« L’histoire se tait, dit-il sur l’origine du vainqueur de Cæsar ; mais, d’après la conformité des noms, j’éprouve quelque plaisir à supposer que ce Marius Egnatius était un fils du préteur de Téanum, battu de verges trente ans auparavant sous les yeux de ses concitoyens. […] » Le frère de Télésinus et Marius, fils du grand, étaient enfermés dans Préneste. […] Et cet autre refrain, qu’à l’oreille d’Orso tous les échos murmurent, ne le cède à rien en opiniâtre et fixe clameur : « A mon fils, mon fils en lointain pays, — gardez ma croix et ma chemise sanglante… — Il me faut la main qui a tiré, — l’œil qui a visé, — le cœur qui a pensé… » La scène avec les Barricini autour de la bière du pauvre Pietri ne ferait pas un indigne pendant, pour le tragique, à ce qui se passe là-bas au pied du tombeau d’Agamemnon.
Il a eu l’estime du marquis de Mirabeau : il sera le maître de son fils, qu’il enivrera de ses principes et de son éloquence. […] Car Beaumarchais, en vrai fils de son siècle, trouva le secret d’unir l’excellence du cœur à l’immoralité foncière. Il eut la vraie bonté, la vraie sensibilité, celle qui ne s’évapore pas en phrases et en larmes, qui est dans le cœur, arme le bras, délie la bourse : il fut le meilleur des fils, des frères, des pères. […] Biographie : Pierre-Augustin Caron, né à Paris le 25 janvier 1732, fils d’un horloger, applique d’abord son esprit d’invention à l’horlogerie.
Louis XIV était parti de Fontainebleau après son dîner, et se trouvait à Montargis avec son fils, son frère et les principaux de sa Cour, pour la recevoir. […] Nous avons soupé ; elle n’a manqué à rien et est d’une politesse charmante à toutes choses ; mais, à moi et à mon fils, elle n’a manqué à rien et s’est conduite comme vous pourriez faire. […] Est-ce qu’elle n’a pas déjà un fils ? […] Le règne de leur fils, de ce Louis XV qui ne sut être qu’un joli enfant, et qui se montra le plus méprisable des rois, eût été heureusement ajourné.
Polycrate mort, il est appelé à Athènes par les fils de Pisistrate ; et quand Hipparque tombe sous les coups d’Harmodius et d’Aristogiton, quand se prépare la délivrance d’Athènes, Anacréon, qui ne croit pas apparemment que les myrtes fleurissent pour cacher des poignards, ni que le plaisir soit le doux enfant de la liberté, s’en retourne bien vite à Téos, d’où il s’enfuit encore à la vue de l’Ionie soulevée contre Darius. […] Muses, déesses des chansons, Quand il faudroit quatre rançons, Pour mon enfant je les apporte ; Délivrez mon fils prisonnier. » Mais les Muses l’ont fait lier D’une chaîne encore plus forte.
Il a composé outre cela deux Comédies, mais larmoyantes : l’une est, Le Pere de Famille, l’autre, Le Fils naturel. […] Le Fils naturel fut présenté il y a peu de temps sur le Théatre, au Public, qui le regarda comme un bâtard ignoble, &, par le mauvais accueil qu’il lui fit, força son Pere de le retirer.
La tête de son fils est posée sur ses genoux dans le Carrache, et dans notre ami Pierre. […] Avec cette différence, que votre Christ, comme je vous l’ai déjà dit a l’air d’un noyé ou d’un supplicié, et que celui du Carrache est plein de noblesse ; que votre Vierge est froide et contournée en comparaison de celle du Carrache ; voyez l’action de cette main immobile posée sur la poitrine de son fils ; ce visage tiré ; cet air de pâmoison ; cette bouche entrouverte ; ces yeux fermés ; et cette Ste Anne, qu’en dites vous [?]
Quand Monsieur Campistron voulut mettre au théatre l’avanture tragique de dom Carlos, le fils aîné de Philippe II roi d’Espagne, il traita ce sujet sous le nom d’Andronic. […] Peu de mois après la mort de Henri IV on répresenta dans Paris une tragedie dont le sujet étoit la mort funeste de ce prince ; Louis XIII qui regnoit alors, faisoit lui-même un personnage dans la piece, et de sa loge il pouvoit se voir répresenter sur le théatre où le poëte lui faisoit dire que l’étude l’assommoit, qu’un livre lui faisoit mal à la tête, qu’il ne pouvoit guerir qu’au son du tambour, et plusieurs autres gentillesses de ce genre dignes d’un fils d’Alaric ou d’Athalaric.
La mère de Béranger, qui fut surtout douce et jolie, paraît n’avoir eu dans l’organisation et les destinées de ce fils unique que la part la moins active, contre l’ordinaire de la loi si fréquemment vérifiée, qui veut que les fils de génie tiennent étroitement de leur mère : témoin Hugo et Lamartine. […] Le germe heureux, fils de l’onde ou des airs, Tout fruit parfait béni dans sa semence, Le gland du chêne, ou la perle des mers, Petit ou grand, est cher à l’univers. […] mais ses fils dévoués À la chanter s’étaient vite enroués. […] De Marengo pendait alors l’épée ; Un Charlemagne aspirait au parvis : Cela, je crois, te rappela Clovis, Et tu rêvas de classique épopée, Toi, fils de l’hymne et de la Ménippée !
D’ailleurs le christianisme antérieur, qui s’en déduisait, renversait tous leurs préjugés sur le dogme catholique, dont, en effet, la plus large idée à nous, fils du siècle, nous était venue la veille par les conférences de Saint-Sulpice. […] Dans le moyen âge, il n’en allait pas ainsi : la puissance spirituelle régnait ; les princes, fils de l’Église, tuteurs au temporel, administraient les peuples robustes, encore en enfance ; s’ils faisaient sentir trop pesamment le sceptre, au cri que poussaient les peuples le Saint-Siège s’émouvait et portait sentence. […] Tout cela se fit par degrés, selon les temps et les pays ; il y eut chez nous une ère transitoire qui eut sa splendeur sous Louis XIV, sa mourante lueur sous la Restauration, et durant laquelle, tout en reconnaissant la puissance spirituelle, en lui rendant hommage en mille points, en se signant ses fils aînés, on se posa en face d’elle comme pouvoir indépendant, à jamais légitime de père en fils sur la terre. […] Mais, on le sent, la position restait toujours un peu fausse : s’il était victorieux séparément contre les légitimistes purs et les purs disciples du Contrat social, on avait droit de lui demander, à lui, où il plaçait le siège de cette loi suprême, et comme c’était à Rome, on pouvait lui demander encore par quel mode efficace il la faisait intervenir dans le temporel ; car alors elle intervenait nécessairement, le roi de France étant le fils aîné de l’Église et la confusion des deux ordres s’accroissant de jour en jour par les efforts de sa piété égarée.
Enfin, comme il est arrivé dans les épopées cycliques, où l’on a remonté les temps en passant des fils aux pères, le drame de la nouvelle loi a suscité le drame de l’ancienne loi : on pense que le Mystère du Vieil Testament s’est organisé sous l’influence de la Passion de Gréban. […] On citera ainsi quelques scènes de grande poésie métaphysique et religieuse : la scène du Roy Advenir, où Josaphat, fils d’un roi, élevé dans les délices, rencontre un lépreux, un mendiant, un vieillard, et devant cette révélation soudaine de la maladie, do la pauvreté, de la mort, médite anxieusement sur la vie ; la scène encore où Marie, dans les Passions de Gréban et de Jean Michel, supplie Jésus d’écarter d’elle et de lui les horreurs de la Passion, et où Jésus lui révèle le mystère de la Rédemption, la nécessité, l’efficacité de chacune de ses souffrances. Mais ici l’émotion humaine se mêle au mystère incompréhensible, et nos vieux poètes ont senti dans la Vierge une mère qui aimait son fils comme toutes les mères. […] Dans le Vieux Testament, quelques touches du caractère de Caïn, une esquisse du pathétique moral auquel le sacrifice d’Abraham peut donner lieu dans les rôles du père et du fils, une notation un peu sèche, mais essentiellement juste des sentiments respectifs de Samson et de Dalila, une discrète et délicate peinture de la belle âme de Suzanne, d’heureux traits de foi timide dans Enther, et d’orgueil féroce dans Aman : voilà où l’esprit aime à se reposer dans la platitude aride de l’immense mystère. La Passion de Gréban nous offrirait quelques accents vrais et touchants dans le rôle de la Vierge, ou dans le couplet de la mère de l’enfant mort, de la vérité encore dans le reniement de saint Pierre et dans le suicide de Judas, un réquisitoire d’Anne contre Jésus qui amuse comme l’involontaire expression de l’effarement irrité du bourgeois devant le socialisme révolutionnaire du fils de Dieu.
Le roi avait eu de Mme de Vintimille (sœur de Mme de Châteauroux) un fils qui lui ressemblait beaucoup et était tout le portrait de son père. Mme de Pompadour voulut voir ce fils du maître, trouva moyen de se le faire amener à Bellevue où elle avait sa fille, et, conduisant le roi dans une figuerie où étaient, comme par hasard, les deux enfants, elle lui dit en les montrant tous deux : « Ce serait un beau couple. » Le roi resta froid et donna peu dans cette idée. […] Mais elle, sans bien se rendre compte de cette froideur, elle disait à Mme Du Hausset, en y resongeant : « Si c’était Louis XIV, il ferait du jeune enfant un duc du Maine ; mais je n’en demande pas tant : une charge et un brevet de duc pour son fils, c’est bien peu ; et c’est à cause que c’est son fils que je le préfère, ma bonne, à tous les petits ducs de la Cour. […] » — « Et Crébillon fils, dit quelqu’un, il doit être plus aimable que son père ; et il y a encore l’abbé Prévost, l’abbé d’Olivet. » — « Eh bien !
c’était à elle de vivre, et à moi de mourir ; elle eût été si heureuse de revoir son fils ! […] J’aime bien ma mère, j’aime bien la tienne ; mais quand elles t’appellent mon fils, je les aime encore davantage. […] Paul allait s’élancer à la mer, lorsque je le saisis par le bras. « Mon fils, lui dis-je, voulez-vous périr ? […] Pour Marguerite, elle s’écria: « Où est mon fils ? Je ne vois point mon fils !
Le vieil illettré s’apprenait à écrire pour correspondre avec son fils. […] Nous le trouvons à table, entouré de son fils et de ses deux filles, croquant en manches courtes, avec toutes sortes de coquets gestes, les écrevisses d’un grand plat, placé au milieu de la table. […] » Toutefois Saint-Victor et Gautier envoient un garçon chercher, pour faire le quatorzième, le fils de Magny, un jeune collégien, devant lequel on raconte bientôt des choses énormes. […] Moi, ça ne me va pas… Là étaient Marchal le peintre, Mme Calamatta, Alexandre Dumas fils… — Et quelle est la vie à Nohant ? […] Elle nous disait que souvent, à ses retours d’une demi-journée passée à Rouen, elle retrouvait son fils à la même place, dans la même pose, effrayée presque de son immobilité.
Dumas fils sont infiniment plus spirituels que Molière. […] quel charmant naturel dans le tracas de ces pères, de ces fils, de ces femmes ! […] Il faut un rapport d’âge : la nature destine les jeunes hommes à épouser les jeunes filles ; les vieillards n’ont que la paternité pour carrière ; Arnolphe est coupable de prétendre à Agnès, Harpagon ridicule de se poser en rival de son fils. […] Jean-Baptiste Poquelin, né à Paris, le 15 janvier 1622, fils de Jean Poquelin, tapissier valet de chambre du roi, de qui il eut en 1637 la survivance, fut élevé au collège de Clermont, et se fit recevoir avocat à Orléans. […] Le roi, en février 1664, accepte d’être parrain d’un fils de Molière avec Madame.
Seul, Hugues Vareilh était capable d’aimer Charles comme son propre fils. […] Peut-être avait-il des fils de mon âge. […] Le dîner était joyeux, on parlait beaucoup du fils qui lui restait, un camarade à moi en Cochinchine, où je l’avais laissé en bonne santé. […] Mon fils est mort ! […] Dans un rapide et très clair résumé M. de Flers nous montre les silhouettes de tous les ducs d’Orléans, depuis le duc frère de Louis XIV, son fils le Régent, son petit-fils Louis-Philippe, son fils et son arrière-petit-fils.
Shakespeare, d’une race ancienne, mais déchue, était fils d’un boucher de Stratford-sur-Avon. […] Il en eut un fils, qui écrivait plus tard à lord Rochester : « Sachez ce qui fait honneur à ma mère : je suis le fils de Shakespeare. » À partir de 1613, il ne quitta plus sa maison de Stratford, occupé de la culture de son jardin, et oubliant ses drames. […] Il y joignit ces talents corporels qui développent l’énergie de l’âme et du corps ; il devint bientôt un habitué des salles d’armes, le lion de l’escrime et l’agneau des fils de l’homme. […] Il avait épousé mademoiselle Didot et en avait eu un fils appelé Paul. […] Tartuffe affecte de s’accuser lui-même et d’intercéder pour le fils.
La pièce lui a semblé bien marcher à la répétition, mais son frère est venu lui dire, ce matin, que son fils lui avait rapporté, que les corridors étaient tout à fait hostiles à la pièce. […] Et dans la rue : « — Monsieur Français, est-ce que vraiment mon fils aurait du talent ? […] Dumas fils m’a dit : « C’est un livre épouvantable ! […] s’écrie-t-il, à un moment, un mot admirable du fils Meissonier, enfant. […] C’est la correspondant de mon frère et de moi, avec mon vieux cousin Labille, que son fils vient de retrouver, et qu’il m’envoie de Jean-d’Heurs.
Ce petit roi de France, fils posthume de Louis le Hutin, ne vécut que peu de jours ; lui mort, le trône appartenait naturellement à Philippe le Long, l’aîné de ses deux oncles. […] Ce ne serait que Henri IV qui, descendu de Robert de France, sixième fils de Louis IX, aurait enfin fait rentrer la couronne dans la lignée directe du saint roi. » Le fait est qu’une quarantaine d’années après la mort ou la prétendue mort de ce petit roi Jean, parut en France un aventurier qui se donna pour lui, qui raconta toute une histoire romanesque à laquelle plusieurs puissances et personnages politiques d’alors ajoutèrent foi, notamment Rienzi.
René est bien le fils d’un siècle qui a tout examiné, tout mis en question ; mais le fils ne s’en tient pas au testament du père, il veut recommencer la vie et ne sait comment ; une intelligence avancée, consommée, qui a tout décomposé de bonne heure et tout analysé, se trouve chez lui en désaccord flagrant avec une imagination réveillée et puissante, avec un cœur avide, désenchanté et inassouvi.
Le crime étant presque toujours conçu par la nuit, dont il est souvent appelé le fils dans le langage primitif, c’est l’Aurore qui le dénonce, qui fait paraître à terre le sang répandu, qui allonge son flambeau céleste sur le cadavre étendu au bord du chemin. […] Elle s’évanouit au cri que poussa Dion, mais le héros comprit le présage. — Quelques jours après, Dion était égorgé par ses soldats révoltés, son fils se jetait du haut d’un toit et mourait, sa femme et son nouveau-né périssaient en mer.
Notre langue serait pure si tous ses mots appartenaient au premier type, mais on peut supposer, sans prétendre à une exactitude bien rigoureuse, que plus de la moitié des mots usuels ont été surajoutés, barbares et intrus, à ce que nous avons conservé du dictionnaire primitif : la plupart de ces vocables conquérants, fils bâtards de la Grèce ou aventuriers étrangers, sont d’une laideur intolérable et demeureront la honte de notre langue si l’usure ou l’instinct populaire ne parviennent pas à les franciser. […] Il était naturel que le français empruntât au latin, dont il est le fils, les ressources dont il se jugeait dépourvu et, d’autre part, quelques-uns de ces emprunts sont si anciens qu’il serait fort ridicule de les vouloir réprouver.
Un père et une mère marient leur fils unique et lui abandonnent tous leurs biens. […] Fils d’un procureur de Gisors, il eut le travers de prétendre à la noblesse. […] Ce poëte, Urbain Chevreau, fils d’un avocat du Poitou, était fort instruit. […] — Frayeur de Racine et de Boileau. — Le fils du Grand Condé les rassure […] Thésée a pour son fils une rigueur extrême.
À père balourd fils galant. […] Des combats gigantesques eurent lieu contre les monstres énormes, fils du limon ; le fils de l’air, l’oiseau, prit taille de géant. […] Lorsque nous fûmes entrés, nous trouvâmes Protagoras qui se promenait sous l’avant-portique, et tout près de lui, d’un côté, Callias, fils d’Hipponicus, et son frère de mère Paralus, fils de Périclès, et Charmide, fils de Glaucon ; de l’autre côté, Xanthippe, l’autre fils de Périclès, Philippide, fils de Philomèle, et Antimère, de Mende, le plus fameux des disciples de Protagoras, qui apprenait pour exercer l’art de son maître et afin d’être sophiste. […] Démodocus vient consulter Socrate pour son fils Théagès. […] J’ai « froqué un fils, une fille, et fait prêtre malgré lui un autre fils » ; donnez une charge à mon aîné et consolez mon cadet par une abbaye.
Alexandre Dumas fils n’a touché, il est vrai, qu’un point. […] Loin d’être fils de Vénus, il en est le père. […] Le fils de celui-là fut un grand politique. […] Alexandre Dumas fils, Roland furieux, les romans de M. […] Un jour, il parla du fils qu’il avait perdu.
Avant d’entrer dans le prétoire (j’abrège de beaucoup), il apprend que cet assassin c’est le fils qu’il a abandonné. […] Tout d’abord il donna des leçons de latin à ses fils. […] Ce n’est pas une corvée agréable pour un fils. — Où m’emmènes-tu donc ? […] (À son fils.) […] Ils étaient des fils, ils allaient être des pères.
Plus conséquent et plus maître de lui-même, Milton développe jusqu’au bout les fils qu’ils rompent. […] Tout à l’heure apparaissaient les êtres fantastiques, la Joie fille du Zéphir et de l’Aurore, la Mélancolie fille de Vesta et de Saturne, le fils de Circé, Comus, couronné de lierre, dieu des bois retentissants et de l’orgie tumultueuse. […] Son fils, le prince de Galles, lui répond respectueusement du même style. […] Pour se distraire, le Dieu de Milton se décide à couronner roi, king-partner, si l’on veut, son fils. […] Quoique défait, il l’emporte, puisqu’il a ravi au monarque d’en haut le tiers de ses anges et presque tous les fils de son Adam.
Il ne rentra en France avec les Bourbons qu’en 1814 ; il était, comme son fils unique le fut plus tard, officier d’infanterie et chevalier de Saint-Louis. […] « Nous avons élevé cet enfant pour le roi », écrivait madame la comtesse de Vigny, en 1814, au ministre de la guerre, en lui demandant la faveur d’admettre son fils dans les gendarmes de la Maison-Rouge, corps de noblesse qui, avec les gardes du corps et les mousquetaires, donnait le rang d’officier aux fils de l’aristocratie déshéritée et un appointement de sous-lieutenant dans l’armée. […] Fils de la guerre et de la fidélité, Vigny aimait d’origine l’une et l’autre. […] Elle y avait élevé son fils ; il lui était cher et sacré comme son berceau. […] Kitty Bell sort, la main sur son cœur, en s’appuyant sur la tête de son fils, qu’elle emmène avec Rachel.
Il devint insensiblement comme un fils d’adoption de plus. […] Mon fils, la bienfaisance est le bonheur de la vertu ; il n’y en a point de plus assuré et de plus grand sur la terre. […] Mon fils, voyez que tout change sur la terre, et que rien ne s’y perd. […] Il y a un Dieu, mon fils: toute la nature l’annonce ; je n’ai pas besoin de vous le prouver. […] Marguerite vit venir sa fin, huit jours après celle de son fils, avec une joie qu’il n’est donné qu’à la vertu d’éprouver.
Georges de Humboldt en eut deux fils : l’aîné, que j’ai connu dans ma première jeunesse, était Guillaume de Humboldt ; le cadet fut Alexandre de Humboldt, l’auteur du Cosmos. […] « Humboldt ne s’est pas créé de famille propre ; il a voué toute son affection aux fils et aux filles de son frère et à la mémoire de feu les parents de ceux-ci. […] Arago, j’envoyai à Berlin le fils de ce savant illustre, M. […] Mon cher et illustre ami, Mon fils est parti ces jours derniers pour Berlin, en qualité de ministre plénipotentiaire. […] Et voilà qu’aujourd’hui votre chargé d’affaires s’est rendu chez notre ministre des affaires étrangères, pour lui rendre compte des inquiétudes que la mission de mon fils a excitées dans votre cabinet et parmi la population berlinoise.
J’avais un frère que mon père bénit, parce qu’il voyait en lui son fils aîné. […] « J’accompagnai mon père à son dernier asile ; la terre se referma sur sa dépouille ; l’éternité et l’oubli le pressèrent de tout leur poids : le soir même l’indifférent passait sur sa tombe ; hors pour sa fille et pour son fils, c’était déjà comme s’il n’avait jamais été. […] À peine le fils connaît-il le père, le père le fils, le frère la sœur, la sœur le frère ! […] Chactas pressait René dans ses bras ; le vieillard pleurait. « Mon enfant, dit-il à son fils, je voudrais que le père Aubry fût ici : il tirait du fond de son cœur je ne sais quelle paix qui, en les calmant, ne semblait cependant point étrangère aux tempêtes ; c’était la lune dans une nuit orageuse : les nuages errants ne peuvent l’emporter dans leur course ; pure et inaltérable, elle s’avance tranquille au-dessus d’eux. […] Le Sachem aveugle se prit à sourire ; et ce sourire de la bouche, qui ne se mariait plus à celui des yeux, avait quelque chose de mystérieux et de céleste. « Mon fils, dit le vieil amant d’Atala, il nous parle sévèrement ; il corrige et le vieillard et le jeune homme, et il a raison.
Par un accommodement du même genre, au lieu de Thyeste buvant le sang de son fils, nous en sommes quittes pour voir la coupe dont Thyeste n’approche même pas les lèvres. […] Une reine, une veuve de roi, une mère qui voit l’héritage de son fils convoité par un Polyphonte, a plus pensé, plus senti, et doit en savoir plus sur le cœur humain que Mérope. Quand Polyphonte la force de choisir entre sa main et la mort d’Égisthe, je regrette qu’elle n’ait rien de l’innocente habileté d’Andromaque, faisant servir au salut de son fils la passion qu’elle inspire à Pyrrhus. […] Cependant la tristesse de Mérope, à la fois noble et tendre, son indifférence pour la possession d’une couronne qui ne doit pas passer sur la tête de son fils, l’ennui qu’on lui cause en lui parlant des intrigues de Polyphonte au milieu de ses angoisses sur le sort d’Égisthe, ce vide du pouvoir suprême pour une mère qui craint de n’avoir plus de fils, voilà des traits de nature ; et si la Mérope de Voltaire n’est pas une de ces vigoureuses créations auxquelles le génie du poète donne une existence historique, c’est du moins une admirable esquisse. […] Au lieu de la loi qui fait sortir les situations des caractères et la catastrophe du combat des passions, je vois quantité de petits expédients et de fils dans la main d’un machiniste très habile.
Né à Dinan en Bretagne, le 12 février 1704, d’une honnête famille de commerçants, le dernier venu des enfants, il fut l’objet des soins de sa mère veuve, personne de mérite, de raison, qui ne mourut qu’à plus de cent ans, et quelques années seulement avant son fils. […] La mère de Duclos, voyant ses dispositions précoces, prit sur elle de l’envoyer tout enfant à Paris pour y faire ses études, ce que bien des gens de qualité ne faisaient pas pour leurs fils et ce que nul bourgeois du pays n’osait alors se permettre. […] Le comte de Forcalquier était son fils ; il était homme d’esprit, et sa maison était le rendez-vous de tout ce qu’il y avait de distingué dans la littérature et des personnes les plus aimables. […] Après avoir lu Les Confessions du comte de…, et les autres romans de Duclos qui sont bien les contemporains de ceux de Crébillon fils et du Temple de Gnide de Montesquieu, on comprend mieux le mérite de Jean-Jacques Rousseau et l’originalité relative de La Nouvelle Héloïse.
Molière perdit sa mère à l’âge de dix ans (1632) ; elle n’avait que trente et un ans, était mariée depuis onze ans, et laissait trois fils et une fille en bas âge. L’inventaire, fait huit mois après sa mort, donne sur cette mère de Molière des aperçus, des détails caractéristiques, et la font entrevoir comme une femme digne d’avoir mis au monde un tel fils. […] Devenu seul et entier possesseur de l’office, le père Poquelin a évidemment en vue de le céder un jour à son fils, qui prête serment comme survivancier, dès le mois de décembre de cette année 1637. […] On a les noms de tous ces fils de famille que l’amour du plaisir et la passion de l’art associent dans une entreprise commune, assez brillante au début, mais tournant vite à la ruine.
Un père me disait un jour, en voyant son fils pâlir dès l’âge de douze ans sur les vieux livres, non pour les lire et en tirer des pensées, mais pour en admirer les vignettes, les fermoirs, les reliures (et le fils est devenu depuis un bibliophile féroce) : « Au moins il a un noble goût. » Un galant marquis, âme ardente, qui avait connu toutes les passions, chasse, amour, cavalcades effrénées, et qui finissait par les livres, répondait à quelqu’un qui s’en étonnait : « Après tout, c’est encore moins ruineux que les femmes, les chevaux et les chiens. » Ainsi il peut être utile en même temps qu’il est honorable à un jeune homme de s’adonner aux curiosités des livres, et c’est rassurant pour les siens de le voir commencer par là ; mais alors pourquoi ne pas s’en tenir au simple goût d’amateur ? […] Pour les cœurs sensibles, je veux pourtant ajouter un mot : La Rochefoucauld s’est réfuté lui-même une fois, et mieux que personne ne saurait faire ; il s’est réfuté par une de ses larmes, non de celles qu’il versa sur la mort et la blessure de ses fils : cela était trop naturel et trop simple ; mais il lui est échappé une autre larme, toute désintéressée. […] Son fils présent se jeta à son père en criant et pleurant.
Si un prince vient au monde, le canon le salue, et ce salut annonce le bonheur ; mais lui, pauvre fils d’un pauvre tailleur, pas même un coup de buquoire45 n’annonça sa venue. […] Il grandit, il prospère, au fond de son pauvre petit berceau tout farci de plumes d’alouettes, maigre, menu, nourri pourtant de bon lait, et joyeux comme le fils d’un roi. […] » — « Mon fils, dit le vieillard, je vais à l’hôpital ; c’est là que les Jasmins meurent. » Cinq jours après, il n’était plus ; et, depuis ce lundi-là, l’enfant, pour la première fois, sut qu’ils étaient pauvres. […] à l’école, mon fils !
. — « Oui, monsieur, lui dis-je, je sais l’Iliade et le blason. » — Lope se mit à rire, et me raconta la fable du marchand, du gentilhomme, du pâtre et du fils de roi ; cette fable et la manière charmante dont elle fut racontée me persuadèrent que le blason n’était pas la plus utile des sciences, et je résolus d’apprendre autre chose. […] Le duc de Penthièvre, fils du comte de Toulouse et neveu du duc du Maine, était le dernier héritier des bâtards légitimés, fils de Louis XIV ; homme vertueux et bienfaisant, il corrigeait, par l’usage qu’il faisait de ses immenses richesses, l’impureté de leur source. […] Dans sa fable d’Hercule au ciel, Florian commence par ces lignes prosaïques : Lorsque le fils d’Alcmène, après ses longs travaux, Fut reçu dans le ciel, tous les dieux s’empressèrent De venir au-devant de ce fameux héros… Certes, La Fontaine, ayant à peindre Hercule enlevé de son bûcher dans l’Olympe, et s’asseyant tout en feu entre les dieux, s’y serait pris autrement.
Ces deux femmes avaient, l’une pour son fils, l’autre pour son frère, une tendresse qui allait au culte ; elles voyaient en lui celui qui devait être l’honneur et la couronne de leur maison, un Dauphin qui bientôt, lorsqu’il aura inauguré à Marignan son règne, sera un César glorieux et triomphant : Le jour de la conversion de saint Paul (26 janvier 1515), dit Madame Louise en son Journal, mon fils fut oint et sacré en l’église de Reims. […] Et quelques mois après, marquant avec orgueil le jour de Marignani, elle écrit dans le transport de son cœur : Le 13 de septembre, qui fut jeudi, 1515, mon fils vainquit et défit les Suisses auprès de Milan ; et commença le combat à cinq heures après midi, et dura toute la nuit, et le lendemain jusques à onze heures avant midi ; et, ce jour propre, je partis d’Amboise pour aller à pied à Notre-Dame-de-Fontaines, lui recommander ce que j’aime plus que moi-même, c’est mon fils, glorieux et triomphant César, subjugateur des Helvétiens.
La mere ne put jamais tirer de son fils qu’une réponse, laquelle ne lui permettoit pas de douter qu’il n’éludât sa curiosité. […] L’ame de cette femme paroît être toute entiere dans ses yeux qui percent son fils en le caressant. […] D’une main elle caresse son fils, et l’autre main est dans la contraction. […] Cette figure représente l’esclave, qui suivant le récit de Tite-Live, entendit par hazard le projet que faisoient les fils de Brutus pour rétablir dans Rome les tarquins, et qui sauva la république naissante en révelant leur conjuration au consul.