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691. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

» Et confondant un moment ses douleurs avec celles du maître, mêlant ses larmes aux siennes à l’occasion de la mort de M. de Luxembourg : « Soyons hommes et point philosophes, lui disait-il, malheureux même s’il le faut, pour être plus humains !  […] Écoutons Deleyre et sa confession en vue de la mort : « La France où je suis né est tombée de la corruption des mœurs sous le joug du despotisme. […] Si j’espérais encore y être utile, je la regretterais ; mais de quelque côté que je m’envisage, tout m’invite à désirer la mort. […] Il continue ainsi : « Ce mot de vos paysans, en montrant les ruines d’un village que la fièvre a détruit : La mort y a passé, ce mot m’a fait frémir. […] En vérité, il ne faut qu’une cabane dans un séjour d’apparition où nous ne sommes que des Ombres occupées à en voir passer d’autres, et où les mots d’établissement, de projets, de gloire, de grandeurs, ne peuvent exciter que la pitié. » Et tout à coup, une autre fois, à propos de la mort ou de la maladie de quelques membres de l’Académie, Condillac, Watelet, M. de Beauvau : « Mon ami, je regarde nos quarante fauteuils comme quarante tombes qui se pressent les unes contre les autres. » Mais ceci tourne à l’imagination funèbre et devient trop effrayant.

692. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Il aime des femmes de tous les types et de tous les genres de beauté dans tous les pays du monde : Aziyadé, Rarahu, Pasquala, Fatougaye : et chaque fois il connaît l’orgueil et le délice d’être aimé absolument, jusqu’à la mort. […] Et ce qui augmente encore son trouble, c’est le mystère de cette race maorie qui vient on ne sait d’où, qui passe sa vie à rêver et à faire l’amour, qui n’a pour toute religion qu’une vague croyance aux esprits des morts ; de cette race voluptueuse et songeuse qui vit dans une nature trop belle, mais muette, où il n’y a pas d’oiseaux, où l’on n’entend que le bruit des flots et du vent ; de cette race sans histoire qui va décroissant et s’éteignant d’année en année et qui mourra d’avoir été trop heureuse… Et cependant la reine Pomaré donne un bal dans ses salons aux officiers de marine. […] Et vous vous rappelez l’abominable dénouement : la bataille des spahis et des nègres, la mort de Jean, de Fatou-gaye et de leur enfant, cette hideuse éclaboussure de sang dans l’enchevêtrement des grands végétaux éclairés à cru et qui ont, eux aussi, l’air vénéneux et féroce… IV De cet exotisme voluptueux et triste dérivent certains sentiments très grands, très simples, éternels, par lesquels se prolongent et s’approfondissent les sensations notées. […] A chaque instant l’idée de la mort les assombrit. Elle surgit naturellement, toute spontanée et toute nue, et l’effet en est toujours très puissant, car, nous avons beau faire, rien n’est plus triste, ni plus effrayant, ni plus incompréhensible que la mort.

693. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

dit le démiurge, les morts ressusciteront. […] Mais il dévalise sans scrupule les livres où il passe et il remplit ses volumes de bibelots disparates pris à toutes sortes de morts plus vivants que lui. […] De telles notes, restent longtemps claires pour qui les prit, mais elles font pour le lecteur un chaos lourd et mort. […] Godard nous informe que « le poète Louis Le Cardonnel est mort fou ». […] Il s’est fait ordonner prêtre, ce qui, je suppose, n’apparaît mort ni folie à aucun catholique.

694. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Que l’amour, plus fort que la mort, soit aussi plus fort que le mépris, ce phénomène humiliant est prouvé par d’innombrables exemples. […] La Princesse Georges L’égalité de l’homme et de la femme devant l’adultère, le droit de mort donné à l’épouse trahie, aussi bien qu’au mari trompé : telle est l’idée que M.  […] Elle lui dit mille choses touchantes et poignantes : qu’il est à elle, qu’elle le garde, qu’elle ne saurait vivre sans lui, qu’elle l’aimerait mieux mort qu’infidèle. […] Ses diamants lui tiennent à la peau, ainsi qu’elle le dit elle-même, « comme les taches de la panthère tiennent à sa robe… Elle veut briller, elle veut resplendir, exploiter le monde et en jouir, vivre dans le rayonnement dont l’or entoure la beauté suprême ; et, pour atteindre ce but, elle marchera, d’un pas tranquille, à travers la ruine, la mort et le désespoir de toutes les existences qu’elle traversera. […] Mais ce marcassin est aussi jaloux, comme un tigre ; la polygamie est un cas de mort pour ce monogame.

695. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Née en 1685, fille du duc de Savoie, qui lui transmit de son habileté et peut-être de sa ruse, petite-fille par sa mère de cette aimable Henriette d’Angleterre dont Bossuet a immortalisé la mort, et dont elle semblait ressusciter le charme, elle vint en France à l’âge de onze ans, pour y épouser le duc de Bourgogne qui en avait treize (1696). […] La Fare, dans ses mémoires écrits vers 1699, a très bien remarqué que depuis la mort de Madame Henriette, duchesse d’Orléans (1670), le goût des choses de l’esprit avait fort baissé dans cette cour brillante de Louis XIV : « Il est certain, dit-il, qu’en perdant cette princesse, la Cour perdait la seule personne de son rang qui était capable d’aimer et de distinguer le mérite ; et ce n’a été, depuis sa mort, que jeu, confusion et impolitesse. » Voltaire, qui voit le siècle de Louis XIV à travers le prisme de son enfance, se récrie contre une telle assertion. […] Ceux qui l’ont jugée avec le plus de sévérité conviennent d’ailleurs qu’elle se corrigea avec l’âge, et que sa volonté, son rare esprit, le sentiment du rang qu’elle allait tenir, triomphèrent, sur la fin, de ses impétuosités premières et de ses pétulances : Trois ans avant sa mort (écrit la duchesse d’Orléans, mère du Régent, honnête et terrible femme qui dit crûment toute chose), la Dauphine s’était entièrement changée à son avantage ; elle ne faisait plus d’escapade, et ne buvait plus à l’excès. […] À l’article de la mort, ayant à faire sa confession générale, la duchesse de Bourgogne refusa tout net le père de La Rue, son confesseur ordinaire, et en désira un autre. […] Le roi, ajoute l’historien, eut la preuve de cette perfidie par les lettres qu’il trouva dans la cassette de la princesse après sa mort : « La petite coquine, dit-il à Mme de Maintenon, nous trompait.

696. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

» Le malheur voulut que Patru, à son retour, dix-huit mois après environ, trouvât d’Urfé mort, et la clef de toutes ces belles aventures romanesques fut à jamais perdue pour nous. […] Les séances de l’Académie se tenaient encore à l’hôtel du chancelier Séguier, qui en était protecteur depuis la mort de Richelieu. […] À la mort de l’académicien Conrart (1675), un grand seigneur, qui n’avait d’autre titre que sa naissance, eut l’idée de se présenter pour la place vacante. […] Patru, qui était une des lumières de l’Académie, dit Furetière dans un de ses factums, s’en bannit volontairement longtemps avant sa mort, parce qu’il fut scandalisé de la longueur énorme du temps qu’on fut à disputer si la lettre A devait être qualifiée simplement voyelle, ou si c’était un substantif masculin. […] Amédée de Bast, sur les dernières années et la mort de Patru (10 et 14 mai 1846) : le curieux auteur, que j’ai lu avec intérêt, entre dans beaucoup de détails dont plus d’un a de la nouveauté et serait à citer : je voudrais seulement que M. de Bast, s’il fait réimprimer ces articles, indiquât, dans le récit qu’il a voulu dramatiser, les parties tout à fait exactes et historiques.

697. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rolland, Amédée (1829-1868) »

. — La Comédie de la mort (1866). […] Bersier Il y a, dans son Poème de la mort, au milieu de beaucoup d’enflure et de déclamation, quelques tableaux sincères et frappants, les uns par l’énergie, les autres par le genre.

698. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 189

Autreau, [Jacques] mort à Paris, la patrie, en 1745, dans un âge fort avancé. Il fut Peintre & Poëte, deux titres suffisans pour écarter la fortune ; aussi vécut-il dans la misere, & mourut-il à l’Hôpital des Incurables, où il conserva jusqu’à la mort la manie de faire des vers.

699. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 367

Bourzeis, [Amable de] Abbé de Saint Martin, de l’Académie Françoise, né près de Riom en Auvergne en 1606, mort à Paris en 1672. […] Boutard, [François] Abbé de Bois-Groland, de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, né à Troie, mort à Paris en 1729, âgé de 75 ans.

700. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

C’est qu’on songe toujours au spiritualisme officiel, insincère, figé, mort, de Victor Cousin et des Manuels de philosophie. […] Le poète vient de nous dire que « sa fenêtre est tournée vers le champ des tombeaux », où l’herbe couvre le sommeil des morts ; que « plus d’une fleur nuance ce voile » et que, là, tout parle d’espérance et de réveil. […] La Pensée des morts, d’une si mélancolique tendresse, dit la perpétuité du lien entre les morts et les vivants et somme Dieu d’être clément au nom même de sa justice et de sa grandeur. […] Jocelyn cède : il est ordonné prêtre par l’évêque dans son cachot, afin de pouvoir à son tour lui donner les derniers sacrements et une mort sainte. […] Mais rien, dans les Harmonies même, ne dépasse le Cantique sur la mort de la duchesse de Broglie, Utopie, la Cloche du village, la Femme, la Marseillaise de la paix, la Réponse à Némésis, le Désert, la Vigne et la Maison, les vers À M. de Virieu après la mort d’un ami commun.

701. (1902) Le critique mort jeune

Laissez reposer les morts ! […] Depuis longtemps le pauvre René-Marc Ferry est mort et sa Minerva aussi. […] et que je te désire sous ce pâle et sous ce rouge de la mort !  […] La mort de l’intelligence est à la fin de ces excitations. […] (La nouvelle de la mort prématurée de M. 

702. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Le lendemain de la mort en est la destruction complète. […] Il l’épousa en effet, mais en 1850 seulement, à la veille de sa mort. […] La statistique des autopsies démontre que sur cent personnes mortes de mort violente, quatre-vingts portent la trace d’une tuberculose, latente ou guérie. […] Lauze de Perret ne vota pas la mort du Roi. […] La mort ne m’effraie pas.

703. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Hamlet aussi, dans Shakespeare, regarde la mort face à face, à travers les orbites du crâne d’Yorick, et il a peur. […] Bardoux : « Quand je la connus », dit-il, « elle était déjà frappée de mort. […] La mort même ne devait pas l’interrompre. […] Il ne lui semble pas, et il ne semble pas non plus à ses amis, que la mort le séparera de nous. […] La définition seule de son principe suffirait à rendre raison de cette mort.‌

704. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Le drôle souhaitera ma mort, je m’y attends bien, ou il ne sera pas mon fils ». […] À ce moment, ce cœur tant opprimé triomphe, sentant que la mort est peu de chose, et jouissant du courage qui l’élève au-dessus des menaces et de la mort. […] Il est né avec Malherbe, il est mort avec Delille. […] Il s’affaissa ; il était mort. […] Non seulement la vie est un mal, mais c’est un mal où l’on retombe après la mort.

705. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

Polycrate mort, il est appelé à Athènes par les fils de Pisistrate ; et quand Hipparque tombe sous les coups d’Harmodius et d’Aristogiton, quand se prépare la délivrance d’Athènes, Anacréon, qui ne croit pas apparemment que les myrtes fleurissent pour cacher des poignards, ni que le plaisir soit le doux enfant de la liberté, s’en retourne bien vite à Téos, d’où il s’enfuit encore à la vue de l’Ionie soulevée contre Darius. […] C’est là que la tradition le fait mourir, étranglé par un pépin de raisin, genre de mort anacréontique s’il en fut jamais. […] Je dis la ressemblance, et non pas l’imitation : le gentil maître Clément, en effet, ne connaissait point le poëte grec, dont la première édition ne fut donnée par Henri Estienne qu’en 1554, et Marot était mort dix ans plus tôt.

706. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 3, que le merite principal des poëmes et des tableaux consiste à imiter les objets qui auroient excité en nous des passions réelles. Les passions que ces imitations font naître en nous ne sont que superficielles » pp. 25-33

Voilà pourquoi nous regardons avec contentement les peintures dont le merite consiste à mettre sous nos yeux des avantures si funestes, qu’elles nous auroient fait horreur si nous les avions vûës veritablement, car comme le dit Aristote dans sa poëtique : des monstres et des hommes morts ou mourants que nous n’oserions regarder ou que nous ne verrions qu’avec horreur, nous les voïons avec plaisir imitez dans les ouvrages des peintres. […] Une mort telle que la mort de Phédre : une jeune princesse expirante avec des convulsions affreuses, en s’accusant elle-même des crimes atroces dont elle s’est punie par le poison, seroit un objet à fuir.

707. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 308

Blondel, [David] Ministre Protestant, né à Châlons en 1581, mort à Amsterdam en 1655, Auteur de plusieurs Ouvrages pleins de recherches, mais mal écrits. […] Blondel, [François] Professeur Royal de Mathématiques & d’Architecture, de l’Académie des Sciences, mort à Paris en 1686, âgé de 68 ans, cultiva les Belles-Lettres, mais ne se distingua que dans les Sciences.

708. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 445

Cassandre, [François] mort en 1695, savant Littérateur, qui a achevé la Traduction de l’Histoire de M. […] Il eut même beaucoup de peine, au lit de la mort, à comprendre qu’il devoit aimer Dieu ; aussi répondit-il à ceux qui l’y exhortoient : Ah, oui !

709. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 50

CORROZET, [Gilles] Imprimeur-Libraire, né à Paris en 1510, mort dans la même ville en 1558. A force d’imprimer & de vendre des Vers, il prit du goût pour la Poésie, & devint un sectateur si opiniâtre des Muses, qu’il fit des Vers jusqu’à sa mort.

710. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 206

MARCA, [Pierre de] Archevêque de Toulouse, né à Gand dans le Béarn en 1594, mort à Paris en 1662. […] M. de Marca fut nommé à l’Archevêché de Paris, sur la démission du Cardinal de Retz ; mais il mourut au moment qu’il alloit en prendre possession, ce qui donna lieu à cette mauvaise épitaphe qu’on se plaît trop souvent à répéter : Ci-gît Monsieur de Marca, Que le Roi sagement marqua Pour le Prélat de son Eglise ; Mais la Mort qui le remarqua, Et qui se plaît à la surprise, Tout aussi-tôt le démarqua.

711. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 386

Tristan l'Hermite, [François] de l’Académie Françoise, né à Soliers, dans la Marche, en 1601, mort à Paris en 1655. […] O Dieux, qui d’un si rare effort, Mîtes tant de vertus en elle, Détournez un si mauvais sort ; Qu’elle ne soit point infidelle : Et faites plutôt que la Belle Vienne à soupirer de ma mort, Que non pas d’une amour nouvelle !

712. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Quand on a lu cette mort dans le Phédon, on se sent comme un air de joie et de fête dans l’âme ; on croit sortir d’un banquet au lieu de sortir d’un supplice. […] Il met, comme partout dans ses Dialogues, ses idées dans la bouche de Socrate ; mais il est évident que c’est pour leur donner l’autorité du philosophe mort. […] Il raconte la descente aux enfers d’un Arménien laissé pour mort sur un champ de bataille et qui revient, après dix jours, raconter ce qu’il a vu des supplices des morts. […] Société où les vieillards, hommes, femmes, déshérités de leur providence à eux, qui est la reconnaissance et la tendresse de leurs enfants, seraient condamnés à mort pour leur infirmité et pour leur faiblesse ; comme les enfants mal nés, condamnés à être égarés dans les lieux sombres ! […] Xénophon insinue même formellement que Socrate fut bien moins condamné à mort pour ses audaces contre la religion de l’État, que pour n’avoir pas voulu partager assez les rancunes des factions populaires qui lui reprochaient son indifférence politique.

713. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

On en doit parler comme d’un mort. […] Même dans les autres pièces où la mort de cet enfant vibre encore de temps en temps d’une manière délicieuse et touchante, l’exagération, le blasphème, la folie, la sottise, hélas ! […] Une Critique qui a du cœur souffre plus qu’on ne croit des morts qu’elle est tenue de constater ! […] Hugo, que je croyais mort, mais qui sont, tous deux, d’une inspiration insensée, et qu’il faut renvoyer… aux Contemplations ! […] Les uns sont morts, comme Alfred de Musset, dont la poésie était morte, même avant lui.

714. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 178

Aubery, [Antoine] Avocat au Parlement de Paris, né en 1616, mort en 1695. […] On connoît un autre Aubery, sieur du Maurier, mort en 1667, par des Mémoires pour servir à l’Histoire de Hollande ; Ouvrage où la vérité est dite avec courage & fermeté, & dont plusieurs Historiens ont tiré le plus grand parti.

715. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

s’écriait-il dans sa violence de désir ; et la mort après ! et la mort avec !  […] La seconde de ces élégies est de toute beauté, dans la première moitié surtout, où s’exhale une si poignante douleur, où le poète va demander au grand spectacle d’une nature bouleversée, à ce qu’on appelle le pays brûlé de l’île, l’impression muette et morne à laquelle il aspire et qu’il s’indigne de ne point éprouver : Tout se tait, tout est mort. […] Il y a de lui quelques petites pièces qui seraient de parfaites épigrammes au sens antique : Vers gravés sur un oranger… Au gazon foulé par Eléonore… Réflexion amoureuse…, mais surtout les vers Sur la mort d’une jeune fille, le chef-d’œuvre des modernes épigrammes à inscrire sur une tombe : Son âge échappait à l’enfance ; Riante comme l’Innocence, Elle avait les traits de l’Amour. […] C’est un ouragan de jeunes filles ; tant plus de mortes !

716. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Concevons-nous que le Parthénon et les Propylées, les statues de Phidias, les dialogues de Platon, les sanglantes satires d’Aristophane aient été l’œuvre d’une époque fort ressemblante à 1793, d’un état politique qui entraînait, proportion gardée, plus de morts violentes que notre première révolution à son paroxysme ? […] Quand quelques millions d’hommes seront morts de faim, quand des milliers se seront dévorés les uns les autres, quand la tête des autres, égarée par ces funèbres scènes, sera lancée hors des voies de l’ordinaire, alors on recommencera à vivre. […] Mais, quoi que vous fassiez, je vous défie de croire ; je vous défie d’engourdir l’esprit humain sous un charme éternel, je vous défie de lui persuader de ne rien faire, de rester immobile pour ne rien risquer ; car cela c’est la mort. […] Le monde croulerait qu’il faudrait philosopher encore, et j’ai la confiance que si jamais notre planète est victime d’un nouveau cataclysme, à ce moment redoutable, il se trouvera encore des âmes d’hommes qui, au milieu du bouleversement et du chaos, auront une pensée désintéressée et scientifique et qui, oubliant leur mort prochaine, discuteront le phénomène et chercheront à en tirer des conséquences pour le système général des choses 188. […] Une des plus nobles morts qui se puissent imaginer est celle du curieux, indifférent à sa fin pour n’être attentif qu’à la levée de rideau qui va se faire et aux grands problèmes qui vont se dénouer pour lui.

717. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Préface La fatalité qui a poursuivi Furetière pendant sa vie s’est attachée après sa mort à ses écrits. […] Néanmoins le recueil en deux tomes imprimé en Hollande, après sa mort (Amsterdam, Henri Desbordes, 1694, in-12), en contient quelque partie, notamment le Dialogue de M.  […] Lui mort, ses ennemis s’empressèrent de profiter de l’avantage vulgaire acquis au dernier qui parle. […] Voici comment le fait est rapporté dans le Bolæana (p. 68) : « À la mort de Furetière, il fut délibéré dans l’Académie si l’on feroit un service au défunt, selon l’usage pratiqué dès son établissement. […] À l’égard de Dieu, il vous saura sans doute très bon gré de lui sacrifier votre ressentiment et de lui offrir des prières pour un mort qui en auroit besoin plus qu’un autre, quand il ne seroit coupable que de l’animosité qu’il a montrée contre vous.

718. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Là aussi, comme ailleurs, le génie, de son vivant, fut quelquefois puni de sa célébrité ; mais souvent il reçut des récompenses éclatantes ; et, toujours après sa mort, on lui prodigua, pour l’honorer, les inscriptions, les statues, les mausolées et les éloges. […] Cet artiste fameux était mort à Rome, et le pape voulait le faire enterrer avec la plus grande pompe, dans l’église de Saint-Pierre, qu’il avait contribué à embellir par son génie82 ; mais Florence, sa patrie, ne put consentir à le céder. […] Ce qui nous le ferait croire, c’est qu’il loua encore le tyran après sa mort. […] Il est adressé au fils du mort, et voici comme il commence : « Milord ! […] Ma muse, tu le sais, dès longtemps s’est chargée du double emploi de louer le mérite mort, d’humilier l’orgueil vivant.

719. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

La légende païenne lui attribuait d’avoir dissipé des contagions funestes, ressuscité des morts, et, ce qui était plus vraisemblable, guéri par l’harmonie des mélancoliques et des insensés. […] Comme l’école pythagoricienne, et dans les mêmes termes, il promettait que l’homme deviendrait dieu après la mort. […] Tu rappelleras de « l’enfer l’âme de l’homme dissous par la mort ». […] Loin donc de triompher, comme Lucrèce, de la faiblesse de l’homme, de ses souffrances physiques, de son déclin moral, de sa mort successive et complète, elle se plaît à montrer quelque chose au-delà de ces ruines qu’elle décrit : Des mains, dit-il, propres à l’action, sont adaptées au reste du corps ; mais surviennent de rudes accidents qui hébètent l’intelligence. […] Lorsque, séparé du corps, tu viendras dans le milieu libre de l’air, tu seras dieu impérissable, incorruptible, non plus soumis à la mort. » Quelle que soit l’élévation de cette morale, on sent cependant ce qui peut y manquer.

720. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Ainsi se rattachent nos Bacchanales à la Danse des Morts. […] On le rencontrait dans l’escalier porté par un domestique à l’état de ruine, d’ombre, de mort. […] Et Baudry de conter ce joli mot de Henri Heine, à son lit de mort. […] * * * — La mort pour certains hommes n’est pas seulement la mort, elle est la fin du propriétaire ! […] On cause de Vigny, le mort du jour.

721. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Je les ai suivis dans l’atelier où ils venaient donner des renseignements, sur un nommé Soumy, un mort de leurs amis. […] Eh bien, maintenant, le vrai qui est mort ne nous dit plus rien. […] Cela semble le palais de l’Économie, que ce château, où est mort l’auteur des Œconomies royales. […] Il est mort en disant que « c’était vraiment dommage !  […] Trélat n’était mort.

722. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Du reste, il est mort en digne évêque. […] Il est mort dans la même ville, & enterré à saint Jean en Grève. […] Sa mort les servit mal : le trouble augmenta. […] Son testament, qu’on répandit après sa mort, dans toute l’Europe, le prouve bien. […] Arnauld mort.

723. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 459

Caussin, [Nicolas] Jésuite, né à Troies en Champagne en 1580, mort à Paris en 1651, se conduisit dans la place de Confesseur de Louis XIII, avec des sentimens & une probité qui donnerent de l’ombrage au Cardinal de Richelieu. […] Ce Jésuite n’obtint qu’après la mort du Cardinal de permission de revenir à Paris.

724. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 485

PERAU, [Gabriel-Louis] Abbé, né à Paris en 1700, mort en 1767. […] M. l’Abbé Perau se chargea, après sa mort, de continuer cet Ouvrage, aussi utile que capable de contribuer à la gloire de la Nation.

725. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 360

Tour-du-pin, [Jacques-François-René de la] Prédicateur ordinaire du Roi, de l’Académie Royale de Nancy, mort en 1765, âgé de 44 ans. […] « Plans simples, & presque toujours pris dans le cœur du sujet ; style facile, uni, coulant, assez concis, mais sans sécheresse, plus délicat que recherché, ne s’élevant qu’avec les choses qu’il traite, en n’ empruntant jamais sa force que de l’énergie même des objets ; & coloris, en général, aussi doux qu’égal : voilà, dit M. de Querlon, l’idée que nous donnerions de son genre. » Nous adoptons cette idée avec d’autant plus de confiance, qu’elle est conforme à la vérité, & que le Journaliste a prononcé ce jugement après la mort de l’Auteur.

726. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Créon, le nouveau roi, ordonne que les derniers honneurs soient rendus à Étéocle, mort en combattant pour la patrie. […] Antigone, sœur du mort, ose, au mépris du décret royal, couvrir de poussière le cadavre de Polynice et faire des libations sur sa tête chérie. […] La mort est mon époux, et ce sombre tombeau             Ma chambre nuptiale. […] Loin d’être morts, ils sont pleins de vie, mais d’une vie en quelque sorte idéale. […] je suis mort !

727. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

L’ouvrier, sur le seuil de sa porte, accoste le passant, et lui demande avec des larmes dans la voix s’il est vrai que Béranger soit mort. […] Une armée entière prend position ou poste depuis la porte de la maison jusqu’à la porte de l’éternité, dans le champ des morts. […] À l’extrémité la plus reculée de la rue de Vendôme, une des rues mortes du vieux Paris, dort un de ces vastes hôtels des anciennes familles du parlement. […] Nous le ferons sans prévention, sans flatterie à la mort, sans feint enthousiasme, sans hypocrisie d’amitié, car nous avons toujours trouvé dans Béranger l’homme immensément encore au-dessus du poète. […] « J’avais », me disait-il très souvent, « une excellente tante, qui me recueillit dans sa maison après la mort de mon grand-père.

728. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Quand les jugements de la religion se régularisèrent, les coupables furent dévoués, anathématisés ; sur cette sentence, ils devaient être mis à mort. […] À sa mort, les professeurs de l’université s’étaient rassemblés chez lui, selon l’usage, pour accompagner leur collègue à sa dernière demeure. […] Genovesi (né en 1712, mort en 1769). […] Filangieri (né en 1752, mort en 1788). […] Cuoco (mort en 1822).

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