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1428. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Dès lors commença de briller la vraie comédie ; dès lors elle devint redoutable aux méchants et salutaire aux mœurs : ses railleries n’insultèrent plus au hasard, mais réprimèrent l’extravagance et les abus. […] Non, je commencerai par dire sincèrement que je les respecte. […] Or commençons classifiquement l’analyse de nos conditions, dont les trois premières, comme l’explique plaisamment le philosophe de la comédie de Molière, sont la première, la seconde, et la troisième. […] Ces diverses actions, dont vous fûtes témoin, ne sont donc que le milieu d’une action commencée, dont il faut vous imaginer les antécédents, et qui doit avoir une suite et une conclusion dont vous devez vous figurer les subséquences. […] « Déjà, pour commencer, dans l’ardeur qui m’enflamme, « Je vais dire partout qu’il couche avec ma femme.

1429. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Il commença, hypocritement, par se railler lui-même. […] Assez souvent il commence par être le croyant d’une religion positive. […] » Et le pillage commence.. […] Non, Monsieur, elle commence. […] Les familles de l’aristocratie républicaine marient entre elles leurs enfants, commencent à se garder des mésalliances.

1430. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Quand la révolution commença à gronder, il revint, par conscience, comme un soldat qui au bruit des armes court au péril, « persuadé qu’il était honteux pour lui de passer oisivement son temps à l’étranger et pour son plaisir, quand ses compatriotes luttaient pour leur liberté. » La lutte engagée, il parut aux premiers rangs, en volontaire, appelant sur lui les coups les plus rudes. […] Déjà, dans celui qui suit, Lycidas, en célébrant, à la façon de Virgile, la mort d’un ami bien-aimé505, il laisse percer les colères et les préoccupations puritaines, invective contre la mauvaise doctrine et la tyrannie des évêques, et parle déjà « du glaive à deux mains qui attend à la porte prêt à frapper un coup pour ne frapper qu’un coup. » Dès son retour d’Italie la controverse et l’action l’emportent ; la prose commence, la poésie s’arrête. […] N’est-ce pas un signe de l’imagination éteinte, de la prose commencée, du génie pratique qui naît et remplace la métaphysique par la morale ? […] » dit Dieu, et soudain la lumière — éthérée, première des choses, quintessence pure, —  s’élança de l’abime, et de son orient natal — commença à voyager à travers l’obscurité aérienne, —  enfermée dans un nuage rayonnant. […] Poëte et protestant, il reçut de l’âge qui finissait le libre souffle poétique, et de l’âge qui commençait la sévère religion politique.

1431. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Une difficulté plus grande, c’est de savoir où l’attention commence et où elle finit ; car elle comporte tous les degrés depuis l’instant fugitif accordé à une mouche qui bourdonne, jusqu’à l’état de complète absorption. […] Les formes faibles de l’attention ne peuvent rien nous apprendre : en tout cas, ce n’est pas par elles qu’il faut commencer notre étude. […] En supposant que cette recherche puisse aboutir, le mieux serait de commencer par les cas les plus graves, ceux que nous avons éliminés. […] On commence par des actes d’une extrême simplicité. […] Commençons par les tendances liées à la fonction fondamentale : la nutrition.

1432. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Et aussi bien, une saine dramaturgie commencera par le procès de la conception purement livresque du théâtre qui la stérilise depuis cent ans. […] Est-ce déjà ici que commence le « théâtre clos » ? […] L’ère démocratique commence et, comme le public, les auteurs tendent vers l’irréparable scission. […] Le recul est insuffisant, les grandes lignes se dégagent à peine, le choix certain commence seulement à s’indiquer. […] Sachez qu’on commence à me suivre.

1433. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Puis les cérémonies commencèrent. […] Il a interrompu un roman commencé, il s’est juré de ne jamais plus écrire pour l’amusement du monde. […] Déjà même il a commencé de contrarier leurs progrès. […] Emants pour nous l’exposer : et alors commence un long monologue, trente pages de menues réflexions, énumérées avec toute leur suite. […] On a commencé à le connaître, depuis le temps déjà lointain où ces notes ont paru pour la première fois.

1434. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Émile Augier » pp. 317-321

Augier, accueilli avec une visible faveur, a commencé avec modestie.

1435. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre III. Du meilleur plan. — Du plan idéal et du plan nécessaire. »

C’est en marquant leur place sur ce premier plan qu’un sujet sera circonscrit et que l’on en connaîtra l’étendue ; c’est en se rappelant sans cesse ces premiers linéaments qu’on déterminera les justes intervalles qui séparent les idées principales, et qu’il naîtra des idées accessoires et moyennes qui serviront à les remplir… « C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé et ne sait par où commencer à écrire.

1436. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre premier. Du rapport des idées et des mots »

Quand l’architecte a fait ses plans, son œuvre est finie, celle du maçon commence.

1437. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Stéphane Mallarmé »

Dès qu’il écrit, c’est autre chose… Pourtant il a commencé par faire des vers très beaux et, malgré quelques singularités, très intelligibles (sans quoi, je n’aurais pas osé dire « très beaux », car je ne me moque jamais des gens).

1438. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Art français » pp. 243-257

Préface de l’édition originale (1855) Le livre a été commencé par deux frères, en des années de jeunesse et de bonne santé, avec la confiance de le mener à sa fin.

1439. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Marie Tudor » (1833) »

Il n’en continuera pas moins ce qu’il a commencé, en désirant que d’autres fassent mieux que lui.

1440. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Les apôtres avaient à peine commencé de prêcher l’Évangile au monde, qu’on vit naître la poésie descriptive.

1441. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre V. Histoire littéraire. » pp. 212-219

Goguet trop tôt enlevé à la république des lettres, avoit commencé un grand traité sur l’Origine & les progrès des loix, des arts & des sciences en France depuis le commencement de la Monarchie jusqu’à nos jours.

1442. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 1, de la necessité d’être occupé pour fuir l’ennui, et de l’attrait que les mouvemens des passions ont pour les hommes » pp. 6-11

Le changement de travail et de plaisir remet en mouvement les esprits qui commencent à s’appesantir : ce changement semble rendre à l’imagination épuisée une nouvelle vigueur.

1443. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Deuxième journée. Les conspirateurs » pp. 225-233

Je suis en contravention ; il y a deux heures que le Rhamadan a commencé… Et cette épaule de mouton sur ma natte !

1444. (1912) L’art de lire « Chapitre XI. Épilogue »

Il avait commencé par lire les auteurs d’aujourd’hui, ceux qui écrivent la langue contemporaine, puis, remontant peu à peu, il avait passé aux auteurs du XIXe siècle, puis à ceux du XVIIIe siècle et ainsi de suite, s’habituant à la langue archaïque par transitions lentes et se faisant, du reste, quoique marchant à reculons, une idée fort nette de la suite de notre civilisation.

1445. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIII »

Très peu d’écrivains, et je parle des plus grands, ont commencé par être vraiment originaux.

1446. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Remarque finale. Le Temps de la Relativité restreinte et l’Espace de la Relativité généralisée »

Le paradoxe commence quand on affirme que tous ces Temps sont des réalités, c’est-à-dire des choses qu’on perçoit ou qu’on pourrait percevoir, qu’on vit on qu’on pourrait vivre.

1447. (1908) Après le naturalisme

Nous doutons même qu’elle fut commencée. […] Une nouvelle noblesse commençait de remplacer l’autre. […] Ils la commençaient à peine. […] C’étaient là des coups plus ou moins retentissants qui commençaient à ébranler les arches anciennes du monde. […] Elle s’en détourne autant pour aller vers un autre, vers une évolution rationnelle depuis longtemps commencée et toujours retardée.

1448. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

……………………………………………………………………………………………………… Mademoiselle *** avait commencé par me parler de la pièce, et m’avait dit qu’au moment, où Dumeny carotte à Réjane les quarante francs de la sage-femme, elle avait entendu derrière elle, une voix qui jetait à un voisin, injuriant la pièce et l’auteur : « Je vous défends d’insulter un homme de ce talent !  […] Mercredi 20 février Visite d’Antoine et de Mévisto, qui m’annoncent que les répétitions de La Patrie en danger sont commencées. […] C’est aujourd’hui moins désespérant que l’autre jour, et les remuements de foule qu’on commence à tenter, promettent, il me semble, de grands effets. […] Du reste à Paris, dans le Paris d’aujourd’hui, oui, le Parisien, la Parisienne, ça commence à devenir un être rare, dans cette société sémitique, ou auvergnate, ou marseillaise, par suite de la conquête de Paris, par la juiverie et le Midi. […] c’est absolument positif, ça commence par les lobes frontaux et ça va… — Arrête-toi, lui dis-je, il y a des dames ! 

1449. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Il n’y a point de souverain, dis-je, avec une franchise qui m’est naturelle, qui ne doive s’occuper de retranchemens & de réformes, lorsqu’il commence à régner. […] On commence par la raillerie, on finit par la méchanceté, & si quelqu’un contredit, pour mieux soutenir sa these, on s’écarte du respect, & l’on dit des absurdités. […] C’est par-là que commença la petite querelle que je lui fis. […] La chanson du grenadier prêt à monter à l’assaut, & qui commence par ces mots, malgré la bataille qu’on donne demain, ne lui appartient pas ; elle est de l’abbé de Mongenot. […] s’écria-t-il, vous commencez à me comprendre ; mais pour que vous m’entendiez mieux, je vais entrer dans des détails.

1450. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Mort, on commença de bâtir, sur cette colonne qui avait soutenu le monde, la légende qui devait aboutir au Faust de Gœthe. […] Un jour vint où on la jugea sans intérêt ; dès les premiers siècles, son cercle avait commencé de se rétrécir. […] L’expression animale des émotions n’est pas un langage, car elle ne saurait feindre ; le langage vrai commence avec le mensonge. […] Les natures délicates se corrompent par la tête, comme les roses qui commencent à se faner par la pointe des feuilles. […] Le travail est en bon train pour l’ouvrier, qui commence à mépriser le travail et à estimer les phrases.

1451. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Lorsque Maupassant commença de publier, il était en pleine possession de son talent. […] Presque tous les maîtres de la prose contemporaine ont commencé par écrire des vers. […] Or, si le principal objet de la critique est de comprendre, n’est-il pas évident que pour comprendre l’œuvre d’autrui il faut commencer par s’oublier soi-même ? […] Pour le lui reprocher, il faudrait avoir commencé par prouver que la maladresse est une vertu. […] Il commençait par disposer sur le rebord de la chaire trois mouchoirs, un pour se moucher, un pour cracher, le troisième pour s’éponger le front.

1452. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Il commençait sans doute à être malade. […] Il commence à railler. […] Dans Don Juan, le sujet commence à la dernière scène de l’acte III ; toute la pièce n’est qu’un portrait dramatique. […] Commençons par son premier âge. […] Puisqu’on en est à jouer son jeu, elle a tout son sang-froid, toute sa présence d’esprit et tout son esprit ; mais elle a commencé presque maladroitement.

1453. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

On commence toujours par être l’élève de quelqu’un. […] Tant que Dieu m’accordera vie et santé, je continuerai comme j’ai commencé. […] « Je commence, si vous le voulez bien, par mon numéro 2, qui est le réduit, le fort (sans mauvais jeu de mots) de ma démonstration. […] Et, plus simplement encore, Alceste est-il dans sa misanthropie, au même point quand la pièce commence que quand la pièce tombe ? […] « Car il ne faut pas s’y tromper, c’est par là qu’il commence.

1454. (1888) Études sur le XIXe siècle

Il continua à me parler, tellement que je commençai à trouver que ma réserve devenait impolie. […] Jamais il n’a appartenu à aucun des partis qui professaient l’opinion du lendemain, qu’une fois ce lendemain sonné et commencé. […] Peut-être qu’elle est aussi bien le terme où une époque commence que celui où une autre finit. […] — Je le veux. — Alors, je parlerai ; mais… » Vous pouvez penser si des récits commencés sur ce ton marchent vite ! […] la tienne commence.

1455. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Les oratoriens veulent partager le crédit des jésuites à la cour : ceux-ci, qui les avoient toujours protégés, ne veulent point avoir d’égaux & commencent à craindre leur propre ouvrage. […] Il est étonnant que messieurs des missions étrangères ne l’aient pas abandonnée aux dominicains ; car ces pères l’avoient commencée. […] L’édit commence par reconnoître la chirurgie pour un art sçavant, pour une vraie science, qui ne mérite pas moins que toutes les autres de l’estime & de la considération. […] Aussi la Jérusalem conquise, commencée en ce temps, & faite d’un bout à l’autre sur le plan & sur les idées des Aristarques académiciens, est-elle un fort mauvais ouvrage. […] J’en ai vu tel, aux avents commencé, Qui, vers les rois, n’étoit guère achevé.

1456. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Ainsi commença la décadence des Lettres : l’esprit de la nation Gauloise s’abâtardit insensiblement, & des siècles ont à peine suffi pour réparer une perte si fatale aux Arts & aux Sciences. […] Les personnes de la plus haute naissance, les Princes mêmes, ne dédaignoient pas d’embrasser cette profession, qui, ayant commencé vers le milieu du onzième siècle, prolongea sa durée jusques vers le milieu du treizième. […] Notre langue devoit à la fin s’épurer, mais c’étoit l’affaire du temps ; il falloit commencer par éclairer l’esprit, parce que l’art de s’exprimer n’a jamais précédé, mais a toujours suivi l’art de penser. […] Le Monarque jeta des regards bienfaisans sur les Arts & sur les Sciences ; & comme ils devoient tous concourir à sa gloire, le génie commença d’abord par perfectionner la langue destinée à transmettre à la postérité les merveilles de son règne. […]   Telle est, dans ce siècle, l’époque où les Lettres commencèrent à languir parmi nous.

1457. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Bientôt tout se tait, tout s’apaise et commence la cérémonie du mariage civil, suivi d’un discours de Marmottan. […] Jeudi 12 mars En rentrant chez moi, enfin une lettre qui m’apporte une bonne nouvelle, une lettre de l’Odéon me demandant des brochures, pour commencer les répétitions de la reprise de Germinie Lacerteux. […] Mercredi 27 mai La Slave, la Russe, c’est à la fois la sauvagesse des sociétés qui commencent, et la névrosée des sociétés qui finissent. […] Puis, alors commence la recherche de la tête de l’agneau, que dans sa stupidité de reptile, le serpent ne sait plus être sous lui, une recherche qui n’en finit pas, et coupée par des repos, des endormements, où il n’y a d’éveillé en lui, que le petit scintillement noir de sa langue fourchue : cela au milieu du resserrement de ses anneaux, laminant le petit corps, qui ne semble plus qu’une toison fripée, sans rien dedans. […] Lundi 28 décembre Voilà, tout près d’un mois, que je n’ai mis le pied dehors, et je commence à avoir une envie de la marche dans les rues de Paris, du badaudage devant les étalages, de la poussée de certaines portes de marchands.

1458. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Ce qui me touche le plus, c’est que je compte y mettre la dernière main à quelques ouvrages que j’ai commencés. […] s’il avait continué comme il a commencé ! […] Les familles ont leur destinée comme les nations ; heureuses celles qui commencent ou finissent par des consanguinités même traditionnelles avec les poètes ! […] … Du jour où tu disparus la mort commença à devenir une douce chose ! 

1459. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Il prend la plume, il commence contre la société, contre les arts, contre la civilisation, cette série de paradoxes sur l’état de nature, c’est-à-dire l’état de barbarie : c’est là, selon lui, l’idéal de perfectibilité prêchée aux hommes. […] Le suicide de toute civilisation commence par l’engouement pour cet aventurier de génie qui ne cherche pas la vérité, mais la nouveauté dans le sophisme. […] Son humeur s’aigrit : il commence à verser ses soupçons et son ingratitude sur Diderot, coupable seulement de légèreté, de déclamation, et de zèle pour lui ; il outrage Grimm, coupable de trop d’abandon et de trop de confiance dans son ami ; il calomnie indignement ces deux hommes de cœur et d’honneur pour prix des services qu’ils lui ont rendus ; il paye par la diffamation la célébrité qu’ils lui ont faite. […] Mahomet, le législateur de l’Arabie, voyagea dix ans, recueillit sa religion et ses lois chez les juifs et les chrétiens, en leur vendant ses chameaux et ses épices, et ne commença à prophétiser qu’après avoir souffert la persécution, première vertu de l’homme qui s’immole à sa patrie et à son Dieu.

1460. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

La fusion en un tout d’une multitude de plaisirs ou de peines à l’état naissant a fini par paraître étrangère au plaisir et à la peine, mais ne vous laissez pas prendre à cette apparence : toute sensation de chaleur ou de fraîcheur est du plaisir ou de la peine qui commence, c’est de l’émotion qui s’apprête et sollicite la volonté, c’est un ébranlement qui se prépare à passer de l’état moléculaire à l’état massif. […] Mais nous ne commençons pas ainsi par une « poussière de sensations » qui s’envolent ; il y a plutôt à l’origine un bloc non taillé, non différencié. […] Il y a bien une sensation particulière qui s’attache au mouvement arrêté, sensation afférente et centripète qui revient, comme un contre-coup, m’avertir d’un changement dans le cours des choses ; mais je n’aurais pas la sensation de mouvement arrêté, si je n’avais pas eu d’abord celle de motion commencée, puis de mouvement en train de s’accomplir ; cette sensation même, je ne l’aurais pas si je n’avais en moi une conscience quelconque d’agir et de vouloir, une conscience d’appétition8. […] « Nous n’admettons pas d’abord, dit-il, des idées d’où sortent des jugements, puis des raisonnements ; mais la pensée pour nous commence par des raisonnements, qui conduisent aux jugements, qui eux-mêmes forment des idées. » La seule forme d’activité mentale, ajoute Wundt, qui ait le pouvoir de lier, d’unifier, c’est le raisonnement ; il est l’origine de toute synthèse, conséquemment de toute pensée ; c’est le raisonnement qui établit l’unité de composition de la pensée : la sensation est donc un composé d’états inconscients réunis par une synthèse inconsciente.

1461. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

. — L’espace abstraitement conçu, dernier produit du travail mental sur les sensations, oui ; mais c’est là un pur concept que nous ne commençons pas par avoir et qui contient des éléments tout intellectuels, parce qu’il exprime de purs possibles. […] Quand l’intervalle de temps est réduit à 0,044”, le discernement de l’ordre de succession dans le temps devient impossible ; mais, si les étincelles sont assez rapprochées dans l’espace pour que leurs cercles d’irradiation s’enveloppent, l’œil perçoit alors leur éclat comme si c’était le mouvement d’une seule étincelle depuis le point occupé par la première jusqu’au point occupé par la seconde, et l’intervalle de temps peut alors être réduit jusqu’à 0,015”, avant que l’esprit commence à douter si le mouvement apparent a commencé de droite à gauche ou de gauche à droite. […] C’est, en un mot, la volonté qui se prépare à un oui ou à un non ; et la volonté est obligée, pour bien savoir ce qu’elle doit faire, de commencer par une sorte de demi-oui, par une acceptation de l’influence extérieure en tant que simple sensation et non encore plaisir ou douleur.

1462. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Philosophant avec ce grand et charmant esprit, en cette petite allée toute droite de son jardin, dans laquelle nous allons jusqu’au bout, puis nous revenons, nous causons de la mort de la province, depuis la Révolution qui a commencé à appeler toutes les capacités dans la capitale. […] Vraiment, à voir la misérable petite, pelotonnée sur le banc, et le mouchoir aux yeux, et qui a commencé par la mendicité, et qui n’a eu nul appui, nul enseignement pour résister aux pauvres petits vices de son âge, il vous prend une mélancolie profonde. […] Les témoins s’embrouillent de plus en plus, et je ne sais ce qui arrive, parce qu’il est six heures, et que l’avocat ne fait que commencer sa plaidoirie : un tableau effrayant de la démoralisation des villages par la balle du colporteur, par les obscénités que les fillettes lui achètent en se cotisant. […] La vie sociale y fait une grande évolution qui commence.

1463. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Drumont arrive nerveux, surexcité, drolatiquement guilleret : « Aujourd’hui, s’écrie-t-il, cinquante-cinq personnes… la sonnette ne cesse pas… on commence à s’arrêter dans la rue, devant la maison, en voyant tous ces gens qui entrent… des gens qui viennent me dire : « Ah ! […] Son père était un menuisier, et il avait commencé à travailler avec lui, quand on lui fit une blouse neuve… Il alla la promener, cette blouse, au boulevard Montparnasse, où le concierge faisait signe d’entrer à ceux qui se présentaient sur la porte, et dont la figure lui plaisait. […] Vendredi 10 décembre Aujourd’hui Renée Mauperin disparaît de l’affiche, aujourd’hui commencent à paraître les réclames de La Femme au dix-huitième siècle. […] C’est bien dommage qu’un tel livre n’ait pas été fait pour tous les hommes de talent de ce siècle, à commencer par les éreintements sur Chateaubriand, à continuer par ceux sur Balzac, Hugo, Flaubert.

1464. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Cela dit, remettons à un autre moment l’étude que nous ferons rapidement du théâtre grec, le plus accompli des théâtres, du théâtre romain, presque nul dans un peuple trop féroce pour goûter les plaisirs purement intellectuels de l’esprit, des théâtres espagnols, anglais, allemands, et enfin du théâtre français, le plus correct et le plus sensé des théâtres modernes dans la plus sensée et dans la plus communicative des langues, et commençons par son chef-d’œuvre Athalie. […] Il avait commencé son système de séduction par le cœur de la reine, mère de Louis XIV. […] Lorsque le roi arrivait chez Mme de Montespan, ils lui lisaient quelque chose de son histoire ; ensuite le jeu commençait, et lorsqu’il échappait à Mme de Montespan, pendant le jeu, des paroles un peu aigres, ils remarquèrent, quoique fort peu clairvoyants, que le roi, sans lui répondre, regardait en souriant Mme de Maintenon, qui était assise vis-à-vis de lui sur un tabouret, et qui, enfin, disparut tout à coup de ces assemblées. […] Ils allaient commencer leur lecture, lorsque Mme de Montespan, qui n’était point attendue, entra, et après quelques compliments au roi, en fit de si longs à Mme de Maintenon, que, pour les interrompre, le roi lui dit de s’asseoir, “n’étant pas juste, ajouta-t-il, qu’on lise sans vous un ouvrage que vous avez vous-même commandé”.

1465. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Elles m’excitaient à reprendre patiemment au lever du jour le travail commencé. […] Je serai fier que votre avenir, dont j’espère bien, ait commencé dans mon jardin. […] J’adore le Seigneur ; on m’explique sa loi ; Dans son livre divin on m’apprend à la lire, Et déjà de ma main je commence à l’écrire. […] (Ici commence la symphonie, et Joad aussitôt reprend la parole.)

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