/ 2403
1348. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

C’est que former son talent compte aujourd’hui pour peu de chose ; c’est un génie qu’il faut être d’emblée, et le préjugé court qu’un génie est nécessairement un esprit indompté, tumultueux, semblable aux éléments déchaînés, de préférence un peu fou… « Ce que je regrette aujourd’hui, c’est qu’aucune voix ne soit assez forte ou assez autorisée pour rétablir un peu d’ordre dans la confusion générale, remettre la littérature à sa place, et dans la littérature, apprendre, sans pédanterie et avec le ton persuasif d’une belle foi d’artiste, à discerner la beauté propre à chaque genre. » De cette confusion, la responsabilité se répand de Victor Hugo à M.  […] Il nous apprit surtout à discipliner les forces et les élans de la cité intérieure.

1349. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Ne voïons-nous pas en effet que les enfans sçavent par coeur, et qu’ils mettent même en pratique les regles de la poësie latine dès l’âge de quinze ans, bien que le latin soit pour eux une langue étrangere, qu’ils n’ont apprise que par méthode ? […] Aujourd’hui même il ne faut pas mettre sur le compte de la poësie latine la peine d’apprendre cette quantité.

1350. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Il déclara ses nom et prénoms, et finit par offrir au voyou fleurdelisé une glace à la vanille ; mais Filouze, qui n’a soif qu’aux comptoirs des marchands de vin, se redressant tout à coup, accabla de cette réponse sanglante le malheureux Maillet : « Si je vends des allumettes à la bourgeoisie, apprenez, Monsieur, que je ne socie pas avec elle !  […] « C’est étrange, mais il me semble que vous, — le vieux, — vous m’avez offert des couteaux à Châtellerault, il n’y a pas bien longtemps. » Et en effet, après avoir provoqué l’expansion du chef de bande par l’achat d’un poignard que j’avais marchandé jadis au buffet de Châtellerault, j’appris : Que ces Espagnols n’étaient que des Espagnols en strass ; Que ces Castillans étaient nés natifs de la Vienne ; Qu’au lieu de guérilleros sans emploi faisant trafic de bonnes lames de Tolède, j’avais levé trois Français en rupture — de nationalité ; Que le chef Pedro Bobinardino avait été, dans une existence antérieure, coutelier à Châtellerault — et s’appelait Pierre Bobinard ; Que ledit Bobinard avait vu sombrer son industrie à l’époque de la grande débâcle des diligences Laffitte et Gaillard ; Que, sur le point de se jeter sous les roues de la locomotive qui le ruinait, une idée lumineuse lui avait représenté le suicide comme un acte profondément immoral ; Que cette idée consistait à courir les Pyrénées en costume espagnol, pour écouler, sous prétexte de Vieille-Castille, le fonds de Châtellerault ; Que l’idée était une Californie : le touriste se faisant une joie de posséder un couteau espagnol qui ferait, l’hiver prochain, l’admiration et la jalousie de Castelnaudary ; Que les adolescents de dix-huit ans, en bonne fortune à Luchon avec quelque baronne de hasard, donnaient particulièrement dans le couteau espagnol : vu qu’on ne peut, décemment, aux heures des grandes colères passionnées, menacer sa folle maîtresse du couteau français, qui n’a rien de dramatique ; Que le matin même M. 

1351. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

en vaudrait bien un autre, le peuple s’est laissé apprendre la Révolution comme le mal s’apprend, mais il ne l’a point inventée.

1352. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

En étudiant leurs pressentiments, l’historien aurait donc pu apprendre que le spectacle de l’immersion du sol romain par cet océan inépuisable de Barbares n’était pas un de ces simples phénomènes comme ceux que l’histoire, depuis le commencement du monde, pouvait constater. […] C’est là qu’il apprit la guerre, et que, mêlé de bonne heure aux événements du monde européen, il connut le jeune Aétius, otage des Romains près de son oncle Roua.

1353. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Cette légère réserve faite, je ne sais rien de mieux raconté. » M. le comte de Circourt enfin, cet homme de haute conscience et de forte littérature, dans une lettre qu’il m’écrivait le 24 avril 1864, reconnaissait la vérité du Portrait et s’exprimait en ces termes par lesquels je terminerai et qui me couvrent suffisamment : « Les grands côtés du talent de M. de Vigny sont mis par vous en relief d’une manière tout à la fois large et fine ; et malgré la sévérité de quelques-unes de vos appréciations, je n’ai rien à souhaiter de mieux pour la mémoire de M. de Vigny, si ce n’est que la postérité s’en tienne sur lui à votre jugement, ce que j’espère ; j’apprends que ses vrais (et par conséquent rares) amis sont tout à fait de ce sentiment. » 79.

1354. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Mignet : Histoire de la Révolution française, depuis 1789 jusqu’en 1814. 3e édition. »

Bossuet n’avait point paru encore ; le Discours sur l’histoire universelle n’était pas là pour apprendre au disciple de Descartes quel immense parti l’on pouvait tirer même de Josèphe et d’Eusèbe, et comment, si l’on voulait de gré ou de force tout faire rentrer en Dieu, il ne coûtait pas plus de voir en lui des actions que des idées.

1355. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

« Vous croyez, dit-il, apprendre à connaître Tacite dans une traduction : eh bien, désabusez-vous ; vous ne le connaissez pas, vous ne le connaîtrez jamais par ce moyen ; on vous montre un fantôme, et l’on veut vous persuader que vous voyez Tacite : n’en croyez rien ; ce n’est pas lui, ce n’est pas même son ombre. » Dans la première ferveur du paradoxe, il ne tient nul compte de cette amélioration progressive, de cette sorte de perfection chronologique par laquelle la traduction la plus récente l’emporte presque nécessairement sur ses aînées.

1356. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

… Le poète, en finissant, s’écrie que, quoi qu’il advienne, le Dieu de son berceau sera celui de sa tombe ; et que, dût l’autel l’écraser en croulant, il embrassera la dernière colonne de ce temple où il a tout reçu et tout appris.

1357. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

M. de Lamartine, le seul dont nous ayons à nous occuper, par cela même qu’il range humblement sa poésie aux vérités de la tradition, qu’il voit et juge le monde et la vie suivant qu’on nous a appris dès l’enfance à les juger et à les voir, répond merveilleusement à la pensée de tous ceux qui ont gardé ces premières impressions, ou qui, les ayant rejetées plus tard, s’en souviennent encore avec un regret mêlé d’attendrissement.

1358. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IX. De l’esprit général de la littérature chez les modernes » pp. 215-227

On a appris à respecter profondément le don de la vie ; l’existence de l’homme, sacrée pour l’homme, n’inspire plus cette sorte d’indifférence politique, que quelques anciens croyaient pouvoir réunir à de véritables vertus.

1359. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

Qu’ils apprennent enfin la sérénité auguste de leurs gestes, la nécessité absolue de leur rôle.

1360. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Paul Bourget, Études et portraits. »

Que m’apprendrait de plus, je vous prie, un voyage ou même un séjour à Londres ou au bord des lacs d’Écosse !

1361. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vielé-Griffin, Francis (1864-1937) »

. — Les lecteurs de-l’Ermitage en eurent la primeur : aussi ne leur apprendrai-je rien en proclamant l’importance particulière de ce « poème ».

1362. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Il a instamment prié le mauvais plaisant d’apprendre que tous les journalistes, indistinctement, sont des soleils d’urbanité, de savoir et de bonne foi, et de ne pas lui faire l’injure de croire qu’il fût du nombre de ces citoyens ingrats, toujours prêts à adresser aux dictateurs du goût et du génie ce méchant vers d’un vieux poëte : Tenez-vous dans vos peaux et ne jugez personne ; que pour lui, enfin, il était loin de penser que la peau du lion ne fût pas la peau véritable de ces populaires seigneurs.

1363. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

Ce père, se défiant de pouvoir à son âge suivre des maximes aussi détestables, amenoit son fils pour qu’il apprît de bonne heure à les mettre en pratique.

1364. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

Son Dictionnaire est le premier ouvrage de ce genre où l’on apprend à penser.

1365. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

C’est ce que la physiologie ne peut nous apprendre, au moins jusqu’ici, et les expériences de M. 

1366. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Tout ce que j’ai compris de ma vie du clair-obscur » pp. 26-33

Celui qui éteint la lumière s’impose la nécessité de donner du corps à l’air même, et d’apprendre à mon œil à mesurer l’espace vide par des objets interposés et graduellement affaiblis.

1367. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Homme, il faut qu’il sache ce qu’il doit à l’homme ; citoyen, il faut qu’il apprenne ce qu’il doit à la société ; prêtre, négociant, soldat, géomètre ou commerçant, célibataire ou marié, époux, fils, frère ou ami, il a des devoirs qu’il ne peut trop connaître.

1368. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

Si nous voulons les comprendre, il nous faut sortir de nous-mêmes, nous mettre à leur école, apprendre d’elles ce qu’elles sont, c’est-à-dire recourir à l’observation et à l’expérimentation.

1369. (1912) L’art de lire « Chapitre X. Relire »

Relire apprend l’art de lire.

1370. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

Albalat, s’écrie-t-on, n’hésite pas à nous apprendre que Chateaubriand en écrivant la palpitation des étoiles ne fait qu’imiter une expression antérieure ; le scintillement des étoiles. » Or, nous n’avons dit nulle part que la palpitation des étoiles fût une expression de Chateaubriand, et encore moins que Chateaubriand l’eût écrite pour imiter une expression antérieure.‌

1371. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Seulement, dans une société où le sophisme et la lâcheté ont appris à tant de personnes cet art des nuances qui change tout sans faire rien crier, dans une société où la netteté de l’expression passe pour une indécence ou pour une tyrannie, appeler les choses par leur nom est une hardiesse qui doit honorer un écrivain.

1372. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Or, c’est lui, Alfred de Musset, qui le premier, en France, nous apprit le nom fascinant et menteur de Leopardi, qui cache en ses huit lettres tout ce qu’il y a de moins léopard au monde… Sous le rayon de quelques vers de de Musset, lueur de lampe dans un caveau funèbre, le poète italien brillait mystérieusement, depuis ce temps-là, dans la pénombre d’une langue étrangère, toujours d’accès plus ou moins difficile ou désagréable à l’esprit français.

1373. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

Évidemment, c’est là le retour dissimulé, mais complet, au régime parlementaire, au régime que les ennemis de l’Empereur demandent, eux aussi, pour des raisons moins vaines, — parce que l’expérience leur a appris qu’en France, avec un tel régime, on pouvait venir facilement à bout du gouvernement le plus fort !

1374. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

Il nous apprend qu’elle était bâtie sur les ruines mêmes de la maison de campagne de Pline ; de son temps, les fondements subsistaient encore, et quand l’eau était calme, on apercevait au fond du lac des marbres taillés, des tronçons de colonnes et des restes de pyramides qui avaient orné le séjour de l’ami de Trajan.

1375. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

— l’Impératrice avait pris soin de marquer les limites précises où il lui semblait que dût s’astreindre l’activité féminine : « Moins les femmes apprennent, plus elles ont de prix. […] La voilà bien, la pire attitude littéraire, celle de la leçon apprise qu’on applique au thème choisi. […] Ô poète, ô prêtresse, Apprends-nous le secret des divines douleurs. Apprends-nous les soupirs, l’implacable caresse Où pleure le plaisir, flétri parmi les fleurs !  […] Charme de Mitylène,  Apprends-nous le ver d’or que ton râle étouffa.

1376. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

On le mit alors au petit séminaire de Belley : il n’y apprit pas non plus grand-chose. […] Il apprit peu de temps après qu’elle était morte, en baisant ce crucifix qu’il lui avait appris à aimer. […] Lamartine a été poète, sans avoir appris à écrire, sans avoir fait, pour ainsi dire, l’apprentissage de son métier. […] On se demandait qui était ce François Coppée, et on apprit toutes sortes de choses qui surprirent agréablement la curiosité publique, entre autres, qu’il avait déjà publié des vers et que ces vers étaient très jolis. […] Il était de Soissons, et son humble famille, Le voyant à quinze ans faible comme une fille, Voulut lui faire apprendre un commerce à Paris.

1377. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Dès qu’on l’eut appris, sur le boulevard, la nouvelle de la folie de M.  […] Je voudrais le savoir et je tremble de l’apprendre. […] Je ne puis pas oublier, tout à fait, ce que j’ai appris autrefois, ce que j’ai vu, ce qui m’a ému, ce qui m’a charmé. […] Je l’appris plus tard d’une vieille dame très sensible, qui en avait été très émue. […] Le lendemain, j’apprenais que je m’étais trompé de Caro.

1378. (1902) Le critique mort jeune

Maurice Barrès avait déjà appris à admirer ce grand amateur d’âmes qui fut Ignace de Loyola. […] Et c’est ce Rousseau, qui l’avait si incomplètement, si malheureusement ou si malsainement pratiqué qui se flattait d’en apprendre au monde la conception nouvelle ! […] « Je n’apprends donc rien de malencontreux, de brouillon, d’impolitique sans que Taxis n’y ait sa part de responsabilité !  […] On dira d’elle ce qu’un autre conteur disait de son ouvrage : qu’il était plus fait « pour apprendre la morale du plaisir que pour procurer le plaisir de faire de la morale ». […] On s’indigne lorsqu’on apprend qu’elle ne l’est pas suffisamment en droit.

1379. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Ce fut dans cette retraite qu’il apprit la mort sur l’échafaud de cette aristocratie presque tout entière dont il s’accusait d’avoir involontairement préparé le supplice ; tous les siens étaient fauchés en masse par la guillotine ; chaque goutte de leur sang semblait retomber sur son cœur. […] Il lui apprit que, par suite d’une série de circonstances, au premier rang desquelles il plaçait l’état politique et financier de l’Europe et de ses colonies, sa puissante maison de banque éprouvait un embarras qu’il espérait encore ne devoir être que momentané. […] Son hôtesse et lui passèrent une délicieuse saison à Tivoli et à Albano dans les maisons de campagne de Canova ; c’est là que cette femme, mondaine jusque-là, apprit à contempler la nature et à rêver ; madame de Staël l’avait troublée par sa politique, Canova et Albano la calmèrent par leur poésie.

1380. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Il le questionne et apprend qu’il est joaillier de profession ; qu’il se fait batelier les fêtes et les dimanches pour gagner quelque argent et seconder les efforts de sa mère et de ses sœurs ; que tous quatre travaillent et économisent dans le but d’amasser deux mille écus pour racheter leur père esclave à Tétouan. […] Il juge bientôt à l’étonnement des siens qu’il ne leur doit pas sa liberté comme il l’avait cru d’abord, et il leur apprend que, non-seulement on l’a racheté, mais qu’encore, après avoir pourvu aux frais de son habillement et de son passage, on lui a remis une somme de cinquante louis. […] On passa toute sa jeunesse à les apprendre, toute sa vie à les pratiquer.

1381. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Prendre un idiome à tel moment donné de son existence peut être utile sans doute, s’il s’agit d’un idiome qu’on apprenne pour le parler. […] Il y a, certes, bien peu à apprendre et à admirer dans les poèmes latins du Moyen Âge et en général dans toute la littérature savante de ce temps ; et cependant peut-on dire que l’on connaît l’esprit humain, si l’on ne connaît les rêves qui l’occupèrent durant ce sommeil de dix siècles ? […] Nous avons à apprendre dans la métaphysique indienne.

1382. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Le théâtre de la Cité Variété avait donné en floréal an III : L’Intérieur des comités révolutionnaires, ou les Aristides modernes, on y traînait dans la boue les Jacobins vaincus ; en frimaire an VI, le Pont de Lodi, qui reproduisait les péripéties de la bataille qu’Augereau venait de remporter ; en germinal de la même année les Français à Cythère, qui apprenait aux Parisiens que le traité de Campo-Formio venait d’annexer à la République cette île mythologique. […] Pour sauver mes jours… ma mère promit à la Reine des Anges que je lui consacrerai ma virginité. »« J’ai coûté la vie à ma mère en venant au monde », narre le cadet de Bretagne, mais ça ne lui suffit pas, il ajoute : « J’ai été tiré de son sein avec le fer. » Cette gasconnade romantique n’est pas de son crû, elle est une réminiscence du Macbeth de Shakespeare, que René Chateaubriand avait appris en Angleterre à connaître et à admirer. […] Mais Chactas surgit et soudain la Française se réveille : elle se sent en présence d’un enjôleur ; elle répond à ses propositions de promenades sentimentales dans les bois : « Mon jeune ami, vous avez appris le langage des blancs, et il est bien aisé de tromper une jeune Indienne. » On devine dans cette réponse, sous le badigeon anglais et indien, la délurée grisette parisienne, qui sait que la chair est faible et le doux parler fort à l’ombre des bois de Romainville.

1383. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

VII Bientôt les premières études de langues commencées sans maître dans la maison paternelle, puis les leçons plus sérieuses et plus disciplinées des maîtres dans les écoles, m’apprirent qu’il existait un monde de paroles, de langues diverses ; les unes qu’on appelait mortes, et qu’on ressuscitait si laborieusement pour y chercher comme une moelle éternelle, dans des os desséchés par le temps ; les autres qu’on appelait vivantes, et que j’entendais vivre en effet autour de moi. […] Les premiers essais de composition littéraire, qu’on nous faisait écrire en grec, en latin, en français, ajoutèrent bientôt à ce plaisir passif le plaisir actif de produire nous-même, à l’applaudissement de nos maîtres et de nos émules, des pensées, des sentiments, des images, réminiscences plus ou moins heureuses des compositions antiques qu’on nous avait appris à admirer. […] ce chant de l’âme qui exhale ce qui nous semble trop divin en nous pour rester enseveli dans le silence ou pour être exprimé en langue usuelle ; littérature instinctive et non apprise, qui prend ses soupirs pour des accents, et qui cadence les battements de deux cœurs pour les faire palpiter à l’unisson de leurs accords.

1384. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

La mesure de l’angle facial a son importance, quand il s’agit de notables proportions, comme dans la classification des races humaines ; mais jusqu’à ce que l’analyse anatomique et même chimique de la substance cérébrale nous ait appris le dernier mot sur cette question de la qualité relative du cerveau, on n’en pourra juger que d’une manière générale et superficielle. […] Voilà ce que nous apprend ce sens intime dont nos physiologistes négligent les intuitions comme n’ayant rien de commun avec les enseignements de la science positive. […] Voilà donc la science elle-même qui nous apprend que l’organisation est, non une simple composition, mais une véritable création, que le créateur est l’être vivant, que le principe de la vie est une chose qui n’appartient ni à la chimie ni à la physique, et que cette chose, c’est l’idée directrice de l’évolution vitale dont la composition élémentaire n’est que la condition.

1385. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Là elle aime un jeune homme étranger dont elle est aimée… Et tout à coup elle apprend que cet étranger est un officier prussien. […] Or c’est fatigant de toujours apprendre. […] Ou bien lui aurait-il appris comment on trouve ces choses-là, et ne serait-elle qu’une surprenante écolière ? […] ce serait grande naïveté de croire que cela s’apprend. […] Zola nous apprenait dans une chronique que l’auteur était aussi râblé que son style, et cela nous faisait plaisir.

/ 2403