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1007. (1888) Études sur le XIXe siècle

Si vous faites un portrait, ce n’est point assez, vous diront-ils, de bien copier la figure et l’expression de votre modèle ; vous devez encore copier tout aussi fidèlement ses bottes, et si elles sont ressemelées, vous aurez soin de marquer ce travail du cordonnier. […] Souvent, cette insistance devient fatigante : Ruy-Gomez de Silva abuse de la patience de Charles-Quint en le promenant devant les portraits des aïeux, et l’on comprend l’irritation de Zim-Zizimi auquel tous ses sphinx, l’un après l’autre, adressent le même discours. […] Désespéré, il s’en va errer dans des jardins publics, s’assied sur un banc, sort de son carnet le portrait de sa mère ; et fait sur le verso le calcul de ses dernières ressources. Il égare ce portrait, qui, trouvé naturellement par les enfants de l’avocat, amène la réconciliation finale. […] Œuvres principales : la Vie militaire, Souvenirs de 1870-71, l’Espagne, la Hollande, Souvenirs de Londres, Pages éparses, le Maroc, Nouvelles, Constantinople, Souvenirs de Paris, Poésies, Portraits littéraires, les Amis, Cœur, Aux portes d’Italie.

1008. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Ils disoient que ce comique n’avoit point chargé les portraits, que les médecins sont encore tels qu’il les a représentés. […] Ce portrait, qu’il trace de la république de Genève, portrait si flatté, si chimérique, même, à quelques égards, de l’aveu de ses citoyens, n’est dessiné que pour être le passeport des opinions qu’il hazarde. […] Au portrait qu’il en fait, quelques personnes, entr’autres, le Laboureur, ont cru qu’il avoit été lui-même moine cordelier apostat : mais Buchanan ne le donne à entendre dans aucun endroit de ses ouvrages. […] Son témoignage semble avoir d’autant plus de force, que le révérend père Custode ne se doutoit pas de l’usage qu’on feroit un jour de ses portraits. […] Il y a même fait exécuter le portrait du roi & ceux de quelques personnes de la famille royale ; mais ils ont été mal rendus.

1009. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

XVI Les portraits de Confucius, gravés en Chine sur les portraits traditionnels de ce philosophe, le représentent assis sur un fauteuil à bras de bois sculpté, à peu près semblable à nos stalles de cathédrale dans le chœur des églises chrétiennes de notre moyen âge. […] L’impression générale qu’on reçoit de ce portrait est celle de la vénération volontaire pour cette bonté belle et pour cette jeunesse mûre et pourtant éternellement jeune.

1010. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Nous avons de ce grand homme d’excellents portraits à tous les âges. […] C’est le portrait vivant de la facilité dans la toute-puissance. […] Je ne vois guère que Raphaël, dans les portraits de son adolescence, qui puisse lutter avec cette sévérité rayonnante d’un visage humain ; mais Raphaël devait mourir jeune, et Goethe devait mourir vieux, après avoir passé sans se flétrir par tous les âges et en empruntant successivement au contraire tous les genres de beauté à chacun des âges de la vie.

1011. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Il y a telle mélodie de Rossini, entendue dans une barque portant deux fiancés sur une mer lumineuse, par une belle lune d’été, dans le golfe de Naples, qui m’a fait revoir mille fois plus vraie dans l’imagination la comtesse Léna, que tous les portraits et toutes les descriptions du monde. […] Ce n’était cependant ni sa taille, plutôt harmonieuse qu’élancée, ni ses cheveux blonds, dorés comme les régimes de mais suspendus aux toits des chaumières de ses collines, ni ses yeux bleus, plus foncés que les eaux de sa mer Adriatique, ni sa bouche souriante, ni ses dents de nacre, ni sa tête ondoyante sur son cou de marbre un peu long, comme la tête légère de la jument arabe sur son encolure, ni sa démarche un peu traînante et un peu serpentante, comme celle de la femme turque accoutumée au divan, et qui traîne ses pieds nus dans ses babouches au bord de ses fontaines ; ce n’était pas même le timbre enchanteur de sa voix, où tintait un rire sonore et léger sur une basse de mélancolie douce et tendre ; non, ce n’était rien de tout cela qui pouvait donner le trait dominant à ce portrait d’Italienne du Nord. […] C’est par lui que j’appris que l’Arioste, dans un voyage qu’il fit à Florence, vers l’âge de quarante-cinq ans, conçut un amour sérieux et durable pour une charmante veuve florentine à laquelle il adressait mentalement toutes les louanges qu’il donne aux femmes belles et vertueuses, et dont il retraçait quelques souvenirs dans chacun des délicieux portraits de femmes dont son poème est illustré.

1012. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

elle y était morte jeune encore, à son quatrième enfant, et entre le lit et la cheminée un portrait d’un peintre ambulant y avait laissé sa douce et mélancolique image. […] M. de Guérin habitait seul cette chambre sanctifiée par son souvenir ; un prie-Dieu en noyer, recouvert de tapisserie sous les genoux et sous les coudes par madame de Guérin, gisait devant son portrait et servait maintenant à M. de Guérin et aux enfants pour prier en se remémorant leur épouse et leur mère. […] Deux ou trois petits cadres de portraits, cloués contre les murailles, attestaient ses amitiés ou ses préférences en hommes ou en femmes.

1013. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Théophile Gautier, un soir qu’il rêve à son existence passée, se représente visitant « le Château du Souvenir131 », un vieux manoir perdu dans les broussailles, rongé par le temps et les orages, meublé de vieilles tapisseries et de portraits effacés, peuplé d’ombres grises et roses qui disparaissent avec le soleil levant. […] Casimir Delavigne eut l’idée de mettre au théâtre l’histoire de Marino Faliero en voyant à Venise, dans la salle où sont tous les portraits des doges, un cadre voilé d’un crêpe noir et portant cette inscription : Hic est locus Marini Faletro decapitati pro criminibus. […] Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand ont d’abord restitué à la prose la faculté de parler aux yeux, et les poètes, après eux, ont si bien su opérer un rafraîchissement analogue du vocabulaire poétique que les faiseurs de paysages ou de portraits à la plume ont abondé en notre siècle.

1014. (1893) Alfred de Musset

Il existe un portrait de lui à trois ans, dans le goût troubadour, qui était de mode au temps de la reine Hortense. […] Un autre portrait le représente plus âgé de quelques années, mais gardant encore ses belles boucles blondes. […] Dans ce cabinet d’assez triste apparence, et encombré d’armoires poudreuses, se trouvait, entre autres nippes, un vieux portrait avec un grand cadre doré. Quand, par une belle matinée, le soleil donnait sur ce portrait, l’enfant, à genoux sur son lit, s’en approchait avec délices. […] L’orfèvre devait être abonné au National et avoir le portrait d’Armand Carrel dans son arrière-boutique.

1015. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Dès lors la morale n’est pas l’empreinte d’un type commun, mais le simple portrait de l’individu ; et, bien loin que la loi serve de mesure à l’individu, c’est l’individu qui sert de mesure à la loi. […] Lisez le portrait qu’il a tracé de lui-même. […] Mais, au contraire, ce qui frappe dans ce portrait, ce sont les incohérences et l’absence de tout principe directeur. […] Contient-il des portraits satiriques dessinés d’après nature, ou des peintures moins directes, fruit d’observations généralisées ? […] Celles que présente le portrait que nous venons de considérer sont choquantes, et cependant trop superficielles en un sens.

1016. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Lysippe faisait des portraits et, son Athlète au strigile appartient à la réalité journalière. […] Il accoutuma la statuaire à descendre du type au portrait réel ; et pour faire pétiller la malice de son fameux Voltaire, il sculpta dans le marbre tout le détail de la prunelle des yeux. […] Ils exposèrent des portraits, des groupes, des scènes, des études le long de galeries indéfiniment prolongées, croisées parfois les unes avec les autres, sans vestibule d’entrée, ni porte de sortie. […] Vaut-il bien la peine de prendre tant de soins pour nous donner les portraits exacts de vieilles femmes et de paysans ? […] Nécessairement, la description étant matérielle, le portrait le sera aussi.

1017. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Le portrait de Charles Péguy, —  « petit homme barbu, paysan sobre, poli, circonspect, défiant, doué du sens de l’amitié, bien campé sur la terre et toujours prêt à partir en plein ciel » ; — le portrait d’Albéric Magnard, — « chacun selon son pouvoir ! […] Langlois, a fait un portrait de saint Louis ! » Faire un portrait de saint Louis est une audace. […] Son premier chapitre est le portrait de Talleyrand. […] Voilà, je ne dis pas, le portrait de l’Empire, mais l’un des portraits de l’Empire, et magnifique.

1018. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Donnons-nous ce spectacle, et voyons à tous les étages cette parenté des figures et ce relief des portraits. […] Cette immoralité naïve, ces raisonnements de girouette, cette façon de juger l’amour en poissarde, achèvent le portrait. […] Il ne trouve pour chaque portrait que des gravelures injurieuses. […] Entre tant de portraits, choisissons-en deux ou trois pour indiquer la profondeur et l’espèce des autres262. […] ses portraits et surtout son buste.

1019. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Hugo de s’être trop préoccupé dans le portrait de Mirabeau de sa propre question personnelle et de s’être vu, miré et copié lui-même, en quelque sorte, dans cette figure toute marquetée et couturée, comme dan un miroir à mille facettes. — Lamartine, depuis, a fait de même dans ses Girondins. […] Lerminier sur le xviiie  siècle contient quatre portraits, ou plutôt quatre statues, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, qui n’ont jamais apparu avec plus de jeunesse radieuse et de dégagement.

1020. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Voici en quels termes il retrace les portraits de ces enfants : « Pierre s’applique beaucoup. […] Cimabue, Giotto, à qui Laurent dédia un buste un siècle après sa mort ; Mazaccio, Philippo Lippi, à qui il fit élever un monument dans sa patrie Spoleto ; Guirlandaio, à qui il confia son portrait à faire, étaient autant de clients de cette famille.

1021. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Par l’addition de quelques mots, il avait fait d’un portrait commun aux disputeurs des deux partis, une caricature grossière des théologiens catholiques. […] Au portrait qu’il y trace de Physis52, qui, en sa première portée, enfanta Beaulté et Harmonie, il oppose Antiphysis qui engendra les matagotz, les cagotz et papelars, les demoniacles Calvins, imposteurs de Genève ; double, injure pour Calvin, par l’accusation d’imposture et par la compagnie où il le plaçait.

1022. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Il y a gagné une physionomie à part, dans cette galerie de si nobles portraits. […] Il y avait du vrai dans le portrait du personnage.

1023. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

2e partie : Traductions ; arrangements ; portraits ; vues ; divers. […]   Second appendice : manuscrits, œuvres et portraits de parents et d’amis de Richard Wagner ; littérature sur Liszt.

1024. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Rien de plus grand et de plus farouche que les portraits de ces guerriers fastueux et furieux, dressés contre les portes de Thèbes dont leur front semble heurter le faite. […] Son bouclier est vide d’ornements, aucune sculpture arrogante n’enfle son airain. — « En effet, il ne veut point paraître le meilleur, mais il veut l’être : les sages conseils germent, comme une moisson, des profonds sillons de son âme. » La panoplie tient autant de place que l’homme dans ces portraits belliqueux.

1025. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Ils signalent à leur vertueuse indignation ces portraits comme autant d’exactes photographies ; ils leur demandent ce qu’il faut penser d’une société qui inspire de tels livres et de celle qui les admire. […] Nous savons ici à quoi nous en tenir sur la vérité générale de leurs portraits, et eux-mêmes au fond savent bien qu’ils n’ont représenté, en les exagérant, que certaines exceptions monstrueuses.

1026. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

D’ailleurs, aussi supérieure que charmante, digne, à la voir de près, de toutes les admirations et de tous les hommages : écoutez les meilleurs témoins ; relisez Ségur, relisez, ou, si vous ne le connaissez pas, cherchez et lisez le portrait qu’a tracé d’elle le prince de Ligne ; c’est le plus agréable et le plus caractéristique de tous ceux que j’ai vus.

1027. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

J’aimerais à la citer, mais citer, c’est endosser en quelque sorte, et du portrait je n’ose garantir la ressemblance, mais seulement la vraisemblance.

1028. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

J’introduis dans cette édition quelques articles de date ancienne que je n’avais point recueillis tout d’abord dans les volumes de Portraits contemporains : c’étaient, à proprement parler, des articles d’annonce, et en partie de citations, le coup de trompette y domine, mais aussi on y sent quelque chose du premier entrain et du souffle qui animait toute notre jeune génération au moment du départ pour la poétique croisade.

1029. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

(Critiques et Portraits littéraires, 1841.)

1030. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Les genres créés par le xviie  siècle, maximes et portraits, sont des appareils enregistreurs de l’observation psychologique.

1031. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

Taine, rendra de grands services et est appelée à compléter par le dehors, par la description et le portrait, le travail important de connaissance par le dedans que l’analyse esthopsychologique aura élaboré.

1032. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre II. Mme Le Normand »

Mais le livre de Mme de Staël et de la Princesse Louise nous apprend aujourd’hui, comme les Souvenirs de Mme Récamier nous l’avaient déjà appris, que ce n’est pas uniquement avec cela qu’on fait des portraits ressemblants et vivants et placés dans des jours nouveaux, qu’on annonce, — dans la perspective, définitive et suprême, où jusqu’ici on ne les avait jamais vus !

1033. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

Auriez-vous jamais cru que Paris bombardé, fumant, dévasté, aurait abrité, pendant son effroyable siège, une palombe de ce roucoulement éternel, une femme que l’amour pour son mari rend tour à tour soucieuse de son action, de sa gloire, de son portrait, de ses intérêts littéraires, de ses intérêts même de boutique, quand la patrie tombe par morceaux !

1034. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIII. Henry Gréville »

L’impartialité leur est inconnue… Quand donc je lis dans Mme Henry Gréville l’histoire de ces héros de roman qui sont tous des Grandissons russes, je me demande si cette femme aimable, cette peintre de portraits et de tableaux de genre, à l’étranger, n’a vraiment pas trop embelli la Russie !

1035. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

Quand on ne peut plus montrer dans une figure placée et comme appendue, ainsi qu’un grand portrait, dans la préoccupation contemporaine, un trait oublié que l’admiration n’avait pas vu ou que quelque autre trait d’à côté plus développé ou plus puissant avait recouvert et caché, il faut s’en détourner sous peine de pléonasme d’idées, car la critique, cette observatrice qui se sert tout à la fois du télescope et du microscope, est tenue d’apercevoir dans ce qu’elle regarde quelque chose qu’on ne voyait pas, sous peine de manquer à son devoir.

1036. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

Regardez-le bien, dans les deux portraits qu’en retrace M. 

1037. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

Et il en est de même de toutes choses, des portraits, des récits, des descriptions, de la composition et du style de Thucydide.

1038. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

Un tel acte prouva tout d’abord qu’il y avait dans les veines de cet efféminé, grandi comme Achille sous des vêtements de femme, mais qui se jetait à l’épée, deux gouttes de sang des Wasa qui ne devaient pas froidir et furent toujours prêtes à remonter à ce grand front vaniteux et fuyant qu’on lui a fait dans ses portraits, et la seule chose — le front — qui ait jamais fui, en pareil homme !

1039. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Il était, comme le portrait de ce livre l’atteste, jeune et beau, — d’une beauté presque féminine, et quoiqu’il soit mort vieux, avec des cheveux blancs, souillés et ensanglantés comme ceux de Priam, l’Imagination s’obstine à ne voir sa tête que jeune et charmante, telle qu’elle était du temps de cette Reine à laquelle il s’était dévoué, et comme si un dévouement pareil au sien ne pouvait appartenir qu’à l’enthousiasme de la jeunesse !

1040. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Il nous montre la femme du xviie  siècle, non la femme individuelle, la femme d’exception, qui déforme toujours beaucoup plus les mœurs qu’elle ne les fait, et dont les portraits ne nous manquent jamais !

1041. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Je vais vous lire encore… » « Votre état me touche (continuait-il en 1745), à mesure que je vois les productions de votre esprit si vrai, si naturel, si facile et quelquefois si sublime… » Et, en 1746, faisant toujours la boule de neige de ces incroyables éloges : « Je vais lire vos portraits, — lui mandait-il. — Si jamais je veux tracer celui du génie le plus naturel, de l’homme du plus grand goût, de l’âme la plus haute et la plus simple, je mettrai votre nom au bas… » Ailleurs, à propos de cette détestable et ridicule déclamation, fausse comme les larmes d’un catafalque, sur la mort d’Hippolyte de Seytres, tué dans la campagne de Bohême, il avait déjà comparé Vauvenargues à… Bossuet !

1042. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

Ce fils d’un placide ministre protestant qui fut le plus audacieux des marins et peut-être de toutes les âmes qui aient été créées impassibles, était faible de corps jusqu’à l’infirmité, et les portraits que nous avons de lui avec ses cheveux longs et plats, les plans de ses joues vieillies avant l’âge, et son air de simple ecclésiastique de campagne, disent à qui sait que c’est là Nelson, toute la profondeur du cratère qu’il y avait en cet homme d’apparence si peu volcanique.

1043. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

Selon nous, ces lettres éteignent toute illusion et nous tachent, dans l’esprit, les deux beaux portraits que l’imagination y avait peints et suspendus !

1044. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

Ce fils d’un placide ministre protestant, qui fut le plus audacieux des marins et peut-être de toutes les âmes qui aient été créées impassibles, était faible de corps jusqu’à l’infirmité, et les portraits que nous avons de lui, avec ses cheveux longs et plats, les plans de ses joues vieillies avant l’âge, et son air de simple ecclésiastique de campagne, disent, à qui sait que c’est là Nelson, toute la profondeur du cratère qu’il y avait en cet homme d’apparence si peu volcanique.

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