Donc, contentez-vous d’être un homme de l’esprit que vous avez, si vous êtes un des heureux et des privilégiés de ce bas monde, et sachez vous en servir habilement, honnêtement. […] Du Croisy, qui comptait avoir le rôle de la statue, et qui était tout fait pour ce rôle, n’en a plus voulu, et il s’est trouvé heureux de jouer un petit rôle de marchand. […] Il s’est mis à cheval sur cet âne immortel que montait Sancho Pança de son vivant ; heureux âne qui porte dans sa besace cent fois plus de philosophie qu’Aristote n’en portait dans sa tête. […] Non, mais par hasard il passe devant la tombe du Commandeur ; il s’arrête, encore tout chaud du combat qu’il vient de livrer, et très heureux d’avoir un nouveau rendez-vous d’amour pour le soir. […] Cette mise en scène ne fut pas heureuse ; — M.
le voilà heureux pour toujours ! […] … Il y a des heures où, à force d’être si paradoxalement heureux, je doute de moi-même ! […] les riches ne sont pas heureux, monsieur ! […] La phrase est souple sans clownerie, sonore sans déclamation, et pleine d’images heureuses qui se gravent dans l’esprit. […] Je vis que cet homme était heureux et, à ce moment, attendri.
Un notaire et sa femme, M. et madame Denis, vivent heureux et paisibles dans un petit bourg du Cotentin. […] Il a bien compris, l’heureux poëte ! […] Mais dites à un poëte, si amoureux qu’il soit, de sacrifier son génie à son amour, et de consentir à rester obscur pour être heureux ! […] Mais, cette fois, l’imitation est si heureuse et si habile, le modèle si admirable, le maître si sûr, que je ne me sens pas le courage de blâmer l’imitateur et le disciple. […] Ce mariage n’est pas heureux ; le duc de Longueville, deux fois plus âgé que sa femme, n’a rien qui rachète ce désavantage.
Pour nous, cette publication nouvelle nous est une occasion heureuse, que nous ne laisserons pas échapper, de réparer envers Louise Labé un oubli, une légèreté involontaire qu’un critique ami, M. […] Louise Labé était disciple de Maurice Sève, et elle lui dut assurément beaucoup pour les études et les doctes conseils ; mais, si elle atteignit dans l’expression à quelques accents heureux, à quelques traits durables, elle ne les puisa que dans sa propre passion et en elle-même. […] Retraçant avec complaisance les artifices divers par lesquels les femmes savent, dans leur toilette, rehausser ou suppléer la beauté et tirer parti de la mode, il ajoute en une image heureuse : « et avec tout cela, l’habit propre comme la feuille autour du fruit. » Amour, au dire d’Apollon, est le mobile et l’auteur de tout ce qu’il y a d’aimable, de galant et d’industrieux dans la société ; il est l’âme des beaux entretiens : « Brief, le plus grand plaisir qui soit après Amour, c’est d’en parler. […] et qui finit par ces vers : Bien je mourrois, plus que vivante, heureuse ! […] si j’estois en ce beau sein ravie De celui-là pour lequel vais mourant ; Si avec lui vivre le demeurant De mes courts jours ne m’empeschoit Envie ; Si m’acollant me disoit : Chère Amie, Contentons-nous l’un l’autre, s’asseurant, Que jà tempeste, Euripe, ne courant, Ne pourra desjoindre en notre vie ; Si de mes bras le tenant acollé, Comme du lierre est l’arbre encercelé, La Mort venoit, de mon aise envieuse, Lors que souef plus il me baiseroit, Et mon esprit sur ses lèvres fuiroit, Bien je mourrois, plus que vivante, heureuse !
J’avais bien raison ; car, si je n’avais pas publié alors quelques vers passables, dont on s’est malheureusement souvenu toujours contre moi, ou si je n’en avais publié que de médiocres ou de ridicules, oubliés comme ceux de quelques grands hommes politiques de nos jours, j’aurais pu espérer, comme eux, de passer pour une capacité politique de second ou de troisième ordre dans les fastes de l’heureuse et prosaïque médiocrité. […] La moitié de leur vie était heureuse : portiers le jour, ils étaient rois la nuit. […] Heureux ce jeune homme s’il peut un jour rendre un Pétrarque aux philosophes, aux poètes, aux amants ! […] tu connais ces arches de corolles Où le poète, heureux aux jours de liberté, Chantait, et pour ses vers trouvait des auréoles : La poésie et l’art enlaçaient leur beauté. […] Écoutez le beau conte éclos sur ces hauteurs : Antar prend les sabots, sans rien dire ; il y glisse Un trésor, des gâteaux, de l’argent qui reluit ; Puis, les posant, sourit de l’heureuse malice.
Il n’est que neuf heures et j’ai déjà passé par l’heureux et par le triste. […] L’heureux, c’est le soleil, l’air doux, le chant des oiseaux, bonheurs à moi ; puis une lettre de Mimi, qui est à Gaillac, où elle me parle de Mme Vialar, qui t’a vu, et d’autres choses riantes. […] Notre malade est heureuse, et rien n’est plus étonnant que de trouver le bonheur chez une telle créature, dans une pareille demeure. […] Ce jour n’est pas heureux ; maman mourut un vendredi, et d’autres événements tristes que j’ai remarqués. […] Heureuses gens qui suent et qui chantent !
« J’ai été assez heureux pour fournir à Mgr Bernetti toutes les preuves du contraire, et il vous dira lui-même l’effet que mes paroles ont produit sur son esprit. […] Ces sentiments de piété envers le Siège de Pierre, que ma femme et moi sommes si heureux d’inculquer à notre jeune famille, sont invariables dans mon cœur. […] J’espère que cette caisse ne déplaira pas trop à Votre Éminence, et qu’en respirant le parfum de ces fleurs, qui se développeront peut-être encore davantage sous l’heureux climat et dans la chaude atmosphère de Rome, vous daignerez songer quelquefois à un homme qui sera toujours reconnaissant des services rendus. […] L’ingratitude l’avertit, il l’attendait, il dédaigna de se défendre contre elle ; il ne pouvait lui opposer que vingt ans d’heureux et fort gouvernement, la tranquillité à Rome, sa pauvreté volontaire et l’amitié de son maître. […] Bel exemple pour les ministres d’une institution dont le présent se détache et qui ne peut vivre que d’honnêtes et habiles ajournements de la fatalité ; heureuse condition des pouvoirs résignés qui ne peuvent vivre que de leur innocence !
Voici, dans un douzain, un abrégé de l’histoire de Rome universelle, tel qu’aurait pu le tracer un protestant82 : Rome jadis la terre subjugua Puis si heureuse en la mer navigua, Que du grand monde et d’une cité close On vit la force estre la mesme chose. […] Un sot en peut et un sage homme avoir ; Un ignorant et un de bon savoir, Ainsi qu’il plaist au sort les départir Et je voudrois pour heureux me sentir Qu’il plust à Dieu, d’où les vrais biens procedent, M’en octroyer de ceux que ne possedent Nuls vicieux, ny ne sont dispensés A cœurs malins, ni cerveaux insensés, Et sans lesquels d’hommes n’avons que l’ombre. […] On s’attendrait à trouver, parmi tant d’idées heureuses, quelques principes de goût sur la manière dont l’imitation pouvait enrichir, et, selon l’expression de Du Bellay, amplifier notre langue. […] Ronsard, qui le (Marot) suivit, par une autre méthode, Réglant tout, brouilla tout, fit un art à sa mode, Et toutefois longtemps eut un heureux destin. […] Mais, moins heureux que Rabelais, qui, de temps en temps, secoue les liens de l’érudition, se rendant libre de sa mémoire, où étaient entassées et où fermentaient tant de langues et de sciences diverses, et nous donne comme les premières épreuves d’une image parfaite de l’esprit français cultivé par l’antiquité, Ronsard ne s’égara pas d’un pas, comme il s’en vante, des vers repliés de Pindare ; il ne sut pas marcher seul ; et dans tout cet amas de vers où brillent de vives étincelles, il n’y a pas une seule pièce d’un style franc et libre, où la poésie française puisse reconnaître son point de perfection.
Un autre épisode est venu s’ajouter à celui-là, par une confusion très heureuse que Wagner a faite, de propos délibéré, entre Freia et Idun ou Iduna, déesse dont les pommes d’or empêchent les dieux de vieillir. […] La nomination de Louis Brassin, l’admirable pianiste, en qualité de professeur au Conservatoire royal de Bruxelles, devait avoir par la suite une très heureuse influence sur les destinées du Wagnérisme. « Personne, dit M. […] Hans Richter eut à lutter sérieusement pour empêcher que l’on ne profanât Lohengrin en y introduisant un de ces divertissements chorégraphiques où le clinquant le dispute au ridicule et sans lesquels, de nos jours encore, il n’est guère d’opéra tolérabie, Richter eut gain de cause contre le ballet, mats il fut moins heureux à l’endroit des coupures. […] Le résultat fut moins heureux avec le Vaisseau fantôme (6 avril 1872) qu’une interprétation au-dessous du médiocre ne permit point de se maintenir au-delà de six représentations. […] La Revus Wagnériennë a rendu compte de l’heureux avènement des Maîtres Chanteurs à Bruxelles ; je ne crois donc pas devoir entrer dans plus de détails à ce sujet.
Pour moi j’avoüe que je ne regarde pas les poëmes d’Homere comme des ouvrages de morale, mais seulement comme des ouvrages où l’auteur s’est proposé particuliérement de plaire ; excellens dans leur genre, par rapport aux circonstances où ils ont été faits ; comme la source de la fable et de toutes les idées poëtiques ; en un mot, comme des chef-d’oeuvres d’imagination, remplis de saillies heureuses et d’une éloquence vive, où les grecs et les latins ont puisé, et que les modernes se font encore honneur d’imiter. […] Telles sont les odes d’Anacréon ; courtes, sa paresse n’en eût pas souffert d’autres ; naïves, il n’écrivoit que ce qu’il sentoit ; toujours remplies de tour et d’élégance, il attendoit les momens heureux de son imagination, et ne faisoit proprement qu’obéir à son génie. […] Il avoit sur l’avenir les mêmes principes qu’Anacréon, qu’il a peut-être un peu trop rebattus dans ses odes : mais il avoit en même tems un naturel heureux, soutenu de la meilleure éducation ; et à la réserve de certains penchans qui à la honte de son pays et de son siécle n’y étoient pas aussi odieux qu’ils auroient dû l’être, on peut regarder Horace comme un des plus honnêtes hommes de l’antiquité. […] Enfin Horace a presque traité tous les sujets, toujours d’une maniére nouvelle, avec des figures et des expressions également heureuses et hardies. […] Son sens se présente de lui-même ; et le tour heureux de ses phrases met pour l’ordinaire sa pensée dans tout son jour.
Cela est, il est heureux que cela soit, et il serait impossible qu’il en fût autrement. […] Ce furent des mois heureux, des années heureuses. […] Ce roman, objet de tant de colères et de reculs effarés, elle alla le demander à son auteur et fut assez heureuse pour l’obtenir ; oui, heureuse ! […] Et c’était de toutes parts des poignées de mains heureuses. […] Alors, je suis heureux !
Voilà les heureux effets de la sensibilité mâle que doit exprimer l’homme de lettres. […] L’implexe, où les intérêts opposés changent les heureux en malheureux, et réciproquement. […] Le souffle du génie nous remplit de vapeurs heureuses qui nous agitent de l’enthousiasme d’autrui et qui seconde merveilleusement le nôtre. […] La Harpe soumit plus judicieusement le Philoctète à la mesure des trois actes, et le bon goût l’éclaira sans doute en cette heureuse détermination. […] Il vaut mieux extraire de la tragédie française les traits simples, les passages heureux qui rachètent des fautes légères dans un de ses morceaux les plus touchants.
Je me croirais heureux si je pouvais vous offrir quelque consolation. […] Il est devenu pour moi une espèce de propriété ; il me semble qu’une réminiscence confuse m’apprend que j’ai vécu là jadis dans des temps plus heureux, et dont la mémoire s’est effacée en moi. […] Je vois de loin, avec des yeux d’envie, ses heureux habitants qui me connaissent à peine ; je leur tends les mains en gémissant, et je leur demande ma portion de bonheur. […] Adieu, généreux étranger, soyez heureux… Adieu pour jamais ! […] criâmes-nous tous les deux ; heureux le jour où nous pourrons lire pour seul livre : la nature !
Il pleura lamentablement pour exciter la pitié, « ma mémoire, autrefois heureuse, est usée par le chagrin… Je suis attaqué par une maladie qui me laisse peu d’espoir ». […] La Décade philosophique (10 pluviôse an VII), après avoir constaté l’engouement pour les romans anglais, ajoutait, « nous pouvons affirmer que nous possédons en original et de notre propre cru des horreurs dont les plus difficiles peuvent se contenter, que nous ne manquons pas de personnages atroces, atrocement crayonnés, que nous avons des esprits corps, c’est-à-dire des fantômes qui n’en sont pas, heureuse invention par laquelle s’est éminemment distinguée mistress Radcliffe, que nous sommes riches en descriptions du soleil et de la lune, en sites romantiques, en événements romanesques, enfin que nous ne sommes pas moins experts que nos maîtres dans la science des longueurs et l’art de multiplier les volumes… On a réussi à naturaliser le spleen, on a essayé d’imiter l’humour ; mais il faut qu’il soit plus facile de faire du Radcliffe que du Sterne, je ne saurais du moins proclamer nos succès en ce genre, je dois me borner à dire que jusqu’ici on l’a seulement innocemment tenté ». […] La célèbre Mme Cottin, dans son premier roman publié en 1798, lu et admiré pendant un demi-siècle, en 1844 on le republiait encore, l’héroïne, « la plus sublime des femmes », Claire d’Albe écrit à son amant, le protégé de son mari, qui le traite comme un fils : « L’image de ce bonheur que vous me demandez égare mes sens et trouble ma raison ; pour le satisfaire, je compterais pour rien la vie, l’honneur et jusqu’à ma destinée future : vous rendre heureux et mourir après serait tout pour Claire : elle aurait assez vécu. » Elle se donne à son amant « abattue par les sensations… au bas de son jardin, sous l’ombre des peupliers, qui couronnent l’urne de son père et où sa piété consacra un autel à la divinité ». […] heureuse la nation, heureux les individus qui dépendraient des hommes susceptibles d’être entraînés par la sensibilité19 ». […] Eschyle et Aristophane, ces géants du drame et de la comédie, ressuscités et transportés dans le Paris de cette fin de siècle, seraient aussi incapables d’écrire la Théodora de Sardou, et le Plus heureux des trois de Labiche, qu’il était impossible à Hugo de refaire une des parties perdues de Prométhée, ou à Leconte de Lisle d’ajouter une strophe à la Chanson de Roland ou à n’importe quel chant barbare.
Mais ce qui semble moins nécessaire et ce qui est une richesse tout à fait heureuse chez Vicq d’Azyr, ce sont les vues morales qu’il mêle continuellement à ses récits. […] Dans la vieillesse, à mesure que l’existence physique s’éteint, l’homme illustré par ses talents voit s’accroître la vaste carrière de la célébrité ; le court avenir qui lui reste se confond aisément avec celui que la postérité lui prépare, et s’agrandit par cette compensation heureuse ; tout l’invite à se rappeler avec délices les époques les plus brillantes de son histoire, et peut-être l’habitude que l’on a de vivre, jointe à cette douce illusion, est-elle plus que suffisante dans ces derniers moments pour détourner l’idée importune et fatigante d’une mort prochaine. […] Vicq d’Azyr avait à un haut degré le sentiment de la connexion et de la solidarité des sciences : en ce sens il avait l’esprit éminemment académique et encyclopédique, et, s’il nous paraît de loin aujourd’hui avoir été avant tout de la famille de ceux qui sont des messagers publics et des organes applaudis, nul ne peut dire de cet homme de talent sitôt moissonné, qu’il n’eût pas été aussi, à d’autres moments, un investigateur heureux et un inventeur.
« Si demain je suis aussi heureux qu’aujourd’hui, disait-il le soir en soupant dans une auberge de village en compagnie de ses maréchaux, dans quinze jours j’aurai ramené l’ennemi sur le Rhin, et du Rhin à la Vistule il n’y a qu’un pas ! » — Le lendemain (11 février), il est aussi heureux ; il pousse à gauche, vers Montmirail, sur le général Sacken, isolé à son tour, mais qui a avec lui 20000 hommes. […] En lisant cette belle histoire qui sans doute a ses défauts, ses redites et ses longueurs, mais où rien n’est oublié ; où toutes les sources contemporaines se sont versées dans un plein et vaste courant ; où se déploie, sous air de facilité, une si grande puissance de travail ; où tout est naturel, — naturellement pensé —, naturellement dit ; si magnifique partout de clarté et d’étendue, et qui offre dans le détail des touches de la plus heureuse finesse ; où le style même, auquel ni l’historien ni le lecteur ne songent, a par endroits des veines rapides et comme des venues d’autant plus charmantes ; — en achevant de lire cette histoire, à laquelle il ne manque plus qu’un ou deux volumes de complément et de surcroît, je dirai encore ce que diront à distance tous ceux qui la liront : c’est que, quelque regret qu’ait droit d’avoir l’historien dans l’ordre de ses convictions politiques, la postérité trouvera qu’il n’eût pu employer les années fécondes de son entière maturité à rien de mieux qu’à édifier un tel monument.
Mais en prenant l’hypothèse la plus défavorable, en supposant qu’elles restent à jamais une énigme, ceux qui y auront consacré leurs labeurs n’auront pas moins mérité de la science que si, comme Champollion, ils eussent restauré tout un monde ; car, même dans le cas où cet heureux résultat ne se serait pas réalisé ; le succès n’était pas à la rigueur impossible, et il n’y a pas moyen de le savoir, si on ne l’eût essayé. […] J’estimais heureux ceux qui reposaient en ce lieu. […] Heureux les classiques, venus à l’époque où l’individualité littéraire était si puissante !
La mauvaise rumeur des prochaines années Passe dans les frissons heureux de la forêt, Dans chaque bruit résonne un bruit de destinées Et, là-bas, le jardin des baisers apparaît. […] Lamoureux sera évidemment plus heureux. […] Il s’agit, présentement, non de réparer une longue injustice — car depuis beaucoup d’années, l’opinion des connaisseurs est faite sur ce point — mais d’accélérer une heureuse réaction, en ce qui concerne l’œuvre d’un grand musicien moderne, d’un maître, César Franck.
Peu de temps après, un mot tout à fait inattendu, que le roi prononça tout simplement et comme par habitude, marqua l’époque d’un changement heureux dans la condition de la gouvernante. […] Quanto joue en robe de chambre avec la dame du château (avec la reine) qui se trouve trop heureuse d’être reçue, et qui souvent est chassée par un coup d’œil qu’on fait à la femme de chambre » (à la darne d’honneur, madame de Richelieu). […] Madame de Montespan fut au-devant de ce joli prince avec la bonne abbesse de Fontevrault et madame de Thianges : je crois qu’un si heureux voyage réchauffera le cœur des deux amies. » 10 novembre.
Les amants heureux s’accommodent volontiers de tous les cadres ; ils portent en eux de quoi embellir les déserts. […] À travers le factice et le faux que je crois avoir assez indiqués, on noterait (gardons-nous de l’oublier), dans presque tous les chapitres ou couplets dont se compose le récit, des accents vrais, des touches heureuses et fines, inexplicable mélange qui déconcerte, et qui est plus fait pour attrister le lecteur déjà mûr que pour le consoler. […] On en retrouvait pourtant aussi quelque note heureuse dans les souvenirs du pont des Arts et du quai Conti.
Il dut à cette excursion heureuse une connaissance toute naturelle de la littérature anglaise du xviiie siècle, et aussi des cadres brillants où se jouait sa sensibilité adolescente. […] Maucroix, chanoine de Reims et poète, naïf comme La Fontaine, et, dans sa jeunesse, un peu plus romanesque que lui ; ce Champenois de l’Île-de-France, qui parlait un français si pur, qui a trouvé quelques vers heureux dans la veine de Racan, et qui a du La Fontaine en lui, au génie près, mais qui en tient pour la bonhomie et pour le cœur ; Maucroix, l’ami aussi de Patru et de d’Ablancourt, était de cette race bourgeoise bien parlante, bien clouée et paresseuse. […] Walckenaer comme biographe du Grand Siècle, c’est de n’avoir point paru soupçonner ces questions-là, et de ne les avoir point laissées se poser et se résoudre aux yeux du lecteur par l’art heureux des citations mêmes.
Multiplicité d’individus comme base de la loterie, coups de dé heureux dus au hasard, telles sont donc bien les deux conditions caractéristiques de la sélection naturelle. La sélection mentale, au contraire, s’exerce au sein d’un même individu organisé, qui fait une série d’essais, les uns heureux et les autres malheureux, sous l’impulsion de l’appétit inhérent à la vie même. […] Même au point de vue de l’évolution, nous avons montré qu’on ne peut se contenter de la sélection par « heureux accidents » ; il faut faire intervenir la sélection cérébrale et mentale qui a lieu au sein d’un individu donné, et qui provient de ce que, dans la multitude des sensations que l’individu éprouve, il y en a seulement un petit nombre qui occasionnent des émotions de peine ou de plaisir assez distinctes pour devenir des objets possibles d’appétition déterminée.
C’est alors qu’il s’écriait : France, ô belle contrée, ô terre généreuse, Que les dieux complaisants firent pour être heureuse… alors qu’il déroulait, à la suite de cet exorde, toutes les richesses de notre sol, depuis le blé jusqu’à la vigne, tous les utiles ornements de nos contrées, depuis les forêts jusqu’aux fleuves, tous ces dons visibles, tous ces biens manifestes que l’Abondance, comme la nymphe antique, lui semblait verser d’une main sans lassitude et d’une coupe inépuisable. […] Est-il besoin de passer en revue les prosateurs qui se succèdent sans relâche au dix-septième, au dix-huitième et au dix-neuvième siècle, dont les soixante premières années, selon l’heureuse expression de M. […] » Il me semble que c’est tenir trop peu de compte de la structure même des vers, de l’heureux emploi des coupes et des césures, de l’ordonnance de la strophe, de la précision et de l’aisance du Rythme qui me paraissent bien concourir à l’harmonie.
Si quelques-uns de ses traits avortent, s’ils ne frappent point précisement à son but ; s’ils ne rendent pas exactement toute l’idée qu’il veut exprimer, d’autres traits plus heureux peuvent venir au secours des premiers. […] Tous les traits que Moliere emploïe pour craïonner son misantrope, ne sont pas également heureux, mais les uns ajoutent aux autres, et pris tous ensemble, ils forment le caractere le mieux dessiné et le portrait le plus parfait qui jamais ait été mis sur le théatre. […] Les sujets, dont la beauté consiste principalement dans l’élevation d’esprit que font voir des acteurs, dans la noblesse de leurs sentimens, comme dans des situations qui doivent agiter violemment et sans relâche les personnes interessées et qui doivent ainsi donner lieu à divers sentimens très-vifs et à des entretiens animez, sont plus heureux pour le poëte tragique.
Là finit ma vie heureuse, indépendante et primesautière. […] Aussi personne n’eut la repartie plus heureuse et plus prompte, le bon mot plus spontané. […] Est-il heureux, est-il rayonnant ! […] On dirait que Balzac est personnellement heureux du bon tour qu’il joue à Canalis. […] Quel heureux temps et comme il est loin de nous !
Heureux, à jamais heureux, quelles que soient les fatigues de son pèlerinage, celui qui a reçu dans sa vie les visites de ces trois puissants esprits ! […] Gustave Doré, l’heureux illustrateur de Dante, et nous le concevons sans peine. […] Non, cette fois il est heureux. […] Je suis donc heureux, très heureux, et en même temps que j’ai trouvé le bonheur, j’ai travaillé à mon perfectionnement moral, s’il faut en croire les docteurs bouddhistes. […] Ces heureuses difformités lui avaient aplani tant de petites difficultés !
Louis Veuillot s’est livré à un mouvement à la Bossuet qui a été loin d’être heureux. […] L’article est un éreintement, mais, venant de cette plume, mademoiselle Rachel l’eût payé fort cher et pardonnera difficilement qu’on en ait gratifié sa trop heureuse rivale. […] Paul de Saint-Victor est bien heureux que le correcteur ait été distrait ce soir-là. […] Alfred Meilheurat a eu là une inspiration heureuse ; mais les demi-mesures ne valent jamais rien. […] Edmond About, aux yeux de bien des gens, ne soit d’avoir été un homme heureux.
On les accusa d’irrespect ; heureuse audace ! […] Les poètes d’aujourd’hui ne cherchent pas seulement à revêtir l’Inconnaissable d’images heureuses. […] Plutôt encore, suivant l’heureuse expression de Mallarmé, une « allusion ». […] Mais, à un âge où d’autres s’essayent à de timides imitations, il eut la rage heureuse du nouveau. […] Mais une aube heureuse éclaire un peu son ciel.
Trouvez-vous qu’une religieuse défroquée, qu’un cadet cardinal, soient heureux, comblés de richesses ? […] Il s’était glissé dans mon premier travail une bien grave erreur que je suis trop heureux de pouvoir réparer : j’avais dit que la race d’Aïssé était éteinte, elle ne l’est pas. […] Cela dit, et cette justice rendue à une noble et gracieuse descendance au profit de laquelle nous sommes heureux de nous trouver en partie déshérités, on nous accordera pourtant d’oser maintenir et de répéter ici notre conclusion première ; car, comme l’a dit dès longtemps le Poète, à quoi bon tant questionner sur la race ? […] « Je remets à un temps plus heureux à vous remercier et à vous parler de vous ; car, aujourd’hui, je n’ai que moi en tête. » C’est J. […] que je voudrois qu’elle fût heureuse !
Paul Albert, quand je pense à tout ce que j’y trouve de connu déjà et aussi de neuf, d’exact et de tout récemment démontré (car l’histoire littéraire est en marche, et elle avance sans cesse), je ne puis m’empêcher de m’écrier : Heureuses les jeunes filles d’aujourd’hui ! […] Si La Harpe, inaugurant ses cours de littérature au Lycée, vers 1786, devant un auditoire de gens du monde conviés pour la première fois à pareille fête, a donné un signal heureux dont il convient toujours de lui tenir compte ; — si M.
Engagé aujourd’hui dans les fonctions saintes du ministère, il a cru, à l’une de ses courtes heures de loisir, pouvoir reproduire, sous un pseudonyme, d’anciens vers de jeunesse, que, plus heureux que Bèze, il n’a pas eu à rougir de refeuilleter. […] Voici, par exemple, une petite pièce qui a un bouquet d’anthologie chrétienne, autant qu’en un genre tout contraire une petite épigramme de l’anthologie grecque peut sentir son Hymette et son Musée : Le pèlerin Regardant une étoile au ciel épanouie, Un jeune homme marchait ; son léger manteau bleu Diminuait toujours : ce manteau, c’est la vie, Le voyageur c’est l’âme, et l’étoile c’est Dieu, Mais les essais de vers blancs, qui terminent le volume, ne sont pas heureux ; mais on n’échappe jamais tout à fait, dans cette langue française adoptive, à des accents du premier terroir.
Si cette école s’organise avec suite et produit d’heureux fruits, ce sera en grande partie à M. […] De ces mêmes, qui louent l’heureux patoisant, quels cris si l’on proposait en compétition à ce Français qui écrit en provençal, un « Étranger » qui écrit en français : un grand poète appelé Verhaeren ?
L’expression est heureuse. […] Par la combinaison involontaire, mais heureuse, de ces qualités diverses, M.
III Je voudrais rencontrer une brute, un être primitif et sensitif frissonnant aux frissons de la forêt, rêveur à cause du murmure des roseaux frôlés par le vent aux rives des fleuves, illuminé d’un doux rire puéril aux querelles des oiseaux, heureux par la pureté du soleil qui se lève et surtout épris, sans le savoir, de quelque Ève apparue un soir de printemps, au lointain bleu d’une allée, enfuie depuis, Dieu sait vers quels saules. […] Et lorsque tu l’auras trouvé, lorsque tu auras écarté les Apparences et les Prestiges qui en défendent l’approche, il jaillira éperdu, en strophes heureuses et variées, où sonneront tous les timbres, où éclatera toute la vie.
Que si elles avaient le défaut de faire de l’amour un délire de l’imagination, elles eurent aussi le mérite d’élever les esprits et les âmes au-dessus de l’amour d’instinct, et de préparer cet amour du cœur, ce doux accord des sympathies morales si fécond en délices inconnues à l’incontinence grossière, cet amour qui donne tant d’heureuses années à la vie humaine, appelée seulement à d’heureux moments par l’amour d’instinct.
Les plus heureux Génies ont besoin de secours pour croître & s’alimenter. […] En méditant, en approfondissant un Modele, on acquerra, non l’habitude d’inventer, de penser, de procéder & de s’exprimer comme lui ; mais la force nécessaire pour inventer, penser, procéder & s’exprimer, à son tour, aussi bien que lui : Les Ouvrages des Grands Maîtres, d’après Longin, sont comme autant de sources sacrées, d’où il s’éleve des vapeurs heureuses qui se répandent dans l’ame de leurs Imitateurs & animent les esprits les moins échauffés *.
La Fontaine en a fait de charmans sur des sujets moins heureux. […] Heureux !
Le pauvre missionnaire épuisa toutes les ressources de sa rhétorique pour débaucher quelques spectateurs à son heureux voisin. […] Sommes-nous plus malheureux par le mal, qu’heureux par le bien ?