Il a pris ses affections pour celles du monde, et il a écrit d’une main assurée, à la première ligne de son ouvrage : « Virgile est un poète qui n’a pas cessé d’être en France dans l’usage et l’affection de tous. » Ceci n’est pas exact. […] , cette tradition, en saisissant la pensée de Virgile, a l’air de cette main de Dieu qui prenait par les cheveux les prophètes et les portait au bout du monde. […] L’auteur de l’Étude a donné, de sa fine main, ce petit soufflet aux idées fausses. […] Les plus fines mains n’y suffiraient pas. […] Son amour-propre, qui a dégradé les derniers moments de sa vie, lui fit tendre la main aux gros sous de la popularité, ces gros sous qu’un mépris public immérité lui jeta un jour au visage ; mais j’abaisserai moi-même un voile sur ces abaissements.
Je marque avec un crayon, sur l’exemplaire que je tiens à la main, les endroits précis où l’on rit, et de quel genre est ce rire. […] Je tenais mon exemplaire et mon crayon à la main : l’on n’a ri exactement qu’une seule fois ; c’est quand le gendre, conseiller d’état, et qui va être ministre, dit au petit cousin qu’il a lu son placet. Le spectateur rit, parce qu’il a fort bien vu le petit cousin déchirer ce placet, qu’il arrache des mains d’un laquais auquel le conseiller d’état l’a remis sans le lire.
Il était en cela conséquent avec son principe : « Si ta main ou ton pied t’est une occasion de péché, coupe-les, et jette-les loin de toi ; car il vaut mieux que tu entres boiteux ou manchot dans la vie éternelle, que d’être jeté avec tes deux pieds et tes deux mains dans la géhenne. […] » — « Seigneur, lui répond cet homme, laisse-moi d’abord aller ensevelir mon père. » Jésus reprend : « Laisse les morts ensevelir leurs morts ; toi, va et annonce le règne de Dieu. » — Un autre lui dit : « Je te suivrai, Seigneur, mais permets-moi auparavant d’aller mettre ordre aux affaires de ma maison. » Jésus lui répond : « Celui qui met la main à la charrue et regarde derrière lui, n’est pas fait pour le royaume de Dieu 887. » Une assurance extraordinaire, et parfois des accents de singulière douceur, renversant toutes nos idées, faisaient passer ces exagérations. « Venez à moi, criait-il, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai.
Des exclamations froides & préméditées, des apostrophes parasites, des chutes préparées de longue main, y tiennent lieu de ces grands mouvemens, de ces élans impétueux & inopinés, qui caractérisent la véritable éloquence. […] Les armes de la Nature se changent sous sa main en ornemens du Discours. […] Il décompose les ressorts de toutes ces machines immenses, observe celles qui, avec le moins de force, produisent les plus grands mouvemens…… Il franchit les barrieres qui sont entre l'homme & l'infini, &, le compas à la main, mesure les deux extrémités de cette grande chaîne.
Ses romans vertueux, car elle les veut vertueux, s’adressant à une société qui ne prend plus la vertu à sa seule source, qui est la religion, la morale de ses romans n’est plus que celle des gens bien élevés et qui se lavent les mains à la pâte d’amandes… C’est de l’honneur humain et de l’élégance. Mais l’élégance n’est qu’une forme charmante qui cache les laideurs morales et qui ne peut les supprimer, et l’honneur, ce porteur d’épée, coupe bien, comme Alexandre avec son glaive, tous les nœuds gordiens entrelacés dans la conscience ; mais il n’y a que la Religion qui puisse, de ses mains divines, les dénouer. […] Mais je n’avais pas trouvé l’esprit, la repartie, le brio, le trait, qu’ont les femmes spirituelles, sans écrire, et qu’elles ont partout, au pied levé, dans un tour de main, dans un tour de valse, sous l’éventail, sous la cheminée, et même sous les rideaux !
Edmond et Jules de Goncourt se sont imaginé pouvoir arrêter facilement, comme une bague qui roule et qu’on rattrape, le kaléidoscope d’une société dont ils avaient à nous démontrer le mécanisme après nous en avoir fait jouer les couleurs, ce kaléidoscope-tourbillon — comme dirait Carlyle — que le Temps tourne incessamment dans ses vieilles mains infatigables, à la lumière électrique de chaque événement ! […] De leur main dépouillée de ce gant jaune qui leur sied, ils ont, dandys de l’anecdote amusante, voulu toucher à tout ce qui entre comme un élément de sa vie dans ce tissu d’âme et de chair qui constitue l’être d’un peuple. […] Et, quand il aurait fait le compte des ressemblances et des contrastes, il aurait, au moins, sous le regard et sous la main tous les éléments de cette société révolutionnaire dont MM. de Goncourt n’ont pas même vu la moitié.
cette valse sur le bord des abîmes qu’on appelle la métaphysique n’est que le danger plus ou moins crânement bravé d’une culbute, je trouvais très bon et très agréable d’avoir là sous la main, pour déshonorer de temps en temps la philosophie, un moqueur tout prêt qui régalerait de coups de sifflet les faiseurs d’embarras et de théories, et j’avais cru que je le tenais. […] Taine l’a reçue, comme une hostie, des mains de Goethe, lui interdit désormais toute moquerie. […] Taine a incarné le positivisme anglais (l’épithète ne fait rien à la chose), n’est rien de plus qu’un soldat de la compagnie du centre dans le régiment philosophique pour l’heure en marche, et quelque jour nous nous chargerons, ses livres en main, de le démontrer… C’est un esprit d’une certaine force d’observation et de déduction, on ne le nie pas, mais qui ne fait guère que mettre en langage moderne l’expérience de Bacon et la sensation de Locke, — ayant pour grands amis, comme dit M.
Depuis Villon, en fait de langue, à la place de ce rebec, nous avons entendu l’orgue immense que Rabelais a touché de ses vastes mains enchantées. […] Avec une main subtilement adroite, une main de luthier, M.
Deux doigts d’une même main ! […] Mains tendues avidement à un argent qui n’y tombe pas, et qui pour cela ne tirent pas l’épée, — pas d’argent, pas de suisse ! […] Elle n’était plus la Main de Justice de Dieu sur le monde qu’elle avait été autrefois.
On exilerait et on tiendrait au piquet la Papauté dans son domaine spirituel, qui n’importe guères aux matérialistes de ce monde, et on mettrait la main sur ce qui importe, sur ce domaine matériel sans lequel on espère bien que la Papauté ne pourrait subsister deux jours. […] L’Église, fondée par la parole de Jésus-Christ et par les Apôtres, dès les premiers pas faits sur la terre y mettait la main en même temps que le pied, et voici comment elle y mettait la main : elle la tendait et l’aumône y tombait.
Malgré tout ce qu’on en a écrit, il n’y a pas, selon nous, de vraie poésie pour les connaisseurs dans le chaos de la littérature indienne, ou, s’il y en a, c’est de la poésie de seconde main. […] On ne l’a pas assez remarqué : les Indiens sont, dans l’ordre intellectuel, des espèces de somnambules sans lucidité, des cataleptiques aux yeux retournés, tombés, depuis des siècles, dans la contemplation de leur moi imbécille, mais des cataleptiques qui sentent les coups malgré leur extase ; car ils tremblent devant le bambou qui les a toujours menés, dans quelque main de conquérant qu’il ait passé, depuis Alexandre jusqu’à Clive. […] de passage pareil, pour l’émotion, la main plongée au cœur, le secret de la passion, l’empire enfin sur la sensibilité humaine, vous n’en trouverez pas dans tout le long poème de Valmiki, lequel peut bien être un mystagogue, un fakir, un thériaki, tout ce qu’il y a de plus prisé et de plus estimé aux Indes, mais qui n’est pas un poète, du moins dans le sens inspiré que les hommes, depuis qu’on chante leur bonheur, leur gloire et leur misère, ont donné à ce titre-là.
La sainte main qui nous a écrit les Mémoires historiques ne pouvait pas, tant elle est sainte ! […] Pour expliquer le miracle permanent de son influence sur le monde, et de ce pétrissage des cœurs dans sa main qu’on appelle ses prédications, la pensée humaine, déconcertée par les spectacles que lui offre l’Église, invente aussitôt, pour se remettre, des raisons légitimantes et vulgairement logiques d’accepter un succès si certain toujours, et si prodigieux. […] Eh bien, où madame Beecher-Stowe a vu le mal et l’a peint en forçant le trait d’une main convulsive, Mgr Salvado a donné tranquillement le remède, et nous ne croyons pas que, depuis les Prisons de Silvio Pellico, appelées si heureusement : « la Marseillaise de la miséricorde », le catholicisme, qui ne dilate pas l’orgueil, qui ne crée pas la haine et la colère, même la généreuse colère !
Changer les figures de côté, mettre à gauche ce qui était à droite, à droite ce qui était à gauche, intervertir l’ordre des groupes, distraire un personnage de la scène ou du milieu dans lequel il était placé pour le placer dans une autre scène et quelquefois sous un autre costume, toutes ces choses, et bien d’autres que j’omets, se font et se sont faites, et la Gloire elle-même y a été prise… La Gloire un peu trop vite venue, fille du sentiment exalté d’une époque, a transformé parfois en grand peintre tel grand archéologue, qui avait assez d’exécution et de rétorsion dans la main pour cacher aux ignorants ses… butins, et c’est le critique d’art qui doit réviser ces méprises de la Gloire. […] Vous imiteriez la Critique impie de ces derniers temps qui veut chasser Dieu de l’Histoire, vous supprimeriez dans la Bible l’inspiration divine, aussi visible que la main terrible sur le mur du festin de Balthazar, et vous ne verriez dans le livre sacré que la force de l’esprit humain élevé à sa plus haute puissance, que pour l’interpréter besoin serait, je ne dis pas d’un génie égal, mais de plusieurs génies ; car le génie de la Bible est multiple. […] Quoique ce soit toujours le même type juif, où le bouc domine, qui s’élève de l’attention jusqu’à l’épouvante, l’épouvante en elle-même est beaucoup plus variée que l’attention, et vous avez ici toutes les variétés de l’épouvante ; car le terrible, dans l’histoire juive, ne ressemble pas au terrible de l’histoire des autres peuples, qui n’ont jamais senti aussi directement, aussi intimement sur leurs têtes l’accablement de la main de Dieu.
J’avais une vérité désagréable dans la main, et je l’y gardai. […] La comédie, qui repose bien plus sur des conventions qu’on ne le croit, ne dit pas un mot de vrai avec ses valets et ses soubrettes, vieux types usés et recrépis par le génie de Molière, que les faiseurs de pièces de cette époque se sont passés de la main à la main.
Ce mont Athos138, que l’architecte favori du roi devait tailler en statue colossale, avec une ville dans la paume d’une main, et un fleuve s’épanchant de l’autre main, rappelle la gigantesque monstruosité des temples et des dieux indiens, venant remplacer les lignes sublimes du Parthénon et la Minerve de Phidias. […] Sous tes mains invincibles, tu tiens asservi le tonnerre à deux tranchants, tout de feu, toujours vivant.
Il en va de même de toute page écrite de main d’homme. […] Mais il trouve que l’instruction publique n’est jamais assez dans la main du gouvernement. […] Bientôt Tirésias paraît, un sceptre d’or à la main. […] Il avait les ongles noirs et les mains tachées d’encre, et il s’en vantait. […] Sans cesse attaché à ce trésor, je ne saurais oublier la main qui me l’a donné.
Avec une main de fer, ils ont l’esprit délié. […] J’ai le regret de dire qu’il avait les mains sales. […] Il en était de ses mains comme de celles de lady Macbeth. […] Il y faut une grande dextérité de main, un tact sûr, un sens raisonnable. […] C’est avoir du cal aux mains.
On dirait que l’Anglais met dans le travail des mains la délicatesse que nous mettons dans celui de l’esprit. […] C’est toujours une main pesante qui se traîne sur la lyre. […] C’est la main de Malvina ! […] Lorsqu’en 1729, le Canada tomba entre les mains des Anglais, les naturels s’aperçurent bientôt du changement de leurs hôtes. […] À leur approche, l’un des étrangers s’avança avec une hache à la main.
Le peuple chrétien se remet aux mains du clergé, qui se remet aux mains du pape. […] N’est-il pas singulier, à cette heure matinale, dans cette aube naissante, de trouver dans sa main un pareil livre ? […] Entre leurs mains, l’esquisse brouillée, indéterminée, se limite, s’achève, se détache, se colore et devient un tableau. […] Entre leurs mains l’amour devient une galanterie ; ils écrivent des chansons, des pièces fugitives, des compliments aux dames. […] Les momies égyptiennes que Cambyse et le temps ont épargnées, sont maintenant la proie de mains rapaces.
Belin que celui-ci a entre les mains quelques-unes de ces thèses si désirées, il lui offre de mettre en dépôt vingt pistoles contre ledit paquet, si on le lui confie ; il s’engage à perdre son dépôt s’il n’a rendu les pièces empruntées au temps préfix. […] Qu’on ajoute à ces nombreuses inventions et innovations sa Gazette, seul organe de publicité d’alors, placée sous la protection et comme dans la main du chef de l’État, c’est plus qu’il ne faut pour prouver que Renaudot n’était pas un esprit à mépriser. […] L’Académie royale de musique s’opposait aux Italiens et aux théâtres chantants, ou du moins avait sur eux la haute main. […] Mais ce n’est pas, ajoute-t-il, que ces négociations ne soient honnêtes et licites, c’est qu’elles sont remises aux mains de subalternes. […] Ils commencent leur Défense par ces mots sacramentels : « Aristote nous apprend… » Ils reprochent à Renaudot d’avoir voulu faire d’une salle de fripiers et usuriers (allusion à son mont-de-piété), d’une boutique de journal, « une synagogue de médecins », et concluent que chacun des médecins de Paris a le droit de prendre la verge à la main pour chasser ces profanateurs.
A l’atelier comme au collège, et dès qu’il eut le pinceau en main, Gautier se montra curieux, chercheur et visant à sortir du lieu commun par une manière : son maître notait et dénonçait cette disposition en lui. […] — Je n’avais pas assez de temps pour l’employer A compasser des mots : — adorer mon idole, La parer, admirer sa chevelure folle, Mer d’ébène où ma main aimait à se noyer ; L’entendre respirer, la voir vivre, sourire Quand elle souriait, m’enivrer d’elle, lire Ses désirs dans ses yeux ; sur son front endormi Guetter ses rêves, boire à sa bouche de rose Son souffle en un baiser, — je ne fis autre chose Pendant quatre mois et demi. […] Bonnes gens, je vous arrête, vous êtes devancés ; la critique est faite, elle l’est de main de maître : et par qui ? […] Son Daniel Jovarcl notamment, ce jeune classique bourgeois pudibond, converti d’un tour de main au romantisme le plus féroce par son ami Ferdinand de C…, est à mourir de rire. […] Faust dit : « Aimez, vous ferez bien mieux que d’étudier. » Don Juan dit : « Interrogez la science, apprenez, apprenez, vous avez plus de chance de ce côté que du mien. » Le grand Empereur enfin, après avoir pressé dans sa main le globe, trouve qu’il sonne creux, et se prend à envier l’idylle du chevrier de son île natale à travers les halliers.
« Lorsque périt le dernier des Gracques de la main des patriciens, atteint du coup mortel, il lança de la poussière vers le ciel en attestant les dieux vengeurs, et de cette poussière naquit Marius. » Mais cette admirable et menaçante parole, digne du serment du Jeu de Paume, n’est qu’un éclair, et je dirai qu’elle est plus voisine de Shakespeare que des Romains de David. […] C’est d’elle, en effet, c’est des mains d’Eudora Roland, Mme Champagneux, qu’il reçut communication du précieux manuscrit, il y a bien des années déjà, en 1846 ; il l’eut alors à sa disposition pendant un an, et il prépara le texte de cette édition trop longtemps retardée. […] Mme Champagneux, qui avait conçu pour lui une grande estime d’après la lecture de certaines pages traitant de sujets religieux et tout à fait étrangères à l’histoire de la Révolution, avait fait acte d’amitié en lui confiant le manuscrit maternel qui, depuis la première édition des Mémoires par Rose, était rentré entre ses mains et était demeuré caché à tous les yeux dans les archives intimes de la famille : « Grâce à cette intéressante communication, nous dit M. […] D’une main elle soutenait la queue de sa robe, et elle avait abandonné l’autre à une foule de femmes, qui se pressaient pour la baiser. […] À ce cri terrible pour tout autre que pour elle, elle s’arrêta et me dit, en me serrant la main : « Adieu, Monsieur !
Le roi cependant aimait sa belle-fille ; il l’aimait « autant et plus peut-être que ses propres enfants » ; il l’appelait familièrement de son petit nom de Pépa ; à ses premières couches, il se montra le père le plus affectueux et le plus tendre : « Le roi lui a constamment tenu la main pendant le travail, et l’on peut dire qu’elle est accouchée entre ses bras ; aussi en suait-il à grosses gouttes. » Mais que de difficultés et d’intrigues dans cette Cour partagée et divisée : la reine, Mesdames, Mme de Pompadour, et alentour, et au-dessous, des tourbillons d’ambitions sans nombre, tous se jalousant, se haïssant, et cherchant à s’emparer de cette puissance nouvelle qui entrait en scène ! […] Louis XV ne devait paraître de sa personne et se mettre à la tête des troupes que lorsqu’on lui aurait tout disposé pour une affaire royale, à laquelle il mettrait la main. […] Il ne peut certes y avoir qu’un sentiment pour le blâmer d’avoir eu recours à de si odieux, à de si détestables moyens, et on plaint l’époque où ils étaient en usage, à la disposition et sous la main des puissants ; mais ce n’était point précisément pour séduire qu’il les employait : la séduction (si tant est qu’il en ait eu besoin) était fort antérieure ; la liaison datait au moins de deux ans : il y avait sans cesse des brouilles ; la petite fée était un démon que le caprice de l’amour conjugal ressaisissait jusque dans ses infidélités ; et la faiblesse, en ceci, du grand capitaine était simplement de vouloir fixer ce qui s’échappait et reconquérir ce qu’il avait perdu. […] On allait le matin les voir ; monsieur et madame n’étaient point levés ; on disait à la femme de chambre qu’on était attendu ; elle vous ouvrait la porte : on les voyait couchés, l’abbé, un gros livre dans les mains. — « Eh ! […] Quand cette saison n’est pas venue, les femmes de la ville ne s’y promènent pas encore ; et quand elle est passée, elles ne s’y promènent plus. » Le maréchal de Saxe, plus rabelaisien que La Bruyère, écrivait plus crûment aussi à la princesse de Holstein sur ces visites que lui faisaient les femmes de la Cour et sur l’attrait qu’avait pour elles ce lieu de Chambord : « J’ai ici Mademoiselle de Sens avec une douzaine de femmes de la Cour, comédie, bal, etc., etc. ; tout le monde y restera quinze jours ; on dit à Paris que ces belles dames sont allées trouver des houlans, parce qu’ils sont affamés de chair humaine et qu’ils vivent comme des reclus dans ce désert ; mais ce n’est que par envie que les autres femmes aboient ainsi. » Maurice n’y allait pas de main morte avec le sexe. — Ce régiment de houlans ne se contentait pas de houspiller les belles dames, il tourmentait et pillait un peu trop, dit-on, tous les villages aux environs de Chambord.
On était aux mains de bandits bien décidés à ne lâcher leur proie que moyennant rançon et à bonnes enseignes. […] Ils arrachèrent au général une dernière dépouille, sa giberne : il consentit à la livrer ; mais, montrant ses décorations : « Vous aurez ma vie, dit-il, avant que vos mains y aient touché. » Les prisonniers ne firent que traverser Séville pendant la nuit. […] Ce malheureux ami, mes camarades, tendaient leurs mains vers moi à travers la grille et m’adressaient leurs vœux pour le succès de mon voyage. » Après le départ du capitaine de Saint-Joseph, c’est l’aide de camp Bernard qui devient le narrateur et qui adresse à son camarade la relation des derniers mois de cette triste captivité. […] Le général Franceschi ne meurt pas seulement comme un soldat, avec le courage, la résignation et en silence ; il meurt comme un homme, payant tribut à chaque affection, épuisant en quelque sorte la nuance de chaque sentiment : « Vainement, nous dit l’aide de camp fidèle, je retournai auprès de son lit et m’efforçai de lui persuader que le médecin n’avait pas dit ce qu’il croyait avoir entendu : il me tendit la main, me la serra en me regardant tendrement, et quelques larmes sillonnèrent son visage. […] Il nous tendit la main à tous l’un après l’autre, nous remercia des soins que nous lui avions donnés, fit des vœux pour notre bonheur et nous congédia.
Bonnet, son tuteur, y tenait la main. […] Mais déjà, à travers les folies de circonstance dans lesquelles il donnait encore la main aux auteurs du Caveau, et dont le café des Variétés était le centre, M. […] Mais une fois pourtant, une seule fois, vous m’avez de vous-même saisi tout d’un coup et pressé bien tendrement la main : et c’était en loge au Gymnase, à la fin d’Une Faute. […] Ce Longchamp de la scène, sous sa main, s’est déjà renouvelé bien des fois. […] En tout genre, les personnages célèbres morts ne sont-ils pas des marionnettes aux mains des vivants ?
À l’époque où parut le livre des Caractères ou des mœurs de ce siècle, les Maximes et les Pensées étaient dans les mains de tout le monde, et La Bruyère sentit le besoin de repousser d’avance le reproche d’imitation. […] Il peignait à loisir et d’une main tranquille, sûr de retrouver le lendemain le modèle de la veille, ni pressé par le temps, ni troublé, comme la Rochefoucauld, par des souvenirs qui avaient pu être des blessures. […] Non seulement la matière en est préparée depuis longtemps et à grand prix, mais tout le monde y a mis la main. […] La Bruyère nous fait la leçon d’une main si légère qu’il serait de trop mauvais goût de s’en offenser, outre qu’il excelle à intéresser l’esprit et l’imagination à cet enseignement de la raison. […] Un peu en deçà, ce ne sera plus La Bruyère, mais quelque aimable esprit moralisant par honnêteté ou par imitation, et peignant les ridicules d’une main incertaine ; ce sera Vauvenargues.
Théodore de Banville lui mit aux mains un bouquet de fleurs joyeuses. […] Verlaine apportait, pour ainsi dire, en ses mains ouvertes, un bouquet de fleurs nouvelles, odorantes et délicieuses. Mallarmé, plus secret, apportait, en ses mains fermées, des graines obscures et fécondes. […] Un petit livre de parodies amusantes, intitulé les Déliquescences, et signé du pseudonyme d’Adoré Floupette, passa de mains en mains et fit le tour de la Presse.
Je dirai bientôt comment le char dirigé par de telles mains ne pouvait d’abord être si bien conduit que quand il marchait tout seul, et comment il devait aller se briser dans un abîme. […] Il y avait des institutions faites tout d’une pièce, dont on ne discutait pas l’origine, des dogmes que l’on acceptait sans critique : le monde était une grande machine organisée de si longue main et avec si peu de réflexion, qu’on croyait que la machine venait d’être montée par Dieu même. […] Au lieu de vieilles institutions qui n’avaient pas d’origine et semblaient le résultat nécessaire du balancement des choses, on eut des constitutions faites de main d’hommes, toutes fraîches, avec des ratures, dépouillées par là du vieux prestige. […] L’œuvre universelle de tout ce qui vit étant de faire Dieu parfait, c’est-à-dire de réaliser la grande résultante définitive qui clora le cercle des choses par l’unité, il est indubitable que la raison, qui n’a eu jusqu’ici aucune part à cette œuvre, laquelle s’est opérée aveuglément et par la sourde tendance de tout ce qui est, la raison, dis-je, prendra un jour en main l’intendance de cette grande œuvre 28 et, après avoir organisé l’humanité, ORGANISERA DIEU. […] Les langues maniées, tourmentées, refaites de main d’homme, comme le français, en portent l’empreinte ineffaçable dans leur manque de flexibilité, leur construction pénible, leur défaut d’harmonie.
On pouvait arriver à la vie la plus noble et la plus élevée, tout en étant pauvre et en travaillant de ses mains ; ou plutôt la moralité de la personne effaçait tellement sa profession, qu’on ne voyait d’abord que la personne, tandis que maintenant on voit d’abord la profession. […] Pour ma part, j’ai souvent songé que, si l’on m’offrait un métier manuel qui, au moyen de quatre ou cinq heures d’occupation par jour, pût me suffire, je renoncerais pour ce métier à mon titre d’agrégé de philosophie ; car ce métier, n’occupant que mes mains, détournerait moins ma pensée que la nécessité de parler pendant deux heures de ce qui n’est pas l’objet actuel de mes réflexions. […] Il y a certains métiers qui devraient être les métiers réservés des philosophes, comme labourer la terre, scier les pierres, pousser la navette du tisserand, et autres fonctions qui ne demandent absolument que le mouvement de la main 180. […] Le philosophe est possible dans un état qui ne réclame que la coopération de la main, comme le travail des champs. […] Le génie n’est nullement humilié pour travailler de ses mains.
Entre ses mains, l’ancienne chanson française, légère, moqueuse, satirique, non contente de se revêtir d’un rythme plus sévère, s’est transformée en esprit et s’est élevée ; ceux qui en aimaient avant tout la gaieté franche, malicieuse en même temps et inoffensive, ont pu trouver qu’elle perdait chez lui de ce caractère. […] Moi, pour braver des maîtres exigeants, Le verre en main gaiement je me confie Au Dieu des bonnes gens. […] De Térée à Louis XVIII ou à Charles X, il n’y a que la main, comme on sait. […] J’entends encore ce dernier nous dire, en se frottant les mains avec malice : « Eh bien ! […] J’ai trouvé Béranger dans son avenue Sainte-Marie, près la barrière de l’Étoile, après dîner, seul, se promenant dans un petit carré de jardin grand comme la main, sans lunettes, bourgeonné, âgé de soixante-six ans, mais jeune d’esprit, vif, aimable et charmant autant que jamais.
Il y a ainsi en chacun de nous, pour peu que notre fonds originel soit bon, un être primitif, idéal, que la nature a dessiné de sa main la plus légère et la plus maternelle, mais que l’homme trop souvent recouvre, étouffe ou corrompt. […] Poète dont chacun sait le talent, mais homme dont ceux qui l’ont approché savent seuls toute la noblesse et la délicatesse de cœur, il considérait comme un devoir, lui, arrivé le premier, de tendre la main à ceux qui viendraient ensuite, et nous le trouvons également aux débuts d’Hégésippe Moreau et à ceux de Pierre Dupont. […] Didot son Épître sur l’imprimerie, qu’on peut lire dans ses Poésies, et dans laquelle se trouvent quelques jolis vers descriptifs : Au lieu de fatiguer la plume vigilante, De consumer sans cesse une activité lente À reproduire en vain ces écrits fugitifs, Abattus dans leur vol par les ans destructifs ; Pour donner une forme, un essor aux pensées, Des signes voyageurs, sous des mains exercées, Vont saisir en courant leur place dans un mot ; Sur ce métal uni l’encre passe, et bientôt, Sortant multiplié de la presse rapide, Le discours parle aux yeux sur une feuille humide. […] Vieux vagabond qui tends la main, Enfant pauvre et sans mère, Puissiez-vous trouver en chemin La ferme et la fermière ! […] Chaque hiver, qu’un groupe d’enfants À son fuseau sourie, Comme les Anges aux fils blancs De la Vierge Marie ; Que tous, par la main, pas à pas, Guidant un petit frère, Réjouissent de leurs ébats La ferme et la fermière !
Voici un échantillon de la scène : s’étant écarté seul un moment de sa chaise de poste, et, étant entré dans une forêt de sapins assez claire, il si trouva en face d’un homme armé d’un long coutelas, qui lui demanda, en allemand, la bourse ou la vie, Beaumarchais, au lieu de sa bourse, tire de son gousset un pistolet, et, de l’autre main, il tient sa canne pour parer les coups. […] Au second sapin que j’ai tourné, me voyant presque dans ma route, je me suis trouvé si insolent, que, si j’avais eu une troisième main, je lui aurais montré ma bourse comme le prix de sa valeur, s’il était assez osé pour la venir chercher. […] L’auteur, en introduisant pour cette première fois Figaro, n’avait pas encore prétendu en faire ce personnage à réflexion et à monologue, ce raisonneur satirique, politique et philosophique qu’il est devenu plus tard entre ses mains : Me livrant à mon gai caractère, dit-il, j’ai tenté dans Le Barbier de Séville de ramener au théâtre l’ancienne et franche gaieté, en l’alliant avec le ton léger de notre plaisanterie actuelle ; mais, comme cela même était une espèce de nouveauté, la pièce fut vivement poursuivie. […] En matière de publicité et de théâtre, il est maître passé, il a perfectionné l’art de l’affiche, de la réclame, de la préface, l’art des lectures de société qui forcent la main au pouvoir et l’obligent d’accorder tôt ou tard la représentation publique ; l’art de préparer ces représentations par des répétitions déjà publiques à demi et où déjà la claque est permise ; l’art de soutenir et de stimuler l’attention, même au milieu d’un succès immense, moyennant de petits obstacles imprévus ou par des actes de bruyante bienfaisance qui rompent à temps la monotonie et font accident. […] Avec cela de l’intérêt et de la cupidité affichée, fendant la main sans honte, croyant à l’or et le disant, y mettant même une sorte de cynisme, c’est ce qui déplaît en lui.
Le jeune enfant perdit sa mère à deux ans, et fut abandonné aux mains d’une servante de campagne et d’une vieille parente, gâté par l’une, grondé par l’autre. […] Un voyage en Orient était à cette date une grande chose : là où Chateaubriand ira bientôt en cavalier et en gentilhomme, Byron en grand seigneur, Lamartine en émir et en prince, Volney se proposait d’aller un bâton blanc à la main. […] Je ne veux pas faire tort à Volney ; je ne prétends point lui imposer la poésie : ce n’est point à Lamartine parcourant les mêmes lieux et les revêtant de ses couleurs trop vastes et de son luxe trop asiatique ; ce n’est pas à Chateaubriand, plus sobre et plus déterminé de contours, mais pittoresque avant tout, que je le comparerai : c’est à un savant de son temps, à un observateur et à un physicien du premier ordre, à l’illustre Saussure visitant, le baromètre et le marteau du géologue à la main, les hautes cimes des Alpes qu’il a comme découvertes. […] L’impératrice reconnut le zèle de Volney en lui envoyant par les mains de Grimm une médaille d’or. […] « Vous étiez, lui disait Rivarol (ou l’auteur quelconque de la lettre satirique dont j’ai parlé), vous étiez l’un des plus éloquents orateurs muets de l’Assemblée nationale. » Un jour, dans la discussion où il s’agissait de savoir si la religion catholique serait déclarée religion de l’État (13 avril 1790), Volney, fidèle à son animosité, se tenait, un discours à la main, près de la tribune.
Par un réalisme étrange, Heine sait nous faire voir et tâter des mains des ombres de divinités, si vieilles que tous leurs adorateurs sont morts, des allégories d’idées abstraites, des âmes bizarres et quainteuses. […] Le revenant s’avance tranquillement vers le lit, et avec ses gestes anguleux de cadavre, commence à démontrer qu’en toute raison, il ne saurait y avoir d’esprits ; puis, la preuve faite, met la main à son gousset, et au lieu de montre, en tire délicatement une pincée de vers. […] Il s’accable de mépris et d’indulgence, s’insulte et salit sa passion ; la folie de hasarder la paix de son cœur entre les mains traîtresses d’une femme, lui inspire de faux ricanements, et c’est quand son affection trompée, bourrelée et meurtrie lui rend l’âme le plus vide et le plus morne, qu’il s’ingénie à affiler contre sa tendresse et la perfidie de sa bien-aimée les plus jolis sarcasmes. […] Ce mince homme blond, au regard aigu et doux, au visage finement creusé, aux mains saturnines, élancé, la bouche sardonique sur un menton un peu lourd qu’équilibrait un magnifique front blanc, net, droit, fémininement incurvé, porta dans sa vie active, comme dans ses spéculations religieuses, l’éclectisme et l’humeur changeante qui marque son œuvre. […] La langue se paralyse ; le palais devient insensible ; les deux mâchoires, la main droite, tous les membres sont raidis ; en janvier 1856 ses deux paupières retombent et voilent ses prunelles à demi éteintes.
ce soi-disant Destin pour les nations modernes aurait pu périr, comme une chose humaine, sous une main forte qui l’eût saisi et étreint comme Hercule étreignit les serpents de son berceau. […] Si l’expérience et l’observation ne lui avaient enseigné la consubstantialité des hommes et des choses dans les manifestations de l’histoire, s’il n’avait pas vu qu’à tous les âges du monde les hommes qui ont trempé au plus profond d’une époque, qui en occupèrent les avenues et les hauteurs, laissent sur elle l’éclatant honneur ou l’éclatante infamie de leur caractère ou de leurs passions, — de leur humanité, enfin, qu’elle ait été vertueuse ou scélérate, — il se serait épargné, et à nous aussi, l’inutile détail de ces consciences corrompues, de ces personnalités abjectes, de toutes ces grandeurs apocryphes qui, quand on les touche d’un doigt ferme, se rétractent en de honteuses politesses ou coulent en fange sur la main. […] Il a bien vu que, malgré les prétentions d’une philosophie qui, si on la laisse faire, est en train de fausser le sens commun de l’humanité pour des siècles, ce qu’on appelle la Révolution Française, comme tous les grands événements, se résumera en quelques noms propres, — le seul signe que, pour des raisons très profondes, les hommes connaissent des plus grandes choses, — et alors il a regardé sous ces noms ceux qui les portent, et, en agissant ainsi, je le dis en lui battant des mains, il a éventré la Révolution jusque dans le cœur de ceux qui la voulurent et les cerveaux de ceux qui la pensèrent, confondant à dessein en une même condamnation les hommes et les faits, souillés réciproquement les uns par les autres, et traînant le tout à des gémonies éternelles dans le pêle-mêle du mépris. […] Avocat de métier, avocat de conviction, avocat d’âme, mettant sa main corrompue dans l’or et le sang, de quelque trésor ou de quelque veine qu’ils coulassent, cet ambitieux manqué qui croulait par la ceinture, comme tous les ambitieux esclaves des plaisirs matériels, n’a jamais eu au cœur ou à la tête le bronze qu’on lui croit. […] Il ne faut rien de plus que la main d’un enfant idiot ou pervers pour mettre le feu à une ville, rien de plus que la pensée d’un sophiste pour mettre le feu à une société.
La pureté du regard qui discerne le vice des doctrines, quand il s’agit des systèmes, est-elle, quand il s’agit des hommes, accompagnée de cette force de main qui sait imprimer une condamnation sur une mémoire ? […] Ces longues luttes, l’occupation de toute sa vie, n’ont pas cependant durci cette main trop grasse et trop molle, qui souvent (nous ne le nions pas) frappa juste, mais ne frappa jamais bien fort. […] dans cette étrange histoire, ils se voilent la face et retirent leur main, dès qu’il s’agit de frapper les hommes ! […] Homme politique avant d’être un homme littéraire, journaliste, c’est-à-dire improvisateur, il est impatient d’aller tout d’abord, — et il y va, — aux détails d’une histoire qui n’est plus qu’une série d’impressions personnelles, si l’on n’a pas dans la main le flambeau qui doit l’éclairer. […] Il n’a pas plus l’expression qu’il n’a la réflexion, qu’il n’a la méthode, qu’il n’a quelque chose, si ce n’est de pousser devant lui sa plume d’une main qui défie la fatigue de l’alourdir.
Mais il nous est difficile de goûter ses Lignes dans la main. Le procédé est ici trop visible : réunir en une seule pièce, pour les décrire, toutes les variétés de mains, malgré la solidité du travail rhétorique, apparaît de l’énumération trop voulue et pas très utile.
Le cizeau est capable d’imiter, et dans les mains d’un homme de génie, il sçait interesser presque autant que le pinceau. […] Nous voyons donc par plusieurs productions de la sculpture, qu’entre les mains d’un homme de génie, elle est capable des plus nobles operations de la peinture.