Ces espèces d’exclusions sauvages, cette tchamara polonaise, dont il fait trop lui-même un signe distinctif et matériel, comme l’était la circoncision chez les Hébreux ; ces âpres méfiances au milieu de populations cordiales et compatissantes, ne me paraissent pas appartenir à cette liberté moderne, européenne, dont l’enfantement s’opère depuis plus de quarante ans dans le sang et les larmes de tous. […] Le chaleureux Avant-propos que M. de Montalembert y ajoint, fort remarquable par les faits rassemblés, par l’invective de cœur et la science de style, ne nous a paru avoir d’autre défaut que d’être trop écrit au point de vue du poète. […] A la plupart de nos catholiques, le Livre des Pèlerins polonais doit paraître démocratique et insurrectionnel outre mesure. Paraîtrait-il trop catholique de forme aux républicains ?
Deux hypothèses célèbres ont été proposées pour expliquer les fonctions cérébrales, l’hypothèse de esprits animaux et l’hypothèse des libres vibratoires La première, qui date de l’antiquité, a été rendu célèbre par Descartes et par son école ; la seconde paraît avoir été introduite par le docteur Briggs professeur d’anatomie de Newton. […] Cette objection n’est pas très-démonstrative, car, outre que beaucoup de savants physiologistes soutiennent aujourd’hui que les nerfs sont creux, cela importe assez médiocrement ; si l’on considère, en effet, les esprits, animaux comme un fluide analogue aux fluides impondérables, ils n’auraient guère besoin, pour traverser les nerfs, d’un tube visible à nos sens, la lumière et la chaleur traversant des corps qui nous paraissent parfaitement pleins. […] Ensuite il ne paraît pas du tout évident que lors que nous passons de l’excitation au repos, ce passage ne puisse se faire qu’en parcourant toute la série des états antérieurs. […] Plateau ne nous paraissent jeter aucune lumière sur ce sujet.
À Aix-en-Provence paraissent Les Gerbes, revue de tendances opposées à celles que défendirent dans cette même ville, Les Mois Dorés et Le Pays de France de Joachim Gasquet et Marie Demolins. […] En octobre 1898, elle émigrait à Montpellier où paraissait déjà La Coupe (1895-1898), de Richard Wémau, Louis Payen, Loubet, etc… L’Aube méridionale organisa le premier congrès des Poètes60 ; — L’Aube Méridionale publiait (avril 1899), un numéro spécial des Jeunes Poètes du Midi. […] Lacrie et Pontier font paraître à Montpellier L’Action méridionale. […] Dans cette même ville paraît encore la Lorraine artiste.
Le roman, nettoyé de ses imperfections, paraissait dans la Revue. […] Chose singulière, Balzac qui sait « se couper » dans ses œuvres d’imagination, ne paraît pas avoir usé de cette faculté dans ses préfaces, ses mémoires justificatifs, ses polémiques. […] Gloriole d’enfant, orgueil considérable, inquiétudes plus considérables encore sur la durée de son œuvre et l’enveloppe d’un style qui ne lui semblait pas assez résistante pour traverser victorieusement les modes de la langue française, me paraissent former le véritable fonds de Balzac écrivain. […] L’auteur de la Comédie humaine, qui vivait à une époque où les écrivains se plaisaient à jeter de la poudre aux yeux du public, fut assez satisfait de cet article d’Ourliac, paru primitivement dans Le Figaro, pour le donner tout entier en appendice dans la première édition de César Birotteau.
On répond qu’à la vérité l’édifice aurait paru plus grand au premier coup d’œil, si l’on eût sacrifié avec art les proportions ; mais on demande lequel était préférable, ou de produire une admiration grande et subite, ou d’en créer une qui commençât faible, s’accrût peu à peu et devînt enfin grande et permanente par un examen réfléchi et détaillé. On accorde que tout étant égal d’ailleurs, un homme mince et élancé paraîtra plus grand qu’un homme bien proportionné ; mais on demande encore quel est de ces deux hommes celui qu’on admirera davantage ; et si le premier ne consentirait pas à être réduit aux proportions les plus rigoureuses de l’antique, au hasard de perdre quelque chose de sa grandeur apparente. […] En s’approchant de cette statue qui devient tout à coup colossale, sans doute on est étonné, on conçoit l’édifice beaucoup plus grand qu’on ne l’avait d’abord apprécié ; mais le dos tourné à la statue, la puissance générale de toutes les autres parties de l’édifice reprend son empire, et restitue l’édifice grand en lui-même, à une apparence ordinaire et commune : en sorte que d’un côté chaque détail paraît grand, tandis que le tout reste petit et commun ; au lieu que dans le système contraire d’irrégularité, chaque détail paraît petit, tandis que le tout reste extraordinaire, imposant et grand.
Sa belle tête est d’un caractère si touchant ; il paraît si sensible aux services qu’on lui rend ; il a tant de peine à parler, sa voix est si faible, ses regards si tendres, son teint si pâle, qu’il faut être sans entrailles pour ne les pas sentir remuer. […] Le gendre paraît le plus touché, parce que c’est à lui que le malade adresse ses discours et ses regards. La fille mariée paraît écouter plutôt avec plaisir qu’avec douleur. […] Cette observation n’est pas si fondée qu’elle le paraît d’abord.
Corneille mettait sa gloire à faire Cinna ; un courtisan de son siècle, à paraître avec grâce dans un ballet. […] C’est à cette distance des hommes que la renommée paraît auguste, que la postérité se montre, que la gloire tourmente et fatigue l’imagination. […] Dès que le mérite parut, l’envie naquit, et la persécution se montra ; mais au même instant la nature créa la gloire, et lui ordonna de servir de contrepoids au malheur. […] Enfin nous terminerons cet essai par quelques idées générales sur le ton et l’espèce d’éloquence qui nous paraît convenable aux éloges des grands hommes ; non que nous nous proposions de donner la poétique de ce genre, nous voulons nous instruire et ne pas tracer des règles.
Il a trop d’esprit, et il en paraît trop content. […] L’auteur paraît estimer profondément ce Yankee. […] Cela me paraît tout naturel à moi. […] Henri paraît : « Eh bien, c’est fait ? […] Celle-ci paraît bientôt, puis le duc.
Il ne paraît pas qu’il ait été très-chrétien, ni même éloquent. […] Aujourd’hui, il ne paraît pas du tout avoir réussi ; on ne savait à ce début sur Darius, à quoi il en voulait venir. — Montalembert et lui sont bien de la même volée ; ils représentent l’école romantique catholique, le De Maistre après coup et, s’il est possible, exagéré ; rien qui puisse vivre et, le moins du monde, convaincre ou persuader. […] — M. de Lamartine continue tous les matins ses improvisations politiques : il n’y a pas de raison pour qu’il n’en paraisse pas une chaque jour ainsi durant des années.
La Revue de Paris quitterait sa forme de recueil et paraîtrait trois fois la semaine en feuille, de manière à servir ainsi de chaloupe-canonnière au gros vaisseau de la Revue des Deux Mondes auquel elle est liée. […] Lebrun, l’auteur de Marie Stuart, vient de recueillir ses œuvres complètes : deux volumes ont paru, dont le premier contient les tragédies d’Ulysse, de Marie Stuart et le Cid d’Andalousie, imprimé pour la première fois ; le second volume contient le Poëme de la Grèce et des odes qui s’y rapportent, ainsi qu’un poëme sur Napoléon. Un troisième volume, non encore paru, donnera des poésies lyriques et plus intimes, tout à fait inédites.
La présence continuelle du chœur, dans la tragédie, paraît encore plus impraticable. […] Il n’y paraît qu’à son tour, et seulement lorsqu’il est nécessaire à l’action, ou qu’il peut contribuer à l’ornement de la scène. […] Le nombre des personnages monta jusqu’à cinquante personnes ; mais Eschyle ayant fait paraître, dans un de ces chœurs, une troupe de furies qui parcouraient la scène avec des flambeaux allumés, ce spectacle fit tant d’impression que des enfants en moururent de frayeur, et que des femmes grosses accouchèrent avant terme.
Sous le polythéisme, des sophistes ont paru quelquefois plus moraux que la religion de leur patrie : mais, parmi nous, jamais un philosophe, si sage qu’il ait été, n’a pu s’élever au-dessus de la morale chrétienne. […] Les premiers apôtres, prêchant l’Évangile aux premiers fidèles dans les catacombes ou sous le dattier de Béthanie, n’ont pas paru à Michel-Ange et à Raphaël des sujets si peu favorables au génie. […] Déjà l’Océan se creuse pour engloutir les matelots ; déjà les vagues, élevant leur triste voix entre les rochers, semblent commencer les chants funèbres ; tout à coup un trait de lumière perce la tempête : l’Étoile des mers, Marie, patronne des mariniers, paraît au milieu de la nue.
Alors parurent les poètes lyriques semblables à l’Achille de l’Iliade, lorsqu’il chante sur sa lyre les louanges des héros qui ne sont plus 90. […] De même Horace parut à l’époque de la plus haute splendeur de Rome ; et chez les Italiens ce genre de poésie n’a été connu qu’à l’époque où les mœurs se sont adoucies et amollies. […] Dans la satire dramatique, on voyait paraître, selon Horace, divers genres de personnages, héros et dieux, rois et artisans, enfin esclaves.
Cette image de grandeur que Louis XIV a comme imprimée à Versailles, je la reconnais dans tous les écrits qui ont paru sous son règne. […] Telle était pourtant la force de ce lien, surtout du côté du poète, que le jour où il parut se rompre, la piété même n’en put consoler Racine. […] Il ne lui convenait pas qu’un lecteur pût s’y tromper, et que, du fait du roi, des troupes françaises parussent, même par feinte, avoir reculé. […] Par une convenance admirable, les talents parurent appropriés aux différents âges et aux besoins de conscience de Louis XIV. […] Le raisonnement eût fait languir l’attention de l’auditeur ; une analyse trop délicate et trop raffinée lui eût paru suspecte de bel esprit.
Les Mémoires d’un Centaure me paraissent être le chef-d’œuvre de M. […] Ses actions démesurées lui paraissent vaines. […] Or, souvenons-nous que cette rêverie d’un idéaliste intransigeant parut en plein triomphe du naturalisme. […] Il sera peut-être clos quand paraîtra cette étude. […] On est ainsi conduit à une nouvelle explication qui me paraît de beaucoup préférable à celle que j’esquissais plus haut.
Avant que Descartes eût paru, nous venons de le dire, la règle des trois unités était passée en dogme et Corneille même s’y était soumis. […] Tel qu’il avait paru en 1715, le livre ne semblait pas demander de suite. […] À peine en effet ce troisième volume de Gil Blas a-t-il paru qu’on le voit qui retourne au théâtre de la Foire. […] Ce livre fameux soulève deux questions tout d’abord, dont la première est de savoir en quelle année il parut. […] Manon Lescaut a bien paru pour la première fois en 1731.
Il me paroît qu’il a songé à attacher, à émouvoir et à surprendre. […] Mais sans m’amuser à le prouver, je passe à une réfléxion qui me paroît plus importante. […] Le poëte à la fin du second livre, fait un dénombrement des chefs et des troupes, qui me paroît plus exact qu’ingénieux, et plus utile pour la suite, qu’agréable en lui-même. […] J’ai deux choses à répondre ; j’ai suivi de l’iliade, ce qui m’a paru devoir en être conservé, et j’ai pris la liberté de changer ce que j’y ai crû désagréable. […] Pourquoi la langue paroît-elle si timide ?
Sa femme paraît le regarder comme un autre Adonis. […] Les Lettres Neuchàteloises 219 parurent en 1784. […] Mes amies ne me paraissent plus maussades : vois-tu, je dis mes amies, mais c’est par pure surabondance de bienveillance ; car je n’ai d’amie que toi. […] Malgré son bon cheval, son chien fidèle, son excellent et vieux Antoine, il s’aperçoit qu’il est bien seul, les soirées d’hiver commencent à lui paraître longues. […] Quelqu’un voyait Mme de Montespan fort exacte aux rigueurs du carême et paraissait s’en étonner : « Parce qu’on commet une faute, faut-il donc les commettre toutes ?
Il a paru que de leurs jours, je ne sçai quel esprit de perfection se répandoit sur le genre humain dans leur patrie. […] Personne ne parut alors dont les ouvrages puissent tenir un rang parmi ceux qui se sont faits dans la suite, et lorsque les sciences et les arts eurent été, pour ainsi dire, renouvellez. […] La seconde ne me paroît pas moins forte que la premiere. […] La terreur que ces guerres répandent, peut tout au plus retarder leurs progrez durant quelques années, et il paroît même qu’elle ne le fait pas. […] Il parut en même-temps des graveurs excellens dans tous les genres que cet art renferme.
Il parut cinq ans après la mort de Marot, et deux ans après l’Art poétique de Sebilet. […] Telle était la superstition pour les anciens, qu’il suffisait, pour que des vers fussent trouvés beaux, qu’il y parût quelque lambeau de leurs dépouilles. […] Quand le premier livre des Amours parut, il y eut de vives critiques. […] Le second paraît à Ronsard le type du langage noble, à cause des belles et magnifiques paroles : harnois, endosse. […] Ainsi Ronsard ne paraît le plus souvent se connaître que par l’opinion qu’avaient de lui ses contemporains, et ne se juger que par le bruit qu’il faisait.
Il en est de même d’une quatrième édition, portant le Titre « ne varietur » de En Méthode à l’Œuvre, parue en sa place d’Argument à l’Œuvre, en 1891. La présente édition qui annule le tout, a été revue et remaniée entièrement d’après l’édition de 1891, — et, très largement, apporte les développements qui m’ont paru essentiellement utiles. […] de notre moderne Savoir qui ne m’a paru que retrouver le sens sacré, par quoi, sous les signes monstrueux, les Initiés portaient occultement le poids du peuple, — des temps étaient maintenant révolus, remueurs des diaprures aux strophes, et du double mouvement de la poitrine animale scandés ! […] Tout nous a paru devenir selon un Rythme elliptique. […] Il nous paraîtrait oiseux d’insister sur l’origine émotive du son-articulé, et encore de le montrer appliqué primitivement à exprimer les sensations perçues et les phénomènes extérieurs, ainsi qu’en les décrivant.
Les premiers contes pourtant ne parurent qu’en 1662 (d’autres disent 1664). […] Mais même en poussant aussi loin qu’on voudra cette exigence scrupuleuse de La Fontaine, et en estimant, d’après un précepte de rhétorique assez faux à mon gré, que chez lui la composition était d’autant moins facile que les résultats le paraissent davantage, on n’en viendra pas pour cela à comprendre par quel enchaînement d’études secrètes, et, pour ainsi dire, par quelle série d’épreuves et d’initiations, le pauvre La Fontaine prit ses grades au Parnasse et mérita, le jour précis qu’il eut quarante et un ans, de recevoir des neuf vierges le chapeau de laurier, attribut de maître en poésie, à peu près comme on reçoit un bonnet de docteur. […] Ainsi introduit à la cour et dans le grand monde littéraire, il y paya sa bienvenue en sonnets, ballades, rondeaux, madrigaux, sixains, dizains, poëmes allégoriques, et put bientôt paraître le successeur immédiat de Voiture et de Sarasin, le rival de Saint-Évremond et de Benserade ; c’était le même ton, la même couleur d’adulation et de galanterie, quoique d’ordinaire avec plus de simplicité et de sentiment. […] Qu’il nous suffise d’avoir rappelé que, durant les vingt ans écoulés depuis l’aventure de l’ode jusqu’à la publication de Joconde (1662), il ne cessa de cultiver son art ; qu’il composa, dans le genre et sur le ton à la mode, un grand nombre de vers dont très-peu nous sont restés, et que s’il y porta depuis 1664, c’est-à-dire depuis les débuts de Boileau et de Racine, plus de goût, de correction, de maturité, et parut adopter comme une seconde manière, il garda toujours assez de la première pour qu’on reconnût en lui le commensal du vieux Colletet, le disciple de Voiture, et l’ami de Saint-Évremond. […] S’il parut se glisser ensuite entre les deux grands écrivains un refroidissement qui augmenta avec les années, la faute n’en fut pas à lui tout entière.
En conséquence, l’ouvrage de l’abbé d’Aubignac parut sans aucun changement. […] D’Aubignac, enchanté de voir le grand Corneille docile à ses avis, s’accoutume à le regarder comme son disciple, l’encourage, le cite avec complaisance dans sa Pratique du théâtre Cette attention marquée de d’Aubignac lui parut en devoir mériter une autre de la part de Corneille. […] La carte du pays de Tendre dans Clélie, parut d’une invention ingénieuse. […] Il dit que mademoiselle de Scudéri, lorsqu’ils étoient liés, lui avoit communiqué sa carte de Tendre ; & que, se trouvant en train de confidence, il lui avoit également fait celle qu’il avoit autrefois composé quelque chose sur un sujet semblable ; mais que l’habit d’ecclésiastique qu’il portoit l’empêchoit de laisser paroître cette bagatelle. […] Il aspiroit à paroître un romancier du premier ordre : mais il n’avoit ni le goût, ni l’imagination nécessaires pour réussir en ces sortes d’ouvrages.
Dans la discussion brillante, mais un peu confuse, à laquelle elle a donné lieu, ce qui nous a paru le plus intéressant, ce sont les faits psychologiques mis en lumière par les divers observateurs, et qui ont révélé une indépendance remarquable entre diverses opérations de l’esprit, que l’on serait tenté de croire liées ensemble d’une manière indissoluble. […] L’aphasie proprement dite paraît un cas assez rare, si l’on en juge par les faits exposés à l’Académie de médecine ; car, dans la plupart des cas cités, la perte de la parole est compliquée d’autres désordres plus ou moins importants. […] Ainsi, il paraît bien que souvent le langage mental subsiste, et que c’est la faculté de s’exprimer, qui seule est atteinte58. […] Bouillaud, ils nous ont paru, pour la plupart, fort peu démonstratifs. […] Suivant Gratiolet, le développement des plis frontaux paraît se faire plus vite à gauche qu’à droite, tandis que l’inverse a lieu pour les plis des lobes occipitaux et sphénoïdaux67.
I La deuxième édition des Pensées et Correspondance de Joubert a paru chez Didier. […] Ce fut la première fois que ce nom de Joubert, écrit pourtant par Chateaubriand, parut, pour disparaître. […] Il fit un article dans la Revue des Deux Mondes, et il le parsema de citations si brillantes que les chandelles de sa lanterne ne parurent plus que ce qu’elles étaient, de pauvres petits lumignons. […] Joubert — disait-elle — a l’air d’une âme qui a rencontré un corps par hasard, et qui s’en tire comme elle peut. » Ce corps, d’ailleurs, était à ce qu’il paraît un à peu près de corps. […] Cela paraîtrait-il hors de toute proportion, cette comparaison que je fais entre Platon, cette gloire de deux mille ans, et Joubert, cette violette, ce muguet à peine décoiffé de sa feuille, sur sa plate-bande d’obscurité ?
Vera s’est dévoué et l’a traduit en français avec un grand talent ; eh bien, il a été accusé par un autre traducteur, — un traducteur russe de ce grand homme, à ce qu’il paraît intraduisible, — de l’avoir singulièrement défiguré et très peu compris. […] Il resta plusieurs années en Italie, où, paraît-il, il ne caressa pas que des abstractions… Cependant, malgré une jeunesse qui ressembla plus par les mœurs à celle d’un poète comme Byron qu’à celle d’un philosophe qui devait proclamer un jour la beauté de la continence et la nécessité de l’ascétisme, la métaphysique le tenait. […] Comme il n’était pas encore le futur bouddhiste détaché assez de son moi pour ne pas craindre le choléra, il détala comme s’il eût eu les quatre pieds d’un lièvre, quand cette maladie parut à Berlin, et il se retira à Francfort-sur-le-Mein, où il resta vingt-neuf ans, comme Kant à Kœnigsberg, mais moins tranquille. […] Schopenhauer niait la métaphysique comme science des choses transmondaines, ainsi que le mot le dit depuis qu’il y a un langage, et il voulait une métaphysique appuyée sur l’expérience, — une métaphysique empirique, qui paraît une affreuse contradiction dans les termes. […] Ribot est un augure qui ne veut pas rire indécemment de l’augure qu’il a voulu vulgariser, et qui lui paraît un fier homme, car, sans cela, il n’aurait pas pensé à le vulgariser.
Ce genre, qui n’est qu’une déclamation méprisable, quand l’objet en est vil, et une déclamation ridicule, quand l’orateur n’est pas éloquent, parut sous Louis XIV avec éclat. […] Trop souvent il retombe dans la métaphysique de l’esprit, qui paraît une espèce de luxe, mais un luxe faux qui annonce plus de pauvreté que de richesse. […] Ce jugement paraîtra sans doute extraordinaire ; mais si l’éloquence consiste à s’emparer fortement d’un sujet, à en connaître les ressources, à en mesurer l’étendue, à enchaîner toutes les parties, à faire succéder avec impétuosité les idées aux idées, et les sentiments aux sentiments, à être poussé par une force irrésistible qui vous entraîne, et à communiquer ce mouvement rapide et involontaire aux autres ; si elle consiste à peindre avec des images vives, à agrandir l’âme, à l’étonner, à répandre dans le discours un sentiment qui se mêle à chaque idée, et lui donne la vie ; si elle consiste à créer des expressions profondes et vastes qui enrichissent les langues, à enchanter l’oreille par une harmonie majestueuse, à n’avoir ni un ton, ni une manière fixe, mais à prendre toujours et le ton et la loi du moment, à marcher quelquefois avec une grandeur imposante et calme, puis tout à coup à s’élancer, à s’élever, à descendre, s’élever encore, imitant la nature, qui est irrégulière et grande, et qui embellit quelquefois l’ordre de l’univers par le désordre même ; si tel est le caractère de la sublime éloquence, qui parmi nous a jamais été aussi éloquent que Bossuet ? […] Mais si jamais il parut avoir l’enthousiasme et l’ivresse de son sujet, et s’il le communiqua aux autres, c’est dans l’éloge funèbre du prince de Condé. […] Heureux si, averti par ces cheveux blancs, du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe, et d’une ardeur qui s’éteint. » Dans cette péroraison touchante, on aime à voir l’orateur paraître, et se mêler lui-même sur la scène.
On a pris l’habitude de parler si fort, que toutes les invectives paraissent inoffensives. […] Assurément les tendances de sa pensée me paraissaient fort dangereuses. […] Chez d’aucuns, le dicton devient même brocart, sans que les motifs de cette ironie me paraissent décisifs. […] Julie y paraît assez naturelle dans l’exercice de son rôle de maîtresse de maison. […] Il convient de le louer avant tout de ne se point attacher à paraître original.
Et quant à la brièveté de la vie, c’est une vérité qui se plie à plus d’une conclusion « Une longue fiction en prose » vous paraît « une faute littéraire » ? […] Et comme cette marche paraît être dans la nature des choses, il serait bien inutile de s’en fâcher. […] Et n’est-ce pas là (si singulier que le rapprochement puisse paraître) le procédé de La Bruyère ? […] La forme de Charles Demailly (le premier de leurs romans qui ait paru) était beaucoup plus exubérante et parfois singulière. […] Les phrases ou fragments de phrases que j’ai cités ont sans doute paru détestables à plus d’un lecteur, et c’est un sentiment qui peut se défendre.
Or, il paraît que tout le monde n’a pas pu oublier, par amour de l’art, que M. […] Elle paraît inévitable. […] A première vue, en effet, il paraît indigne d’un grand peuple de garder rancune à un mort pour une blessure d’amour-propre faite dans un moment mai choisi pour la vengeance. […] Il faut espérer que les nombreux artistes à qui elle a rendu service réuniront leurs efforts pour lui obtenir l’appui efficace du gouvernement, dont elle a grand besoin, à ce qu’il paraît. […] Savez-vous, dit alors l’empereur, ce qui me paraît inexplicable dans cette affaire ?
Devenir l’épouse de l’auteur de Paul et Virginie lui paraissait un don du ciel, supérieur à tous les dons de la terre. […] Le Tartuffe parut alors ; il fut fort goûté aux lectures. […] Dans tous les lieux dévots elle étale un grand zèle ; Mais elle met du blanc, et veut paraître belle. […] D’autres prendraient cela d’autre façon peut-être ; Mais ma discrétion se veut faire paraître. […] Arnolphe paraîtra d’autant plus ridicule alors, que son caractère aura été mieux établi ici.
Il n’avait pas besoin, pour paraître affable, d’étudier ses gestes, de donner à un corps robuste des attitudes contraintes, d’adoucir l’éclat de sa voix, de réprimer la fougue de sa pensée, de cacher les impulsions d’une volonté absolue (c’était une allusion sans doute à quelque confrère moins favorisé) : la nature l’avait fait aimable ; c’est-à-dire qu’en lui donnant de la saillie, de la finesse et de la gaieté, elle y avait joint cette sensibilité, cette douceur, sans lesquelles l’esprit est presque toujours incommode pour celui qui s’en sert, et dangereux pour ceux contre lesquels il est dirigé. […] On dit volontiers du mal de la rhétorique, et à moi-même cela a pu m’arriver quelquefois : pourtant dans ces genres officiels et où la cérémonie entre pour quelque chose, dans ces sujets que l’on ne choisit pas et que l’on ne va point chercher par goût, mais qui sont échus par le sort et imposés avec les devoirs d’une charge, il y a un art, une méthode et des procédés de composition qui soutiennent et qui ne sont nullement à dédaigner ; si on peut les dénoncer et les blâmer par instants en les voyant trop paraître, on souffre encore plus lorsqu’ils sont absents et qu’au lieu d’un orateur on n’a plus devant soi qu’un narrateur inégal, à la merci de son sujet, avec tous les hasards de la superfluité ou de la sécheresse. […] Ou, si cette raison ne paraît pas suffisante, pourquoi se refuserait-on à croire que la Providence couvre de son égide une classe d’hommes qui sont les instruments de sa bienfaisance au milieu des fléaux de l’humanité ? […] Vicq d’Azyr avait à un haut degré le sentiment de la connexion et de la solidarité des sciences : en ce sens il avait l’esprit éminemment académique et encyclopédique, et, s’il nous paraît de loin aujourd’hui avoir été avant tout de la famille de ceux qui sont des messagers publics et des organes applaudis, nul ne peut dire de cet homme de talent sitôt moissonné, qu’il n’eût pas été aussi, à d’autres moments, un investigateur heureux et un inventeur. […] Il adressa donc, soit à la Convention, soit aux membres du Comité de salut public, une lettre dont il existe quantité de brouillons de sa main ; aucune rédaction ne lui paraissait assez républicaine, assez emphatique, et à la hauteur, comme on disait, des circonstances.
La Guerre d’Alsace pendant le grand schisme d’Occident, terminée par la mort du vaillant comte Hugues, surnommé le soldat de saint Pierre, drame historique en prose, sans nom d’auteur, imprimé à Bâle en 1780, et qui paraît n’avoir eu aucun écho en France, fut la dernière tentative de Ramond dans l’ordre de la littérature proprement dite et de l’imagination. […] Il alla successivement à Naples, à Bordeaux, en Suisse, à Lyon ; on ne suit pas bien exactement sa trace, mais ce qui paraît certain, c’est que le cardinal, privé de sa présence et ne pouvant se passer de ses communications, envoya à un moment auprès de lui son jeune secrétaire, c’est-à-dire Ramond, tant pour pourvoir à son entretien que pour continuer en chiffres la correspondance : c’est l’abbé Georgel, bien informé, qui atteste le fait. […] L’ouvrage de Ramond où elles se trouvent, ces Observations sur les Pyrénées parurent en 1789, c’est-à-dire au moment de la Révolution, et n’eurent pas le temps d’avoir leur succès ; venues quelques années plus tôt, elles auraient sans doute obtenu la vogue, elles auraient peut-être même déterminé un courant de l’opinion et entraîné des flots d’élégants visiteurs par-delà Campan et Bagnères, du côté des hautes vallées des Pyrénées, comme cela s’était vu dans les vallées de la Suisse et des Alpes. Le Voyage en Syrie et en Égypte de Volney, qui avait paru en 1787, avait eu le temps de réussir et d’être apprécié, de classer son auteur parmi les écrivains : Ramond, qui est un Volney bien autrement éloquent et ému, qui n’est pas seulement un dessinateur, qui est un coloriste et parfois un Claude Lorrain ou un Carle Dujardin des montagnes (il y a de quoi justifier ces rapprochements), ne fut apprécié que de quelques-uns. […] Depuis Homère jusqu’à Milton, jusqu’au Tasse, jusqu’à Voltaire, je ne crois pas que le génie de l’épopée ait enfanté un poème qui ait paru dans un temps où l’on n’eût autre chose à faire que de le lire ; et beaucoup de difficultés doivent se réunir contre cette œuvre de l’esprit qui acquiert à son auteur la plus grande gloire dont l’homme soit susceptible.
Cela paraît bien d’après les mémoires et le journal de Le Dieu. […] On ne trouva pas son mérite digne de sa réputation : son premier discours, qui était contre les libertins, et qu’il avait, dit M. de Meaux, assez mal amené à l’évangile du jour, parut faible : on loua sa piété et sa modestie, sa voix douce, son geste réglé, jusqu’à lui accorder, contre l’avis de quelques-uns, la grâce de l’élocution : on trouva de la politesse dans son discours, des termes choisis et de l’onction : il fut très bien écouté, et le roi et la Cour en furent édifiés. […] Dès qu’il parut et qu’il en eut vu le premier tome, il le jugea écrit d’un style efféminé et poétique, outré dans toutes ses peintures, la figure poussée au-delà des bornes de la prose et en termes tout poétiques. […] Bossuet toutefois, d’après le journal de l’abbé Le Dieu, ne nous paraît point avoir été sans des prévisions plus sérieuses et plus longues. […] Sa faiblesse (si l’on était tenté d’en rechercher les indices) se montrerait surtout en ce qu’il céda aux instances de sa famille, de son neveu particulièrement, et que, dans cet état d’infirmité et de décadence physique, il s’obstina à rester trop longuement à Versailles, afin de solliciter sans doute en faveur de ce neveu, qui paraît avoir été un personnage sec, égoïste et exigeant.
Avec des goûts sérieux, il paraît s’être demandé de bonne heure comment il pourrait remplir de quelque occupation suivie cette existence toute d’étiquette ou de loisir, et il pensa qu’un journal dans le genre de celui de Dangeau, mais dressé et digéré avec plus de soin, pourrait avoir son utilité. […] Le cardinal rougit et se tut. — Une autre fois, pendant un voyage à Compiègne (juin-juillet 1739), une petite circonstance paraît digne de remarque au duc de Luynes ; c’est encore une légère velléité d’indépendance : M. le cardinal de Fleury était dans l’usage d’entrer dans les cabinets du roi par une porte de derrière dont il avait la clef. […] Il est vrai que cette première maîtresse de Louis XV n’abusa point de sa faveur, ne l’afficha point trop hautement, qu’elle n’en parut surtout point jalouse, et que, sauf quelques petits accès d’humeur et de caprice qu’on lui entrevoit, elle était la plus accommodante des femmes. […] Il est amusant, quand on sait de quoi il retourne, de suivre de l’œil jour par jour le train de cette Cour et de ses plaisirs, ces continuelles parties à La Muette, à Madrid, à La Rivière, à Choisy, ces voyages intimes du roi et des quatre sœurs ainsi qu’on les appelle, c’est-à-dire des deux princesses du sang, Mlle de Charolais et Mlle de Clermont, et des deux sœurs, Mme de Mailly et Mme de Vintimille ; car Mme de Mailly, à un certain moment, s’était adjoint une de ses sœurs, avec laquelle elle paraît avoir vécu en parfaite intelligence, quoique celle-ci fût d’une humeur plus hardie et plus inégale. […] [NdA] C’est l’âge que lui donne le duc de Luynes ; il paraît qu’il n’avait guère, en effet, que quatre-vingts ans.
Mme de Simiane, petite-fille de Mmede Sévigné, paraît s’être prêtée à la première publication qui se fit d’un choix de Lettres de sa grand’mère en 1725 ou 1726. […] Regnier lui-même et ses. collaborateurs les plus au fait de l’ensemble du travail et des résultats ; et voici ce qui m’a été répondu, ce qui me paraît à la fois curieux et rassurant, — curieux pour ceux qui veulent du nouveau, rassurant pour ceux qui tiennent à leur culte ancien. […] Il m’a paru quelquefois à regretter que le livre destiné à devenir classique, une fois mis en lumière, une fois livré au public et imprimé, on ne détruisît pas tous les manuscrits, tous les moyens d’un contrôle éternel et toujours renaissant ; qu’il n’y eût pas un règlement définitif et un arrêté de compte qui permît ensuite à l’admiration toute sa sécurité et son entière plénitude. […] Il y en a certainement qui ont autant d’imagination, autant de couleur, mais alors l’esprit ne paraît pas au niveau. […] Ce serait trop dire et trop dénoncer chez elle ce qui paraît à la rencontre et ne s’affiche pas.
Aussi son désappointement fut-il grand lorsqu’en 1822, à la mort de Delambre, Fourier fut nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences ; on dit même qu’il en garda quelque temps rancune à l’illustre Compagnie et y parut moins assidûment dans les années qui suivirent. […] Biot, intitulé la Vérité sur le procès, de Galilée ; est singulier à la longue : chaque détail est exact, on l’admet ; chaque réflexion même, amenée chemin faisant, paraît juste, chaque conjecture plausible, et pourtant le tout laisse une impression équivoque. […] Arago paraît bien avoir prédit avant lui que l’optique apporterait un jour à la chimie des secours inespérés ; mais M. […] Lui, qui en toute occasion paraissait assez peu se soucier de l’application des sciences et semblait ne mettre de prix qu’à la recherche pure, il était très sensible à cette application-là. […] Bertrand : « Quel est le jeune géomètre qui vous paraît avoir le plus d’avenir ?
Flaubert depuis plusieurs années, paraît enfin. […] Depuis que Madame Bovary avait paru, la question du réalisme revenait perpétuellement sur le tapis ; on se demandait entre critiques si la vérité était tout, s’il ne fallait pas choisir, et puisqu’on ne pouvait tout montrer indistinctement, où donc il convenait de s’arrêter. […] Flaubert et sur ses traces, parut un moment recueillir tout cet orage de bruit et de clameurs qu’avait soulevé le premier. […] Pourquoi ne répondait-il pas à l’appel et ne paraissait-il pas au rendez-vous que lui assignait la voix générale, celle de la curiosité à la fois et de la bienveillance ? […] Les éperons des galères étincelaient, le toit de Khamon paraissait tout en flammes, et l’on apercevait des lueurs au fond des temples dont les portes s’ouvraient.