En se rappelant les éloquents, les généreux récits du fils, on aime à y associer par comparaison les mérites qui recommandent ceux du père, la mesure insensible du ton, ce style d’un choix si épuré, d’une aristocratie si légitime, et toute cette physionomie, si rare de nos jours, qui caractérise dans les lettres la postérité, prête à s’éteindre, des Chesterfield, des Nivernais, des Bouflers173. » Prête à s’éteindre ! […] M. de Ségur sait nous intéresser à ce jeu dont il nous montre au doigt point par point le dessous ; il en ranime à ravir dans son récit le divertissement et les mille circonstances. […] Lorsqu’on le questionnait en souriant là-dessus, il répondait par un de ces récits qui ne font qu’effleurer.
J’ai donné à ce petit ouvrage les formes les plus antiques ; il est divisé en Prologue, Récit et Épilogue. Les principales parties du récit prennent une dénomination, comme les Chasseurs, les Laboureurs, etc ; c’était ainsi que, dans les premiers siècles de la Grèce, les Rhapsodes chantaient sous divers titres les fragments de l’Iliade et del’Odyssée. […] Chactas commence son récit : Il est bien vieux, il a soixante-treize ans : « À la prochaine lune des fleurs, il y aura sept fois dix neiges, et trois neiges de plus, que ma mère me mit au monde sur les bords du Meschacebé. » Il raconte à René la grande aventure de sa jeunesse, quand il ne comptait encore que dix-sept chutes de feuilles.
Cependant elle ne peut tout à fait s’abriter contre les souffles nouveaux : Jean Le Maire de Belges, qui fut historiographe de Louis XII, écrit les Illustrations des Gaules 162, vaste compilation de récits fabuleux, où se heurtent singulièrement l’érudition saugrenue du moyen âge et l’enthousiasme poétique de la Renaissance : le même qui fait des vers dignes de Molinet est un adroit ouvrier qui prépare avec un certain sentiment d’artiste l’instrument de la poésie future ; Clément Marot tiendra de lui quelques excellents secrets de facture163. […] Dans sa litière, où cette infatigable voyageuse passa la moitié de son existence, elle travaillait, conversait, dictait : vers ou prose, chant, drame ou récit, religion ou galanterie, mythologie ou réalité, toute forme et tous sujets lui étaient bons. […] La bonne reine a pris le ton du jour, conté les récits qui plaisaient : de là non pas l’immoralité — c’est trop dire, — mais plutôt l’impudeur hardie de l’Heptaméron, et cette mixture qui nous surprend de dévotion, de gaillardise et de morale.
Pour qu’aucune des études par où notre siècle s’est signalé ne lui échappât, il écrivit un jour sur les Contes de Perrault un dialogue exquis où il nous montrait comment sont sortis, des mythes solaires inventés par les anciens hommes, ces récits qui amusent nos petits enfants. […] Si peut-être ces petits récits font songer, par quelques-unes des réflexions qui y sont mêlées, au Voyage sentimental de Sterne, au moins sont-ils composés avec soin et les digressions ne sont-elles qu’apparentes. […] C’est d’abord une ironie très douce, très calme, qui s’insinue dans tous les récits et dans toutes les réflexions.
Selon ces beaux récits, qui ont charmé des siècles, l’homme ne trouve sur la terre que l’épreuve ; cela est tout simple, il aura un jour la vie éternelle ; mais l’animal, qui n’a point de place dans l’éternité, est toujours récompensé ici-bas de ce qu’il fait pour le bien ; car enfin il faut que Dieu soit juste. […] L’humanité, en effet, aime l’idéal ; mais il faut que l’idéal soit une personne, un fait, un récit ; elle n’aime pas une abstraction. […] si nous avions les récits de madame Gros, sténographiés sans qu’elle le sût !
Sa parole est lancée vers un but visible, sa passion attaque un être vivant, au lieu d’embrasser à vide une Ombre évoquée par l’incantation d’un récit. […] Des récits épiques s’amoncellent entre les intervalles du dialogue. […] Les récits encombrent son drame, les contreforts de l’épopée s’y prolongent : tel morceau des Perses et des Sept Chefs semble le raccourci d’un chant de l’Iliade.
L’admiration, l’enthousiasme dont il était saisi, lui inspirait des expressions qui répondaient à la mâle et harmonieuse énergie des vers grecs, autant qu’il est possible d’en approcher dans la prose d’une langue à peine tirée de la barbarie… Cependant M. de Malezieu, par des efforts que produisait un enthousiasme subit, et par un récit véhément, semblait suppléer à la pauvreté de la langue, et mettre dans sa déclamation toute l’âme des grands hommes d’Athènes. […] Quand on lit aujourd’hui le récit de ces fêtes dans le recueil intitulé Les Divertissements de Sceaux, on reconnaît, au milieu des fadeurs, que M. de Malezieu y mettait cet esprit que voulait la fée. […] Mlle de Launay, durant plus de quarante ans, demeura auprès de sa maîtresse, et elle a laissé des Mémoires piquants, qui sont depuis longtemps admirés pour la qualité du langage et l’agrément du récit.
Ce récit fit révolution sur l’esprit de Napoléon et changea à l’instant le cours de ses idées : il revint à la résolution de combattre en désespéré : « Eh bien ! […] Ce ne saurait être un récit détaillé que je présente ici, et il n’y a que deux points qu’il importerait de constater : 1º Que, comme militaire, le maréchal usa avec force et habileté de tous les moyens incomplets qu’il put réunir ; 2º Que, comme Français et comme homme, il accueillit, il invoqua jusqu’à la dernière heure tous les moyens de conciliation qui étaient en son pouvoir. […] Lorsque l’aide de camp fut enfin introduit, le roi lui fit cette seule réponse : « Dites au maréchal qu’il groupe ses troupes, qu’il tienne bon, et qu’il agisse par masses. » Il serait pénible de pousser plus loin ce récit qui présenterait jusqu’à la fin les mêmes situations, les mêmes efforts infructueux, les mêmes récidives, avec des chances de moins en moins favorables à chaque minute écoulée.
Les lettres qu’on a de lui à cette date (1774-1775) nous le montrent émerveillé lui-même de sa destinée, se retournant, se regardant de profil pour se dire combien elle est étrange et bizarre, courant le monde, l’Angleterre, l’Allemagne, faisant sept cent quatre-vingts lieues en six semaines, et plus de dix-huit cents lieues en huit mois, et s’en vantant, attentif dans ses absences à ne point se laisser oublier, à se remettre de temps en temps sur le tapis par des récits de périls et d’aventures qui n’arrivaient qu’à lui seul. […] Le public, sur la foi des récits de société, s’était attendu à tant de rire et de folie qu’il n’en trouva pas assez d’abord. […] J’ai, après ce récit, à résumer plus d’une idée et sur le caractère de la société à cette date, et sur le caractère de l’auteur.
Volney, reprenant à sa façon, et quarante ans plus tard, la tâche de Fréret, rencontre également l’autorité des Écritures qu’on lui oppose, et s’en irrite ; il s’en irrite comme un disciple de l’Encyclopédie : de là vient qu’en lisant ces amples et vastes récits d’Hérodote, qui font parfois l’effet d’un beau fleuve de Lydie, et en les comparant à d’autres récits d’un caractère plus primitif encore, il trouve moyen d’y apporter de l’aigreur, d’y mettre de la passion, et d’y insinuer de ce zèle hostile que nourrissait l’école de d’Holbach contre tout ce qui tenait à la tradition religieuse. […] Presque nulle part (excepté une fois sous la tente de l’Arabe) il ne rend hommage à cette fidélité des tableaux et des scènes bibliques qu’ont sentie d’abord tous les voyageurs en Orient, et dont il est dit dans le récit de Napoléon sur la campagne de Syrie : « En campant sur les ruines de ces anciennes villes, on lisait tous les soirs l’Écriture sainte à haute voix sous la tente du général en chef.
Elle associera à cette vie, qui dominera le siècle ou le subira, la vie complexe de ce siècle ; et elle fera mouvoir, derrière le personnage qui portera l’action et l’intérêt du récit, le chœur des idées et des passions contemporaines. […] Le livre, à la lecture, m’a fait l’impression d’une histoire renfermant trop de jolie rhétorique, trop de morceaux de littérature, trop d’airs de bravoure, placés côte à côte, sans un récit qui les espace et les relie. […] Toutefois, n’ayant point derrière nous le manuscrit autographe, nous n’avons osé hasarder aucun extrait ; nous nous sommes contentés de tirer de ces mémoires les faits qui amplifient, certifient, contredisent, avec un accent de vérité incontestable, les récits déjà publiés.
Toute personne nous ayant procuré cinq abonnements recevra la revue gratuitement pendant un an. » Cet activisme est le pendant des difficultés financières qu’exprime la page de sommaire : « Les difficultés d’impression s’opposent momentanément à notre parution régulière, nos abonnés sont assurés de recevoir douze numéros, correspondant à leur abonnement d’un an. » Le numéro fait se rencontrer de façon exemplaire les différentes esthétiques nourrissant la revue, le post-symbolisme du récit de Hertz succédant à l’évocation d’Apollinaire, le poème de Péret rencontrant les fables de Max Jacob. […] Ce n’est guère un récit que je tente, c’est plutôt une confession votive que j’exhale, un regret que j’exprime à l’illustre disparu, ou, suivant la parole charmante de la Duchesse de Clermont-Tonnerre, à propos de Remy de Gourmont, un « tardif envoi de pleurs »c que je lui fais. […] Dans ses poèmes et ses récits, elle s’inspire de sources bibliques et orientales.
Je veux parler du récit des voyages dont, pour la première fois, il a fait un genre littéraire. […] Combien il est regrettable que Lamartine n’ait pas persisté dans ce genre de la grande poésie familière, du récit contemporain ! […] L’un de ces récits met en scène une des fables répandues sur le compte du Masque de fer. […] La meilleure justification de cette théorie discutable consiste ici dans les beaux récits un peu concertés, mais d’un art si soigneux et si délicat, que la cause des poètes a dictés à leur légitime défenseur. […] À ce propos le récit de Michelet contient des épisodes piquants et dont on peut tirer profit.
Nous eussions désiré peut-être que l’auteur s’y montrât parfois moins sobre de détails personnels et des particularités épisodiques dont sa mémoire abonde, et que ceux qui l’ont entendu trouvent avec un charme infini dans sa conversation ; mais son but dans ce récit a été plus grave, plus circonscrit aux points essentiels et aux questions qui peuvent concerner l’histoire.
» Et tout en disant cela sire lièvre, comme entraîné par son récit, mimait ses inquiétudes en cette occurrence fâcheuse et regardait dans toutes les directions auxquelles il faisait allusion.
Planche, parlant de Stello, a loué ingénieusement « bien des pensées qui s’enchatonnent à merveille dans le triple récit, bien des rêveries qui se trouvent serves entre les épisodes de la narration comme un rubis entre les plis d’une feuille d’argent. […] Eh bien, le capitaine Renaud nous dit, par exemple, qu’il n’a pas mangé depuis vingt-quatre heures et que cela éclaircit les idées pour un récit, ce qui est difficile à admettre ; une obscurité absolue règne, nous dit-on, dans les rues, sur les boulevards, et tout d’un coup, à un moment où, dans l’intérêt du récit, on a besoin de lire une lettre, il se trouve qu’un café est éclairé à propos et que cette lettre peut se lire : le capitaine Renaud aurait bien pu, ce me semble, prendre dans ce café quelque chose. […] c’est que le principe d’où partent ces inadvertances légères s’étend insensiblement à tout le récit et lui ôte un air de réalité, au milieu de beautés philosophiques et pathétiques du premier ordre.
Naturellement expansive et d’un abandon facile, elle n’eut pas plus tôt retrouvé Mme de Vergennes, qu’elle ne ménagea point l’arriéré des récits et toutes sortes de confidences. […] Une légère marque de bonté, une preuve de leur souvenir décide souvent de notre destinée ; le dévouement de notre vie entière est presque toujours la réponse que nous croyons devoir à la plus simple apparence de leur intérêt. » Je m’étonnerais bien s’il n’entrait pas quelque souvenir assez présent, et même d’en deçà des Pyrénées, dans le récit de cette course de campagne qu’imagine la reine, pour reposer le roi malade et le distraire des affaires et de l’étiquette : « En effet, dès notre arrivée à Aranjuez, le roi nous annonça que, se fiant à notre respect, le cérémonial serait suspendu, et que chacun aurait la liberté d’agir à peu près à sa propre fantaisie. […] Comment me recevrez-vous alors, quand j’apporterai au pied de votre saint tribunal le récit craintif d’une vie à peu près vide de bonnes œuvres ? […] Ce n’est qu’après la publication de l’écrit de Mme de Staël sur la Révolution française qu’elle eut l’idée et le courage de rassembler encore une fois ses souvenirs ; à défaut du premier et incomparable récit, ceux qui liront l’autre un jour auront de quoi se consoler.
On croirait, du moins, au récit qu’il fait d’eux, qu’il est l’un d’eux. Dans ce récit, écrasant vraiment de vulgarité et de bassesse, dans cette histoire de deux idiots qui se sont rencontrés un jour sur un banc de promenade et se sont raccrochés par vide de tête, badauderie, flânerie, bavardage et nostalgie d’imbécillité, et dont les deux niaiseries, en se fondant voluptueusement l’une dans l’autre, sont devenues la plus incroyable et la plus infatigable des curiosités, — comme, en grammaire latine, deux négations valent une affirmation, — il n’y a pas un mot, pas un sous-entendu qui puisse faire croire que l’auteur se moque de ces deux benêts qui sont les héros de son livre, et qu’il n’est pas la dupe de ce récit prodigieux de bêtise voulue et réalisée… Et il n’est pas que bête, ce récit, qui est un phénomène de bêtise !
… Attiré par les Illustrations dont ce livre est orné, et qui sont dues à un talent d’une fougueuse et étrange fantaisie, le public reviendra-t-il à ces récits où l’art le plus raffiné se mêle à l’archaïsme le plus savant, et où l’imagination la plus féconde crée pour son compte sous les formes les plus admirablement imitées ? […] Les auteurs dramatiques sont moins eux-mêmes que les autres écrivains ; cependant, prenez Shakespeare, l’impersonnel Shakespeare, dans les poésies de récit ou de sentiment qui nous restent de cet esprit si formidable à la scène, et voyez s’il n’y sourit pas avec cette bonhomie familièrement sublime que le bonhomme Corneille avait comme le nonpareil La Fontaine, et qui fait plus grand Walter Scott, lequel l’avait aussi, que ses rivaux de renommée, Goethe et Byron, qui ne l’avaient pas !!! […] … Le Moyen Âge, c’est-à-dire des casques à visières, des hennins, des cuirasses, des capuchons, des faucons sur le poing, qui ont leur physionomie de tapisserie ou de haute-lisse, qu’était cela quand il s’agissait des personnages, des passions et des drames de ces admirables récits ? […] Il fallait être chrétien et chevaleresque (c’est tout un) pour écrire : Persévérance d’amour, Berthe la-repentie, et Le Frère d’armes, récits merveilleux et touchants, d’une inspiration entièrement étrangère au xixe siècle : les plus divins morceaux du livre de Balzac.
Il a donné, il y a quelques années, un récit cadencé, Héléna ; aujourd’hui, c’est Donald 47, l’histoire d’un employé, d’un industriel intelligent devenu un homme politique, probe, incorruptible, au cœur d’or et d’airain, qui résiste à toutes les tentations, à toutes les séductions, à force de conscience. […] N’a-t-il pas gardé trop de lyrisme dans ce qui est proprement la matière d’un récit ?
Comme le chroniqueur ingénu ne paraît guère préoccupé de l’idée de pudeur, cela fait que le lecteur est médiocrement choqué lui-même, et qu’il laisse courir le récit du moins prude des mondains. […] Aussi le bon Casanova, quand il rencontre sur le chemin de son récit toutes ces tendres aventures, s’y repose comme au premier jour, les développe avec un nouveau bonheur, et sur un ton de Boccace ou d’Arioste, en style de Pétrone et d’Apulée, sans ironie ni amertume de vieillard ; et, bien qu’il prétende en un endroit, épicurien qu’il est, que l’homme vieux a pour ennemi la nature entière, il n’a pas l’air de trop maudire sa vie ni d’en rien rejeter depuis le jour où son père, comme il dit, l’engendra dans une Vénitienne.
Au lieu des grandes conceptions tragiques, des rêveries sentimentales et voluptueuses, des générosités et des tendresses du vieux poëme allemand ; au lieu de l’âpreté pittoresque, de l’éclat, de l’action, du nerf des récits espagnols ; au lieu de la farouche énergie, de la profondeur lugubre des hymnes saxonnes, vous rencontrez des épopées prosaïques et des contes frondeurs. […] Les deux qualités de son esprit, qui sont la sobriété et la finesse, le détournent bien vite de l’exaltation et de la poésie, pour le conduire à la prose, à la raillerie et au récit.
Avec quelques contes, un portrait littéraire et deux ou trois dissertations, ce n’est que récits de voyages. […] Dans le récit de Paul Adam, le baron de Cavanon tourne la difficulté : il se marie.
Toutes ces inventions de ragoût pour rendre plus piquant un récit de voyage, pour augmenter l’établissement du lecteur, cette large fleur bête de la flatterie étonnée que les voyageurs aiment à cueillir à leur retour, toutes ces misères de l’esprit ou de l’amour-propre, qu’elles soient des duperies ou qu’elles soient des combinaisons, ne se rencontrent point dans cette relation colorée et nuancée comme la vie, mais pas davantage ! […] Les mandarins les plus fins et les plus fûtes, comme les fonctionnaires les moins sagaces, furent parfaitement dupes de cette excellente mascarade, dont le récit a la grâce d’une ironie pleine de gaîté et dans lequel Huc prend tour à tour les deux voix, — la voix du masque qui fait illusion et la voix vraie qui se moque de l’illusion faite, — et se félicite, avec une bonne humeur si communicative, d’avoir réussi.
Ceux qui survivent ont commencé le récit de la formidable aventure et le continueront. […] C’est un récit très original, d’une évidente vérité, d’une spontanéité presque naïve. […] Benjamin, les récits de M. Bazin, romans et récits du temps de la guerre, ont cette analogie, le souci du document vrai. […] Mais tout son récit des opérations militaires tend à cette conclusion.
Quelqu’un reproche à la comédie qu’on vient de voir, de manquer précisément d’action, et de consister toute en des récits que vient faire ou Agnès ou Horace. À cette critique spécieuse, Uranie répond que dans L’École des femmes les récits sont des actions, suivant la constitution du sujet. […] Dans le récit où Agnès explique à son tuteur comment elle a fait la connaissance d’Horace, n’y a-t-il pas autant d’action, plus même que nous n’en pourrions voir, si la chose se passait sur le théâtre ? J’avoue que dans L’École des femmes tout est récit ; mais avouez que tout paraît action, ou plutôt avouez que tout est action, bien que tout semble être en récit307. […] Quel lien subtil peut-on saisir entre l’impression profonde qui lui fait trouver comique ou belle L’École des femmes, et les remarques pleines de sens et d’esprit qui sortent de sa bouche, sur la valeur dramatique des récits d’Horace et d’Agnès, sur le caractère propre de l’art et du génie de Molière, et sur la haute portée de ce qu’on appelle ses plaisanteries ?
Mais d’abord sachez que tout le récit est écrit, à peu près comme les chants du Tasse, en stances rimées de sept vers inégaux dans leur régularité. […] — « C’est bien vrai, Mademoiselle, dit le jeune apprenti ; mais la soif s’étanche aussi bien par l’agacement d’une groseille aux dents que par l’eau de toute la cruche ; et si, pour trouver de l’ouvrage, il faut essuyer les injures du temps, tout de même le voyage a ses moments de plaisir, et l’ombre sur la route fait oublier le chaud. » Le récit que Vincent fait de ses voyages à la jeune fille est incomparable en grâce, en vérité, en nouveauté et cependant en poésie. […] Le récit de leurs douces entrevues et de leurs chastes entretiens à travers le buisson, au clair de la lune, dépasse en naïveté et en fraîcheur tout ce que vous avez lu de Daphnis et de Chloé auprès de la fontaine. […] Sur chaque page de ce livre de lumière il y a une goutte de rosée de l’aube qui se lève, il y a une haleine du matin qui souffle, il y a une jeunesse de l’année qui respire, il y a un rayon qui jaillit, qui échauffe, qui égaye jusque dans la tristesse de quelques parties du récit. […] voilà de ces épopées sur lesquelles les grossières imaginations du peuple inculte se façonnent, se modèlent, se polissent, et font passer avec des récits enchanteurs, de l’aïeul à l’enfant, de la mère à la fille, du fiancé à l’amante, toutes les bontés de l’âme, toutes les beautés de la pensée, toutes les saintetés de tous les amours qui font un sanctuaire du foyer du pauvre !
Goethe s’était rapproché des dames pendant que j’écoutais les récits de Riemer et de Meyer sur l’Italie. […] Il dit que les dernières époques de sa vie ne peuvent pas avoir la même abondance de détails que sa jeunesse, racontée dans Vérité et Poésie. « Je composerai le récit de ces dernières années sous forme d’Annales ; il s’agit moins de raconter ma vie que de montrer sur quoi s’est exercée mon activité. […] Et où sont les auditeurs auxquels on aurait du plaisir à faire un pareil récit ? […] « Je crois que l’on trouvera ici avec plaisir le récit que Goethe a donné lui-même de cette conversation de 1808. […] Il me demanda plusieurs fois à quelle somme monterait son établissement à Paris, tel qu’il l’entendait, et c’est sans doute en pensant combien de gênes et de privations l’y attendaient qu’il renonça au projet de s’y rendre. — C’est seulement peu de temps avant sa mort que je le décidai à écrire le récit laconique qu’il a laissé. » (M. de Müller.)
C’est que le récit est simple, court, candide comme la confession de deux enfants. […] La nature du supplice lui-même, le vent glacial qui emporte dans un tourbillon de frimas les deux coupables, mais qui les emporte ensemble, échangeant l’amère et éternelle confidence de leur repentir, buvant leurs larmes, mais y retrouvant au fond quelque arrière-goutte de leur félicité perdue, quoi de plus dans un tel récit épique ? […] Les victimes qui remplissent l’Ancien et le Nouveau Testament inspirèrent les premières légendes ; les martyrs furent visités dans leurs prisons par des visions prophétiques ; les anachorètes de la Thébaïde et les moines du mont Athos avaient des récits qui trouvèrent des échos dans les monastères d’Irlande et dans les cellules du mont Cassin. […] Lorsque Dante parcourt les cercles du paradis, écoutant le bruit harmonieux des astres et cherchant des yeux au fond de l’espace la terre imperceptible ; lorsqu’il apprend de son bisaïeul, Caccia-Guida, sa mission périlleuse et son exil, on reconnaît le récit du Songe de Scipion. […] Lacordaire, son ami, dans un récit véritablement virgilien de sa mort, il ôta son chapeau pour saluer le soleil et le firmament.
Lemonnier, ne font pas oublier, il est vrai, que ses détails tombent souvent dans la diffusion, à force de fécondité ; que sa simplicité, pour être trop familiere, devient quelquefois triviale & rebutante ; que sa facilité à tourner une même pensée de différentes façons, donne un air languissant à certains endroits de ses Récits, riches d’ailleurs en tournures, en images, & en sentimens.
Ils chargent leur style d’ornemens peu convenables à l’histoire, & cette profusion de fleurs déplacées allonge le récit sans l’embellir. […] Les notes dont il accompagne la narration, décélent un critique habile ; mais elles interrompent le récit & elles rendent ce livre meilleur à consulter qu’à lire. […] Une anecdote, un trait qui caractérise les mœurs est préférable au récit d’expéditions militaires, dont il ne résulte aucun changement politique. […] Le récit de ce qu’il fit contre les fanatiques des Cevennes est digne d’être lu. […] Cet ouvrage offre un récit suivi & détaillé ; il est bien fait & la diction est soignée, exacte, soutenue.
Ils aiment les entretiens, les récits d’aventures. […] Nulle splendeur, nulle couleur dans son récit : son style est tout à fait nu, jamais de figures ; on peut lire dix mille vers de ces vieux poëmes sans en rencontrer une. […] Toutes ces merveilles, les conteurs en font l’étalage dans leurs récits. […] Ainsi percent, jusque dans les récits chevaleresques, les instincts farouches et débridés de la brute sanguinaire. À côté d’eux, les récits authentiques la montrent à l’œuvre.
Les larmes qu’on répand ont le même goût, la sensibilité est la même, le récit est aussi parfait, la main aussi délicate. […] Alors Boris, immobile à sa place, ne la quittait pas des yeux ; elle revenait s’asseoir près de lui, reprenait son travail de broderie, et il continuait ses récits. […] Michel recommençait le récit de son aventure avec Onufre. […] — Voilà, mon cher Pierre, dit Boris en terminant son récit, voilà ce qui s’est passé. […] Mais à ce récit la fantasque baruinia éclata de rire, et pria la plaignante de lui narrer encore les détails de cette curieuse scène.
Lisez encore ces choses, ni poèmes en prose (titre et forme bien affadis depuis ces maîtres, Aloysius Bertrand, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé, Arthur Rimbaud), ni contes, ni récits, ni même histoires, le Hareng saur, angélique enfantillage justement célèbre, et le Meuble, que j’ai toutes raisons d’environner de sympathies même intrinsèques pour ainsi parler, l’ayant possédé, ce meuble, du temps où je possédais quelque chose au soleil de tout le monde.
L’Iliade est pleine, l’Odyssée est grosse de scènes toutes prêtes à se détacher du récit pour revivre de leur vie propre.
., et cette classification, presque dramatique, donne beaucoup d’intérêt, de vie et de clarté à un livre qu’on lirait encore avec la passion que les récits qu’il contient inspirent, fussent-ils empilés, sans art, comme des matériaux dans un chantier.
La même diversité se retrouve dans ses écrits, où il y a un peu de tout : roman, histoire, récits de voyages, travaux d’érudition. […] Les semaines qui suivirent furent affreuses, et nous en épargnerons au lecteur le récit pénible et monotone. […] » En écoutant ces récits amers, Camille a vu l’humanité à travers un mauvais rêve, et elle a prié Dieu de n’avoir plus rien de la femme. […] Le récit s’élargit et s’élève avec la rentrée triomphale de l’amour dans ces deux cœurs qui s’étaient cru usés, et la scène de l’aveu est d’une douceur grave. […] C’est précisément à cause de l’exactitude du fond du récit, que Paul de Musset s’est attaché à lui enlever toute valeur autobiographique.
Ségur l’entraîne, sans doute, par « l’emportant » d’un récit comparé à une fanfare. […] Prenez Une vie, Pierre et Jean, ce récit parfumé de senteurs marines. […] Il termine son récit en priant Dieu « que ce soit assauvation de son âme ». […] Aujourd’hui, c’est sans artifice de liaison, sans fil de récit, que M. […] C’est dans le récit de deuil qui ouvre presque le volume.