Ces trente ans narquois sont passés maintenant, et les Mémoires mystificateurs n’apparaissent pas à l’horizon. Ils n’y apparaîtront peut-être jamais, et, pour leur auteur, ce sera probablement tant mieux !
Son grand traité Sur le droit de la paix et de la guerre (1625), traduit dans toutes langues, apparaît comme le premier « code du droit international ». […] Il me semble toutefois que le vœu de constitution d’une cour d’arbitrage, telle qu’il est généralement présenté, n’apparaît point avec toute la force qu’il devrait présenter.
Comment l’idée d’un poëte sacré, dominant par l’harmonie jusqu’aux bêtes féroces et aux rochers, n’aurait-elle point apparu dans cette Grèce, où nous voyons, aux époques historiques, un vrai législateur chanter en vers élégiaques, sur la place publique d’Athènes, les conseils qu’il donne à ses concitoyens ? […] Tel apparaît, dans quelques faibles restes, ce poëte antérieur à Pindare, mais qu’on ne peut nommer qu’après lui, par rapport à lui et dans d’imparfaites conjectures.
Dans la Belle Douleur, l’horizon s’est élargi, des personnages apparaissent, l’amour palpite, la vie est précisée, sous le même clair de lune hiératique et troublant.
Pigeon a dit toutes les grandes douleurs des petites âmes, nous apparaît comme un « document » unique sur une certaine crise d’adolescence.
Edmond Haraucourt C’est l’éternel refrain d’amour, mais qui, dans sa forme, apparaît moderne en ceci, qu’il constitue un type de cette condensation, de cette synthèse qui sont devenues le besoin moderne… Toi, c’est l’éternelle fiancée, celle qui meurt avec chacun de nos baisers, et qui revit avec chacun de nos désirs, le mirage consolant vers lequel nous marchons sans lassitude, qui fait notre désert moins nu et notre solitude presque aimée.
Ce Daphnis qu’il célèbre sans cesse, et qui apparaît comme l’inventeur à demi divin du criant bucolique, nous figure le génie même d’une race douée de légèreté, d’allégresse et de mélodie. […] Ceux qu’a épargnés et laissés debout le grand naufrage ne nous apparaissent de loin qu’avec la beauté de l’attitude. […] C’est ainsi que, tout en s’inclinant pieusement devant Homère et les grands, il a mérité de prendre place à la suite, et dans la perspective des âges il nous apparaît encore comme le dernier venu du groupe immortel. […] On ne peut disconvenir en effet que les différences de religion, de climat, d’habitudes sociales, si elles n’ont pas changé le fond de la nature humaine, ont du moins donné à l’amour chez les modernes une tout autre forme que chez les anciens ; et lorsque les peintures que ceux-ci en ont laissées nous apparaissent dans leur nudité énergique et naïve, il y a un certain travail à faire sur soi-même avant de s’y plaire et d’oser admirer. […] « Et m’ayant regardée, l’homme sans tendresse fixa ses regards à terre, il s’assit sur le lit et là il dit cette parole… » Arrêtons-nous, reposons-nous un instant ici après de si fortes images : tel apparaît l’antique quand on l’envisage sans aucun fard et dans toute sa vérité : J’ai parlé du tableau de Stratonice ; chez Théocrite c’est la femme, c’est la Stratonice qui se sent atteinte du mal d’Antiochus ; c’est elle qui reste gisante sur ce lit, elle qu’une sueur glacée inonde, et qui fait ce mouvement convulsif lorsqu’elle a vu entrer l’objet pour qui elle se meurt.
Le motif nous apparaît une seconde fois, inaltéré, mais enveloppé comme d’un halo d’harmonies éthérées qui l’isolent un peu de nous. […] Il n’apparaît parfois que par une sonorité propre, sans dessin mélodique. […] Il apparaît, su moins dans ses secondes supérieures répétées, pour souligner l’effarement des écuyers quand Parsifal tue le cygne, et celui des Filles-Heurs quand il massacre les chevaliers. […] Détresse ; ce motif apparaît surtout pendant le changement du troisième acte. […] Ce motif qui appartient exclusivement à la personnalité de Parsifal, n’apparaît pas toujours dans son intégrité.
Dans le Rheingold le langage domine souverainement ; dans la Walküre le rôle de la musique est bien plus considérable et nous remarquons surtout une grande variation entre les différentes scènes, il y a comme une lutte entre la parole et la musique ; Siegfried est l’œuvre d’équilibre parfait, ce serait dans le sens ordinaire du mot l’œuvre classique par excellence de Wagner ; dans la Gœtterdaemmerung, la parole n’apparaît que deux ou trois fois, la musique s’épanche librement86. — Que trouvons-nous dans Tristan ? […] Or, dans Tristan, chaque fois que la précision et que la concision sont désirables, elles apparaissent avec une perfection qui n’a d’égale que dans Rheingold ; et quoique la sonorité de la phrase soit différente, ainsi que l’exigeait l’harmonie du poème, le procédé technique est le même. […] Et surtout elle nous apparaît comme l’œuvre initiale dans un nouveau domaine de l’art ; elle nous découvre tout un monde de possibilités d’expression. […] Derrière cette joie il aperçoit la tristesse et reconnaît, comme dirait Schopenhauer, la « tromperie du corps », il aperçoit la souffrance que donne le désir (das sehnen, das furchtbare sehnen), et le secret du monde, la souffrance, lui apparaît dévoilé ; il se souvient d’avoir vu sur sa route des hommes qui souffraient, et sa propre souffrance, il la réunit avec la leur (Des Heilands Klage da vernehm ich, die Klage, ach ! […] (Kann nicht weinen). « Les larmes, dit Schopenhauer, nous apparaissent comme signe de pitié et de bonté » parce que nous sentons que celui qui peut encore pleurer, peut aussi nécessairement aimer, être capable de pitié pour lui-même et les autres : Liebe ist Mitleid (die Welt als Wille, 443).
Peu à peu il apparaît comme une nébulosité qui se condenserait ; de virtuel il passe à l’état actuel ; et à mesure que ses contours se dessinent et que sa surface se colore, il tend à imiter la perception. […] Quelque idée qu’on se fasse de la conscience en soi, telle qu’elle apparaîtrait si elle s’exerçait sans entraves, on ne saurait contester que, chez un être qui accomplit des fonctions corporelles, la conscience ait surtout pour rôle de présider à l’action et d’éclairer un choix. […] Le premier se traduit par le souvenir des différences, le second par la perception des ressemblances au confluent des deux courants apparaît l’idée générale. […] La généralisation ne peut se faire que par une extraction de qualités communes ; mais les qualités, pour apparaître communes, ont déjà dû subir un travail de généralisation. […] Mais, en un autre sens, un souvenir quelconque pourrait être rapproché de la situation présente : il suffirait de négliger, dans cette perception et dans ce souvenir, assez de détails pour que la ressemblance seule apparût.
Le délire revient plus violent pendant le second stade de la maladie puis les évacuations intestinales, les vomissements de bile, d’une odeur infecte et enfin apparaît la troisième période, où le mal évolue vers le mieux ou le pire. […] Le tremblement spécifique apparaît. […] Les douleurs et paralysies alcooliques apparaissent.
Alors apparaîtront de nouveau de superbes types du caractère humain, qui rappelleront les merveilles des premiers jours. […] L’unité est au fond des choses ; mais la science doit attendre qu’elle apparaisse, tout en se tenant assurée qu’elle apparaîtra.
Mais aux yeux de l’esprit l’héritage n’apparaît pas par son aspect matériel, soit la transmission des capitaux dans les familles. […] Mais s’il n’y a pas solution de continuité technique, la solution de continuité idéologique apparaît : la nation jacobine est une nation doctrinaire, doctrinaire d’une doctrine nouvelle. […] Pareillement, il y a une critique et un refus de la Révolution qui font apparaître automatiquement au-dessus d’un parti une sorte de disque blanc, lequel signifie la réaction. […] La laïcité apparaît alors comme le système complet d’une société de pensée, Il ne s’agit nullement de la neutralité en matière religieuse. […] Dès qu’il pense et parle école, la pure doctrine jacobine apparaît.
Et la Peinture, depuis que, au moyen-âge, glorieusement elle apparut, demeura, comme jadis la Sculpture, un art pleinement réaliste. […] Puis ce fut avec Raphaël et les Vénitiens un ressaut du réalisme ; le corps humain, naguère ignoré, avait apparu, et ces peintres témoignèrent la vision éblouie qu’ils en avaient reçue. […] L’idée qu’il a voulu suivre, apparaît nettement, dès l’abord. […] Deux ou trois hommes qui savaient ce que Wagner était vraiment, apparurent parmi nous et commencèrent, d’une manière bien modeste encore, à nous enseigner. […] D’abord le motif religieux apparaît calme, profond, à lentes palpitations, comme l’instinct du plus beau, du plus grand de nos sentiments, mais il est submergé peu à peu par les insinuantes modulations de voix pleines d’énervantes langueurs, d’assoupissantes délices, quoique fébriles et agitées : agaçant mélange de volupté et d’inquiétude !
Avant que j’aie reconnu la différence ou la ressemblance, elles ne sont nullement représentées dans mon esprit : ces idées, quand elles m’apparaissent, sont quelque chose « d’absolument nouveau »93. […] Reprenons l’exemple des couleurs. — « Voici du bleu et du rouge, disent les modernes disciples de Platon, vous jugez que ces deux couleurs différent ; mais la différence vous apparaît-elle bleue ou rouge ? […] La différence de la lumière et des ténèbres n’est pas seulement un mélange des deux sensations de lumière et de ténèbres, car alors toute différence apparaîtrait comme lumineuse ; elle est l’impression même de différence, qui peut se retrouver également entre le doux et l’amer, entre le mou et le résistant, entre le silence et le bruit, etc. […] Supposez maintenant que, dans le monde, il apparaisse un être chez qui le sentiment de la différence et de la ressemblance, contenu en germe dans les émotions et motions successives, se renforce en se répétant, se dégage au point de devenir lui-même une sorte de représentation reconnaissable parmi les autres, un objet d’intérêt et de réflexion, un tel être n’aura-t-il pas des chances de survie bien supérieures ? […] La pensée et ses « idées » nous apparaîtront ainsi, non comme des intuitions d’un monde intelligible, à la manière de Platon, ni comme des formes sans contenu, à la manière de Kant, sortes d’ouvertures vides sur un monde inconnaissable, mais comme des forces actives de conservation et de progrès, ayant leur origine dans le désir, leur effet dernier dans le mouvement, contenant ainsi en soi des conditions de changement interne et externe qui en font de véritables facteurs.
Innombrables sont les scènes de comédie où un personnage croit parler et agir librement, où ce personnage conserve par conséquent l’essentiel de la vie, alors qu’envisagé d’un certain côté il apparaît comme un simple jouet entre les mains d’un autre qui s’en amuse. […] Que l’histoire d’un individu ou celle d’un groupe nous apparaisse, à un moment donné, comme un jeu d’engrenages, de ressorts ou de ficelles, cela est étrange, sans doute, mais d’où vient le caractère spécial de cette étrangeté ? […] Nous allons de ce jugement faux au jugement vrai ; nous oscillons entre le sens possible et le sens réel ; et c’est ce balancement de notre esprit entre deux interprétations opposées qui apparaît d’abord dans l’amusement que le quiproquo nous donne. […] Par là même on aura analysé l’esprit, qui apparaîtra alors comme n’étant que du comique volatilisé. […] L’exagération est comique quand elle est prolongée et surtout quand elle est systématique : c’est alors, en effet, qu’elle apparaît comme un procédé de transposition.
, si la grande cathédrale centrale apparaît froide et désertée, est-ce nécessairement un mal ? […] Mais dès qu’on passe au théâtre le vice irrémédiable de la tentative apparaît. […] Comme Jupiter visita Léda sous la forme d’un cygne, la Terre n’apparaît-elle pas à Newton sous la figure d’une pomme ? […] De loin ils n’apparaissent guère plus unis qu’une Angleterre, une Écosse et une Irlande. […] Estaunié nous apparaissent comme la suite de ses Solitudes.
Edmond Barthélemy Édouard Dubus nous apparaît surtout comme un poète du sentiment, un des derniers poètes du sentiment, tout à fait près de Verlaine, avec, pourtant, des garanties de développements, de certains développements qui donneront autre chose… Un poète du sentiment, mais point sentimental ; de là, sans doute, le sourire mi-navré, mi-ironique de cette poésie où toutes sortes de tendresses s’évaporent dans le doute, se meurent d’incertitude, encens à qui l’espace fait défaut.
1834 Ce qu’il y a d’excellent surtout, selon moi, aux vrais mémoires des vrais grands hommes, c’est que déjà connus par leurs œuvres publiques, par des actes ou des productions hors de ligne et qui resteraient des fruits un peu mystérieux pour le gros du genre humain, ces hommes nous apparaissent dans leurs mémoires par leur lien réel avec la nature de tous. […] Ainsi Byron nous est clairement apparu à travers ses mémoires mutilés, mais véridiques encore91. […] Lerminier sur le xviiie siècle contient quatre portraits, ou plutôt quatre statues, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, qui n’ont jamais apparu avec plus de jeunesse radieuse et de dégagement. […] Mably a été immolé sans pitié aux pieds de Rousseau ; l’auteur l’a chargé, comme un bouc émissaire, de tout ce qu’il y avait eu de mauvaises idées spartiates et crétoises à la Convention, en réservant à Jean-Jacques toute l’influence salutaire et rien que la salutaire : « Mably a été plus qu’inutile ; il a été dangereux. » D’Holbach surtout se trouve outrageusement anéanti, pour que Diderot apparaisse plus pur, plus serein et plus dominant.
Plusieurs scènes en sont vraiment belles : la scène, entre autres, où, à contempler le sabre qu’il a dérobé, par jeu, au Marchand d’habits, Pierrot conçoit l’idée du meurtre, et celle où, tandis qu’il tient enlacée Musidora, lui apparaît le spectre de l’homme assassiné. […] Vu à travers la majesté de Imprécations d’Agar, à travers la splendeur de Pierre le Véridique, où les phrases sont pareilles à de frêles guirlandes tressées de pâquerettes, de boutons d’or, de myosotis et de toutes petites roses, Mendès m’apparaissait comme une espèce de dieu, tout en rayons, planant au-dessus de la foule. […] Cent fois digne du grand artiste qui l’emplit non seulement de sa verve charmante, mais encore de son radieux, de son lumineux bon sens, il m’apparaît comme une des expressions les plus définitives de son génie et de sa noblesse, car il n’en est pas une page, il n’en est pas une ligne, un mot, qui ne hurle, ne chante, ne proclame le triomphe et la gloire des Lettres ! […] Les vers ne sont peut-être pas toujours d’une clarté absolue, mais, même en ces quelques passages où la pensée du poète apparaît un peu confuse et parée de métaphores trop éclatantes, le rythme et l’harmonie y demeurent d’un charme si prenant, que nous subissons une impression sans songer à l’approfondir.
Mais on peut dire, malgré ces résumés substantiels et judicieux, que, si le personnage public a donné sa formule, l’homme, chez Sieyès, ne nous apparaît que dans une sorte d’éloignement et d’ombre. […] Pour lui, il songe à réformer la langue comme le reste ; et même c’est par là, selon lui, qu’il faudrait commencer ; car une découverte qu’il croit avoir faite, c’est que « nos langues sont plus savantes que nos idées, c’est-à-dire annoncent des idées, des connaissances qui n’existent pas, et qui cependant fixent tous les jours les efforts d’une quantité prodigieuse de scrutateurs. » Ces scrutateurs se repaissent tant bien que mal de ce qui leur apparaît sous forme d’expressions consacrées. […] Sieyès nous apparaît sous sa première forme, tel qu’il sera plus tard et jusqu’à la fin, tout d’une pièce quant à la pensée, voulant la liaison exacte, rigoureuse, le parfait enchaînement et l’ordre un dans tous les objets de chaque science, et même dans la somme totale de nos connaissances : « Sans cela, dit-il, on n’a que des cerveaux décousus dont les connaissances ne tiennent à rien : ils ne savent rien, quoiqu’il y ait beaucoup dans leur mémoire, et ne sont d’aucun usage. » Rien n’égale son mépris pour ces cerveaux décousus qui constituent malheureusement l’immense majorité des hommes, et même des hommes distingués. […] Il vous fait ressouvenir de ce mot, qui est de lui, mais qu’au milieu de toutes ses lumières il n’a pas assez réalisé par son exemple : « Il est des sciences qui tiennent à l’âme autant qu’à l’esprit. » Pourtant sa mémoire devra gagner considérablement à la publication de ses œuvres secrètes et de ses papiers : Sieyès y apparaîtra non seulement à titre de haute puissance intellectuelle, mais à titre d’homme qui a sincèrement voulu pendant longtemps l’amélioration des hommes38.
Mais cette obligation ne constitue pas à vrai dire un fait de Bovarysme : le Bovarysme est un phénomène psychologique ; il n’apparaît qu’avec l’adhésion du vaincu aux manières d’être du vainqueur, qu’avec l’admiration pour le vainqueur ; c’est alors seulement que, de son plein gré, le vaincu, dédaignant sa coutume héréditaire, se conçoit selon le modèle de la coutume étrangère ; c’est alors seulement que le groupe auquel il appartient, s’étant conçu différent de lui-même, disparaît comme entité sociale distincte pour se fondre dans le groupe victorieux. […] D’une façon générale, il apparaît que l’idée qui, dans sa pureté, allait à renier le monde, concluait au renoncement des biens terrestres, proclamait la fraternité humaine, l’égalité de tous et la vanité des différences, tenait en mépris l’effort intellectuel et la recherche scientifique, condamnait l’attachement à la beauté des formes, des mots et des sons, a donné naissance, avec le monde moderne qu’elle a créé, à l’organisation de la propriété, au développement de la richesse, à la constitution des hiérarchies, à un labeur inouï de l’humanité occidentale pour s’emparer des forces de la nature, à un accroissement des besoins, à une culture scientifique, dont le monde antique n’a pas approché, ainsi qu’à des formes d’art nouvelles et d’une égale beauté. […] Il apparaît bien d’une part, que tous ces nouveau-venus, qui ont quitté leur patrie pour une autre, ont une inclination naturelle à attacher peu d’importance au fait national. […] Si l’on considère que la croyance est pour l’homme sa réalité la plus immédiate, il apparaît que les formes générales et impératives — dogme religieux, loi écrite, et coutume, — où la croyance s’exprime, sont pour les peuples animés de cette croyance des attitudes de première utilité.
Pour bien montrer combien cette circonspection est nécessaire, faisons voir par quelques exemples à quelles erreurs on s’expose quand on ne s’y astreint pas et sous quel jour nouveau les phénomènes les plus essentiels apparaissent, quand on les traite méthodiquement. […] Il n’est donc pas de phénomène qui présente de la manière la plus irrécusée tous les symptômes de la normalité, puisqu’il apparaît comme étroitement lié aux conditions de toute vie collective. […] D’ailleurs, l’absence même du crime contribuerait directement à produire ce résultat ; car un sentiment apparaît comme beaucoup plus respectable quand il est toujours et uniformément respecté. […] Contrairement aux idées courantes, le criminel n’apparaît plus comme un être radicalement insociable, comme une sorte d’élément parasitaire, de corps étranger et inassimilable, introduit au sein de la société44 ; c’est un agent régulier de la vie sociale.
La Tour d’ivoire lui apparaît un habitacle bon pour les faibles et les énervés. […] Quand il écrit l’Odeur de l’évier, il apparaît malpropre. […] L’inégalité apparaît seulement des qu’il y a contrainte. […] Il nous apparaît étrange. […] Sainte-Beuve apparaît tel qu’il fut ; l’homme de ses livres.
André Lemoyne Pour résumer en quelques mots l’impression sur les œuvres du poète, nous dirons que sa muse, très française et souvent gauloise, nous apparaît comme une svelte et riche meunière, dont le moulin commande un petit cours d’eau, frais, voisin de la mer ; la belle paysanne peut suivre de l’œil la grande courbe du goéland dans son vol et saluer de regards amis l’émeraude filante du martin-pêcheur sous les saules verts-cendrés.
Notre adolescence, cette morte charmante, nous apparaît, et veut qu’on pense à elle.
Le beau leur apparaît par lueurs, et les lueurs une fois passées, ils n’y songent plus. […] Lorsque l’image du parricide et de l’incendiaire apparut pour la première fois au poète, elle était, à coup sûr, bien autrement grande et terrible.
L’expérience de tous les pays, de tous les siècles vérifie avec éclat la loi : il apparaît, et que toujours les ouvrages transmis à l’immortalité ont leur unité, et que cette unité est obtenue par mille moyens et susceptible de mille formes. […] Le soleil couchant apparaissait à l’horizon avec une extrême splendeur, dans la déchirure d’un ciel sombre ; sa lueur aveuglante se promenait au roulis, et il éclairait cet hôpital en vacillant, comme une torche que l’on balance…… « Il se débattait maintenant, il râlait.
La cour des rois lui apparaît comme un lieu où les gens ont de beaux habits 139. […] La notion du surnaturel, avec ses impossibilités, n’apparaît que le jour où naît la science expérimentale de la nature.
une fantaisie de Jules Janin qui, par hasard, avait lu un peu de Fréron, comme La Fontaine avait lu un peu de Baruch, pour que ce nom de Fréron apparût, dans la littérature du xixe siècle, avec le respect qu’on lui doit. […] C’est encore de Fréron, ce trait : « Quand un vrai génie apparaît dans le monde, on le reconnaît à cette marque : tous les sots se soulèvent contre lui. » À ce compte, Fréron en est un.
Comme toujours le décor m’apparaît très précis, on dirait éclairé par la lueur du sentiment qui s’est produit là. […] Au bout de notre course, le Panthéon apparut. […] Des lanternes apparurent au bout de l’allée. […] Une sainte Anne, en plâtre peint, apparaissait tout au fond de cette salle, plus longue que large. […] Mais ce qui m’apparaît surtout, c’est le placard aux friandises, qu’elle ouvrait si complaisamment et qu’elle n’ouvrira plus.
Puis est apparu sous la portière, à quatre pattes, un joli gamin tout frisotté, qui, après quelques instants d’hésitation, s’est décidé à venir à nous. […] Le maréchal lui est apparu comme un homme prochainement menacé d’une congestion cérébrale. […] Apparaît un maître d’hôtel. […] Il m’apparaît ainsi qu’un espèce de Goliath, au nez tuberculeux d’un abbé napolitain, aux yeux de jettatore, effrayants, diaboliques. […] Sur les huit heures, il apparaît dans une redingote à collet de velours, la corde lâche d’un foulard blanc autour du cou.
Aussi, à ce moment, cette beauté particulière — et si vous voulez relative — me paraît et m’apparaît absolue… Et je suis obligé de dire que chaque poète devient tour à tour le poète. […] Toute la pensée est assez bouffon ; si, au point de vue poétique, il peut d’abord apparaître comme un dominateur énorme, il faut vite reconnaître qu’il y a place à ses côtés pour d’autres génies. […] Aussi la belle (source nous apparaît-elle de loin, sous la forêt, avec tout le torrent argenté de ses belles ondes. […] C’est qu’ils ont éveillé dans la poésie moderne une Muse nouvelle qui dormait depuis toujours, Belle au Bois-Dormant du rêve, dans la forêt ténébreuse des rythmesf et des rimes, et qu’avec son charme neuf, mystérieux encore, aussi indéfini qu’ensorceleur, la Muse récente nous apparaît plus tentante et plus fatalement maîtresse. […] du xixe siècle m’embarrasse fort, mes sympathies étant retenues ailleurs, mais il m’agrée de répondre par ces quelques mots à ce qui m’apparaît comme la plus pressante de vos préoccupations.
Au fond de chaque crevasse, déchirante et saignante, lui apparaît un immense point d’interrogation : « Que faire ? […] Le plus miraculeux assembleur de mots, tel nous apparaît bien Victor Hugo. […] Il apparaît comme le ver du romantisme. […] Alors le rire leur apparaîtra comme l’inscription musculaire d’un état d’esprit singulier, sorte de lyrisme inverse. […] Apparaissent enfin les îles d’or.
au lendemain du saint-simonisme Un des traits les plus caractéristiques de l’état social en France, depuis la chute de la Restauration, c’est assurément la quantité de systèmes généraux et de plans de réforme universelle qui apparaissent de toutes parts et qui promettent chacun leur remède aux souffrances évidentes de l’humanité.
Çà et là, la parenté apparaît plus directe qu’il ne sied ; je ne veux point parler de l’identité rythmique de certaines strophes, mais du mouvement même de l’imprécation des captifs ; cela rappelle trop l’anathème de Kasandra et l’emportement haineux du Corbeau et des Siècles maudits.
Ces choses apparaissent pensantes et sentantes.
Georges Oudinot Cette première et somptueuse édition des Soliloques du pauvre, déjà connus, d’ailleurs, dans certains cabarets artistiques de Montmartre, où l’auteur lui-même les interprétait devant l’équivoque public familier, apparaît justement à l’heure des inutiles discussions de journaux sur… la charité chrétienne.