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416. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

C’est par la lecture d’une pièce qu’on échappe aux prestiges de la représentation ; c’est en lisant que l’on n’est plus dupe du jeu des acteurs, de l’énergie de leur déclamation et de la sorte d’empire et de possession qu’ils exercent sur nous. […] Sans pousser cette sollicitude jusqu’à une sorte de manie, il ne faut jamais oublier, en effet, que le théâtre antique est sculptural, que les personnages y forment des groupes harmonieux faits pour satisfaire les yeux amoureux de la beauté des lignes autant que l’esprit amoureux de la beauté des pensées ; que les Grecs ne cessent jamais d’être artistes et qu’il faut nous faire artistes nous-mêmes pour goûter leur théâtre, sinon autant qu’ils le goûtaient, du moins de la manière, d’une des manières, et importante, dont ils le goûtaient. […] L’auteur, en effet, en pleine possession non seulement de son génie, mais de son expérience théâtrale, aurait voulu forcer l’actrice, même de trois siècles après lui, à jouer comme il l’entendait et non pas à son gré à elle, qu’il n’aurait pas écrit autrement ; il semble avoir dicté la mimique mot à mot et c’est-à-dire geste par geste : N’allons pas plus avant, demeurons, chère Œnone, Phèdre n’a fait que quelques pas sur le théâtre et s’arrête, fatiguée, presque épuisée ; l’arrêt doit être brusque, une des mains de la reine cramponnée au bras de sa nourrice : Je ne me soutiens plus, ma force m’abandonne ; Toute une attitude lassée, déprimée ; une sorte d’écroulement du corps. […] Voyez de la sorte.

417. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

La mission de l’Angleterre fut alors celle d’un gardien qui ne peut pas user de la chose confiée ; c’était une sorte de fidéicommis. […] Lorsque Bonaparte se saisit du gouvernement consulaire, tous les écrivains travaillèrent à la restauration de l’édifice social avec une ardeur au-dessus de tout éloge, avec une sorte d’unanimité qui donnait les plus justes espérances. […] Les peuples, par une sorte d’instinct qui ne les trompe jamais, sentaient que le retour de leurs anciens rois était pour eux-mêmes le retour de leurs anciennes prérogatives et de leurs espérances nouvelles ; mais ils étaient trop impatients d’en jouir. […] Maintenant, si nous retournons la supposition, ne pouvons-nous pas admettre que la vie est une sorte d’initiation qui sert à manifester, dans l’homme, l’être intellectuel et l’être moral ?

418. (1887) La banqueroute du naturalisme

De telle sorte que, même faisant ce qu’ils font, les paysans de M.  […] On ne se serait pas indigné de la sorte, si l’on ne s’était flatté, avec les affaires de son indignation, de faire aussi celles de son esprit, et par surcroît la joie de ses lecteurs. […] Quelqu’un lui reprochait l’autre jour d’avoir manqué de patriotisme en calomniant le paysan ; mais, sans parler de ce qu’il y a de puéril et d’inopportun à mêler le patriotisme dans ces sortes de questions, avait-il donc moins calomnié, ou d’une autre manière, le bourgeois dans Pot-Bouille, et l’ouvrier dans L’Assommoir ? […] Quant à ceux qui ne lui reprochent que ses obscénités, il faut vraiment qu’ils aient oublié dans quel temps ils vivent, et les autres romans qu’ils lisent, et à quelle sorte d’histoires, sur leurs vieux jours, ils s’acharnent encore eux-mêmes.

419. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

« La prose, dit-il, ne sçauroit représenter qu’imparfaitement les graces de la poësie ; c’est-à-dire qu’elle ne peut en réprésenter le rythme & la cadence : mais, à cela près, elle peut en représenter parfaitement toutes les graces, en retracer toutes les images & en rendre même toute l’harmonie, par une autre sorte d’harmonie qui lui est propre & qui vaut bien, dans son genre, celle dos vers. » Il soutient que le traducteur en vers & le traducteur en prose font sujets aux mêmes loix ; qu’ils sont aussi astreints à la fidélité l’un que l’autre ; qu’il est aussi ridicule de voir l’un se donner l’essor & perdre de vue son original, que de voir l’autre ramper servilement & ne faire de sa traduction qu’une glose ennuyeuse & littérale. […] Point de mots, au contraire, qu’on ne puisse, à l’exemple des anciens, rendre avec une sorte de noblesse dans la langue de Dante, de Lopès de Véga & de Shakespear. […] Mais ces sortes de traducteurs sont rares.

420. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

Elle révéla un type nouveau, où toutes les adresses, tous les dons, toutes les finesses, toutes les sortes d’esprit de son sexe, se tournèrent en une sorte de cruauté réfléchie qui donne l’épouvante. […] Ainsi formées, secrètes et profondes, impénétrables et invulnérables, elles apportent dans la galanterie, dans la vengeance, dans le plaisir, dans la haine, un cœur de sang-froid, un esprit toujours présent, un ton de liberté, un cynisme de grande dame, mêlé d’une hautaine élégance, une sorte de légèreté implacable.

421. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Il s’ouvrit une grande scène en Europe ; les dépouilles de la maison d’Autriche à partager, la France et l’Espagne unies contre l’Angleterre, la Hollande, la Sardaigne et l’Empire, une guerre importante, un jeune roi qui se montra à la tête de ses armées, les présages de l’espérance, les vœux des courtisans, enfin l’éclat des conquêtes et des victoires, et le caractère général de la nation, à qui il est bien plus aisé de ne pas sortir du repos que de s’arrêter dans son mouvement, tout donna aux esprits une sorte d’activité qu’ils n’avaient point eue peut-être depuis Louis XIV. […] Le panégyrique de Louis XV, comme nous l’avons dit, offre donc peu de ces beautés qu’on a coutume de chercher dans les orateurs ; mais elles sont remplacées par d’autres ; on y trouve une sorte d’éloquence aussi persuasive et plus douce, l’éloquence des faits présentés avec autant de simplicité que de noblesse, et les réflexions d’un philosophe toujours jointes à la sensibilité d’un citoyen. […] Souvent même l’orateur prononcerait devant le souverain le nom de simples soldats ; il célébrerait en eux une sorte d’héroïsme inculte et sauvage, qui fait de grandes choses avec naïveté, et qui étonne quelquefois les autres sans se connaître lui-même.

422. (1925) Proses datées

L’amitié de Lamartine a sauvé Dargaud de l’oubli, Il demeure une sorte d’Eckermann bourguignon. […] Il se dégage, en effet, de Balzac comme une sorte de force attractive qui risque d’influencer le jugement que l’on portera sur lui. […] Il a adopté une sorte d’impassibilité, hautaine et sculpturale. […] Ces sortes de situations extrêmes et désespérées ont leur enseignement. […] Le passé nous en a légué de toutes sortes, visages illustres ou inconnus.

423. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

— Il a paru également un ouvrage sur les Rapports de la littérature française avec la littérature espagnole (2 vol. in-8°), par M. de Puibusque, ouvrage qui a obtenu un des prix que décerne l’Académie française ; c’est une monographie curieuse et une sorte de dissection particulière et savamment poussée. L'inconvénient de ces sortes de travaux est de trop abonder dans un sens et de voir partout des ressemblances et des influences au lieu de s’en tenir aux seuls courants généraux, les seuls après tout qui agissent un peu grandement.

424. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Introduction »

Le monde de la connaissance, dit Schopenhauer, n’existerait plus si cette sorte d’objets qu’on appelle cerveaux « ne pullulaient sans cesse, pareils à des champignons, pour recevoir le monde prêt à sombrer dans le néant et se renvoyer entre eux, comme un ballon, cette grande image identique en tous, dont ils expriment l’identité par le mot d’objet ». […] Cette doctrine d’unité, que Schopenhauer lui-même poursuivait et à laquelle il a contribué pour sa part, serait, pour employer le terme aujourd’hui en faveur, une sorte de monisme.

425. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVIII. Des Livres sur l’Art Militaire & sur les sciences qui y ont rapport. » pp. 370-378

C’est un petit ouvrage très-propre à donner une Idée distincte de toutes sortes de machines. […] L’Architecture moderne, ou l’art de bien bâtir pour toutes sortes de personnes, tant pour les maisons des particuliers que pour les palais, deux volumes in-4°. 1728.

426. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Les derniers adeptes tentent une sorte de néo-romantisme désespéré, et poussent aux limites extrêmes le côté négatif de leurs devanciers. […] Les raisons de cette admiration sont de trois sortes : les idées appartiennent au fonds commun ; la langue dans laquelle elles sont exprimées n’a point de caractère propre ; les vers différent peu de la prose courante et sont incolores, sourds et mal construits. […] Il est vrai que les poils du lion l’enveloppent souvent de telle sorte qu’on s’y trompe. […] Un immense succès accueillit ce livre puissant, sorte d’encyclopédie où les questions sociales, la psychologie, l’histoire, la politique, concourent au développement de la fable romanesque et s’y mêlent en l’interrompant par de fréquentes digressions et de formidables évocations. […] Le déroulement des chefs-d’œuvre posthumes transforme cette admiration en une sorte d’effroi sacré, en face d’une telle puissance de création.

427. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Les mêmes Nouveaux-venus sentaient aussi, plus qu’ils ne la discernaient encore, une sorte de délivrance leur venir de Verlaine. […] Je constatai cependant une sorte de timidité, d’humilité même, de Verlaine à l’égard de Mallarmé. […] J’avais même des projets de romans, toutes sortes de projets. […] Il disait encore toutes sortes de choses très spirituelles qu’il n’est pas indispensable de rappeler. […] Ce qu’il ne comprend qu’avec peine lui semble une sorte de poisson d’avril perpétuel, une farce à froid.

428. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

L’ironie qui préside à toute manifestation de la vie humaine a voulu que le lieu de dévotion des vrais fanatiques de Wagner devint ainsi une sorte d’étape dans un voyage hygiénique à quelque ville de bains allemande. […] Victor Wilder avait commencé une série de six grandes études sur l’œuvre Wagnérienne, une sorte de vulgarisation, précise et spirituelle à la fois, des idées de Richard Wagner. […] Blaze de Burybh qui fit grande dépense d’esprit et contre l’ouvrage et contre L’invitation à mes amis, sorte d’encyclique adressée au monde wagnérisant, qui avait servi de préface aux représentations de Munich. « Heureuse Bavière ! […] Il s’agit de nouveau d’un morceau lent, commencé pianissimo, s’élevant peu à peu jusqu’au fortissimo, et retombant à la nuance de son point de départ, sans autre thème qu’une sorte de gémissement chromatique, mais rempli d’accords dissonants, dont de longues appogiatures, remplaçant la note réelle de l’harmonie, augmentent encore la cruauté. […] Gounod, en éclectique incurable qui a pour devise : « je prends mon bien où je le trouve », et « qui se gêne est gêne », n’a pas hésité, dans son Roméo, à s’approprier cette idée à sa façon, en quoique sorte comme pendant à la scène de la prison de Faust, de même que la conception du Prologue en partie instrumental et en partie vocal de Berlioz.

429. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Platon maintiendrait-il une séparation aussi absolue entre la sensation et l’idée, aboutissant à une sorte de dualisme intellectuel comme celui des Persans ? […] La sensation n’est donc point, primitivement, une sorte de signe intellectuel, de symbole proposé par la nature à la pensée, comme la conçoivent avec Platon les écoles intellectualistes ; elle est un signe en quelque sorte vital, un symptôme de santé ou de malaise, ayant pour objet essentiel non la spéculation, mais l’action, le vouloir, la force et le mouvement. […] La première sorte d’association est la fusion d’impressions simultanées en une sensation qui est leur synthèse : ainsi les harmoniques d’un son se fondent dans le timbre ; ainsi les impressions produites par une roue aux sept couleurs qui tourne avec rapidité se fondent et aboutissent à la sensation du blanc ; ainsi encore les sensations produites par les deux parties d’un compas qu’on rapproche sur la peau finissent par se fondre en une seule. […] Supposez maintenant que, dans le monde, il apparaisse un être chez qui le sentiment de la différence et de la ressemblance, contenu en germe dans les émotions et motions successives, se renforce en se répétant, se dégage au point de devenir lui-même une sorte de représentation reconnaissable parmi les autres, un objet d’intérêt et de réflexion, un tel être n’aura-t-il pas des chances de survie bien supérieures ? […] C’est précisément parce qu’on ne discerne pas les sentiments d’impulsion et de désir dans les actes intellectuels qu’on se figure encore, avec Platon, un intellect pur, indépendant, une sorte de jugement contemplatif « prononçant sur la vérité intelligible ».

430. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

La reine assiste à un mariage rustique, puis à une sorte de combat comique entre les paysans de Coventry, qui représentent la défaite des Danois. […] Et en cette sorte ils vont à l’église comme des démons incarnés, avec un tel bruit confus, qu’il n’y a point d’homme qui puisse entendre sa propre voix. […] Même les croyants, les sincères chrétiens, comme Bacon et Browne, écartent tout rigorisme oppressif, réduisent le christianisme à une sorte de poésie morale, et laissent le naturalisme subsister sous la religion. […] Le plus admirable de tous, le Novum Organum, est une suite d’aphorismes, sortes de décrets scientifiques, comme d’un oracle qui prévoit l’avenir et révèle la vérité. […] À la façon des poëtes, il peuple la nature d’instincts et d’inclinations ; il attribue aux corps une véritable voracité, à l’air une sorte de soif pour les clartés, les sons, les odeurs, les vapeurs qu’il absorbe ; aux métaux, une sorte de hâte pour s’incorporer les eaux-fortes.

431. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Ce prince, en effet, l’ayant rencontrée chez Mme de Parabère, la trouva tout aussitôt à son gré et ne douta point de réussir ; il chercha à plaire de sa personne, en même temps qu’il fit faire sous main des offres séduisantes, capables de réduire la plus rebelle des Danaë ; finalement il mit en jeu Mme de Ferriol elle-même, peu scrupuleuse et propre à toutes sortes d’emplois. […] L’on jouit avec lui du plaisir d’apprendre ce qu’on vaut par les sentiments qu’il vous marque, et cette sorte de louanges et d’approbation est bien plus flatteuse que celle que l’esprit seul accorde et où le cœur ne prend point de part. […] Une sorte de langueur passionnée la minait en silence. […] Voilà mes réflexions. » L’aimable princesse circassienne fait de la sorte en ce qui la touche, sans trop s’en douter ; elle se contient, elle se diminue plutôt. […] C’est un mouvement naturel chez les hommes de se prévaloir de la faiblesse des autres : je ne saurais me servir de cette sorte d’art ; je ne connais que celui de rendre la vie si douce à ce que j’aime, qu’il ne trouve rien de préférable ; je veux le retenir à moi par la seule douceur de vivre avec moi.

432. (1900) La culture des idées

Albalat les supprime excellemment ; il juge avec raison qu’il n’y a que deux sortes de style : le style banal et le style original. […] Ensuite, on éprouve fréquemment, le travail accompli, une sorte de satisfaction, analogue à la satisfaction morale. […] De quoi est-il question dans ces sortes de divagations, c’est ce que je n’ai jamais pu savoir. […] Ils ressentent une sorte d’effroi ; pour reprendre leur assurance, ils ont recours à la négation, aux injures ou à la dérision. […] Cette sorte de raisonnement ne manque pas d’élégance.

433. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

Il se plaisait, dans les heures bien rares que lui laissait le monde, à écrire sur toutes sortes de sujets, et particulièrement à se souvenir de ses succès de salon, à en fixer la mémoire, à noter ses premières aventures d’esprit, à dénombrer ses nobles relations, et (plus homme de lettres en cela et moins homme du monde qu’on ne l’aurait cru) à tenir registre de tous les jolis mots qu’il avait semés dans sa carrière. […] Sandeau avait parlé du roman avec modestie pour son propre compte, mais avec une sorte de fierté pour le genre : il avait eu le bon goût de paraître étonné et confus d’être le premier romancier proprement dit appelé à l’honneur de siéger à l’Académie, lorsqu’autrefois ni Le Sage ni l’abbé Prévost n’y avaient été admis, et que, de nos jours, M. de Balzac et d’autres encore avaient brillé par leur absence.

434. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

Le plus modeste, le plus humble des hommes, il offrait en lui cette union si rare d’une expérience clairvoyante et précise, et d’une naïveté d’impressions, d’une sorte d’enfance merveilleusement conservée ; cela donnait à sa personne, à sa conversation, un grand charme, que sa parole écrite ne rendait pas. […] Lorsque nous venions parler, il y a quelques mois, de la mort de Rodolphe Topffer, enlevé à la veille même de la révolution de Genève, nous aurions pu dire qu’il y avait eu une opportunité du moins dans cette mort si prématurée, et, rappelant d’immortels et classiques passages, nous aurions pu, sans parodie, nous écrier qu’il n’avait pas eu du moins la douleur de voir le Sénat assiégé et les magistrats réduits par les armes : Non vidit obsessam Curiam et clausum armis Senatum… En parlant de la sorte, nous n’aurions rien dit d’exagéré.

435. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — Q. — article » pp. 572-580

Nous eussions pu, il est vrai, nous passer de cette sorte de Drames qui offrent tout aux sens & presque rien à l’esprit & à la raison ; mais la difficulté d’y réussir n’en suppose pas moins de génie, quand l’Auteur y a excellé sans aucun secours. […] Son talent principal a été de combiner ses Pieces de telle sorte, que la fable du Poëme, la disposition des Scenes, l’intérêt des personnages, l’appareil du Spectacle, se développent sans effort & sans aucune espece de confusion.

436. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIV. Parallèle de l’Enfer et du Tartare. — Entrée de l’Averne. Porte de l’Enfer du Dante. Didon. Françoise de Rimini. Tourments des coupables. »

Voilà précisément la même sorte de beautés que dans le poète latin. […] L’origine de la Mort, racontée par le Péché, la manière dont les échos de l’enfer répètent le nom redoutable lorsqu’il est prononcé pour la première fois, tout cela est une sorte de noir sublime, inconnu de l’antiquité85.

437. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

On pourrait encore faire ressortir d’autres points de ressemblance entre l’instinct et l’habitude : comme on répète une chanson bien connue, de même une action instinctive en suit une autre avec une sorte de régularité rythmique. […] Pierre Huber a constaté qu’il en était absolument de même d’une certaine chenille qui se construit une sorte de hamac très compliqué. […] Mais il n’est pas moins certain qu’elle peut diminuer ou s’augmenter par l’expérience, et comme par une sorte de contagion à la vue de la même crainte chez d’autres animaux. […] Au contraire, on voit sans cesse les maîtres aller et venir, transporter des matériaux pour la construction ou des provisions alimentaires de toutes sortes. […] On reconnaît les membres de l’une des castes neutres des Cryptocerus à une sorte de bouclier très singulier qu’ils portent sur la tête et dont l’usage nous est complétement inconnu.

438. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Mais cette sorte d’éducation de l’esprit français avait été trop précoce pour n’être pas incomplète. […] Au commencement, c’est par une sorte de superstition et d’ivresse d’érudition qu’elle se manifeste dans les écrits. […] Plutarque n’était-il pas un Grec formé par les écrivains de la décadence latine, une sorte de Sénèque grec ? […] Tour à tour les côtés si nombreux et si divers de son admirable livre reçoivent une sorte de vie nouvelle. […] Y a-t-il une méthode dans cette sorte de journal de sa pensée, dont les feuillets se suivent sans se lier, qui porte des titres de chapitres, mais qui, selon l’humeur de l’écrivain, promet plus qu’il ne tient ; ou tient plus qu’il ne promet ?

439. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Alors dans la littérature et dans les arts il y eut une sorte de vénération extraordinaire pour La Science, sorte de divinité vague, que chacun se représentait à sa façon, mais que tous adoraient en commun. […] On ne perd rien en les lisant de la sorte. […] L’enfant moderne qui est si aimable, si amusant dans les livres de Gyp ou de Mme Marni, devient dans Chérie une sorte de figure de cire où l’on a dessiné grossièrement les os et les entrailles, mais qui n’a plus ni apparence de vie ni séduction gracieuse. […] Autant dire qu’il souffre d’une sorte de phobie littéraire spéciale, une certaine crainte absolument maladive analogue à celle d’un musicien qu’une note ou qu’un accord rendent épileptique, car je ne vois pas pourquoi un mot répété serait plus désagréable que deux notes qui se suivent ou reviennent dans une phrase musicale. […] Et quand un échange entre les deux classes a lieu, de telle sorte que les familles et les individus moins affinés, moins intelligents, sont transplantés de la classe supérieure dans la classe inférieure et que, d’un autre côté, les hommes les plus libres de celle-ci obtiennent l’accès de la classe supérieure, on arrive à cet état au-delà duquel on ne voit plus que la vaste mer des désirs infinis.

440. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

» Honoré tient de la main droite une petite tige de fer, de la main gauche, une sorte de troublette. […] Là se donnaient rendez-vous toutes sortes de mondes. […] * * * — Mme *** s’habille, noue avec toutes sortes de lenteurs les rubans de son chapeau, met et remet ses gants, explique à son mari avec de grands gestes pourquoi elle sort, regarde en l’air, appelle de l’œil, descend l’escalier, se montrant longuement aux fenêtres des paliers, passe sous la porte cochère. […] Toutes sortes d’industries logées dans des maisons en construction, et là, nombre de petits restaurateurs, gargotiers, frituriers. […] Pas de voiture, pas de moyens de communication d’aucune sorte.

441. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Les anciens distinguaient trois sortes de prologues : l’un, dans lequel le poète exposait le sujet de la pièce ; l’autre, où le poète implorait l’indulgence du public, ou pour son ouvrage, ou pour lui-même ; le troisième, où il répondait aux objections. […] Les meilleurs poètes conçurent leurs épisodes de la sorte, et les tirèrent d’une même action ; pratique si généralement établie du temps d’Aristote, qu’il en a fait une règle : en sorte qu’on nommait simplement tragédies, les pièces où l’unité de ces épisodes était observée, et tragédies épisodiques, celles où elle était négligée. […] Ces sortes de récits sont, pour l’ordinaire, dans la bouche des personnages qui, s’ils n’ont pas un intérêt à l’action du poème, en ont du moins un très fort qui les attache au personnage le plus intéressé dans l’événement funeste qu’ils ont à raconter. […] La troisième observation touchant les monologues, est de les faire en telle sorte qu’ils aient pu vraisemblablement avoir lieu, sans que la considération de la personne, du lieu, du temps et des autres circonstances, ait dû l’empêcher. […] Alors la continuité du discours n’empêche pas qu’il n’y ait une sorte de dialogue, parce que l’action muette d’un des personnages a exprimé quelque chose d’important, et qu’elle a produit son effet sur celui qui parle ; comme : Zaïre, vous pleurez.

442. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Elle sent chaque jour Déloger quelque Ris, quelques Jeux, puis l’Amour ; Puis ses traits choquer et déplaire ; Puis cent sortes de fards. […] Avec une arrière-pensée certaine, c’est que sa femme ferait lire ses lettres à la petite société de Château-Thierry, à son Académie où elle était une sorte de présidente, à sa petite académie de Château-Thierry   avec une arrière-pensée probable, probable seulement, celle, précisément, de donner un jour ces lettres au public. […] Il s’y rencontrera pourtant des matières peu convenables à votre goût ; c’est à moi de les assaisonner, si je puis, en telle sorte qu’elles vous plaisent ; et c’est à vous de louer en cela mon intention, quand elle ne serait pas suivie de succès. […] Je serais merveilleusement curieux que la chose fut véritable…, etc. » Suivent toutes sortes d’histoires qui ne se rapportent véritablement qu’à sa famille et qui n’ont d’intérêt que pour des personnes de sa famille. […] Donc, aucun terme d’art, mais la silhouette est très heureuse et très représentative, et elle donne une vision très nette de ce roi entouré de tous les objets qui lui étaient habituels, et puis avec son air matois jusque sur le tombeau, cet air qui était le fond même du caractère de Louis XI… D’un livre de cette sorte, ce que l’on attend c’est d’abord du pittoresque, ce sont des rapports exacts et intelligents sur les œuvres d’art que l’on voit et c’est ensuite quelques relations sur les hommes et le caractère des hommes que l’on a rencontrés.

443. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

La journée du 18 n’avait été qu’une sorte de prologue. […] Encore faut-il dire que toutes les sortes d’invention ne sont pas de même ordre. […] C’est là un fait attesté par toute sorte d’exemples. […] La vie sociale a créé toute sorte de besoins factices. […] C’est une sorte d’esprit dont aujourd’hui la drôlerie nous échappe.

444. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Il s’établit au fond de nous une sorte d’intelligence et de connivence presque forcée entre notre talent et notre jugement, surtout quand ce jugement porte sur l’objet même auquel se rapporte notre talent habituel. […] Nisard, dans cette sorte de duel avec Rousseau, se montre et s’accuse en traits vifs, aigus, sentencieux, pleins de vigueur et d’éclat ; il a quantité de mots heureux. […] Je ne parle pas d’une sorte de religion littéraire, qui aurait ses dogmes et aussi son intolérance.

445. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Ce nouveau volume, composé de toutes sortes de glanures, en est, s’il le fallait une dernière preuve. […] Composé comme il l’est de pièces et de morceaux, et de billets appartenant aux dates les plus éloignées, il nous offre des échantillons et des memento de toutes les sortes de Voltaire. […] Il considère cette société antérieure et postérieure à l’individu ; il la voit subsistante, nécessaire, harmonieuse, agissant en mille façons et par toutes sortes d’influences inappréciables, plus mère encore que marâtre, ne retirant à l’homme primitif du côté des forces physiques que pour rendre davantage par le moral à l’homme actuel, et imposant dès lors à quiconque naît dans son sein des devoirs, des obligations qui ne sont point proprement de particulier à particulier, mais qui prennent un caractère commun et général : Car les individus, dit-il, à qui je dois la vie, et ceux qui m’ont fourni le nécessaire, et ceux qui ont cultivé mon âme, et ceux qui m’ont communiqué leurs talents, peuvent n’être plus ; mais les lois qui protégèrent mon enfance ne meurent point ; les bonnes mœurs dont j’ai reçu l’heureuse habitude, les secours que j’ai trouvés prêts au besoin, la liberté civile dont j’ai joui, tous les biens que j’ai acquis, tous les plaisirs que j’ai goûtés, je les dois à cette police universelle qui dirige les soins publics à l’avantage de tous les hommes, qui prévoyait mes besoins avant ma naissance, et qui fera respecter mes cendres après ma mort.

446. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

» En France et dans notre société, c’est moins encore l’idée de beauté que celle de morale qui fait ce même office de pavé accablant, et dont on s’arme sans cesse, qu’on jette à la tête de tout nouveau venu, avec une vivacité et une promptitude qui ne laissent pas d’être curieuses, si l’on songe à quelques-uns de ceux qui en jouent de la sorte. […] J’ai eu beau me tâter, je n’ai pu me repentir ; mais, mon cher directeur, je suis pourtant resté un peu effrayé de voir à quel point la critique littéraire devient difficile, quand on n’y veut mettre ni morgue ni injure, quand on réclame pour elle une honnête liberté de jugement, le droit de faire une large part à l’éloge mérité, de garder une sorte de cordialité jusque dans les réserves, Depuis, en effet, que j’ai parlé des deux romans qui, dans ces dernières années, ont le plus piqué l’attention du public et auxquels je n’avais accordé, ce me semble, que des éloges motivés et tempérés, je n’ai cessé, en toute occasion, d’être dénoncé par des confrères vigilants comme un critique peu moral, presque un patron d’immoralité. […] … Parce que j’avais parlé de Fanny. « Parmi les critiques, y disait-on, l’un des mieux avisés, non pas le plus consciencieux, mais le plus matois… » C’était moi, mon cher directeur, moi en personne, et l’aimable portrait se terminait de la sorte : « Il glorifiera Fanny, l’honnête homme !

447. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

Il est vrai que Diderot, Dumarsais, Boulanger, d’Holbach, et tout le monde, l’étudiaient volontiers et en tiraient bon parti pour leurs arguments et leurs systèmes ; il est vrai que Voltaire écrivait les Lettres de Memmius et, dans une sorte d’enthousiasme pour le poète philosophe, s’écriait : “Il y a dans Lucrèce un admirable troisième chant que je traduirai, ou je ne pourrai.” […] Si vous l’ignorez, lecteur, le voici : « On avait cru jusqu’à ce jour en France, et depuis Gassendi jusqu’à MM. de Fontanes et Villemain, que Lucrèce, esprit rêveur et mélancolique, jeté dans le monde à une époque d’anarchie et de discordes civiles, troublé de doutes et de terreurs philosophiques à la manière de Pascal et de Boulanger, voyant l’État s’abîmer dans les crimes, et ne sachant où la destinée humaine poussait l’homme ; on avait cru que pour échapper au vertige et ne pas glisser misérablement de ces hauteurs où l’avait emporté sa pensée, il s’était jeté en désespoir sur la solution d’Épicure, s’y attachant avec une sorte de frénésie triomphante, et que de là, dans quelques intervalles de fixité et de repos, il avait voulu enseigner à ses contemporains la loi du monde, la raison de la vie, et leur montrer du doigt le sentier de la sagesse. […] « De la sorte, l’énergique et brutal conseil de Caton l’Ancien fait place aux galantes fadaises de Dorat, et, au lieu des mœurs de la vieille Rome, le lecteur n’entrevoit que l’âge brillant des cinq maîtresses.

448. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Cela s’est déjà passé de la sorte aux autres époques de civilisation raffinée ; et du moment que la poésie, cessant d’être la voix naïve des races errantes, l’oracle de la jeunesse des peuples, a formé un art ingénieux et difficile, dont un goût particulier, un tour délicat et senti, une inspiration mêlée d’étude, ont fait quelque chose d’entièrement distinct, il a été bien naturel et presque inévitable que les hommes voués à ce rare et précieux métier se recherchassent, voulussent s’essayer entre eux et se dédommager d’avance d’une popularité lointaine, désormais fort douteuse à obtenir, par une appréciation réciproque, attentive et complaisante. […] Ces sortes d’intimités, on l’a vu, ne sont pas sans profit pour l’art aux époques de renaissance ou de dissolution. […] Le grand Byron en usait volontiers de la sorte dans ses liaisons si noblement menées ; et c’est sur ce pied de cordialité libre que Moore, Rogers, Shelley, pratiquaient l’amitié avec lui.

449. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Le génie est revêtu d’une sorte d’inviolabilité qui commande le respect, même dans ses écarts et ses chutes ; il serait quelquefois cruel et presque impie de lui appliquer à la rigueur les sentences d’une critique trop austère. […] Walter Scott dans sa Vie de Bonaparte n’a plus même en sa faveur, je ne dirai pas cette excuse, mais cette sorte d’explication qui convenait aux Lettres de Paul : il a été poussé cette fois par quelque chose de plus simple et de plus vulgaire encore que la haine ; chez lui, ç’a été calcul, et non colère. […] Quoiqu’il y ait une sorte d’impertinence à décider du style d’après une traduction, il est impossible de ne pas remarquer que sir Walter Scott, comme à plaisir et pour combler son œuvre de tous les ridicules, a pris un singulier travers.

450. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Troplong, la richesse, concentrée dans une seule classe, restait presque inaccessible aux autres classes, mais il y avait encore à Rome cette circonstance particulière et remarquable, que les riches attiraient à eux, par le prêt à usure, toute la substance des petits. » La conséquence est que « le luxe et la richesse, qui sont dans la société moderne un élément de fécondité, furent dans les sociétés anciennes un véritable embarras », une cause de ruine, et qu’à Rome particulièrement l’excès de prospérité, quand la paix intérieure eut immobilisé l’univers, aboutit à une sorte d’engloutissement de tout par quelques-uns et à une orgie que de loin on exagère sans doute quand on se la figure en permanence. […] Tenir à la fois présents tous les ressorts, y avoir l’œil pour les tendre et les détendre insensiblement : prendre une détermination dans les crises, la maintenir ou ne la modifier qu’autant qu’il faut pendant les difficultés et les lenteurs de l’exécution ; être naturellement secret ; porter légèrement tout ce poids sans que le front en ait un nuage ; entremêler la paix à la guerre, et, sans faiblir, les mener de front, songer en toutes deux au nécessaire, c’est-à-dire aussi, chez de certaines nations, à la grandeur des résultats et à la gloire : dans le même temps exalter les courages et continuer d’apaiser les passions, les tenir comprimées de telle sorte que les gens de bien, selon la belle expression de Richelieu, dorment en paix à l’ombre de vos veilles, et que les laborieux dont la masse de la société se compose se livrent en tous sens au développement légitime de leur activité, que dis-je ? […] Il l’avait mérité en ne voulant souffrir aucun égal, etc. » Et dans une sorte d’allocution éloquente dont chaque phrase commence ainsi par ces mots : « Il l’avait mérité », l’historien orateur déroule toute une énumération des griefs légitimes qu’on pouvait avoir contre César ; il y a plus de vingt-trois motifs, à les bien compter.

451. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Quelques tentatives s’étaient produites pour élargir la pensée, ou renouveler la littérature : mystiques, hérétiques, philosophes et curieux de toute sorte avaient, avec plus ou moins de succès individuel, essayé de rompre le réseau du dogme. […] Appuyée sur l’antiquité, l’Italie prenait confiance en la nature humaine, confiance en la raison ; écartant la contrainte du dogme, la tristesse de l’ascétisme, elle faisait en tous sens l’expérience des forces de l’esprit : forte de la première et saisissante victoire de la raison sur la théologie dans la découverte de Colomb, elle affranchissait les sciences et la philosophie, et s’essayait librement, par toute sorte de pointes hardies, à les constituer dans leur pleine indépendance. […] A travers toute sorte d’écrits éphémères ou vulgaires, injurieux, partiaux, mesquins, deux genres s’y éprouvèrent et se formèrent : les mémoires et l’éloquence.

452. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Bouhours est en littérature un amateur, sorte d’esprit dont le propre est de n’aimer rien simplement. […] Il croit ne plus aimer l’orné de 1671, et ce qu’il aime n’est pas d’autre sorte. […] Allez donc dire à un lecteur de Quintilien, à La Fontaine, par exemple, quand il le lit avec une sorte de ravissement15 : Ce qui vous charme n’est que le bon ; le beau est ailleurs !

453. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IX. Les disciples de Jésus. »

Ce qui est plus significatif, c’est que, dans les évangiles synoptiques, Simon Barjona ou Pierre, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, forment une sorte de comité intime que Jésus appelle à certains moments où il se défie de la foi et de l’intelligence des autres 446. […] La grande route d’Acre à Damas, l’une des plus anciennes routes du monde, qui traversait la Galilée en touchant le lac 467, y multipliait fort ces sortes d’employés. […] Nous le verrons souvent ainsi, peu soucieux de choquer les préjugés des gens bien pensants, chercher à relever les classes humiliées par les orthodoxes, et s’exposer de la sorte aux plus vifs reproches des dévots.

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