Aux yeux du peuple, votre morale est détestable ; c’est de la petite morale, moitié vraie, moitié fausse, moitié étroite aux yeux du philosophe. […] Pendant quinze jours que je n’en ai eu aucun besoin, je ne rencontrai pas autre chose sous mes yeux. […] Il a les yeux attachés sur elle. […] Je ne vous parle ainsi, ni pour la dépriser à vos yeux, ni pour exhaler mon ressentiment. […] Pourquoi ne venez-vous pas voir ces choses de vos propres yeux ?
Un caractère généreux, poétique et chevaleresque, voilà ce qui le distinguait à nos yeux : le philosophe nous échappait d’autant plus qu’il n’existait pas même de classe de philosophie au collège de Lons-le-Saulnier. […] Quant à moi, quelques modifications que le temps ait pu apporter à mes opinions, ce seront toujours à mes yeux des jours néfastes.
Ses yeux s’animèrent peu à peu, un nuage comme voluptueux chargea sa paupière, un trouble né d’un souvenir agita son beau sein, des larmes suivirent, et une longue rêverie qui dura toute une heure. […] Si nous n’étions qu’une racine, une tige, ou même une corolle brillante aux yeux, aurions-nous à nous vanter de tels mystères ?
Puis, lorsqu’elle eut compris que pour motif secret Je n’avais, après tout, qu’un honnête intérêt, Elle me l’envoya seule ; et l’enfant timide Entrait, me regardait de son grand œil humide, Puis sortait emportant la pièce dans sa main. […] Je pourrais bien ici faire le romanesque, Vous peindre Maria dans la couleur mauresque, Quelque gitana fière, à l’œil sombre, au front d’or ; Mais je sais peu décrire et moins mentir encor.
Toujours l’auteur se prépare à la composition par la solitude ; il s’y exalte longuement de ses souvenirs, de ses espérances, et de tout ce qui a prise sur son âme ; il se crée un monde selon son cœur, et le peuple d’êtres chéris ; le nombre en est petit ; il leur prête toutes les perfections qu’il admire, tous les défauts qu’il aime ; il les fait charmants pour lui : mais trop souvent, si son imagination insatiable ne s’arrête à temps, s’élevant à force de passion à des calculs subtils, et raisonnant sans nn sur les plus minces sentiments, il n’enfantera aux yeux des autres que des êtres fantastiques dans lesquels on ne reconnaîtra rien de réel que cet état de folle rêverie où il s’est jeté pour les produire. […] Léonide Darcey devait épouser son cousin germain, l’honnête Hollandais Van-Pôle ; mais elle se sent du dégoût pour sa pipe, sa flûte et ses gros yeux saillants ; et puis elle a remarqué la bonté et la beauté de Charles, un jour qu’il soignait avec elle son père mourant.
Ainsi Lamartine, quand une dame lui présente un album pour y écrire des vers, s’inspire de la circonstance, de l’objet qu’il a sous les yeux, et improvise cette belle comparaison : Sur cette page blanche où mes vers vont éclore, Qu’un souvenir parfois ramène votre cœur. […] C’était une cavale indomptable et rebelle, Sans frein d’acier ni rênes d’or ; Une jument sauvage à la croupe rustique, Fumante encor du sang des rois ; Mais fière, et d’un pied fort heurtant le sol antique, Libre pour la première fois ; Jamais aucune main n’avait passé sur elle Pour la flétrir et l’outrager ; Jamais ses larges flancs n’avaient porté la selle Et le harnais de l’étranger ; Tout son poil était vierge ; et, belle vagabonde, L’œil haut, la croupe en mouvement, Sur ses jarrets dressée, elle effrayait le monde Du bruit de son hennissement.
Nous voyons chaque jour se passer sous nos yeux des choses extraordinaires sans y prendre aucun intérêt ; mais nous aimons à entendre raconter des faits obscurs qui sont déjà loin de nous. […] Ainsi, à mesure que la société multiplia les besoins de la vie, les poètes apprirent qu’il ne fallait plus, comme par le passé, peindre tout aux yeux, mais voiler certaines parties du tableau.
Lisez, par exemple, cette peinture du pécheur mourant : « Enfin, au milieu de ses tristes efforts, ses yeux se fixent, ses traits changent, son visage se défigure, sa bouche livide s’entrouvre d’elle-même, tout son esprit frémit ; et, par ce dernier effort, son âme s’arrache avec regret de ce corps de boue, et se trouve seule au pied du tribunal redoutable193. » À ce tableau de l’homme impie dans la mort, joignez celui des choses du monde dans le néant. […] Le torrent des siècles qui entraîne tous les siècles, coule devant ses yeux, et il voit avec indignation de faibles mortels emportés par ce cours rapide l’insulter en passant. » L’exemple de la vanité des choses humaines, tiré du siècle de Louis XIV, qui venait de finir (et cité peut-être devant des vieillards qui en avaient vu la gloire), est bien pathétique !
Sa tête renversée appuie contre le rocher ; elle a les yeux tournés vers le ciel. […] La première fois que vous rencontrerez sous vos yeux, la Saison de l’Albane où ce peintre a fait descendre Jupiter dans les antres de Vulcain, au milieu des Amours qui forgent des traits, et que vous verrez ce dieu blessé au milieu du corps d’un de ces traits, par un petit Amour insolent, vous me direz l’effet que vous éprouverez à l’aspect de cette flèche à demi enfoncée dans le corps et dont le bois paraît à l’extérieur.
C’est à ce sujet que Chapelain lui écrivait une lettre que j’ai sous les yeux, inédite, datée du 18 janvier 1662, portant à l’adresse : M. […] […] Si j’expose à ses yeux l’objet le plus charmant, Il le regarde en juge et non pas en amant ; Et si j’offre à ses feux quelque illustre matière, À son peu de chaleur il joint trop de lumière ; Il examine trop les lois de sa prison, Et veut joindre à l’amour un peu trop de raison. […] Vous m’avez remis devant les yeux l’image d’un monde que j’avais presque oublié, et je me suis intéressé aux plaisirs et aux chagrins que vous avez exprimés dans vos ouvrages. […] Là où Fléchier n’avait songé qu’à exercer sa plume et à badiner avec ses amis sur les singularités d’un voyage extraordinaire, il se trouve nous avoir ouvert un jour sur un coin de l’ancienne France qui, à travers ce style si poli, éclate d’autant plus brusquement à nos yeux. […] Aussi, tiennent-ils la conquête de ses yeux sûre, et ne croient pas que les cœurs les plus sévères puissent tenir une demi-heure contre elle, lorsqu’elle a bien entrepris de les toucher.
Les inconvénients de ce trop de respect nous ont sauté d’abord aux yeux ; ils devraient être jugés moins sévèrement aujourd’hui que nous savons l’excès contraire et que nous sommes tombés dans le déshabillé. […] En vain le soin des Dieux et l’amour des Déesses Environna son cœur des plus douces promesses ; A l’offre du Ciel même et des divins honneurs, Il fixait sur la mer un œil mouillé de pleurs. […] J’ai sous les yeux la plupart des journaux du temps ; le Journal des Débats, le seul qui, dès ce temps-là, voulut être sévère constate lui-même l’entier triomphe : « La joie est dans le camp des romantiques, s’écrie Étienne Becquet en commençant88 ; le succès de M. […] Un espace sans borne est ouvert à mes yeux. […] Et nous lisions Homère ; et, dès la blonde aurore, Je sentais, vers la mer l’œil fixé tout le jour, Pour l’eau bleue et profonde un indicible amour, Et j’écoutais le vent sonore.
C’est un systématique qui, replié sur lui-même et les yeux obstinément fixés sur son rêve ou sur son principe, s’y enfonce chaque jour davantage, en dévide une à une les conséquences, et tient toujours sous sa main le réseau entier. […] Il est toujours dans les extrêmes, tantôt maussade et le sourcil froncé, tantôt la larme à l’œil et levant de grands bras au ciel. […] Tous les abus, tous les vices, tous les excès de raffinement et de culture, toute cette maladie sociale et morale que Rousseau flagellait en phrases d’auteur, étaient là sous leurs yeux, dans leurs cœurs, visible et manifestée par des milliers d’exemples quotidiens et domestiques. […] Il faisait voir l’aurore à des gens qui ne s’étaient jamais levés qu’à midi, le paysage à des yeux qui ne s’étaient encore arrêtés que sur des salons et des palais, le jardin naturel à des hommes qui ne s’étaient jamais promenés qu’entre des charmilles tondues et des plates-bandes rectilignes, la campagne, la solitude, la famille, le peuple, les plaisirs affectueux et simples à des citadins lassés par la sécheresse du monde, par l’excès et les complications du luxe, par la comédie uniforme que, sous cent bougies, ils jouaient tous les soirs chez eux ou chez autrui488. […] Bien mieux, c’est un imbroglio où l’action surabonde, parmi des intrigues qui se croisent, se cassent et se renouent, à travers un pêle-mêle de travestissements, de reconnaissances, de surprises, de méprises, de sauts par la fenêtre, de prises de bec et de soufflets, tout cela dans un style étincelant où chaque phrase scintille par toutes ses facettes, où les répliques semblent taillées par une main de lapidaire, où les yeux s’oublieraient à contempler les brillants multipliés du langage, si l’esprit n’était entraîné par la rapidité du dialogue et par la pétulance de l’action.
Aux yeux du philosophe, la gloire de l’esprit est la seule véritable, et il est permis de croire qu’un jour les philosophes et les savants hériteront de la gloire que, durant sa période d’antagonisme et de brutalité, l’humanité aura dû décerner aux exploits militaires. […] Quoi, vous admettriez que la matière est, parce que vos yeux et vos mains vous le disent, et vous douteriez de l’être divin, que toute votre nature proclame dès son premier fait ? […] À mes yeux, le monothéisme n’est, comme le polythéisme, qu’un âge de la religion de l’humanité. […] ne vaudrait-il pas mieux nous asseoir les uns et les autres à côté de la pauvre humanité, assise, morne et silencieuse, sur le bord du chemin poudreux, pour relever ses yeux vers le doux ciel qu’elle ne regarde plus ? […] Mais non, il n’y a que l’inflexible nature ; quand je cherche ton œil de père, je ne trouve que l’orbite vide et sans fond de l’infini, quand je cherche ton front céleste, je vais me heurter contre la voûte d’airain, qui me renvoie froidement mon amour.
Il fut créateur à son tour, comme Corneille l’avait été ; avec cette différence, que l’édifice qu’avait élevé l’un frappait les yeux par des beautés irrégulières et une pompe informe, au lieu que l’autre attachait les regards par ces belles proportions et ces formes gracieuses que le goût fait joindre à la majesté du génie. […] Quel oeil n’en est pas ébloui, et ne s’abaisse pas comme accablé de la clarté qui l’assaillit ? […] Les unes, tenant de plus près à la nature, et réveillant en nous ces premiers sentimens qu’elle nous a donnés, ont un effet aussi infaillible qu’universel, parce qu’il dépend ou de cette pitié naturelle placée dans le coeur humain pour l’adoucir et le rendre meilleur, ou bien de ce sentiment de grandeur, qui l’élève à ses propres yeux, et le soumet par l’admiration au pouvoir de la vertu. […] Tant de talens, en blessant les yeux de l’envie, attirèrent ceux d’un roi qui ne la croyait pas. […] Et si vous voulez avoir sans cesse sous les yeux des exemples de ce beau et de ce vrai, relisez sans cesse Racine.
et qu’en les Yeux du Mage inquiétant Je ne sais quel vœu vague et mortuaire existe. » René Ghil. […] — Toi, mystique chasseresse d’une autre proie, Ouvre tes yeux, ma Nuit, à ce Matin vermeil Et loue avec orgueil l’héroïque appareil Qu’au loin des jours Wagner, roi des clartés, déploie. […] Son désespoir était souvent tel, que « de nouveau il tournait les yeux vers Paris » (Tappert, Biogr. : 48) ; ou bien il allait à Berlin, faire répéter Rienzi, qu’il aurait préféré qu’on ne donnât pas, et la seule fois de sa vie, il essaya par le mensonge, la flatterie, l’hypocrisie, d’obtenir les bonnes grâces des personnes influentes, ce qui eut peu de succès, puisqu’il ne savait pas assez bien mentir (1847, — IV, 370). […] En 1847, Wagner écrit à un ami : « je doute de mes forces, bien plus que je ne me les exagère, et mes travaux actuels ne sont à mes yeux que des essais pour voir si l’opéra est possible » (Glasenapp, I, 232). […] Je sais que vous cachez la perfide à mes yeux !
A certains passages des Béatitudes, tous les cœurs se sont émus, des larmes sont montées à bien des yeux. […] Les problèmes politiques et sociaux le passionnaient, mais en tant seulement qu’ils offraient quelque chose de saisissable, et surtout quelque rapport à l’avenir de l’art : « Nous n’aurons un art que le jour où l’on ne fera plus de politique » disait-il (IV, 377, VIII, 137. etc.) ; il était profondément religieux, mais toute théologie lui était antipathique au plus haut degré, il lui fallait voir de ses yeux le Christ crucifié et entendre de ses oreilles le soupir poussé sur Golgotha (Bayr. […] L’œil n’est heurté ni par ce mélange de jolies figures de femmes et de laides figures d’hommes qu’on remarque ailleurs sur le devant des loges et des amphithéâtres, ni par cette succession de petites boîtes ressemblant tantôt à des tabatières, tantôt à des bonbonnières, qui divisent d’une façon si peu gracieuse les divers groupes de spectateurs. […] Voici la luxurieuse séduction des visages féminins, une blanche floraison d’appels ; une symphonie de languides yeux, de descendantes lignes chaudes, et de rondes clartés, Parsifal ; et voici l’étonnante sonate, chef-d’œuvre de l’artiste, suprême ravissement, les onduleux contours de nymphes, dans une tranquille lumière épanouie, et plus loin, sur un horizon où pointent d’angoissantes ténèbres, la fugitive figure assombrie d’un héros, Siegfried et les Filles du Rhin. […] L’analyse de son buste nous fait voir dans le front, dans les yeux, dans le menton, dans la bouche surtout, si minutieusement étudiée, les lignes caractéristiques essentielles.
Mais tout cédait alors, aux yeux du pape, devant la grandeur du devoir et du péril. […] … « Il a levé la tête, ce puissant qui te porte si grande haine ; il a tenu conseil pour notre ruine, et contre nous ont machiné ceux qui assistaient à ce conseil : Venez, ont-ils dit ; et, sur la mer houleuse, faisons un grand lac de leur sang ; détruisons cette race et le nom du Christ avec elle ; et, partageant leurs dépouilles, rassasions nos yeux de leur mort. […] « Leurs yeux, qui virent la beauté de ta face, que regarderont-ils encore, qui ne leur soit ennui ? […] levez les yeux vers la sphère éternelle ; vous dédaignerez les aspects de cette vie menteuse, et tout ce qu’elle craint, et tout ce qu’elle espère. […] Il faut l’avouer cependant : la différence saisie par un tel maître échappe à des yeux plus faibles ; et, dans cette périlleuse carrière du mysticisme, la suspension de l’âme humaine pour laisser place à Dieu seul, l’amour contemplatif porté jusqu’à l’extase, sans tomber dans le quiétisme, sont pour nous une douteuse énigme.
Si vous êtes tout-puissant, de plus zélés que vous, et quelquefois de plus clairvoyants, iront jusqu’à chercher dans le blanc de vos yeux pour y lire vos arrière-pensées et vos désirs ; Quand un roi veut le crime, il est vite obéi. […] Elle en poliça tout ce qu’elle put, tout ce qu’il lui fut donné de voir et d’atteindre de ce grand corps par elle-même et de ses propres yeux. […] En vain l’on dirait qu’elle n’y mettait pas grande importance, politiquement parlant ; que dans cette suite de favoris venant à la file, dont on sait les noms et le numéro d’ordre, depuis Soltikoff, depuis Orlof jusqu’à Zoubof, elle sut garder pour ministres investis de sa confiance les serviteurs habiles, fussent-ils même disgraciés à ses yeux à titre d’amants, et qu’elle ne prit, entre ceux-ci, pour serviteurs de l’État, que ceux qui en étaient réellement capables.
Pâle, l’œil égaré, à demi couché dans sa litière, promenant ses doigts mal assurés sur sa lyre, le lâche fanfaron de crime pouvait bien déjà demander des roses et du falerne, mais ce devait être d’une voix troublée qui trahissait l’ivresse et le remords. […] Hugo le fait surtout par inadvertance et illusion ; c’est une sorte de simplicité enfantine qui se laisse prendre par les yeux. […] Hugo lui-même : … D’un cri de liberté Jamais comme mon cœur mon vers n’a palpité ; Jamais le rythme heureux, la cadence constante, N’ont traduit ma pensée au gré de mon attente ; Jamais les pleurs réels à mes yeux arrachés N’ont pu mouiller ces chants de ma veine épanchés ?
Achille Murat ont replacé sous nos yeux la constitution des États-Unis qui, durant les années précédentes, était plutôt admirée de loin qu’analysée en connaissance de cause. […] Mais à travers cette occupation spéciale, une autre idée d’observation plus étendue ne les avait pas quittés ; ils s’étaient attachés à étudier les divers ressorts du grand ensemble qu’ils avaient sous les yeux, et leur tâche officielle dignement remplie, ils viennent de nous reproduire la double face de la civilisation américaine tout entière, l’un, M. de Beaumont, la société civile et les mœurs dans le roman de Marie ; l’autre, M. de Tocqueville, la société politique et les lois, dans l’ouvrage que nous annonçons. […] Les choses flatteuses que vous avez bien voulu dire sur mon ouvrage m’auraient causé beaucoup d’orgueil et de joie, de quelque part qu’elles vinssent ; mais le nom de l’auteur de l’article ajoute encore à mes yeux un nouveau prix à ce que contient d’aimable l’aracle même.
Il est d’ailleurs en bronze florentin, comme le Chanteur sculpté qu’il lui a plu d’animer dans le Passant, et ce teint brun avive le gris bleu de ses yeux résolus et caressants, bien encadrés par l’arcade des sourcils. […] peu de chose : Des couples de pioupious qui s’en vont par les champs, Côte à côte épluchant l’écorce des baguettes ; l’éléphant du Jardin des Plantes tendant sa trompe pour « engloutir les nombreux pains de seigle » ; une classe d’école où l’on voit tous les yeux épier Un hanneton captif marchant sur du papier. […] Les modèles étant sous les yeux, la moindre faute contre le goût ou l’exactitude est aussitôt saisie.
Si ton œil t’est une occasion de péché, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux entrer borgne dans la vie éternelle que d’avoir ses deux yeux, et d’être jeté dans la géhenne 874. » La cessation de la génération fut souvent considérée comme le signe et la condition du royaume de Dieu 875. […] La grande vision du royaume de Dieu, sans cesse flamboyant devant ses yeux, lui donnait le vertige.
Mais ces morceaux estimables sont absorbés par une monotonie, un appareil emphatique, qui les rendent presque ridicules aux yeux d'un Homme sensé. […] Il seroit aisé de donner une idée de son travail, en se le représentant dans son Cabinet solitaire, occupé à se monter méthodiquement l'imagination, à bander avec fatigue les ressorts de son esprit, à s'essoufler jusqu'à perdre haleine pour enfanter, selon Horace, des Sesquipedalia verba, qui se perdent en fumée, quoiqu'il ait la Patrie à ses côtés, la Justice & l'Humanité devant lui, qu'il soit environné des fantômes des malheureux, agité par la pitié, que les larmes coulent de ses yeux, que les idées se précipitent en foule, & que son ame se répande au dehors *. […] Tout ce que le torrent des âges a emporté, se reproduit à ses yeux…… Il voit la durée comme un espace immense dont il n'occupe qu'un point, il calcule les jours, les heures, les momens ; il ramasse toutes les parties, &c.
Il faut surprendre les yeux qu’on aime, quand ils s’ouvrent tout grands le matin, pour juger de la pureté de leur cristallin, sous cette lumière d’aurore, et pour bien savoir ce que c’est que la beauté de deux beaux yeux ! […] Je l’ai dit déjà, mais il faut y revenir, les hommes, pour se venger sans doute de ce qu’elle pouvait être sublime et rester femme, l’appelèrent hommasse, croyant ainsi la rapprocher d’eux ; mais elle ne l’était pas, même physiquement, quoiqu’on l’ait dit et qu’elle tînt de son père, le Suisse emphatique, ces gros traits que Gérard n’a pas craint de peindre, sentant bien que la femme, la femme idéale qui transforme et divinise tout, se retrouverait toujours en ces yeux astres, dans lesquels on ne savait ce qui brillait le plus du feu ou des larmes, et dans cette bouche si éloquemment entr’ouverte, et dans cette poitrine de Niobé, et dans ces bras d’une rondeur toute-puissante, robustes seulement pour s’attacher.
Thucydide est un historien qui a jeté sur les événements de son temps le regard clair d’un fils de Minerve aux yeux pers. […] Il l’adore tant, que ces mots de sévère et de sévérité reviennent je ne sais combien de fois à toute page de son livre et que jusqu’à l’œil, l’œil physique, en est importuné.
Ils ne l’ont vu qu’aux approches de la Révolution, quand il éclatait déjà jusque dans les yeux des plus aveugles, et qu’il les leur ouvrait, en éclatant ! […] À une certaine distance dans notre histoire, deux dates terribles, comme deux Sphinx, se regardent dans le blanc des yeux. […] Ils entrent mieux dans son petit œil… Mais jamais de grandeur, quand il les envisage !
On est vraiment étonné de ce qu’on trouve en ces deux volumes, formidablement gros à l’œil, mais, à l’esprit, pas lourds ! […] Il a vécu, de 1820 à 1873, dans la plénitude de ses facultés, la plume à la main et l’œil aux livres. […] la poudre, c’est celui qui écrit de telles choses qui l’a dans les yeux !
Mais nous disons qu’il faut chanter la vie agricole et la guerre, parce que ces choses sont grandes, magnifiques, éternelles, et qu’en multipliant les formes sous lesquelles elles se traduisent aux yeux des hommes, elles n’ont pris ni un jour, ni une heure, aussi belles et plus belles peut-être qu’aux premiers moments de la création. […] Et Thérèse, à ces mots, levant vers lui son œil, pour ses yeux, probablement, car dans le poème Thérèse n’est pas borgne.
Le poète du Paradis perdu tient une place trop éclatante dans l’Histoire littéraire de son pays pour ne pas crever les yeux, comme un soleil. […] II Tels sont les mérites qui sautent aux yeux d’abord et qui ne tardent pas à les captiver, de cette biographie critique de Milton : une simplicité mâle et une droiture saine et forte, sans aucun des contournements de la pensée moderne et des affreuses loucheries des faiseurs de philosophies de l’Histoire. […] Yeux, étoiles mortelles, si fermés vous me tuez, ouverts, que ferez-vous ?
Homme de génie, secoué par la conscience qu’il est fait pour le commandement, et d’une ambition tellement effrénée qu’elle en est épouvantablement maladroite et qu’elle en devient un jour presque sacrilège, il a, ainsi que le dit un des personnages du roman, la folie de la mitre, comme il aurait dû avoir la folie de la croix, et c’est cette folie de la mitre qui en fait, tout le long du roman, le furibond torrent de haine et de colère humaine que le prêtre ne peut endiguer, mais dont l’Église, à la fin et malgré tout, s’empare, parce qu’elle a reconnu, elle, le lynx divin, aux yeux maternels, que cette tempête d’homme assagi par elle peut avoir, un jour, vertu d’archevêque, et peut-être de Pape dans l’avenir… Le livre de Ferdinand Fabre, dont je viens de dire la conclusion, est, au fond, — si vous en ôtez deux ou trois nuances d’opinion que je n’y voudrais pas voir parce qu’elles blessent mon catholicisme, — un livre écrit à la gloire du prêtre et de l’Église, de cette Église à qui ses ennemis voudraient de petites vertus dont ils pussent se moquer, et non de grandes, devant lesquelles ils tremblent ! […] Les passions de son abbé Tigrane, très coupables certainement pour un prêtre, n’impliquent au moins aux yeux du monde aucune bassesse. […] L’auteur du Tigrane a dû vivre parmi les prêtres à quelque époque que ce soit de sa vie, car il en parle tous les langages comme s’il les avait appris, et il en exprime les faiblesses — plus ou moins honteuses — comme s’il les avait vues de ses propres yeux… Assurément, il a le mépris intelligent du clergé français assez médiocre dans sa masse flottante, ne croyant, là comme ailleurs, qu’à l’individualité et qu’à l’exception ; mais pourtant il ne hait point le prêtre comme un autre observateur et un autre artiste, Stendhal, qui fut aussi toute sa vie magnétisé par le sublime type du prêtre, la seule grande poésie, avec le soldat, qui soit restée à notre misérable temps.
Comme tous les Infatués de ce temps-ci, qui s’aiment dans le siècle, il peut se tromper et il se trompe sur la beauté de la vie moderne, qui n’est, à mes yeux, que plate et laide ; mais il s’efforce toujours d’en faire bomber les platitudes et d’en pousser jusqu’à l’horrible les laideurs. […] Quelque Narcisse qu’on puisse être, et quelque plaisir orgueilleux qu’on prenne à se regarder dans les autres, devenus des miroirs flatteurs, on finit par se fatiguer et par s’inquiéter d’une répercussion si complète et si fidèle de son moi… On est moins soi-même à ses propres yeux. […] Mendès, ce pandémonium de chimères où les monstres alternent avec les plus difformes caricatures, qui ne sont pas la vérité non plus ; tous sont tellement pétris et tripotés dans l’hyperbole et dans l’impossible, que Victor Hugo lui-même, malgré ses fameux yeux qui grossissent tout ce qu’ils regardent, déconcerté par un tel spectacle, serait bien capable de dire à la fin qu’une telle société de monstres n’existe pas.
Edgar Poe, le poète et le conteur américain, est à nos yeux le Bohême accompli, le Bohême élevé à sa plus haute puissance. […] Elle vient d’une grande chose, de la foi qui lui montre l’enfer à œil nu et de l’indignité sentie, qui lui dit qu’il y peut tomber, tandis que la peur d’Edgar Poe est la peur de l’enfant ou du lâche d’esprit, fasciné par ce que la mort, qui garde le secret de l’autre monde, quand la religion ne nous le dit pas, a d’inconnu, de ténébreux, de froid. […] A nos yeux, à nous qui ne croyons pas que l’Art soit le but principal de la vie et que l’esthétique doive un jour gouverner le monde, ce n’est pas là une si grande perte qu’un homme de génie ; mais nul n’est dispensé d’être une créature morale et bienfaisante, un homme du devoir social ; c’est là une perte qu’on ne rachète point !
Ils l’ont peint comme un esprit souple et puissant, qui, malgré les ennemis et les rivaux, parvint aux premières places, et s’y soutint malgré les factions ; qui opposait sans cesse le génie à la haine, et l’activité aux complots ; qui, environné de ses ennemis, qu’il fallait combattre, avait en même temps les yeux ouverts sur tous les peuples ; qui saisissait d’un coup d’œil la marche des États, les intérêts des rois, les intérêts cachés des ministres, les jalousies sourdes ; qui dirigeait tous les événements par les passions ; qui, par des voies différentes, marchant toujours au même but, distribuait à son gré le mouvez ment ou le repos, calmait la France et bouleversait l’Europe ; qui, dans son grand projet de combattre l’Autriche, sut opposer la Hollande à l’Espagne, la Suède à l’Empire, l’Allemagne à l’Allemagne, et l’Italie à l’Italie ; qui, enfin, achetait partout des alliés, des généraux et des armées, et soudoyait, d’un bout de l’Europe à l’autre, la haine et l’intérêt. […] Ils conviennent enfin que peut-être dans de vastes empires, tels que la Chine et la Russie, où, entre la capitale et les provinces, il y a quelquefois douze cents lieues de distance, la réaction du centre aux extrémités doit être souvent arrêtée dans sa course ; qu’ainsi il pourrait être utile d’y rassembler dans une cour tous les grands comme des otages de l’obéissance publique et de la leur : mais ils demandent s’il en est de même dans les petits États de l’Europe, où le maître est toujours sous l’œil de la nation, et la nation sous l’œil du maître, et où l’autorité inévitable et prompte peut à chaque instant tomber sur le coupable.
Quand donc saurais-je faire Du spectacle vivant de ma triste misère Le travail de mes mains et l’amour de mes yeux ? […] La beauté qui hait le mouvement, ses larges yeux aux clartés éternelles, appartiennent au même ordre que la froide majesté de la femme stérile. […] Mais c’était une nature ultra-féminine, coquette, mobile et rêveuse, avec de magnifiques yeux. […] « Il y a des formes pour l’esprit, comme il y a des formes pour les yeux ; la langue qui parle aux yeux n’est pas celle qui parle à l’esprit. […] Cela lui ouvre à demi les yeux que jusqu’alors cette ivresse même tenait fermés.
On l’a vue récemment lire le Lac de Lamartine dans la posture du valet de chambre, du groom et du plongeur, quand à la porte de tels numéros ils occupent d’un œil le trou suggestif de la serrure. […] Ils ont voulu éveiller l’action de l’œil ou de l’esprit, leur faire créer ou construire, au lieu de leur donner quelque chose de créé et de construit. […] L’art eut à leurs yeux sa terre de légende. […] Torse ou tète seule que l’on prend et que l’on retourne comme une pièce rare, ainsi que lui-même, par ces vers, recueille dans ses mains et choie sous ses yeux une tête de femme, trésor. […] On dirait que son regard étrange, son œil fin de diamant méditatif et mobile, pénètre dans le papier jusqu’aux racines du mot, qu’en elles il s’ingénie et se perd.
Si la cité des hommes offense ses yeux, il n’a qu’à les élever vers la cité céleste. […] Cependant tous les germes n’en sont pas détruits ; un œil attentif les découvre même sous Louis XIV. […] Cependant c’est la vaine beauté d’une rose devant l’œil qui ne s’ouvre plus. […] Si quelque lueur inespérée de bonheur brille un instant à ses yeux, elle s’évanouit bientôt. […] Sans doute, à ses yeux, la créature n’est pas dénuée de tout secours pour arriver au vrai.
» et « les beaux yeux de la cassette » sont passés dans la conversation courante. […] — Devant mes yeux, Seigneur, a passé votre enfance. […] Molière l’imite une fois, mais d’ordinaire il n’aime qu’à jeter sur la scène un personnage observé de près, qu’il a vu de ses yeux. […] Tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu’on renonce au monde pour lui et qu’on n’ait plus d’yeux pour personne ? […] Il ne s’agit pas de se fermer les yeux.
Le drame de l’univers est à ses yeux l’épopée, tour à tour triomphante ou désespérée, de la Science et de la Vertu. […] J’ai les yeux secs comme un marbre. […] La robe de cette femme flotte devant les yeux de Frédéric et l’empêche d’aimer vraiment ses maîtresses. […] Laissez s’en aller nos yeux vers tous les horizons ! […] Malgré vos grands yeux de sphinx, vous avez vu le monde à travers une couleur d’or.