Pourquoi M. de Lamartine, qui trouve au passage de ces vues charmantes et de ces aperçus d’un biographe supérieur, les laisse-t-il fuir par négligence, et les gâte-t-il presque aussitôt ? […] Ces peintures un peu molles et à la d’Aguesseau n’ont pas suffi, on le conçoit, à M. de Lamartine, qui, avec cette seconde vue qui est accordée aux poètes, a su apercevoir distinctement Bossuet jeune, adolescent, Bossuet à l’âge d’Éliacin, avant même qu’il eût abordé la chaire et quand il montait seulement les degrés de l’autel : Il n’avait pas encore neuf ans, nous dit l’auteur de Jocelyn parlant de Bossuet, qu’on lui coupa les cheveux en couronne au sommet de la tête. […] En résumé général, dans cette physionomie, la grâce du caractère couvrait si complètement la force de l’intelligence, et la suavité y tempérait si harmonieusement la virilité de l’ensemble, qu’on ne s’y apercevait du génie qu’à l’exquise délicatesse des muscles et des nerfs de la pensée, et que l’attrait l’emportait sur l’admiration… Voilà un Bossuet primitif bien adouci et attendri, cela me semble, un Bossuet qu’on tire bien fort à soi du côté de Jocelyn et de Fénelon, afin de pouvoir dire ensuite : « L’âme évidemment dans ce grand homme était d’une trempe, et le génie d’une autre.
Buffon rencontrait là en effet une de ses idées favorites chez Bailly, et il la saluait : celui-ci dans ce premier ouvrage n’avait toutefois présenté que par un aperçu rapide, et comme par intervalles, sa supposition d’un ancien peuple qu’on ne nommait pas, premier inventeur naturel des sciences, et duquel les autres peuples d’Asie n’auraient été que des héritiers plus ou moins incomplets et ignorants. […] Il a d’ailleurs des aperçus moraux pleins de finesse sur ce qu’il appelle l’âge d’or. […] Le vertueux Mairan, qui a aperçu le feu central, était né pour les champs Élysées, où sa philosophie douce eût amusé les ombres du récit de ses hypothèses ingénieuses.
C’est presque s’attribuer la sagacité souveraine et usurper sur la puissance universelle que de dire d’un être semblable à nous : « Il est cela ; et, tel point de départ étant donné, telles circonstances s’y joignant, il devait être cela, ni plus ni moins, il ne pouvait être autre chose. » Notez que je ne parle ainsi que parce que j’ai devant moi une ambition scientifique impérieuse et précise ; car, littérairement, et sans y attacher tant de rigueur, on peut se permettre de ces résumés vifs, de ces termes brefs qui peignent et qui fixent un personnage, de ces aperçus qui animent une analyse et qui ne tirent pas à conséquence. […] Si l’on ôte quelques passages où la simplicité est affectée et la sagacité raffinée, on croit entendre un des anciens jurisconsultes ; Montesquieu a leur calme solennel et leur brièveté grandiose ; et du même ton dont ils donnaient des lois aux peuples, il donne des lois aux événements… Suivant moi, pour que le livre sur Tite-Live fût entièrement vrai (car il l’est sur presque tous les points, et pleine justice est rendue d’ailleurs à l’historien), il eût suffi de laisser au sens du génie oratoire, du génie de l’éloquence déclaré dominant chez lui, la valeur d’un aperçu littéraire, sans lui attribuer la valeur d’une formule scientifique ; il eût suffi enfin de ne pas inscrire à la première ligne de cette étude, de n’y pas faire peser le nom et la méthode de Spinosa, de ne pas rapprocher des termes aussi étonnés d’être ensemble que Spinosa et Tite-Live. […] Il faut se placer dans le point de vue intime de la conscience, et, ayant alors présente cette unité qui juge de tous les phénomènes en restant invariable, on aperçoit le moi, on ne demande plus ce qu’il est.
Un nouvel univers s’offrit, pour ainsi dire, à sa contemplation : il aperçut la chaîne invisible qui lie entre eux tous les êtres ; il vit une main puissante étendue sur tout ce qui existe ; le sanctuaire de la nature fut ouvert à son entendement, comme il l’est aux intelligences célestes, et toutes les plus sublimes idées que nous attachons à ce mot Dieu se présentèrent à son esprit. […] Il apparaît, il est sur l’autel sans qu’on l’y ait vu monter : Alors levant les yeux, il (le songeur) aperçut sur l’autel un personnage dont l’aspect imposant et doux le frappa d’étonnement et de respect : son vêtement était populaire et semblable à celui d’un artisan, mais son regard était céleste ; son maintien modeste, grave et moins apprêté que celui même de son prédécesseur (Socrate), avait je ne sais quoi de sublime, où la simplicité s’alliait à la grandeur, et l’on ne pouvait l’envisager sans se sentir pénétré d’une émotion vive et délicieuse qui n’avait sa source dans aucun sentiment connu des hommes, « Ô mes enfants, dit-il d’un ton de tendresse qui pénétrait l’âme, je viens expier et guérir vos erreurs ; aimez celui qui vous aime et connaissez celui qui est ! […] Je regrette de trouver dans ce volume, notamment dans Mon Portrait (page 285), des fautes de transcription et, par suite, d’impression, qui m’en font craindre d’autres moins faciles à apercevoir en d’autres endroits.
Il n’a jamais fait de rhétorique ; on s’en aperçoit, en le lisant. […] Il s’aperçut tout à la fois de combien on était en arrière dans la maison de ses parents sur la marche qu’avaient suivie les arts depuis dix ans, et pressentit tout ce qu’il fallait qu’il connût et qu’il étudiât pour rattraper le gros de l’armée dans laquelle il se trouvait enrégimenté tout à coup. » La remarque est juste, et l’expression aussi : voilà Étienne enrégimenté et enrôlé dans l’armée de David ; c’est là son premier groupe et son premier milieu ; c’est ce qu’il va entendre, embrasser, admirer et puis commenter à merveille : mais que les années s’écoulent, que de nouveaux courants s’élèvent dans l’air, que l’École de David, en se prolongeant, se fige comme toutes les écoles, qu’elle ait besoin d’être secouée, refondue, renouvelée, traversée d’influences rafraîchissantes et de rayons plus lumineux, lui, il ne voudra jamais en convenir ; il y est, il y a été élevé, nourri ; il y a pris son pli, le premier pli et le dernier ; il n’en sortira pas. […] Delécluze, parut s’apercevoir qu’il y en avait un peu trop sur ce point, et, à un instant, il essaya, de sauter un feuillet et d’enjamber ; mais, ayant mal pris sa mesure, il vit que ce ne serait plus assez clair pour la suite du récit, et il dut revenir en arrière sur ses pas ; de sorte qu’au lieu d’entendre une seule fois le passage désobligeant ; on eut à le subir une seconde.
Mais le jour même où l’on va représenter à Naples, sur le théâtre de San-Carlo, le premier opéra de ce Roswein, un chef-d’œuvre, le chevalier s’aperçoit que le pauvre enfant est amoureux, — mais amoureux comme un enfant qu’il est, d’une belle, blonde et douce créature, la fille de maître Sertorius, la violoncelliste et le professeur de contre-point, et qu’il veut tout bonnement l’épouser. […] La proie est délicate et lui plaît : « On n’a pas tous les jours un poète à se mettre sous la dent. » Carnioli, qui d’abord est aux anges du succès de sa manœuvre, s’aperçoit trop tard qu’il a trop bien réussi ; et quand, au retour d’un voyage, il veut ensuite détacher, arracher la victime du lien funeste où elle est enlacée, il ne la retire qu’en lambeaux. […] Feuillet s’en aperçoive.
Les aperçus de l’esprit, les nuances senties par le cœur se multiplièrent avec les idées et les impressions de ces âmes nouvelles, qui s’essayaient à l’existence morale, après avoir longtemps langui dans la vie. […] Néanmoins tous ces défauts avaient eu leur utilité ; et l’on s’aperçoit, à la renaissance des lettres, que les siècles appelés barbares ont servi, comme les autres, d’abord à la civilisation d’un plus grand nombre de peuples, puis au perfectionnement même de l’esprit humain. […] Néanmoins, de même que le savant observe le travail secret par lequel la nature combine ses développements, le moraliste aperçoit la réunion des causes qui ont préparé, pendant quatorze cents ans, l’état actuel des sciences et de la philosophie.
Le bon La Fontaine, en prenant parti dans la querelle pour le docte Huet, ne s’apercevait pas que lui-même, malgré ses oublis, était à la veille de se réveiller classique à son tour. […] Les plus grands noms qu’on aperçoit au début des littératures sont ceux qui dérangent et choquent le plus certaines des idées restreintes qu’on a voulu donner du beau et du convenable en poésie. […] Cet hommage rendu à ce qu’il suffit d’apercevoir et de reconnaître, nous ne sortirions plus de nos horizons, et l’œil s’y complairait en mille spectacles agréables où augustes, s’y réjouirait en mille rencontres variées et pleines de surprise, mais dont la confusion apparente ne serait jamais sans accord et sans harmonie.
Dans En Ménage, Cyprien, revenant d’une soirée, déblatère contre les diverses catégories des personnes qu’il y a aperçues, avec une amusante partialité. […] Huysmans n’aperçoivent la vie que comme une suite d’infortunes. […] Sur la base d’un réalisme rigoureux, d’une aptitude singulière à apercevoir le monde ambiant, en son aspect véritable et à ressentir un plaisir général à la décrire, s’étage une faculté visuelle plus spécialisée, plus délicate, source de plus de joie et de plus d’efforts, celle de sentir et de retenir de préférence des sensations colorées.
Toutefois, après réflexion, on ne tarda pas à s’apercevoir qu’il n’y avait alors dans la salle de l’Académie d’autres portraits que ceux des deux ministres14 et des deux rois protecteurs de l’Académie, et celui de la reine Christine. […] L’envie et les autres passions se conservent en ces pays-là ; du moins, il me semble que Didon s’enfuit dès qu’elle aperçoit Énée ; quoi qu’il en soit, n’y allons que le plus tard que nous pourrons.
Voici Le Bon Plaisir, mesdames : Louis XIV traversant une ville au milieu de son escorte aperçoit à une fenêtre une jeune femme qui lui plaît. […] Il n’aura jamais de succès à la cour, parce qu’il inspira au Roi un mouvement de jalousie et que le Roi a une mémoire tenace des visages même fugitivement aperçus.
De même qu’il y a un horizon d’espace au-delà duquel la vue se trouble et n’aperçoit plus rien, de même il y a un horizon de temps au-delà duquel la mémoire des peuples semble condamnée à ne pouvoir jamais remonter. […] Rien ne naît de rien dans ce monde, pas même le génie : quand vous apercevez un grand monument littéraire, soyez sûrs qu’il n’est pas isolé, et que derrière ce monument il y a une littérature invisible par la distance dont ce monument est le chef-d’œuvre, mais non le commencement.
Or, pour aller jusque-là, il ne faut pas seulement posséder la foi du chrétien, mais l’aperçu de l’homme d’histoire, et peut-être ne serait-il pas de trop que de monter jusqu’au génie ? […] Il n’a pas d’aperçu supérieur, et si son livre a encore, çà et là, de la vie, ce n’est pas sa faute ; ce n’est pas lui qui la lui a donnée.
Laprade qui, depuis dix ans, n’a ni renouvelé son inspiration ni modifié sa manière, ne pouvait être au niveau du beau sujet qu’il avait aperçu… de loin. […] (dit-il, épuisé après cette valse terrible, cette vision de montagnes dressées et tourbillonnant de partout), Je n’aperçois plus qu’une palme Sur un sommet !
Le poète s’en aperçoit-il ou ne s’en aperçoit-il pas ?
Il achevait son dernier verre lorsqu’il aperçut Garrick à travers les nuages d’une épaisse fumée de tabac. […] Le solécisme, pardonnable dans une ode, à peine aperçu dans l’élégie est un crime capital dans l’épopée. […] J’aperçois, des deux parts, même confusion et même honte. […] Au-delà du plaisir qu’ils se prescrivaient et qu’ils menaient à bout, ils apercevaient l’atmosphère sereine de la réflexion. […] qui regarde le ciel, et qui n’aperçoit pas l’abîme ouvert sous ses pieds !
On en vient même, plus qu’en aucun temps peut-être, à se défier de sa pensée propre quand on l’aperçoit chez les autres. […] Nous nous en apercevons parfaitement, et résistons à un raisonnement auquel il manque d’être un raisonnement. […] Il convenait au modeste et charmant Ballanche d’aller plus loin qu’à seulement s’en apercevoir. […] Rien n’est difficile, rien n’est impossible, et je viens de m’en apercevoir, comme de ramasser Ballanche en quelques idées générales approximativement intelligibles. […] A mesure qu’on connaît mieux la nature, on s’aperçoit que ce ne peut guère être une règle de conduite humaine que de l’imiter.
Quand l’imagination aperçoit un personnage absent, c’est dans un éclair ; si vous la traînez sur un trait ou sur une couleur pendant douze lignes, elle n’aperçoit plus rien du tout. […] C’est un paysage disposé de manière à être aperçu entier à chaque détour. […] Bientôt ces bizarreries vous piquent, vous vous complaisez dans une métaphore inattendue ; votre esprit aperçoit entre des objets infiniment distants un lien inconnu. […] Dès sa première jeunesse, on aperçoit en lui ce mélange. […] Renaud, se retournant, aperçoit Bertolais, empoigne un échiquier, et du coup lui fait sauter les yeux et jaillir la cervelle.
Pierre Quillard Leconte de Lisle se serait plu aux tierces rimes ironiques et féroces de la Justice du mandarin, aux paysages et aux animaux étudiés et décrits en traits sobres et durs, et aux belles strophes où la pensée métaphysique se laisse apercevoir seulement sous un voile d’images éclatantes.
On a caché le Repos de la Vierge dans un endroit opposé au jour, où il est impossible de l’apercevoir, et c’est vraisemblablement un bon office de Mr Chardin, qui a ordonné cette année le Salon.
Or, bien peu de spectateurs s’aperçoivent de ce qu’il y a de disparate dans ce mélange de modes qui ne sont point de la même époque. […] À travers la colonnade du fond, on aperçoit une haute colline que couronnent trois temples. […] On aperçoit l’intérieur du temple et les lévites armés s’avancent sur la scène. […] Il faut donc maintenir la tradition au-dessous de la règle, et se dégager du procédé dès qu’on vient à s’apercevoir qu’il est en contradiction avec l’idée actuelle. […] Nous-même, nous nous apercevons que notre esprit est moins homogène que celui de nos pères et qu’il est en proie à l’esprit d’analyse.
Il s’est aperçu qu’il n’avait pas assez d’argent pour rejoindre les princes. […] Je dis cela parce qu’il romance tout, quelquefois sans s’en apercevoir.) […] Céluta s’aperçoit qu’elle est enceinte des œuvres du monstre. […] ne te devais-tu pas apercevoir que ton cœur ferait ton tourment, quels que fussent les lieux habités par toi ? […] Je ne l’avais jamais aperçu que de loin.
Alors il semble qu’on découvre ce qu’auparavant personne n’avait aperçu ; on voudrait dire comme Parsifal : « Nie sah ich, nie träumte mir was jetzt ich schau, und was mit Bangen mich erfüllt ». — Cela est exact en ce sens qu’on voit les choses sous une clarté particulière et par conséquent nouvelle, et si l’on est poète, si l’on ressent ce besoin d’expansion dans les formes dont je parlais à l’instant, il semble que la bouche s’ouvre d’elle-même pour crier ce que l’on sait et annoncer au monde son nouvel Évangile. […] Vielé-Griffin et de Régnier ont dû s’éblouir tous les deux de cette magique surprise, mais chez celui-ci la maturité paraît s’être précocément montrée ; l’artiste a très vite contenu le poète, on l’aperçoit dès les livres du début, et dans les Sites déjà le vers est nombreux, ferme de lignes, enrichi d’élégantes images savamment serties qui annoncent l’harmonie des strophes futures.
On aperçoit dans les canevas nouveaux ou refaits à cette époque, bien des idées comiques qui, à coup sûr, avaient passé par là scène française. […] Toute production italienne où Cailhava aperçoit quelque analogie avec l’œuvre de Molière témoigne, pour lui, d’un emprunt de notre comique, et il ne se pose jamais l’hypothèse contraire.
On s’aperçoit bien vite que la femme a été le sujet d’études favori de Racine et de Marivaux ; que V. […] De même encore, on s’apercevra bien vite que le quatrième acte de Ruy Blas est cousu au reste de la pièce par un fil si léger qu’on pourrait le supprimer tout entier sans que la clarté de l’action en souffrit.
Il est impossible en effet de ne pas s’apercevoir des efforts qui se font, en ce moment, pour asseoir toutes nos connaissances primitives et acquises sur une base solide et inattaquable, celle de l’expérience. […] L’infini est dans l’âme humaine : elle se révolte dès qu’elle aperçoit des bornes dans sa sphère d’activité.
Il n’y a qu’une femme qui ait assez de pointe d’aiguille ou d’épingle dans l’esprit pour toucher, aux endroits qu’il faut, ce sujet trop fin pour les gros doigts de l’homme, et c’est surtout ici que le sexe de l’auteur est nécessaire au sujet et à la valeur des aperçus. […] Mais Mme Gay, qui a abordé la question du ridicule avec l’esprit d’un vaudevilliste, Mme Gay peint à peu près comme elle pensé, et ses caricatures n’ont pas plus de profondeur que ses aperçus.
« Ôtez le père, — a dit suprêmement bien un moraliste religieux, — nous autres hommes, nous sommes tous des jeunes gens. » Il faut, en effet, tout le trouble de la jeunesse, pour ne pas s’apercevoir de l’immense bêtise qu’il y a au fond de ces empires qui ont des flatteurs et des poètes à des siècles de distance. […] Quant à Ninon, il est impossible de supposer que Debay ait eu la bonté d’ajouter ses puissances d’aperçu ou de rédaction à l’esprit de cette femme célèbre.
Ils ont commencé par régler tous leurs différends par la force, puis, quand ils se sont aperçus qu’un fort trouvait toujours un plus fort que lui, et que la bataille était un jeu de dupes qu’ont-ils fait ? […] Mérillon, avocat général à la Cour d’appel de Paris, les éléments de l’aperçu qui va suivre sur la lente genèse de l’idée de justice appliquée aux relations inter-sociales61 ; ce discours a le mérite d’être un excellent résumé de la question et je n’y ajouterai que quelques détails complémentaires.
Ils continuent leur course ; ils aperçoivent une ville. […] Le discours est censé d’Aspasie, mais on aperçoit Platon caché derrière la courtisane.
J’aperçois, je palpe, j’entends, je sens, je goûte des je ne sais quoi qui semblent être en dehors de moi. […] Après quelques années de cet exercice il s’aperçut qu’il ne croyait plus à la divinité du Christ. […] Boulanger de la Huchette… « — Je n’aperçois pas les rapports. […] Henri Heine s’en est parfaitement aperçu du reste. […] Gyp, sans s’en apercevoir peut-être, par le seul effet du temps, avait mûri.
On y entre, sans s’apercevoir qu’on y est entré, par une grande rue, (alors dépavée), bordée çà et là de pauvres maisons grises aux toits aigus, pour laisser glisser l’hiver les lourdes neiges. […] Je marchais, sans suivre de sentier, à travers la pelouse courte, broutée par les moutons, qui tapissait les mamelons autour du village çà et là sur ma route ; j’apercevais, disséminés aux flancs ou au fond des vallées, des chalets à peu près semblables à ceux de Lucerne ou de Berne ; seulement ils étaient fondés sur des murailles de pierre noire, et le bois enfumé de l’étage supérieur attestait la pauvreté ou la négligence des habitants. […] Le ciel pour dôme, la mer vide pour fond, un rocher nu pour y asseoir son poète, quelques pierres roulées du rocher pour y grouper ses auditeurs, voilà tout ; les deux éléments de l’imagination et l’infini, le ciel et la mer, se présentent seuls à l’esprit quand on aperçoit ce tableau : l’âme se concentre sur le groupe. […] Plus bas on aperçoit un groupe de pêcheurs qui descendent vers la plage, leurs rames en faisceau sur leurs épaules. […] Le poète glissa, sans s’en apercevoir, de l’admiration et de la reconnaissance dans la passion ; il n’y perdit pas la vie comme Léopold Robert, mais il y perdit sa fortune, sa liberté et sa raison.
Plusieurs années après seulement, je m’aperçus que mon malheur ne venait que du besoin, ou, pour mieux dire, de la nécessité de sentir en même temps mon cœur occupé d’un noble amour, et ma pensée d’une œuvre élevée ; chaque fois que l’une de ces deux choses m’a fait défaut, je suis resté incapable de l’autre, dégoûté, ennuyé et tourmenté au-delà de toute expression. […] IX Il s’aperçut alors que deux choses lui manquaient seulement pour être un Sophocle : un génie et une langue. […] Il revint à Turin ; il essaya quelques scènes de tragédie, alla passer quelques mois à Asti pour y cuver ses connaissances nouvelles, et s’aperçut qu’il ne savait rien. […] « Mais dans le cours de cet automne, pressé à plusieurs reprises par un de mes amis de me laisser présenter à elle, et me croyant désormais assez fort, je me risquai à en courir le danger, et je ne fus pas longtemps à me sentir pris, presque sans m’en apercevoir. […] Florence, où les mœurs de l’Italie triomphent, n’aperçoit pas même de scandale ; tout le monde, même le grand-duc Léopold, prend parti pour l’infortunée jeune femme, persécutée par son mari, consolée par son poète.
Aussitôt qu’il m’aperçut, il s’écria, le visage enflammé et d’un ton dédaigneux et élevé : « Eh bien, monsieur le cardinal, vous avez voulu rompre ! […] Rome s’apercevra des pertes qu’elle aura faites ; elle les pleurera, mais il n’y aura plus de remède. […] Il s’écria : “Et c’est pour cela que je vous dis que vous avez cherché à rompre, et que je considère l’affaire comme terminée, et que Rome s’en apercevra et versera des larmes de sang sur cette rupture.” […] « Quand sonna l’heure décisive, et que l’on s’aperçut que nous manquions encore à cette cérémonie, on fit enlever promptement les fauteuils vides, afin que le public ne remarquât pas trop notre absence. […] Dès que Fouché m’aperçut : “Eh bien, monsieur le Cardinal, s’écria-t-il, je vous ai prédit que les conséquences seraient affreuses.
Que l’on reprenne le substantif chêne ; seul, ce vocable, exprimant un genre, l’exprime par ses caractères génériques saillants de force, de hauteur, d’ombre, de végétation vigoureuse ; l’esprit en le prononçant, aperçoit vaguement un arbre magnifique, idéal. […] Dans l’une les mots sont employés à donner des choses une image la plus précise possible, une image intellectuelle qui laisse dans l’esprit peu de place aux sentiments associés ; dans l’autre, au contraire, l’image est vague, lointaine, grandie, à peine aperçue et mystérieusement belle ; de l’émotion qu’elle suggère, toute intelligence est excluse. […] Elles lui donnent une magnifique idée de la puissance de son esprit, le lui font imaginer aussi immense que le domaine de sa raison, lui persuadent lentement sa supériorité sur toutes les existences qu’il vient d’apercevoir éphémères et fortuites. […] D’instinct, l’artiste aperçoit qu’aucune de ses amplifications n’atteindra aux formidables chocs que causent les atteintes de la souffrance morale. […] De plus, il fait preuve d’une puissance d’analyse, d’une aptitude à douer de vie ses personnages qui ne pouvaient manquer d’être aperçus et de frapper.
» Le soleil, qu’il aperçoit réverbéré sur les épaules d’une haute colline, le rassure un peu ; il regarde avec moins d’effroi on ne sait quel passage étroit et terrible qui est sans doute la mort : il ne le dit pas ; le sens est inintelligible ; puis, sans dire s’il a franchi ou non ce passage, il commence à gravir la colline. […] « Nous montâmes ainsi, moi le premier, lui le second, jusqu’à une ouverture ronde par où nous aperçûmes les belles choses qu’enveloppe le ciel ! […] Je m’arrête à quelque distance, sans être aperçu même du chien, attentif à l’instrument de son jeune maître. […] — Et aussi, quand on voit ou qu’on entend quelque chose qui tient puissamment notre âme tendue par l’attention vers un seul objet, la perception du temps nous échappe, et l’homme ne s’aperçoit pas de sa fuite ; — parce que autre est la faculté qui regarde ou qui écoute, et autre est l’ensemble des facultés qui composent l’âme tout entière. […] « Et regarde au-dessus de toi, car le paradis n’est pas seulement dans mes yeux. » « Et comme, à mesure que l’homme sent plus de satisfaction à bien faire, il s’aperçoit de jour en jour que sa vertu s’accroît en lui, — ainsi m’aperçus-je que la circonférence du ciel sous lequel je planais s’était élargie devant moi et m’offrait ses prodigieuses extases !
Une mère demande pardon que sa fille n’en ait pas encore : « Mais cela viendra bientôt, me dit-elle, car à présent c’est une honte, elle est droite et mince comme un jonc. » Les aperçus politiques se mêlent à ces jolies peintures. […] Cet aperçu (à moi presque aussi ignorant, il est vrai, que le prince) me paraît, à cette date, la justesse même. […] Un jour, le prince de Ligne s’aperçut que deux belles Juives, chez qui il allait souvent, demeuraient bien haut ; il leur écrivit un petit billet le plus dégagé possible, par lequel il prenait congé d’elles à l’avenir, leur disant : « Adieu !
Elle s’aperçut pour la première fois d’un refroidissement sensible du roi après moins de quatre mois de mariage. […] Tout le monde s’aperçut que la reine avait pleuré ; et je me souviens que lorsque Narcisse prononça ce vers : Que tardez-vous, seigneur, à la répudier ? […] Je lui répondis : « Je crois, Madame, le cœur du roi bien éloigné de ce qu’on appelle amour : vous n’êtes pas de même à son égard ; mais, croyez-moi, ne laissez pas trop éclater votre passion : qu’on ne s’aperçoive pas que vous craignez de la diminution dans ses sentiments, de peur que tant de beaux yeux qui le lorgnent continuellement ne mettent tout en jeu pour profiter de son changement.