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619. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Imaginez quelque chose comme une représentation dramatique gratuite à l’Hippodrome, un jour de fête nationale. […] Mais il me paraît bien que Jean-Jacques a eu, soit avant Diderot, soit vers le même temps, quelques-unes des idées de Diderot sur l’art dramatique. […] La femme, chez Labiche, paraît strictement réduite au rôle d’« utilité », j’entends d’utilité dramatique. […] Et c’est pourquoi j’ai cru que cette comédie parlementaire relevait du feuilleton dramatique. […] Je ne dis point que cette lutte ne pût être dramatique et émouvante.

620. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Tout cela, sans doute, était écrit avec ce lâché dramatique dont il a pris l’habitude en causant avec son innombrable auditoire ; mais cependant que de grâce et de soudaineté dans l’expression du vrai ! […] Amand Gautier est l’auteur d’un ouvrage qui avait déjà, il y a quelques années, frappé les yeux de la critique, ouvrage remarquable à bien des égards, refusé, je crois, par le jury, mais qu’on put étudier aux vitres d’un des principaux marchands du boulevard : je veux parler d’une cour d’un Hôpital de folles ; sujet qu’il avait traité, non pas selon la méthode philosophique et germanique, celle de Kaulbach, par exemple, qui fait penser aux catégories d’Aristote, mais avec le sentiment dramatique français, uni à une observation fidèle et intelligente. […] Il compose admirablement, groupe avec esprit, colore avec ardeur, et jette une flamme amusante dans tous ses drames ; drames, car il a la composition dramatique et quelque chose qui ressemble au génie de l’opéra. […] Peinture riche et minutieuse, avec des tons violents et un fini précieux, ouvrage plein d’opiniâtreté, mais dramatique, emphatique même ; car nos amis d’outre-Manche ne représentent pas les sujets tirés du théâtre comme des scènes vraies, mais comme des scènes jouées avec l’exagération nécessaire, et ce défaut, si c’en est un, prête à ces ouvrages je ne sais quelle beauté étrange et paradoxale. […] Regardez ces deux petits mondes dramatiques inventés par M. 

621. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

— Quelle superbe féerie, s’écria un jeune auteur dramatique, en avalant sa troisième absinthe. […] Élémir Bourges, qui est un des meilleurs chroniqueurs du Gaulois, a écrit, pendant deux ans, le feuilleton dramatique au Parlement, lequel, ayant plus de tenue que de tirage, a disparu un beau matin. […] Sous la forme dramatique de ses récits, on sent aussi un esprit politique d’une grande netteté et d’une sagacité pénétrante, qui ne va point sans une mélancolie profonde, comme il arrive à tous ceux qui connaissent les hommes. […] Hector Pessard qui la reformula l’autre jour, en un feuilleton de critique dramatique. […] Le jour où il confessa qu’il avait l’habitude sacerdotale d’ignorer totalement les œuvres dramatiques confiées à son jugement, il fut sacré éminent critique.

622. (1927) Des romantiques à nous

Il a inséré dans ses œuvres dramatiques bien des thèmes de cette origine. […] Il est fait, à la manière des tragédies de Shakespeare, d’une suite de tableaux dont le lien dramatique est souvent lâche. […] Ce génie devait faire de lui un grand symphoniste et un musicien dramatique ou lyrique de beaucoup moindre envergure. […] Nous croyons que d’une manière générale l’œuvre dramatique de Saint-Saëns n’est pas destinée à survivre, parce que le genre ne répondait pas à sa nature. […] La séparation que nous avons tracée entre son œuvre dramatique et son œuvre symphonique et la grande supériorité de qualité que nous avons reconnue à la seconde sur la première, voilà une position qui ne pourrait être maintenue sans nuances dans une étude plus détaillée.

623. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Je ne sais décidément pas si la pièce est bonne ou mauvaise, mais pour moi, c’est un fort emmagasinement d’émotions dramatiques. […] Réjane a été admirable : elle a dit la scène de l’apport de l’argent comme la plus grande artiste dramatique, ainsi que l’aurait pu dire Rachel. […] il fait bon être Scandinave… Si la pièce était d’un Parisien… Oui, oui, c’est entendu, du dramatique bourgeois qui n’est pas mal… mais de l’esprit à l’instar de l’esprit français, fabriqué sous le pôle arctique… et un langage parlé, quand il s’élève un peu, toujours fait avec des mots livresques. […] À Barrès succède près de moi, le jeune Rosny, qui me dit être content du livre écrit, dans le moment, en collaboration avec son frère, que le livre est passionné, renfermant de la belle passion pas dramatique.

624. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Vous devez savoir cela, vous qui depuis vingt ans assistez aux derniers momens tous les poëtes dramatiques.

625. (1757) Réflexions sur le goût

La simplicité de nos aïeux était peut-être plus fortement remuée par les pièces monstrueuses de notre ancien théâtre, que nous ne le sommes aujourd’hui par la plus belle de nos pièces dramatiques ; les nations moins éclairées que la nôtre ne sont pas moins heureuses, parce qu’avec moins de désirs elles ont aussi moins de besoins, et que des plaisirs grossiers ou moins raffinés leur suffisent : cependant nous ne voudrions pas changer nos lumières pour l’ignorance de ces nations et pour celle de nos ancêtres.

626. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Dans les produits simples de l’art plastique, dans la poésie de mots, le plaisir paraît dépendre immédiatement de l’excitation ; seules les œuvres dramatiques, parce que leur matériel est l’action humaine, appellent nécessairement un cortège d’émotions ordinaires, pénibles ou joyeuses, qui n’y prennent cependant, pour parler la langue de M. 

627. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Car elle eut un succès immense, et qu’on peut s’expliquer d’ailleurs, un de ces succès oratoires qui, comme les succès dramatiques, sont les moins beaux, mais les plus éclatants des succès !

628. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

si on admire, avec juste raison, les esprits d’une puissance dramatique assez grande pour s’incarner dans une autre peau que la leur et devenir, à leur choix, Othello ou Macbeth, le père Goriot ou Vautrin, que ne doit-on pas penser de ceux qui, laissant là la personnalité humaine, s’incarnent dans des êtres étrangers à l’humanité, comme un hêtre ou comme un centaure ?

629. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

Ainsi, l’originalité dramatique, car chaque fable, à elle seule, est tout un drame, dont les personnages, transposés de l’homme à l’animal, sont des caractères révélés par la plus merveilleuse divination physiologique.

630. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Madame André, qu’on pouvait imaginer un livre de passion dramatique à faire pâlir tous les drames connus, et d’événements d’une invention extraordinaire, n’est que l’histoire la plus moralement exemplaire, si elle n’est pas la plus vertueuse en tout, et l’analyse très fine et très poursuivie, poursuivie jusqu’aux imperceptibles, de la situation la plus vulgaire de ce siècle où il y a tant de choses vulgaires, — le concubinage libre, qui est en train de remplacer le mariage pour faire place au concubinage légal du divorce que nous donnera la République !

631. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

Toutes les données dramatiques, tous les types humains (et le cercle en est vite parcouru ; ce n’est pas l’esprit de l’homme qui est infini, mais son cœur !)

632. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Il est l’auteur d’une comédie politique intitulée le Revizor, où il n’y a ni situation dramatique ni imagination quelconque, mais du mordant : seulement ce mordant n’est pas gai.

633. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Gœthe, à Francfort, lisait à haute voix dans un cercle d’amis la grande nouveauté du jour et transformait en pièce de théâtre l’épisode dramatique de Clavijo, extrait du quatrième mémoire. […] peu importe ; la vérité dramatique et littéraire doit seule nous occuper ici. […] Dépourvu de l’intérêt dramatique de Madame Bovary, dépourvu de l’intérêt archéologique et tout spécial de Salammbô, cet ouvrage n’en offre pas d’autre que celui de l’observation et du style. […] N’en déplaise au critique que je citais plus haut, la Tentation de saint Antoine, comme œuvre dramatique, n’a pas même une ombre d’existence. […] Flaubert, et la partie morale, philosophique, dramatique, ayant très peu de valeur.

634. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Faut-il seulement faire exception pour le Village, pour le Cheveu blanc, pour le Cas de conscience, et la valeur proprement dramatique n’en est-elle pas très inférieure à la valeur morale ? […] Était-il peut-être trop romancier pour être auteur dramatique aussi ? […] Tous ses romans sont dramatiques ; — et pour apercevoir le prix de ce genre de mérite jusque dans l’Histoire de Sibylle, il suffit de la comparer à Mademoiselle La Quintinie. […] J’en ait fait jadis la remarque : Feuillet n’entre pas brusquement, brutalement en matière, in medias res ; et il en a d’excellentes raisons, que j’ai essayé de donner, et qui sont des raisons d’auteur dramatique. […] Combien de poètes, et d’auteurs dramatiques, et de romanciers, la presse, depuis cinquante ans, n’a-t-elle pas dévorés !

635. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

A l’exemple de la plupart des historiens, après une étude plus ou moins approfondie des faits, après une recherche bientôt jugée suffisante, et s’étant dit une fois : Mon siége est fait, il s’en tire par le talent de la rédaction, par l’intérêt dramatique du récit, et par des portraits brillants. […] Ce récit dramatique encourage, enflamme, et produit un peu l’effet d’une Marseillaise ; il fait aimer passionnément la révolution. […] je crois que tous ceux qui participèrent alors à l’œuvre d’opposition et bientôt de délivrance, qui y mirent plus ou moins du leur, soit de leurs actes, soit de leurs vœux, ont encore droit de se dire : « Non, nous n’avons pas erré, » et qu’ils ont aussi le devoir d’ajouter : « Si nous avions à recommencer, même en sachant avenir, ce serait encore à refaire. » Ceci dit une fois et pour nous mettre la conscience tout à fait à l’aise, l’étude de l’attaque, au point de vue tout à fait stratégique, nous devient singulièrement curieuse : rien de plus instructif, de plus dramatique aujourd’hui que cette lecture du National.

636. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Pour moi, j’ai toujours pensé que l’on ne saurait rendre trop hautement justice aux acteurs, eux dont l’art difficile s’unit à celui du poète dramatique, et complète son œuvre. — Ils parlent, ils combattent pour lui, et offrent leur poitrine aux coups qu’il va recevoir, peut-être ; ils vont à la conquête de la gloire solide qu’il conserve, et n’ont pour eux que celle d’un moment. […] III Ainsi, poète lyrique de premier ordre dans Moïse, poète dramatique de première sensibilité dans Chatterton, romancier de première conception dans Cinq-Mars, il ne manquait à M. de Vigny qu’un sujet fécond pour être philosophe de première vérité. […] Il le fit épiquement, c’est-à-dire en récits successifs et dramatiques tels que ceux dont nous allons vous donner l’exemple dans les deux citations suivantes.

637. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Des pseudo-feuilletonistes, qui ne connaissent même pas le sujet du feuilleton au bas duquel ils mettent leur signature, mais qui en tirent profit comme de leur bien propre, après avoir donné une bouchée de pain aux pauvres diables dont ils ont exploité la plume, vous passerez sans doute quelque jour aux auteurs dramatiques par procuration, à ceux qui, sans avoir écrit une seule réplique de la pièce, imposent leur nom sur l’affiche et touchent les droits d’auteur, quitte à en rendre une partie, la plus petite possible, à l’auteur véritable et une autre, plus forte, au directeur dont la complicité leur permet cette friponnerie. […] Pour cela, il ne peut prendre que les moyens qui sont à sa disposition : I. — Le théâtre, s’il a le tempérament dramatique ; cela fait quelques milliers de spectateurs, quelques dizaines de mille s’il obtient un grand succès. […] Et c’est parce que sa pièce renferme des beautés de premier ordre, qui sont de simples beautés dramatiques, par exemple les fiançailles de l’ingénieur devant le puits de la catastrophe, que son éloquent plaidoyer, par moment beau comme du Bossuet, arrive au public.

638. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

« Dès le commencement du siège de Paris par les armées allemandes, vers la fin de l’année 1870, j’appris que les auteurs dramatiques allemands se mettaient à exploiter sur nos scènes populaires les embarras de nos ennemis. […] L’opéra, le lyrisme dramatique, que doit-ce être, manifestement ? […] Wilder donne la perfection de la traduction vulgarisatrice : sa traduction est exacte de sens ; elle est écrite littérairement ; elle est claire, tellement que les Allemands qui ne comprendront point des vers de la Walkure en chercheront l’intelligence en la Valkyrie ; au lieu des mots inusités, inventés ou renouvelés, du texte allemand, les mots sont ordinaires ; la grammaire, traditionnellement correcte, n’a rien des insolites complications de la grammaire Wagnérienne ; la métrique Wagnérienne est abandonnée pour l’usuelle versification des poèmes dramatiques français, — le vers rimé (nécessaire à une œuvre populaire), non allitéré, coupé selon le goût français non correspondamment au vers allemand ; c’est une francisation de ces œuvres formidablement différentes, une simplification d’elles qui les popularisera et, éminemment, une vulgarisation.

639. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

» Je répondais : « Parce que la littérature se renouvelle comme toutes les choses de la terre… et qu’il n’y a que les gens qui sont à la tête de ces renouvellements, qui survivent… parce que, sans vous en douter, vous n’admirez, vous-même, que les révolutionnaires de la littérature dans le passé, parce que… tenez, prenons un exemple, parce que Racine, le grand, l’illustre Racine a été chuté, sifflé par les enthousiastes de Pradon, par les souteneurs du vieux théâtre, et que ce Racine avec lequel on éreinte les auteurs dramatiques modernes, était en ce temps un révolutionnaire, tout comme quelques-uns le sont aujourd’hui. » Jeudi 16 janvier Pillaut avec son dilettantisme musical de lettré et de penseur, cause de Wagner, et dit que sa forme musicale fait penser à un monde futur, et que ses sonorités sont des sonorités qui semblent fabriquées pour les oreilles de l’humanité qui viendra après nous. […] Jeudi 17 avril Sans un constant feuilletage des impressions japonaises, on ne peut vraiment se faire à l’idée, que dans ce pays d’art naturiste, le portrait n’existe pas, et que jamais la ressemblance de la figure n’est reproduite dans sa vérité, et qu’à moins d’être comique ou théâtralement dramatique, la représentation d’un visage d’homme ou de femme est toujours hiératisée, et faite de ces deux petites fentes pour les yeux, de ce trait aquilin pour le nez, de ces deux espèces de pétales de fleurs pour la bouche. […] Mardi 13 mai Je parlais à une femme de la société, de la correction de la mise, de la simplicité élégante de la toilette des grandes cocotes… « Oui, oui, me répondait-elle, il y a du vrai dans ce que vous dites… Tenez, moi, quand je me suis mariée, je connaissais très peu, même par les livres, le monde interlope… Eh bien, quand mon mari me menait au théâtre, — nous prenions en général des places de balcon, — bientôt je le voyais jeter un regard sur ces femmes dans les loges… Et comme j’ai toujours eu le sentiment de l’élégance, ces femmes je les trouvais mieux mises que moi… Car vous savez, il n’y a pas seulement la question d’argent, il y a une éducation pour la toilette… et en me comparant à elles je me trouvais une petite provinciale… Puis le regard de mon mari, après être resté là, un certain temps, revenait des loges à moi, un rien méprisant, et avec quelque chose de grognon sur la figure… et ça se passait en général aux pièces de Dumas, qui étaient la glorification de ces femmes… Alors aux parties dramatiques de la pièce… je pleurais… je m’en donnais de pleurer… si bien que mon mari, qui après le spectacle, aimait à entrer chez Riche ou chez Tortoni, me jetait de très mauvaise humeur : « Avec des yeux comme vous en avez, c’est vraiment pas possible de s’asseoir dans un café. » Mercredi 14 mai Me voici au vernissage, où je n’ai pu refuser le déjeuner immangeable, auquel se condamnent, tous les ans, les peintres, par leur domesticité d’esprit pour les choses chic.

640. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Quel progrès avoit fait parmi nous la poësie dramatique ? […] La poësie dramatique fit plus de progrès depuis mil six cens trente-cinq jusques en mil six cens soixante-cinq, elle se perfectionna plus en ces trente années-là qu’elle ne l’avoit fait dans les trois siecles précedens. […] Voïoit-on dans Garnier et dans Mairet une poësie dramatique qui se perfectionnât assez pour faire esperer qu’il parût bien-tôt des poëtes du mérite de Corneille et de Moliere ?

641. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Comme vaudevilliste et auteur dramatique, il prit rang vers 1805, et ne cessa, durant les vingt années qui suivirent, d’attester chaque soir sa présence par cette quantité de folies, de parades, de parodies plaisantes dont les représentations se comptaient par centaines, et qui fournissaient aux Brunet et aux Potier des types d’une facétie incomparable : M. […] La série des Cadet Buteux est une autre branche dramatique de la chanson de Désaugiers ; il met sur le compte de ce batelier de la Râpée la plupart de ses parodies des pièces célèbres d’alors, telles que la Vestale, les Deux Gendres, les Danaïdes.

642. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Il disait un jour (on m’a rapporté son mot) : « J’ai un avantage sur Lamartine : c’est que je le comprends tout entier, et qu’il ne comprend pas la partie dramatique de mon talent. » C’était juste et c’était vrai. […] Je ne nie pas mon incompétence pour un jugement ; je ne prends pas ma taille pour mesure du génie dramatique ; je ne dis pas : « Ce qui est plus haut que moi n’existe pas. » VI Quoi qu’il en soit, c’est l’âge qui fait les idées, c’est la jeunesse qui fait les amitiés.

643. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Je pourrais noter encore le rôle important dévolu souvent aux inventeurs, aux savants, aux médecins, les tirades sur les vibrions ou sur la liquéfaction de l’oxygène, et même l’emploi, en qualité de ressorts dramatiques, de certains engins nouveaux tels que le télégraphe et le téléphone : ressorts qui, pour le dire en passant, auraient été bien précieux au temps où régnait la règle des trois unités, puisqu’ils permettent de faire parler et prendre part à l’action les personnages absents. […] Certes, il y a dans ces victoires et ces désastres de l’homme lancé à la conquête de l’inconnu assez de grandeur d’imprévu, de courage, de périls, d’aventures dramatiques pour faire vibrer le cœur d’un poète.

644. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

De ces poèmes, c’est la Vaelsunga-Saga qui lui a sans doute le plus servi pour le gros œuvre dramatique, du moins lorsqu’il lui a fallu passer des dieux aux héros, de Wotan à Siegfried. […] Wagner a recueilli pieusement les traditions significatives du passé : Shakespeare et Goethe avaient agi de même, en Poésie dramatique, et bien d’autres comme eux !

645. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Les conceptions dramatiques ne sont pas des mécanismes, ce sont des organismes. […] Il y a longtemps qu’un grand poète l’a dit : « Votre drame est né boiteux ; croyez-moi, ne lui mettez pas de jambe de bois. » Et puis quelle foi l’auteur dramatique veut-il que le public garde dans son œuvre, si, d’un mois à l’autre, il en modifie le fond ou la forme ?

646. (1904) En méthode à l’œuvre

Tant que de même la Poésie, présentement après le savoir du savant, et, en l’expression émotive et dramatique, après la musique, rendue à ses puissances désormais ! […] *** Nous nous sentons ainsi au terme des seuls développements dont nous avons voulu élargir le texte des Principes, — auquel il nous plut de garder un sens et une atmosphère ainsi que rares, et la sensation de vertige qui émane de l’Essence…   De l’entier développement toute la poétique mouvance, maintenant l’épandra en dramatique diaprure des natures et des êtres l’Œuvre qui prit âme en mon esprit en même temps que la Méthode, dont (au titre générique de Œuvre) elle sort.

647. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

» * * * — Un auteur dramatique disait de son collaborateur : « Mon collaborateur passe dans le public, pour connaître les femmes… voici qui est vraiment amusant… j’aurais dépensé mon argent et ma santé avec elles, et ce serait lui qui les connaîtrait, merci… c’est moi, c’est moi qui les connais, bougres d’imbéciles !  […] J’obtiens de faire remplacer : « Remettez le cadavre », lorsque la reine parle de la couronne aux faux diamants, par cette phrase : « Remettez ça, là. » Ce « cadavre » doit paraître du sublime à quelques-uns, qui ne se doutent pas, que dans les situations dramatiques, il faut que toujours l’expression soit simple, qui ne savent pas que la passion emploie toujours l’expression commune, et au grand jamais, l’image.

648. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

« Une bataille », a dit à ce propos Napoléon, « est une action dramatique qui a son commencement, son milieu et sa fin.

649. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

— Tome Ier, pages 53 et suivantes : « Reçus dans la société des nobles et des riches, à titre de tolérance, les gens de lettres du XVIIIe siècle n’y tenaient pas un rang beaucoup plus élevé que les musiciens ou les artistes dramatiques, parmi lesquels se sont trouvés souvent des hommes de talent et de réputation que les meilleures sociétés attirent à elles, pendant que la profession à laquelle ils appartiennent reste généralement exposée au mépris et à l’humiliation. » A quoi pensaient donc MM. 

650. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Vers le même temps Hardy, si peu artiste, organisait la plus haute forme d’art qu’ait possédée notre littérature classique : il adaptait la tragédie au public, et la transportait de la rhétorique lyrique à la psychologie dramatique.

651. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

La Correspondance de Grimm590 est le chef-d’œuvre du genre : les princes qui s’y étaient abonnés sous la promesse du secret absolu, recevaient chaque mois toutes les nouvelles littéraires, dramatiques, philosophiques, politiques, mondaines, le jugement et l’analyse de toutes les publications importantes, le journal détaillé en un mot de la vie de Paris, avec laquelle ils restaient ainsi en communication constante.

652. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

L’aventure du Lys rouge est dramatique à la façon, non d’une pièce de Dumas ou d’un roman de Maupassant, mais d’un chapitre de Schopenhauer… Est-ce que je m’en plains ?

653. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre III. L’antinomie dans la vie affective » pp. 71-87

L’élément agressif et destructif dans l’amour a inspiré nombre de poètes, de romanciers et d’auteurs dramatiques (Mérimée dans Carmen et La Vénus d’Isle, Strindberg dans Père et dans Mademoiselle Julie).

654. (1902) L’humanisme. Figaro

Paul Bourde est le conseiller intime, l’inspirateur habituel de l’éminent auteur dramatique qui vient de faire représenter, au théâtre de la Porte-Saint-Martin, ce drame poignant : Nos Deux Consciences.

655. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

que par les songeurs et les poètes ; donner une figure à cette leçon des sages ; faire de cette abstraction philosophique une réalité dramatique, palpable, saisissante, utile.

656. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

Il en est en ce point de la peinture comme de l’art dramatique.

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