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1467. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XII. L’homme touffu »

Il cessa lui-même d’habiter le village et vécut près d’Aïssata pour la protéger, si besoin en était.

1468. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Saint-Marc Girardin »

Mais, on n’a pas besoin de le dire, Lerminier comme Rémusat, quelle que soit l’énergie intellectuelle qu’ils possèdent encore, appartiennent tous les deux à un mouvement d’idées qui eut son jour, à une phase littéraire et philosophique qu’on peut regarder comme fermée, et à laquelle, nous le répétons, on ne voit rien succéder.

1469. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Pourtant, un furieux besoin de la nouveauté vit en nous. […] D’ailleurs, ce besoin de nationalisme littéraire, si la Pléiade ne l’affirma que trop rarement quant à la qualité des sujets, elle le proclama en ce qui concerne la langue. […] L’avant-propos dit encore : « L’incapacité d’une cour à manier les affaires publiques, la cruauté polie des favoris, les besoins et les affections des peuples sous leur règne ». […] En même temps, ils furent dévorés du besoin de ne point ressembler à Victor Hugo. […] Cette défection ne fut pas sa dernière ; il eût inventé, au besoin, des cas de trahison.

1470. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Labiche a soulagé là-dessus, copieusement, le besoin d’hilarité qui travaillait son tempérament de dramaturge facétieux. […] En vérité, nous avions besoin de ce dénouement et des perspectives indéfinies qu’il nous ouvre pour être un peu consolés. […] Il était assez glorieux pour n’avoir pas besoin d’aller à elle. […] Nous avons besoin d’être réveillés par des excitants. […] Elles auraient peut-être besoin de prendre du fer ou des vins fébrifuges.

1471. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

En effet ce sont des vices qui opèrent dans le sens de l’instinct, conformément à la nature ; ce sont vices qui s’avouent et au besoin dont on se pare. […] Je n’ai pas besoin de dire-que la fin du portrait d’Onuphre est exquise. […] La mondaine, d’abord pour elle et pour son « divertissement », ensuite même pour son salon, a besoin d’un homme qui, par son naturel et par un grain d’âpreté, tranche sur la fadeur générale, le concerté, l’atténué et le gris. […] L’effrayant c’est qu’on ne sait pas si Agnès est bonne et qu’il se peut très bien qu’elle ne le soit pas, la bonté, certes, étant innée, mais ayant besoin aussi d’être acquise, étant naturelle, mais ayant besoin aussi d’être cultivée pour être réellement, et l’éducation qu’a reçue Agnès, en ne développant point la bonté, ayant pu la tuer et ne laisser que les appétits, que l’égoïsme parfaitement féroce de la bonne nature. […] J’ai à peine besoin de dire — cependant c’est une chose à noter rapidement — que jamais les petits personnages de Molière ou les personnages de ses petites pièces ne sont complexes.

1472. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Il sentait que l’éloquence n’était plus dans Rome une puissance assez forte par elle-même, et que le plus grand orateur avait besoin d’être protégé par un guerrier. […] Sa douleur, qui lui faisait un besoin de la retraite, le livrait tout entier à l’étude et aux lettres. […] Cette situation même d’un pouvoir nouveau, qui agit par ruse plutôt que par menace, qui croit avoir besoin de ménagements et d’excuses, est favorable à l’activité des esprits. […] Cette croyance devait suffire aux imaginations les plus vives ; elle satisfaisait ce besoin de fables et de merveilleux si naturel à l’homme. […] Quel besoin que ses saintes reliques soient cachées sous une pyramide qui monte jusqu’aux cieux ?

1473. (1929) La société des grands esprits

Si charmant que soit le monde homérique, l’humanité ne pouvait en rester là Indéfiniment ; elle avait besoin que les philosophes vinssent inventer la raison. […] Qui sait si Rodin n’eût pas été capable de renouveler la fresque, ou même l’architecture, qui en a grand besoin ? […] il est jalousement gardé… par lui-même » Quel besoin M.  […] Lasserre, c’est que la philosophie répond à un besoin et qu’on s’est contenté de celle de Hegel, un moment, parce qu’il n’y en avait pas d’autre. […] Puis, persécuté et honni par tous les pharisiens, il avait besoin d’un porte-respect.

1474. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Ceux-là n’ont pas besoin d’être encouragés, ils ont nativement le courage. […] Elle n’en a jamais eu plus qu’à présent ; elle a besoin de se défendre, et par conséquent elle a plus que jamais besoin d’être honorable. […] Le plaidoyer très discret, presque inconscient, se dégage de lui-même par les faits, sans que l’auteur ait besoin de prendre solennellement ses conclusions. […] Dès les vingt premières lignes, la cause de l’auteur est gagnée, la sympathie du lecteur lui est acquise, et il lui sera pardonné, si tant est qu’il ait besoin d’être pardonné. […] Je ne veux pas dire qu’eux-mêmes auraient parfois besoin d’un traducteur, mais je pardonnerai pourtant aisément à ceux qui en trouveraient le sens parfois voilé.

1475. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Est-il besoin d’être un clairvoyant pour lire ces livres-là à travers leurs pages fermées ? […] N’éprouvez-vous pas le besoin de protester ? […] Qu’a-t-on besoin de savoir tout ce qui se passe ! […] Ils ont besoin de peindre des chapelles ou de se faire entendre à l’Opéra ; ils ont besoin d’exposer leurs tableaux ou de donner des concerts ; ils ont besoin de médailles d’or et d’argent ; ils ont besoin même quelquefois d’être décorés. […] Je n’ai pas besoin, je le sais, de présenter M. 

1476. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Les plus fortunés sont ceux qui n’ont pas de besoins et qui se contentent d’une modeste indépendance. […] » Mais les artistes n’ont pas besoin de conseils, chacun suivant le penchant de sa nature. […] Zola n’a pas besoin de nous faire de confidences. […] Je n’ai pas besoin de conter ce qui s’y passe. […] Ce besoin maladif éclatait en toutes choses.

1477. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Horace fit bien d’autres voyages depuis, mais celui-ci peut être regardé comme la dernière des courses où son bonheur ne le quitta pas, et où il fut accompagné en tout de cette bonne étoile qu’il avait la prétention de fixer ; « J’ai besoin d’y croire, disait-il avec quelque pressentiment mélancolique, pour jouir entièrement de tout ce qui se déroule sous mes yeux. […] « Vous voyez bien, mon cher Horace, lui dit le roi en se remettant à marcher, je suis plus fort que tous les rois d’Europe ; je tiens lord Palmerston dans ma main, je l’écraserais au besoin ; aucun roi en Europe ne peut bouger sans ma permission. » Ces paroles, ou leur équivalent, se retrouvent dans l’Histoire de M.  […] » Mais quand on vit tous les titres, pair de France, membre de l’Institut, etc., l’affaire changea de face, et le commis-voyageur eut besoin qu’on intercédât pour ne pas être mis au violon.

1478. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

qui de nous, au lieu de prétendre accuser et prendre en défaut la sincérité de celui qui fit René, n’admirera, ne respectera en lui ce mélange de velléités, d’efforts vers ce qu’on a besoin de croire, et de rentraînements vers ce qui est difficile à quitter ? […] Toute main est bonne pour nous donner le verre d’eau dont nous pouvons avoir besoin dans la fièvre de la mort. […] Les oiseaux, les fleurs, une belle soirée de la fin d’avril, une belle nuit lunaire commencée le soir avec le premier rossignol, achevée le matin avec la première hirondelle, ces choses qui donnent le besoin et le désir du bonheur, vous tuent ! 

1479. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Quoi qu’il en soit, le jugement total de la vie publique et privée de Mirabeau laissait l’idée de quelque chose de grand mais d’énormément souillé, d’une grossière débauche avec des éclairs de passion divine, d’ure souveraine et libre parole avec des besoins cupides ; et sa mémoire comme son corps, tantôt au Panthéon et tantôt sur la claie ! […] Sans doute il ne suivit aucun plan général dans ses attaques, et ne les gouverna souvent qu’au gré de ses passions ou même de ses besoins ; et c’est en ce sens surtout qu’il est vrai de dire que sa mémoire publique, sa mémoire de grand citoyen a reçu d’irréparables atteintes ; mais il eut de rares et lumineuses inspirations sur l’état social profond et l’avenir où l’on se précipitait. […] Dans cette grande route humaine où il marche, dans cette voie sacrée qu’il affecte, l’orateur, comme un héraut d’armes, salue à droite et à gauche les groupes de marbre sur leur piédestal, il a besoin d’apostropher des statues de demi-dieux ; il fait faire place à l’entour ; il crie au large aux hommes médiocres qui empêchent de mesurer les grands ; il écrase un peu les uns ; pour les autres est l’apothéose !

1480. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Voilà de quoi excuser d’avance bien des mauvais vers, si nous en rencontrons chez le roi poëte ; et, comme circonstance atténuante, il convient de noter aussi qu’un grand nombre furent écrits dans les ennuis d’une longue captivité, ce qui, au besoin, les explique et les absout encore. […] Le corps vaincu, le cueur reste vainqueur15 Est-il besoin de faire remarquer l’intention de ces allitérations, assonances et consonnances : cuer, cure, corps, cueur, vainqueur ? […] Nos Analecta auraient besoin par moments de la sagacité d’un Brunck ou d’un Jacobs ; mais des esprits de cette trempe ne croiraient-ils pas s’y rabaisser ?

1481. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Elle se résume en un mot et un fait, lesquels n’ont besoin d’être expliqués, parce qu’ils portent en eux une évidence et une certitude. […] Haraucourt, éprouve le besoin de rimer, avec moins de génie et plus de chevilles, si c’est possible, que feu M. de Banville, des odelettes sur des traits d’actualité, ou des sujets voluptueux, mais d’une sûre vacuité. […] Nous ne sentons pas le besoin de les plaindre.

1482. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Panurge est l’homme du peuple il a besoin de toutes ses ressources pour se défendre et subsister, et si ses qualités n’y suffisent pas, il est tenté, pour se tirer d’affaire plutôt que par perversité, de faire le contraire du bien. […] Était-il besoin de tout brouiller pour tout cacher ? […] Mais l’autorité de son exemple n’a pu y maintenir un trop grand nombre de grécismes ou de latinismes qu’il y importa, soit qu’il eût été atteint de la pédanterie des érudits dont il s’est moqué, soit qu’il eût besoin de trois langues à la fois pour l’incroyable richesse de ses idées, folles ou sensées, qui débordaient notre idiome.

1483. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Entre les deux penchants les plus marqués de notre esprit, le désir de connaître et le besoin de se fixer, le premier est si excité par la nouveauté et la richesse des objets à connaître, qu’il parvient à tromper le second, et qu’il prend possession de l’esprit tout entier. […] Et dans ce moi, composé d’un être double, d’une âme qui pense et don corps qui a des besoins certains, mais si difficiles à démêler d’avec ses passions, pour qui sera la préférence, ou de l’âme qui ne pense que des choses douteuses et ne remue que des obscurités ? […] Chemin faisant il parle à chacun selon ses besoins, s’aidant pour les persuader de tout ce qu’ils voient et de tout ce qu’ils aiment, tirant ses comparaisons des usages de leur vie, de leurs habitudes domestiques, de leurs souvenirs, rendant les enseignements sensibles en y intéressant leur imagination et leur cœur.

1484. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Livres bons à consulter, qui n’appellent pas le lecteur, qui attendent qu’on ait besoin d’eux. […] Nous voudrions que Mme de Sévigné aimât sa fille un peu plus à la façon dont nos mères nous aiment, sans ces flatteries qui paraissent trahir le besoin de louanges dans la fille, sans ces précautions de civilité en donnant des conseils, ni ces mille gentillesses, comme pour éviter d’aimer tout bonnement. […] Elles sont alors à l’image, non de la vieille épouse clandestine de Louis XIV, toute composée, tout en son rôle, tout occupée à accroître et à cacher sa puissance, mais de la veuve de Scarron, alors qu’elle avait besoin de son amabilité pour attirer la fortune, et que Mme de Sévigné parlait de « son esprit aimable et merveilleusement droit186. » Elles ont je ne sais quoi de plus sensé, de plus simple, de plus efficace.

1485. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Georges Servières vient de nous donner des documents qui permettent de se rendre compte du mouvement wagnérien ; quoi qu’aucune critique n’ait présidé au classement des matériaux et que ce livre eût besoin d’être refait avec la préoccupation de grouper les différents mouvements des esprits sous quelques influences générales, on peut dès à présent tirer de la lecture de ce catalogue chronologique cette conclusion que, pas plus chez les défenseurs de Wagner que chez ses ennemis, il n’y a eu aucun effort sérieux pour comprendre son œuvre et le but qu’il poursuivait. […] Alors sera atteint le but que Wagner disait à Berlioz, lequel n’y a rien compris : « Mon but était de montrer la possibilité de produire une œuvre d’art, dans laquelle ce que l’esprit humain peut concevoir de plus profond et de plus élevé fût accessible à l’intelligence la plus ordinaire, sans qu’il fut besoin de la réflexion ni des explications de la critique et c’est cet essai que j’intitulai l’œuvre d’art de l’avenir. […] Puis, de ce silence encore interrompu çà et là par le bruit des étuis de lorgnette que referment quelques rares visiteurs indélicats et par les petites toux que provoque irrésistiblement le silence ou l’obscurité dans toute assemblée et qui sont comme autant de protestations partielles contre l’envahissement trop général de toutes ces vitalités neutralisées, de ce silence, disons-nous, monte rapidement comme un besoin de plus en plus sensible d’entendre (plus encore que voir), et dès que du fond de l’« abîme mystique » s’étirent peu à peu les premiers sons du prélude, on sent dans tout le public une appréhension, une tension directe de toutes les facultés esthétiques, et le silence semble plus absorbant encore autour de ces sonorités surprenantes et si avidement attendues.

1486. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Je lui dis : « Voyons, mon ami, mettons que tu aies besoin, pour te rétablir, d’un an, de deux ans, tu es tout jeune, tu n’as pas 40 ans… eh bien ! […] Dimanche 12 juin Ayant besoin de dévorer à l’aise mon désespoir, je l’ai abandonné, un instant, dans le jardin, et me suis promené dans les allées de la villa ; mais bientôt le bruit joyeux des assiettes, le rire des enfants, la gaîté perçante des femmes, le bonheur de ces dîneurs en plein air, m’ont chassé chez moi. […] Ils ne manqueront pas d’ajouter qu’aux êtres qu’on aime, on doit garder, dans la maladie, le secret de certains abaissements, de certaines défaillances morales… Oui, un moment, je ne voulais pas donner tout ce morceau, il y avait des mots, des phrases qui me déchiraient le cœur, en les récrivant pour le public… mais renfonçant toute sensibilité, j’ai pensé qu’il était utile pour l’histoire des lettres, de donner l’étude féroce de l’agonie et de la mort d’un mourant de la littérature et de l’injustice de la critique… Maintenant, suis-je un personnage particulier, et mon chagrin et ma désespérance ont-elles besoin de se répandre dans de la littérature ?

1487. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

L’association des idées ou images a besoin d’un moteur, qui est toujours un intérêt pris à quelque chose, un désir, une volonté attachée à quelque fin. […] Etre en histoire littéraire et en critique un disciple de Bacon, me paraît le besoin du temps et une excellente condition première pour juger et goûter ensuite avec plus de sûreté. » Il y avait là quelque exagération. […] A mesure que l’individu fera partie d’un ensemble social plus diversifié et plus étendu, dont l’organisation meilleure exigera moins de sacrifices moraux de la part des citoyens, ceux-ci pourront plus facilement conserver leurs facultés propres, sans qu’elles aient besoin d’acquérir une extrême intensité pour résister à une extrême pression sociale.

1488. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

» Tels sont les obstacles, voilà les objections, et il nous eût semblé que nous trahissions un devoir en acceptant ces définitions complaisantes qui font de la comédie un utile enseignement, une leçon éclairée, une morale abondante, en dépit de ses origines : le vice, l’insolence, la violence et le besoin de nuire ! […] Je ne suis guère bien disposé à jouer ma symphonie du dimanche ; j’ai besoin, au contraire, de toutes mes forces et de tout mon courage ma partition m’apparaît confusément dans un nuage gris et froid l’idée est absente, et la parole aussi. […] Je n’ai besoin, cette fois, ni des ophicléides, ni des tambours.

1489. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

S’il entre dans un salon, à peine a-t-il passé la porte, que déjà la couleur des objets, leur harmonie ou leurs contrastes, leur arrangement et la subtile personnalité qui s’en dégage se sont révélés à lui, il peut les redire et n’aura besoin, pour cela, d’aucun effort. […] Pour un homme qui n’a pas eu des voisinages par trop différents dans sa jeunesse, ce sont là des choses de milieu, sous-entendues et devinées ; c’est un peu comme l’air respirable, dont il n’est pas besoin de raconter que chacun des personnages prend sa part. […] Non, c’est bien la passion d’un homme, où s’intéressent non seulement les sens, mais l’imagination, le souvenir, un peu l’esprit, tout le cœur, avec cet immense besoin de tendresse, dont le monde, depuis des milliers d’années, n’a pas épuisé l’expression.

1490. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Zola nous rendrait bien grand service à tous en voulant bien mettre une fois les points sur les i pour les pauvres d’esprit qui en ont besoin. […] La mode est inverse aujourd’hui, mais non pas différente : les ennuyés et les raffinés ont besoin de quelque régal étrange pour réveiller leur appétit languissant. […] Ce que demande notre société, c’est le calme ; ce dont elle a besoin, c’est la santé.

1491. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

. — Dès que le principe est à peu près réalisé, il devient un élément constitutif du groupe, et perd peu à peu sa puissance créatrice ; il est un fait acquis, il n’est plus une foi ; sa réalisation étant forcément incomplète, unilatérale, il en résulte un besoin de corriger, de compléter ; après l’action, la réaction ; et c’est alors qu’apparaît la foi nouvelle, une autre face de l’idéal absolu. […] Le christianisme fut à son heure une délivrance de l’humanité ; je n’ai pas besoin d’y insister, ni du point de vue moral ni du point de vue social ; sa portée s’étendait à l’humanité tout entière ; il dut se plier aux exigences de la réalité, s’adapter aux faits acquis et aux formes de l’histoire ; il se réalisa en théocratie, avec de nombreuses variantes, selon les pays. […] » Après réflexion, je l’expliquai par ce besoin profond que nous avons tous du mieux.

1492. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Quelle plante odorante avait besoin de ses cheveux pour accroître le parfum de ses feuilles ? […] Pouvait-on « en cas de besoin » s’en retourner par terre ? […] Félicité répondit, par un geste, qu’elle n’en avait pas besoin. […] Mais Jenkins s’élança : — Restez, Louis… le duc peut avoir besoin de vous. […] Le comte pourvut du reste largement à ses besoins.

1493. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Peut-être avait-il eu tort de dévoiler, sans besoin, les hautaines aspirations de son âme. […] On n’a pas besoin de battre la générale pour m’y appeler. […] Trois ou quatre fois, en le remerciant de sa bonne volonté, je lui avais fait observer que je n’avais nul besoin de son secours. […] Augier savait le trouver et n’éprouvait pas le besoin d’en inventer d’autres. […] Notre pays, le plus « un » du monde entier, a besoin d’un gouvernement qui le soit.

1494. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

. — « Nous n’avons pas besoin, dit Sigismond, de rien démolir, vous vous démolissez bien vous-mêmes ; vous travaillez pour nous, sans vous en douter. […] Et tous subissent aussi l’horrible et fameux état de besoin. […] À l’entendre, ces changements de domiciles ont eu d’autres motifs plus aimables que le besoin de voir de nouveaux appartements, le besoin de changement fréquent pour son esprit et son cœur n’en est pas moins établi. […] L’Empereur n’aurait pas eu besoin d’anoblir. […] Il y rencontre Washington, il fait un peu de tout, saigne au besoin un malade et tire parti de l’instruction pratique qu’il a reçue.

1495. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

C’était le même besoin d’échapper aux grands comédiens, aux célèbres comédiennes, aux tragédies aux vers alexandrins. […] Et maintenant que Monrose s’est reconnu lui-même, laissez-le faire, il n’a plus besoin de personne. […] À coup sûr c’est la comédie la plus latine de Plaute, ce vieux latin qui représenterait, au besoin, toute la langue vulgaire de l’ancienne Rome. […] À ces belles dames il recommande avant tout d’être parées, d’user beaucoup de soie et de velours ; au besoin même il leur en donne. […] Rien qu’à écouter son dialogue, on devine l’homme qui n’a besoin de personne et tout au plus du censeur royal.

1496. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

J’aurai besoin sans doute de l’indulgence des deux partis. […] Qui obligeoit Homere à s’appesantir sur le détail des batailles, de maniere qu’il eût besoin de violer la vraisemblance pour en réparer l’ennui ? […] Je remarque, à cette occasion, que la morale la plus sensible de l’iliade, c’est le besoin que nous avons du secours des dieux ; Homere n’est point ménager de preuves sur cet article ; tout son poëme n’en est qu’un tissu. […] Et que leur importe de sçavoir qu’ils ont besoin du secours des dieux, si l’on ne leur enseigne aucun moyen de l’attirer ? […] Il faut donc se garder d’en rassassier les lecteurs ; et la prudence veut au contraire, que les poëtes françois réduisent le poëme à des bornes plus étroites que ne faisoient les anciens, qu’ils le distribuent même en livres plus courts, afin de ménager plus souvent à l’attention, le repos dont elle a besoin, pour mieux goûter nos vers.

1497. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

On n’a même pas besoin d’aller à Plouescat. […] Les soudures sont apparentes, et on voit très bien comme il avait besoin de cette rime en dait. […] Ils n’ont pas besoin de donner un soufflet pour trouver des mots qui percent le cœur. […] Il n’éprouva pas le besoin d’aller plus loin. […] Dans un besoin ils mobilisaient Marianne.

1498. (1802) Études sur Molière pp. -355

Je ris quand je vois un amant qui, pour me paraître passionné, a besoin de donner à ses lèvres, à ses bras, à ses jambes, à ses genoux un mouvement convulsif ; et je lui conseille tout bas de laisser ces ressources aux muets de la pantomime : j’ai pitié de celui qui croit peindre le sentiment, lorsqu’il finit ses tirades par un grand coup de talon, moyen d’invention, sublime sans doute, et maintenant de mode jusque sur les tréteaux. […] Sganarelle, ayant besoin d’un commissaire, ne manque pas d’aller frapper sur le seuil de sa porte, et les spectateurs n’entendent jamais à quel point il est sonore, le seuil de cette porte, puisqu’il ne s’écrie pas bravo l’acteur ; voilà ce qui s’appelle ne point perdre la tête, et se ressouvenir à propos qu’on est sur les planches. […] Si une femme veut réellement échapper aux poursuites d’un téméraire, a-t-elle besoin de lui susciter des embarras ? […] Cher parterre, vous entendez souvent des Harpagon crier si fort, dès leur entrée, avec Laflèche, qu’ils s’épuisent, et qu’ils manquent de voix au moment où ils en ont le plus grand besoin. […] La pièce, à l’exception du premier acte et des premières scènes du second et du troisième, a été versifiée par le grand Corneille : à soixante-quatre ans il retrouva le feu, la grâce dont il avait besoin pour peindre la plus vive, la plus délicate des passions éprouvée par l’Amour lui-même.

1499. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXI » pp. 237-241

. — Nous faisons cette remarque, non point pour nous plaindre, car nous nous accommodons très-bien de ces judicieux et ingénieux retours, mais il est impossible de ne pas voir que la critique, qui a besoin de pâture et qui ne trouve guère où fourrager, se replie en pays ami.

1500. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Comtesse Merlin. Souvenirs d’un créole. »

Une personne, qui n’en est aux Souvenirs qu’autant qu’elle le veut bien, vient de nous introduire dans des scènes et parmi un monde plus rapproché, mais qui déjà a besoin qu’on le rappelle.

1501. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre III. De la comédie grecque » pp. 113-119

La république d’Athènes elle-même a dû son asservissement à cet abus du genre comique, à ce goût désordonné pour les plaisanteries qu’excitait chaque jour le besoin de s’amuser.

1502. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre premier. Que personne à l’avance ne redoute assez le malheur. »

Ce sont les caractères sans véritable chaleur, qui parlent sans cesse des avantages des passions, du besoin de les éprouver ; les âmes ardentes les craignent ; les âmes ardentes accueilleront tous les moyens de se préserver de la douleur, c’est à ceux qui savent la craindre que ces dernières réflexions sont dédiées ; c’est surtout à ceux qui souffrent, qu’elles peuvent apporter quelque consolation.

1503. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre III. Du meilleur plan. — Du plan idéal et du plan nécessaire. »

Ces deux considérations ont amené l’auteur à un plan bizarre, disproportionné, qui semble défier les méthodes traditionnelles et les préceptes de l’école, mais d’une habileté supérieure, singulièrement ajusté à tous les besoins de la cause, et, dans le mépris de toutes les règles oratoires, fidèle à la loi suprême, qui est de persuader.

1504. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Remy de Gourmont De ses vers, beaucoup sont comme roussis par une glaciale affectation de naïveté, parler d’enfant trop chéri, de petite fille trop écoutée, — mais digne aussi d’un vrai besoin d’affection et d’une pure douceur de cœur, — adolescent de génie qui eut voulu encore poser sur les genoux de sa mère son « front équatorial, serre d’anomalies » ; mais beaucoup ont la beauté des topazes flambées, la mélancolie des opales, la fraîcheur des pierres de lune, et telles pages… ont la grâce triste, mais tout de même consolante, des aveux éternels.

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