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1515. (1911) Nos directions

Il se tourna vers ceux qui semblaient avoir apporté dans la littérature les dernières nouveautés. […] — D’autre part, Balthazar, espoir du très noble prieur, représentant dernier d’une haute lignée, que le remords a jeté dans le cloître, que le remords y poursuit, en rejette. […] Littérairement parlant la tirade dernière à Phèdre : (Ces palais, ces festins, me doivent maintenant appartenir à moi tout seul, etc.) […] D’un regard perçant et précis le maître de ballet Fokine juge d’un effet, rompt un groupe, ou règle un dernier bond d’un clignement. […] Il y eut des œuvres, les premières confuses, les suivantes plus sûres, les dernières vraiment accomplies.

1516. (1774) Correspondance générale

Jusque-là, nous voulons espérer que nos derniers appels aux détenteurs de certains autographes seront entendus. […] Je n’ai vu que les deux dernières répétitions et je n’ai encore assisté à aucune représentation. […] J’étais heureux et tranquille, sa dernière lettre m’a fait un mal incroyable. […] J’y mettrai les quinze dernières années de ma vie ; mais, à votre avis, qu’ai-je à faire de mieux ? […] monsieur, ce n’est pas là votre dernier mot.

1517. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Lucien, dont le rôle fut considérable au dernier moment et qui sut devant le danger trouver mille ressources. […] Il va jusqu’au bout de son originalité et tire des procédés particuliers à son imagination leurs dernières applications. […] On remontait assez souvent ses pièces pendant les dernières années de la vie de Dumas fils : à la reprise d’Antony, à l’Odéon, J. […] Voici une dernière conséquence des mêmes erreurs initiales. […] Il lui restait une dernière étape à franchir.

1518. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Parmi le tumulte des guerres civiles — où l’on peut voir les dernières convulsions de l’individualisme expirant, — un besoin d’ordre, de discipline, d’unité sous la loi se fait sentir. […] Après avoir chaulé les mignons de Henri III, Desportes, renonçant même à chanter ses dernières maîtresses, paraphrase ou traduit les Psaumes dans sa maison de Vanves. […] Et là enfin est la raison de la sollicitude avec laquelle, jusqu’à son dernier jour, lui qui laissait volontiers ses autres ouvrages à leur fortune, il a revu et corrigé son Histoire universelle. […] C’est qu’à la date précise de 1713, les définitions de la bulle venaient comme barrer les dernières issues par où le sens individuel pouvait encore échapper à la domination tyrannique du dogme. […] Même quelques rayons ou, si l’on veut, quelques éclaboussures s’en vont atteindre jusqu’aux dernières couches d’une société pourtant toujours si fortement hiérarchisée, et en bas, tout en bas, de nouvelles curiosités s’éveillent.

1519. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Ses derniers vers sont décharnés, dénudés comme des ascètes. […] Le « nouveau jeu » de l’année dernière est une vieillerie déjà fanée. […] On est inquiet en songeant que quelqu’un dans l’ombre prépare déjà le « dernier cri » de l’hiver prochain. […] pourquoi faut-il que l’infortuné Pierre ait, au dernier moment, une défaillance ? […] Pour le prouver, il me suffira de transcrire cette phrase, qui fut écrite la semaine dernière, dans la Revue blanche, par M. 

1520. (1924) Critiques et romanciers

Il en soutirait, du moins, à la fin du siècle dernier. […] Il croit — ou, avant ces dernières années, croyait — que l’humanité, d’âge en âge, s’éloigne de la barbarie. […] » voilà ses deux derniers mots. […] Et elle meurt, quelques mois après : dans le silence de ses derniers jours, elle disait seulement : « C’est bien ! […] Nous ne savons pas comment elle ira au dernier jour de sa tristesse.

1521. (1898) Essai sur Goethe

On reconnaît la mise en scène des dernières pages de Werther. […] Que demandons-nous, en dernière analyse, aux œuvres d’imagination que nous voulons sauver de l’universel désastre ? […] Plus trace de platonisme ni d’intellectualisme : les derniers vestiges de la « Wertherei » disparaissent. […] C’est plus tard seulement que la modeste scène de Weimar prit une importance considérable, lorsque Schiller y fit jouer ses derniers drames. […] La souveraineté de ces décisions se manifeste avec une hauteur singulière dans l’apaisement des dernières pages.

1522. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

dit-elle, j’ai passé, l’hiver dernier, un mois délicieux à Rome. […] Gaston Paris a étudiée dans une conférence faite l’an dernier à la Société des études juives. […] Lessing l’a mise en œuvre à la fin du siècle dernier dans son drame philosophique de Nathan le Sage. […] La vérité divine, comme un jugement dernier, le réduirait en poudre. […] Comme un chrétien, il attend le jugement dernier.

1523. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Je l’ai trouvée, l’an dernier, chez un bric-à-brac, pêle-mêle avec des médailles de Sainte-Hélène, des vieux galons et des vieux parchemins. […] Elle la prit en effet de son dernier amant et la donna fidèlement à son mari : Ils moururent tous trois. […] Il pardonnait à la nature ; cette clémence adoucit les souffrances de ses derniers jours. […] C’est une image de l’âme italienne au moyen âge que ce bon saint François, à sa dernière heure, bénissant sa ville d’Assise. […] Une dernière fois, servez celui qui vous libère, Elémentals, larves de mon pouvoir !

1524. (1902) La poésie nouvelle

Les derniers Parnassiens furent des rhétoriqueurs. […] Lui, les sent vifs et frémissants et ne les touche qu’avec respect, puisqu’ils contiennent le secret dernier des choses. […] Dernières illuminations de son pauvre cerveau ! […] Il en tira le Concile féerique et quelques poèmes qu’on a réunis ensuite sous le titre de Derniers vers. […] sa seule joie, sa dernière joie, amère et douce : savourer l’excessive torture, s’abandonner plus consciemment à sa démence.

1525. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

La duchesse de Langeais fut une des plus chatoyantes figures de cette galerie où M. de Balzac a prétendu mettre les derniers portraits de nos dernières grandes dames. […] Il est bien rare que, dans ses ouvrages, la fin réponde au milieu, et les derniers chapitres aux premières pages. […] Dans les Illusions perdues, les cinquante dernières pages sont admirables. […] L’orgueil, son vice dominant et peut-être le mobile de toutes ses fautes, se racheta, dans ses derniers jours, par une humilité chrétienne qu’elle voulût porter jusque dans la mort, jusque dans le tombeau. […] Ce sera là mon dernier hommage.

1526. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — I. Sur M. Viennet »

Il n’a pas lancé encore son dernier trait que les applaudissements éclatent à triple salve.

1527. (1890) L’avenir de la science « A. M. Eugène Burnouf. Membre de l’Institut, professeur au Collège de France. »

Or, s’il en était ainsi, si la science ne constituait qu’un intérêt de second ordre, l’homme qui a voué sa vie au parfait, qui veut pouvoir dire à ses derniers instants : « J’ai accompli ma fin », devrait-il y consacrer une heure, quand il saurait que des devoirs plus élevés le réclament ?

1528. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 34-39

Ce n’est pas exagérer son mérite, que de dire qu’il étoit un des Ecrivains les plus polis & les plus éclairés du siecle dernier.

1529. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre III. Des Philosophes chrétiens. — Métaphysiciens. »

Nos derniers idéologues sont tombés dans une grande erreur, en séparant l’histoire de l’esprit humain de l’histoire des choses divines, en soutenant que la dernière ne mène à rien de positif, et qu’il n’y a que la première qui soit d’un usage immédiat.

1530. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 17, de l’étenduë des climats plus propres aux arts et aux sciences que les autres. Des changemens qui surviennent dans ces climats » pp. 290-294

Le commerce qui s’est infiniment accru dans les deux derniers siecles, a fait connoître ces choses où l’on ne les connoissoit pas.

1531. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Épilogue »

La Démocratie, mère du Bas-bleuisme, le culot mal venu de tous les bâtards qu’elle a faits, la Démocratie qui, pour avant-dernier chef-d’œuvre, a métamorphosé des êtres humains en unités arithmétiques, et mis en poussière ce qui fut, dès le commencement de l’univers, le ciment social, est arrivée, par la femme, au dernier atome de cette poussière.

1532. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. […] Cousin a donc enlevé et conquis en plein soleil Mme de Longueville, et il ne s’est pas tenu à ce coup de maître, il a poussé plus loin sans se croire le moins du monde infidèle : il en a affiché bien d’autres, et, en dernier lieu, on a revu, grâce à lui, par les chemins, galopant par monts et par vaux, cette autre brouillonne adorable en son temps, Mme de Chevreuse. […] Dans les dernières années de l’ancienne Académie, il eut à recevoir successivement Condorcet, l’abbé Maury, M.  […] Arrêté en septembre 1793, hautement dénoncé par Chaumette comme un de nos tyrans féodaux, lui le plus débonnaire des derniers seigneurs et ducs de province, et dont le Nivernais a gardé la mémoire67, il fut détenu pendant près d’un an à la prison des Carmes.

1533. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

adieu… adieu… On ne vit qu’un jour pour mourir toute la vie. » C’est, on le voit, un touchant et dernier retour vers ces mois de félicité en Pologne, un dernier soupir vers la princesse Marie. […] Le clergé lui-même qui avait fait du chemin depuis les dernières années, et qui, en devenant moins difficile en fait d’auxiliaires, ne trouvait pas dans l’ouvrage nouveau les agressions directes dont Jean-Jacques avait embarrassé son spiritualisme, accueillit avec faveur ces hommages éloquents rendus à la Providence ; on opposait, dans des thèses en Sorbonne, Saint-Pierre à Buffon, l’auteur des Études à l’auteur des Époques. […] Nous ne suivrons pas Bernardin dans les vingt dernières années de sa vie ; il ne mourut qu’en janvier 1814. […] Il nous serait doux pourtant, il serait pieux d’accompagner encore Bernardin de Saint-Pierre lentement occupé de ses Harmonies, de le suivre un peu à Essonne, à Éragny, dans son ermitage, et de tirer de ses lettres et de ses derniers écrits assez de rayons pour lui composer un soir d’idylle, le soir d’un beau jour, si son biographe ne nous avait devancé dans cette tâche heureuse.

1534. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

L’infortunée Marguerite prend cet écho du jugement dernier pour l’arrêt de son jugement personnel. […] Le chœur des orgues, des chantres et des enfants de chœur, chante le verset suivant, qui annonce aux coupables que rien ne restera sans éclater et sans vengeance au dernier jugement. […] « Comme le voyageur qui, le soir, fixant encore ses regards sur les derniers rayons du soleil, voit flotter son image dans un bosquet obscur, puis auprès d’un rocher, et, de quelque côté qu’il se tourne ensuite, croit toujours la voir courir devant lui et se reproduire en couleurs étincelantes, ainsi la suave image de la jeune fille se montre aux yeux d’Herman et paraît suivre le sentier qui s’en va à travers les champs de blé… Mais, ce n’est pas une illusion, c’est elle-même ! […] Quant à lui, il était ce qu’on est convenu d’appeler très improprement panthéiste, c’est-à-dire ne séparant pas en deux la création et la créature, et adorant la nature entière comme la divinité des choses sans s’élever à la divinité de l’esprit ; philosophes pour ainsi dire brutaux et fatalistes dans leur croyance, qui reconnaissent bien en Dieu la force latente de tous les phénomènes visibles ou invisibles, mais qui n’y reconnaissent pas l’individualité et la suprême intelligence, c’est-à-dire ce qui constitue l’être, refusant ainsi à l’Être des êtres ce qu’ils sont forcés d’accorder au dernier insecte de la nature.

1535. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Eh bien, voyez ce qu’advient souvent de monter au dernier degré, qui feroit croire que l’abîme est en haut. […] Monté sur un échafaud dressé en face des fenêtres du palais d’Holyrood, théâtre de son délit et séjour de la reine, il mourut en héros et en poëte. « Si je ne suis pas sans reproche comme le chevalier Bayard, mon ancêtre, dit-il, je suis du moins sans peur comme lui. » Il récita pour toute prière sur l’échafaud la belle ode de Ronsard sur la Mort ; puis, portant son dernier regard et sa dernière pensée sur les fenêtres du château qu’habitait le charme de sa vie et la cause de sa mort : « Adieu, s’écria-t-il, toi si belle et si cruelle, qui me tues et que je ne puis cesser d’aimer !  […] Il demanda s’il n’y avait pas encore de la besogne pour lui, et il enfonça dans ce pauvre cadavre le cinquante-sixième et dernier coup de poignard ; après quoi Rizzio fut lié aux pieds avec la corde apportée par l’un des conjurés, et il fut traîné ainsi et descendu le long de l’escalier du palais.

1536. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Il est vrai qu’Edmond de Goncourt fait une réserve : C’est « la jeune fille moderne, dit-il, telle que l’éducation artistique et garçonnière des trente dernières années l’a faite ». […] Les hommes qui l’ont écrit avaient trempé la fine extrémité de leurs doigts, faits pour toucher à de plus nobles choses, dans ce réalisme dont nous voyons les œuvres dernières. […] Selon M. de Goncourt, le Réalisme et le Naturalisme — son expression dernière — ne tiennent pas essentiellement à la vidange sociale dans laquelle ils pataugent et dans laquelle ils semblent nés. […] Par une dernière délicatesse d’un talent qui fut parfois délicieusement féminin, par un reste en lui du xviiie  siècle, le galantin M. de Goncourt ne quête que les femmes.

1537. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Catinat est de ces généraux si parfaits et si purs dans leur disgrâce, qu’on est tenté de la leur désirer comme un dernier triomphe, et qu’on ne voudrait pas la leur ôter. […] Catinat, chargé de former et de commander un corps d’armée en état de tenir tête au prince Louis de Bade sur cette frontière, et qui d’ailleurs ne fut instruit par sa cour de l’alliance avec la Bavière qu’au dernier moment et lorsqu’elle fut déclarée, se trouva trop faible dès le début pour s’opposer au siège de Landau, qui était alors à la France, et se résigna tout d’abord à la perte de cette place. […] Cette lettre écrite à une heure décisive lui était restée très présente, et, bien vieux, il aimait à en rappeler textuellement les dernières paroles : Peut-on servir sans plaire ?

1538. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Outre qu’il ne discernait pas alors le côté sensé, pur et légitime de l’opposition libérale, et lui faisait injure sur ce point, il lui faisait trop d’honneur sur un autre, en lui imputant une portée philosophique, une conception analogue à celle du dernier siècle ; chez elle encore, il aurait pu apercevoir justement, même à travers les quolibets antijésuitiques (malheureusement utiles) du plus populaire de ses journaux, une nuance un peu crue, parfois un peu sale, une variété épaisse et grossière de l’indifférence. […] Jusqu’à l’âge de vingt-sept ans, il n’avait jamais voyagé, sauf quelques semaines qu’il passa à Paris, vers l’âge de quinze ans ; il y avait fait de plus longs séjours dans les dernières années. […] Pendant les intervalles de la controverse vigoureuse à laquelle on l’aurait cru tout employé, serein et libre, retiré de ce monde politique actif où le Conservateur l’avait vu un instant mêlé et d’où tant d’intrigues hideuses l’avaient fait fuir, entouré de quelques pieux disciples, sous les chênes druidiques de La Chênaie, seul débris d’une fortune en ruine, il composait les premières parties d’un grand ouvrage de philosophie religieuse qui n’est pas fini, mais qui promet d’embrasser par une méthode toute rationnelle l’ordre entier des connaissances humaines, à partir de la plus simple notion de l’être : le but dernier de l’auteur, dans cette conception encyclopédique, est de rejoindre d’aussi près que possible les vérités primordiales d’ailleurs imposées, et de prouver à l’orgueilleuse raison elle-même qu’en poussant avec ses seules ressources elle n’a rien de mieux à faire que d’y aboutir.

1539. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Notre littérature des trois derniers siècles y est tout entière traitée, plusieurs même des grands noms assez en détail. […] Aussi ne faut-il pas lui demander du neuf ou même du juste avant les trois derniers siècles. […] Sa position est allée s’étendant de jour en jour : député, directeur au ministère de l’Instruction publique, maître de conférences à l’École normale et, en dernier lieu, professeur au Collége de France, il a pu suffire à tant d’emplois divers.

1540. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Au dix-septième siècle, on les appelle « les honnêtes gens », et c’est à eux désormais que s’adresse l’écrivain, même le plus abstrait. « L’honnête homme, dit Descartes, n’a pas besoin d’avoir lu tous les livres ni d’avoir appris soigneusement tout ce qu’on enseigne dans les écoles » ; et il intitule son dernier traité « Recherche de la vérité selon les lumières naturelles qui, à elles seules et sans le secours de la religion et de la philosophie, déterminent les opinions que doit avoir un honnête homme sur toutes les choses qui doivent faire l’objet de ses pensées349 ». […] En effet, c’est l’idéologie, dernier produit du siècle, qui va donner de l’esprit classique la formule finale et le dernier mot. […] Voir, au Cabinet des Estampes, les costumes peints des principaux personnages du théâtre au milieu du dix-huitième siècle. — Rien de plus contraire à l’esprit du théâtre classique que de jouer, comme on le fait aujourd’hui, Britannicus, Esther, avec des costumes et un décor exact, tirés des dernières fouilles de Pompéi et de Ninive.

1541. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

. — En dernier lieu, son organisation mentale plus fine a fait de lui, dès les premiers jours, un être imaginatif en qui les songes pullulants se développent d’eux-mêmes en chimères monstrueuses, pour amplifier au-delà de toute mesure ses craintes, ses espérances et ses désirs. […] En dernier lieu, notre couvent laïque a sa religion, une religion laïque. […] Triomphe complet et derniers excès de la raison classique  Comment elle devient une monomanie  Pourquoi son œuvre n’est pas viable.

1542. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Dans la seule petite ville de Châtellerault (qui est de quatre mille habitants), il y avait dix-huit cents pauvres cet hiver sur ce pied-là… La quantité des pauvres surpasse celle des gens qui peuvent vivre sans mendier… et les recouvrements se font avec une rigueur sans exemple ; on enlève les habits des pauvres, leurs derniers boisseaux de froment, les loquets des portes, etc. […] Parcourez les correspondances administratives des trente dernières années qui précèdent la Révolution : cent indices vous révéleront une souffrance excessive, même lorsqu’elle ne se tourne pas en fureur. […] Condition du paysan pendant les trente dernières années de l’ancien régime

1543. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Cette pensée répandait l’amertume sur ses derniers jours ; et peu de temps avant sa mort, comme on le portait dans les appartements de son palais, au moment où il venait de recevoir la nouvelle de la mort de son fils, il s’écria avec un soupir : Cette maison est trop grande pour une famille si peu nombreuse ! […] Sa mort causa la plus vive douleur à ses adorateurs ; et comme on la portait au tombeau, le visage découvert, ceux qui l’avaient connue pendant sa vie s’empressaient d’attacher leurs derniers regards sur l’objet de leur adoration, et accompagnaient ses funérailles de leurs larmes15. […] Cela lui donne occasion de développer les dogmes philosophiques de Platon ; et après avoir soigneusement examiné la valeur réelle de tous les biens d’un ordre inférieur, de tous les avantages purement matériels et temporels, il conclut que ce n’est ni dans la condition brillante et élevée de l’un, ni dans l’état humble et obscur de l’autre, qu’il faut chercher le véritable et solide bonheur ; mais qu’on ne saurait le trouver, en dernière analyse, que dans la connaissance et l’amour de la première cause, de l’Être suprême et infini.

1544. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Une dernière condition, ce serait d’entreprendre ces descriptions et ces études dans un esprit de sympathie respectueuse. […] Un chrétien qui, dans la pratique, pousse jusqu’à leurs dernières conséquences les obligations de sa foi est déjà une créature rare et singulière et qui se distingue fortement du reste des hommes : rappelez-vous les solitaires de Port-Royal. […] C’est que ni leur éducation ni leurs préoccupations habituelles ne sont bien propres à leur faire connaître le train du monde ; puis, leur confiance en Dieu est absolue, et elle ne peut être absolue que si elle est folle, si elle trouve le miracle chose naturelle  Une dernière marque enfin, c’est que cette charité sans bornes est pourtant une charité catholique, pour qui les hommes sont frères moins par une communauté de destinée et une solidarité d’intérêt que parce qu’ils ont été rachetés tous par le Christ ; et cette charité n’a point pour véritable but le soulagement de la souffrance, mais elle poursuit, par le bien qu’elle fait aux corps, la conversion des âmes.

1545. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Laissez-moi donc vous parler librement et respectueusement du dernier livre lyrique de Victor Hugo. […] Mais c’est bien ce que j’ai fait, tout en ayant l’air de ne viser que son dernier volume ; et je n’aurais pu faire autrement quand je l’eusse voulu. […] Enfin, dans les dernières années de sa vie, il poussait l’inconscience du ridicule jusqu’à un excès qui affligeait les esprits délicats.

1546. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Les gouvernements changent ; toujours la prosodie reste intacte : soit que, dans les révolutions, elle passe inaperçue ou que l’attentat ne s’impose pas avec l’opinion que ce dogme dernier puisse varier. […] Près, eux, se réservent, au loin, comme pour une occasion, ils offensent le fait divers : que dérobent-ils, toujours jettent-ils ainsi du discrédit, moins qu’une bombe, sur ce que de mieux, indisputablement et à grands frais, fournit une capitale comme rédaction courante de ses apothéoses : à condition qu’elle ne le décrète pas dernier mot, ni le premier, relativement à certains éblouissements, aussi, que peut d’elle-même tirer la parole. […] j’y succombai une dernière fois ou couronne, avec les Universités Anglaises, un passé que le destin fit professoral.

1547. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Les folies communistes sont donc la conséquence du honteux hédonisme des dernières années. […] Je préférerais pour ma part le siècle de Louis XIV, bien qu’il soit très antipathique à mon goût individuel et que je regarde comme assez niais l’engouement dont on s’était pris pour ce temps dans les dernières années de l’Ancien Régime ; je le préférerais, dis-je, à un état parfaitement régulier, où tous les intérêts seraient assurés, toutes les libertés respectées, où chacun vivrait à son aise, ne créant rien, ne fondant rien, ne produisant rien. […] Ceux mêmes qui les avaient si vivement niés quand ils leur étaient contraires se sont trouvés par la force des choses amenés à les invoquer et à exiger qu’on pousse à leurs dernières conséquences les hérésies qui les avaient détrônés.

1548. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Mais son parti est pris, sa dernière pudeur est tombée. […] Les entrées et les sorties des deux derniers actes ressemblent aux figures brouillées d’un quadrille mal réglé et mal répété. […] » — Et Lionnette, d’un geste forcené, arrachant ses voiles, défaisant son fichu, secouant sa crinière qui tombe, en flots dorés, sur ses épaules nues, se présente à l’ennemi en habit de combat, comme on disait au siècle dernier.

1549. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Jeanne-Antoinette Poisson, née à Paris le 29 décembre 1721, sortait de cette riche bourgeoisie et de ce monde de finance qui s’était si fort poussé dans les dernières années de Louis XIV, et dans lequel il n’était pas rare de rencontrer un épicuréisme spirituel et somptueux : elle y apporta les élégances. […] Elle a prouvé dans ses derniers moments que son âme était un composé de force et de faiblesse, mélange qui, dans une femme, ne me surprendra jamais. […] Quand elle se vit mourir après dix-neuf années de règne, quand il lui fallut, à l’âge de quarante-deux ans, quitter ces palais, ces richesses, ces merveilles d’art amoncelées, ce pouvoir si envié, si disputé, mais qu’elle retint tout entier en ses mains jusqu’au dernier jour, elle ne dit point comme Mazarin avec soupir : « Il faut donc quitter tout cela ! 

1550. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Fréron, hors de lui, écrivait à ce censeur dont il ne savait pas le nom ; il s’adressait en dernier ressort à M. de Malesherbes : C’est bien la moindre des choses que je réponde par une gaieté à un homme qui m’appelle fripon, coquin, impudent… J’ai recours à votre équité, monsieur ; on imprime tous les jours à Paris cent horreurs ; je me flatte que vous voudrez bien me permettre un badinage. […] Il va, dans son délire d’amour-propre, jusqu’à écrire, par allusion à ce nom vénéré : « Le nom de Fréron est sans doute celui du dernier des hommes, mais celui de son protecteur serait à coup sûr l’avant-dernier. » À l’entendre, M. de Malesherbes « avilit la littérature », il fait entrer dans ses calculs de budget le « produit des infamies de Fréron », il « aime le chamaillis !  […] Diderot pour être le principal éditeur. » Ce choix de Diderot est piquant de la part du pieu et timoré d’Aguesseau, le même qui n’accordait à l’abbé Prévost la permission d’imprimer les premiers volumes de Cleveland que sous la condition que Cleveland se ferait catholique au dernier volume.

1551. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Ce qui caractérise le poète, c’est d’avoir un idéal, et M. de Chateaubriand, dès les dernières années de l’Empire, s’en était formé un en politique. […] Il est difficile d’imaginer ce que Napoléon a pu trouver de juste dans une brochure où on lit à chaque page des phrases comme celle-ci : Il a plus corrompu les hommes, plus fait de mal au genre humain dans le court espace de dix années que tous les tyrans de Rome ensemble depuis Néron jusqu’au dernier persécuteur des chrétiens… Encore quelque temps d’un pareil règne, et la France n’eût plus été qu’une caverne de brigands. […] On peut même dire que, dans les derniers mois de son ministère, il était déjà à demi dans l’opposition, puisqu’il conspirait contre la loi sur la réduction des rentes, non seulement par son silence, mais en excitant l’archevêque de Paris, à la Chambre des pairs, à se prononcer contre l’adoption.

1552. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Jusqu’aux huit dernières années de sa vie, il avait été plus circonspect qu’entreprenant… sa prudence venait de son tempérament, et sa hardiesse de son expérience36. […] Les dernières années de sa vie, il fut honnête (c’est-à-dire accueillant, affable) et bienfaisant ; il se fit aimer et estimer également des officiers et des soldats ; et, sur la gloire, il se trouva enfin si fort au-dessus de tout le monde, que celle des autres ne pouvait plus l’incommoder. […] Elle est propre au dernier point, et l’air qu’elle souffle est plus pur que celui qu’elle respire… On remarquera ce mot de propre qui revient assez souvent chez Bussy, qu’on n’emploierait plus à présent, mais qui se disait alors avec convenance et dans le sens antique (simplex munditiis).

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