Béranger se vante d’être du peuple, M. de Chateaubriand revendique les anciens comtes de Bretagne ; mais tous les deux se rencontrent dans l’idée du siècle, dans la république future, et ils se tendent la main.
Les révolutions passent sur les peuples, et font tomber les rois comme des têtes de pavots ; les sciences s’agrandissent et accumulent ; les philosophies s’épuisent ; et cependant la moindre perle, autrefois éclose du cerveau de l’homme, si le temps et les barbares ne l’ont pas perdue en chemin, brille encore aussi pure aujourd’hui qu’à l’heure de sa naissance.
A de tels personnages, chefs et gardiens des États, il est aussi beau d’aimer, de favoriser les arts et la poésie, que périlleux de s’y essayer directement ; et, plus ils sont capables de grandeur, plus il y a raison de répéter pour eux la magnifique parole que le poète adressait au peuple romain lui-même : Tu regere imperio populos, Romane, memento.
Partout le peuple s’était porté avec empressement à ses églises.
Ils forment ce qu’on peut appeler la langue intermédiaire entre celle que parle le peuple et celle que créent ces rares esprits, pour lesquels il faut réserver le nom d’hommes de génie.
Le développement du peuple hébreu lui-même, qui semble offrir avant Jésus-Christ moins de trace qu’aucun autre de travail réfléchi, présente dans son déclin des vestiges sensibles de cet esprit de recension, de collection, de rapiécetage, si j’ose le dire, qui termine la vie originale de toutes les littératures.
M. de Latouche avait des sentiments nationaux et patriotiques sincères ; mais sur cet esprit de démocratie extrême où le jetèrent à la fin sa misanthropie littéraire et ses mécomptes d’auteur, je ne ferai plus qu’une seule question : Comment peut-on en venir à professer que le peuple est un sage, quand on croit être si sûr que le public est un sot ?
Samedi 18 février C’est curieux la révolution amenée par l’art japonais chez un peuple esclave dans le domaine de l’art, de la symétrie grecque, et qui soudain, s’est mis à se passionner pour une assiette, dont la fleur n’était plus au beau milieu, pour une étoffe où l’harmonie n’était plus faite au moyen de passages et de transitions par des demi-teintes, mais seulement par la juxtaposition savamment coloriste des couleurs.
Deux taureaux se battent, cela amuse le peuple aquatique, mais la grenouille sage gémit, pleure ; on lui demande ce qu’elle a, elle répond : « Oh !
Aussi a-t-il été dès sa première œuvre le bébé du succès, et il en sera certainement un jour, car il est jeune encore, le barbon… Depuis le public qui le trouve charmant, jusqu’aux critiques eux-mêmes, lâches avec le public comme les tribuns avec le peuple, il est convenu que l’auteur de Dalila et du Cheveu blanc est un talent dont le caractère est la grâce, — la grâce décente.
Tout peuple agreste & belliqueux est facile à gouverner.
» Après dîner, Drumont qui a apporté, en placards, un chapitre de son livre sous presse, nous lit ce chapitre ayant pour titre : L’Héritier, et où il vaticine le peuple, — le peuple de la Panthère des Batignolles, — comme l’héritier, futurement proche, de la richesse bourgeoise, tout comme la petite bourgeoisie a été héritière, en 1792, par la guillotine et la spoliation des biens nationaux.
A toutes les époques, il est vrai, et sans doute chez tous les peuples, le sens commun en a reconnu, sinon l’importance, du moins la réalité : un certain nombre d’expressions courantes — nous aurons l’occasion de les citer dans la suite de ce travail [ch. […] Gaston Maspero (1846-1916), Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris, Hachette, 1875.
Van Praet, avant l’invasion du grand public et l’irruption d’un peuple de lecteurs, était restée l’idéal de M.
Ce Talleyrand a eu bien de la peine à passer au gosier de certaines gens du monde ; il y a eu des arêtes : nous sommes un peuple si réellement léger, si engoué de ses hommes, si à la merci des jugements de société, que l’histoire, pour commencer à se constituer, a souvent besoin de nous arriver par l’étranger… » Et dans une note détachée et inédite, que je retrouve dans le dossier, il disait : « J’ai écrit de bien longs articles, et pourtant ils sont des plus abrégés et des plus incomplets, je le sens, sur un tel sujet.
Là vit l’homme de Dieu dont le saint ministère Du peuple réuni présente au ciel les vœux, Ouvre sur le hameau tous les trésors des cieux, Soulage le malheur, consacre l’hyménée, etc.
Louise Labé, nous l’avons pu voir en l’étudiant de près, était beaucoup moins fille du peuple et moins naïve ; mais qu’importe qu’elle ait été docte, puisqu’elle a été passionnée et qu’elle parle à tout lecteur le langage de l’âme ?
» Puisque tout est doute aujourd’hui dans l’âme de l’homme, les poètes qui expriment ce doute sont les vrais représentants de leur époque ; et ceux qui font de l’art uniquement pour faire de l’art sont comme des étrangers qui, venus on ne sait d’où, feraient entendre des instruments bizarres au milieu d’un peuple étonné, ou qui chanteraient dans une langue inconnue à des funérailles.
La chimère de l’infaillibilité du témoignage humain, comme principe unique de la vérité religieuse, a rejoint la chimère de l’infaillibilité du peuple, comme fondement unique des gouvernements.
Principes généraux, applicables à l’art de tous les peuples et dont nous poursuivons, assidûment, chez nous, le salutaire triomphe !
Les mélancolies d’Hamlet, de Lara, de Werther, de René même, sont des mélancolies de peuples plus septentrionaux que nous.
Vendredi 2 novembre Dans Le Cri du Peuple, Vallès demande aujourd’hui, que la culotte du grand Empereur habille les cuisses d’un bonneteur, et que les souliers de Marie-Antoinette chaussent une pierreuse.
Ces longues digressions qu’on lui a tant reprochées, étoient, comme je l’ai déja fait voir, l’inconvénient inévitable de ses sujets ; et d’ailleurs les fables qu’il y racontoit des dieux, intéressoient alors les peuples autant qu’elles nous sont aujourd’hui indifférentes.
Je viens ici pour tout oublier pendant quelques jours à ce beau soleil, que le sang et les larmes des peuples ne ternissent pas.
Jusqu’à la dernière page (du moins de ce qui nous est parvenu), cette marque subsiste de lettres confidentielles où deux personnes s’entendent à demi-mot : « Je vous donne les gens de Limoges pour aussi fins et aussi polis que peuple de France : les hommes ont de l’esprit en ce pays-là, et les femmes de la blancheur ; mais leurs coutumes, façon de vivre, occupations, compliments surtout, ne me plaisent point.
Il faut donc persuader au Pape comme aux peuples, que cette grande exécution que la Papauté ferait d’elle-même, et qu’on lui conseille, tournerait à son plus éclatant avantage : … Dites-lui que je vien De la part de Monsieur Tartuffe, pour son bien !
Dans le grand monologue de don Carlos devant le tombeau de Charlemagne, il nous semblait monter par un escalier dont chaque marche était un vers au sommet d’une flèche de cathédrale, d’où le monde nous apparaissait comme dans la gravure sur bois d’une cosmographie gothique, avec des clochers pointus, des tours crénelées, des toits à découpures, des palais, des enceintes de jardins, des remparts en zigzag, des bombardes sur leurs affûts, des tire-bouchons de fumée et tout au fond un immense fourmillement de peuple. […] Ce n’était plus la brillante courtisane attendrie et purifiée par l’amour, c’était la pauvre femme du peuple, la mère de douleurs du faubourg, ayant dans le cœur les sept pointes d’épée, comme la Marie au Golgotha.
Le second titre de cette comédie, celui qu’on lui donnait et qu’on lui donne encore le plus ordinairement, nous paraît aujourd’hui d’une licence intolérable ; mais ce mot qui nous choque si fort, ce mot, qu’on ne trouve plus que dans le vocabulaire du bas peuple, le mot Cocu enfin, puisqu’il faut le prononcer, était autrefois employé par les gens de la meilleure compagnie. […] Ces censeurs de Molière jugent la Faculté d’autrefois par celle de nos jours, ou du moins croient qu’il n’existe entre elles que cette différence en amélioration que deux siècles amènent naturellement chez un peuple policé. […] » Nous répondrons, avec Rousseau, à Cailhava : « Non, elle ne l’aurait pas senti ; à moins toutefois que la servante La Forêt ne fût pas seulement bonne, mais qu’elle fût en même temps une personne fort extraordinaire pour le rang où elle se trouvait. » La coquetterie comme l’exerce Célimène, et la pruderie comme la conçoit Arsinoé, ne peuvent être appréciées par une femme du peuple ; tandis que la colère et la rancune de Martine, l’insouciance et l’humeur battante de Sganarelle sont des scènes dont elle peut être juge, parce qu’elle en est sans cesse témoin et souvent actrice.
Comment parler pertinemment d’une littérature et d’un peuple dont on ne sait pas la langue ? […] Le peuple romain était fatigué, tu as profité de sa fatigue pour l’endormir.
Ce fut une apparition étrange et comme la voix d’un peuple enseveli sous terre, lorsque, parmi la corruption splendide du beau monde, se leva cette sévère pensée bourgeoise, et que les polissonneries d’Afra Behn, qui divertissaient encore les dames à la mode, se rencontrèrent sur la même table avec le Robinson de Daniel de Foe. […] L’homme tel que vous le concevez est un bon buffle, et c’est peut-être le héros qu’il faut à un peuple qui s’est appelé lui-même John Bull, Jean Taureau.
Il est le personnage le plus important de l’Angleterre, je le sais, et je vois bien qu’il le mérite ; car il fait partie de la constitution, il est le gardien de la morale, il juge en dernier ressort dans toutes les questions, il remplace avec avantage les préfets et les gendarmes dont les peuples du continent sont encore encombrés. […] Autour d’elles comme pour les garder, des arbres énormes, vieux de quatre siècles, allongeaient leur files régulières ; et j’y trouvais une nouvelle trace de ce bon sens pratique qui a accompli des révolutions sans commettre de ravages, qui, en améliorant tout, n’a rien renversé, qui a conservé ses arbres comme sa constitution, qui a élagué les vieilles branches sans abattre le tronc ; qui seul aujourd’hui, entre tous les peuples, jouit non-seulement du présent, mais du passé.
Il est le personnage le plus important de l’Angleterre, je le sais, et je vois bien qu’il le mérite ; car il fait partie de la constitution, il est le gardien de la morale, il juge en dernier ressort dans toutes les questions, il remplace avec avantage les préfets et les gendarmes dont les peuples du continent sont encore encombrés. […] Autour d’elles comme pour les garder, des arbres énormes, vieux de quatre siècles, allongeaient leurs files régulières ; et j’y trouvais une nouvelle trace de ce bon sens pratique qui a accompli des révolutions sans commettre de ravages, qui, en améliorant tout, n’a rien renversé ; qui a conservé ses arbres comme sa constitution, qui a élagué les vieilles branches sans abattre le tronc ; qui seul aujourd’hui, entre tous les peuples, jouit non-seulement du présent, mais du passé.
Nous avons, il est vrai, nations corrompues, Aux peuples anciens des beautés inconnues : Des visages rongés par les chancres du cœur, Et comme qui dirait des beautés de langueur ; Mais ces inventions de nos muses tardives N’empêcheront jamais les races maladives De rendre à la jeunesse un hommage profond, — À la sainte jeunesse, à l’air simple, aux doux front, À l’œil limpide et clair ainsi qu’une eau courante. […] Loin des peuples vivants, errantes, condamnées, À travers les déserts, courez comme des loups ; Faites votre destin, âmes désordonnées, Et fuyez l’infini que vous portez en vous. […] Il est fait enfin de la séduction qu’exerce sur un Français l’intelligence critique unie à la flamme poétique : comme Boileau, comme Voltaire, comme Musset, ce poète de Paris est un enfant de Paris, à qui certains torrents des montagnes, certaines eaux sacrées sont interdites, mais qui a reçu en partage le don de la lucidité ; qui, lorsqu’il a voulu faire le métier de critique, l’a fait supérieurement ; qui a tourné cette lumière critique sur lui-même, sur nous-mêmes, sur sa ville, sur la Ville, et dont la Muse malade, consciente et triste se lève, de la colline de Rastignac, au-dessus du peuple de quatre millions d’âmes, comme la figure de la poésie contraire, la Geneviève de la montagne opposée (de la rive gauche si on veut), lève la sienne au-dessus d’un paysage épuré et d’une nature pacifiée. […] Le vrai peuple arabe en haillons et plein de vermine, avec ses ânes misérables et teigneux ; ses chameaux en guenilles passant, noirs et rongés par le soleil, devant des horizons splendides, cette grandeur dans les attitudes, cette beauté antique dans les plis de tous les haillons, voilà ce que nous ne connaissons pas. » Il est frappé par le caractère biblique de ces hommes graves et magnifiquement drapés, par les ressources que pourrait tirer de l’Algérie une interprétation moins conventionnelle de l’antiquité sacrée.
Oyez, peuple, oyez, tous ! […] Il s’agit pour eux de retrouver les onze tribus d’Éphraïm, égarées dans les sables de Babylone, de les ramener dans la Terre promise, et de reconstituer la nationalité du peuple juif. […] L’auteur croit peut-être qu’ils existent parce que depuis sa singulière brochure sur la Femme du peuple et la Femme de la rue, son imagination le transporte dans un monde peuplé d’anges et de guenons, comme il les appelle. — Il a constaté que le public se refuse à l’y suivre et s’en irrite, à ce que l’on raconte. « Eh bien ! […] On est moins impitoyable dans le peuple que dans le grand monde. […] Ainsi parle Césarine à son fils ; puis, comme le salon se peuple peu à peu de gens graves, égyptologuant et sinologuant une tasse de thé à la main, Césarine se dissimule sous Philaminte.
Lorsque des personnes de qualité, d’esprit et de fort bonnes mœurs, qui ne craignaient point la plus sévère justice, et qui s’étaient acquis la bienveillance des peuples, venaient à Clermont, ces bonnes gens les assuraient de leur protection, et leur présentaient des attestations de vie et mœurs, croyant que c’était unes dépendance nécessaire, et qu’ils étaient devenus seigneurs, par privilège, de leurs seigneurs mêmes.
Ancien peuple d’Italie, le même que les Osques.
Le duc de La Rochefoucauld fut depuis victime des journées de septembre 1792, et massacré à Gisors par le peuple, derrière la voiture de sa mère et de sa femme qui entendaient ses cris.
Voici l’éclatant fragment : « La Gloire, l’Amour et l’Amitié, descendirent un jour de l’Olympe pour visiter les peuples de la terre.