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418. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

On le cherche, et un tel mot ne se cherche pas ! […] Ce rayon, qui lui est venu enfin à travers les préjugés de la haine, et qu’il n’a pas cherché, Dieu merci !

419. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Enveloppé dans la grande parole de Leibnitz : le passé est gros de l’avenir , comme dans un talisman de vérité, il a cherché dans le passé la clef du difficile problème qu’on pose en ce moment, comme un sphinx qui le garderait au seuil d’une société à reconstruire. […] Quelle raison empêcherait ici de se servir de l’expérience des siècles, puisqu’un seul entre tous, le xixe cherche sans la trouver une organisation du travail ? […] L’humanité, cet homme collectif, fait souvent dans sa marche ce que fait l’homme individuel dans la sienne, quand il revient chercher ce qu’il a oublié derrière lui et ce qui est nécessaire à son voyage.

420. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Nous, qui avons toujours accueilli avec joie et même avec tressaillement toute personnalité de poète qui a cherché à se dégager de la prose du temps, nous savons trop combien cette prose, qui monte toujours, a été puissante contre l’énergie des plus fiers instincts, révoltés pour lui échapper. […] Cherchez des semblants de tourelles, Cherchez des semblants de donjons, Respectez plus vos blanches ailes, Volez haut, parmi les pigeons !

421. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Avant tout, ce que nous cherchons dans un livre, et surtout dans un livre qui a l’honneur de s’appeler « Contes », c’est la grande, la prime-sautière originalité. […] Mais quelqu’un d’aussi littéraire que Feuillet de Conches, quelqu’un qui passe sa vie en habit de soie dans le détail d’une fonction de cour qui demande un perpétuel sous les armes, ne pouvait pas aller chercher le conte où il est réellement le plus, et où de mâles observateurs comme Fielding, le juge de paix, et Walter Scott, le greffier, sont allés le chercher, au péril de leurs habitudes de gentlemen tirés à quatre épingles, de la délicatesse de leurs sensations, et parfois de leur dignité.

422. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Ce que cherche la Réforme, c’est l’antiquité chrétienne ; — ce que cherche la Renaissance, c’est l’antiquité classique en ses idées ; — ce que cherche l’Humanisme, c’est l’antiquité classique en son art. […] Elles cherchent le progrès par la réaction, la marche en avant par le retour. […] Il cherche surtout à varier beaucoup ses mètres. […] C’est une histoire de bourgeois de France qui cherchent distraction plutôt qu’aventures. […] Système à chercher, très difficile à trouver.

423. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Encore vaut-il mieux chercher nos pères dans Le Cabinet satyrique 37, que dans l’histoire de France écrite en très beau latin, par M. le président de Thou. […] Ces gens-là passent leur vie à se chercher sans se rencontrer, ignorants, ils vont plus loin même que leur ignorance. […] Il a rempli l’Univers de ses armes, de sa politique, de sa philosophie et de ses modes nouvelles, de ses comédies et de ses pompons, de sa politique et de ses bons mots ; il a régné au théâtre et dans le salon ; dans la chaire et sur les champs de bataille ; il a vaincu par ses solitaires, autant que par ses capitaines ; la langue universelle il l’a trouvée, plus habile en ceci que Leibnitz qui cherchait à réaliser ce beau rêve, et qui le cherchait, comme si les oreilles n’eussent pas été faites pour entendre ! […] Tant que vous êtes jeune, vous êtes au-dessus des rumeurs qui s’attachent aux choses débattues ; nul ne songe à vous demander qui vous êtes, et ce que vous venez chercher en cette arène ouverte à la jeunesse, à l’espace, au soleil, à la force, à l’espérance, à la beauté ? […] Aujourd’hui l’enfant glane, et cherche sa vie, à travers ces domaines, ravagés par mademoiselle Plessis.

424. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Il est donc naturel qu’il cherche hors du cercle des sentiments généraux le thème de ses méditations. […] Mais il ne faut y chercher ni l’histoire proprement dite, ni surtout le style. […] Est-il même raisonnable de chercher cette pensée ? […] M. de Vigny a bien fait de chercher dans l’homme une partie que MM.  […] C’est dans Sophocle qu’il faut chercher le type le plus élevé de la tragédie antique.

425. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Quand je considère cette disposition toujours croissante à une mélancolie aride et sombre, l’avenir m’effraye ; de quelque côté que je tourne les yeux, je ne vois qu’un horizon menaçant ; de noires et pesantes nuées s’en détachent de temps en temps et dévastent tout sur leur passage ; il n’y a plus pour moi d’autre saison que la saison des tempêtes… » Ici se trahit le contemporain et le compatriote de René ; et quand je parle de René et d’Oberman à propos de La Mennais, ce ne sont pas des influences qui se croisent ni des reflets qui lui arrivent de droite ou de gauche : c’est une sensibilité du même ordre qui se développe sur son propre fond, mais qui hésite encore, qui se cherche et n’a pas trouvé son accent ; c’est un autre puissant malade, enfant du siècle, qui, dans la crise qu’il traverse et avant de s’en dégager, accuse quelques-uns des mêmes symptômes et rencontre, pour les rendre, quelques expressions flottantes dans l’air et qui se font écho. […] L’évêque de Nantes, Duvoisin, avec ses principes gallicans ou semi-gallicans, n’est pas plus son homme que ne le seront plus tard tous ceux qui chercheront une voie moyenne. […] En obéissant au démon intérieur, il s’efforce donc d’entraîner son frère, de le déraciner de sa Bretagne ; il cherche les raisons les plus émouvantes ; il lui demande si, antérieurement à tout autre engagement, il n’est pas lié envers lui, son enfant d’adoption, son frère à la fois selon le sang et selon l’esprit : « Quand tu es allé t’établir à Saint-Brieuc, n’espérions-nous pas nous y réunir ? […] Quand il échappa peu à peu à ces premières influences, La Mennais en chercha d’autres ; il en rencontra une fort douce et insinuante en l’abbé Gerbet, avec qui la part de correspondance contenue dans ces volumes est je ne sais pourquoi masquée sous la suscription à l’abbé X. […] C’est donc vainement qu’on chercherait chez lui dans toutes ces années, de 1806 à 1814, la trace de quelque chose d’aimable sous sa plume.

426. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Rien n’aurait donc paru plus singulier que de chercher à rendre ridicule un ordre politique entièrement dépendant de la volonté générale. […] Il faut cependant éviter de faire de la tragédie un drame ; et pour se préserver de ce défaut, on doit chercher à se rendre compte de la différence de ces deux genres. […] Néanmoins, c’est bien plutôt dans la hauteur des idées et la profondeur des sentiments que dans les souvenirs et les allusions historiques, que l’on doit chercher la dignité tragique. […] La vie s’écoule, pour ainsi dire, inaperçue des hommes heureux ; mais lorsque l’âme est en souffrance, la pensée se multiplie pour chercher un espoir, ou pour découvrir un motif de regret, pour approfondir le passé, pour deviner l’avenir, et cette faculté d’observation, qui, dans le calme et le bonheur, se porte presque entièrement sur les objets extérieurs, ne s’exerce dans l’infortune que sur nos propres impressions. […] Le travail de l’esprit se fait toujours apercevoir, avec quelque habileté qu’il soit ménagé ; et l’on n’est plus entraîné par ce talent, pour ainsi dire involontaire, qui reçoit une émotion au lieu de la chercher, qui s’abandonne à ses impressions au lieu de choisir ses moyens d’effet.

427. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Quand je viens en parler aujourd’hui, ce n’est point toutefois pour y chercher aucune application politique, ni pour y pratiquer aucune perspective selon les vues du moment ; j’aime mieux les prendre d’une manière plus générale, plus impartiale, et plus en eux-mêmes. […] « Il y a plus de douze cents ans que la France a des rois, dit Retz ; mais ces rois n’ont pas toujours été absolus au point qu’ils le sont. » Et dans un résumé rapide et brillant, il cherche à montrer que si la monarchie française n’a jamais été réglée et limitée par des lois écrites, par des chartes, comme les royautés d’Angleterre et d’Aragon, il avait toutefois existé dans les temps anciens un sage milieu « que nos pères avoient trouvé entre la licence des rois et le libertinage des peuples ». […] Bazin nous mène à ne voir en lui que le plus spirituel, le plus personnel et le plus fanfaron des intrigants, M. de Sainte-Aulaire cherche à la conduite de Retz, et à travers toutes les infractions de détail, une ligne qui ne soit pas celle uniquement d’une ambition frivole et factieuse : Bien qu’en écrivant son livre, dit M. de Sainte-Aulaire, il n’ait pas échappé aux influences que je viens de signaler (les influences régnantes et les changements introduits dans l’opinion depuis l’établissement de Louis XIV), on y trouve cependant la preuve qu’il avait tout vu, tout compris ; qu’il mesurait les dangers auxquels le despotisme allait exposer la monarchie, et qu’il cherchait à les prévenir. […] L’on chercha, en s’éveillant, comme à tâtons, les lois : on ne les trouva plus, l’on s’effara, l’on cria ; on se les demanda ; et, dans cette agitation, les questions que leurs explications firent naître, d’obscures qu’elles étoient et vénérables par leur obscurité, devinrent problématiques ; et de là, à l’égard de la moitié du monde, odieuses.

428. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

C’est pour se distraire, pour chercher à soulager et à remplir son âme, qu’il conçut son travail estimable contre les athées, les incrédules du temps et les railleurs, et qu’il intitula : De l’importance des opinions religieuses (1788) : Mes pensées, dit-il, ne pouvant plus s’attacher à l’étude et à la recherche des vérités qui ont l’avantage politique de l’État pour objet ; mon attention ne devant plus se fixer sur les dispositions particulières de bien public qui sont nécessairement unies à l’action du gouvernement, je me suis trouvé comme délaissé par tous les grands intérêts de la vie. […] C’est une réflexion que j’ai souvent faite avec les autres ministres du roi ; et, quoique mon caractère soit malheureusement inquiet, quoique toute ma vie j’aie porté mes regards en arrière pour me juger encore dans les choses passées, quoique mon esprit se soit ainsi chargé de toute la partie des remords dont ma conscience n’eut jamais que faire, néanmoins, et à mon propre étonnement, je cherche en vain à me faire un reproche. […] Et en effet, les hommes ont chacun leur nature, et plus cette nature est fortement appropriée à de certaines circonstances, moins elle est applicable à toutes indistinctement… Que l’on me place au milieu d’hommes encore susceptibles de raison et de sensibilité, je ferai, je le crois, quelque impression sur eux, et peut-être je mériterai d’être choisi pour un de leurs guides ; mais, s’il faut les tromper, s’il faut les corrompre, ou bien s’il faut les environner de chaînes, s’il faut imposer sur leurs têtes un joug d’airain, je ne suis plus l’homme d’un tel ministère ; il faut alors chercher un Mazarin, trouver un Richelieu. […] Parlant des deux partis qui l’avaient tour à tour et à la fois blessé, du parti aristocratique surtout qui ne lui avait point épargné les sarcasmes amers, il disait, dans la supposition qu’il eût pu en regagner les plus indulgents : « Je ne veux aujourd’hui ni d’eux ni de personne ; c’est de mes souvenirs et de mes pensées que je cherche à vivre et mourir ; et, quand je fixe mon attention sur la pureté des sentiments qui m’ont guidé, je ne trouve nulle part une association qui me convienne. » C’est en ces termes que l’honnête homme blessé s’exaltait lui-même dans le premier soulèvement de sa douleur. […] Il continuait à y rendre au Premier consul de publics hommages ; s’appuyant de ces hommages mêmes, considérant le Premier consul comme une éclatante exception, et la Constitution de l’an VIII comme transitoire, il cherchait à trouver par la théorie les bases d’un établissement plus durable.

429. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Lorsqu’un penseur nouveau se présente, il cherche d’abord à détruire entièrement l’œuvre de ses prédécesseurs, et la raison en est assez facile à comprendre. […] Supposer, d’un autre côté, que tous sont faux et ne sont que des conceptions absolument chimériques est également un fait bien difficile à comprendre, car prétendre que l’homme cherche le secret des choses, mais qu’il ne peut le trouver en aucune façon, c’est presque, si je ne me trompe, une contradiction. S’il cherche le secret des choses, c’est qu’il croit qu’il y en a un ; c’est donc qu’il ne se contente pas du pur phénomène, et qu’il saute par-delà. L’animal ne cherche pas le secret des choses. […] Heureux encore ceux qui, ne l’ayant pas reçue, ne cherchent ni à se tromper eux-mêmes, ni à tromper les autres en se faisant passer pour inspirés !

430. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

et dont la Critique littéraire est encore à chercher le mot ! […] Ses essais de jeunesse trouvent maintenant les éditeurs qu’ils cherchèrent, et, grâce à eux, il nous étale les premiers costumes de sa pensée avec la tendresse que M.  […] On dirait, à les voir tous dans cette préface, des aliénés, à force de science, occupés à chercher la petite bête invisible, la mouche narquoise de l’impalpable qui fuit leur main. […] Bunsen et Max Muller, qui ont inventé une famille TOURANIENNE à l’aide de laquelle ils cherchent, de l’aveu de M.  […] Le moyen, il allait le chercher ; il le trouverait peut-être ; ce serait ceci ou ce serait cela, mais la question était cet autel !

431. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

La critique moderne a cherché cette date, pour en faire honneur à la Sicile ou à la Provence. […] Quant à l’empereur Frédéric, à ce terrible pupille d’Innocent III, qui, maître une fois de l’empire, brava si hardiment les pontifes de Rome, une tendre chanson qu’on lui attribue nous étonne par une humilité langoureuse, mais elle n’a rien de la grâce ni de l’ardeur lyrique ; et c’est ailleurs qu’il faut chercher ces germes de poésie nouvelle déjà semés dans l’Europe, couvés sous les feux du Midi, recueillis dans les cours, et que bientôt allait concentrer dans le miroir ardent de son génie l’Homère du moyen âge. […] Mais c’est là, dans le voyage miraculeux du Dante, le plus haut point où il soit parvenu ; et notre admiration doit le chercher d’abord au-dessous de ces invisibles grandeurs. […] Et, ce qui n’est pas indigne de remarque, cet hymne, dans une sorte de vers latins mesurés par le nombre de syllabes, non par le rhythme, sauf un ïambe final, se composait de tercets rimés et semblait chercher ainsi dans les décombres du langage romain un relief dont l’Italie nouvelle allait revêtir son idiome populaire. Voici cette ébauche de la transformation commencée : « Vers la source de l’éternelle vie aspire mon âme altérée : ces barrières de la chair, mon âme captive cherche à les briser : elle se lève, elle travaille, elle lutte dans l’exil, pour retrouver la patrie, en gémissant sous le poids des afflictions et des maux.

432. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Par suite d’une réunion de circonstances difficile à rencontrer, les esprits sont, en général, disposés à chercher la vérité sur le passé. […] Vous reconnaissez ici les tendances de la philosophie du comte de Maistre ; elle ne cherche point les objections, elle cherche les solutions. […] M. de Bonald a cherché les caractères fondamentaux de l’organisation sociale, et voici les résultats de ses recherches. […] C’est dans cette maison de Saint-Sulpice, bientôt transférée rue Pot-de-Fer, que M. de Pancemont alla chercher, en 1801, M.  […] On ne dira pas que M. de Maistre ressemblait à ce personnage d’un tableau du déluge qui cherche à sauver sa bourse, au milieu du cataclysme universel.

433. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

« Les événements que je cherchais, a-t-il dit lui-même, ne me vinrent pas aussi grands qu’il me les eût fallu. […] Faut-il chercher un sens moral, philosophique, à ce poème ? […] Dès 1829, M. de Vigny avait été touché et comme mis à l’épreuve par les écoles philosophiques nouvelles qui s’essayaient et qui cherchaient des alliés dans l’art. […] En se brisant par sa faute, elle l’obligea à chercher d’autres points d’appui pour son art, d’autres points de vue. […] Si M. de Vigny altère et fausse l’histoire, ce n’est jamais par frivolité, c’est par trop de réflexion : c’est qu’il cherche comme l’alchimiste à transmuer les métaux, à faire de l’or avec de la terre, du diamant avec du charbon.

434. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

S’il me fallait cependant chercher d’autres raisons de cette préférence personnelle pour la musique sur la peinture, j’en trouverais peut-être encore de plus motivées dans l’essence même de ces deux arts. […] La réaction de quatorze siècles contre tout ce qui rappelait le paganisme ayant enfin cessé, on commença à se retourner par une réaction contraire vers la philosophie, l’éloquence, la poésie, les arts d’Athènes, et à y chercher de l’émulation et des modèles. […] La Providence lui devait un patron ; il l’avait cherché dans le roi de Prusse, alors souverain de Neuchâtel ; il le trouva, plus près de lui, dans un généreux et riche habitant de cette ville, M.  […] Son dessin suivit la transformation de sa palette ; il oublia le vulgaire et ne chercha plus que l’idéal. […] Il est assis sur le vieux manteau de laine brune qui s’est détaché de ses épaules ; il cherche d’une main distraite des notes sur les cordes de sa guitare pour accompagner sa psalmodie ; il cherche de l’œil, dans son imagination ou dans sa mémoire, les aventures ou les vers qu’il chante à ses auditeurs attentifs.

435. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Nonobstant cela, il ne me semble pas possible de prétendre que j’aie cherché à rompre du côté du Pape, dès qu’on s’est mis d’accord sur tous les articles, à la réserve d’un seul, pour lequel j’ai prié qu’on consultât le Saint-Père lui-même ; car ses propres commissaires n’ont pas rejeté cette proposition.” […] Il s’écria : “Et c’est pour cela que je vous dis que vous avez cherché à rompre, et que je considère l’affaire comme terminée, et que Rome s’en apercevra et versera des larmes de sang sur cette rupture.” […] répliqua-t-il avec vivacité. — C’est, reprit le comte, d’autoriser une nouvelle séance entre les commissaires respectifs, et de vouloir bien leur permettre de chercher le moyen d’introduire dans l’article en litige quelque changement propre à satisfaire les deux parties. […] Jamais il ne s’avouait vaincu, et il mit fin à l’entretien en affirmant que si nous ne voulions pas assister au mariage civil, on n’y ferait guère attention, quoique cela déplût beaucoup, mais qu’il fallait absolument nous rendre au mariage ecclésiastique, si nous ne cherchions pas à pousser les choses à la dernière ruine ; puis il me supplia d’en aviser mes collègues. […] Néanmoins on chercha, ainsi que l’exigeait la prudence, à ne pas trop s’éloigner de l’avis des ministres en ce qui n’était pas indispensable pour ne point trahir la vérité.

436. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

J’entends pourtant vanter les logiciens, mais je cherche quelles gens ils ont su convaincre. […] Et quel intérêt ai-je à chercher sous ce portrait immortel l’original qui n’est plus ? […] Il ne faut pas d’ailleurs chercher dans les sermons de Bourdaloue ces vives peintures des personnes divines dont Bossuet anime l’explication des dogmes. […] Le rhéteur n’a pas la véritable invention qui consiste dans les raisons moyennes ; il veut frapper fort, et il cherche dans les choses outrées la force que l’orateur trouve dans les choses justes. […] Nous cherchons pourquoi nos grands moralistes sont grands écrivains.

437. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Que nous importe que certaines peuplades celtiques se soient plues à se présenter Tristan sous les traits d’un porcher que son maître envoie chercher la belle bergère, que, lui, il aime ? […] Quelques critiques allemands cherchent aujourd’hui par toutes espèces de subtilités à prouver qu’il en est autrement, mais la chose est indiscutable. […] Il n’y a pas lieu d’y chercher autre chose. […] Mais, revenu au jour, c’est-à-dire sorti du théâtre de Bayreuth, l’esprit ne peut se contenter de cette compréhension ou du moins cherche à la préciser et à l’approfondir. […] » En allemand, ce sont en tout huit mots. « La fidélité » est celle à son roi ; « l’audace » qui a fait son malheur est d’avoir osé chercher pour son roi la femme que lui il aimait.

438. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Près d’elle, une vieille femme sourde cherche à deviner, sur ses lèvres, les mots qu’elle me dit. […] Elle ne m’écoute pas, quand je lui dis qu’un homme à moi viendrait chercher l’Empereur dans un coupé sans armes, au chemin de fer… Oui, c’est l’Impératrice, de concert avec Palikao, qui a empêché le retour de l’Empereur. […] La femme, sortie de la chambre, il a couru dans la cour, chercher de l’air, et mettre sur sa figure le souffle frais du vent. […] Soulié l’invite à aller chercher l’auteur de Madame Benoiton. […] Et mes yeux cherchaient, malgré moi, dans cette féronnerie cruelle, la rouille qui fut autrefois du sang.

439. (1914) Une année de critique

Le jeune homme, inquiet, s’en ira donc chercher sa vérité. […] Déjà ils cherchent à se faire souffrir. […] Elle y tenait, et ne cherchait rien de plus. […] Ceux qui ont bonne volonté cherchent, tâtonnent, s’inquiètent. […] Comme eux, il cherche à se disperser, à s’anéantir dans les paysages qu’il parcourt.

440. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Et ne cherche-t-il pas le paradoxe ? […] Il ne cherche pas le paradoxe, qu’il déteste. Que cherche-t-il ? […] Mais il la cherche sans espoir. […] Il ne cherche pas la vérité, mais il cherche de la vérité.

441. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Il serait permis, sans injustice, de chercher parmi les jeux de la Grèce antique celui qu’André Chénier a voulu désigner. […] Dès qu’il doute de la fidélité de sa maîtresse, il cherche à s’étourdir, il essaye de fermer les yeux à l’évidence. […] Serait-il condamné à chercher constamment des émotions nouvelles ? […] Il n’a pas cherché à éluder cette nécessité, et nous pensons qu’il a bien fait. […] Il a cherché la solitude ; les lettres de sa maîtresse viennent troubler la paix de sa retraite.

442. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Elle songeait, elle cherchait si la mort était là. […] murmura Cyrille, qui cherchait à se dégager. […] Cherche-moi la lettre que j’ai reçue hier du staroste. […] Que ne vas-tu chercher le menuisier ? […] On cherche un homme pour le remplacer, et je crois qu’on le cherchera longtemps.

443. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

À Raguse, les nuits de sortie, c’est chez la Fœdor qu’on allait te chercher. […] Tous ceux qui ont été chercher leur première épaulette dans l’ancienne retraite de Mme de Maintenon s’y reconnaîtront. […] Il était petit, voûté, flétri, et ne cherchait point à paraître majestueux. […] On cherche à voir, on rôde, on va, le cou tendu. […] Dès qu’elle l’eut ouverte, les assistants la virent se lever précipitamment et chercher un refuge dans sa chambre.

444. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

On ne cherche pas dans Bossuet ce qui plaît dans Voltaire. […] qui cherchait-elle à percer ? […] N’y cherchez pas d’ornements : il n’y a que des raisons. […] Il ne cherche pas l’effet, il l’atteint sans qu’on y songe. […] Il ne cherche ni à étonner ni à terrifier.

445. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Le lecteur ne doit pas y chercher des métaphores agréables, des portraits brillans, des descriptions fleuries, des traits saillans, des chûtes épigrammatiques, des cadences harmonieuses ; mais il y trouvera les maximes de l’Evangile rendues d’une maniere instructive & touchante. […] Bossuet plus occupé des choses que des mots, ne cherche point à répandre des fleurs dans son discours, ni à charmer l’oreille par le son harmonieux des périodes. […] Si l’on cherche ensuite pourquoi les plus grands génies qui sont entrés dans ce Corps, ont fait quelquefois les plus mauvaises harangues, la raison en est encore bien aisée ; c’est qu’ils ont voulu briller ; c’est qu’ils ont voulu traiter nouvellement une matiere toute usée. […] Ne pouvant trouver des pensées nouvelles, ils ont cherché des tours nouveaux, & ont parlé sans penser, comme des gens qui mangeroient à vuide, & feroient semblant de manger en périssant d’inanition. […] Voilà pourtant, qui le croitoit, en quoi la plûpart de nos faiseurs d’éloges ont cherché à lui ressembler.

446. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

J’ai parlé précédemment des deux premiers, et dans des articles insérés au Moniteur 58 j’ai cherché à marquer de quel secours pouvaient être les faits purement extérieurs, recueillis par Dangeau, et de quelle utilité à l’éclaircissement de certaines questions toutes morales et politiques, et par exemple à celle de la révocation de l’Édit de Nantes. […] Assez d’autres chercheront dans le journal de Dangeau tel ou tel fait particulier ; très peu de monde aura la patience de le lire d’un bout à l’autre comme on lit un livre. […] Il ne cherchait point les périls, mais aussi il ne les évitait pas. […] Le roi, qui a retranché une moitié sur les étrennes de ses enfants (1694) et deux cents chevaux de son écurie, cherche à étendre ses économies sur tout ce qui est dépenses de luxe, et sur les courriers que les généraux multipliaient sans nécessité pour la moindre affaire, et sur les Gobelins dont on a congédié tous les ouvriers.

447. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Un jeune talent qui veut exercer de l’influence et être connu cherche à renchérir sur ses prédécesseurs… Dans cette chasse à l’effet extérieur, toute étude profonde, tout développement intime et régulier de l’homme est oublié. […] Je me suis donné assez de tourments pendant un demi-siècle ; je peux dire que, pour travailler à ce que la nature m’avait donné comme œuvre de mes jours, je ne me suis reposé ni jour ni nuit ; je ne me suis permis aucune distraction ; j’ai toujours marché en avant, toujours cherché, toujours agi aussi bien et autant que je pouvais. […] Je ressens là, sous une nouvelle forme, la vieille haine dont on me poursuit depuis des années et qui cherche à s’approcher tout doucement de moi. […] Mais non, les hommes de talent s’attaquent entre eux ; Platen tourmente Heine, et Heine Platen ; chacun cherche à se rendre odieux aux autres, et pourtant le monde est assez grand, assez vaste pour que chacun, puisse vivre et travailler en paix, et chacun a déjà dans son propre talent un ennemi qui l’inquiète assez55 ».

448. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Les mœurs réglées, en elles-mêmes, sourient peu et n’amusent guère ; les mœurs bourgeoises notamment sont anti-romanesques, anti-dramatiques et anti-poétiques, et depuis longtemps tout ce qui avait talent et puissance avait cherché l’émotion et l’intérêt dans l’irrégularité des situations et dans les orages du cœur : — Mérimée, George Sand, Balzac, Dumas, Musset. […] Elle veut un amant, il lui en sert, et il se réserve de faire avorter la crise, de sorte qu’après lui elle est préservée et ne cherchera plus : le bouton est sorti. […] envoyez chercher un serrurier. » — « Un serrurier à trois heures du matin !  […] Jamais l’esprit humain n’eut, à cet égard, moins de fermeté ; dès qu’il a un peu de loisir, il s’obstine à chercher son assiette en l’air, sans jamais parvenir à la trouver.

449. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Il a là-dessus une belle page : « Messieurs, dit-il, je cherche à me représenter le type du vrai civilisé. […] Dans une seconde Conférence, il a cherché toutefois à formuler une proposition et à aborder hardiment, comme il dit, la question des voies et moyens. […] Duveyrier n’y trouve point ce gouvernail, cette hélice motrice qu’il cherche, cette force qu’il désire apparemment plus active, plus entreprenante et plus maniable, plus tournée à la découverte utile. […] On cherche dans le passé les noms des quelques hommes qui ont assez aimé la science et la société en elles-mêmes pour s’y vouer avec cette ardeur.

450. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Après tout, ôtez le ciel d’Italie et le costume de Procida, ce n’est qu’une aventure de grisette, embellie et idéalisée par l’artiste, élevée après coup aux proportions de la beauté, mais une de ces aventures qui ne laissent que trop peu de traces dans la vie, et qui ne se retrouvent que plus tard dans les lointains de la pensée, quand le poète ou le peintre sent le besoin d’y chercher des sujets d’élégie ou de tableau. […] Ces pages de Raphaël renferment, en effet, plus de jolies choses qu’il n’en faut pour séduire, à une première lecture, des esprits et des cœurs qui portent en eux la facilité de l’admiration, et qui ne cherchent qu’un prétexte pour être charmés. […] … » L’incrédule Julie a tort de vouloir chercher des raisons là où il n’y en a point pour elle ; elle parle en ces moments comme aurait pu le faire une platonicienne. […] Et plus loin, parlant de Julie, après avoir épuisé, ce semble, les termes passionnés : Je lui cherchais des noms, dit-il, je n’en trouvais pas.

451. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Elle avait un grand besoin d’amitié et d’intimité, et elle chercha aussitôt quelque personne avec qui elle pût se lier comme il n’est point d’usage à la Cour. […] Bien qu’elle ne vît jamais toute l’étendue de ces inconvénients, elle en aperçut pourtant quelque chose ; elle sentait que là où elle cherchait le repos et le délassement du rang suprême, elle retrouvait encore une obsession intéressée, et quand on lui faisait remarquer qu’elle témoignait souvent trop de préférence à des étrangers de distinction qui passaient en France, et que cela pouvait lui nuire auprès des Français : « Vous avez raison, répondait-elle avec tristesse, mais ceux-là du moins ne me demandent rien. » Quelques-uns des hommes qui, admis dans cette intimité et cette faveur de la reine, étaient obligés à plus de reconnaissance et de respect, furent les premiers à parler d’elle avec légèreté, parce qu’ils ne la trouvaient pas assez docile à leurs vues. […] Aujourd’hui encore, lorsqu’on veut citer quelque témoignage qui donne à penser contre Marie-Antoinette, le témoignage de quelqu’un qui compte, c’est dans les Mémoires du baron de Besenval qu’on le va chercher. […] Au moment où ce voyage tant différé allait s’exécuter enfin, vers minuit, la reine, traversant le Carrousel à pied pour aller trouver la voiture préparée pour la famille royale par M. de Fersen, rencontra celle de M. de La Fayette qui passait : elle la remarqua, « et elle eut même la fantaisie, avec une badine qu’elle tenait à la main, de chercher à toucher les roues de la voiture ».

452. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

N’oublions pas une dernière circonstance par laquelle on a cherché à expliquer la diversité et l’inégalité des intelligences, à savoir la composition chimique du cerveau, qui a attiré l’attention de nombreux observateurs. […] Faut-il chercher la solution dans une résultante du poids et de la forme ? […] Peu m’importe la question d’origine ; je ne cherche pas si un seul couple a donné naissance à l’espèce tout entière. […] La troisième, qui est la méthode Morton, d’après le nom du naturaliste américain qui s’en est servi le premier, consiste à remplir le crâne de petit plomb de chasse à grains parfaitement égaux ; on vide ensuite le plomb dans un cylindre gradué, qui donne la mesure cherchée.

453. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

De même encore, pour les recueils de vers : Horace, non plus que Boileau, ne cherche un nom piquant pour l’ensemble de ses poésies : elles seront Satires, Odes ou Épîtres, selon leur sujet. […] Pour un livre de science, d’histoire et de droit, le nom à chercher est le plus simple, et le plus souvent c’est celui-là qui s’impose. […] On chercha par les titres les plus extraordinaires à frapper d’étonnement le Philistin. […] Habitude vicieuse et pleine de périls au théâtre surtout : car le public — il faut bien le constater — n’aime guère l’abscons ni le mystérieux, et, peu enclin à chercher la signification secrète des mots, affectionne les idées simples et d’assimilation facile.

454. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Si, d’une part, notre littérature du siècle de Louis XIV est devenue européenne, et a cessé d’être exclusivement la nôtre, nous cherchons, d’une autre part, une littérature nouvelle, qui soit classique aussi, mais classique dans l’ordre de choses qui va naître. […] Dès lors on a pu exiger d’eux l’impartialité ; ils avaient donné ce droit ; mais les poètes, qui furent les premiers historiens, n’avaient pas besoin de chercher l’impartialité ; ils avaient plus que cela ; ils avaient la vérité vue de haut, vue dans l’ensemble des choses. […] Vos sociétés savantes proposent des prix pour savoir quelle a été l’utilité des croisades ; vous cherchez à expliquer les actions merveilleuses de l’héroïne d’Orléans, qui fut la simple bergère de Domremy ; et vous demandez où sont les sujets pour l’histoire, pour la poésie ! […] À présent, nous ne pouvons en douter, il faut chercher la poésie ailleurs que dans des embellissements ; au reste, elle n’a jamais été là que pour le vulgaire.

455. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

La psychologie de l’Italien n’est pas logique ou morale : elle est individualiste ; elle ne cherche pas à corriger, elle s’adapte ; elle s’adapte dans les formes et sauvegarde la liberté dans les interprétations. […] Cette littérature est donc moins riche en œuvres et moins nettement significative ; elle présente en outre ce phénomène particulièrement intéressant pour nous : les trois ères que j’ai distinguées en France ne sont qu’ébauchées en Italie ; elles débutent, normalement, par le lyrisme, elles atteignent à peine leur point culminant avec l’épopée, et manquent d’achèvement dramatique ; on dirait d’un fleuve qui par trois fois se perd dans le sable… L’explication est à chercher dans l’absence de vie nationale. […] L’explication est-elle à chercher à la fois dans le caractère italien, dans la vision plastique et passionnée, dans une sorte de compensation pour la pauvreté de l’épopée et du drame, et, en certains cas, dans une faiblesse de l’invention littéraire ? […] Lorsqu’on cherche les précurseurs de tels principes essentiels de la mentalité européenne (principes scientifiques, esthétiques, moraux, sociaux), c’est le plus souvent en Italie qu’on les découvre ; et d’autre part, c’est en Italie que ces mêmes principes ont eu le moins d’efficacité dans l’application pratique.

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