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1340. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

. — Elle pleurait : sa joue était comme une muraille lavée par la pluie ; sa bouche, à cause des sanglots infinis, faisait une grimace triste qui ressemblait au sourire d’un mort blafard et ironique ; son cou était comme une grosse corde amollie et détressée ; son petit buste court tenait dans un maigre corsage, aussi étroit que celui d’une fille de dix ans. […] Guidé par le murmure ailé des Angelus, J’ai suivi vers le Nord les pèlerins austères Et la troupe de ceux qui jouaient les Mystères.

1341. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Quel rôle cette habitude a-t-elle joué dans la formation du français ? […] Le Pédant Joué.

1342. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Les prologues des pièces anglaises roulent presque toujours sur l’apologie de l’auteur dramatique dont on va jouer la pièce ; l’usage du prologue est, sur le théâtre anglais, beaucoup plus ancien que celui de l’épilogue. […] Dans la poésie dramatique, il signifiait, chez les anciens, ce qu’un des principaux acteurs adressait aux spectateurs lorsque la pièce était finie, et qui contenait ordinairement quelques réflexions relatives à cette même pièce et au rôle qu’y avait joué cet acteur.

1343. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

La joue, dans une juste colère, est capable de flamme.

1344. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Mais que le tour de ces moindres billets est facile, rapide, agréable, d’une galanterie naturelle, d’une familiarité qui se joue aisément sous le respect !

1345. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

» En France et dans notre société, c’est moins encore l’idée de beauté que celle de morale qui fait ce même office de pavé accablant, et dont on s’arme sans cesse, qu’on jette à la tête de tout nouveau venu, avec une vivacité et une promptitude qui ne laissent pas d’être curieuses, si l’on songe à quelques-uns de ceux qui en jouent de la sorte.

1346. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers »

Nul ne pense à mettre en doute le triomphe de la France. » Mais, dans cette bouillante armée, les chefs, dévoués eux-mêmes et pleins de vigueur, sentant qu’il y allait pour la plupart de leur destinée et qu’ils jouaient le jeu terrible de tout ou rien, n’étaient pas cependant dans un parfait rapport avec le soldat.

1347. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

À la verte confiance de la première jeunesse, à la croyance ardente, à la virginale prière d’une âme stoïque et chrétienne, à la mystique idolâtrie pour un seul être voilé, aux pleurs faciles, aux paroles fermes, retenues et nettement dessinées dans leur contour comme un profil d’énergique adolescent, ont succédé ici un sentiment amèrement vrai du néant des choses, un inexprimable adieu à la jeunesse qui s’enfuit, aux grâces enchantées que rien ne répare ; la paternité à la place de l’amour ; des grâces nouvelles, bruyantes, enfantines, qui courent devant les yeux, mais qui aussi font monter les soucis au front et pencher tristement l’âme paternelle ; des pleurs (si l’on peut encore pleurer), des pleurs dans la voix plutôt qu’au bord des paupières, et désormais le cri des entrailles au lieu des soupirs du cœur ; plus de prière pour soi ou à peine, car on n’oserait, et d’ailleurs on ne croit plus que confusément ; des vertiges, si l’on rêve ; des abîmes, si l’on s’abandonne ; l’horizon qui s’est rembruni à mesure qu’on a gravi ; une sorte d’affaissement, même dans la résignation, qui semble donner gain de cause à la fatalité ; déjà les paroles pressées, nombreuses, qu’on dirait tomber de la bouche du vieillard assis qui raconte, et dans les tons, dans les rhythmes pourtant, mille variétés, mille fleurs, mille adresses concises et viriles à travers lesquelles les doigts se jouent comme par habitude, sans que la gravité de la plainte fondamentale en soit altérée.

1348. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

le jour où vous écriviez cette lettre, vous avez voulu jouer au Diderot. — Notez bien pourtant qu’au nombre des juges qui se détachèrent alors de Victorin était Fontanes.

1349. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Le jour où un sentiment profond et passionné le prend au cœur, où une douleur sublime l’aiguillonne, il se défait aisément de ces coquetteries frivoles, et brise, en se relevant, tous les fils de soie dans lesquels jouaient ses doigts nerveux.

1350. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Est-il plus sérieux, je te le demande, ne se joue-t-il pas bien davantage, celui qui vient me décrire le festin du cruel Térée ou la crudité de ton horrible mets, ô Thyeste ?

1351. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Il semble que, dans cette portion du livre, l’auteur se soit proposé le problème d’expliquer les grands effets par les petites causes, les insurrections populaires par la toute-puissance d’une caisse occulte, les révolutions législatives par les couteaux des dames de la Halle, les entraînements de parti par des calculs de peur ou de vanité, les épouvantables convulsions de 93 par l’ascendant malin des trois ogres, Danton, Marat et Robespierre, qui jouent à peu près ici le rôle des nains mystérieux de ses romans.

1352. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Or, que des muletiers d’Andalousie jouent ce tour-là à Sancho Pança, ou la populace des moines à Riego, on le conçoit ; c’est une farce ou une cruauté ; mais on ne saurait rien supposer de tel de la part d’une providence sérieuse et bienfaisante ; il faut donc que ces rapports peu harmoniques de l’âme avec le corps soient une peine ou une épreuve, un purgatoire en ce monde ou une croix.

1353. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Or, les esprits qui jugent de la sorte, ont un rôle à jouer dans l’effort commun ; ils ont à exciter ceux qui doutent d’une issue, à tempérer, à ne pas suivre ceux qui voient à chaque pas un labarum ; ils ont à multiplier les points de vue de l’histoire, les documents de l’érudition, les variétés réelles, innombrables, qui déconcertent les unités étroites et factices ; ils ont aussi à rappeler, d’autres fois, le but futur, la grande unité sociale, vague encore, complexe, et inégale toujours, où évidemment le siècle s’achemine.

1354. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Serez-vous donc toujours les mêmes à jouer des passions des hommes, ô poëtes charmants si redoutés de Platon ?

1355. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Il y trouve des figures sublimes, dignes d’Homère, quand il montre « les Parques blêmes dont la main se joue également des jours du vieillard et de ceux du jeune homme. » Il ne peint pas les dieux vaguement, avec des souvenirs de classe.

1356. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Enfin, pour ceux qui ont joué là dans leur enfance, un souvenir lointain, triste ou gai, s’y joint, qui est à nous seuls et qu’on ne partage avec personne.

1357. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Partout des comédiens français jouaient notre répertoire.

1358. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Ainsi, dans Bouvard et Pécuchet, le médecin dit à Pecuchet en lui donnant une petite tape sur la joue : « Trop de nerfs…, trop artiste ! 

1359. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Vous vous étonneriez que celui-ci ne joue point du couteau, mais je vous prierais de considérer que l’autre tape sur sa bonne amie, et que les sentiments du trio sont admirables de simplicité et de brutalité farouche.

1360. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Il s’agit pour les morales de faire jouer à l’individu le rôle du « guillotiné par persuasion ».

1361. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre V. L’Analyse et la Physique. »

On conçoit, qu’avec cette liberté, il se joue des difficultés qui arrêtent l’analyste.

1362. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

La salle de débit est calme ; cela ressemble à la salle d’un café de province ; beaucoup de tables sont vides ; la caissière somnole au comptoir ; par économie, on n’a allumé qu’un bec de gaz sur deux ; des gens du quartier jouent aux cartes dans un coin ; le garçon range les journaux du matin.

1363. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Bourdaloue fait ici des merveilles ; la duchesse et moi nous le voyons tous les jours. » Cette lettre est un exemple de ces entretiens où madame de Maintenon, sans malice, et peut-être en prenant le change sur elle-même, mue par un double instinct d’amour et d’honnêteté, se joue de l’esprit grossier de son directeur, lui présente comme des griefs contre la cour, l’intérêt qui l’y attache, et comme dépit contre le roi, l’amour qu’il ressent et celui qu’il inspire, et se fait ordonner comme un sacrifice méritoire, de rester à sa cour.

1364. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

« Je vous l’avais bien dit que M. de Condom jouerait dans cette affaire un personnage de dupe.

1365. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

En général, le vers populaire est très fortement scandé, et garde, même sans musique, une allure de chant : Je voudrais || que la rose Fût encore || au rosier… Ma mè || re j’ai || une au || tre sœur, Une au || tre sœur || qu’est tant jolie… Les strophes ou couplets varient de un jusqu’à huit vers, le refrain y joue un grand rôle, mais c’est une étude trop spéciale, trop intimement liée à la musique des chansons pour qu’il soit possible de l’introduire ici : au premier abord, la question paraît inextricable de savoir si paroles et musiques sont nées ensemble, si la musique, dans tel ou tel cas, a été faite pour les paroles, ou les paroles pour la musique.

1366. (1902) L’humanisme. Figaro

Je n’en sais rien, ni vous non plus ; mais je proclame que si nous quittons pour toujours, dans un dernier soupir, ceux que nous aimons ou qui nous aiment, la vie n’est qu’une plate comédie qui ne vaut pas la peine d’être jouée ni vue.

1367. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Il joua, dans le monde, une forte de rôle, mais principalement dans le monde sçavant.

1368. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Bien souvent, dans l’Église protestante, on a essayé de constituer une autorité ; les synodes ont voulu jouer le rôle des conciles ; les confessions de foi ont essayé de se donner pour des credo ; mais la radicale contradiction qui éclatait dans ces tentatives d’organisation doctrinale devait les faire échouer infailliblement ; et malgré les résistances des dogmatiques, malgré les anathèmes de Bossuet, le protestantisme continua de donner l’exemple, si nouveau en Europe, d’une religion mobile et incessamment transformée.

1369. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

C’est l’art des grands maîtres de savoir se jouer à propos de leur sujet.

1370. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

comme elle se joue à travers cette multitude de branches défeuillées par l’automne, et comme elle met en valeur les moindres ramilles !

1371. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

C’est qu’en fin de compte, tous ces petits romans de Mme de Chandeneux et jusqu’à Une faiblesse de Minerve, qui a l’ambition d’être un roman de passion et qui se développe et se meut dans une autre atmosphère, sont des romans comme les piécettes qu’on joue au Gymnase sont des pièces de théâtre.

1372. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

C’est là un spectacle déconcertant et cruel pour des parlementaires malades de leurs institutions rentrées, et qui s’en vengent en écrivant de ces généralités désintéressées : « Une nation fatiguée de longs débats « consent volontiers qu’on la dupe, pourvu qu’on la « repose, et l’histoire nous apprend qu’il suffit alors « pour la contenter de ramasser dans tout le pays « un certain nombre d’hommes obscurs et dépendants, « et de leur faire jouer devant elle le rôle d’une « assemblée politique, moyennant salaire. » Voilà comme Tocqueville entend le trait.

1373. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

» Le cœur de Shakespeare, son caractère, ses actes, les milieux qui ont joué sur sa pensée ou qui l’ont pénétrée, enfin tout ce qui est le secret même de son génie en en faisant l’originalité, tout cela a manqué jusqu’ici, et tellement même qu’on a fini par dire, — dogmatiquement et comme si c’était la dispense de toute découverte : « Shakespeare est le seul biographe de Shakespeare ! 

1374. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Ainsi enfin, lorsque Gibbon lui-même, Gibbon, plus près des faits déjà, plus soucieux de ce qu’ils peuvent être, moins élevé, moins général que Bossuet et que Montesquieu, roule, comme une espèce de Meschacebé historique aux larges ondes, ce magnifique récit du déclin et de la chute de l’empire romain débordant sous les écroulements de la civilisation antique et sous les alluvions du Christianisme et de la barbarie, Gibbon laisse beaucoup trop aussi la personnalité de sa pensée philosophique jouer sur les faits qu’il brasse et pousse avec tant de vigueur.

1375. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Il voulut être enterré à Grenade, à côté d’Isabelle de Castille, et la royale sépulture de Poblet, où nous avons conduit tant d’illustres cendres, vit clore définitivement le rôle qu’elle avait joué sous les comtes de Barcelone et les rois d’Aragon. » C’est alors que l’historien ajoute : « Ce n’est pas sans raison que nous avons pris soin de suivre les rois et les comtes dans leur dernier asile.

1376. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Il n’entend guères que la France joue à ce pastiche de dupe irressemblant et dangereux, l’imitation de la Hollande et de l’Angleterre ; et s’il nous cite ce dernier pays, c’est pour nous donner un exemple frappant de l’énorme profit qu’une nation, industrielle pourtant de nécessité et par excellence, a tiré de l’agriculture, en appliquant les plus actifs procédés d’une exploitation intelligente aux ingratitudes natives de son sol… Alphonse Jobez, il est vrai, a vu ce qu’il est impossible de ne pas voir quand on regarde l’Angleterre.

1377. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

À propos de femmes, il y joue pesamment aux axiomes sociaux, cette fossette des petits garçons philosophiques, et il nous déballe tout un système de morale, monstrueux et bouffon à la fois ; car, dans ce système de comédie, les usuriers à soixante pour cent seraient des saints Vincent de Paul.

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