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409. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Le Figaro l’abandonne, et lui ne s’indigne pas ; il comprend : « J’admets très bien, pour un journal, la nécessité de compter avec les habitudes et les passions de sa clientèle. » Quoi, même lorsqu’il s’agit de ce qui apparaît à tes yeux naïfs la grande bataille de ton siècle, tu admets qu’on sacrifie la justice à un intérêt personnel et que, s’étant jeté volontairement dans la lutte, on s’enfuie à la pensée du risque, abandonnant sans armes ses compagnons de combat. […] Avant que d’écrire ou d’agir, le classique apprend à penser, et geste ou parole lui semblent beaux qui expriment directement et clairement le pouvoir absolu de la raison. […] Le parnassien, qui a peu de motifs d’agir, est surtout un puriste et un abstentionniste ; il dit des mépris en ironies savantes et aiguisées. […] Et il reprend ailleurs : « Cheveux plats de sacristain, nez crochu, oreilles telles un rebord de pot de chambre, avec je ne sais quoi de godiche et de constipé qui fait songer à un fœtus en rupture de bocal. » Même quand il s’agit de « Drumont, entrepreneur de mensonges, fauteur d’assassinats et pasteur de solécismes », notre moraliste descriptif lui reproche surtout « sa face d’égoutier » et une barbe « hospitalière » qui, paraît-il « consternera d’envie, parmi les bienheureux, le pédiculaire Benoit Labre ».

410. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

C’est cette disposition même qu’il s’agit, pour être juste, de restituer aujourd’hui, quand nous jugeons les anciens critiques, nos devanciers. […] Quelques-uns firent cette police fort honnêtement, d’autres moins ; la plupart y apportèrent une certaine passion, mais presque tous, à les prendre au point de départ, agirent utilement. […] C’est ce qui se vérifia pour les écrivains distingués dont nous avons à parler ; il s’agit des écrivains littéraires du Journal des débats d’alors. […] Il s’agissait de les restaurer et de les Remettre en lumière, à leur place, au-dessus de l’auteur de Mérope et de Zaïre.

411. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

C’est ainsi encore qu’elle dira, à propos des cabales de cour et de direction de conscience qui trouvaient moyen de s’immiscer autour du duc de Bourgogne jusque dans les camps et au milieu des plus grands périls : Qu’est-il question, madame, quand il s’agit d’un roi qu’on veut détrôner, d’un autre dont on veut abattre la puissance, enfin des plus grandes choses du monde, d’y mêler M. de Cambrai, les Jésuites, les libertins et les jansénistes ? […] Elle s’attache de bonne heure à Villars et semble deviner que ce général qu’on appelle fou sera en définitive le sauveur : « Car il y a trop de sages, dit-elle, ou au moins trop de gens qui croient l’être quand ils ne hasardent rien ; et je suis persuadée qu’il faut quelquefois laisser les choses au hasard, pourvu qu’on ne les pousse pas jusqu’à une témérité qui n’appartient qu’aux héros de romans. » Ce dernier défaut, elle le sent bien, serait volontiers celui de Villars ; elle le lui pardonne pourtant au milieu de l’abaissement trop universel : « Ce maréchal de Villars parle et agit, dit-elle, comme ces héros de romans qui croient porter la victoire partout où ils vont : j’aime assez ces airs-là présentement, si opposés à ceux qui nous ont jetés si près du précipice. » L’héroïque défense du maréchal de Boufflers dans Lille la transporte et tire d’elle de nobles accents : L’exemple que ce maréchal a donné en défendant Lille comme il l’a fait devrait bien causer de l’émulation et de la honte en même temps, si l’on compte encore pour quelque chose l’honneur. […] Dans ce rapprochement qui se fait tout naturellement ici de Mme des Ursins et de Mme de Maintenon, il ne s’agit pourtant de sacrifier personne. […] Il les y conduisit marche par marche, comme un pasteur conduit des troupeaux…, etc. » Il s’agit de la campagne qui précéda celle de la victoire d’Almanza.

412. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Il ne s’agissait de rien moins que de dire aux littérateurs les plus en vogue, aux académiciens les plus en possession du crédit : « Vous êtes de mauvais auteurs, ou du moins des auteurs très mélangés. […] » Il s’agissait pour Boileau de rendre désormais la poésie respectable aux Pascals eux-mêmes, et de n’y rien souffrir qu’un bon jugement réprouvât. […] Dans la satire et dans l’épître, du moment qu’il ne s’agit point en particulier des ouvrages de l’esprit, Boileau est fort inférieur à Horace et à Pope ; il l’est incomparablement à Molière et à La Fontaine ; ce n’est qu’un moraliste ordinaire, honnête homme et sensé, qui se relève par le détail et par les portraits qu’il introduit. […] Qu’il s’agisse de rimes ou même de choses un peu plus sérieuses, soyons de ceux-là.

413. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Or, c’est du sens qu’il s’agit ici, puisqu’il s’agit de juger. […] Nous nous conduisons sans égard pour l’expérience le meilleur maître qu’ait le genre humain, et nous avons l’imprudence d’agir, comme si nous étions la premiere generation qui eut sçu raisonner. […] Jacques Metius, l’inventeur des lunettes d’approche étoit fort ignorant, au rapport de Monsieur Descartes, qui a vécu long-temps dans la province où le fait dont il s’agit étoit arrivé, et qui le mit par écrit trente ans après l’évenement.

414. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Lorsque, dans les moments de péril, les magistrats n’adressaient aux François que les phrases banales, l’éloquence usitée par les partis entre eux, ils n’agissaient en rien sur l’opinion. […] Le laconisme des Spartiates, les mots énergiques de Phocion, réunissaient autant, et souvent mieux que les discours les plus soutenus, les attributs nécessaires à la puissance du langage ; cette manière de s’exprimer agissait sur l’imagination du peuple, caractérisait les motifs des actions du gouvernement, et faisait connaître avec force les sentiments des magistrats. […] Mais l’art d’écrire en littérature est composé de tant de nuances, des idées fines et presque fugitives exercent une telle influence sur le plaisir que telle expression fait éprouver, sur l’éloignement que telle autre inspire, que pour bien écrire il faut étudier avec le soin le plus délicat tout ce qui peut agir sur l’imagination des hommes.

415. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Comment cet écrivain avait-il agi sur les esprits, et révélait-il sa qualité intime par son action ? […] Il s’agissait moins, sur Racine et sur Molière, d’apporter du nouveau que de faire un triage dans l’amas des matériaux que depuis longtemps l’érudition parisienne ou provinciale entassait, de choisir le certain et l’important, de rejeter l’insignifiant et le douteux. […] Elle n’agit plus, dès qu’il a un texte sûr : il n’essaie pas d’atténuer l’impression qu’on peut recevoir de la société de Racine avec la Champmeslé et tous ceux, mari et amants, avec lesquels il la partagea paisiblement.

416. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Mais va pour Érinyes : le nom ne fait rien à la chose ; il ne s’agit que de s’entendre. […] Dès qu’il agit, il croit. […] Il ne s’agit plus dès lors d’une souffrance ou d’une joie simplement anecdotiques, mais la phrase ainsi proférée garde intacte à jamais sa valeur absolue et générale, parce qu’elle a révélé non point le médiocre caprice sentimental d’un homme quelconque, mais l’ensemble même de l’univers prenant conscience de soi, en une brusque fulguration, dans cette pensée individuelle.

417. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Il s’agit donc de découvrir, dans les limites de l’époque qu’on a choisie pour champ d’études, les phénomènes généraux qu’il faut rapporter soit à l’hérédité, soit aux circonstances nouvelles qui ont pu modifier l’organisation primitive des hommes durant cet espace de temps. […] Il est aisé de noter chez la majorité de ceux qui ont agi le plus sur leurs contemporains une sensibilité extrême et souvent féminine. […] Les choses de la matière, pour parler avec Molière, agissent souvent Sur les productions d’esprit et de lumière, et l’historien n’a pas le droit de dédaigner, comme faisaient les Femmes Savantes, la partie animale si intimement liée à la partie spirituelle.

418. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Les hommes qui les ont prononcées ne sont-ils pas prêts à agir comme ils l’annoncent ? […] Il nous faut agir sur nous-mêmes, comme le sculpteur sur le marbre, réparer nos formes spirituelles, tailler bloc par bloc notre intime statue. […] Nous aurons à agir sans cesse, à la fois sur nous pour nous purifier et sur l’univers pour le constituer.

419. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Je n’ai pas à m’occuper des dispositions de ce projet ni à les discuter ; mais il s’agit d’une matière qui prête à bien des observations littéraires, morales, et je tâcherai d’en toucher quelques-unes. […] C’est ce théâtre qu’il s’agit surtout aujourd’hui de ne pas abandonner, de ne pas laisser diriger non plus par plusieurs et en famille (mauvaise direction, selon moi, en ce qu’elle est trop intime, trop commode, et, comme on dit aujourd’hui, trop fraternelle), mais de faire régir bien effectivement par quelqu’un de responsable et d’intéressé à une active et courageuse gestion. […] Il s’agit de la bien choisir.

420. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

Au moi créateur comme à l’être universel de la métaphysique, en l’absence d’une vérité objective qui commande leur activité, on ne saurait attribuer d’autre raison d’agir, de créer la réalité phénoménale et d’en déterminer les formes, qu’un principe d’utilité personnelle dont nous ne saisissons le sens que dans les fins où il semble qu’il aboutit. […] Sous ces deux aspects, un même but est envisagé : il s’agit de réaliser un état de contentement, avec la sensation comme moyen et comme matière première. […] Dès qu’il s’agit de l’homme, d’ailleurs, vivre se confond avec vivre socialement.

421. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Il ne s’agit d’envoyer de cartes à personne, quand il faut parler d’un homme immortel ! […] II Et, du reste, qu’est-ce que tout cela peut faire, quand il s’agit de cette grande chose indestructible et qui existe par elle-même : la gloire de Lamartine ? […] — non l’homme d’action, qui ne le serait pas pour l’Histoire, si on l’entendait quand il s’agit d’un si grand poète, et si sa voix pouvait rivaliser avec cette grande voix !

422. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Faute si grande, qu’il n’importe guères à présent de savoir au juste si le pontife agit par haine ou bien sans haine ; car une pareille faute, au bout d’un certain temps, fait toujours équation à un crime, et le temps à attendre où le crime qui ne s’était pas nettement dressé dans la conscience de Clément XIV a surgi, tout à coup, évident dans la conscience des hommes, ce temps à attendre n’a pas été long ! […] Nous avons tant de pente à croire un prêtre, à admettre que nous nous trompons quand il affirme le contraire de notre pensée, qu’il faut nous y reprendre à deux fois lorsqu’il s’agit de repousser les preuves qu’il nous donne dans son histoire à l’appui de son opinion. […] Quand il s’agit des hommes historiques, il faut laisser la biographie aux curieux, mais ne s’en rapporter qu’aux grands et indéniables faits de l’histoire.

423. (1911) Nos directions

Il ne s’agit nullement de pastiche. […] Agit-il par pitié ? […] Il s’agit maintenant non de « la danseuse » mais du « ballet ». […] il ne s’agit pas de confondre puissance de vie et puissance d’expression. […] D’abord on rit, comme s’il s’agissait d’une gageure.

424. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIII » pp. 133-140

Mais ces enfants, même en étudiant avec soin ce qu’on leur apprend, ignorent une quantité de choses de la société et de la vie, et du monde moderne, qu’on apprend d’ordinaire par l’air, dans l’atmosphère générale et par les relations de tous les jours : ils arrivent au sacerdoce, bons prêtres peut-être quant à la piété et à la connaissance théologique et liturgique spéciale, mais ignorants d’ailleurs, grossiers de manières et incapables d’agir dans une sphère un peu élevée. […] C'est un des hommes qui ont le plus agi sur la jeunesse durant cet intervalle.

425. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Et Lamartine ? »

Voltaire a été le plus infatigable interprète et quelquefois l’inventeur des idées essentielles du siècle dernier, et il a très puissamment agi sur l’esprit de ses contemporains. […] Le poète de la Légende a souvent enchanté nos imaginations ; il a peu agi sur notre pensée, ayant peu pensé lui-même.

426. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre quatrième. »

Il s’agit d’un prêtre d’Apollon, par conséquent d’un fourbe, d’un payen incrédule, par conséquent d’un homme de bon sens ; et La Fontaine se fâche et parle comme s’il s’agissait du vrai dieu, d’un prêtre du dieu suprême.

427. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Lettre, à Madame la comtesse de Forbach, sur l’Éducation des enfants. » pp. 544-544

Agir devant ses enfants, et agir noblement, sans se proposer pour modèle ; les apercevoir sans cesse, sans les regarder ; parler bien, et rarement interroger ; penser juste et penser tout haut ; s’affliger des fautes graves, moyen sûr de corriger un enfant sensible : les ridicules ne valent que les petits frais de la plaisanterie, n’en pas faire d’autres ; prendre ces marmousets-là pour des personnages, puisqu’ils en ont la manie ; être leur ami, et par conséquent obtenir leur confiance sans l’exiger ; s’ils déraisonnent, comme il est de leur âge, les mener imperceptiblement jusqu’à quelque conséquence bien absurde, et leur demander en riant : Est-ce là ce que vous vouliez dire ?

428. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 42, de notre maniere de réciter la tragédie et la comedie » pp. 417-428

Les italiens qui nous rendent justice sans trop de répugnance quand il s’agit des arts et des talens, où ils ne se piquent pas d’exceller, disent que notre déclamation tragique leur donne une idée du chant ou de la déclamation théatrale des anciens que nous avons perduë. […] Dans la représentation des comédies, il ne s’agit pas de procurer de la veneration aux personnages introduits sur la scéne, mais bien de les rendre reconnoissables aux spectateurs.

429. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 7, que les genies sont limitez » pp. 67-77

On n’apperçoit plus alors en eux cette vigueur d’esprit, ni cette intelligence qu’ils montrent, dès qu’il s’agit des choses pour lesquelles ils sont nez. […] L’envie d’être reputé un génie universel dégrade bien des artisans : quand il s’agit d’apprétier un artisan en general, on fait autant d’attention à ses ouvrages médiocres qu’à ses bons ouvrages.

430. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 18, qu’il faut attribuer la difference qui est entre l’air de differens païs, à la nature des émanations de la terre qui sont differentes en diverses regions » pp. 295-304

Dès que la terre est un mixte composé de solides et de liquides de divers genres et de differentes especes, il faut qu’ils agissent sans cesse l’un et l’autre, et qu’il s’y fasse ainsi des fermentations continuelles, d’autant plus que l’air et le feu central mettent encore les matieres en mouvement. […] Le soleil et les émanations de la terre décident en France, comme ailleurs, de la temperature des années, et l’on n’y sçauroit faire intervenir aucune autre cause, à moins que de vouloir faire agir les influences des astres.

431. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 3, de la musique organique ou instrumentale » pp. 42-53

Je sçai bien que les circonstances où la musique peut agir avec efficacité sur les maladies, sont rares, et qu’il seroit ridicule d’ordonner des airs et des chansons, comme on ordonne les purgations et la saignée. […] Enfin comme il est quelquefois arrivé de nos jours des miracles de cette espece, les anciens sont pleinement à couvert du soupçon d’avoir cru, concernant les guerisons dont il s’agit, ce qui n’étoit pas, ou de nous avoir debité des fables comme des histoires veritables.

432. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Je n’ai jamais aimé l’idéologie et, lorsqu’il s’agit d’enseignement, je trouve que la meilleure méthode est de démontrer, non de philosopher. […] Albalat pourrait avantageusement prendre place dans la collection des Manuels Roret‌ Malheureusement, de même que le fond ne saurait être distrait de la forme, (démonstration qui constitue l’un des meilleurs chapitres de l’ouvrage), de même on ne saurait faire agir le cerveau en vue d’écrire, s’il n’est d’avance sollicité par l’éveil de quelque passion, au sens pur du mot. »‌ Voilà bien des railleries inutiles !

433. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Selon nous, il est impossible aujourd’hui, sous peine de rétrécissement d’intelligence, à un écrivain qui sent son sujet, de se montrer exclusivement littéraire quand il s’agit de la littérature du xvie  siècle. […] Extrait du tome XVI de l’Encyclopédie moderne, dont Didot est l’âme et la main et dont nous parlerons un jour quand il s’agira de la juger dans son ensemble, cet Essai sur la Typographie, qui forme un volume de près de quatre cents pages sur deux colonnes, est un livre spécial qui embrasse sous toutes ses faces l’art dont il traite.

434. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le voltairianisme contemporain »

III C’est que ses disciples lui ressemblent, à ce poltron hardi ; c’est que, s’ils osent beaucoup, ils n’osent pas tout encore ; c’est que, s’il s’agissait par trop de lui, il s’agirait d’eux !

435. (1925) Dissociations

Il s’agit de soi et non pas du voisin. […] Il ne s’agit que de la manière dont les hommes portent les poils de leur visage. […] Elles n’agissent que sur l’imagination et l’animal n’a pas d’imagination. […] » quand il s’agit d’attaquer le veau froid aux cornichons ? […] Or, de quoi s’agit-il ?

436. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

On pourrait dire que la vie tend à agir le plus possible, mais que chaque espèce préfère donner la plus petite somme possible d’effort. […] Il s’agit maintenant de montrer que l’intelligence et l’instinct, eux aussi, s’opposent et se complètent. […] Or, elle a le choix entre deux manières d’agir sur la matière brute. […] S’agit-il de la continuité ? […] Quand le petit poulet brise sa coquille d’un coup de bec, il agit par instinct, et pourtant il se borne à suivre le mouvement qui l’a porté à travers la vie embryonnaire.

437. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

L’une, c’est la merveilleuse activité d’un esprit dispos, sans lassitude comme sans effort, à qui le mouvement est aussi nécessaire que l’air qu’il respire, et qui, plutôt que de ne pas agir, agirait même avec la légèreté du liège et l’irréflexion de la plume. […] C’est le système qui parle, tandis que dans l’exécution c’est la nature qui agit. […] Si, quand il s’agit de défendre ou d’honorer sa patrie, on ne saurait être trop national, il n’en est pas de même quand il s’agit de la juger. […] Thiers, dans une rapide revue de l’Europe passée par un esprit juste et fin, dévoile la scène diplomatique et militaire où son héros va bientôt agir. […] Mais il agissait peu sur ce maître impérieux, auquel il n’imposait ni par le génie, ni par la conviction.

438. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

. ; et pas du tout, c’est d’un cheval qu’il s’agit : elle sera donc aussi bien attrapée. […] Il ne s’agit pas là d’économiser l’attention, mais d’attirer et de diriger l’attention, ainsi que l’association des idées, en vue de l’intuition et de la perception. […] Cela est dangereux d’ailleurs et ne peut agir que sur des esprits philosophiques. […] La richesse des rimes est nécessaire quand on veut surtout parler aux oreilles ou aux yeux, quand on veut chanter ou peindre ; dans les vers descriptifs, trop à la mode aujourd’hui, elle est à sa place ; mais, quand il s’agit de sentiments ou d’idées à exprimer, la rime doit se subordonner au rythme d’une part, et à la pensée d’autre part. […] Qu’il s’agisse d’une chose, d’un être ou d’une simple idée, nous éprouvons une joie infinie à retrouver, à revenir vers ce qui est déjà connu, déjà ami par conséquent.

439. (1883) Le roman naturaliste

Il s’agit maintenant de composer et de fixer les tableaux. […] Et en effet n’y a t-il pas comme un perpétuel échange d’impressions entre le monde extérieur qui agit, l’homme physique qui est agi, et l’homme moral qui réagit ? […] Il s’agit d’abord, pour MM.  […] S’il s’agit d’histoire, oui ! s’il s’agit de littérature, non, cent fois non !

440. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Agir avant tout, agir et se produire, c’est le premier besoin. […] Avec les Arabes, c’est à recommencer toujours : « Cette nation-là naît un fusil à la main et un cheval entre les jambes. » Au point où il est arrivé, Saint-Arnaud sent ses vues s’agrandir, et se multiplier les occasions d’agir comme il l’entend. […] Mais, tandis qu’il agissait en conséquence de ces données, les Russes se dérobaient à une trop facile bataille et, le 27 juin, le maréchal écrivait de Varna : Je suis à Varna depuis trois jours, et les oiseaux sont dénichés. […] Il agissait et vivait à tous les instants, la mort dans le cœur, le calme sur le front. […] La prière n’agit plus sur moi que comme une tempête.

441. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

« Est-il besoin, avec des motifs tels que ceux qui le dirigeaient, de chercher s’il agissait par une inspiration de la foi religieuse, ou bien par politique ou par ambition ? Il agissait par sagesse, c’est-à-dire par suite d’une profonde connaissance de la nature humaine, cela suffit. Le reste est un mystère, que la curiosité, toujours naturelle quand il s’agit d’un grand homme, peut chercher à pénétrer, mais qui importe peu. […] Mais ces discussions sont vaines quand il s’agit d’un homme qui avait accompli déjà au 18 brumaire le renversement à main armée de la Constitution ; il avait autant le droit de fonder une dynastie que celui de détruire une république. […] « Cependant, s’il ne s’agissait que de donner une leçon aux hommes, nous en convenons, la leçon était plus instructive et plus profonde, plus digne de celles que la Providence adresse aux nations, quand elle était donnée par ce soldat héroïque, par ces républicains récemment convertis à la monarchie, pressés les uns et les autres de se vêtir de pourpre, sur les débris d’une république de dix années, à laquelle ils avaient prêté mille serments.

442. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Les yeux ne se sont pas formés pour contempler, mais pour avertir d’un danger et pour faciliter la prise d’une proie ; on ne peut même pas dire qu’ils se soient formés pour voir, mais plutôt pour pressentir la peine ou la jouissance, et pour agir. […] D’une manière plus ou moins analogue naît en nous la perception des qualités, qui répondent aux manières différentes dont les objets agissent et dont nous réagissons. […] En un mot, la quantité du pâtir ne se révèle et surtout ne se mesure que par la quantité de l’agir. […] Au contraire, quand il s’agit, 3° de différences entre deux sensations de différentes classes, comme la vue et l’ouïe, la différence des impressions ne constitue pas elle-même une représentation distincte et particulière de différence. […] Dès lors, à tous les points de vue, nous pouvons conclure que la sensation est la révélation d’une force qui agit en conflit ou en concours avec les forces extérieures.

443. (1774) Correspondance générale

On ne conçoit non plus qu’un être agisse sans motif, qu’un des bras d’une balance agisse sans l’action d’un poids, et le motif nous est toujours extérieur, étranger, attaché ou par une nature ou par une cause quelconque, qui n’est pas nous. […] De quoi s’agit-il à présent ? […] Si l’extrait dont il s’agit se retrouve là, envoyez-le-moi. […] Je pensais comme un sage et j’agissais comme un fou. […] Il s’agit du mausolée du maréchal de Saxe, à Strasbourg.

444. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

voilà ce qu’il s’agit d’expliquer. […] Il s’agit d’organiser la résistance. […] S’agit-il de rendre hommage au génie de M. de Lamartine ? […] Ne s’agit-il pas, en effet, d’une amorce offerte à l’amour paternel ? […] D’ailleurs, lorsqu’il s’agit de M. 

445. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Mais à la fois il se contemple et se sait, à la fois il agit et se sent agir infiniment, et c’est à quoi, malgré l’identité intellectuelle que je vous suppose avec lui, vous n’atteindrez évidemment jamais. […] L’homme, lui, agit pour agir et aussi en rapportant son acte à un but qui est par-delà son acte. […] Pourquoi cependant y songe-t-on quand il s’agit de poésie et particulièrement de poésie dramatique ? […] Voyant des hommes agir, vous chercherez instinctivement le genre de beauté des hommes qui agissent : vous chercherez la beauté morale. […] Il s’agit pour moi de satisfaire une de ces deux tendances, et, au moins, de ne pas blesser l’autre.

446. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

» et de qui elle écrivait à une amie : « Vous savez que j’aimais et que j’aime sincèrement ce prince, le plus innocent qui ait porté ce nom. » Mais il ne s’agit pas ici de princes travestis ni de roi d’Yvetot : Mme Valmore eut réellement accès auprès de vraies puissances, et il faut voir comme elle en agit avec elles et comme elle sut en user. […] Tant il est vrai que quand il s’agissait d’implorer pour d’autres et de crier grâce, elle ne s’y épargnait pas. […] Si pour ses communications spirituelles et dans ses prières, elle n’employait pas entre Dieu et elle de fondé de pouvoir, elle entrait volontiers en relation avec un prêtre dès qu’il s’agissait de secourir et de se concerter pour une délivrance. […] Il s’agissait d’une femme poète, Carolina Coronado, dont M.

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