Votre majesté ne souffriroit jamais qu’on dise qu’un cadet de la maison de Lorraine lui auroit fait perdre terre ; encore moins qu’on la vît mandier à la porte d’un prince étranger. […] ) ; & c’est pourquoi dans les états de la ligue on fit une estampe de l’ambassadeur d’Espagne, cherchant avec ses lunettes ses ciseaux qui étoient à terre, avec ce jeu de mots pour inscription, j’ai perdu mes forces. […] Avec le tems, la fable se grossit, & la vérité se perd : de-là vient que toutes les origines des peuples sont absurdes. […] Cependant la Décade où Tite-Live auroit pû en parler est perdue ; on n’a que le supplément de Freinsemius, & il se trouve que ce dictionnaire n’a cité qu’un allemand du xvij. siecle, croyant citer un romain du tems d’Auguste. […] Le même auteur ajoûte que les François ayant perdu quarante mille hommes à cette bataille, le parlement de Paris rendit un arrêt par lequel il étoit défendu d’en parler sous des peines corporelles.
Mais le plaisant est qu’il avait peur de la conversation comme d’une débauche, d’une dissipation où il risquait de perdre ses forces. […] de la lumière perdue par mon sommeil ! […] Elsa qui a douté, Elsa qui a voulu savoir, examiner, contrôler, Elsa a perdu son bonheur. […] Dans quelle histoire a-t-on jamais lu que les grandes causes se perdaient en une seule partie ? […] Torturé par l’école, Rouvière perdait toute sa grâce native et n’acquérait aucune des grâces pédagogiques.
Il faut que tu aies perdu le sens. […] Nous sommes perdus si la tentative n’est pas suivie de l’action. […] Ne restez donc pas ainsi misérablement perdu dans vos réflexions. […] Ayez le plus grand soin d’épier et de choisir le moment convenable, car il faut que cela soit fait ce soir, et à quelque distance du palais, et ne perdez pas de vue que j’en veux paraître entièrement innocent, et afin qu’il ne reste dans l’ouvrage ni accrocs ni défauts, qu’avec Banquo son fils Fleance qui l’accompagne, et dont l’absence n’est pas moins importante pour moi que celle de son père, subisse les destinées de cette heure de ténèbres.
Cependant, en 1667 il avait prononcé avec succès l’oraison funèbre d’Anne d’Autriche, non imprimée et perdue. […] Il ne perdit pas un instant de vue qu’il ne formait ni un homme de lettres ni un savant, mais un roi : il apprit au Dauphin tout ce qu’un roi doit savoir, il lui présenta toutes les connaissances par le côté qui pouvait l’aider à faire son métier de roi. […] L’objet qu’on ne doit jamais perdre de vue, c’est d’interpréter la parole de Dieu pour l’utilité du prochain ; il ne s’agit pas d’ignorer la rhétorique, mais de la manier délicatement ; c’est tout un art que de « faire parler Dieu » avec efficacité. […] Bourdaloue Bossuet étant descendu des chaires de Paris dans toute la force de l’âge et du talent, le souvenir de sa prédication, que ne soutenait pas l’impression, se perdit vite au milieu de tant de titres de gloire que son activité paisible lui acquérait incessamment.
Parsifal a été élevé par sa mère dans un pays perdu. […] Une fois séduits, amollis, ils sont perdus pour le Graal et ses hautes missions. […] Le personnage qui flotte dans un vague pareil y perd la netteté de ses contours. […] « Cet ouvrage, paru il y a quelques années, et que je rends au public sous une forme définitive, n’a rien perdu de son actualité.
« Déjà mon texte était imprimé depuis plus d’une année, et les dernières feuilles de ma traduction étaient sous presse, lorsque, à la nouvelle de la publication des Chefs-d’œuvre du Théâtre indien, par le savant Wilson, je craignis qu’au moment de paraître, notre Sacountala ne fût éclipsée par de fâcheuses rivales, et que le soin que j’avais mis à faire ressortir ses charmes ne fût entièrement perdu. […] ne faut-il pas que le vénérable ermite ait perdu, par l’âge, l’intelligence, pour souffrir que de si grossiers vêtements enveloppent un si beau corps ? […] » leur dit-il en langage vulgaire, « ne perdez pas de temps à mettre en sûreté les faibles animaux qui peuplent votre sainte retraite : tout annonce l’approche du roi Douchmanta (c’est lui-même), qui se livre au plaisir de la chasse. » Puis, reprenant le langage des vers, comme cela a lieu dans le drame toutes les fois que l’expression s’élève avec le sentiment ou avec la description : « Déjà », dit-il, « un tourbillon de poussière soulevé par les pieds des chevaux retombe sur vos vêtements d’écorce, tout humides encore et suspendus aux branches où ils achèvent de se sécher, semblables à ces nuées d’insectes qui, par un beau rayon de soleil, viennent s’abattre en foule sur les arbres de la forêt… « … Tenez-vous en garde surtout, ô pieuses ermites, contre cet éléphant sauvage chassé par la meute, qui répand l’effroi dans le cœur des vieillards, des femmes et des enfants ! […] Va, de même que je t’ai recueilli lorsque, au moment de ta naissance, tu vins à perdre ta mère, à présent que tu souffres de ma part un second abandon, notre bon père va te prodiguer les soins les plus tendres.
Plus tard, à moins de dix ans de là, lorsqu’en ses moments de répit il écrira ou dictera sa chronique dans quelque château de Romanie, il n’aura pas revu sa Champagne, il sera toujours sur cette terre de conquête qu’il faut défendre pied à pied et payer de son sang chaque jour ; où l’on perd en chaque rencontre un compagnon, un ami, et où le vainqueur en armes n’a pas une nuit sans veille. […] quand ils virent la riche et belle flotte, qui avait si peu perdu pour attendre, surgir à toutes voiles et passer bientôt tout près d’eux, « ils en eurent si grande honte, dit Villehardouin, qu’ils n’osèrent se montrer » ; et le comte de Flandre ayant envoyé une barque pour les reconnaître, un des soldats non chevaliers, qui était parmi les transfuges, se laissa couler dedans, et cria de là à ceux qu’il abandonnait : « Je vous tiens quittes de tout ce que je laisse à bord, mais je m’en veux aller avec ceux-là qui m’ont tout l’air de devoir conquérir du pays. » Ce soldat, qui s’échappait d’avec les fugitifs pour s’en revenir avec les conquérants, fut reçu à merveille, on le peut croire ; on l’accueillit comme l’enfant prodigue87, et cet épisode anima la traversée.
Certes, M. de Lamartine a rendu en 1848 à la société des services dont il serait ingrat de perdre le souvenir ; mais littérairement, depuis des années, soit qu’il écrive l’Histoire de Turquie, soit qu’il emprunte celle de Russie à M. […] » s’écrie-t-il ; mais il le considère comme perdu dès le jour où il est entré à l’Académie.
C’est un neutre indulgent et parfois sympathique ; et quant à ces traités particuliers sur le libre arbitre et sur d’autres sujets où il a paru imiter le style et suivre les sentiments de Pascal, il nous en donne la clef un peu plus loin dans cette lettre même (10 octobre 1739) ; car, après un assez long développement et qui vise à l’éloquence, sur les combats du remords et de la foi au lit d’un mourant, il ajoute : J’aurais pu dire tout cela dans quatre lignes, et peut-être plus clairement ; mais j’aime quelquefois à joindre de grands mots, et à me perdre dans une période ; cela me paraît plaisant. […] Il aimait, dit-il, à joindre de grands mots, à se perdre dans une période ; il ne lisait jamais de poète ni d’orateur qui ne laissât quelques traces dans son cerveau, et ces traces se reproduisaient dans ce qu’il écrivait ensuite.
Ce peu pourtant est très digne d’être lu… » M. de Tocqueville avait un peu du dédain des esprits établis pour les aventuriers qui se risquent et commencent, pour ceux qui, engagés à corps perdu dans l’action, ne s’avisent pas d’en raisonner ; il oubliait qu’on ne raisonne pas des choses à perte de vue quand on les touche à bout portant. […] Je suis perdu dans un océan de recherches, au milieu desquelles la fatigue et le découragement viennent parfois me saisir.
Veuillot quand il sort de chez lui, quand il perd de vue le clocher desa paroisse, et qu’il vit aux dépens de l’ennemi, fut-ce à nos propres dépens. […] Et nous perdons encor la douceur de pleurer Tous ces chers trépassés que l’esprit nous ramène.
qu’il est habile à nous perdre dans ces creux et ces noirceurs de ravins, où l’on s’enfonce à la file avec la famille du Petit-Poucet ! […] Celui-ci, présent à la séance, ne fut point charmé du tour et fut choqué du fond ; il se scandalisa des éloges que Perrault décernait à son siècle au préjudice de l’Antiquité ; il éclata avec colère en se levant, et depuis lors il ne perdit aucune occasion de piquer d’épigrammes celui qu’il avait surpris en flagrant délit de poésie médiocre, mais qui ne lui était inférieur que par cet endroit.
Dans l’histoire des guerres comme dans celle des littératures, il y a des moments et des heures plus favorisées ; le rayon de la gloire tombe où il lui plaît ; il éclaire en plein et dore de tout son éclat certains noms immortels et à jamais resplendissants : le reste rentre peu à peu dans l’ombre et se confond par degrés dans l’éloignement ; on n’aperçoit que les lumineux sommets sur la grande route parcourue, on a dès longtemps perdu de vue ce qui s’en écarte à droite et à gauche, et tous les replis intermédiaires : et ce n’est plus que l’homme de patience et de science, celui qu’anime aussi un sentiment de justice et de sympathie humaine pour des générations méritantes et non récompensées, ce n’est plus que le pèlerin de l’histoire et du passé qui vient désormais (quand par bonheur il vient) recueillir les vestiges, réveiller les mémoires ensevelies, et quelquefois ressusciter de véritables gloires. […] C’est de lui que Napoléon, l’historien de guerre par excellence, a dit dans son récit du siège de Toulon, après avoir parlé des choix ineptes de généraux en chef qui avaient précédé : « Le vœu du soldat fut enfin exaucé : le brave Dugommier prit, le 20 novembre (1793), le commandement de l’armée ; il avait quarante ans de service ; c’était un des riches colons de la Martinique9, officier retiré ; au moment de la Révolution, il se mit à la tête des patriotes et défendit la ville de Saint-Pierre ; chassé de l’île, lorsque les Anglais y entrèrent, il perdit tous ses biens.
On se le demandait, et bientôt on sut qu’en artiste ironique et fier, qui prétend ne pas dépendre du public ni de son propre succès, résistant à tout conseil et à toute insinuation, opiniâtre et inflexible, il laissait de côté pour un temps le roman moderne où il avait, une première fois, presque excellé, et qu’il se transportait ailleurs avec ses goûts, ses prédilections, ses ambitions secrètes ; voyageur en Orient, il voulait revoir quelques-unes des contrées qu’il avait traversées et les étudier de nouveau pour les mieux peindre ; antiquaire, il s’éprenait d’une civilisation perdue, anéantie, et ne visait à rien moins qu’à la ressusciter, à la recréer tout entière. […] Les rues désertes s’allongeaient ; les palmiers, çà et là sortant des murs, ne bougeaient pas ; les citernes remplies avaient l’air de boucliers d’argent perdus dans les cours ; le phare du promontoire Hermœum commençait à pâlir.
Cromwell, qui voulut, également y aller un jour, ne partit point pour l’Amérique ; Cervantes non plus : l’Angleterre aurait perdu à l’un, — le monde entier à l’autre. […] En 1587, on perd sa trace à Séville, et en 1603 on le trouve établi à Valladolid.
Aussi tout est à lire chez lui ; il faut prêter l’oreille et ne rien perdre. […] Ces soldats, qui venaient de subir la cruelle défaite de Leipzig et une longue retraite avec ses privations, ses douleurs et ses dangers, n’avaient rien perdu de cette jovialité et de ce sans-souci qui caractérisent le soldat français.
Talleyrand, s’il l’avait jamais eu, l’avait perdu de bien bonne heure : il n’avait gardé que le bon sens parfait et fin, mais aussi un bon sens égal, imperturbable. […] Tous ces dits et contredits où l’on perd le fil ont inquiété sir Henry Bulwer, qui a pris le soin de les rapprocher et de les discuter : « Comment concilier, se demande-t-il, la déclaration formelle de Chénier avec les solennelles protestations de M. de Talleyrand à lord Grenville ?
Il ne vit plus désormais, il attend l’heure du soir, la fin de la journée, le moment de la réunion future avec ce qu’il a perdu. […] Et demande aux Dieux que ton cœur Ne perde jamais ce qu’il aime.
L’érudit est entêté : il tient d’autant plus au résultat de ses recherches que ce résultat est plus mince : il ne veut pas avoir perdu son temps. […] Mais, de ce que cette irruption de l’antiquité a été, voilà trois siècles et demi, soudaine (autant que peuvent l’être ces choses), irrésistible et telle qu’elle a fait perdre à nos aïeux l’amour et presque le souvenir de leur passé, il s’ensuit qu’aujourd’hui, bien que plus éloignés de la foi religieuse du moyen âge que les hommes d’il y a trois cents ans, nous sommes cependant beaucoup plus capables de goûter et de comprendre son art et sa littérature et nous nous en sentons même beaucoup plus près.
Certes je comprends que les actions des hommes ne soient pas toujours gouvernées par une logique rigoureuse, et même je ne désire pas qu’elles le soient : la variété du monde y perdrait. […] Il serait perdu d’honneur, j’entends d’honneur littéraire.
Soit ; mais il ne faut pas perdre de vue que l’esprit critique se convertit vite en esprit dogmatique et même cette conversion est inévitable quand il s’agit d’un esprit critique enseigné. […] Les éducateurs congréganistes ont perdu vraisemblablement une partie de leur prestige en perdant leur costume.
Nous pouvons redire avec Ronsard : La matière demeure et la forme se perd. […] Chacun de ces ensembles, où un principe commun unit opinions, croyances, institutions, tendances, peut être considéré comme le produit d’une force unique qui agit sur les hommes durant une longue période, et l’on peut dire que cette force va d’abord croissant, s’assimilant ce qui l’entoure, conquérant et organisant à son profit le milieu où elle évolue, jusqu’au moment où elle atteint son maximum d’extension ; après quoi, épuisée par son effet même (car vivre, c’est se tuer à petit feu), elle décline, perd de sa vigueur et finit par laisser se désagréger les éléments de tout genre dont elle était l’âme et le Jien.
Même quand elles n’ont rien d’essentiel à cacher, les femmes ne sauraient que perdre en charme au texte d’un récit continu. […] En définitive, je l’espère, elle n’y perdra pas.
L’âge des passions et des séductions le prenait insensiblement ; sa mère mourut, et avec, elle il perdit ce qui alors le retenait le plus : « Elle morte, dit le biographe primitif, tout aussitôt le vaisseau de son cœur, comme s’il avait perdu son ancre, se laissa aller presque entièrement au courant du siècle. » Mais Dieu qui avait sur lui des desseins, de peur qu’il ne s’abandonnât à une paix mortelle et trompeuse, lui suscita une guerre intestine pleine de troubles.
Celui de Massillon, dit-il, eut été perdu, s’il se fut avisé de prêcher les sermons de Bourdaloue. […] Les incrédules, ou les personnes qui ont perdu les premières idées du catéchisme, vont-ils souvent au sermon ?
Notre langue n’a rien à perdre pour se sentir plus arrêtée dans ses contours, plus dégagée dans ses allures, plus ferme dans sa marche, en allant droit devant elle, comme vers un but, à l’expression définitive de la pensée, sans s’attarder en mille détours comme la langue allemande, embarrassée d’incises, d’inversions et de toute sorte d’ambages. […] À la noble clarté de la lune sereine Nous chanterons ensemble assis sous le jasmin Jusqu’à l’heure où la lune en glissant vers Misène, Se perd en pâlissant dans les feux du matin.
Les géologues prouvent fort bien que nos continents sont nouveaux ; et c’est depuis bien peu de temps aussi que nous avons perdu les traditions orales ; car l’histoire n’est, encore à présent, pour les premières origines de tous les peuples, que ces traditions écrites, la prose substituée à la poésie. […] Ceux qui en font à présent l’objet d’une étude spéciale s’y livrent beaucoup trop tard ; ils ont perdu le temps de leur première jeunesse à cultiver des lettres sans avenir et sans horizon.
Il crut comprendre que non seulement il n’y avait pas antagonisme entre son être propre et l’être du monde, mais qu’ils étaient éternellement unis, consubstantiels et solidaires ; qu’il y avait dès lors nécessité absolue pour lui de se plonger, à âme perdue, dans cette fontaine de vie, dans cet océan dénaturé, dont il tirait le meilleur de ses forces. […] Toute vérité miraculeusement révélée perd sa valeur ; toute réelle vérité provient de la conscience et du cerveau de l’homme.
Ils sont persuadés que l’écrivain, borné au rôle d’historien-philosophe, doit mieux voir et mieux peindre ce qu’il voit ; qu’en cherchant moins à en imposer aux autres, il en impose moins à lui-même ; que celui qui veut embellir, exagère ; qu’on perd du côté de l’exacte vérité tout ce qu’on gagne du côté de la chaleur ; que pour être vraiment utile, il faut présenter les faiblesses à côté des vertus ; que nous avons plus de confiance dans des portraits qui nous ressemblent ; que toute éloquence est une espèce d’art dont on se défie ; et que l’orateur, en se passionnant, met en garde contre lui les esprits sages qui aiment mieux raisonner que sentir. […] Mais si un peuple a des mœurs frivoles et légères ; si, au lieu de cette sensibilité profonde qui arrête l’âme et la fixe sur les objets, il n’a qu’une espèce d’inquiétude active qui se répande sur tout sans s’attacher à rien ; si, à force d’être sociable, il devient tous les jours moins sensible ; si tous les caractères originaux disparaissent pour prendre une teinte uniforme et de convention ; si le besoin de plaire, la crainte d’offenser, et cette existence d’opinion qui aujourd’hui est presque la seule, étouffe ou réprime tous les mouvements de l’âme ; si on n’ose ni aimer, ni haïr, ni admirer, ni s’indigner d’après son cœur ; si chacun par devoir est élégant, poli et glacé ; si les femmes même perdent tous les jours de leur véritable empire ; si, à cette sensibilité ardente et généreuse qu’elles ont droit d’inspirer, on substitue un sentiment vil et faible ; si les événements heureux ou malheureux ne sont qu’un objet de conversation, et jamais de sentiment ; si le vide des grands intérêts rétrécit l’âme, et l’accoutume à donner un grand prix aux petites choses, que deviendra l’éloquence chez un pareil peuple ?
Ce seul exemple suffit à montrer combien, dans les premières imitations latines, la tragédie grecque devait perdre de sa magnificence et de son harmonie. […] poëte Ennius167, qui verses aux mortels, jusque dans la moelle des os, la flamme de tes chants. » À part ce qu’il avait perdu ou retranché du luxe musical de ses modèles, nul doute qu’entouré de leurs richesses, renouvelant leurs poétiques sujets, l’Andromède, le Cresphonte, la Médée, les Euménides, l’Iphigénie, le Thyeste, le Néoptolème, il n’ait eu de grands effets dramatiques et lyriques.
Le deuil que le premier Consul ordonne pour Washington, annonce à la France, que les exemples qu’il donna ne sont point perdus. […] On croit retrouver une vie perdue de quelques-uns de ces hommes illustres dont Plutarque a si bien tracé le tableau. […] Chez lui, elle a un peu perdu de ces périodes harmonieuses de Racine, qui formaient un enchantement presque continu pour l’oreille. […] On sent que l’auteur, déjà prêt à perdre la vie, s’attendrissait en faisant ces vers, et son attendrissement est partagé par le lecteur. […] On ne prétend pas ici reproduire tous les articles de Fontanes au Mercure, intéressants à leur date, mais qui ont perdu leur à-propos.
Vivre ailleurs qu’ici, c’est perdre son temps, son argent, sa figure, sa santé, tout enfin. […] Je n’en ai pourtant perdu ni l’estime ni l’amour que doit à son père chaque fille bien née. […] Si vous le faites exprès, je me perds en conjectures. […] Au moins vous ne perdrez pas trop de temps. […] On perdrait sa vie à convaincre les gens.
Ils se terrent où ils peuvent : là-bas, dans un hameau perdu, près de la Spezzia. […] Il y a eu des raisons du cœur, de celles où la raison perd son temps à raisonner. […] Puis elle perdit la tête pour M. […] Par suite, l’individu est trop isolé et se sent trop perdu dans le vaste ensemble. […] Il y a bien de l’esprit, un peu laborieux et un peu perdu, dans tout cela.
Le 21 mai dernier (1853), l’Université et la littérature ont perdu un homme qui leur avait rendu de longs, modestes et utiles services, M.
Bocage lui-même, qui s’était trop identifié avec l’auteur et s’en était fait le patron, a joué comme l’aurait pu l’auteur lui-même, c’est-à-dire sans gouverner son sang-froid et sans retrouver cette raison que Brute n’a jamais perdue.
De loin, à nous humbles esprits, il nous semble que, malgré tout, la partie n’est point perdue pour la cause des Lettres honnêtes et sévères, et que ce drapeau si bruyamment déployé par des spéculateurs intrépides peut au contraire servir de signal à tous les esprits modérés et sains, à tous les talents restés sérieux et dignes, pour s’unir, se serrer en groupe, et pour résister à un coup de main qui tend à changer ainsi de fond en comble le régime et les conditions vraies de la littérature.
— On demandait un jour à un homme considérable qui avait beaucoup connu Louis XVIII, si, vers la fin, lorsqu’il accepta et subit les ultra-royalistes et le parti du comte d’Artois, il avait bien toute sa tête ; cet homme considérable, et que nous pourrions nommer (Royer-Collard), répondit : « Il avait un peu baissé ; vers la fin il n’y avait plus en lui que ce qu’il était tout d’abord, le bel esprit, le petit esprit du XVIIIe siècle ; tout ce que l’expérience lui avait donné d’acquis dans l’intervalle s’en était allé. » — Ainsi cela arrive souvent en vieillissant ; on perd ce qui n’était qu’acquisition et emprunt ; on retombe au point de départ. — Eh bien, Louis XVIII, dans cette Correspondance avec M. de Saint-Priest, en est encore à ce point de départ, avant l’expérience acquise.
L’esprit, à les vouloir servir, perdrait ses peines ; ils ont des côtés fermés ; ils sont sourds à tout ce qui n’est pas eux et l’écho de leur propre pensée.