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351. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Greuze » pp. 234-241

Elle écoute avec joie ce que son père dit à son mari. […] Dans celui-ci, il a placé à côté du garçon qui apporte à boire à son père infirme, une grosse chienne debout qui a le nez en l’air, et que ses petits tètent toute droite ; sans parler de ce drap qu’il a étendu sur une corde, et qui fait le fond de son tableau. […] Peignez votre femme, votre maîtresse, votre père, votre mère, vos enfants, vos amis ; mais je vous conseille de renvoyer les autres à Roslin ou à Michel Vanloo.

352. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Il est horrible, dites-vous, qu’une fille consente à épouser le meurtrier de son père ? […] Je sais bien que son père a tué Hector et qu’il a lui-même massacré les Troyens. […] » du ton dont il dirait : « Mon père adoré !  […] Elle répète des comédies avec son père, cet aimable Brigard, le plus moderne et le moins grave des pères. […] Son père ?

353. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Les autres, qui n’adoptent pas ces formules et qui, dans la voie démocratique ouverte en 89, avaient conçu des espérances plus modérées, plus réalisables, ce semble, voyant les difficultés, les échecs, les désappointements à chaque pas après quarante-six ans comme au premier jour, sont tentés enfin de regarder le programme d’alors comme étant, pour une bonne moitié du moins, une grande et généreuse illusion de nos pères, comme un héritage promis, mais embrouillé, qui, reculant sans cesse, s’est déjà aux trois quarts dispersé dans l’intervalle. […] Cicéron et Sénèque consolaient davantage par des lieux communs, par des considérations lointaines et médiocrement touchantes ; Marc-Aurèle eût été plus stoïque et serait moins entré dans une douleur : mais je me figure que le gendre d’Agricola, s’il avait eu à entretenir un ami sur la mort d’un père, l’aurait abordé ainsi dans des termes a la fois mâles et compatissants, sobrement appropriés à une réalité grave, Pour qui lirait superficiellement toute cette Correspondance, il pourrait se faire qu’un des traits les plus intéressants à y saisir échappât. […] Mme Roland a nommé une foi Mme de Staël dans une lettre qui s’est trouvée mêlée aux papiers de Brissot, mais qui ne s’adresse pas à lui, car la date (22 novembre 89) ne permettrait pas entre eux la familiarité de liaison qui s’y voit : « On nous fait ici (à Lyon), dit Mme Roland, des contes sur Mme de Staal (sic) qu’on dit être fort exacte à l’Assemblée, qu’on prétend y avoir des chevaliers auxquels de la tribune elle envoie des billets pour les encourager à soutenir les motions patriotiques ; on ajoute que l’ambassadeur d’Espagne lui en a fait de graves reproches à la table de son père. […] Était-ce instinct de vengeance filiale à cause de son père méconnu et maltraité ? […] Ce petit enfoncement dans le salon, proche de l’atelier de son père, valait mieux comme asile d’enfance, comme berceau d’étude ou de réflexion sévère, que le fauteuil, au salon de Mme Necker, dans le cercle des beaux-esprits, ou même que les bosquets romanesques de Saint-Ouen.

354. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Il lut donc Saint Thomas et les Pères : mais le monde le garda ; les beaux esprits du lieu, les dames avaient bien reçu ce jeune poète qui avait l’air de Paris et connaissait Chapelain ; ses amis parisiens l’entretenaient aussi de pensées profanes. […] une mère impérieuse, un fils craintif, révolté soudain par ses passions ou ses vices, ou bien un père sacrifiant à son ambition, à sa vanité, le bonheur et toute la vie d’une fille qu’il aime pourtant, est-ce là seulement de l’« histoire ancienne » ou de la « mythologie » ? […] Si les deux peintres rendent la même passion, quoi d’étonnant qu’ils dessinent le même geste, et que les deux pères emploient la même ruse pour s’assurer de la rivalité des deux fils ? […] A travers un rapide récit, où Xipharès expose toutes les circonstances par lesquelles son rôle est déterminé, soudain il s’arrête un moment sur les victoires de son père : Et des rives du Pont aux rives du Bosphore, Tout reconnut mon père… De ce triomphe l’orgueil filial de Xipharès est enivré, et le sentiment suscite un réveil de sensations, la vision d’une mer sans ennemis, où les flottes du roi déploient joyeusement leurs voiles : ….Et ses heureux vaisseaux N’eurent plus d’ennemis que les vents et les eaux. […] Un peu plus loin, Pharnace engage Monime à s’embarquer avec lui : Jusques à quand, madame, attendrez-vous mon père ?

355. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Le père, sensément, substitua à ces vagues élans un très réel brevet de sous-lieutenant au régiment de Navarre. […] La Révolution éclate ; son père était mort : il réalise un de ses rêves anciens, et débarque à Baltimore, en 1791644. […] Sous le despotisme farouche de son père, rudoyé, glacé, il a vécu libre pourtant, ramassé en lui-même, physiquement dépendant et contraint, jamais troublé dans l’exploitation égoïste de l’univers que s’appropriait déjà intérieurement sa petitesse. […] Un père, une mère s’attendrissent au bégaiement du nouveau-né. […] Tous les personnages secondaires de ses deux poèmes sont sommaires et conventionnels, étoffés à force de rhétorique, tout juste aussi vivants que des héros de Luce de Lancival ou de Legouvé le père.

356. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

On a essayé d’en faire un des pères d’une école française plus libre et d’une poésie plus naïve ; je n’y veux voir qu’un hommage un peu détourné à cette gloire aimable et chère, entre coûtes, à notre pays. […] Homère, Dante, Shakspeare, Corneille, ces pères de l’art antique et de l’art moderne, sont de plus grands hommes. […] Devenus pères, en les faisant réciter à nos fils, nous nous étonnons d’y trouver de graves plaisirs pour notre âge mur, après y avoir pris un si vif intérêt dans notre enfance. […] C’était une lecture de père de famille, dans le temps des conseils minutieux et réitérés, où le fabuliste était complice des réprimandes, et le docteur de la morale domestique. […] Il ne s’y trouve rien pour justifier sa vie d’époux trop peu rangé et de père trop peu tendre.

357. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XX » pp. 84-86

… et moi je ne vis que l’âme… » Je n’eus jamais un sentiment plus religieux de ma mission que dans ce cours de deux années ; jamais je ne compris mieux le sacerdoce, le pontificat de l’histoire ; je portais tout ce passé, comme j’aurais porté les cendres de mon père ou de mon fils… » Et tout cela pour dire qu’il ne méritait pas l’outrage ; non, mais il méritait le sourire. On voit que si Barante est le père de l’école descriptive en histoire, Michelet y est le fondateur de l’école illuminée.

358. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XV. Du Purgatoire. »

Admirable commerce entre le fils vivant et le père décédé ! […] Poètes chrétiens, les prières de vos Nisus atteindront un Euryale au-delà du tombeau ; vos riches pourront partager leur superflu avec le pauvre ; et pour le plaisir qu’ils auront eu à faire cette simple, cette agréable action, Dieu les en récompensera encore, en retirant leur père et leur mère d’un lieu de peines !

359. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

— Oui, à ton malheureux père. […] Pour ton pauvre père ! — Mon père… mon père. […] dit le père. […] … Ne suis-je pas ton père ?

360. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Elle s’agenouilla un instant et fit une prière à demi-voix, puis, se relevant : “Adieu encore une fois, mes enfants, dit-elle en regardant les tours du Temple, je vais rejoindre votre père.” […] ou l’arrière-pensée du père ambitieux pour ses fils, qui prévoit qu’une nation inconstante lui rendra un trône pour quelques gouttes de sang ? […] L’indulgence pour la mémoire du père pourrait ressembler à une flatterie du succès, la sévérité à un ressentiment d’une théorie. […] Vatout, son confident et son bibliothécaire, qu’il avait lu les Girondins, et qu’il me remerciait de la justice rendue à son père. […] Voilà ce que Louis-Philippe reconnut en moi dans le portrait de son père et dans mon jugement sur lui, voilà le sentiment dont il me fit remercier par son confident.

361. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Son père s’en plaint : il s’excuse ; Masséna se tait assez volontiers sur Joubert dans quelques-uns de ses bulletins : Au reste, si vous me demandiez où j’étais, je vous répondrais que je laisais l’avant-garde de Masséna le 2, le 3 (août, combat de Lonato), et qu’à la bataille du 5 (Castiglione), je faisais celle du général Augereau, attaquant le centre de l’ennemi. […] Et à son père, trois jours après (21 décembre) : Je vais donc encore faire l’épreuve de la fortune. […] Le 10 avril, deux jours après avoir rejoint l’armée en Carinthie, il écrivait à son père : Je suis sorti vainqueur du Tyrol. […] Il écrivait noblement à son père, que ces méchantes rumeurs avaient fort troublé (18 avril, lendemain de la signature de la paix de Léoben) : Est-ce ma faute, et faut-il que je fasse des rétractations puériles et inutiles ?

362. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Rien n’est plus funeste à la société que ce dédain des pères pour leur profession et que ces émigrations insensées d’un état dans un autre. […] S’ils ont des enfants, tant mieux, pères de famille, ils n’en seront que plus doux et plus compatissants pour les élèves. […] La facilité d’entrer dans les écoles publiques, l’ambition des parents, leur avarice qui leur fait préférer à tout apprentissage celui qui ne coûte rien, tire une multitude d’enfants de la profession de leurs pères, de grandes maisons de commerce s’éteignent, d’importantes manufactures tombent ou dégénèrent, des corps de métiers s’appauvrissent, et pourquoi cela ? […] Pères, l’indulgence déplacée pour l’instituteur de vos enfants retombera sur eux et sur vous ; souverains, l’indulgence deplacée pour de mauvais instituteurs retombera sur l’espoir de votre nation et sur vous.

363. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Nous lisons dans Denys d’Halicarnasse, que le fils d’Appius alla trouver les consuls, et les tribuns pour demander la permission de louer son père devant le peuple. […] Un homme à qui il avait servi de protecteur et de père, vendit son sang ; un homme à qui il avait sauvé la vie, fut son assassin. […] Il est triste que celui qui, dans Rome libre, avait été surnommé le père de la patrie, ait été forcé, dix-sept ans après, à louer l’oppresseur de la patrie. […] Il était beau d’attester sur les ruines même de ses palais, l’heure et le jour où le sénat et le peuple l’avait proclamé le père de la patrie.

364. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

C’est la lutte entre l’amour du père et son amour de fiancé qui a fourni à l’auteur ses plus beaux élans. […] Ce petit Théodule les aurait tous tenus de son père, si le destin l’avait fait vivre. […] C’est là qu’il apprend la fin tragique de son père. […] La Restauration lui rend alors le Palais-Royal, bâti par son père, et là il s’entoure de savants et d’artistes. […] Il est, cet Adam, père commun, « dont chaque épouse est la fille ou la bru ».

365. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Un grand benêt de fils aussi sot que son père. […] Il se nomme Arnolphe, et Arnolphe était, chez nos pères, le patron des maris malheureux. […] Aussi, Molière l’a-t-il mariée, jeune encore, à un veuf déjà père de deux grands enfants. […] Voyez ce père au désespoir. […] Diafoirus père.

366. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Ce père, comme celui de Montaigne, mit tous ses soins à cultiver les dispositions de son fils qui annonça de bonne heure une grande vivacité d’intelligence. […] « Montesquieu, touché du récit de ce jeune homme et de l’état de cette famille intéressante, s’informe du nom du père, du nom du maître auquel il appartient ; il se fait conduire à terre, donne au batelier sa bourse qui contenait seize louis d’or et quelques écus, et s’échappe… Six semaines après, le père revient dans sa maison. […] — Oui, mon père, et combien les hommes sont petits !  […] « Le spectacle de la mort de Virginie immolée par son père à la pudeur et à la liberté fit évanouir la puissance des décemvirs. Chacun se trouva libre, parce que chacun fut offensé ; tout le monde devint citoyen, parce que tout le monde se trouva père.

367. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

quel charmant naturel dans le tracas de ces pères, de ces fils, de ces femmes ! […] L’autorité des pères et des mères était dure au xviie  siècle : Molière la raille, l’avilit, la brise. […] Avis aux pères et aux maris : voilà l’idéal. […] Montfleury père fait une requête au roi, où il accuse Molière d’avoir épousé sa propre fille (1663’). […] Dumas, Préface du Père prodigue.

368. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIV » pp. 141-143

Il n’est pas jusqu’au père de mademoiselle Rachel (on l’appelle M. […] Il y a de jolis vers ; elle a du genre de talent de son père : Ève perdit l’Éden, afin de le rêver !

369. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Messieurs, certes, nos pères n’étaient pas difficiles, qui là-dessus s’éclataient de rire ! […] Elle est aussi la meurtrière de leur père. […] qu’aurais-je, mon père ? […] qu’aurais-je, mon père ? […] et que ce soit le père ou le fils qui règne sur l’Arménie ?

370. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Le soir, il revient chez le père Goulden, excellent homme qui l’aime comme un père, et qui lui donne de bons conseils comme à un fils. […] Dieu sait si j’ai tort ou raison dans mon opinion ; mais en tout cas, elle est le plus sincère hommage à ce duo de talent des fils qui les grandit par leurs pères. […] Pourquoi donc est-ce qu’il ne descend pas chez son père, qui demeure là-bas dans la rue des Capucins ?  […] … Quatre jeunes femmes vont perdre leurs maris rien que dans notre village, et dix pauvres garçons vont tout abandonner, malgré père et mère, malgré la justice, malgré le bon Dieu, malgré la religion… n’est-ce pas abominable ?  […] Des milliers de pères et de mères, accourus à la ronde, regardaient ainsi, le long de la route… Combien retournèrent chez eux sans avoir trouvé leur enfant !

371. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Le royalisme de Hugo n’était que de la piété filiale et l’on sait que personne, mieux que lui, ne mérita l’épitaphe de bon fils, bon mari, bon père. […] Lui, le fils pieux, il a dû souffrir d’être réduit à flétrir la mère si dévouée à ses enfants, qui les éleva et les soigna si tendrement alors que le père les abandonnait, qui les laissa librement se développer et obéir aux impulsions de leur nature. […] Parce que, on a si souvent répété que les poètes vivent dans la pauvreté et meurent à l’hôpital, comme Gilbert, comme Malfilâtre, que les pères et mères ont dû finir par croire que poésie était synonyme de misère. […] Abel, mort en 1873, vécut jusqu’en 1815 presque toujours auprès de son père : il ne pouvait donc rendre sa mère responsable de l’ultra-royalisme qui se révéla subitement dans ses écrits après la chute de l’Empire. […] Bien que Victor Hugo ne mentionne jamais les productions poétiques et romantiques de son père, il les admirait beaucoup.

372. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Mon père est mort, Dieu ait son âme ! […] Oui, nous sommes plus curieux que ne l’étaient nos pères. […] Son père avait inventé les échaudés, qui sont très bons dans du lait. […] oui, fait le père, les voilà salis pour la vie !  […] Emile Zola ; ce taudis, c’est presque celui du père sonore de la Trouille.

373. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Si maltraité et tyrannisé par son père, il avait pour sa mère, la reine Sophie, un attachement respectueux et tendre ; il aimait ses sœurs, et particulièrement celle qui devint margrave de Baireuth, et à qui il avait voué une amitié vive et passionnée. […] Il devint pour eux un père par les soins, et il en eut aussi quelques-unes des sévérités dans les détails du service militaire, sur lequel il ne plaisantait pas. […] La reine mère écrit à Frédéric à ce sujet : « Connaissant, mon cher fils, votre bon cœur comme je le fais et vos bontés pour mon fils Henri, je ne doute pas que vous aurez été dans le moment un père pour lui. » Tout cela est naturel, et n’est à remarquer que parce qu’on refuse trôp aisément aux grands hommes un cœur. […] Après ma mort vous en userez comme vous le voudrez, et si vous vous écartez des principes et du système que mon père a introduits dans ce pays, vous serez le premier qui vous en ressentirez. En même temps il s’inquiète en père de l’éducation des fils du prince Guillaume ; il dresse des instructions pour l’aîné de ses neveux, et quant au cadet qui mourra dans la fleur de l’âge, nous verrons avec quelle tendresse touchante il l’avait adopté et combien il l’aimait, et combien il le pleura.

374. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Élevés dans la foi, les pères avaient douté ; élevés dans le doute, les fils voulurent croire. […] On n’est point impunément fils de son père ; en le contredisant, on le continue ; les gens de 1820 maudissaient les philosophes de 1760, et les imitaient. […] Pour comble, l’un exalta les planètes, êtres intelligents doués de la vie aromale, celui-ci l’escadron des anges swédenborgiens, celui-là la circumnavigation des âmes à travers les astres, un autre le passage des pères dans le corps des fils, un autre le culte officiel de l’humanité abstraite, et « l’évocation cérébrale des morts chéris. » Sauf les deux premiers siècles de notre ère, jamais le bourdonnement des songes métaphysiques ne fut si fort et si continu ; jamais on n’eut plus d’inclination pour croire non sa raison, mais son cœur ; jamais on n’eut tant de goût pour le style abstrait et sublime qui fait de la raison la dupe du cœur. […] Rien de tout cela n’était plus à propos, maintenant que l’enseignement descendu d’en haut, officiel et public, devait convenir aux pères de famille et au clergé. […] Personne ne voudrait la comparer, comme les anciennes, à un fleuve qui arrose et renverse ; point de bruit, point de mouvement, point d’effet ; c’est une baignoire bien propre, bien reposée et bien tiède, où les pères, par précaution de santé, mettent leurs enfants.

375. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

— Non, non ; elle n’est pas folle : elle a raison, a dit le père. […] — Pas absolument mauvaise, dit le père, puisque cette fille en est née. […] l’ivresse confuse d’être père. […] Grâces, talents, âme céleste, fortune même, tant de perfections ne purent fléchir un père ni obtenir à son fils le consentement pour l’union. […] Un portrait du père de M. de Bompré était dans le salon d’en bas, mauvaise peinture, mais ressemblante : il faut que le portrait se cache et monte d’un étage.

376. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Le moindre poids soulevé du cœur oppressé lui rend l’élasticité et la vie ; le Tasse se complut à célébrer depuis cette hospitalité du gentilhomme de Novare, dans son charmant dialogue du Père de famille. […] Le duc de Mantoue, de la maison de Gonzague, qui n’avait pas cessé de s’intéresser à lui depuis le voyage qu’il avait fait autrefois à Mantoue avec son père, vint à Ferrare, et passa chaque jour plusieurs heures dans sa prison. […] Soulagé par le vœu qu’il avait fait à son autel de ne plus consacrer ses chants qu’aux choses immortelles, il reprit à cheval la route de Rome, y arriva le 4 novembre, et descendit chez Scipion Gonzague, qui le reçut en père. […] Ô madame ma chère sœur, mon état est incurable ; je vous supplie, par la mémoire et l’âme de notre père et de notre mère qui nous ont nourris, de permettre que je vienne auprès de vous, je ne dis pas pour goûter, mais au moins pour respirer cet air des lieux où je suis né ! […] Le comte de Paleno, fils du grand amiral du royaume, alla à sa rencontre, à cheval, avec un cortège d’honneur et voulut loger le poète dans le palais de son père.

377. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

. — « Fais ce que le Père t’ordonne d’accomplir ! […] Il a fallu vaincre la résistance d’un père ; des souffles rapides nous ont amenées. […] » — « Elle enfantera un fils plus fort que son père. » — « Et il ne peut détourner de lui cette destinée ?  […] Le père t’ordonne de dire quel est cet hymen dont tu parles avec insolence, et qui doit le renverser de son trône. […] Un autre Père tire hardiment un anagramme divin du nom du Titan, et il l’appelle Pro-Theus, symbole et proto-type de l’Homme-Dieu.

378. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Le chagrin d’une enfant qui voudrait être aimée de son père et que son père n’aime point, l’amour désespéré et la mort lente d’un pauvre jeune homme à demi imbécile, toutes ces peintures de douleurs secrètes laissent une impression ineffaçable. […] Le premier mot qu’épela cet excellent jeune homme fut « gain. » Le second (quand il arriva aux dissyllabes) fut « argent. » Cette belle éducation avait produit par hasard deux inconvénients ; l’un, c’est qu’habitué par son père à tromper les autres, il avait pris insensiblement le goût d’attraper son père ; l’autre, c’est qu’instruit à considérer tout comme une question d’argent, il avait fini par regarder son père comme une sorte de propriété, qui serait très-bien placée dans le coffre-fort appelé bière. « Voilà mon père qui ronfle, dit M.  […] Nous sommes protestants, et nous avons gardé quelque chose de la sévérité de nos pères contre la joie et les passions. […] Elle le supplie ; il s’attendrit ; elle l’emmène ; il devient le meilleur des pères, et gâte un beau roman. […] J’avoue même que les héros de Dickens ont le malheur de ressembler aux pères indignés de nos mélodrames.

379. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre IV. Des Sujets de Tableaux. »

Soyez à jamais glorifiée, religion de Jésus-Christ, vous qui aviez représenté au Louvre le Roi des rois crucifié, le jugement dernier au plafond de la salle de nos juges, une résurrection à l’hôpital général, et la naissance du Sauveur, à la maison de ces orphelins délaissés de leurs pères et de leurs mères ! […] Et ces costumes des Pères et des premiers chrétiens, costumes qui sont passés à nos Religieux, ne sont autres que la robe des anciens philosophes grecs, appelée περιϐόλαιον ou pallium.

380. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

On prétend même qu’il ne s’en cachoit pas, qu’il disoit hautement, Je suis le père de cet ouvrage ; Ogier n’en est que le parrain. […] Cette ombre de faveur & la gloire réelle d’être nommé le père de la langue françoise, le maître & le modèle de l’éloquence, acharnèrent contre lui de petits écrivains avides d’un peu d’or & de fumée. […] « Quelques-uns de ses partisans, ajoute Balzac dans cette même relation, ont assuré qu’il avoit reçu un bref de notre saint père le pape… D’autres ont dit que l’assemblée du clergé avoit envoyé des députés pour se réjouir avec lui de la prospérité de ses armes… Il n’y a point de prince ni de princesse, de seigneur ni de dame de condition, à qui il n’ait fait porter ses livres en cérémonie, la plupart reliés en forme d’heures ou de prières dévotes.

381. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

Nos premiers pères se retirent sous l’ombrage, au bord d’une fontaine. […] Avec des regards pleins d’amour, et dans un tendre abandon, elle se penche, embrassant à demi notre premier père. […] L’ange rebelle épie les deux époux : il apprend de leur bouche le fatal secret, il se réjouit de leur malheur à venir ; et toute cette peinture de la félicité de nos pères n’est réellement que le premier pas vers d’affreuses calamités.

382. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

Mais lorsque, sous les rapports chrétiens, on vient à penser que l’histoire des Israélites est non seulement l’histoire réelle des anciens jours, mais encore la figure des temps modernes ; que chaque fait est double, et contient en lui-même une vérité historique et un mystère ; que le peuple juif est un abrégé symbolique de la race humaine, représentant, dans ses aventures, tout ce qui est arrivé et tout ce qui doit arriver dans l’univers ; que Jérusalem doit être toujours prise pour une autre cité, Sion pour une autre montagne, la Terre Promise pour une autre terre, et la vocation d’Abraham pour une autre vocation ; lorsqu’on fait réflexion que l’homme moral est aussi caché sous l’homme physique dans cette histoire ; que la chute d’Adam, le sang d’Abel, la nudité violée de Noé, et la malédiction de ce père sur un fils, se manifestent encore aujourd’hui dans l’enfantement douloureux de la femme, dans la misère et l’orgueil de l’homme, dans les flots de sang qui inondent le globe depuis le fratricide de Caïn, dans les races maudites descendues de Cham, qui habitent une des plus belles parties de la terre91 ; enfin, quand on voit le Fils promis à David venir à point nommé rétablir la vraie morale et la vraie religion, réunir les peuples, substituer le sacrifice de l’homme intérieur aux holocaustes sanglants, alors on manque de paroles, ou l’on est prêt à s’écrier avec le prophète : « Dieu est notre roi avant tous les temps. » Deus autem rex noster ante sæcula. […] Tout l’esprit du christianisme est là : saint Pierre est l’Adam de la nouvelle loi ; il est le père coupable et repentant des nouveaux Israélites ; sa chute nous enseigne en outre que la religion chrétienne est une religion de miséricorde, et que Jésus-Christ a établi sa loi parmi les hommes sujets à l’erreur, moins encore pour l’innocence que pour le repentir. […] Il lui prédit qu’il aura un fils, et que ce fils s’appellera Jean, qu’il sera le précurseur du Messie, et qu’il réunira le cœur des pères et des enfants .

383. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Son père qui le voyait dans une espèce d’extase, l’attribuant à la majesté du monument, lui dit: Eh bien, Henri, que penses-tu de cela ? […] Il revint chez son père. […] À peine eut-il quitté la voiture publique, que ses pas se dirigèrent vers la rue qu’avait habitée son père. […] Votre père est mort ! […] Les pères et les mères de ces oiseaux suivirent leurs petits, et vinrent s’établir dans cette nouvelle colonie.

384. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVII. La flûte d’ybilis »

Il y entra avec lui et dit au père : « Je n’ai pas de mère et je suis venue pour t’épouser ». Le père était cet enfant d’autrefois qui avait dérobé à Ybilis sa flûte.

385. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Comment annoncer cette nouvelle au père ? […] Il laisse mourir le père du jeune homme sans la consolation de voir son fils établi. […] Ils s’en confessent avec douleur à leur père. […] Le père est assis au coin du feu. […] Et, comme leurs dignes pères, ils échangent des mots désagréables.

386. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Archiloque, et Lycambe. » pp. 7-11

Le père de l’accordée en fut d’abord inondé. […] On croit, au moins, que c’est la raison pour laquelle deux autres filles de Lycambe suivirent l’exemple de leur père.

387. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — VII. La fausse fiancée »

Au moment du départ de la fiancée pour se rendre chez son mari, son père lui donna une griote comme compagne de voyage. […] Le jour que mon père m’a donnée au massa148 C’est pour que je sois celle qui couche avec le roi.

388. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Il tenait de son père pour la constitution physique ; mais, comme tant d’hommes célèbres, pour le dedans et la manière de sentir, il tenait étroitement de sa mère. […] Sa nourriture habituelle était Pascal, Fénelon, Jean-Jacques, Bernardin, Virgile, Delille, tout ce que l’éducation classique indiquait alors ; à quoi s’ajoutaient les facilités précieuses de lectures diverses que la librairie de son père lui fournissait. […] Cette personne distinguée, la même que celle qui mourut le 14 août 1823, fit ce pèlerinage, vers 1808, avec un guide jeune et prudent, qui était l’un des amis de son père et qu’elle désigne sous le nom de M. […] A la mort de son père, il avait hérité d’une modeste indépendance ; il vint à Paris pour pouvoir la contempler chaque jour à son aise jusqu’à son dernier soupir. […] De l’imprimerie de Ballanche père et fils, aux Halles de la Grenette, 1805.

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