qui brille ici de sa flamme sombre et convulsive, mais l’élément du gracieux, de l’aimable et du bon, qui étaient autant dans Shakespeare que celui du terrible et du beau.

1247. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

En résumé, l’originalité de Bossuet, comme théologien, est précisément de repousser toute originalité, toute innovation, même tout développement neuf ; de se fortifier au centre de la doctrine officielle, de n’admettre que les choses consacrées et ne rejeter aucune de celles qui sont consacrées… »‌ Cette métaphysique, ayant été définitivement située par d’autres, dans le puits sans fond des erreurs humaines, je ne crois pas nécessaire de commenter ces quelques lignes qui contiennent leur propre jugement. […] Aucune expiation de ce forfait aux conséquences ineffaçables ne peut plus être admise, et le geste de Bossuet plane encore sur notre destin.

1248. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Sous Mme de Maintenon, on prétendait que les preuves de pauvreté qu’il fallait faire pour entrer à Saint-Cyr en écarteraient la noblesse ; et aujourd’hui la noblesse aisée n’a pas honte de se dire pauvre pour y faire admettre ses filles, qui, sous cet habit de laine brune qui révoltait si fort autrefois, prennent plus de vanité et d’orgueil qu’il n’en faudrait.

1249. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Je les admettais toujours au salon après le souper, là où le tapis offrant à leurs pieds plus de prise, ils pouvaient sautiller, bondir et se livrer à mille gambades dans lesquelles Bess, comme étant remarquablement fort et hardi, était toujours supérieur aux autres et se montrait le Vestris de la bande… De ces trois lièvres, Puss est celui que Cowper a pris le plus soin d’immortaliser.

1250. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Cette dévotion de plus, si son cœur l’avait pu admettre, l’aurait secouru et peut-être préservé. — « Ô dame !

1251. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Il vint un temps où Mirabeau n’eût plus été admis à dire à Vauvenargues : « Aimez vos amis avec leurs défauts ; je vous passe trop de sagesse, passez-moi le contraire. » Ce n’est pas toujours le rôle de Vauvenargues de recevoir des conseils ; il aime et excelle à en donner.

1252. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Venu à Paris où il se fixa vers l’âge de vingt-six ou vingt-huit ans, introduit dans le monde littéraire sous les auspices de Conrart, il composa pour sa bienvenue, sous forme de lettre à un ami, cette relation ou Histoire de l’Académie française qu’il fut admis à lire devant elle en pleine assemblée.

1253. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

En attendant, il dresse pour son plaisir des listes ministérielles d’essai, dont il a soin d’exclure le plus qu’il peut M. son Frère, ou quand il l’admet, c’est bien à son corps défendant.

1254. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

A le voir circuler ainsi, sans s’y accrocher, à travers les doctrines les plus diverses, on dirait qu’il les admet toutes plus ou moins et qu’il les comprend : sa complaisance infinie ressemble par moments à une intelligence universelle.

1255. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

L’église était resplendissante de dorures et divisée en quatre parties : le sanctuaire, surmonté d’une couronne soutenue par des colonnes de marbre de vingt-cinq à trente pieds de hauteur ; le chœur des chantres, garni de stalles en bois de chêne d’une rare beauté, avec des panneaux incrustés en bois de diverses couleurs, et des tableaux représentant la vie de saint Bruno ; le transept contenant d’un côté l’autel de la Vierge, de l’autre celui de saint Bruno, avec la statue en marbre blanc de ce bienheureux ; la nef, dans laquelle le public était admis une fois l’an, séparée du reste par une haute et magnifique grille, toute chargée de dorures.

1256. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Ne rien dire sur les écrivains même qui nous sont opposés, rien que leurs amis judicieux ne pensent déjà et ne soient forcés d’avouer et d’admettre, ce serait mon ambition dernière.

1257. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Son but est complexe ; c’est à nous, lecteurs et raisonneurs, qu’il laisse le soin de le dégager ; il se contente de le résumer de la manière la plus générale, lorsqu’il dit à celui de ses amis auquel il adresse le Journal de ses impressions : « Admets seulement que j’aime passionnément le bleu, et qu’il y a deux choses que je brûle de revoir : le ciel sans nuages, au-dessus du désert sans ombre. » Parti de Médéah dans la direction du sud, il va traverser le pâté de montagnes qui le sépare du désert, et il ne nous laisse rien perdre, chemin faisant, de la physionomie du paysage.

1258. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Sur ce point délicat je me borne encore à dire, en écartant tout ce qui est indigne d’être entendu, que si, vers l’âge de trente ans, Marie-Antoinette en butte à toutes sortes d’intrigues et d’inimitiés, entourée d’amis qui la compromettaient fort et qui n’étaient pas tous désintéressés ni bien sincères, avait cherché et distingué dans son monde et dans son cercle intime un homme droit, sûr, dévoué, fidèle, un ami courageux, discret, incapable d’épouser d’autre intérêt que le sien, et si elle s’était appuyée sur son bras à certain jour, même avec abandon, il n’y aurait à cela rien de si étonnant ni de fait pour révolter ; et de ce qu’on admettrait, sur la foi des contemporains d’alors les mieux informés, cette sorte de tradition qui, à son égard, me paraît, si j’ose l’avouer, la plus probable, il ne s’ensuivrait pas qu’elle dût rien perdre dans l’estime de ceux qui connaissent le cœur humain et la vie, ni qu’elle fût moins digne de tout l’intérêt des honnêtes gens aux jours de l’épreuve et du malheur.

1259. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

En un mot, il a le goût un peu hybride ; son esprit, qui est assez solide, n’a pas la trempe ni le fil : il ne lui a manqué peut-être que le dur besoin, la nécessité, cette pierre à aiguiser ; mais le fait est qu’il ne sépare pas nettement les choses, il ne discerne pas toujours vivement les personnes ; son métal n’est pas d’un son clair et net : il admet quelque amalgame. — À cela près, le plus galant homme, le plus droit, le plus véridique, je le crois sans peine, bon à écouter de temps en temps ou à parcourir, et méritant, comme je viens de le faire, qu’on aille glaner chez lui.

1260. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Les renseignements essentiels étaient au Dépôt de la guerre ; l’Empereur donna ordre qu’on les communiquât à Jomini ; mais, comme il arrive trop souvent de ces ordres souverains, relatifs à des communications d’archives, les bureaux déjouèrent l’intention formelle du maître, et l’historien ne fut admis à compulser que des états de situation sans importance.

1261. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Tant qu’elle m’a semblé nouvelle, elle m’a fait désespérer : je commence à l’admettre, j’en parle encore comme d’une chose étonnante et rude, comme on parlait du choléra huit jours encore après le choléra, et bientôt, sans doute, je m’en tairai comme d’une chose triviale et de mauvais goût ; je n’en souffrirai peut-être plus.

1262. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

C’est une fleur, une plante qui ne rentre pas dans les familles décrites ; c’est un poëte que nos poétiques n’admettaient pas.

1263. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Par malheur, il n’admettait à aucun degré l’indépendance de la pensée, et il oubliait que le talent n’est pas un vernis qu’on commande sur la toile à volonté ; il faut que tout le tableau ressorte du même fond.

1264. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Le jeune Gresset fit ses études au collége des Jésuites à Amiens ; d’élève devenu novice et admis dans la compagnie, il passa au collége Louis-le-Grand, et de là fut envoyé pour professer en divers lieux, à Nevers peut-être, certainement à Moulins, dans le voisinage de ce couvent de Visitandines qu’il a si joliment célébré.

1265. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Jaloux de défendre Homère, Boileau, au lieu d’accueillir bravement la critique de Perrault et d’en décorer son poëte à titre d’éloge, au lieu d’oser admettre que la cour d’Agamemnon n’était pas tenue à la même étiquette de langage que celle de Louis le Grand, Boileau se rejette sur ce que Longin, qui reproche des termes bas à plusieurs auteurs et à Hérodote en particulier, ne parle pas d’Homère : preuve évidente que les œuvres de ce poëte ne renferment point un seul terme bas, et que toutes ses expressions sont nobles.

1266. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Le théâtre est la vie noble ; mais il doit être la vie ; et si la circonstance la plus vulgaire sert de contraste à de grands effets, il faut employer assez de talent à la faire admettre, pour reculer les bornes de l’art sans choquer le goût.

1267. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Car encore qu’il ait écrit qu’« il ne faut ni blanc ni vermillon sur les joues d’une chose telle que la théologie », il admettait pourtant en théorie dans l’éloquence sacrée l’emploi des éruditions antiques et des histoires naturelles « comme l’on fait des champignons, pour réveiller l’appétit »,.

1268. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Stendhal est le seul écrivain antérieur à la génération de 1850 qu’il ait admis dans sa galerie.

1269. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Or il n’est pas conforme à l’esprit scientifique d’admettre un ordre de faits qui n’est appuyé sur aucune induction, sur aucune analogie. 

1270. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Faut-il admettre alors que ces voyageuses ailées et invisibles, parties d’un seul point, ont, avec la vitesse de l’éclair, franchi ces lignes idéales qu’on appelle des frontières ?

1271. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Mais comment admettre qu’à peine revenue de cette scabreuse expérience, la jeune femme recherche si vite une nouvelle épreuve.

1272. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Quand on joue soi-même un rôle et qu’on monte une pièce sérieuse et solennelle, il n’est pas sûr d’admettre en tiers ces témoins-là.

1273. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Une telle déclaration, placée en regard du récit de Mme Campan, ne laisse pas d’embarrasser, je le répète, et de jeter dans une vraie perplexité ; car on se refuse à admettre que Barnave ait parlé simplement ici comme un avocat qui se croit en droit de nier tout ce qui n’est pas prouvé.

1274. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

« La frivole distinction des sexes doit-elle être admise dans un commerce dont l’âme fait tous les frais ? 

1275. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

ou faut-il absolument renoncer à se l’expliquer, à moins d’admettre, comme elle le faisait elle-même, une intervention surnaturelle ?

1276. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

I, p. 285), s’est porté pour adversaire de Saint-Simon, et a articulé contre lui des accusations et imputations qu’il m’est impossible d’admettre dans la généralité où il les pose.

1277. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Publiciste, malgré ses hautes parties, je ne lui trouve pas les vrais signes du génie, qui sont l’ouverture d’instinct, le renouvellement de vue, la prescience et la découverte de vérités nouvelles : il n’a fait que rédiger et reconstruire, sous forme originale, idéale, et parfois bizarre, les doctrines du passé, sans admettre ni concevoir aucune des transactions et des transformations par où elles pouvaient se lier à l’avenir.

1278. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

J’admets volontiers qu’Amyot, tout instruit qu’il était, n’ait toutefois été que ce qu’on peut appeler un grand humaniste, un Rollin ayant le génie du style.

1279. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

À peine admis à l’Académie française, il avait songé aux moyens de corriger et d’améliorer le Dictionnaire, et cette pensée le porta à s’occuper des origines de la langue ; c’est ainsi qu’il fut insensiblement conduit à rechercher ce qui restait des anciens troubadours, et bientôt, l’horizon s’étendant devant lui, il découvrit tout un monde.

1280. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Arrivé à la barre de la Convention, qu’il trouva tout en désordre, puis admis aux honneurs de la séance dont il profita peu, il raconte qu’un gros et joyeux conventionnel lui dit, en le voyant sortir : « Prenez le plus long pour retourner vers vos commettants, et, toutes les fois que vous passerez devant une section, entrez ; parlez de la mission que vous venez de remplir, et de l’accueil que vous avez reçu… Vantez surtout l’assurance que vous avez vue parmi nous. » — « Sans doute, lui répondis-je ; cela me formera si je veux un jour écrire l’histoire. » M. 

1281. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Pendant l’armistice qui partage en deux cette campagne et dans les semaines qui précèdent la bataille de Leipzig, Marmont est continuellement rapproché de Napoléon, qui l’appelle, le consulte, admet la discussion sur les plans à suivre et passe outre, emporté par un mouvement plus fort d’impatience ardente et de passion : Son esprit supérieur lui a certainement alors montré les avantages d’un système de temporisation, mais un foyer intérieur le brûlait ; un instinct aveugle l’entraînait quelquefois contre l’évidence, parlait plus haut et commandait.

1282. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Les gens subordonnés et dépendants, tous ceux qui avaient une attache ministérielle quelconque, il ne les admettait pas dans les luttes publiques, et l’un de ses mots était : « La livrée ne se bat pas. » À l’avènement du ministère de M. de Martignac, il s’abstint et se retira bientôt définitivement de La Quotidienne, dont il céda la direction à M. 

1283. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Une grande dame qui tient cercle a toujours une place marquée vers un des coins de sa cheminée ; son fauteuil, d’une structure particulière, doit paraître simple, mais commode, afin d’admettre en supposition qu’elle ne dérange rien à ses habitudes.

1284. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker, dans son déisme théologique, s’avançait avec ménagement et précaution comme médiateur entre la philosophie et le sacerdoce ; il admettait les religions révélées, mais sa qualité de protestant, et son désir d’éviter toute discussion intérieure au christianisme, le forçaient à se tenir dans la généralité et dans le vague.

1285. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Placé d’abord auprès d’un prince lettré, il semblait naturel qu’Arnault fût admis à sa faveur ; il n’en fut rien pourtant.

1286. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Il est permis d’admettre qu’un esprit parvenu à ces sympathies, comparant leur objet — de pures idées — aux misérables éléments dont il est extrait — la réalité — se prenne de tristesse et de mépris pour l’imperfection et l’hostilité des choses, se sente irrité contre les vices mesquins et les vertus compromises des créatures vivantes, parvienne au pessimisme colère qui caractérise toute l’œuvre de M. 

1287. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Selon l’auteur Jésuite, cette éloquence, la seule qu’il admette pour vraie, tire peu de secours des regles ordinaires, parce que, dit il, elles ne peuvent être que générales & vagues.

1288. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Mais à l’heure qu’il est, où l’atavisme est une idée admise par les savants et où la jeune physiologie moderne conclut, en matière d’hérédité, comme la vieille théologie, on reconnaîtra bien peut-être qu’il y a dans l’âme comme dans le corps des races d’épouvantables transmissions, et c’est la preuve expérimentale de cette vérité que Saint-Simon a faite avec une largeur de génie qui a dépassé de ses ailes l’étroite envergure d’un Mémoire… Il a recherché toutes les bâtardises des races royales qui ont régné dans notre histoire, et, à toutes les hauteurs, il a trouvé ce résultat formidable : c’est que partout où il y a eu bâtardise, il y a eu pour l’État trouble, péril et trahison… Saint-Simon n’est pas, lui, un nigaud à métaphysique.

1289. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Il vaut mieux l’admettre comme un fait acquis à l’histoire contemporaine ; il vaut mieux dire, avec la hauteur d’une conclusion sans réplique : C’est une chose maintenant certaine : l’Europe, dégoûtée de tous les systèmes, lasse de toutes les expériences, tend par ses penseurs, par ses meilleurs esprits, vers l’unité catholique, et cette tendance, nous nous chargeons de la montrer dans les ouvrages les plus marquants.

1290. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

c’est qu’il ait été neuf dans une doctrine qui n’admet pas de nouveautés !

1291. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Si celle-ci paraît tirée de loin et quelque peu difficile à admettre, c’est que le rire causé par le grotesque a en soi quelque chose de profond, d’axiomatique et de primitif qui se rapproche beaucoup plus de la vie innocente et de la joie absolue que le rire causé par le comique de mœurs.

1292. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Certes, si le mental était rigoureusement calqué sur le cérébral, s’il n’y avait rien de plus dans une conscience humaine que ce qui est inscrit dans son cerveau, nous pourrions admettre que la conscience suit les destinées du corps et meurt avec lui.

1293. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

« La fin d’un être est son bien. » Nous admettons cette maxime, et de plus nous la prouvons.

1294. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

III Il est intéressant de signaler que cette analyse préalable du caractère, considérée comme le préliminaire indispensable à tout essai fructueux d’éducation, se trouve prescrite par plusieurs des grands philosophes de l’antiquité, notamment par Pythagore, dont Aulu-Gelle nous raconte qu’avant d’admettre un jeune homme dans son école, il l’examinait des pieds à la tête. […] Il n’admet pas seulement, comme Taine, que la religion est bienfaisante, il estime qu’elle est la vérité profonde, essentielle, et qu’elle constitue le grand principe explicateur du réel. « J’écris » proclame-t-il « à la lueur de deux vérités éternelles, la religion et la monarchie, deux nécessités que les événements contemporains proclament et vers lesquelles tout écrivain de bon sens doit essayer de ramener notre pays. » IV Telle est la doctrine qui anime d’un bout à l’autre la Comédie humaine. […] Boulevard Saint-Germain, peu de personnes étaient admises à lui prendre un peu de ce temps dont il faisait, à cinquante ans, un aussi fervent usage qu’aux jours de sa jeunesse studieuse. […] Cette conséquence de sa philosophie, il ne l’a jamais admise. […] J’ai eu le douloureux privilège d’être admis à saluer le maréchal Joffre quatre jours avant sa mort, alors qu’il avait encore sa pleine connaissance.

1295. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Chapelain, qui commençait à poindre, y était admis ; il avait, disait-il, « admiré et réadmiré » le poème. […] A-t-il interdit au poète les inspirations de l’amour, lui qui admet l’amour le moins honnête, pourvu qu’il soit exprimé chastement ; lui qui en conseille la peinture comme la route la plus sûre pour aller au cœur 117 lui qui décide qu’il faut être amoureux pour bien exprimer l’amour118? […] Aux grands cœurs donnez quelques faiblesses, Si l’on regarde la variété des genres, Boileau en a-t-il borné le nombre, lui qui admet quelques genres morts avec le vieil esprit gaulois ?

1296. (1925) Dissociations

Le populaire cependant n’est pas de cet avis : « On ne se suicide pas, dit-il, quand on possède chez soi vingt mille pièces d’or, quand on peut prendre des bains d’or, coucher sur l’or et dans l’or, respirer l’or, vivre l’or. » Il eût compris le suicide avec une fortune en papier, une fortune sans attrait, sans magnétisme, mais il ne peut admettre que l’on renonce volontairement à la présence réelle de l’or, à la fascination de l’or. […] C’est le geste antichrétien par excellence et le christianisme nous ligote de trop près les idées pour qu’on admette jamais celle-là. […] Au fond, le genre admis, il ne signifie rien.

1297. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Le poème épique admet ces surprises, qui ajoutent à l’intérêt ; quoiqu’il y en ait peu dans Homère, il peut même en ceci être regardé comme inventeur, en ayant donné l’idée aux poètes tragiques. […] Les caractères bas ne peuvent y être admis que lorsqu’ils servent à faire valoir des caractères supérieurs ; et c’est peut-être ce qui sert à faire tolérer Prusias dans Nicomède, et Félix dans Polieucte. […] Tout art d’imitation est fondé sur un mensonge : ce mensonge est une espèce d’hypothèse établie et admise en vertu d’une convention tacite entre l’artiste et ses juges.

1298. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

La forme en est fort simple, et n’a jamais reçu de changement : les membres sont au nombre de quarante, tous égaux ; les grands seigneurs et les gens titrés n’y sont admis qu’à titre d’hommes de lettres ; et le cardinal de Richelieu, qui connaissait le prix des talents, a voulu que l’esprit y marchât sur la même ligne à côté du rang et de la noblesse. […] Il faut y distinguer ceux qui ne sont d’usage que dans la conversation, d’avec ceux qu’on emploie en écrivant ; ceux que la prose et la poésie admettent également, d’avec ceux qui ne sont propres qu’à l’une ou à l’autre ; les mots qui sont employés dans le langage des gens instruits, d’avec ceux qui ne le sont que dans le langage du peuple ; les mots qu’on admet dans le style noble, d’avec ceux qui sont réservés au style familier ; les mots qui commencent à vieillir, d’avec ceux qui commencent à s’introduire, etc.

1299. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Les écrivains se moquent quelquefois de cette bonne compagnie avant d’y être admis, mais il est bien rare qu’ils en saisissent le ton ; or, ce ton n’est autre chose que « l’art de ne blesser aucune bienséance ».

1300. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

En un mot, il est pour une raison trop continue, trop suivie ; il n’admet pas ces coups d’archet en toute chose qu’il faut de temps en temps en France.

1301. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Mais de la voir aux parvulo de Meudon, dans un fauteuil devant Monseigneur, en présence de tout ce qui y était admis, Mme la duchesse de Bourgogne et Mme la duchesse de Berry, qui y fut tôt introduite, chacune sur un tabouret, dire devant Monseigneur et tout cet intérieur : la duchesse de Bourgogne, la duchesse de Berry et le duc de Berry, en parlant d’eux ; répondre souvent sèchement aux deux filles de la maison, les reprendre, trouver à redire à leur ajustement, et quelquefois à leur air et à leur conduite, et le leur dire, on a peine à tout cela à ne pas reconnaître la belle-mère et la parité avec Mme de Maintenon, etc.

1302. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Aussi je le dis hautement, quelques souffrances que nous éprouvions de la part de nos père et mère, songeons que sans eux nous n’aurions pas le pouvoir de les subir et de les souffrir, et alors nous verrons s’anéantir pour nous le droit de nous en plaindre ; songeons enfin que sans eux nous n’aurions pas le bonheur d’être admis à discerner le juste de l’injuste ; et, si nous avons occasion d’exercer à leur égard ce discernement, demeurons toujours dans le respect envers eux pour ce beau présent que nous avons reçu par leur organe et qui nous a rendus leurs juges.

1303. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Ainsi ils n’admettront point d’amour pour eux sans estime et même sans admiration.

1304. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Ce qui n’est pas clair, n’est pas français ; ce qui n’est pas clair est encore anglais, italien, (allemand,) grec ou latin. » L’abbé de Pons n’admet point que les langues soient autre chose que des systèmes de signes arbitraires établis pour le commerce mutuel des pensées.

1305. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

La littérature est le lieu le plus fait pour admettre les circonstances atténuantes. — On a les noms de quelques-uns des garnements, ses compagnons et sujets, qu’il n’a eu garde d’oublier dans l’un ou l’autre de ses testaments.

1306. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Trop sensé et de trop bon goût pour ne pas admettre et respecter les rangs, il n’est pas de ceux qui croient à la distinction des classes.

1307. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

M. de Narbonne, causant avec Napoléon qui, dans une heure de mécontentement, avait parlé d’établir une Église nationale, disait ce mot qu’on rappelait tout récemment : « Il n’y a pas assez de religion en France pour en faire deux. » Serait-il vrai aussi qu’il n’y a pas en France assez de poésie pour en admettre deux et trois et plusieurs ?

1308. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Elle n’admet point, malgré les motifs d’espérance qu’essaye de lui donner la princesse, que l’affaire entre son père et Rodrigue puisse s’accommoder ; elle aussi a la religion du point d’honneur : « Les accommodements ne font rien en ce point : Les affronts à l’honneur ne se réparent point… » Chimène est comme les vraies femmes : elle aime les hommes qui se battent fort, qui se tuent, qui sont plus généreux que sages, plus héros que philosophes.

1309. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Deschanel inaugura à Bruxelles et poursuivit dans les principales villes de la Belgique de libres conférences où les femmes étaient admises, et dans lesquelles il traitait des sujets de littérature sérieuse ou aimable.

1310. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Mais cette manière de vivre avait de grands inconvénients pour notre service : restant étrangers à tout ce qui se passait, n’ayant communication d’aucun ordre, nous ne pouvions ni nous instruire de notre métier, ni bien remplir les missions dont nous étions chargés36 » Une première remarque à faire et qui vient aussitôt à l’esprit, c’est combien, dans cet état-major de Ney ainsi gouverné, la situation de Jomini, admis continuellement auprès du maréchal à raisonner et à discuter avec lui, devait sembler à part et tout à fait exceptionnelle.

1311. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Gautier a beau admettre ensuite qu’il y eut pour ces hommes de la Renaissance quelques circonstances atténuantes, il est trop évident qu’il ne leur en tient aucun compte dans les termes formels de la réprobation qu’il vient de lancer.

1312. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Assez d’hommes dans ce siècle, assez de cœurs et des plus grands, n’admettent désormais à leur usage que ce dernier aspect de Dieu, cet universalisme inexorable qui assimile la Providence à une loi fatale de la nature, à un vaste rouage, intelligent si l’on veut, mais devant lequel les individus s’anéantissent, à un char incompréhensible qui fauche et broie, dans un but lointain, des générations vivantes, sans qu’il en rejaillisse du moins sur chacun une destinée immortelle.

1313. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

L’histoire en a profité cette fois, mais elle les admet peu en général ; son front, d’ordinaire impassible, ne laisse guère monter jusqu’à lui les mille éclairs sous-entendus et les sourires ; — et voilà pourquoi, en pur critique littéraire que je suis, j’ai toujours crainte de m’approcher, comme aussi j’ai peine à juger du masque de cette muse sévère.

1314. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Un premier échec ne le découragea point ; il insista, et, à un second examen, fut admis.

1315. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Pourtant il devint amoureux ; et, sans admettre ici l’anecdote invraisemblable racontée par Fontenelle, et surtout sa conclusion spirituellement ridicule, que c’est à cet amour qu’on doit le grand Corneille, il est certain, de l’aveu même de notre auteur, que cette première passion lui donna l’éveil et lui apprit à rimer.

1316. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Du moins elle me dédommage lorsque je puis y parvenir, et, d’ailleurs, elle me repose en m’interdisant une foule d’entreprises ; car peu d’ouvrages et de matières sont susceptibles de l’admettre.

1317. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Eynard nous montre que s’il avait voulu appliquer dans tout son ouvrage le même esprit de critique, il s’en fût acquitté très-finement ; mais dès qu’il aborde la vie religieuse de Mme de Krüdner, lui qui a été si adroit à pénétrer la personne mondaine, il croit tout d’abord à la sainte : il s’arrête saisi de respect, n’examinant plus, et ne voulant pas admettre que, même sur un fond incontestable de croyance et d’illusion, c’est-à-dire de sincérité, il a dû se glisser bien des réminiscences plus ou moins involontaires de ce premier jeu, bien des retours de cet ancien savoir-faire.

1318. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Et en même temps, si l’on admet une fois que son instrument est le vers classique, on sentira qu’il est dirigé par le même principe, par la même conception de la forme poétique, que les Gautier et les Banville.

1319. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Ou plutôt non, ce n’est point la vraie raison de notre énervement, car j’admets très bien qu’il se joue entre des personnages excessivement select des drames d’une brutalité hardie.

1320. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Admettons qu’il existait, avant Molière, quelque imbroglio fondé sur l’équivoque du portrait : il n’est guère douteux que cette intrigue ne provienne de la source ordinaire des quiproquos et des méprises comiques, c’est-à-dire de la commedia dell’arte.

1321. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

S’abrutir à d’interminables parties de manille ou de billard est chose courante, admise et très excusable, mais faire œuvre d’artiste, c’est se perdre irrémédiablement.

1322. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Tout ce que je veux bien admettre, et qui pût mériter aux jeunes poètes d’il y a quinze ans le nom de Décadents, comme l’entend Gautier, fut qu’ils portèrent à cette recherche du nouveau une hardiesse et une audace trop hardie et trop audacieuse, un goût d’extrême raffinement.

1323. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Comme en pareil cas, les sujets politiques et religieux sont d’ordinaire ceux qu’on lui interdit (on l’a vu sous le premier Empire et sous le second), le livre reprend faveur, parce qu’il est seul admis à traiter certaines questions graves, et le journal pour remplir ses colonnes recourt à cette causerie sur les faits du jour qu’on nomme la chronique, au récit des crimes et des accidents, aux commérages de salon ou de coulisses, aux descriptions de cérémonies, aux feuilletons ; il se fait de la sorte plus littéraire, à condition de se maintenir dans ce que des mécontents ont baptisé dédaigneusement « la littérature facile » ; ou encore il invente, pour toucher aux matières brûlantes, une série d’allusions, de périphrases, de réticences, de malices sournoises qui passent, comme des pointes d’aiguille, à travers les mailles du réseau où la loi s’efforce de l’emprisonner.

1324. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Le texte de son sermon, c’est la jalousie de l’art, qui admet l’amour paisible et pur du mariage, mais qui repousse la passion coupable comme une rivalité dégradante.

1325. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Comment admettre, d’ailleurs, une patience assez endurcie pour résister à un affront permanent, et qu’un homme avale, chaque jour, sans sourciller, pendant des années, des couleuvres auprès desquelles le crapaud dont parle Chamfort paraîtrait mangeable ?

1326. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Une fois la culpabilité admise, il vota pour la peine la plus douce, qui était la déportation.

1327. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Il est évident que Turgot admet bien plus que Condorcet le sentiment moral intime et direct, et c’est en effet par là que Condorcet a péché.

1328. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Dès le début, à quoi sert cet esclave admis aux faveurs de la reine, et qui devait mourir, et qu’on sauve pour en faire un témoin contre elle ?

1329. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

D’amitié, d’attachement véritable, Mme de Choisy n’en admettait pas qui ne fût à ce point de vue du courtisan et dans l’unique but du crédit et de la fortune.

1330. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Il fut admis dans l’imprimerie de M. 

1331. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Ceux qui le défendent peuvent montrer tant qu’ils voudront qu’il n’y avait pas de quoi le faire enfermer au château Saint-Ange ni de quoi lui faire son procès : je l’admets sans peine.

1332. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Jamais il ne consent à admettre le divorce entre l’imagination et le jugement.

1333. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Au moment où s’ouvrit la campagne contre la France, le maréchal n’admit pas un seul instant qu’un corps français pût faire partie de l’armée anglaise et associer son drapeau à celui de l’étranger : lui-même il quitta Gand et alla à Aix-la-Chapelle, d’où il partit pour rejoindre le roi à Mons, lors de la seconde rentrée.

1334. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

L’affaire alla en Conseil par-devant le roi ; Cosnac fut admis à dire ses raisons et à faire valoir les précédents en sa faveur.

1335. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Après quelques études élémentaires de mathématiques, Bernardin, entré comme élève à l’École des ponts et chaussées, eut l’idée de servir dans le génie militaire : il y fut admis par une première méprise, mais il ne put jamais s’y faire accepter sur un pied d’égalité.

1336. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Volney se consuma autour de cette éclipse, à laquelle il croyait pouvoir assigner une date que l’illustre géomètre Laplace n’admettait pas.

1337. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Cet abandon de l’amitié, cette causerie de l’intimité, n’admettent ni faussetés ni détours, et comme l’on n’en soupçonne pas plus qu’on n’en redoute la publicité, les pensées les plus secrètes s’y trahissent, l’esprit et le cœur s’y montrent sans déguisement.

1338. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Quand on a besoin d’un dieu qui vous secoure, et certainement c’est là le principal, il faut en admettre un qui soit personnel, immatériel, bon, sage, juste.

1339. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Les pédants ne l’admettent aussi que dans le discours oratoire, et ne la distinguent pas de l’entassement des figures, de l’usage des grands mots, et de la rondeur des périodes.

1340. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Il n’admet pas que le littérateur, dans un but d’art pur, se libère des soucis moraux et politiques de son époque.

1341. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Il est certain, d’ailleurs, qu’un culte qui n’admet qu’un seul Dieu doit s’unir étroitement à la morale, parce qu’il est uni à la vérité, tandis qu’un culte qui reconnaît la pluralité des dieux, s’écarte nécessairement de la morale, en se rapprochant de l’erreur.

1342. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Je suppose que ce n’est pas sur le nombre des années, mais sur les progrès de l’entendement qu’il faut admettre ou éloigner un enfant d’une école publique des sciences.

1343. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Trelawney les ait confiées à quelqu’un qui en a fait ces prétentieuses élégances littéraires mêlées aux vilains et méchants propos de ce volume, on y répugnerait moins peut-être, mais on ne peut admettre que M. 

1344. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

La vérité n’en doit pas moins être dite, pour des raisons supérieures, soit qu’elle blesse les partis toujours vivants, soit qu’elle contrarie les opinions faites ou même qu’elle paraisse trop piquante pour être admise.

1345. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement admet et respecte.

1346. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Singulière, en effet, car comment admettre que ce qui ne vit pas soit supérieur à ce qui vit ?

1347. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Tout à l’heure, quand je veillais, les souvenirs admis étaient ceux qui pouvaient invoquer des rapports de parenté avec la situation présente, avec mes perceptions actuelles.

1348. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Mais, dira-t-on, si d’une façon générale, il est vrai que les populations les plus denses se concentrent, dans l’espace, à l’Occident, comme, dans le temps, à l’époque moderne, cette règle n’admet-elle pas d’éclatantes exceptions ?

1349. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Autrefois, quand j’étais pauvre, je ne pouvais admettre qu’il y eût des chasses privilégiées, et, sincèrement, je m’indignais que l’on n’accordât pas à tout le monde le droit de chasser sur les propriétés de l’État. […] … Avec mon activité de touche à tout, mes manies organisatrices et légiférantes, et ce jacobinisme violemment persécuteur qui n’admet ni scrupules politiques, ni pitiés humaines… il est évident que je fusse arrivé très vite à quelque chose de prépondérant… d’autocratique même, si j’ose m’exprimer ainsi ! […] — J’admets… concédai-je… Mais, Grand Inquisiteur de France ! […] Et si elles apportent à ce comité la même nervosité, les mêmes caprices, le même esprit de taquinerie dont elles illustrent les ménages qu’elles dominent et les diverses fonctions publiques où elles sont admises, on peut prévoir que les séances seront gaies… ah ! […] non, vous savez… je ne suis pas bégueule… et j’admets bien des choses… Mais ça… c’est trop raide… c’est trop dégoûtant !

1350. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Puisque d’ailleurs il n’admet pas qu’il y ait un type du roman, et puisque, d’après lui, toutes les formes en sont bonnes pourvu que l’auteur y ait réalisé son dessein, c’est sur ses intentions mêmes que nous le jugerons. […] De fait, Loti n’admet guère qu’il puisse y avoir quelque chose dans l’amour qui dépasse la sensation physique. […] Il n’admet même pas qu’on puisse goûter également, aimer d’un aussi vif et sincère amour des formes d’art différentes ou opposées, l’architecture gothique et l’architecture grecque, la tragédie de Corneille et les Mystères. […] S’il est admis, et aujourd’hui personne n’en doute, que toute opinion soit fausse justement en tant qu’elle ne fait pas acception de son contraire, avons-nous le droit « d’être de notre opinion » ? […] Mais j’admets qu’un autre pense autrement que moi.

1351. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Sans doute, on peut admettre que Sainte-Beuve ait exprimé le vœu qu’on publiât intégralement la correspondance de Vinet. […] Admettons qu’elle se puisse payer d’un autre prix que nous-mêmes, et que le moyen de notre absolution ne nous ôte pas le moyen d’en profiter, admettons que nous ne soyons pas nous-mêmes l’holocauste de notre péché, qu’importe que, par un moyen quelconque, en nous ou hors de nous, la réparation se consomme, si cette réparation, purement négative, effaçant le mal, ne crée pas le bien, si elle ne rétablit pas en nous la loi qu’elle venge hors de nous, si elle ne lie pas notre vie à la loi par le consentement de notre cœur, si elle ne fait pas triompher en nous l’obéissance dans la liberté, et la liberté dans l’obéissance, sous les auspices et la médiation de l’amour ?

1352. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

« Mais le frère d’Amélie répond d’une voix troublée : Indien, ma vie est sans aventures, et le cœur de René ne se raconte point. » Il supplie Chactas de le faire admettre au nombre des guerriers Natchez et de l’adopter lui-même pour son fils. […] Quant à nous, pauvres diables de légitimistes, nous n’étions admis nulle part ; on nous comptait pour rien… Tantôt on nous faisait dire dans la rue d’aller nous coucher ; tantôt on nous recommandait de ne pas crier trop haut Vive le roi ! […] Je crois qu’il eût plus facilement admis leur conversion, même rapide, si le roi l’avait pris pour premier ministre. […] Notez que, pour ma part, j’admets sans hésiter que Chateaubriand fut aussi intelligent, même des choses de la diplomatie, qu’un Talleyrand, un Metternich ou un Canning ; qu’il fut même capable de vues plus profondes et plus étendues, et qu’il écrivit de plus belles dépêches. […] Sa vanité nous choque dans ses Mémoires, où elle s’étale sans pudeur et presque sans interruption : mais, dans la réalité, elle admettait des trêves.

1353. (1898) Essai sur Goethe

Et comme ils ne voulaient nullement admettre le mien, je les tourmentais par toute sorte de paradoxes et d’exagérations ; puis, quand je les voyais s’impatienter, je m’éloignais avec une plaisanterie. […] Mais que le héros nous en soit donné comme un modèle de chevalerie, c’est ce qu’il nous est plus difficile d’admettre. […] Il est vrai que l’esthétique de Goethe n’admet pas ce que nous appelons la « composition » : elle réclame toutes les libertés shakespeariennes et veut que le poète se promène sans entraves d’aucune sorte à travers son sujet. […] On peut sûrement admettre que, là aussi, Goethe éprouva un peu de la douleur de cette séparation sans espoir qui conduit à sa perte le héros de son roman… Dans son œuvre, la femme de Kestner se confond en une seule image avec Maximilienne, le fiancé Albert emprunte quelques traits à Brentano. » Admettons ce dernier point : ce n’est pas sur l’excellent Kestner, modèle de confiance aveugle, que Goethe avait pu observer la jalousie ; et puisqu’il a fait de son Albert un jaloux — mais un jaloux tranquille, modéré, un jaloux honteux de l’être, qui ne manifeste sa jalousie qu’avec sagesse et réflexion — il ne nous en coûte rien d’accorder que ce fut Brentano qui « posa » pour ce trait-là. […] Il y a là une contradiction dont nous ne pouvons admettre les termes ; et, derrière les déclarations des lettres à Wilhelm, nous entendons résonner le rire un peu gros des jeunes diplomates, amis de Goethe et du pauvre Jérusalem, autour de leur table d’hôte dont ils faisaient une Table Ronde, ou les propos galants qui s’échangeaient à Ehrenbreitstein entre l’aimable voyageur revenu de Wetzlar et la fille de Mme de La Roche, sous l’œil complaisant d’une mère spirituelle, romanesque, dépourvue de tout préjugé.

1354. (1895) Hommes et livres

Force est bien d’admettre que ce n’est pas ce qu’il y a de commun aux deux livres, mais ce qui ne se trouve que dans le roman français, ce qui appartient par conséquent en propre à l’écrivain français, qui a fait le succès, le mérite et l’originalité de Gil Blas. […] J’ai peine à admettre que dans l’histoire de la comédie, l’opéra-comique doive tenir autant de place que Beaumarchais, plus que Marivaux. […] Il admet les scènes épisodiques de personnages qu’on ne revoir plus, comme dans la réalité passent, souvent des gens qui font en un moment notre bonheur ou notre malheur, et qui disparaissent comme ils sont venus. […] Il recommande la vérité du décor, mais il n’admet que le décor nécessaire, qui explique et soutient l’action. […] Mais il en observe l’esprit et non la lettre : il admet les monologues, comme moyens d’atteindre certaines vérités profondes que le dialogue ne saurait exprimer avec vraisemblance.

1355. (1902) La poésie nouvelle

S’il est admis que les choses ne sont pas seulement ce qu’aperçoivent nos sens, il ne s’agira plus de les décrire analytiquement au moyen de mots très précis, adéquats à leurs différentes qualités sensibles. […] Cette métrique récente, et qu’ont adoptée la plupart des poètes originaux d’aujourd’hui, est d’abord constituée par la négation hardie des règles jusqu’à présent admises.‌ […] Quant à savoir si l’on admettra ce choix, cela revient à demander si l’on accepte ou non la métrique traditionnelle, — ce qui précisément est la question. […] Le genre étant admis et le sujet, tel quel, accepté, on doit reconnaître la sûreté de touche et l’habileté qui se révèlent dans ces petits tableaux réalistes, et la sobriété même de l’exécution. […] Verhaeren est tout entier à l’idéal qu’il a choisi, et il n’en admet pas d’autre : élégance, délicatesse lui sont odieuses et il n’a que du mépris pour les fades paysanneries de Greuze.

1356. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Bonhomme n’a réussi tout au plus qu’à faire de Mlle de Bar une lectrice de la marquise de Mimeure, au lieu d’une femme de chambre : on peut admettre, si l’on veut, qu’ayant commencé par être l’une, elle avait fini par devenir l’autre ; elle sera montée en grade avec les années. […] Entre les poésies badines de Piron, je ne vois guère qu’une pièce, une seule, qui soit vraiment agréable, d’un tour libre et aisé, et que les gens de goût puissent, entre soi, s’avouer avoir lue ou même relue avec plaisir : c’est celle qui a pour titre, Leçon à ma Femme : Ma femme, allez au diable ou vivez à ma mode… On serait tenté (le genre admis) de savoir gré à Mme Piron d’avoir fourni matière à cette leçon conjugale assez peu correcte et de s’en être accommodée.

1357. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Sorti de l’École normale, agrégé des Lettres et admis au premier rang, puis élève de l’École française d’Athènes, puis à son retour professeur de rhétorique dans un lycée, puis professeur de Faculté en province, puis enfin revenu à Paris et délégué comme maître à cette École normale dont il avait été l’un des meilleurs élèves, appelé de là comme suppléant à la Sorbonne, il n’a cessé, dans toute sa carrière et à chaque degré, de se préparer, de se munir, de s’aguerrir de plus en plus pour cette fonction et pour ce talent de professeur qui est de ceux qui s’acquièrent, qui se perfectionnent et auxquels l’expression de fiunt opposée à nascuntur s’applique si justement. […] Gandar était de la seconde promotion de l’École d’Athènes, une espèce de promotion extraordinaire qui eut lieu en 1847, et où il figurait seul : il retrouvait en arrivant les élèves de cette nombreuse et brillante promotion première qui comptait Lévêque, Émile Burnouf, Louis Lacroix, Benoit (doyen à Nancy), Hanriot, Roux, — Grenier enfin, Grenier ouvertement incrédule à Homère, négateur hardi de l’exactitude tant admirée des descriptions homériques ; car, dès qu’il y a une douzaine de personnes réunies, il se trouve toujours un homme d’esprit en sus pour contredire et remettre en question ce que les autres admettent et admirent.

1358. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Pourquoi ne pas admettre que ce pauvre ambassadeur, déjà vieux et vaincu du temps , comme dit le poëte, finit par se décourager et par devenir bon homme ? […] Celle lettre, écrite dans un intérêt de famille, prouve une seule chose, c’est qu’on était loin de croire alors et qu’on n’avait jamais admis jusque-là qu’Aïssé eût été sacrifiée à l’ambassadeur. — Voir ci-après la note [G].

1359. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

En fait, d’éloge ou d’accusation qu’on a fait admettre comme des vérités reçues à l’égard de certains hommes que les partis voulaient perdre ou grandir par intérêt ou par ignorance, le public aura à déplacer dans ses niches bien des statues et à faire réparation à bien d’autres. […] Vatout, mot qui me fut rapporté par cet ami de la cour, ne me laissa pas douter des vues du prince sur moi, si j’avais consenti à briguer ou à accepter seulement sa confiance. « Pourquoi, dit un jour à ce prince un des députés orléanistes admis dans les soirées de la famille royale, pourquoi n’offrez-vous pas un ministère à M. de Lamartine, qui vous défend quelquefois si gratuitement à la tribune ?

1360. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Cette pension, connue sous le nom de la Maison Vauquer, admet également des hommes et des femmes, des jeunes gens et des vieillards, sans que jamais la médisance ait attaqué les mœurs de ce respectable établissement. […] Ainsi, ne pouvant acheter ni les échasses, ni les cordes, ni aucune des choses nécessaires aux amusements du collège, j’étais banni des jeux ; pour y être admis, j’aurais dû flagorner les riches ou flatter les forts de ma division.

1361. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Il admet, il désire la séparation de l’Église et de l’État. « Les propriétés de l’Église sont soumises aux charges communes, et elle devra, dans un temps et moyennant les dispositions transitoires nécessaires, subvenir aux dépenses du culte. » En somme, il réclame pour l’Église « toute la liberté ». […] Et est-ce qu’il n’y a pas eu d’autres moments encore, des moments d’angoisse mortelle et d’universel dégoût, où vous admettiez presque que l’on pût totalement désespérer et où vous n’étiez retenu dans votre foi que par une habitude d’âme ?

1362. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Si les notes étaient admises dans le roman, monsieur Zola indiquerait certainement les ouvrages qu’il a consultés, les passages dont il s’est plus ; spécialement servi. […] Zola, la question se compliquait de considérations particulières : son œuvre est construite par tableaux ; or, le, théâtre peut bien admettre des tableaux, mais dans un nombre limité   l’action met vingt ans à se dérouler ; bien des morceaux ne peuvent être transportés sur la scène : car les naturalistes les plus intransigeants sont pourtant forcés de reconnaître qu’il y a au théâtre certaines impossibilités, que l’art ne peut pas tout vaincre.

1363. (1925) La fin de l’art

N’importe, j’admets qu’on rie devant il ria. […] Admettons que Colomb soit né à Calvi et faisons abstraction de cette donation à la France, qui n’eut pas grande conséquence, il n’en serait pas moins français, puisque la Corse est devenue dans la suite des temps un département français.

1364. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Ordres et défenses, quand le devoir est clair, simple permission dans le cas contraire, sentiment dramatisé du démérite, aucun phénomène moral ne manque au tableau, si ce n’est peut-être le moins moral de tous, le sentiment du mérite, la satisfaction du devoir accompli ; encore peut-on le voir dissimulé sous une forme discrète, la seule qu’admette une conscience scrupuleuse, dans la promesse du secours de Dieu et dans l’annonce du succès final. […] A l’audience du tribunal, pressée de questions, elle « n’entend pas bien » la voix ; aussi n’admet-elle pas cette révélation confuse comme suffisante ; revenue dans sa prison, et libre de méditer en silence, elle demande à son « conseil » des paroles plus précises, et les obtient. — Socrate, à ce qu’il semble, était moins exigeant.

1365. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

De retour en Angleterre, il retomba parmi ses livres, et admit chez lui quelques élèves auxquels il imposa comme à lui-même un travail continu, des lectures sérieuses, un régime frugal, une conduite sévère : vie de solitaire, presque d’ecclésiastique. […] « Il remontre humblement : « Que le 17 février 1630 il fut appréhendé, revenant du sermon, par un mandat de la haute commission, et traîné le long des rues avec des haches et des bâtons jusqu’à la prison de Londres. —  Que le geôlier de Newgate, étant appelé, lui mit les fers et l’emmena de haute force dans un trou à chien, infect et tombant en ruine, plein de rats et de souris, n’ayant de jour que par un petit grillage, le toit étant effondré, de sorte que la pluie et la neige battaient sur lui ; n’ayant point de lit, ni de place pour faire du feu, hormis les ruines d’une vieille cheminée qui fumait : dans ce lamentable endroit, il fut enfermé environ quinze semaines, personne n’ayant permission de venir le voir, jusqu’à ce qu’enfin sa femme seule fut admise. —  Que le quatrième jour après son emprisonnement, le poursuivant, avec une grande multitude, vint dans sa maison pour chercher des livres de jésuites, et traita sa femme d’une façon si barbare et si inhumaine qu’il a honte de la raconter, qu’ils dépouillèrent toutes les chambres et toutes les personnes, portant un pistolet sur la poitrine d’un enfant de cinq ans et le menaçant de le tuer s’il ne découvrait les livres… —  Que pour lui il fut malade, et, dans l’opinion de quatre médecins, empoisonné, parce que tous ses cheveux et sa peau tombèrent. —  Qu’au plus fort de cette maladie la cruelle sentence fut prononcée contre lui et exécutée le 26 novembre, où il reçut sur son dos nu trente-six coups d’une corde à trois brins, ses mains étant liées à un poteau. —  Qu’il fut debout près de deux heures au pilori par le froid et par la neige, puis marqué d’un fer rouge au visage, le nez fendu et les oreilles coupées. […] And in thy right-hand lead with thee The mountain-nymph, sweet Liberty : And, if I give thee honour due, Mirth, admit me of thy crew, To live with her, and live with thee, In unreproved pleasures free… To hear the lark begin his flight, And singing startle the dull night, From his watch-tower in the skies, Till the dappled dawn doth rise ; Then to come, in spite of sorrow, And at my window bid good-morrow, Through the sweet-brier, or the vine, Or the twisted eglantine : While the ploughman near at hand Whistles o’er the furrow’d land, And the milk-maid singeth blithe, And the mower whets his scythe, And ev’ry shepherd tells his tale, Under the hawthorn in the dale… Sometimes, with secure delight, The upland hamlets will invite, When the merry bells ring round, And the jocund rebecks sound To many a youth and many a maid, Dancing in the chequer’d shade ; And young and old come forth to play On a sunshine holiday… Towered cities please us then, And the busy hum of men, Where throngs of knights and barons bold, In weeds of peace high triumphs hold… And ever against eating cares, Lap me in soft Lydian airs, Married to immortal verse, Such as the meeting soul may pierce, In notes, with many a winding bout Of linked sweetness long drawn out ?

1366. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Bernstein, qui a été représentée hier, la Galerie des Glaces, si nous admettons avec son auteur que les véritables pièces d’idées sont celles qui les suggèrent, et non celles qui les expriment. […] À lire Vingtième Siècle, on s’aperçoit évidemment qu’il rejette l’idée de l’évolution des genres, qu’il ne donne pas à la tradition littéraire la place que lui accordait Brunetière et qu’il n’admet l’art que s’il comporte une originalité. […] Je ne suis pas éloigné de l’admettre. […] Ce que l’on admet avec peine, c’est qu’un livre qui porte un pareil titre ne s’appuie que sur des considérations scientifiques.

1367. (1886) Le naturalisme

Si en principe on admet la liberté, il faut la supposer relative et sans cesse combattue, limitée par tous les obstacles qu’elle rencontre dans la vie. […] La poésie se modifie, admet comme élément de beauté la réalité vulgaire. […] Sans admettre la théorie de ce savant allemand, qui prétend qu’au temps d’Homère, les hommes voyaient beaucoup moins de couleurs qu’aujourd’hui, et que ce sens se raffine et s’enrichit chaque jour, je crois que le culte de la ligne est antérieur à celui du coloris, comme la sculpture à la peinture. […] C’est maintenant une opinion aristocratique et élégante que d’admettre la suprématie du roman anglais sur le terrain moral et sur le terrain littéraire.

1368. (1864) Études sur Shakespeare

On peut donc admettre que l’éducation, de Shakespeare, dans ses jeunes années, répondit à ce que suppose une telle situation ; et lorsque ensuite un changement de fortune, quelle qu’en ait été la cause, vint interrompre ses études, il avait probablement acquis ces premières habitudes d’une éducation libérale qui suffisent à un homme supérieur pour débarrasser son esprit de la gaucherie de l’ignorance, et le mettre en possession des formes convenues dont il a besoin de savoir revêtir sa pensée. […] En 1315, sous Édouard II, le conseil du roi, voulant réprimer le vagabondage, défend à qui que ce soit de s’arrêter dans les maisons des prélats, comtes et barons, pour y manger et boire, « si ce n’est un ménestrel » ; encore ne pourra-t-il entrer chaque jour, dans ces maisons, « plus de trois ou quatre ménestrels d’honneur », à moins que le propriétaire lui-même n’en admette un plus grand nombre. […] Les habitudes d’esprit qu’entretenaient dans le peuple les ballades et les ménestrels permettaient d’introduire, même dans les productions les plus consacrées à la joie, quelques teintes de ces émotions que la comédie, en France, n’admet guère sans perdre son nom pour prendre celui de drame. […] Le genre est bizarre et léger ; mais, la supposition admise, rien dans l’ouvrage ne choque le jugement et ne trouble l’imagination par l’incohérence des effets.

1369. (1940) Quatre études pp. -154

Qu’il comporte en soi certaines tendances destructrices, qu’il ait le tort de donner à la passion une importance et une dignité souveraines, c’est ce que j’admettrai aisément. […] « La philosophie moderne, qui n’admet que ce qu’elle explique, n’a garde d’admettre cette obscure faculté appelée instinct39 » ; elle aime mieux nier l’évidence. […] Condillac consacre une bonne partie de son Traité des systèmes à exposer ses idées : car son système « n’admet rien dont il ne se rende raison, et des difficultés insolubles dans tout autre s’expliquent ici de la manière la plus intelligible ».

1370. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Je comprends que ses défenseurs ne manqueront pas de dire qu’il a traité avec honneur la vraie probité, qu’il n’a attaqué qu’une vertu chagrine et qu’une hypocrisie détestable ; mais sans entrer dans cette longue discussion, je soutiens que Platon et les autres législateurs de l’antiquité païenne n’auraient jamais admis, dans leur république, un tel jeu sur la scène. […] Allons, ouvrons la porte aux enfants ; entourons de miel les bords de la coupe, mouchetons le poignard, modérons la clarté du lustre, que tout ceci se passe en famille, que le père, les frères, les sœurs, les amis, les coreligionnaires soient seuls admis dans ce temple auguste ; que la mère d’actrice, ce type éternel de l’enthousiasme à volonté, fasse entendre tout à l’aise ses sanglots et son gros rire ; et toi, critique, ma mie, tu n’as rien à voir dans ces scènes d’intérieur, va te promener. […] Orgon, Elle a bien voulu, par pitié, admettre dans sa maison, à sa table, ce vil M.  […] Si vous admettez que tout écrivain en ce monde, pourvu qu’il parle sa langue et qu’il obéisse à ce code inviolable, la grammaire, a le droit de créer son propre style, de faire la langue qu’il écrit ou qu’il parle, où trouverez-vous un style plus ingénieux, une forme plus nouvelle ?

1371. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Jules Lemaître lui-même admet que les Richebourg de nos concierges valent les Georges Ohnet qui flattent la vanité et la curiosité bébête des bourgeois ; et l’Académie française couronne indifféremment les uns et les autres. […] Elle n’admet pas le vers que Viélé-Griffin et Marie Krysinska croient libre et que Franc-Nohain avoue amorphe. […] J’admets que, pour m’en instruire, les personnages disent des choses que dans la vie ils ne diraient point. […] *** Celles qui admettent que nous naissions inégaux devant la société m’intéressent peu quand je les vois repousser uniquement l’inégalité dont elles sont frappées en tant que femmes. […] Et, deux pages plus loin, la démonstration faite, l’auteur triomphe : « Je le répète, c’est une erreur qui s’est transmise de génération en génération, et qui, à la longue, est devenue une habitude, et ensuite, d’âge en âge, de siècle en siècle, est passée par le contact de la civilisation, qui l’a admise à l’état de besoin. » Pauvres hommes !

1372. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Il faut de vieux amis pour que tu les admettes À savourer ce miel des intimes Hymettes. […] « Il est communément admis, dit-il, que la réaction doit s’entendre de tout effort fait en vue de ramener l’humanité à la routine et aux abus du passé. […] « L’ivrognerie dans les pays froids, j’admets cela sans le tolérer, il y a là un prétexte ; mais dans les pays chauds, aux tropiques ! […] Il y avait encore une autre raison à cette cordialité et peut-être la principale : c’est que mes parents avaient consenti à recevoir la baronne de Feuchères, qui exerçait sur monsieur le duc de Bourbon un grand empire, mais qui n’était pas admise à la cour. […] Le général n’est ni démocrate, ni libre-penseur, on le sait, puisqu’il n’a pas admis que des soldats fussent associés à des manifestations antireligieuses, mais il est toujours impartial, et c’est ce qu’exige l’Histoire de ceux qui la servent.

1373. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Et comme il approchait du terme inévitable où l’on cesse, même dans les cénacles, d’être considéré comme un jeune auteur, les Quarante l’ont admis dans leur illustre compagnie, juste à temps pour qu’il pût tenir l’emploi de jeune académicien. […] Peu d’écrivains sont plus assurés d’être admis devant ce jury inconnu et mystérieux dont nous parlons rarement, parce qu’il nous fait peur : la postérité. […] Dès que l’on ferme sa porte, en déclarant qu’on ne l’ouvrira qu’à une élite, on peut être sûr que de nombreux candidats demanderont à être admis. […] On s’y trouvait en bonne compagnie, les filles de basse naissance que l’on admettait à la profession étant généralement reléguées au rang des sœurs domestiques. […] Armand Silvestre, très grave, n’admet pas « qu’un homme ayant un idéal s’abaisse aux compromissions dont est faite aujourd’hui la vie publique ».

1374. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Ces lacunes sont fréquentes chez les auteurs qui n’admettent que leur méthode et leurs procédés. […] Admettons que cette heure soit difficile à trouver à certains jours. […] Nous finirons par admettre une première et grande classification des styles : le style descriptif ou coloré et le style d’idées ou abstrait. […] Sans doute ils passent et sont même accueillis suivant la fortune de la parole ; mais on ne saurait admettre sur le papier cette forme délayée et languissante. […] Ce sont des constatations, des vérités admises.

1375. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

et le fabliau s’est-il détaché de la chanson de geste comme on admet généralement que la farce, un jour, s’est détachée du mystère ? […] Molinier l’impriment pourtant sans commentaire, comme ils ont imprimé l’autre, et vous croyez avoir du Pascal, et vous n’avez que du Bossut, puisqu’il n’y a que la seconde version qui compte et que, si Pascal a biffé la première, je ne puis admettre que M.  […] Ce séjour d’Agen a son importance : il prouve, selon nous, le séjour de Molière à Bordeaux, et qu’il faut, comme nous disions tout à l’heure, le faire tomber en 1648, après le séjour d’Angoulême et de Limoges, si toutefois on les admet. […] Evidemment, à la distance de 70 ou 80 lieues qui sépare Agen de Narbonne, s’il appelle à lui la troupe de Molière, on peut admettre qu’il la connaît. […] Mais Molière arrive trop tard ; la place est déjà prise par un certain Cormier, et, n’était l’insistance de Cosnac, qui veut dégager sa parole, on n’admettrait même pas la troupe à l’honneur de jouer devant le prince.

1376. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Je veux que les adversaires du symbolisme — s’il en existe encore — admettent avec moi le principe de l’évolution des genres et de la poésie dont Régnier est le meilleur exemple. […] Si l’on admet cette simple loi d’histoire, qui prouve l’existence dans le temps d’un large parallélisme entre toutes les manifestations intellectuelles, une coïncidence heureuse ne suffit pas à expliquer ce retour au lyrisme subjectif dans le moment où prend naissance une philosophie plus aérée, moins abstraite, orientée vers nos activités psychiques. […] Mais, ceci admis, quelles différences nous ouvrent les yeux, aident à nous distinguer ! […] En même temps que la nouvelle psychologie se refusait à admettre la division abstraite et arbitraire de nos trois facultés, sensibilité, intelligence, volonté, les poètes concevaient le lyrisme comme la synthèse d’une multitude d’états de conscience.

1377. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Quand on songe qu’à l’époque même où il écrivait, il y avait toute une école qui, mettant son orgueil à abaisser la nature humaine, définissait l’homme « un animal débruti », et que les savants, plutôt que d’admettre le mystère sublime de l’homme fait à l’image de Dieu, préféraient, pour se donner la triste joie de nier l’existence du Créateur, accepter l’ignoble mystère de l’homme éclos d’un œuf de poisson, on comprend que M. de Bonald, pour mieux s’éloigner de cette déplorable extrémité, se soit jeté dans une définition d’un spiritualisme un peu excessif. […] Royer-Collard a quelque chose de profondément conforme au christianisme, parce qu’elle admet qu’il y a des vérités essentielles, qu’on croit invinciblement sans pouvoir les établir par le raisonnement. […] En 1803, Guizot, qui savait à fond cinq langues : le grec, le latin, l’allemand, l’italien et l’anglais, commença sa philosophie, et ce fut cette étude qui lui révéla à lui-même la tournure de son esprit, une grande confiance dans l’autorité de la raison humaine, une ardeur de méditation et une fierté intellectuelle qui le disposent à ne rien admettre qu’après contrôle. […] Si l’on n’admet pas que le paganisme et le christianisme, le Nord et le Midi, l’antiquité et le moyen âge, la chevalerie et les institutions grecques et romaines se sont partagé l’empire de la littérature, l’on ne parviendra jamais à juger, sous un point de vue philosophique, le goût antique et le goût moderne. » Si l’on tempère cette distinction encore un peu trop tranchée, en disant que nous sommes des barbares qui avons bu à deux sources de civilisation, la Bible et l’Évangile d’une part, l’Iliade et l’Énéide de l’autre, on sera bien près de la vérité, et l’on aura découvert les trois éléments des littératures modernes : l’élément religieux, l’élément des origines nationales simples ou multiples, enfin l’élément classique, par lequel nous nous rattachons à l’antiquité civilisée. […] Son intelligence, éminemment chrétienne, tout en admirant les grands auteurs du paganisme, dont les œuvres sont comme les monuments de l’esprit humain, ne pouvait admettre que cette religion, qui est la source de toutes les belles et grandes choses, fût ingrate et stérile dès qu’on parlait en vers.

1378. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Car, d’admettre un seul instant que Corneille ait tout inventé, tout créé dans son Cid, vous savez, Messieurs, quelle erreur ce serait ! […] Mais, d’un autre côté, puisque j’essaye, puisque je vous ai promis d’essayer d’établir un visible enchaînement entre elles toutes, puisque vous avez admis que là même serait, ou pourrait être le véritable intérêt de notre commune tentative, il doit m’être permis, de loin en loin, de vous le rappeler, et vous trouverez sans doute naturel que, de temps en temps, je tâche à vous faire toucher du doigt ce que cet enchaînement a de plus sensible, de plus extérieur et presque de plus matériel. […] S’il a fait Hippolyte amoureux, c’est pour adoucir l’atrocité du crime de Phèdre ; pour excuser, selon la casuistique d’amour généralement admise, l’horreur de sa dénonciation par la violence de sa jalousie. […] Si vous voulez admettre, nous disent-ils, qu’une femme « une grande dame, une très grande dame », une princesse, une reine, puisse revoir sans le reconnaître l’homme dont elle a eu deux enfants, et qui, pour lui plaire, « guidé par elle comme à travers les détours de l’Enfer » a jadis assassiné son père, — toutes choses de peu d’importance, et qui s’oublient sans doute aisément ! — si vous voulez admettre que cet homme, encore qu’il en eût vingt raisons, toutes plus puissantes les unes que les autres, n’ait jamais éprouvé la curiosité de savoir ce que ses deux enfants avaient pu devenir ; enfin, si vous voulez admettre que cette grande dame, affamée de débauches, ait justement jeté, par une rencontre singulière, le dévolu de son amour sur ses deux fils, l’un après l’autre ou ensemble, alors, si vous nous accordez toutes ces suppositions, nous nous engageons de notre part à vous émouvoir fortement… Et moi, Mesdames et Messieurs, je les en crois sur leur parole, mais je ne veux pas être ému de cette manière ; et je ne le veux pas, parce que l’art n’a plus de raison d’être, parce qu’il n’est qu’un badinage, s’il n’est pas en quelque degré une imitation, ou une explication, ou une interprétation de la nature et de la vie ; et qu’il ne saurait l’être, vous le sentez assez, s’il se place d’abord en dehors et à côté de l’observation.

1379. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Admettons. […] Je comprends très bien les critiques, comme Joubert par exemple, qui n’admettent pas ces peintures de l’humanité moyenne, et ne trouvent jamais assez de délicatesse et de distinction dans la littérature. […] Le théâtre n’admet le réalisme qu’à légères doses, parce que le réalisme est tout fait de menus détails, et que le théâtre procède par grandes lignes. […] Et voilà la loi morale établie, et une idée théologique, un minimum, si l’on veut, d’idée théologique admis par Voltaire65. […] … », « Comment admettre ?

1380. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Lorsque nous aurons admis qu’à dater du septième siècle, trois langues avaient cours dans les Gaules, la langue latine encore officielle et ecclésiastique, une langue vulgaire uniformément altérée du latin, une langue allemande que les vainqueurs avaient apportée avec eux, qu’ils perdirent en partie et qu’ils n’imposèrent pas aux habitants du pays, plus d’une difficulté se présente. […] Une langue belle et savante, comme le latin, voulait marquer toutes les nuances de la pensée, et n’admettait pas le même adverbe dans deux situations tout à fait dissemblables. […] Pour former le passif, ils ne se servaient pas tout d’abord du verbe être ; ils ne l’admettaient que pour un ou deux temps, le passé et le futur passé. […] J’admets, comme le dit le docteur Lowth, que le sublime du livre de Job ait dégénéré, quand on le retrouve dans les vieilles poésies purement arabes. […] À voir les bibliothèques de vers, qui datent du douzième siècle, il faut admettre que, dans cette vie urbaine et féodale, beaucoup de personnes, des clercs, des ignorants, des femmes, se livraient à cette distraction, et que lire et raisonner sur ses lectures était un plaisir fort en vogue.

1381. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Napoléon, bon juge et peu prodigue d’éloges, l’a mieux défini quand il a dit dans le récit du 18 Brumaire et en parlant des jours qui avaient précédé : Il (le général Bonaparte) n’admettait dans sa maison que les savants, les généraux de sa suite, et quelques amis : Regnault de Saint-Jean-d’Angély, qu’il avait employé en Italie en 1797, et que depuis il avait placé à Malte ; Volney, auteur d’un très bon Voyage en Égypte ; Roederer, dont il estimait les nobles sentiments et la probité… C’est dans le mois de ventôse an VI (vers mars 1798), deux mois avant le départ pour l’Égypte, que Roederer vit pour la première fois le général Bonaparte, auquel il devra bientôt d’acquérir tout son relief et toute sa valeur : J’ai dîné avec lui, dit-il, chez Talleyrand-Périgord.

1382. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

J’ai vu le grave et chaleureux publiciste littéralement ivre de joie à l’aspect de ce qu’il appelait ce grand succès ; Bonstetten, plus modéré, parce que la grâce n’admet aucune violence, n’applaudissait pas moins de tout son cœur.

1383. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Aujourd’hui, quel que soit le régime matrimonial, soit dotal, soit commun, la veuve est admise à la jouissance des droits qui ne comprennent pas moins d’un demi-siècle : autant dire toute sa vie.

1384. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Le caractère de son commentaire en ce qui est des Bucoliques et des Géorgiques est une grande clarté, une part de grammaire, facilement et largement traitée, sans sécheresse aucune, l’indication rapide des variantes qui ont été proposées, et une certaine part aussi de critique littéraire et admirative que nos voisins d’outre-Rhin n’admettent pas d’ordinaire à ce degré.

1385. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Fatalistes que nous sommes et adorateurs du résultat, nous admettons difficilement que les choses de l’histoire auraient pu prendre tout aussi bien un autre tour, pas plus mauvais que celui qui a prévalu, et qu’il n’a souvent tenu qu’à un rien qu’il en fût ainsi.

1386. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Au dehors ce fut surtout de l’étonnement ; on n’admettait pas qu’un prêtre parlât sur ce ton aux puissances et qu’il se posât plus haut qu’elles avec cette audace d’aveu.

1387. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

. — En un mot, dans le tableau de ce dernier tiers du xviiie  siècle, les proportions véritables ne sont pas assez gardées ; la nomenclature l’emporte un peu sur le vrai classement ; trop de noms se pressent sous la plume de l’auteur, et paraissent admis à une place que quelques-uns seuls tenaient réellement.

1388. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

En paraissant admettre comme correctif que probablement la dame, en cela, n’avait suivi que des idées poétiques qui ne tirent pas à conséquence, Bayle a soin d’ajouter tout aussitôt, selon sa méthode de nous dérouter : « Ce n’est pas qu’on ne puisse cacher beaucoup de libertinage sous les priviléges de la versification. » A côté des vers du Ruisseau, on en trouverait bon nombre d’autres notables par la portée philosophique, et moins contestables pour la doctrine.

1389. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Tout esprit qui a en soi une part d’art ou de système n’admet volontiers que ce qui est analogue à son point de vue, à sa prédilection.

1390. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Défenseurs de l’ordre social, laissez-moi, laissez quelqu’un qui a vécu longtemps en dehors de voire sphère vous le dire en toute franchise : c’est une étrange erreur, c’est une faute que de partager ainsi le monde politique ou littéraire en bons et en méchants, de ranger et d’aligner ainsi tous ses ennemis, ceux qu’on qualifie tels et qui souvent ne le sont pas ; qui réclament l’un une réforme, l’autre une autre ; qui n’attaquent pas tout indistinctement ; qui demandent souvent des choses justes au fond et légitimes, et qui seront admises dans un temps plus ou moins prochain.

1391. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Et le public ne s’en étonne point ; il n’a pas le sentiment historique ; il admet que l’homme est partout le même ; il fait un succès aux Incas de Marmontel, au Gonzalve et aux Nouvelles de Florian, à tous les paysans, manœuvres, nègres, Brésiliens, Parsis, Malabares, qui viennent lui débiter leurs amplifications.

1392. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Il est admis que, d’elle-même et par sa propre force, la théorie engendre la pratique, et qu’il suffit aux hommes de décréter ou d’accepter le pacte social pour acquérir du même coup la capacité de le comprendre et la volonté de l’accomplir.

1393. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Laurent s’enquit alors d’un de ses familiers, car plusieurs de nous avaient été admis près de lui, de ce qu’élaborait le médecin.

1394. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Jean de Meung qui admet le Temple et l’Hôpital, les chanoines de Saint-Augustin et l’ordre de Saint-Benoît, est un des plus terribles ennemis que les moines mendiants aient rencontrés.

1395. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Dans les chapitres de la tragédie et de la comédie, il parle du théâtre très librement, avec une réelle largeur d’esprit pour un archevêque : je le juge un peu sévère dans sa critique de nos tragédies où il trouve trop de pompe, des sentiments faux, de la fade galanterie, et un abus monotone des peintures de l’amour ; mais il est à noter qu’il admet Phèdre, et ne blâme qu’Aricie et Hippolyte ; au fond, il a raison dans son goût pour la vérité humaine et la pure passion des tragédies antiques.

1396. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Quels, l’encouragement, prix, où affectera le revenu aussi bien, en l’absence de besoins, à diverses célébrations littéraires ; le mécanisme (personnellement, je le connais), puis chiffrer l’infimité de la taxe applicable même aux publications scolaires : besogne, le point admis, partagée entre la Presse et le Parlement.

1397. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Il les admet dans la noblesse, mais à condition qu’elles y restent.

1398. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Je tâche de les lire, comme les ont lues de tout temps les Sages & les Littérateurs éclairés : les Sages, pour n’y admettre que des mœurs, des sentimens, des caracteres, des maximes propres à donner à l’ame de l’énergie & des vertus ; comme les Littérateurs éclairés, pour condamner & rejeter les vains efforts de l’Art, les bizarreries de l’imagination, le clinquant de la fausse parure, la manie des sentences & des déclamations.

1399. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Quand il avait à la justifier et à la garantir auprès de la cour dévote de la reine et du Dauphin, il était plus embarrassé et se voyait obligé de recourir à des adresses qui, de sa part, nous font sourire : Si vous êtes admis aux comités dans lesquels on parle devant la reine de l’abus des mauvais livres, écrivait-il à un des amis qu’il avait de ce côté, je vous prie d’y faire observer que Les Cacouacs (plaisanterie de Moreau contre les encyclopédistes) ont porté un coup plus mortel à l’Encyclopédie qu’un arrêt du Conseil dont l’effet eût été de faire expatrier un des éditeurs, qui aurait achevé son ouvrage en pays étranger.

1400. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Le Bovarysme intellectuel admet lui-même des distinctions ; tandis qu’il porte, avec Frédéric Moreau, sur presque toutes les facultés de l’esprit, il devient plus spécialement avec Homais un Bovarysme scientifique, avec Pellerin un Bovarysme artistique.

1401. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Il nous semble que M. de Tocqueville pose la question en termes bien absolus, lorsqu’il n’admet aucun milieu entre la foi avec la liberté et l’incrédulité avec la servitude.

1402. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Admettons qu’un homme de lettres possède ces deux facultés si diverses : du moins ne pourra-t-il les appliquer à la fois.

1403. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Parmi les pensées claires, celles-là seules sont faciles à exprimer et à bien exprimer, qui sont faciles à trouver et à entendre ; ce sont les idées du sens commun et du bon sens, que tout le monde admet d’avance.

1404. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Mais Molière dont nous parlions tout à l’heure, et qu’on ne saurait trop citer ici, est plein de gallicismes ; aucun auteur n’est si riche en tours de phrases propres la langue française ; il est même, pour le dire en passant, beaucoup plus correct dans sa diction qu’on ne pense communément : d’après cette idée, un étranger qui écrirait en français, croirait, bien faire que d’emprunter beaucoup de phrases de Molière et se ferait moquer de lui ; faute d’avoir appris à distinguer dans les gallicismes, ceux qui sont admis dans le genre le plus noble, ceux qui sont permis dans le genre moins élevé, mais sérieux, et ceux qui ne sont propres qu’au genre familier.

1405. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Au même moment, le 17 novembre, il crayonne sur un carnet cette note : « Dans un élan irrésistible, j’écris ces Conditions de la Paix… Il ne s’agit pas de les faire admettre, mais tout simplement de les penser, de savoir ce que nous voulons dire quand nous parlons de notre justice… » Et de cet éclair de novembre, son livre sort tout entier.

1406. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Admettons qu’il y ait, en effet, un tiers de fatras, de déclamations, de théories creuses, de hors-d’œuvre politiques insipides.

1407. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Extension et tension admettent des degrés multiples, mais toujours déterminés.

1408. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Maintenant couronné à Olympie, et deux fois encore, à Delphes et dans l’isthme, Ergotèle, tu vantes les bains tièdes des nymphes de Sicile, hôte familier de ces campagnes devenues tiennes. » Dans cette fin de notre dix-septième siècle toujours curieuse de l’antiquité, mais ne sachant plus en réfléchir la splendeur, aux bords de ce couchant déjà moins éclairé, l’imitation de Pindare fut fort essayée, et sa grande poésie admise, en quelque sorte, à correction.

1409. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Je ne vois qu’une seule manière de répondre à cette question : c’est d’admettre la sincérité parfaite du narrateur. […] S’il a raison de se déguiser pour sortir de Rome avec Régina et l’emmener dans un chariot de paysan, il est impossible d’admettre qu’il revienne seul à Rome sans reprendre les vêtements qui lui appartiennent. […] Il est certain que, si le poète demande conseil aux économistes, il sera bien obligé d’admettre la légitimité de ce raisonnement. […] Mais qu’il écrive sous sa dictée le corps d’un billet, c’est ce que le bon sens ne peut admettre. […] Pour être admis à l’inauguration du Théâtre de la Renaissance, il a fallu produire des certificats de moralité, d’orthodoxie ou de tolérance littéraire.

1410. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Les criminalistes philanthropes n’admettent pas qu’on mette un voleur en prison : ce serait le punir, et on n’en a pas le droit. […] Tout au moins aurait-on pu admettre un fragment de la Pitié, par exemple, le passage relatif à la captivité du petit Louis XVII au Temple. […] On ne s’entend que sur des préjugés ; tout ce qui n’est pas admis sans examen peut être rejeté. […] Il admet la terminologie scientifique, qui s’est considérablement étendue en peu d’années. […] Je vois avec plaisir que l’Université commence à admettre l’enseignement par les estampes.

1411. (1890) Nouvelles questions de critique

Admettons cependant, pour aujourd’hui, qu’il n’y ait ni ne puisse y avoir en histoire abus du document inédit ; il n’en demeurera pas moins vrai que l’histoire n’est pas la littérature. […] Ce sont là des puérilités difficiles à admettre de la part d’un esprit aussi peu fanatique que celui de Pascal. » Par où l’on voit que M.  […] Et l’on accorde à la rigueur que le choix des mots importe, et celui des sons, et l’éclat des images ; on admet moins volontiers le pouvoir de l’allitération, ou celui de la discordance, et qu’une seule rime quelquefois puisse faire toute seule toute la beauté d’un vers. […] Coppée n’admet pas que nous préférions, nous ni personne, les Méditations aux Contemplations, et Lamartine à Victor Hugo. […] Coppée, qui n’admet pas plus les « réserves » que les « préférences » ; mais, sans doute, le lecteur les a déjà faites, et, dans cette façon de s’halluciner pour écrire, il a reconnu le rhéteur.

1412. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Admettons, en effet, que la vie soit mauvaise, et la condition d’homme radicalement misérable. […] J’admets d’ailleurs, puisque Vinet a joué son rôle dans l’histoire religieuse de la Suisse, et même du protestantisme contemporain, que l’on en tienne compte, comme l’a fait jadis M.  […] Spronck, lui, n’admet plus à l’honneur de témoigner de la vie « intellectuelle, sentimentale et sensorielle » de leur temps, que les artistes littéraires : Gautier, Baudelaire, MM. de Goncourt, M.  […] La théorie de l’art pour l’art, inacceptable dans le roman, et discutable au théâtre, ou tout au moins dans la comédie, est défendable dans la poésie pure ; et si l’on n’admettait pas, avec M.  […] Admettrons-nous seulement qu’on y lise l’École des femmes, ou la Phèdre de Racine ?

1413. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Il admettait en même temps Drusus dans le gouvernement, l’associait au consulat, et ne paraissait pas jaloux de son pouvoir. […] Mais9 cette lettre fort courte, dans laquelle Pilate cite l’autorité des Écritures et raconte les miracles et la divine mission de Jésus Christ, ne peut raisonnablement être admise comme le rapport du gouverneur romain à l’empereur. […] Un médecin grec nommé Chariclès, admis près de lui, ne découvrit, dit-on, que par adresse le danger prochain de Tibère. […] Pline, dans une autre époque, pour ne pas effaroucher l’empereur, s’était réduit à composer un ouvrage sur les manières douteuses de parler ; admis dans la faveur de Vespasien, il lui dédia son vaste et brillant tableau de la nature ; et l’empereur accueillit un ouvrage qui détournait les Romains d’eux-mêmes, pour les occuper de l’univers. […] Il fut cependant très favorablement accueilli par le cardinal Barberini ; et admis à ses concerts, il y entendit Léonora, musicienne fameuse, dont il a célébré la voix et la beauté dans quelques vers anglais et dans un sonnet italien.

1414. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Nous n’admettons pas cet égoïsme irrémédiable du désir et des plaisirs qui y sont liés : tout est relatif. […] Magnus, on peut cependant admettre qu’ils n’avaient pas de la couleur un sentiment aussi fort que nos Titien et nos Delacroix. […] Leconte de Lisle et Coppée ; ces lignes nous paraissent bien répondre au type nouveau de vers admis aujourd’hui : Et les taureaux, et les dromadaires aussi… Et triomphant dans sa hideuse déraison... […] De tels principes étant admis par les chefs du mouvement romantique, il était facile de déterminer d’avance où ce mouvement devait aboutir. […] C’est ce qu’admet M. 

1415. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Les uns, qui se croyaient les gardiens de la tradition classique, n’admettaient l’épopée qu’avec des rois ou des demi-dieux ; il leur fallait le merveilleux, l’exposition pompeuse, l’invocation préalable aux Muses, et, jugée d’après ces règles, Hermann et Dorothée dut leur paraître une œuvre où les beautés de détail ne rachetaient pas ce que l’ensemble avait de défectueux. […] Au lieu du mysticisme de Werther, c’est dans Hermann et Dorothée une religion éminemment pratique, fondée sur deux croyances qui n’admettent ni confusion ni incertitude : la Providence et l’immortalité de l’âme. […] Mais je laisse de côté cette querelle un peu subtile pour des lecteurs français, et, pour ne pas être trop exigeant, j’admets que le panthéisme se fasse du juste et de l’injuste la même idée que nous. […] Je l’admets et je le comprends : Mais s’il ajoute que ces désordres se produiront de toute nécessité au détriment de celui qui commet l’injustice, je ne comprends plus. […] On n’admet pas qu’un honnête homme, auquel on s’est intéressé en dépit de ses chimères, devienne si résolument et si vite un tyran sans âme et, peu s’en faut, un scélérat.

1416. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

I Ce fut après le succès de Paul et Virginie que Bernardin de Saint-Pierre, admis, sur sa réputation des Études de la nature, chez M.  […] Aussi Bernardin de Saint-Pierre, mécontent de la lenteur avec laquelle le roi Louis XVI, devenu révolutionnaire modéré, admettait dans les lois ses paradoxes absolus de sa théorie de perfectionnement qui commençaient tous par des destructions du pouvoir royal, s’impatientait contre son disciple couronné.

1417. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

» Quand la censure de 1829 arrêtait Marion de Lorme, c’était par l’intermédiaire du baron Taylor, toujours, que Victor Hugo était admis à discuter, avec Charles X lui-même, les craintes de la royauté et les audaces de l’art. […] Buloz ; mais toute médiocre que soit cette raison, je l’admets comme bonne : à l’heure qu’il est, tout le monde a le courage d’attaquer le roi, tout le monde a le courage d’attaquer les ministres ; mais tout le monde n’a pas le courage d’attaquer un homme qui porte, comme une paire de pistolets, deux Revues à sa ceinture : le mot n’est pas de moi, il est de Méry ; mais Méry a eu comme moi quelques relations avec M. 

1418. (1930) Le roman français pp. 1-197

L’égalité n’était rétablie — et encore pas tout à fait — que par l’amour, un amour égal de part et d’autre, il était admis en principe que cet amour demeurait pur, platonique. […] Il était admis de plus que cet amour était le seul véritable amour : d’où vint cette décision d’une Cour d’Amour — car il était naturel, il était inévitable qu’il s’instituât des sortes de tribunaux pour assurer, maintenir, régler les rites et les lois de cette nouvelle sorte d’amour — que l’amour était incompatible avec le mariage, car, dans le mariage, l’époux continue d’être le maître de la femme, ce qui ne pouvait s’accorder avec cette nouvelle façon d’envisager cette passion. […] Je pense qu’il est possible d’en discerner une cause : c’est en Angleterre que le roman fut admis d’abord comme « un genre », un grand genre, un genre classé. […] Pour ceux qui n’admettent pas le miracle, essayons d’en découvrir les causes. […] Qu’elle élimine les sentiments ardents et forts, abomine toutes les idées « parce qu’elles menacent de troubler les conventions admises, et l’ordre établi », c’est possible, mais non pas toujours le cas : que fait-on alors de la patiente épopée, un peu grise parfois, mais si sérieuse, consciencieuse, des Thibault de M. 

1419. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Elle y joint de plus d’être une femme, c’est-à-dire sans prévoyance, sans généralité dans les vues, n’apercevant à la fois qu’une seule partie d’une seule idée, et s’y livrant tout entière sans jamais admettre ce qui pourrait l’en distraire et l’y troubler. […] Elle fut admise, en effet, sous le nom de Romulo, dans la maison de son infidèle amant ; et comme Julia, dans les Deux Gentilshommes de Vérone, elle fut bientôt chargée d’aller parler à sa rivale de l’amour de son maître. […] Il eût été fort moral, sans doute, de faire porter, sur le prince qui s’avilit, le ridicule de cette inconvenance ; mais quand Shakspeare n’eût pas été le poëte de la cour d’Angleterre, ni la vraisemblance ni l’art ne lui permettaient de dégrader un personnage tel que Henri V ; il a soin, au contraire, de lui conserver partout la hauteur de son caractère et la supériorité de sa position ; et Falstaff, destiné à nous amuser, n’est admis dans la pièce que pour le divertissement du prince. […] Ces deux opinions rejetées, il faut supposer que Shakspeare aurait emprunté sans scrupule, à l’ouvrage d’un autre, le fond et l’étoffe qu’il aurait ensuite enrichis de sa broderie ; ses nombreux emprunts aux auteurs dramatiques de son temps rendent cette supposition très-facile à admettre, et voici un fait qui, dans cette occasion spéciale, équivaut presque à une preuve de sa légitimité. […] Ceux qui admettent Titus Andronicus au nombre des véritables ouvrages de Shakspeare sont obligés de considérer celui-ci comme la première production de sa jeunesse ; mais Titus Andronicus n’est point un coup d’essai ; on y reconnaît une habitude, un système calculé de composition.

1420. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Il admettait parfaitement qu’ils aimassent leur « Robbie Burns » et leur « Sir Walter » avec un enthousiasme patriotique, qui les rend extrêmement sévères envers le malheureux homme du sud qui se hasarde à louer l’un ou l’autre en leur présence. […] Il persiste à penser que Démosthène aurait dû être mis à mort pour sa résistance à l’invasion macédonienne, mais il admet que le gouvernement impérial de Rome, qui suivit le gouvernement impérial d’Alexandre, produisit des maux sans nombre, et tout d’abord la décadence intellectuelle, pour finir par la ruine financière. […] Or, il est généralement admis, de part et d’autre, que la statue de Milo est probablement attique, et que certainement elle appartient à la période comprise entre Phidias et Praxitèle, c’est-à-dire au siècle de Scopas, si elle n’est pas l’œuvre de Scopas lui-même ; et si c’est à Scopas qu’ont toujours été attribués ces bas-reliefs, il est très aisé, en admettant l’hypothèse de M.  […] Il me semble que si nous admettions une seule fois la valeur d’une quelconque des critiques destructives, nous serions obligés de renoncer à notre habitude nationale de nous glorifier nous-mêmes. […] La présence d’un élément étranger dans l’art de Wordsworth est naturellement admise par M. 

1421. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Car, en dépit de leur talent très apprécié, surtout à l’Envol, je crains fort que Villon, ni Musset, ni Shakespeare, ni même le doux Brizeux (buveur de cidre) ne se fussent jamais vus admis dans ce choix d’hommes exquis. […] Pourtant les adeptes de cette presque religion, les meilleurs fils du monde, entre parenthèses, sont admis à ces festins mal balthazaresques, mais très acceptables encore… J’en présidai un… et je me tiens encore les côtes. […] Admettons ces deux hypothèses, et passons vite sur ce regrettable incident, qu’il était bon toutefois de rappeler en forme de détail pour un tout petit coin de l’histoire littéraire contemporaine. […] Il était, dès cette époque, accueillant, non sans de très plausibles réserves, par le temps qui courait alors et qui court encore ; mais, dès qu’il vous avait admis, vous l’étiez bien.

1422. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Je n’admets pas que tant d’êtres aient été sacrifiés pour me faire parvenir à l’état d’excellence où je suis. […] Coppée n’en a pas moins ce grand mérite d’avoir, le premier, introduit dans notre poésie autant de vérité familière, de simplicité pittoresque, de « réalisme » qu’elle peut en admettre. […] A vrai dire je crois qu’il y a souvent dans cette tendresse spéciale pour Bossuet (après le premier mouvement de sympathie qu’il faut bien admettre) un peu de gageure, d’application et d’habitude. […] Il a une phrase surprenante où « faire son salut » devient exactement synonyme de « prendre son plaisir où on le trouve », et où il admet des saints de la luxure, de la morphine et de l’alcool. […] « Flaubert, qui débrouille si bien les effets successifs et accumulés du milieu extérieur sur la direction des appétits et des passions du personnage, ce qu’il ignore, ou ce qu’il ne comprend pas, ou ce qu’il n’admet pas, c’est l’existence du milieu intérieur. » Et nous voyons plus loin qu’aux yeux de M. 

1423. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Il m’a admis à ses causeries intimes, le grand prosateur ! […] Évincé de l’une, le Monsieur se recommanda à la seconde, et y fut admis. […] L’un d’eux a reçu directement de moi l’envoi des numéros de l’Indépendant qui contenaient mes lettres. lime les a demandées par une lettre à mon adresse, Montagne-aux-Herbes-Potagères, et il n’y a pas la moindre équivoque dans les rapports que je cite ici sur mon nom qu’on semble ne pas vouloir admettre.

1424. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Tous les patois, et tous les baragouins, et toutes les pointes, et tous les mots à double sens sont parfaitement admis dans ces folies des soirées royales, où chacun lutte à qui fera sourire le maître de céans, que le maître s’appelle Richelieu ou bien Louis XIV. […] « Le jeune roi, dit Saint-Simon, élevé dans une cour brillante où la règle et la grandeur se voyaient avec distinction, et où le commerce continuel des dames, de la reine-mère et des auteurs de la cour l’avait enhardi et façonné de bonne heure, avait primé et goûté ces sortes de fêtes et d’amusements parmi une troupe de jeunes gens des deux sexes, qui tous portaient et avaient le droit de s’appeler des dames et des seigneurs, et où il ne se trouvait que bien peu, ou même point de mélange, parce qu’on ne peut appeler ainsi trois ou quatre peut-être de médiocre étoffe, qui n’y étaient admis, visiblement, que pour être la force et la parure du ballet par la grâce de leur figure et l’excellence de leur danse, avec quelques maîtres de danse pour y donner le ton. » À ce compte, Molière et Lulli, son compère, étaient lisiblement et uniquement admis, en cette illustre compagnie de jeunes gens et de jeunes dames : « Formés à la grâce, à l’adresse, à tous les exercices, au respect, à la politesse proportionnée et délicate, à la fine et honnête galanterie », parce que, sans le poète et sans le musicien, il n’y avait pas vraiment de divertissement qui fût possible.

1425. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Nos sciences les admettent aujourd’hui, et l’idée grecque de la destinée n’est rien déplus que notre idée moderne des lois. […] L’enfant nouveau-né est apporté devant un conseil d’anciens, et on le tue s’il est trop faible ou difforme ; dans une armée on n’admet que des hommes valides, et ici tous sont conscrits dès le berceau. […] Sans doute on voit dans ces détails, en même temps que la persistance de la foi antique, l’avènement de la pensée libre ; autour de Périclès comme autour de Laurent de Médicis il y avait un petit cénacle de raisonneurs et de philosophes ; Phidias, comme plus tard Michel-Ange, y fut admis.

1426. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Il était trop plein de soi et de ses sujets pour l’admettre.

1427. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Parmi les guerriers, on n’en voyait pas de plus enviables et de plus grandement famés que les Turenne ou les Catinat ; et dans l’ordre des productions de l’esprit, la supériorité admise et admirée ne dépassait jamais le cercle des facultés humaines ; c’en était le couronnement et la fleur, flos et honos, l’enchantement, la décoration et la grâce.

1428. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Il y a nombre de pensées droites, justes, proverbiales, mais trop aisément communes, dans Boileau, que La Bruyère n’écrirait jamais et n’admettrait pas dans son élite.

1429. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Bonaventure des Periers n’y entrerait qu’avec une seule pièce, Gohorry, avec une seule stance ; le bon jurisconsulte Forcadel, un peu étonné, s’y verrait admis pour avoir une seule fois, je ne sais comment, réussi dans un dialogue rustique amoureux , traduit de Théocrite.

1430. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

. — Ces intermédiaires admis, la connexion des deux extrêmes était manifeste. » (Sir W. 

1431. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Il en avait ; c’étaient les mêmes idées violentes et hardies, les idées inflexibles, me disais-je, exprimées avec cette hauteur de parole et cette insolence de conviction du prophète de Chambéry, qui n’admettait le doute que comme une impiété.

1432. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Les exemples de l’histoire lui sont aussi présents que les amis qu’il admet à sa table, s’il m’est permis de m’exprimer ainsi ; et lorsque le sujet le comporte, il sait répandre à pleines mains, dans sa conversation, ce sel précieux que l’on dirait recueilli dans l’Océan où Vénus prit naissance. » Sa femme Clarisse et ses enfants étaient ordinairement les objets de ses plus charmantes plaisanteries.

1433. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Ainsi, un critique passionné, partial, connut mieux la véritable mesure de Balzac que ses admirateurs les plus éclairés et les plus sincères, et le jugement de Descartes sur cet écrivain ne doit être admis qu’avec les réserves du père Goulu.

1434. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Et, pendant ces trente heures, nous possède la cause précise du voyage ; la pensée des Représentations, pour lesquelles nous admettons ce dur effort, accapare, forcément, notre esprit ; l’importance du but croît, selon l’importance de l’effort : cette chose connue, la Fête Bayreuthienne se fait, en ces longues heures de voyage, mystérieusement obsédante : la jouissance difficilement acquise sera, certes, puissante ; l’extraordinaireté du pèlerinage prépare l’émotion d’une non commune révélation, d’une haute cérémonie, de quelque chose grande.

1435. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

  Ayant achevé Tristan, Wagner admit le jeu des plaisantes variations, et, dans les Maîtres Chanteurs, il dit les folles choses d’âmes légères.

1436. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Il s’agit d’une cérémonie qui n’admet aucun retard ; et, malade ou non, à pied ou en litière, je paraîtrai à la procession.

1437. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Rien n’empêche d’admettre en gros cette anecdote, sans pour cela qu’on soit obligé d’en tirer la même conséquence.

1438. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Tourguéneff soutient, lui, que ça n’est pas… Il prétend que l’amour est un sentiment qui a une couleur toute particulière, et que Zola fera fausse route, s’il ne veut pas admettre cette couleur, cette chose qualitative… Il affirme que l’amour produit chez l’homme, un effet que ne produit aucun autre sentiment… que c’est chez l’être véritablement amoureux, comme si on retranchait sa personne… Il parle d’une pesanteur au cœur qui n’a rien d’humain… Il parle des yeux de la première femme qu’il a aimée comme d’une chose tout à fait immatérielle… et qui n’a rien à faire avec la matérialité.

1439. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Il m’est agréable de rencontrer l’idéalisme verbal à l’état de tradition populaire et j’admets d’autant plus volontiers l’explication qu’elle n’explique rien, — en ce sens qu’il reste à nous faire comprendre comment le même euphémisme se retrouve dans les temps et les pays les plus éloignés ; il reste aussi à découvrir les vrais noms de la belette, si nous n’en sommes plus, comme les Grecs, à la confondre avec le chat.

1440. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Pour notre part, nous ne saurions admettre une doctrine, qui nous semble enlever à l’art tout son sérieux.

1441. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Il n’admet que les témoignages des auteurs contemporains & encore faut-il qu’il soit persuadé de leur bonne foi.

1442. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Comme il est beaucoup plus facile de faire effet par de telles ressources que par les situations, les sentiments et les caractères, il serait à craindre, si ces ressources étaient admises, que nous ne vissions bientôt plus sur notre théâtre que des échafauds, des combats, des fêtes, des spectres et des changements de décoration.

1443. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

À la vérité, surtout quand il s’agit d’un Bossuet, l’homme d’action peut admettre, en quelque sorte, chez lui, à certains moments, l’artiste et faire de très belles œuvres d’art ; mais il n’en est pas moins vrai que la plupart de ses écrits seront des actes.

1444. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

« Virgile n’a voulu faire — nous dit-il — ni une Théséide, ni une Thébaïde, ni une Iliade purement grecque, en beau style latin ; il n’a pas voulu purement et simplement faire un poème à la Pharsale, tout latin, en l’honneur de César, où il célébrerait avec plus d’éloquence que de poésie la victoire d’Actium et ce qui a précédé chronologiquement et suivi ; il est trop poète par l’imagination pour revenir aux chroniques métriques d’Ennius et de Nævius, mais il a fait un poème qui est l’union et la fusion savante et vivante de l’une et de l’autre manière, une Odyssée pour les six premiers livres et une Iliade pour les six autres… une Iliade julienne et romaine… » Ainsi, on le voit, le critique revient sans cesse à cette idée de fusion qui calomnie Virgile et qu’il a eue déjà en voulant caractériser son génie, mais il nous est impossible, à nous, d’admettre un tel procédé dans le poète, il nous est impossible de croire à cette ingénieuse, trop ingénieuse fusion des deux poèmes d’Homère en un seul.

1445. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Cousin, qui a été admis à voir les anciens portraits de la duchesse de Chevreuse chez M. le duc de Luynes actuel, lui paie son hospitalité en proclamant grand homme le chef de sa maison, comme s’il était, lui, M. 

1446. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

On est un héros dès qu’on est très brave… Il y a les héros et les saints du Démon comme il y a les héros et les saints de Dieu, dans ce monde où le mystérieux Surnaturel tient tête, avec une invincible opiniâtreté, aux efforts de ceux qui ne veulent admettre que les vérités à démontrer et qui tombent directement sous la coupe rigoureuse de la raison.

1447. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Comme Proudhon, qu’il admire, il veut la Justice, un idéal de justice sorti des tendres entrailles de la Révolution, mais, plus comiquement que Proudhon, il veut surtout « l’idée dans son globe de cristal », et ceci est peut-être plus difficile à admettre.

1448. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Mais si vous admettez qu’un homme puisse s’élever au-dessus de la nature et la dompter au point de faire du sacrifice la loi même de sa vie, l’inexplicable devient clair.

1449. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Une these générale est toujours défectueuse lorsqu’elle n’admet point d’exceptions.

1450. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Admettons plutôt que, dès cette époque, et dans les siècles qui suivirent jusqu’à l’avènement du christianisme, à part la version des Septante, il dut se faire dans le monde grec oriental une infiltration constante des idées juives.

1451. (1864) Le roman contemporain

Nous nous rappelons encore les soirées où un certain nombre d’élus furent admis, dans le printemps de 1852, à entendre la lecture de trois ou quatre chapitres de ce livre où revivaient les figures les plus intéressantes de cet épisode de 1815, Napoléon lui-même, Madame de Staël, son illustre ennemie ; Benjamin Constant, si ardent, si ondoyant et si faible ; Fontanes, cet Athénien de Paris, dont M.  […] Que dans les premiers moments l’éclat de la surface trompe la jeune fille, on peut l’admettre ; mais un esprit aussi vif et un cœur aussi haut que le sien doivent bientôt toucher le tuf de cette nature pusillanime jusqu’à la lâcheté, d’une médiocrité d’esprit voisine de la sottise et d’un égoïsme dont la naïveté va jusqu’au ridicule. […] Ernest Feydeau, qui réclame pour l’art une indépendance absolue ; mais elles resteront comme une protestation devant la raison publique, peu disposée à admettre que l’art soit indépendant de la conscience et qu’au nombre de ses privilèges figure celui de nuire à la société, de troubler les imaginations et de pervertir les âmes. […] Que le conventionnel des Misérables ne sache pas un mot de l’histoire de Bossuet, je suis très disposé à l’admettre. […] Mais qu’un évêque ne connaisse pas l’histoire de Bossuet, c’est ce qu’il est plus difficile d’admettre.

1452. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

En publiant ces faits, nous n’aspirons point à l’honneur de décider si le système que nous suivons, relativement à la musique appliquée à la parole, vaut mieux que celui des Italiens ; nous avons voulu seulement faire remarquer que Geoffroy n’a vu dans les opéras, que des canevas qui doivent fournir à la musique des situations qu’elle puisse exprimer dans sa langue : tous les articles qu’il a publiés sur nos théâtres lyriques, subissent à peu près les conséquences de ce même principe ; il n’admet point la ressemblance intime que l’on veut trouver entre un grand opéra et une tragédie ; un opéra-comique, selon lui, ne doit pas non plus avoir la prétention d’une comédie. […] Corneille, aveuglé par la passion de son art, admet tous les sujets tirés de l’Évangile et de la Bible, sans songer que la plupart sont impraticables, et qu’en les traitant on déshonore tout à la fois le théâtre et l’Écriture sainte.

1453. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Il n’a pas voulu considérer que la situation n’admet pas des ornements si gais ; qu’Œdipe et Jocaste, dans un moment aussi terrible, n’ont pas le loisir de faire des descriptions étudiées et des phrases poétiques. […] Cela peut être ; mais la scène tragique n’est pas capable de tout, c’est-à-dire qu’elle n’admet pas la bassesse dans un héros de tragédie. […] Montesquieu, dont le génie n’a point été affranchi du tribut que tout écrivain paie à la mode, a parlé d’une manière louche et vague de l’assassinat de Brutus ; il n’a pas osé le blâmer, pour ne pas contredire trop ouvertement l’enthousiasme d’une fausse liberté, qui dominait alors dans les écrits philosophiques ; son cœur, qui le conduisait alors mieux que son esprit, ne lui a pas permis de faire l’éloge : d’un meurtre dont la raison et l’humanité s’indignent également ; il rappelle un ancien préjugé des petites républiques grecques, admis à Rome comme une loi, et qui faisait à chaque citoyen un devoir d’assassiner l’usurpateur de la souveraine puissance ; mais il ne dit pas que les véritables usurpateurs de la souveraine puissance étaient les sénateurs eux-mêmes ; qu’eux seuls accréditaient ce préjugé, pour s’en servir contre les bons citoyens qui, comme les Gracques, entreprirent de rétablir les lois et la liberté ; il ne dit pas que Sylla, tyran bien plus cruel que César, a été loué et honoré par le sénat, parce qu’il était chef de la faction patricienne ; et que César, le plus humain et le plus généreux des mortels, a péri victime de l’orgueil du sénat, parce qu’il était à la tête du parti populaire, et qu’il détruisait la tyrannie patricienne, qui depuis longtemps accablait l’empire ; enfin, Montesquieu ne dit pas que, dans l’affreux chaos d’un état où l’on ne connaissait plus que la loi du plus fort, le chef qui rétablit l’ordre sous un titre légitime déféré par le peuple, n’est point l’usurpateur, de l’autorité souveraine, mais le bienfaiteur de la patrie et le restaurateur de la république : Montesquieu connaissait assez l’histoire romaine pour penser ainsi, mais il connaissait trop l’esprit du moment pour le dire. […] Les Grecs admettaient des dieux malfaisants, qui, pour s’amuser, faisaient tantôt coucher le fils avec la mère, tantôt égorger la mère par le fils : c’étaient là les décrets éternels de leur providence.

1454. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Alphonse Daudet qui, parmi eux, semble admettre parfois une sorte de providence universelle, un impératif catégorique et ce que son ami Gambetta appelait, un peu radicalement, la justice immanente des choses. […] Albert Meyrac a admis dans son recueil plus d’un récit dont le style rappelle moins le paysan que le magister. […] Et, puisque nous parlons ici du miracle, j’avoue que, sans l’admettre à quelque degré que ce soit, je comprends mal les raisons des savants qui le nient. […] Le vers brisé de nos vieux romantiques est aujourd’hui tenu pour exemplaire et admis par tous les lettrés. […] Plus l’art est grand, sincère, haut et vrai, plus les combinaisons qu’il admet deviennent simples et, par elles-mêmes, banales, indifférentes.

1455. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Peu de choses devaient être respectées dans une telle société ; et le poète a dû, pour plaire au prince qui l’admettait à son amitié, parler avec complaisance des plaisirs, avec légèreté de tout ce qui peut leur donner un frein. […] Les découvertes de Newton, les méthodes de Leibnitz étaient admises et répandues ; elles excitaient une noble émulation. […] Mais, après avoir remarqué que la comédie n’était plus la même que du temps de Molière, qu’elle formait une tout autre espèce de composition littéraire, nous dirons que, ce genre une fois admis, le talent peut aussi s’y montrer avec distinction. […] On s’était lassé de vouloir aller plus haut ; les esprits avaient pris un autre cours ; on était parvenu à se passer de Dieu, ou du moins il était écarté de tous les travaux des philosophes ; ceux qui abordaient la grande question penchaient à n’admette qu’une seule nature, la nature physique. […] » Ainsi parlait M. de Malesherbes, lorsque, peu de mois après l’avènement de Louis XVI, il était admis dans le sein de l’Académie française.

1456. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

« On est fondé à admettre, dit Weber45, que primitivement, par la pure sensation, nous ne savons rien du lieu où les nerfs qui nous communiquent la sensation sont ébranlés. […] Au moyen de sensations pareilles, nous pouvons très exactement situer l’objet ; leur emplacement est très précis ; partant, l’emplacement de l’objet ne l’est pas moins. — Cet emplacement est bien plus précis encore s’il s’agit de sensations de couleur ; partant, en ce cas, l’emplacement de l’objet l’est encore bien davantage. — À présent, considérons une portion nettement circonscrite de ces surfaces si sensibles, et admettons que, tous les points nerveux qui peuvent nous donner une sensation distincte étant ébranlés à la fois, nous ayons une sensation en apparence étendue et continue ; nous concevrons et nous affirmerons l’objet extérieur comme étendu et continu.

1457. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Les trop jeunes gens oublient trop — s’ils sont admis à nier la beauté des Stances— que le Moréas de Sylves et du Pèlerin passionné fut le moins soumis des poètes. […] Une fois admis, le nouveau clerc devait se perfectionner dans un art approprié afin de suivre les prescriptions en vigueur dans les ateliers monastiques.

1458. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

On les y admit, non pour ce qu’ils avaient fait, mais pour ce qu’ils promettaient de faire. […] Elles furent admises. […] C’est l’illustre Berger d’Admette qui joue avec les Bergers d’Arcadie les airs qu’ils savent, & qui leur en apprend de nouveaux. […] Mais combien de fois on s’est ennuyé par systême, & refusé à des amusemens que ce faux systême n’admettait pas ! […] C’était en admettre deux ; mais on a depuis rectifié ce calcul.

1459. (1886) Le roman russe pp. -351

Si l’on admet qu’il y a des types intellectuels particuliers aux grandes familles humaines, on reconnaîtra aisément dans le type intellectuel slave la survivance du type hindou. […] Car le juge contemporain n’admet pas que ce soient des verres également merveilleux, celui qui fait voir le soleil et celui qui révèle les mouvements des insectes invisibles ; il n’admet pas qu’il faut beaucoup de profondeur d’âme pour éclairer un tableau emprunté aux côtés méprisables de la vie, pour en faire un chef-d’œuvre. […] oui, cela vient du latin nihil, chez nous nitchevo, autant que je puis juger ; cela doit signifier un homme qui n’admet rien. — Dis plutôt, ajoute un autre vieux, qui ne respecte rien. — Qui considère tout du point de vue critique, reprend le jeune homme […] Le nihiliste, c’est l’homme qui ne s’incline devant aucune autorité, qui n’admet aucun principe comme article de foi, de quelque respect que soit entouré ce principe. » Le bonhomme Kirsanof, un classique de 1820, ne remontait qu’au latin. […] Après les premières études dans une pension de Moscou, le père obtint que les deux aînés, Michel et Féodor, fussent admis à l’École des ingénieurs militaires, à Pétersbourg.

1460. (1914) Une année de critique

L’adolescent s’enorgueillit de participer à une tradition vénérable : Je suis fier d’être admis à vos cérémonies Ô Dieu du peuple élu, ô mon maître, ô mon roi ; Je suis heureux que mon enfance soit nourrie Dans votre temple saint, de votre sainte loi. […] Ces vers sont de ceux devant lesquels on admettrait presque la théorie de Rimbaud sur la couleur des sons. […] Comme on admet généralement que la critique est un genre inférieur, je n’irai pas faire à M.  […] J’en tremble, car qui peut, en ces matières, démontrer le pour, n’est pas éloigné d’admettre qu’on lui puisse démontrer le contre, et les discussions de ce genre offrent pour moi quelque chose d’inhumain et même de diabolique.

1461. (1913) Poètes et critiques

Victor Giraud, n’admet, en matière d’art, cette théorie de « la bienfaisance du caractère » envisagée comme un principe essentiel qui « assigne à chaque œuvre son rang dans l’échelle » ; il nous montre du doigt à quelles puériles conclusions peut aboutir une philosophie de l’art dans laquelle s’introduirait par ce biais « toute la morale ». […] Giraud comme de le voir retrouver le lien qui rattache à la critique des Essais les romans de Bourget et, plus tard, ses pièces de théâtre, comme de l’écouter nous définir, chez son auteur, « l’apologétique expérimentale », comme de suivre, sur ses pas, cette évolution religieuse, qui commence au Disciple, qui se poursuit dans l’Étape, mais qui semble ne pas devoir se terminer de la seule façon que puisse souhaiter et admettre M.  […] Giraud n’admet pas, on s’en doute bien, qu’il faille voir dans l’illustre sceptique « un ancêtre authentique de nos encyclopédistes », mais il ne veut pas reconnaître en lui le personnage religieux que tel ou tel, par goût du paradoxe, nous présente. […] L’œuvre est datée ainsi : « Mons, juin-juillet 1874. » Elle a occupé, abrégé les délais qu’on avait imposés aux trop fougueux désirs de cette âme repentie, avant d’admettre au banquet de l’Eucharistie, une bouche qui proféra plus d’un blasphème si coupable.

1462. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Il n’admettait pas que l’artiste se rendît malade avec son œuvre. […] Il envoya au journal un article où il commentait cette abdication en termes si virulents que Villemessant lui retourna l’épreuve, avec ces mots : « Je n’admets pas qu’on insulte les rois qui tombent… » Et Barbey de retourner l’article à son tour, après avoir commenté ce commentaire, de son encre la plus rouge : « Soit. […] Nous apercevions chez lui le jeu logique des diverses  influences qui l’avaient façonné, et, tout en les reconnaissant comme exceptionnelles, nous les admettions comme inéluctables. — Je ferai la même réserve sur la conversion finale du vicomte de Vaudricourt. […] Qu’un lien vivant rattache une Colette Baudoche ainsi posée à ce milieu ainsi caractérisé, nous l’admettons, avant même que le conteur de cette histoire nous ait prévenus. […] Savoyard lui-même, ayant eu le bonheur d’être admis tout jeune dans l’intimité du marquis Costa de Beauregard, je voudrais que le pénétrant moraliste ne s’en tînt pas à ce court portrait et qu’il nous donnât une longue biographie intellectuelle de celui qui fut son paternel ami.

1463. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Le christianisme de Jocelyn, qui n’a rien d’offensif pour l’orthodoxie sévère, n’a rien de répulsif non plus pour toute philosophie qui admet Dieu.

1464. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Ce Maurice Sève, qui célébra en quatre cent cinquante-huit dizains une maîtresse poétique sous le nom de Délie, s’acquit l’estime des deux écoles ; les novateurs, qui aspiraient à introduire une poésie plus savante et plus relevée que celle de leurs devanciers, ne manquent jamais, dans leurs préfaces et manifestes, d’admettre une exception expresse en faveur de Maurice Sève.

1465. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Pour les vingtièmes, la disproportion est moindre, et nous n’avons pas de chiffres précis ; néanmoins on peut admettre que la cote des privilégiés est environ la moitié de ce qu’elle devrait être. « En 1772702, dit M. de Calonne, il fut reconnu que les vingtièmes n’étaient pas portés à leur valeur.

1466. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

J’admets donc que le livre est faiblement écrit ; mais son succès prodigieux et continu me permet de croire qu’il est, malgré ses imperfections, encore vivant et sympathique.

1467. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Mais peut-on admettre, d’ailleurs, que le poète qui a pu faire les vers de Childe Harold soit en même temps assez absurde et assez aveugle à toute évidence pour ne pas rendre une éminente justice à ce que tout le monde entier reconnaît et admire ?

1468. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

M. de Villèle consentit à l’admettre, comme ministre des affaires étrangères, dans son cabinet ; il y servit mal ses collègues, favorisant tantôt leur politique, tantôt combattant sournoisement leurs plans, pour donner des gages ou des espérances aux libéraux.

1469. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

J’admettrai que Boileau a forcé la note, et que nous avons aujourd’hui un plus juste sentiment de la dignité personnelle.

1470. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Personne ne voulait admettre que l’histoire des hommes et des peuples est pleine d’inattendu, et que ces dieux dont l’Italie accompagne ses guerriers, ne sont qu’un symbole poétique d’une force réelle et mystérieuse, adverse ou contraire, qui secourt ou terrasse les êtres.

1471. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

C’est une chose généralement admise par les philosophes et les critiques que la musique doit exciter dans l’âme certaines émotions, et que chacun des signes musicaux se trouve lié à une émotion de l’âme qu’il excite en se produisant.

1472. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Noël et Chapsal, mais lui paraissant apporter de la vie à sa phrase, continuera à ne pas rejeter un vocable comblant un trou parmi les rares mots15 admis à monter dans les carrosses de l’Académie, commettra enfin, mon Dieu, oui !

1473. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Admettons toutes ces causes secondaires, sans trop y croire.

1474. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

La réduction, admise aujourd’hui de l’unique objet déterminable aux phénomènes mécaniques, forme extérieure de tous les inconnus, ce grand progrèspour lascience, est, à vrai dire, l’abandon de toute espérance de lui faire atteindre le fond des choses11. » C’est le point de vue même de l’agnosticisme, et l’Inconnaissable est précisément « le mystère de ces forces dont nous mesurons les effets », sans en pouvoir définir la nature.

1475. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

C’est que les théoriciens de la Relativité, toutes les fois qu’ils sont sortis de la science pure pour nous donner une idée de la réalité métaphysique que cette mathématique traduirait, ont commencé par admettre implicitement que la quatrième dimension avait au moins les attributs des trois autres, quitte à apporter quelque chose de plus.

1476. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Appendices de, la deuxième édition »

On hésite parfois à admettre cette réciprocité de l’accélération, pour certaines raisons spéciales dont il sera question à l’appendice suivant, quand nous traiterons des « lignes d’Univers ».

1477. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Pour cette école, la volonté libre est un effet sans cause, c’est-à-dire un mystère qu’il n’est pas plus scientifique d’admettre que l’innéité de certaines idées et la nécessité logique de certains principes rationnels.

1478. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Pour compléter tout ceci, nous ajouterons trois vérités incontestables : 1º dès qu’il est démontré que les premières nations païennes furent muettes dans leurs commencements, on doit admettre qu’elles s’expliquèrent par des gestes ou des signes matériels, qui avaient un rapport naturel avec les idées ; 2º elles durent assurer par des signes les limites de leurs champs, et conserver des monuments durables de leurs droits ; 3º toutes employèrent la monnaie. — Toutes les vérités que nous venons d’énoncer nous donnent l’origine des langues et des lettres, dans laquelle se trouve comprise celle des hiéroglyphes, des lois, des noms, des armoiries, des médailles, des monnaies, et en général, de la langue que parla, de l’écriture qu’employa, dans son origine, le droit naturel des gens 55.

1479. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Napoléon Bonaparte n’admettait pas que l’on fît intervenir le sentiment à l’occasion du service. […] Mais ne sait-on pas que Cyrano de Bergerac fut admis à justifier ses inventions ? […] J’admets que nous ayons des députées, des conseillères d’État, des ambassadrices, des cochères de fiacre, voire des lieutenantes et des colonelles. […] Chez nous, on n’admet pas qu’une femme puisse disserter sur les vices du mariage moderne ou sur la hideuse plaie de la prostitution. […] X… est admis au nombre des Immortels, ce n’est pas une raison pour lui retirer une sympathie jadis inspirée par la force des choses.

1480. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Cette seconde noblesse aussi, les Parlementaires, sont écrasés ; le Roi les a réduits au rôle d’officiers du Roi, de commis aux procès et n’admet pas qu’ils soient davantage. […] Molière y raille pour la première fois un travers de son temps et de tous les temps, la peur d’être cocu et c’est-à-dire la terreur du ridicule ; car il est admis chez nous que le mari trompé est ridicule et c’est pour cela qu’au xviie  siècle mari trompé et « sot » étaient synonymes (Molière a encore employé le mot dans ce sens). […] C’est sa petite revanche d’homme qui a fait le ferme propos de tout approuver ou au moins de tout admettre. […] Elles sont ce que sont les femmes de nos jours qui n’admettent pas qu’il y ait une répétition générale où elles ne soient et qui seraient malades, non pas de n’y pas être, mais de ne pas pouvoir dire : « J’y étais ». […] Comme toujours, ou du moins comme souvent, Molière a sans doute pensé que l’homme n’est pas un théorème qui marche, qu’il n’est pas rigide et que si possédé qu’il soit d’une passion il en admet d’autres et d’autres qui sont presque incompatibles avec celle-là.

1481. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Personnellement il était spiritualiste et déiste, et c’était même plus tard un sujet habituel de discussion entre lui et son pieux ami Matthieu de Montmorency, qui eût voulu l’amener à admettre la nécessité de la révélation. […] De quelque nom que notre haute philosophie se plaise à les désigner, quelles que soient les jouissances plus exquises auxquelles nous pensons qu’elle nous admet, c’est là que le peuple a arrêté ses volontés, c’est là qu’il a fixé ses affections ; il nous suffit, et tous nos systèmes doivent s’abaisser devant sa volonté souveraine. » Tout en s’exprimant en philosophe, on le voit, mais en philosophe politique qui cherche à donner un fondement profond à la moralité, et qui ne dédaigne pas de lui trouver la sanction la plus intime, il essayait d’attendrir pour la première fois la législation, et, en la laissant égale pour tous les cultes, de lui infuser une pensée de sollicitude et d’intérêt supérieur pour chacun d’eux : « Que la liberté que vous accordez à tous les cultes ne soit donc point en vous l’effet d’une égale indifférence, encore moins d’un égal mépris, comme cette tolérance dont se parèrent longtemps de dangereux sophistes ; mais qu’elle soit le fruit d’une sincère affection.

1482. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Il n’entendait rien du tout, j’oserai dire, au grand homme non littéraire, et n’admettait pas plus Mahomet que Grégoire VII, pas plus Alexandre que Napoléon. […]  » L’auteur n’a pas l’air d’admettre qu’au dedans on ait pu servir l’Empire par d’autre motif que par corruption et par cupidité.

1483. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Macaulay tire la discussion de la région métaphysique ; il la ramène sur terre ; il la rend accessible à tous les esprits ; il prend ses preuves et ses exemples dans les faits les plus connus de la vie ordinaire ; il s’adresse au marchand, au bourgeois, à l’artiste, au savant, à tout le monde ; il attache la vérité qu’il démontre aux vérités familières et intimes que personne ne peut s’empêcher d’admettre, et qu’on croit avec toute la force de l’expérience et de l’habitude ; il emporte et maîtrise la croyance par des raisons si solides que ses adversaires lui sauront bon gré de les avoir convaincus ; et si par hasard quelques personnes, chez nous, avaient besoin d’une leçon de tolérance, c’est dans cet Essai qu’elles devraient la chercher. […] Even if he were so lucky as to get the thirty thousand pound prize, we should not admit that we had counselled him ill ; and we should certainly think it the height of injustice in him to accuse us of having been actuated by malice.

1484. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Je dis uniquement que la religion chrétienne venait, avec son paradis, corriger cet esclavage qu’elle admettait comme la condition nécessaire de la femme sur la terre. […] Admettra-t-elle le mal absolu dans l’ordre de la nature, et en conséquence concédera-t-elle encore l’inégalité sur la terre ?

1485. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Mais, bien loin d’admettre cet axiome, il est, selon moi, un argument contre la science, qui, si elle est vraie, ne doit pas être la révolte de tous les instincts de nos âmes et l’épouvante ou le dégoût de l’humanité. […] Or, il est impossible de ne pas admettre que s’il eût été plus organisé, d’une tête plus ferme et d’un esprit moins anarchique, il ne serait point, par démantibulé de nature, tombé dans la vérité comme il serait tombé dans l’erreur.

1486. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Sans être bien vieux encore, nous n’étions plus les enfants de tout à l’heure et en conservant l’enthousiasme pour l’idéal nous étions bien forcés d’admettre les réalités de la vie. […] Aucun de ceux qui ont été admis dans le salon de Leconte de Lisle ne perdra jamais le souvenir de ces nobles et doux soirs qui, pendant tant d’années, oui, pendant beaucoup d’années, furent nos plus belles heures. […] À vingt ans, nous, pauvres diables de rimeurs, qu’aucun éditeur alors n’eût accueillis, nous qui n’osions pas passer devant la boutique de Michel Lévy de peur qu’à la seule vue de nos chevelures extravagantes, les commis de la librairie ne surgissent au seuil de la porte en brandissant des balais plus formidables que le glaive de l’archange, nous à qui la maison Hachette apparaissait dans un rêve comme un paradis chimérique où ne sont admis que les dieux, nous, Parnassiens, nous avions un libraire à nous, tout à fait à nous ! […] Soyons sérieux : pour admettre un héros, il nous faut des preuves.

1487. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Sévère, mais juste à l’égard de ses élèves, qu’il admet à l’honneur de l’intimité domestique, M… s’est efforcé de leur inculquer les maximes les plus élémentaires de l’art de se bien conduire en société. […] Malgré sa tenue négligée, il n’essaye pas moins de faire croire à tous ses amis qu’il fréquente la plus haute société parisienne et qu’il y est admis libre de toute étiquette… Ces jours passés, un ami de T… le rencontre, comme celui-ci mirait avec satisfaction, dans les glaces extérieures des boutiques, un costume d’été, tout battant neuf, et qui lui allait comme un gant, — à un manchot. […] Roqueplan dirigeait le théâtre des Variétés, un vaudevilliste, qui le tourmentait depuis longtemps et sans résultat pour obtenir une lecture, usa d’une influence ministérielles pour forcer les préventions directoriales. — Un billet de l’administration lui apprend enfin que lui et son manuscrit seront admis à l’audience et à l’examen du directeur. […] Aussi la plainte d’un mari n’est-elle admise, judiciairement, qu’après une constatation évidente, et, comme on dit en vénerie, pour juger le délit, il faut l’avoir vu par corps ; autrement, le plaignant court le risque d’être considéré comme un vantard.

1488. (1903) Le problème de l’avenir latin

Il faut bien admettre des causes proportionnées à l’énormité de cette faillite. […] En un mot, pour emprunter à l’auteur une de ses formules, « l’importance relative et surtout l’importance future des nations est assez exactement proportionnelle au nombre absolu d’individus de pure race Europœus. »‌ Si on admet celle opinion, il faut remarquer qu’elle constitue une solide base scientifique au fait historique que nous constatons ici, à savoir l’acceptation passive du romanisme par les peuples du Midi, opposée à la résistance acharnée des peuples du Nord, et qu’elle fonde sur la biologie l’infériorité latine, en fournissant de précieuses indications pour le futur. […] Sans insister d’ailleurs sur ce point, que supposer au pouvoir cette dictature de l’intelligence, c’est admettre un peuple déjà réformé qui l’y aurait porté : à moins qu’elle ne se trouvât un jour eu possession du pouvoir par on ne sait quel hasard, auquel cas il semble difficile qu’elle s’y maintint, et que le « tyran » ne fût pas jeté à bas. […] Comment peut-on admettre que rien de ce que le monde latin enfanta, à travers les siècles, de bon, de grand et de vital, ne subsistera ?

1489. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Admettons qu’ils composent des romans. […] Impérieuse, elle ne sortira pas d’une épouvante hiératique, ni d’un nihilisme de vaincus, elle ne prêchera pas l’anéantissement des bons au profit des méchants, elle n’admettra pas plus ici-bas que là-haut la victoire des mauvais ; elle sera stoïque pour, la joie hautaine du stoïcisme, modeste pour les souples puissances de la modestie, mais toujours active, créatrice, dominatrice, heureuse… » Sans rien devoir à aucune religion, elle sera par elle-même une religion. […] … » Admettons donc le principe et ayons l’air d’en comprendre le développement. […] « J’admets, ce qui n’est guère vraisemblable, que tu sois au-dessus de tout reproche. […] Dédaigneux de l’intrigue, — et jusqu’à l’excès —, il écrit des pièces où il ne se passe rien ; mais les âmes s’y expliquent, les sentiments s’y développent, un problème moral est posé, discuté, résolu, autant que les problèmes de cette sorte admettent une solution.

1490. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Eh bien, le capitaine Renaud nous dit, par exemple, qu’il n’a pas mangé depuis vingt-quatre heures et que cela éclaircit les idées pour un récit, ce qui est difficile à admettre ; une obscurité absolue règne, nous dit-on, dans les rues, sur les boulevards, et tout d’un coup, à un moment où, dans l’intérêt du récit, on a besoin de lire une lettre, il se trouve qu’un café est éclairé à propos et que cette lettre peut se lire : le capitaine Renaud aurait bien pu, ce me semble, prendre dans ce café quelque chose.

1491. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Mon recueil de poésies, les Consolations, et d’autres écrits qui suivirent, notamment Volupté, et les premiers volumes de Port-Royal, témoignaient assez de cette disposition inquiète et émue qui admettait une part notable de mysticisme.

1492. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Admise, comme Mme de Motteville, à voir d’une très-bonne place cette belle comédie, elle avait songé à en fixer sur le temps même les complets souvenirs.

1493. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Au dix-huitième siècle, il en était autrement, et, pour tout écrivain, ce style oratoire était justement le costume de cérémonie, l’habit habillé qu’il fallait endosser pour être admis dans la compagnie des honnêtes gens.

1494. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Admettez qu’un pareil état d’esprit soit universel à une époque ; on devine tout de suite les cultes, les légendes qui se formeront ; Ce sont celles des Védas, de l’Edda et même d’Homère.

1495. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Un seul genre de vie intéresse au dix-septième siècle, la vie de salon ; on n’en admet pas d’autres ; on ne peint que celle-là ; on efface, on transforme, on avilit, on déforme les êtres qui n’y peuvent entrer, l’enfant, la bête, l’homme du peuple, l’inspiré, le fou, le barbare ; on finit par ne plus voir dans l’homme que l’homme bien élevé capable de discourir et de causer, irréprochable observateur des convenances.

1496. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Si par exemple on admettait qu’une religion est un poëme métaphysique accompagné de croyance ; si on remarquait en outre qu’il y a certains moments, certaines races et certains milieux, où la croyance, la faculté poétique et la faculté métaphysique se déploient ensemble avec une vigueur inusitée ; si on considérait que le christianisme et le bouddhisme sont éclos à des époques de synthèses grandioses et parmi des misères semblables à l’oppression qui souleva les exaltés des Cévennes ; si d’autre part on reconnaissait que les religions primitives sont nées à l’éveil de la raison humaine, pendant la plus riche floraison de l’imagination humaine, au temps de la plus belle naïveté et de la plus grande crédulité ; si on considérait encore que le mahométisme apparut avec l’avènement de la prose poétique et la conception de l’unité nationale, chez un peuple dépourvu de science, au moment d’un soudain développement de l’esprit ; on pourrait conclure qu’une religion naît, décline, se reforme et se transforme selon que les circonstances fortifient et assemblent avec plus ou moins de justesse et d’énergie ses trois instincts générateurs, et l’on comprendrait pourquoi elle est endémique dans l’Inde, parmi des cervelles imaginatives, philosophiques, exaltées par excellence ; pourquoi elle s’épanouit si étrangement et si grandement au moyen âge, dans une société oppressive, parmi des langues et des littératures neuves ; pourquoi elle se releva au seizième siècle avec un caractère nouveau et un enthousiasme héroïque, au moment de la renaissance universelle, et à l’éveil des races germaniques ; pourquoi elle pullule en sectes bizarres dans la grossière démocratie américaine, et sous le despotisme bureaucratique de la Russie ; pourquoi enfin elle se trouve aujourd’hui répandue en Europe avec des proportions et des particularités si différentes selon les différences des races et des civilisations.

1497. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Ni dans les Indes, ni dans la Chine, ni en Égypte, ni en Perse, ni en Arabie, ni en Grèce, ni à Rome, la législation, la religion, les mœurs n’auraient admis cette promiscuité élégante et garrule des deux sexes dans des réunions habituelles pour se donner en spectacle et en divertissement d’esprit les uns aux autres.

1498. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Un des plus grands monuments de son éloquence, c’est le discours par lequel il refusait d’admettre dans le corps électoral les avocats, les médecins, les capacités, comme on disait, qui n’avaient pas le cens obligatoire, c’est-à-dire cette partie même de la bourgeoisie qui n’avait que les lumières, le travail, sans l’argent.

1499. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Valdémar, ce dénouement horrible, algébriquement nécessaire, les données fantastiques admises, où un phtisique magnétisé dans son agonie, laissé tel après sa mort pendant sept mois, puis soumis aux passes contraires, « dans l’espace d’une minute et même moins, se déroba, s’émietta, se pourrit absolument sous mes mains.

1500. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Les libres penseurs qui le regardaient comme un des leurs, et qui se moquent, depuis des siècles, avec l’esprit qu’on leur connaît, de cette grande bêtise catholique du péché originel, que nous avons, nous autres idiots, l’imbécilité d’admettre, mais qui pensent, malgré tout, comme nous, que le déshonneur du père déshonore toujours un peu l’enfant, ont été blessés dans le fond de leur âme quand M. 

1501. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Beaucoup d’yeux purs l’y ont vue, beaucoup d’esprits droits l’y ont saluée ; mais parmi les hommes qui ont une plume à leur service et qui sont les soldats ou les officiers de la publicité, combien y en a-t-il eu qui aient parlé sérieusement de ce livre, soit pour en admettre les conclusions, soit même pour les rejeter ?

1502. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Elle est dans la notion même de l’élégance telle qu’on la conçoit et qu’on l’admet en Angleterre.

1503. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Sans contester la justesse de cet adage, sous sa forme générale et dans ses applications ordinaires, il convient peut-être cependant d’y faire quelques restrictions et de ne l’admettre que sous de certaines réserves. […] L’auteur de La Comtesse de Rudolstadt admet le mariage : du moins il garde le nom. […] Il ne faut pas s’y tromper, en effet : on peut admettre philosophiquement le divorce, comme une nécessité regrettable, comme un remède dangereux, dont il importe d’user avec réserve et mesure. […] Mais la nature humaine n’admet point ces monstrueuses alliances de la suprême vertu avec la suprême corruption. […] Tant vaut la religion, tant vaut la morale : c’est un axiome qui peut souffrir parfois pour les individus quelques rares et douteuses exceptions ; mais qui, pour la généralité, pour les peuples, n’en admet point.

1504. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

On peut admettre, à la rigueur, ceux-ci : Le temps qu’on perd est du bien qu’on se vole… … Femme qui n’entre pas front haut dans sa demeure En voit sortir la joie et s’enfuir le repos… … La lutte avec la terre a ses martyrs aussi… Mais j’avoue que les suivants manquent un peu de prestige et de tenue littéraire : … Comme les humains les bœufs ont leurs têtes, Plus d’un l’a souvent très près du bonnet… Le bonnet d’un bœuf ! […] Il n’admettait pas que l’on touchât à l’honneur d’un Villiers de l’Isle-Adam, ce Villiers fût-il contemporain de Philippe-Auguste.

1505. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Jules Lemaître pour affirmer qu’il est admis par tous les lettrés que certains écrivains existent, malgré leurs défauts, tandis que d’autres n’existent pas. […] L’absolu lui semble un non-sens, et il ne l’admet pas même à l’état d’inconnaissable. […] L’avenir tient dans le présent comme toutes les propriétés du triangle tiennent dans sa définition. » Une telle philosophie ne saurait admettre la réalité du bien et du mal, du mérite et du démérite. […] Il le concevait avec une spiritualité si excessive, que son ami Victor de Laprade lui-même, le poète de l’idéal, refusait d’admettre tant d’idéalisme dans le sentiment.

1506. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Bourget ne l’admet pas : « J’ai souvent entendu dire, écrit-il, que l’incohérence d’un livre comme Guerre et Paix reproduisait merveilleusement l’incohérence de la vie. […] On admet parfaitement que le vaisseau de l’aventure porte son poltron innocent et passif, son Toussaint Lavenette. […] Rendons hommage aux services que peut rendre le franc parti de cet ennemi de son temps et de ce dépisteur du romantisme et admettons sa chapelle, à lui, sa chapelle sévère où l’on chante au lutrin — celui de Boileau — sur les textes solides d’autrefois. […] Et j’admets fort bien que la lecture de M.  […] Vieux ou jeune, l’homme de plaisir (il ne s’agit pas évidemment de don Juan) ne sera guère admis par le public littéraire.

1507. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

La naïve innocence de la race germanique naissante pouvait seule admettre de pareils récits dans son poëme national. […] Durant ce temps, vous irez dans vos logements et y jouirez d’un bon repos. » « Mais Werbel reprit : « Ne pourrions-nous être admis à voir notre dame la très-riche Uote, avant que nous cherchions du repos ? 

1508. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Admettons que ce soit Diderot, et, aussi bien, puisqu’il en a revendiqué la gloire, admettons qu’il ait « pâli » sur les premiers ouvrages de Rousseau. […] Maury, Essai, etc.]. — Il part pour l’Île de France [Maurice] en qualité d’ingénieur des colonies, 1768. — Son retour en France, 1771 ; — sa course au mariage, ou plutôt à la dot ; — et sa liaison avec Jean-Jacques Rousseau. — Il publie sa relation du Voyage à l’Île de France, 1773 ; — qui lui vaut d’être admis dans la société de Mlle de Lespinasse, — et de Mme Geoffrin ; — où il lie connaissance avec « les philosophes » ; — dont il devient promptement l’adversaire, pour cause d’incompatibilité d’humeur ; — et aussi parce que d’Alembert ne lui obtient pas de Turgot une pension et une place. — Il publie les Études de la nature, 1784 ; et Paul et Virginie, 1787. — Son rôle pendant les premières années de la Révolution ; — et sa nomination d’intendant du jardin du Roi, 1792. — Son mémoire sur la « nécessité de joindre une ménagerie au Jardin des plantes ». — La réorganisation du « Muséum » le prive de ses fonctions.

1509. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Ils n’admettent pas que l’art se doive séparer de la vie, ni l’artiste se retirer et s’isoler du monde. […] De la valeur apologétique du « Génie du christianisme » ; — et que, pour en juger, il en faut avant tout considérer le rapport avec les besoins de son temps. — Ce qui importait en effet alors, c’était de « réintégrer » dans ses droits le « sentiment religieux » ; — et ce qui était urgent, c’était de réagir contre la philosophie de Voltaire, en définissant le rôle du christianisme dans la civilisation. — C’est ce que Chateaubriand a fait en montrant à sa manière ce que non seulement la morale ; — mais l’art et la littérature eux-mêmes devaient de « beautés nouvelles » à la religion ; — ce que le christianisme a éveillé de sentiments inconnus aux anciens ; — et ce qu’il procurait enfin de satisfactions profondes à la nature humaine. — Que, par ces moyens, il a obtenu trois choses, lesquelles sont depuis lui généralement admises ; — excepté par quelques francs-maçons ; — la première, qu’un croyant n’est pas nécessairement un imbécile ou un fourbe ; — la seconde, que le « voltairianisme » est le contraire de la vérité de l’histoire ; — et la troisième, que, dans la fausseté de toutes les religions, la réalité du « sentiment religieux » subsisterait encore. […] C’est l’origine de ce que nous avons appelé depuis lors le « christianisme social » ou le « socialisme chrétien » ; — dont la pente irrésistible est vers le socialisme pur, — dès qu’il se sépare de l’autorité et de la tradition. — Mais nous n’en revenons pas moins au même point ; — et l’erreur de Lamennais ne consiste point à s’être contredit ; — mais à avoir voulu établir entre les deux termes de religion et de démocratie, — une identité qui les rendît en tout temps convertibles l’un en l’autre ; — et qui le condamnait donc lui-même à n’être qu’un pur démocrate, — si l’Église refusait d’admettre cette identité. […] De l’influence de Michelet ; — et qu’elle a été considérable ; — si, tout en favorisant le naturalisme, — elle a cependant maintenu contre lui une tradition d’idéalisme. — Personne en effet n’a cru plus que lui au progrès ; — mais surtout au progrès moral ; — sur les conditions duquel il a pu d’ailleurs se tromper ; — mais auquel enfin il a travaillé de toute son âme ; — et qu’il a surtout cru trop facile à réaliser ; — mais dont il n’a jamais admis que l’écrivain se désintéressât. — C’est aussi lui qui plus que personne a travaillé à fonder a la religion de la Révolution » ; — et, quoi qu’on en puisse dire, il y a réussi. — Enfin, avec tous ses défauts, — qui sont peut-être inséparables de ses qualités, — son Histoire de France est la seule que nous ayons ; — parce que, seul de tous les historiens qui ont tenté l’entreprise, — il a eu l’imagination assez forte, pour « personnaliser » la patrie ; — et ainsi donner à son histoire quelque chose de ce vivant intérêt qui est celui de la biographie. — Toutes les autres ne sont que des compilations.

1510. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Au reste, la raison de Mme Guizot, qui a pied dans le fait même, admet, pressent les cas d’insuffisance et en avertit : « Je le vois plus clairement chaque jour, dit Mme d’Attilly, la jeunesse est de tous les âges de la vie celui que l’enfance nous révèle le moins ; une influence indépendante du caractère la domine avec un empire contre lequel on peut d’avance lui donner des forces, mais sans prévoir de quelle manière elle aura à s’en servir. » Mme Guizot relève en un endroit une assertion de mistress Hannah More sur la nature déjà corrompue des enfants, et elle la combat.

1511. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Ne serait-ce point que l’un des chevaliers, en s’engageant de plus en plus, et se croyant plus favorisé sans doute, a aussi par trop pris des héros de la Fronde l’air glorieux et conquérant, de ces airs de triomphe qui n’admettent plus ombre de rivalité et de partage ?

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