Cette maniere d’écrire par phrases, en prétendant donner une pensée, ne plaît qu’autant que ceux qui l’adoptent savent fixer quelque temps l’attention du Lecteur sur un même objet, c’est-à-dire, qu’il faut que, de pensée en pensée, ils développent un sujet, afin que les traits de lumiere suppléent au défaut de liaison dans le style.
Energie & vérité dans les tableaux, justesse & nouveauté dans les cadres, agrément & vivacité dans les entretiens des personnages que l’Auteur met en scène, style correct, harmonieux, semé de traits hardis & heureux ; il réunit, en un mot, tout ce qui peut attacher le Lecteur, & lui inspirer du mépris pour la secte dangereuse dont on y dévoile les menées.
Comme ses Ouvrages sont plus d’un Physicien que d’un Littérateur, nous n’en jugerons point le fond ; nous nous contenterons de dire qu’ils sont écrits d’un style aisé & assez clair pour instruire le commun des Lecteurs sur toutes les matieres qu’il traite.
« Marquer tous les pas de l’Art de guérir, soit qu’ils l’approchent, soit qu’ils l’éloignent de la perfection ; annoncer en quel temps & par qui il fut accéléré ou retardé dans sa marche ; présenter les découvertes vraiment originales, les vûes propres de chaque Inventeur ; disposer les inventions dans l’ordre de leur naissance ; indiquer où elles se trouvent, afin d’épargner au Lecteur qui sait qu’elle existe ; la peine de les chercher, & à celui qui l’ignore, celle de les inventer ; montrer comment une découverte a produit d’autres découvertes ; rapporter les inventions de tout genre à leurs véritables Auteurs ; déterminer le temps, le lieu, & les circonstances qui ont vu naître ces Auteurs, & recueillir les fruits les plus frappans de leur vie ; faire connoître le rang que la Chirurgie a tenu dans tous les temps parmi les autres Arts, le degré d’estime accordé à ceux qui l’ont professée, & le mérite personnel de ses promoteurs » : telle est la tâche étendue & pénible que M.
Mille traits singuliers présentés avec adresse, y flattent la curiosité & saisissent l'esprit du Lecteur.
C’est faire apprécier au lecteur l’ensemble de toutes les tentatives, dans lesquelles les auteurs se sont essayé à voir avec des yeux autres que ceux de tout le monde ; à mettre en relief les grâces et l’originalité des arts mis au ban par les Académies et les Instituts ; à découvrir le caractère (la beauté) d’un paysage de la banlieue de Paris ; — à apporter à une figure d’imagination la vie vraie, donnée par dix ans d’observations sur un être vivant (Renée Mauperin, Germinie Lacerteux) ; à ne plus faire éternellement tourner le roman autour d’une amourette ; à hausser le roman moderne à une sérieuse étude de l’amitié fraternelle, (Les Frères Zemganno) ou à une psychologie de la religiosité chez la femme (Madame Gervaisais) ; — à introduire au théâtre une langue littéraire parlée ; — à utiliser en histoire des matériaux historiques, restés sans emploi avant eux, (les lettres autographes, les tableaux, les gravures, l’objet mobilier) ; — tentatives enfin, où les deux frères ont cherché à faire du neuf, ont fait leurs efforts pour doter les diverses branches de la littérature de quelque chose, que n’avaient point songé à trouver leurs prédécesseurs.
Tel mot, qui ne frappe point le lecteur, fait un effet profond sur le spectateur ; il y a des choses qu’on lit mais qu’on ne veut point entendre, et d’autres qui feraient fermer un livre et qu’on accepte à la scène. […] Je me suppose des lecteurs à qui ces noms suffisent pour en évoquer d’autres ; des lecteurs à qui les œuvres et les tempéraments du xvie siècle apparaissent dans la fraîcheur de leur printemps. […] Cette remarque est si juste, que j’abandonne au lecteur le soin de voir combien elle concorde avec tout ce que j’ai dit déjà sur la genèse d’une œuvre originale dans un milieu qui ne lui est point favorable. […] Daudet n’est qu’un exemple ; je laisse au lecteur le plaisir d’en trouver d’autres […] Le lecteur français m’oppose sans doute Victor Hugo ; j’admire Hugo, de plus en plus, mais ne saurais le mettre ici, pour des raisons trop longues à dire.
Et c’est ainsi que, romancier, critique, poète, conteur et lettré, Jean Bertheroy justifie, par un labeur artiste et par une pensée honnête, les lauriers académiques, l’estime des écrivains et la confiance de ses lecteurs.
Je voudrais lui laisser la parole le plus longtemps possible, c’est d’ailleurs le meilleur moyen de le faire apprécier de mes lecteurs.
Mois wagnérien de Paris Correspondances A nos lecteurs Richard Wagner, portrait d’après le buste de R. de Egusquiza.
Son zele lui inspira cet artifice, pour dégoûter des lecteurs dangereuses ; exemple suivi de nos jours par un Pere Marin, Minime, à qui on eût souhaité, pour le succès de la bonne œuvre, plus de connoissance du monde & moins de prolixité, quoiqu’on doive lui savoir un très-grand gré de ses bonnes intentions.
Feutry s’est encore occupé de la Traduction de plusieurs Ouvrages Anglois, dont la plupart sont des Romans qui trouvent encore des Lecteurs.
Il a beau soutenir qu’il s’est débité deux mille exemplaires de son Recueil ; il n’a pas fait attention, sans doute, que deux mille Acheteurs ne supposent pas toujours deux mille Lecteurs, & encore moins deux mille Approbateurs.
Tel a été de tout temps le caractere du défunt Patriarche de la Philosophie ; il lui falloit des Lecteurs bénévoles ou de timides Adversaires & faciles à subjuguer, sans quoi il se dépitoit & prodiguoit les injures.
L’intérêt & l’utilité y fixent tour-à-tour l’esprit du Lecteur, que l’Historien fait captiver par un mélange de méthode, de clarté, de critique, d’élégance.
Mais ils ont trouvé des Lecteurs, toujours prêts à dévorer ce qui est nouveau, & encore plus tout ce qui est marqué au vénérable coin de l’affectation, de l’enflure, du bathos, style ordinaire de tous ceux qui veulent jouer le sentiment.
Le caractere de son style est la clarté, la méthode, la douceur, & l’aménité, caractere plus que suffisant pour lui procurer des Lecteurs & même des Disciples.
On ne laissera cependant pas ignorer qu'il a fait un Ouvrage intitulé de la Nature, où, selon lui, tout est intelligent & animé ; mais où, selon le Lecteur, tout s'obscurcit & tout expire au milieu du désordre & de l'absurdité.
Il a su imprimer aux Productions Romanesques, auxquelles il s’est attaché, un caractere de décence & d’utilité qui rend les siennes dignes de tous les genres de Lecteurs.
Ses émules l’ont adorée ; ses lecteurs l’ont toujours bénie. […] Pour nous, nous n’avons voulu ici que détacher quelques-unes de ces fleurs encore humides de larmes, qui se nuisent quand elles sont un peu trop pressées, et les offrir au lecteur, nouées à peine d’un simple fil.
Tels sont les excellens caracteres qui assureront au Télémaque des Lecteurs dans tous les temps & chez tous les peuples. […] L’esprit ne le quitte qu’avec le désir d’y revenir, & tout Lecteur en sent les beautés, parce qu’elles sont tout à la fois sublimes & naturelles.
Le lecteur ne nous pardonnerait pas de rouvrir ce débat, Je crois avoir suffisamment réfuté ces objections dans mon dernier volume le Travail du style, et j’avoue qu’il y a peu de choses qui m’aient donné autant de plaisir à écrire. Je pourrais y ajouter d’autres raisons, mais cela n’irait pas sans ennui pour le lecteur, et je ne veux fatiguer ni mes contradicteurs, ni ceux qui ont le droit de compter sur des considérations plus utiles.
, à tous ces messieurs Jourdain de lecteurs qui aiment que, dès le début, un auteur leur frappe, sans façon, sur la cuisse, et leur dise à la bonne franquette : « Mettez-vous là, mon gendre, et dînez avec moi ! […] Il y a bien encore çà et là dans ce livre, qu’il a écrit pour la tête blonde de sa fillette, de ces touches honnêtes, tendres et rosées du Greuze qu’il fut dans ses meilleurs jours ; mais ce qui domine le livre, ce qui lui donne sa physionomie, c’est le philosophe, et le philosophe qui ne doute pas une minute de son fait et qui morgue le lecteur de son aplomb suprême !
.), et il serait remonté de là vers les principes philosophiques d’où dépend toute la philosophie de son maître, et il eût placé ainsi le lecteur, familiarisé avec les idées et le langage hégélien, à la source même du système. […] Certes, nous pourrions continuer longtemps des citations de cette espèce : mais quel lecteur français continuerait de lire un chapitre de cet allemand-là ?
Puis, après ces Notices, voici une Histoire de la circulation du sang, à travers laquelle le lecteur et même la lectrice verront circuler le leur dans leurs veines.
… Il y fait paraître un Edgar Poe, — et non pas l’Edgar Poe connu, l’Edgar Poe mathématique, comme le terrible calculateur américain, qui a manqué son lecteur en manquant Pascal, — mais un Edgar Poe inconnu, religieux et mystique, coupé — et voilà l’arabesque ! […] Les Deux étrangers ont justement ce caractère mystérieux et solennellement alarmant qu’Edgar Poe, le magnétique démoniaque, communique à son lecteur avec tant de puissance, quoique le malheureux ne crût probablement pas à cet abîme de toute terreur : le démon !
Son livre d’aujourd’hui n’ira pas plus loin dans l’impression de ses lecteurs qu’un conte d’Hoffmann ou d’Edgar Poë, et même il n’ira pas si loin, car il n’a pas le sens halluciné, visionnaire, dansant entre le jour et l’ombre, des vrais fantastiques. […] alors la Critique, qui a commencé par poser un cas littéraire, s’interrompt, ne voulant pas être plus dupe que le simple lecteur, et dit à l’oripeau couleur de sang : — Passe donc !
Le Leone Leoni de madame Sand n’est pas long, et par là l’artiste a épargné à son lecteur, tout en l’émouvant, la sensation du dégoût qui n’eût pas manqué d’arriver si on eût prolongé la scabreuse situation, nécessaire au développement du sentiment qu’on a voulu peindre. […] Aussi arrive-t-il un moment, quand on ne lit pas l’ouvrage comme il a été fait, dans l’ordre suspendu du feuilleton avec ses interruptions et ses coupures, où le lecteur le plus intrépide et le plus cuirassé contre le mal au cœur est tenté de rejeter le livre dont un pareil homme est le héros.
IV Ici un tiroir, bien plus vaste et bien plus étranger au roman ou à l’épopée que les autres, forme sous les pas du lecteur comme une trappe et le conduit, pendant je ne sais combien de pages, jusqu’à la Seine. […] C’est un voyage à travers la boue, où le lecteur s’embourbe avec l’architecte. […] « On peut à la rigueur introduire le lecteur dans une chambre nuptiale, non dans une chambre virginale. […] « Ces deux enfants étaient ceux-là même dont Gavroche avait été en peine, et que le lecteur se rappelle. […] « Le livre que le lecteur a sous les yeux en ce moment, c’est d’un bout à l’autre, dans son ensemble et dans ses détails, quelles que soient les intermittences, les exceptions ou les défaillances, la marche du mal au bien, de l’injuste au juste, du faux au vrai, de la nuit au jour, de l’appétit à la conscience, de la pourriture à la vie, de la bestialité au devoir, de l’enfer au ciel, du néant à Dieu.
A côté des esprits timides ou stériles, qui ne songeaient qu’à échapper à des écueils de grammaire, d’autres, en suivant naïvement leurs pensées, rencontraient, par l’analogie, des beautés nouvelles de langage, et les hasardaient dans quelque écrit, où souvent les lecteurs croyaient les revoir plutôt que les voir pour la première fois. […] Le correctif le plus naturel du purisme était d’appliquer l’esprit de choix, dont le purisme n’est que l’exagération, à des ouvrages d’un fond assez attachant pour que le lecteur y fût plus occupé des choses que des mots. […] On songe moins à arrêter les lecteurs sur la beauté d’un esprit particulier, qu’à raffermir leur conscience troublée par la contradiction, et à conserver intact le dépôt de la doctrine. […] Tout est donné aux choses, rien à ce qui pourrait distraire le lecteur de l’objet traité, pour l’attirer sur la personne de l’écrivain ou sur son art. […] Il faut une langue individuelle, et comme le don n’en a été accordé qu’à des personnes extraordinairement douées, ces personnes impriment à leurs écrits une marque qui les fait reconnaître de loin, y attire le lecteur.
Là, Virgile, trop éclairé pour se faire aucune illusion, et dédaignant de tromper ses lecteurs par un vain artifice, vous déclare hautement qu’il traite une seconde fable d’une espèce toute différente. […] Aucun lecteur n’est choqué de voir Minerve sous les traits de Mentor sauver Télémaque des pièges que Vénus lui tend au milieu de belles nymphes. […] L’illusion que produit la vraisemblance du merveilleux s’accroît de la confiance que nos opinions nous donnent en ses ressorts : elle est conséquemment plus forte quand il s’accorde avec les idées religieuses du lecteur. […] » Les questions insolubles qu’il se fait dans l’ardeur de sa verve communiquent son trouble au lecteur, et sont autant de poétiques artifices pour l’entraîner, le précipiter avec lui loin du réel et du probable. […] Si la plus exacte conformité d’humeurs distingue les personnages introduits dans l’action, ils se placeront d’eux-mêmes, d’un bout à l’autre, dans le rang qui leur convient ; et le lecteur, qui les aura d’abord connus, ne confondra dans la suite ni leurs traits ni leur situation.
Point de moyen plus sûr de s’attirer des lecteurs, des admirateurs, des prosélytes ; & cependant rien de plus révoltant aux yeux d’une raison, nous ne disons pas austere, mais éclairée, que ce penchant à faire consister tout le bonheur dans la jouissance actuelle des plaisirs des sens.
L’humeur qui y éclate en décrédite l’autorité, & inspire une juste défiance au Lecteur.
En un mot, le P. de Neuville eût été un Orateur accompli, sans sa fécondité, qui l’entraîne quelquefois trop loin, sans cette envie de tout dire, qui l’engage dans des détails qu’il eût dû supprimer, puisqu’ils refroidissent ordinairement le Lecteur.
Malgré ces défauts, on ne peut refuser à l’Abbé de Saint-Réal. la gloire d’avoir écrit en Homme d’esprit, d’avoir su répandre dans son style un prestige séducteur, qui fait regretter de ne pouvoir joindre le suffrage de conviction à l’intérêt qu’il fait naître dans l’ame du Lecteur.
Quelques situations, quelques traits de sentiment, une pantomime aussi adroitement ménagée qu'il est possible de le faire, peuvent amuser quelques instans le Spectateur, mais sont entiérement perdus pour le Lecteur, à qui rien ne fait plus illusion.
) Une maladie n’ayant pas permis à l’Auteur de présider à l’impression de son Livre, il s’y est glissé quelques fautes qui forment des erreurs ou des contre-sens ; & d’autres plus légeres que le Lecteur intelligent voudra bien corriger.
La pensée générale aurait couru le risque d’être brisée par un travail qui eût été fastidieux pour l’auteur, parce que rien ne fatigue plus que de revenir sur ses propres idées, et qui eût été en même temps sans aucune utilité, parce que le lecteur saura bien faire lui-même l’appréciation des circonstances et des conjonctures nouvelles.