Je n’avais pas été le premier à le rechercher au début de notre liaison ; lui-même m’avait fait, par Victor Hugo, des avances dès le temps des Consolations ; je l’avais connu prêtre et disant encore la messe, ultramontain et pur romain de doctrine : je l’avais pris avec vivacité et sympathie par tous les points desquels je pouvais me rapprocher et qui m’offraient un moyen de correspondre ; je m’étais efforcé de multiplier ces « points d’attouchement, » comme les appelle Lavater dans son manuel de l’amitié ; je n’avais eu, dès son premier pas dans le libéralisme, que d’excellents et chauds procédés envers lui et lui avais hautement rendu, je puis dire, de bons offices littéraires. […] Tant qu’il me put croire à lui ou avec lui, il m’appelait dans ses lettres « le bon Sainte-Beuve, » et trouvait ma plume à son gré.
Ici l’air est pur ; nous sommes aux grèves des mers, en Bretagne, dans ce que le poète appelle sa Thébaïde, c’est-à-dire dans le manoir de la famille, et au sein des joies intimes ou des douleurs d’une âme restée simple et chrétienne. […] Cette poésie doit ressembler au manoir même et au paysage qu’elle décrit : une végétation forte et plantureuse, d’odorantes senteurs qui s’en exhalent, des herbes hautes qui envahissent (même dans ce qu’on appelle jardin) les sentiers mal dessinés ; une source qui coule dans un lit peu tracé et en déborde souvent.
Stéphane Mallarmé comme le prophète qui a révélé la bonne doctrine, et il l’appelle « père et seigneur de l’or, des pierreries et des poisons ». […] Plus brièvement, quoique peut-être avec moins de clarté, on pourrait appeler cela un positivisme mystique… Ce positivisme mystique est, à vrai dire, le positivisme même, celui de Comte et de ses plus fidèles disciples… Si M.
Le théâtre est aujourd’hui une grand’salle dont une partie est occupée par la scène, que nous appelons particulièrement théâtre, qui comprend l’espace où les acteurs représentent, et dans lequel sont les décorations et les machines. […] On appela d’abord Moralités les premières comédies saintes qui furent jouées en France dans le quinzième et le seizième siècles.
De cette divination, sortes, les Latins définirent le mariage, omnis vitæ consortium, et appelèrent le mari et la femme, consortes. […] Les victimes humaines sont appelées dans Plaute, victimes de Saturne, et c’est sous Saturne que les auteurs placent l’âge d’or du Latium ; tant il est vrai que cet âge fut celui de la douceur, de la bénignité et de la justice !
Et puis, ce qu’on appelait réaction classique, qui roulait, après tout, sur les rôles d’une seule actrice, et, à cette occasion, se reprenait à vénérer les styles de Corneille et de Racine, n’allait pas jusqu’au fond, j’ai regret de le dire, ni jusqu’à restaurer le moins du monde la forme de la tragédie à proprement parler, laquelle restait encore avec tous ses inconvénients inévitables de lenteur, de roideur et de convenu. […] Et quelle est l’œuvre tragique, de celles qu’on appelle simplement distinguées, qui, à l’occasion et à l’aide d’une seule actrice, se pourrait reprendre au théâtre, après vingt années, sans causer une hésitation d’un moment, et sans réclamer du spectateur par endroits quelque juste complaisance ? […] Tous ceux qui ont vu l’Empire en ont été fortement marqués dans leur imagination ; et j’appelle avoir vu l’Empire, non pas être né à telle date qui permît de le voir, mais, même très-jeune, avoir été placé dans une position et comme à une fenêtre d’où on le vît réellement se déployer. […] La pièce, jouée pour la première fois le 28 avril 1814, cinq jours avant la rentrée de Louis XVIII dans sa capitale, n’eut qu’un petit nombre de représentations, ce qu’on appelait un succès d’estime. […] Elle s’appelait alors Mlle Du Colombier ; il en parle dans le Mémorial de Sainte-Hélène : « On n’eût pas pu être plus innocents que nous, dit-il ; nous nous ménagions de petits rendez-vous.
Cette renaissance s’appelait la philosophie française ; chacun y empruntait ou y apportait son rayon. […] Mademoiselle Necker était de celle de son père et du fils de l’horloger, comme on appelait alors J. […] Ce fut de cette époque qu’elle prit le goût et la passion de ce qu’elle appelle sans cesse dans ses ouvrages la société, c’est-à-dire un cercle plus ou moins étendu d’hommes oisifs et de femmes désœuvrées qui se réunissent le soir dans un salon pour causer au hasard de toutes choses. […] Elle appela ces entretiens la société par excellence. […] Mais, décidé à n’en appeler qu’aux baïonnettes d’une armée dont les chefs ne connaissaient pas même de nom la fille de M.
Michel-Ange, craignant les ressentiments du peuple contre les familiers de ceux qu’on appelait les tyrans de la patrie, s’évada de Florence et se réfugia d’abord à Bologne, puis à Venise. […] L’époque lui réservait à égaler ou à vaincre tour à tour les deux artistes les plus inimitables et les plus invincibles des siècles modernes : Léonard de Vinci et Raphaël d’Urbin ; Léonard de Vinci appelé de Milan à Florence pour peindre à fresque la vaste salle du conseil, dans le palais d’État. […] VII La renommée de Michel-Ange s’accrut tellement à Rome par le groupe de la Pieta et à Florence par ce tableau et par ses marbres, qu’à la mort d’Alexandre VI et à l’avénement de Jules II au pontificat, ce pape l’appela immédiatement à Rome pour lui confier l’exécution de son propre tombeau. […] Ce fut alors que Michel-Ange sculpta pour les sépulcres de Julien et de Cosme de Médicis les quatre statues du Jour et de la Nuit, du Crépuscule et de l’Aurore. « Statues, dit Vasari, qui, par la beauté accomplie des formes, par la majesté des attitudes, par la nature surhumaine des physionomies et par la perfection du travail du marbre devenu chair et muscles sous ses mains, suffiraient pour reporter l’art à son apogée, si les vestiges de l’antiquité n’existaient pas. » On reste frappé de stupeur en admirant, à côté de ces statues symboliques, les deux célèbres figures de Laurent et de Julien de Médicis ; l’une, appelée le Penseur, parce que jamais la mélancolie muette de la méditation ne fut gravée en ombres plus transparentes et plus mouvantes sur une physionomie humaine ; l’autre appelée le Guerrier parce que jamais la mâle beauté du soldat ne revêtit une expression à la fois plus calme et plus fière. […] Les deux amants, comme les appellent les artistes et les lettrés du temps dans leurs manuscrits, suppléaient à ces entretiens par un commerce de lettres et de poésies dont les bibliothèques d’Italie conservent beaucoup de traces.
En tout cas, je n’appellerai jamais « sensibilité à fleur de peau »38 la sensibilité de l’auteur d’Andromaque. […] Deschanel d’appeler romantiques des vers de coupe parfaitement classique. […] Jean Richepin verrait en elle une quasi Touranienne et l’appellerait sa grand’mère. […] De ce que la littérature romantique, qui est bien connue, encore proche de nous et assez facile à délimiter sinon à définir, a pu s’inspirer de Shakespeare, de Dante et des poètes grecs, juifs et espagnols, s’ensuit-il que tous ces poètes doivent être appelés romantiques ? […] Il appelle cela « une manière moins large »63 d’entendre le romantisme.
Il y avait dans la même auberge deux Genevois, l’oncle et le neveu : l’un d’eux s’appelle M. […] Je vous appellerai et je m’adresserai à vous lorsque vous serez un peu plus heureux. […] Je me levai et montai sur le pont où l’on venait d’appeler tout l’équipage. […] Il pleure quelquefois au souvenir de sa patrie qu’il appelle Taïti. […] Il s’appelle Favori et mérite le nom qu’il porte.
L’homme n’est jamais né hors de la société ; car la société a été nécessaire pour qu’il naquît, pour qu’il devînt un être intelligent et moral, pour que sa vie fût utile à lui-même en l’étant aux autres : il ne peut être séparé des siens sans cesser d’être ce que Dieu a voulu qu’il fût ; et il doit joindre incessamment ses propres travaux à ceux de ses prédécesseurs, comme ce qu’il est appelé à accomplir agrandira l’héritage commun de ses descendants. […] L’état qu’on a appelé l’état de nature est donc une chimère. […] Les sens sont à l’usage de chaque individu, abstraction faite de ses rapports avec la société ; mais chaque individu a été doué d’un sens intellectuel, que j’appellerai le sens social : c’est la parole. […] Les villes anciennes eurent constamment deux noms ; l’un mystérieux et sacré, l’autre purement civil, comme Troie, qui s’appelait Ilion ; comme Rome, qui s’appelait Valentia. […] Sans doute il faut accorder d’immenses facultés à de tels hommes, il faut leur accorder même quelque chose de la prévision ; mais enfin on aura gagné d’écarter l’intervention directe de la Divinité : ce sera un bienfait de moins que nous devrons à l’Auteur de toutes choses ; et les autels élevés jadis, par exemple au Mercure égyptien, devraient encore aujourd’hui appeler tous nos hommages.
Tout n’y est pas de cette jolie triste couleur de robe de femme qu’on appelle cendre de rose ! […] Son Jack est un livre d’haleine, dans lequel celui que j’ai appelé un Meissonier littéraire a renoncé à ses délicieuses petites toiles pour nous prouver qu’il pouvait faire grand… Cette preuve, du reste, il l’avait donnée dans une œuvre précédente, couronnée, je crois, par l’Académie. […] L’auteur, dans sa dédicace à Flaubert, son maître et son ami, dit-il, l’appelle « un livre de colère et de pitié », et il a raison, c’est bien cela… Seulement, la colère et la pitié n’y sont pas comme elles y pourraient être. […] Pour intailler mieux dans leur ignominie, il a employé un mot beaucoup dit dans ce monde-là, il les a appelés : les Ratés… et l’emploi hardi de ce mot, qui se montre, je crois pour la première fois dans un livre de style, en fera peut-être la fortune. […] Il l’a même appelé : Roman parisien.
N’appelle plus tes fils, ni ta mère : ils sont morts ! […] Il l’appelle « gredin ». […] Jamais on n’a appelé action dramatique une évolution de caractère. […] Jamais on n’a appelé action dramatique une évolution de caractère. […] en France ; tout ce qu’ils ont fait dire à leurs bergers se sera toujours appelé et s’appellera encore, par habitude, les délices du cœur et de l’esprit ; et tout ce que produiraient leurs imitateurs ne s’appellerait plus qu’ennui, glace et rêveries de nos bons vieux pères, etc. ?
Est-ce la voix de ta sœur Qui t’appelle à la veillée ? […] Il appela son médecin, et fit demander un prêtre. […] Ce qu’on a depuis appelé le combat romantique n’était qu’à peine engagé, et sans la pointe de critique qui a suivi. […] Aux portes du Chaos Dieu s’avance et t’appelle ! […] « Le Corps législatif, improprement appelé de ce nom, devrait être appelé Conseil législatif, puisqu’il n’a pas la faculté de faire les lois, n’en ayant pas la proposition.
Peu importe qu’on les appelle « épopées » ce qui d’ailleurs revient presque absolument au même. […] Le Don Quichotte de nos jours s’appelle Tartarin. […] Il faut haïr le meurtre collectif qui s’appelle la guerre, et le militarisme, à la fois cause et résultante de la guerre. […] C’est ce qu’on a le droit d’appeler le courage de M. […] Ils appellent « roman » ce qui n’est plus qu’à moitié ou pas du tout un roman.
» — Au même moment quelque chose d’inusité appela l’attention du roi ; debout à l’une des fenêtres de son cabinet, un binocle sur les yeux, Louis-Philippe cherchait à se rendre compte d’un mouvement de troupes, d’une espèce de charge de cavalerie qui se faisait autour du palais Bourbon. Il fit appeler un aide de camp et demanda ce que c’était : il lui fut répondu que ce n’était rien, quelques polissons qu’on dissipait. […] Ce qu’il avait appelé si longtemps sa bonne étoile ne lui apparaissait plus qu’à travers les orages. […] Cet artiste si ingénieux et si littéraire par l’esprit était de ceux, en effet, qui se tourmentent eux-mêmes et qui le laissent trop voir ; il s’inquiétait des autres comme de lui ; il se comparait et se tâtait sans cesse ; il avait ce qu’on peut appeler l’organisation douloureuse. […] Il est des noms populaires surtout qui appellent avec eux la gaieté des incidents, les quiproquos et les aventures.
Il avait été critiqué dans l’intervalle pour son Illustration par ceux de l’ancienne école, notamment par Charles Fontaine, et, dans une nouvelle Préface, mise en tête du Recueil augmenté, il répondait à ces rhétoriqueurs françois (comme il les appelle) avec une certaine hauteur et d’une façon dégagée qui ne messied pas au poète de race en face des pédants. […] et nous ce pendant nous consumons notre âge Sur le bord inconnu d’un étrange rivage, Où le malheur nous fait ces tristes vers chanter, Comme on voit quelquefois, quand la mort les appelle, Arrangés flanc à flanc parmi l’herbe nouvelle, Bien loin sur un étang trois cygnes lamenter. […] Du Bellay aspirait d’abord à imiter et reproduire Horace en français, l’Horace lyrique : c’était une noble et impossible ambition, Mais voilà que, sans y songer presque, il rivalise avec un Perse ou un Juvénal en ces crayons parlants, expressifs, des espèces d’eaux-fortes à la plume ; il nous donne la monnaie de certaines pièces de l’Arioste ; il devance Mathurin Regnier, et c’est ainsi qu’il mérite d’être appelé véritablement le premier en date de nos satiriques classiques. […] Si, dans l’Élégie intitulée Patriæ desiderium, il sut chanter en un latin agréable les souvenirs de l’Anjou, de son cher Liré et des rives de Loire, il fit mieux d’y revenir en français, et je ne sais pas de meilleure leçon de goût pour un jeune poète que de lui donner à lire la pièce latine, si élégante, de Du Bellay, en mettant à côté et en regard le même tableau qu’il a rendu en français dans ce petit chef-d’œuvre qu’on peut appeler le roi des sonnets. […] M. de Liré (comme on l’appelait alors) eut bien des difficultés et des conflits avec les membres de sa famille, notamment avec son cousin l’évêque de Paris, Eustache Du Bellay.
Quel avantage n’aurait pas politique qui aurait cherché dans toute la suite de notre histoire quelle a été, dans les choses de la politique, l’habitude et comme le naturel de notre pays, et qui pourrait au besoin en appeler à la France séculaire des entraînements et des erreurs de la France du jour ? […] Vous n’appellerez pas l’esprit français, l’esprit de certaines époques où soit à la suite de conquêtes, soit par les fautes d’un mauvais gouvernement, la France a copié, avec l’ardeur qui lui est propre, tantôt les défauts du peuple conquis, tantôt ceux de la nation étrangère dont elle subissait l’influence. […] Alors la moitié de la France appelait l’étranger pour combattre l’autre. […] Combien d’illusions dans l’emploi de ce que nous appelons les nuances, lesquelles, au lieu d’être des aspects différents de la pensée, ne sont souvent que de vaines images qui nous la cachent ! […] J’entends dire que ce qu’on y appelle la pénombre, c’est-à-dire la demi-nuit, y est plus goûtée que la clarté ; car, avec la clarté, le plaisir passe vite la pénombre le fait durer plus longtemps, en le rendant plus difficile.
Wagner lui-même a toujours qualifié Lohengrin d’opéra ; en 1851 pour la première fois, et à propos de l’Anneau du Nibelung, il a dit : « Je n’écris plus d’opéras : ne voulant pas inventer un nom arbitraire pour mes travaux, je les appelle des drames. » (IV, 417) (Plus tard, Wagner a protesté énergiquement contre la dénomination de « drame musical », qu’il trouve absurde, IX, 365.) […] Après plusieurs cruelles années, années de faim et de désillusionnement, et juste au moment où, dans le Hollandais Volant, Wagner reprochait au ciel de ne le laisser ni mourir, ni trouver l’amour qui le sauvât (I, 21-24), à ce moment, une transformation subite, presque fantastique, avait tout changé ; Wagner avait été appelé à Dresde, son opéra Rienzi avait eu un grand succès ; une mort inopinée avait permis de le nommer chef d’orchestre ; après la plus noire misère, il était débarrassé de tous soucis, dans une position assurée, et, ce qui pour l’artiste était bien plus, avec le plus beau théâtre de l’Allemagne à ses ordres pour réaliser toutes ses inspirations (IV, 338). […] Depuis dix ans déjà, son idéal de l’œuvre d’art se formait en lui, se dessinait de plus en plus clairement ; L’échec de Tannhaeuser n’y était pour rien : mais jusqu’à ce jour, il avait pensé pouvoir y arriver directement ; il croyait trouver dans notre théâtre l’instrument voulu pour la réalisation de ce qu’il devait créer, et dans le public un large noyau de ce qu’il appela plus tard « le peuple d’idéalistes ». […] Nous ne voulons appeler l’attention que sur quelques points essentiels. […] Pour porter mes décrets, sur toi j’avais compté, De mes décrets ton caprice en appelle !
Il s’appelait en réalité Hyacinthe (et non Henri) Thabaud de Latouche. […] Je recommande la pièce intitulée Rupture et qui commence ainsi : « Brisons des nœuds dont l’étreinte vous blesse… » ; mais j’aime mieux citer la pièce qu’il a appelée Dernière élégie. […] Il a poussé ce sentiment plus loin qu’il n’est permis, même à l’artiste, dans quelques élégies lascives qui font partie de ce qu’il appelle son Portefeuille volé (1845). […] Il n’avait pas de plus grand plaisir, quand il écrivait dans un journal, que d’y faire passer de ces malices cachées, ce qu’on appelle des couleuvres, et dont on ne s’aperçoit qu’après la publication. […] M. de Latouche hésita, rejeta l’idée d’abord, et finit quelque temps après par la reprendre et par l’envelopper dans ce qu’il appelait une composition politique : J’en ai mis quelque chose dans une composition politique, oui, politique !
Habitué d’un tripot où il était défendu de dormir, et où il n’y avait rien pour s’asseoir, on l’appelait la mouche, par l’habitude qu’il avait prise de dormir, appuyé contre les murs. […] Et c’est le château anglais, la haute futaie, la chasse, trois toilettes par jour et bal tous les soirs, une vie royale menée, conduite, payée par un monsieur qui s’appelle Simpson ou Tompson, et dont le fils de vingt ans inspecte dans la Méditerranée les 18 bateaux de son père, dont pas un n’a moins de deux mille tonneaux, « une flotte comme l’Égypte n’en a jamais eu », dit Guys. […] Cet original d’un très grand goût, s’appelle M. […] et le derrière râpé comme une couverture d’hôpital, et sautillant sur trois pattes, la quatrième étant paralysée par un rhumatisme, — un petit chien qui est une chienne appelée Fanny, dite familièrement Fane. […] Ce pauvre homme, la faiblesse même, avait besoin, pour la tenue de sa classe, de l’énergie et au besoin de la poigne de Mme Cerceau, qu’il appelait à la rescousse dans les moments de crise.
La fable, s’était, d’autre part, déployée, mais exagérément déployée dans les différentes branches de ce roman universel que l’on a appelé Roman de Renart. […] Il y a les fables qui sont des contes, et quoique je vous en aie parlé trop brièvement à mon gré, je n’en reparlerai pas aujourd’hui ; — il y a les fables que j’appellerai zoologiques, en vous demandant pardon du pédantisme du terme, c’est-à-dire qu’il y a des fables où figurent des animaux et seulement des animaux il y a, en troisième lieu, les fables que j’appellerai d’un mot encore plus pédantesque, mais il n’y en a pas d’autre, ce me semble, les fables naturistes, c’est-à-dire les fables où l’anecdote n’est qu’un prétexte à une description ou à une narration de la nature, les fables où le fond du petit poème est un aspect ou plusieurs aspects successifs de la nature ; — enfin, il y a des fables qui ne sont plus du tout des fables et qui ne sont que des discours philosophiques ou moraux ; le mot discours peut vous paraître un peu trop fort, un peu trop solennel, encore que La Fontaine l’ait employé lui-même, je dirai : il y a des fables qui sont des causeries philosophiques et morales et qui ne sont presque pas autre chose. […] Voilà la fable purement comment faut-il l’appeler la fable purement anthropologique, anthropomorphique, c’est-à-dire donnant la forme des animaux aux hommes qui sont en scène. […] Il aurait pu aller plus loin ; il aurait pu parler, par exemple, de leur absence de rivalité et d’émulation et, puisqu’il connaissait si bien La Rochefoucauld, de leur absence d’amour-propre, dans un sens un peu différent de celui où La Rochefoucauld emploie ce mot, mais enfin de leur absence d’une partie de l’amour-propre qui est ce que nous appelons la vanité, la fatuité. […] Gémir, pleurer, crier est également lâche, Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le sort a voulu t’appeler ; Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler.
Nous l’appellerons l’École-trumeau. […] Qu’y avait-il donc de fascinateur et d’entraînant pour lui dans une époque où le Catholicisme s’appelait l’infâme, et où l’état social était, tous les matins, théoriquement renversé ? […] Laissons les Don Juan de la Philosophie et les Jocrisse du machiavélisme profond sourire quand nous écrivons ce mot-là… Mais pour nous, qui savons le néant de toutes les formules auxquelles croient les sots, ce qu’on appelle la politique n’existe plus que dans la moralité de l’homme, depuis qu’il existe du christianisme sur la terre, et le crime chrétien, le grand crime que la maison de Bourbon paie encore et expie, c’est le coup porté par elle au cœur de la famille et aux mœurs. […] « Chevalier (s’appelle-t-il lui-même) des temps écoulés, il défend ces gracieux et beaux portraits de marquises, chefs-d’œuvre de Boucher, de Lencret et de Greuze. » Mais une raison de cette maigreur, l’amour d’une fausse élégance dans les arts, pouvaient-ils voiler à un esprit qui eut longtemps le sentiment de l’histoire, cette autre corruption dans les mœurs, bien plus épouvantable, qui allait faire tomber à quelques années de là toute cette société pourrie sur la planche de l’échafaud et devant laquelle l’historien, l’historien politique, devait enfin se dégriser et se retrouver ? […] sur le même banc de pierre que Louis XV, et d’appeler le fantôme charmant de la comtesse « à travers les vapeurs de la colline embaumée », pour se rassurer et pour se décider enfin à en publier la galante histoire.
Il est une raison plus puissante encore du succès que nous voulons juger : c’est la réaction, en pleine poussée, de l’école du bon sens, comme on dit assez impertinemment pour les autres et par trop poliment pour soi, contre ce qu’on appelle l’école de la fantaisie, autre désignation sans justesse. […] On les appela les Importants, parce qu’ils disaient toujours : « Je m’en vais pour une affaire d’importance ! […] Après nous avoir raconté les intrigues et les galanteries de cette héroïne (comme il l’appelle !) […] Mais c’est un ancien ministre, c’est un homme qu’on appela politique et qui se crut homme d’État deux jours, c’est M. […] Anne d’Autriche, la bonne reine, comme on l’appelait, cette gracieuse dévote (précisément l’opposé de Mme de Hautefort, qui était une dévoie disgracieuse), Anne d’Autriche est accusée ici de dissimulation atroce, de fausseté jusqu’aux larmes, parce qu’enfin, impatientée de cette éternelle cloche de reproches que lui sonnait aux oreilles Mme de Hautefort, elle finit, après des années de bonté, par la congédier.
L’éperdument de tête est si grand de l’homme qui a pu écrire, par exemple, cette partie du livre intitulée : Les offices de la Nature, qu’il n’est évidemment plus capable de cette triste chose qu’on appelle la logique de l’erreur. […] Je ne sais rien de plus misérable que ce livre de Michelet, qui n’est, au fond, qu’une flatterie à ce qu’on appelle le lion populaire, — une flatterie comme les plus plats laquais n’en ont pas fait à la royauté. […] oui, Rabelais, — au-dessus de l’Évangile ; d’appeler les Chrétiens des pleureurs et le Moyen Âge l’âge des larmes. […] Les casuistes (comme il appelle les éducateurs chrétiens d’autrefois) voulaient qu’on prit de bonne heure les enfants aux mains des femmes, pour les remettre aux mains des hommes. […] Croiront-ils que cet éloquent Michelet — qu’on n’a pas encore osé appeler « le grand Michelet », hésitation singulière devant sa popularité, — n’est, pour qui attentivement le regarde, qu’une guenille de chrétien cousue à une guenille de païen ; et c’est tout, rien de plus ?
Voulant écrire fidèlement ses Mémoires, il s’est décidé à en faire deux parts : l’une entièrement consacrée à l’époque du plaisir, et ici il a pris un léger masque, il s’est dédoublé et s’est appelé le vicomte d’Aulnis170. […] Il étouffait et se sentait déplacé dans « cette citadelle du droit divin », comme il appelle l’Hôtel des Pages. […] Le ministre de la guerre, Berthier, écrivait à son sujet, le 29 nivôse an ix (19 janvier 1801) : « Citoyens consuls, j’appelle votre attention sur la conduite distinguée du citoyen William Dalton (etc) qui, en combattant avec courage à la bataille du Mincio, où le corps, à la tète duquel il était, a contribué puissamment à la victoire, a été atteint d’une blessure dangereuse et presque mortelle.
Ils avaient appelé à leur aide la philologie et l’histoire, pour discuter telle interprétation des Livres Saints, établir l’origine de telle portion du dogme et de la discipline. […] Avec l’indigeste, substantielle, et copieuse pâte que leur fournissait Bayle, ils firent ce qu’on appela en ce temps-là « les petits pâtés chauds de Berlin » ; ils découpèrent dans les effrayants et peu maniables in-folio de petits livres portatifs, amusants, lus de tout le monde. […] On l’y avait appelé en 1681. — Éditions : Dictionnaire historique et critique, Rotterdam, 1697, 2 vol. in-fol., 3e édit. 1720, 4 vol. in-fol. ; Oeuvres diverses, 2° éd., la Haye, 1738, 4 vol. in-fol. ; Choix de la Correspondance inédite de P.
Il faut en appeler à l’avenir. […] XII Groupe de sciences qu’on doit appeler sciences de l’humanité. […] Mauvaise influence de ce qu’on appelle la société.
Ce serait une grande erreur cependant de s’imaginer que Jésus fut ce que nous appelons un ignorant. […] La délicatesse des manières et la finesse de l’esprit n’ont rien de commun en Orient avec ce que nous appelons éducation. […] Cette architecture d’ostentation, arrivée en Judée par chargements, ces centaines de colonnes, toutes du même diamètre, ornement de quelque insipide « rue de Rivoli », voilà ce qu’il appelait « les royaumes du monde et toute leur gloire. » Mais ce luxe de commande, cet art administratif et officiel lui déplaisaient.
Mais je n’appelle pas des lettres, moi, ni vous non plus, n’est-ce pas : « Madame, je dîne à six heures ; apportez-moi mon bonnet » ; ou : « Je me mets aux pieds de votre Altesse et la prie d’agréer tous mes respects » ? […] Une Vie donc de Mme de Staël, tel serait le titre sincère, le titre loyal du livre d’aujourd’hui, — souricière où ne manqueront pas de se prendre tous ceux qui voudront grignoter un peu de cette guipure, de ce splendide point d’Angleterre qu’on appelle l’esprit de Mme de Staël ! […] Je l’ai dit déjà, mais il faut y revenir, les hommes, pour se venger sans doute de ce qu’elle pouvait être sublime et rester femme, l’appelèrent hommasse, croyant ainsi la rapprocher d’eux ; mais elle ne l’était pas, même physiquement, quoiqu’on l’ait dit et qu’elle tînt de son père, le Suisse emphatique, ces gros traits que Gérard n’a pas craint de peindre, sentant bien que la femme, la femme idéale qui transforme et divinise tout, se retrouverait toujours en ces yeux astres, dans lesquels on ne savait ce qui brillait le plus du feu ou des larmes, et dans cette bouche si éloquemment entr’ouverte, et dans cette poitrine de Niobé, et dans ces bras d’une rondeur toute-puissante, robustes seulement pour s’attacher.
Habile architecte, grand archéologue, et plus grand critique d’art encore, Daly avait triple mission, de par ses trois spécialités, de nous parler de cette organisation des concours, la plus grande question pratique d’art et d’État qui à cette heure puisse être agitée, et il l’a fait dans un livre que je n’appellerai pas court, puisqu’il dit tout ce qu’il faut dire et que nulle part je n’ai vu la substance tout entière du sujet qu’on traite tenir moins de place dans une langue plus forte et plus claire. […] On a eu bien raison de l’appeler César ! […] Ce qu’on appelle de mots si grands, l’invention humaine, le génie, la faculté de créer, n’aboutissent jamais qu’à ce résultat : idéaliser un peu l’histoire !
Mais il n’a point l’idée… Or, quand l’idée manque, l’idée autour de laquelle on centralise les faits et par laquelle on les explique, peu importe alors que les histoires ramassées à toutes places dans les annales des États, et qu’on enfile les unes au bout des autres, s’appellent les Reines de la main gauche, sujet galant, ou les Couronnes sanglantes, sujet sinistre. […] Eh bien, c’est ce phénomène qui saute aux yeux dans la vie de Gustave III, c’est cet hermaphrodisme de son personnage historique, qu’il eût été intéressant d’étudier et de mettre en valeur dans le récit qu’on eût fait du règne de cet homme qui avait, à la fois, trop et trop peu pour être cette simplicité équilibrée et toute-puissante que l’on appelle un grand homme ! […] Ainsi, il vendit des biens d’Église, et devint distillateur et marchand d’eau-de-vie dans les proportions d’un monopole immense, pour faire vivre dans leur luxe effréné ceux-là que Léouzon-Leduc appelle hardiment ses mignons… L’un des plus comiques de ces spectacles fut sa coquetterie avec les Francs-Maçons et le prétendant d’Angleterre, qui était grand-maître de l’Ordre, auquel, dans des vues de conquête politique, il voulut succéder ; et surtout ce fut sa réclamation, comme Maçon, de la Livonie, qui avait jadis, comme on sait, appartenu aux Templiers… Extravagant, mais d’une extravagance qui passait comme un coup de vent, il rêva tour à tour qu’il prendrait la Norvège, qu’il confisquerait le Danemark, qu’il entamerait la Russie ; et il intrigua, brouilla, remua, mais stérilement, dans le sens de tous ces rêves, lesquels n’eurent de réel qu’une superbe bataille navale qu’il gagna lui-même en personne, — belle inutilité de plus !
Son livre, à le prendre pour ce qu’il est, ne devrait s’appeler que l’histoire des règnes de Louis XV et de Louis XVI jusqu’aux États Généraux ; car il n’est que cela, et encore, nous allons voir tout à l’heure comment cette histoire est écrite ! […] Félix Rocquain appelle L’Esprit révolutionnaire avant la Révolution, le penseur et l’observateur auxquels je croyais avoir affaire ici s’effacent, et le livre sur lequel je comptais comme sur une découverte n’est plus, pour moi, qu’une banalité ! […] Mais jamais, parmi tout ce monde, il n’y a quelqu’un qui s’appelle M.
Le ton de ce monde qui énerverait le talent, l’âme et la plus forte pensée, ce ton qu’à son époque on appelait le bel air, était odieux à son esprit comme un ennemi personnel : « Je ne le peux souffrir », écrit-elle. […] Cette causeuse, un jour, enfin, vidée de causerie, cette parfileuse, effileuse, défileuse, comme elle s’appelle elle-même avec la gaieté de la mélancolie, après avoir tout parfilé, effilé, défilé, cette légère du xviiie siècle ne se doutait pas que son ennui, c’était l’infini qui l’écrasait ! […] Ces encyclopédistes qui entraînaient l’opinion, elles les appelait la Livrée de Voltaire.
Ce Doudan, qui s’appelait Ximénès et qui n’était pas cardinal, — l’aurait-il été que ce n’eût pas été comme Ximénès, mais comme Bembo, — ce Ximénès Doudan sortait de terre, comme une taupe, ou de Douai, cette taupinière, et serait resté un petit professeur perdu quelque part sans les de Broglie, qui le prirent chez eux comme précepteur, et qui tombèrent bientôt sous le charme de cet esprit à qui les bégueules de la politique ne résistaient pas et qui, plus fort que Don Juan qui ne séduisait que les femmes, accomplissait ce tour de force et de souplesse de séduire des doctrinaires… Joubert avait été l’ami de Chateaubriand. […] Ses lettres, voilà sa gloire, si gloire il y a pour ces choses légères, pour ces pastels pâlis et ces arcs-en-ciel sitôt évanouis, et qui, pâlissant et s’évanouissant, plaisent encore, et, peut-être, comme les blondes qui furent rayonnantes et que le monde appelle passées, plaisent aux âmes tendres davantage ! […] Quoiqu’il ressemble à Joubert par l’accent, le coloris, le platonisme, et ce que je me permettrai d’appeler : la sensualité de l’immatériel, Joubert a une autre religion littéraire et d’autres assises dans la pensée que ce capricieux Doudan, qui s’amuse à sauter, avec tant de grâce, à travers tous les cerceaux du paradoxe, et qui avait bien ses raisons pour résister à ses amis qui lui conseillaient de faire un livre.
La Correspondance qu’ils ont publiée — car leur livre s’appelle Sophie Arnould d’après sa correspondance — aurait dû les dégriser pourtant, ces grisés charmants qui voient en beau, quand ils sont gris. […] Sophie Arnould commença par chanter dans les églises, à la Cour, puis à l’Opéra, où cette voix expressive, cette voix d’esprit, lutta contre la vraie musique, — la musique de Gluck qu’elle avait appelée « une bête » et contre laquelle elle se brisa. […] Celle-là qui s’appela un soir Iphigénie en Champagne, leur avait versé du sien… Depuis ce temps-là, les années sont venues, avec les mélancolies qu’elles apportent.
On verrait que quand on a vécu dans la pensée occidentale, quand on a senti le puissant et sobre génie de la forme qui la contient, comme la mer est contenue par les arêtes de son rivage, quand enfin sur les belles lignes du front caucasien qui révèle si bien la supériorité de la race, on a reçu ce torrent miraculeux qu’on appelle le baptême et qui, nos littératures l’attestent ! […] Parisot, comme Burnouf, comme-presque tous les indianistes par état, voit dans la littérature orientale des beautés qui ne sont perceptibles qu’à lui seul et qu’on pourrait appeler les bénéfices de la profession. […] Des deux poètes, de l’indien et de l’arabe, chez lesquels ce que nous appelons l’individualité de l’inspiration manque également, le plus original, le plus remarquable, c’est encore Mahomet, même pour nous qui avons lu des poètes comme Shakespeare et Dante, et qui savons ce que c’est que cette chose inconnue en Orient : la Profondeur.
Le cercle de raisonnements dans lequel tourne, depuis tant de siècles, cette ivre créature qu’on appelle l’homme, s’est épuisé et fermé sur lui. […] Ajoutez à cette vue générale et dominatrice que cette reproduction du texte saint, que cette vie de Notre-Seigneur, écrite par la plume inspirée de ses apôtres, était une de ces publications les plus indiquées et les plus appelées par les récentes polémiques de notre âge. […] Nous sommes arrivés à une époque où les discussions tombent d’elles-mêmes, où ce qu’on appelle la logique en a tant fait qu’elle est déshonorée, et où les épouvantables fatigues de l’anarchie nous guériront peut-être de l’anarchie.