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228. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

C’était la Préface d’Iphigénie, où Racine s’égayait aux dépens de Pierre Perrault, qui avait critiqué Euripide sans l’entendre (1671). […] Et puis surtout les œuvres de ses amis lui rendaient la tâche difficile : après Racine et La Bruyère, après Bossuet, après La Fontaine et Molière, après Pascal et Corneille, comment soutenir l’infériorité des modernes ?

229. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Boileau ne pouvoit ignorer combien Moliere faisoit cas de notre Fabuliste ; & M. de Voltaire, si instruit dans les anecdotes littéraires, auroit dû se rappeler que ce Juge si éclairé de l’esprit & du cœur humain, avoit dit à ce même Boileau & à Racine : Messieurs, ne raillez point le bon homme, il ira plus loin que nous. […] M. Racine le fils à J.

230. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

L’analyse subtile que Becq de Fouquières dans son Traité de versification française a fait des vers magnifiques de Racine : Ariane ma sœur, de quelle amour blessée, Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée. […] Racine en usa cependant et fréquemment ; Wagner en fit un merveilleux emploi.

231. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

     Ne me citez donc plus Voltaire ni Racine. […] C’était bon pour Racine et tous les beaux-esprits, Que l’hôtel Rambouillet a justement flétris.

232. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

On ne devient pas Racine pour avoir été applaudi sous les chandelles, et on reste Racine, même si Phèdre est jouée six jours de suite devant des loges noires19. […] On ne peut conter la vie de Racine sans y mêler son nom. […] Les amis de Pradon valaient ceux de Racine. […] Corneille, pour elles, c’est Chimène ; et Racine, c’est Iphigénie et Bérénice. […] Bernardin, porte précisément ce titre : Un Précurseur de Racine.

233. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Il prêcha Boileau et crut continuer Racine. […] Racine est un réaliste qui est poète et qui est homme de cour. — Le Sage est réaliste sans aucun de ces mélanges. […] Figurez-vous qu’on dît à Racine : « Vos Grecs ne sont pas des Grecs. […] Racine en avait fait le drame, et précisément Marivaux est un Racine à mi-chemin, un Racine qui ne pousse pas le conflit des passions de l’amour jusqu’à leurs conséquences funestes, et qui, par cela, reste auteur comique, un Racine qui n’écrit que le second acte d’Andromaque. […] Il fait beaucoup songer à Racine, à un Racine qui aurait passé par l’école de Fontenelle.

234. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

N’allons-nous pas trouver là-haut Louis XIV, madame de Maintenon, la duchesse de Bourgogne, Bossuet, Fénelon, Pascal, groupés autour de Racine, son manuscrit à la main ?  […] M. de Chateaubriand représentait à la fois dans sa personne un Louis XIV des lettres et un Racine de décadence. […] Les vers étaient beaux, raciniens, bibliques, dignes d’une main qui avait façonné tant de prose en rythmes aussi sonores que les plus beaux vers ; l’originalité seule manquait : c’était un écho de Racine et de David, ce n’était ni David ni Racine : c’était leur ombre, un pastiche d’homme de génie, mais pastiche ; cela ressemblait aux tragédies en monologues du Piémontais Alfieri, ce faux Sénèque d’une fausse Rome. […] Ces applaudissements, au reste, étaient fortifiés par le grandiose de cette pièce sacrée, écrite dans la haute langue de Racine par l’écrivain du Génie du Christianisme. On peut la lire aujourd’hui dans les œuvres complètes ; c’est une page qui ne déshonorerait certes pas Racine lui-même.

235. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Le comparant un jour avec Racine fils, dont il avait le tort d’admirer le poëme sur la Grâce, et annonçant la prochaine publication du poëme de la Ligue ou la Henriade, qui s’imprimait en Hollande (décembre 1723) : « Si ce poëme est aussi beau, disait-il, que celui de Racine, nous aurons là deux grands poètes, mais deux petits hommes ; car ce Racine, que j’ai vu deux ou trois fois, n’a qu’un esprit frivole et sans goût dans la conversation, et l’autre est un fou qui méprise les Sophocle et les Corneille, qui a cru être de la Cour, qui s’est fait donner des coups de bâton, et qui ne saura jamais rien parce qu’il croit tout savoir. » À quelques années de là, quand Voltaire a grandi et s’est déjà mis hors de pair, on lit dans une lettre de Marais au président Bouhier le récit suivant sur la répétition de la scène du pont de Sèvres ; il s’agit de l’éclat si connu avec le chevalier de Rohan ; il est bon d’avoir la version de Marais (6 février 1726) : « Voltaire a eu des coups de bâton. […] Il eut à essuyer, dans le cours de sa longue carrière, plus d’une attaque vigoureuse, à commencer par celles des Racine, des Despréaux et des La Bruyère : il s’en tira moyennant prudence, patience, dignité, et par la force d’un vrai mérite.

236. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Je vous dirai simplement mon sentiment : Acante, c’est bien Racine, un peu, même beaucoup « stylisé », comme nous disons de nos jours, arrangé, composé et recomposé par La Fontaine ; ce n’est pas le Racine véritable, mais il y a le fond de Racine. […] On lui donna le loisir de considérer les dernières beautés du jour, puis la lune étant en son plein, nos voyageurs et le cocher qui les conduisait la voulurent bien pour leur guide. » Ainsi se termine cette histoire de curiosité et d’amour, cette jolie histoire mythologique, par Acante, c’est-à-dire par Racine (et peut-être par La Fontaine) en extase devant un beau coucher de soleil ; puis revenant de Versailles à Paris par des paysages délicieux, sous la douce clarté de la lune.

237. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Daguesseau et Racine fils par exemple. […] C’est que ce brillant et ce beau appartiennent tantôt à Platon, tantôt à Pindare, tantôt même à Boileau et à Racine : Rousseau s’en est emparé comme un rhétoricien fait d’une bonne expression qu’il place à toute force dans le prochain discours. […] Sa correspondance durant ce temps d’exil avec Rollin, Racine fils, Brossette, M. de Chauvelin et le baron de Breteuil, a des parties qui recommandent son goût et qui tendent à relever son caractère.

238. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Chez Marot, chez La Fontaine, chez Racine, il cite les passages de sensibilité et de plainte qu’il rapporte à l’élégie ; et, quels que soient les éloges sans réserve qu’il donne à Parny, le maître récent du genre, on prévoit qu’il pourra faire entendre, à son tour, quelque nouvel et mol accent. […] Ce petit trait rappelle de loin la belle carpe que Racine, en réponse à une invitation de M. le Duc, montrait à l’écuyer du prince, et qu’il tenait absolument à manger en famille avec ses pauvres enfants, le grand Racine qu’il était.

239. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Il faudrait parcourir les pièces de Racine et de Voltaire pour faire voir toutes les finesses de l’art dramatique ; et dans le comique, il n’y a pas une seule des bonnes pièces de Molière qui ne fasse admirer toutes les ressources de son génie et les finesses de son art. […] Rotrou parut en même temps que Corneille ; Racine, Molière et Quinault vinrent bientôt après. […] On trouve, dans les œuvres de Racine, le canevas du premier acte d’Iphigénie en Tauride, qui peut servir de modèle.

240. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Vous vous croisez pour Racine, l’École normale et Voltaire, qui sont en très mauvais termes avec M.  […] Il serait tout aussi raisonnable de faire Racine et Voltaire responsables de Pagès (du Tarn) ; c’est comme si l’on disait à la Phèdre du dix-septième siècle : « C’est vrai, tu es très éloquente et très admirable ; mais il court par les rues une créature imbécile et bossue qui se fait appeler la Nouvelle Phèdre ; donc, toi aussi, tu es imbécile et bossue, et nous allons vous chasser toutes deux ensemble !  […] Pour Taine, les Études qu’il publia — en 1858 — dans les Débats, sur Balzac et sur Racine, vous interdisent de lui offrir la moindre lieutenance.

241. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

La Fontaine refait les fables d’Ésope et de Pilpay, Corneille met en français le Cid de Guilhem de Castro, et Racine prend à Euripide sa Phèdre et son Iphigénie. […] Et de même pour tous les autres que j’ai cités : Racine et Pradon usent des mêmes matériaux : mais l’un les taille et les place mieux que l’autre.

242. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Nous remarquons, en lisant les tragédies de Racine, que tous ses personnages ont toujours un langage noble ; qu’ils gardent, même dans la passion, un sentiment profond des bienséances ; qu’Achille en fureur, que Néron prêt au crime, enveloppent de politesse leur colère et leurs desseins de meurtre ; que Mithridate expire avec une majesté théâtrale ; qu’un enfant comme Joas, qu’une nourrice comme Œnone, parlent en termes choisis où ne détonne aucune expression basse ou vulgaire ; que, en dépit d’une amitié restée proverbiale, Pylade ne tutoie pas Oreste (par lequel il est tutoyé), parce que l’un est simple citoyen, et l’autre héritier du trône d’Agamemnon. […] Serait-ce de la famille de Racine ?

243. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Louis XIV donnoit, une fois le mois, une espèce d’audience à Despréaux & à Racine. […] Racine prit alors la parole, & dit qu’il avoit vu, la veille, un spectacle touchant chez Corneille, qu’il avoit trouvé mourant & n’ayant pas de bouillon.

244. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

C’est ainsi qu’en usoit l’actrice à qui Racine avoit enseigné lui-même à joüer le rôlle de Monime dans Mithridate. Racine aussi grand declamateur que grand poëte, lui avoit appris à baisser la voix en prononçant les vers suivants, et cela encore plus que le sens ne semble le demander.

245. (1823) Racine et Shakspeare « Naïveté du Journal des Débats »

… Ô temps heureux où le parterre était composé presque en entier d’une jeunesse passionnée et studieuse, dont la mémoire était ornée d’avance de tous les beaux vers de Racine et de Voltaire ; d’une jeunesse qui ne se rendait au théâtre que pour y compléter le charme de ses lectures !

246. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Lahure publie à très-bas prix de très bonnes éditions des plus grands écrivains français, Montesquieu, Rousseau, Saint-Simon, Fénelon, Molière, La Fontaine, Racine : Saint-Simon entier coûte vingt-six francs ; Rousseau, seize francs ; Racine, quatre francs ; cela est admirable ; de là une occasion pour relire Racine et un prétexte pour en parler. […] Voilà les alentours de Racine ; c’est cet esprit de la race et du siècle auquel s’est accommodé son esprit. […] Quand Racine avait composé le sien, il disait : « Ma tragédie est faite ». […] Alors, pour la première fois, je verrais le théâtre de Racine, et je penserais enfin l’avoir compris. […] Chez Racine, la vertu n’est point bruyante ; il faut la remarquer pour la sentir.

247. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Molière savait, mieux que personne, quel homme était M. de Lamoignon, l’ami de Racine et de Despréaux. […] Les poésies les plus religieuses, les tragédies d’un Corneille et d’un Racine ne sont pas dangereuses ! […] Pourquoi, dans cette bouche éloquente et ignorante, les vers de Racine nous sont-ils pleins d’ironie et de terreur, et dans cette autre bouche, tout remplis de tristesse, d’amour et de passion ? […] Est-ce que vraiment tu es venu là pour écouter Racine ou Corneille, avec ce recueillement intime que le chef-d’œuvre fait éprouver aux âmes bien nées ? Que te font Corneille et Racine ?

248. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Mais peut-être Racine n’a-t-il pas senti le charme étrange de la chasteté masculine. […] Deschanel dans ses deux volumes d’étude sur Racine et par d’autres avant M.  […] Racine a voulu l’opposer fortement à l’esclave Roxane. […] Je me demandais ce que fût devenu le même sujet entre les mains de Racine. […] Corneille l’est sans doute ; mais Homère, Virgile ni Racine ne le sont.

249. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Quant à l’imputation d’avoir été de la coterie qui soutenait Pradon, ou, ce qui est la même chose, qui dépréciait Racine, comment pourrait-elle justifier Molière d’avoir attaqué madame de Sévigné dans Les Femmes savantes qui sont de 1672, puisque le premier débat qui a éclaté entre Pradon et Racine a eu lieu à l’occasion de Phèdre, qui n’a paru qu’en 1677 ?

250. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Or, sans établir ici de comparaisons qui exigeraient des restrictions et des développements, le beau dans Shakespeare est tout aussi classique (si classique signifie digne d’être étudié) que le beau dans Racine ; et le faux dans Voltaire est tout aussi romantique (si romantique veut dire mauvais) que le faux dans Calderon. […] Racine, Molière, Boileau, avaient assisté aux orages de la Fronde.

251. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

Levallois ; car pour les détails de ce triste amour du grand Corneille vieillissant et dédaigné pour le jeune Racine, beau alors comme le jour à son aurore et qui s’élançait dans la gloire, nous pourrions en suivre la trace dans les œuvres même de Corneille, à la piste de ses plus beaux vers. […] Père de la tragédie et père aussi de la comédie, il a fait Racine et il a fait Molière, — Molière, que la terrible observation de son esprit et la profondeur de sa plaisanterie ne garantirent pas non plus des égarements de son cœur.

252. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Les personnages de Racine ont une vérité de convention ; les passions de Racine ont une vérité de réalité. […] — « Rien connu », Racine, à qui viennent les plus aigus des psychologues de ce temps demander des leçons de psychologie ! […] » Oui, ils ont leurs caractères généraux, de même que les héros de Racine : et voyez donc comme Achille est violent ! […] Son vers semble plus près de la prose que celui de Racine et en est en réalité plus loin. […] Il y a quatre ou cinq vers de Racine qui en disent plus long là-dessus que tous les romans de la dernière école.

253. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 500

De l’onction, du sentiment, l’heureux talent de la persuasion, l’ont fait placer parmi les Prédicateurs, au même rang que Racine occupe parmi les Poëtes tragiques.

254. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Par l’ampleur et la variété de son œuvre, Victor Hugo me semble dépasser Dante, Shakespeare et Racine. […] Cela ne diminue point mon admiration pour les siècles qui ont précédé, pour le xviie des Corneille, Racine, Molière et Pascal, pour le xviiie qui prépara la Révolution. […] Dans ce sens, les grandes œuvres du xixe  siècle seront classiques, comme celles d’un Corneille ou d’un Racine, d’un Voltaire ou d’un Rousseau ; et pour les mêmes raisons. […] Et comme ni Rabelais, ni Descartes, ni Molière, ni Saint-Simon ne leur appartiennent, ils en sont finalement à peu près réduits à Bossuet, Racine et Boileau, dont les mérites, si éminents soient-ils, ont l’inconvénient d’être moins populaires au dehors. […] Le xviie  siècle, c’est Racine se promenant dans le jardin du Luxembourg.

255. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

De ces noms il en est deux du moins qui peuvent, en effet, se rappeler ici sans disparate : il y a quelque chose de la grandeur et de la majesté d’Eschyle aussi bien que de Corneille en Bossuet, de même qu’il peut paraître quelque chose d’Euripide comme de Racine en Massillon. […] C’est ainsi que pour exalter Corneille, en qui il voit Eschyle, Sophocle, tous les tragiques grecs réunis, il sacrifie et diminue Racine ; c’est ainsi que, pour mieux célébrer l’époque de Louis XIII et de la régence qui succéda, il déprime le règne de Louis XIV ; que, pour glorifier les Poussin et les Le Sueur, dont il parle peut-être avec plus d’enthousiasme et d’acclamation que de connaissance directe et de goût senti et véritable, il blasphème et nie l’admirable peinture flamande ; il dit de Raphaël qu’il ne touche pas, qu’il ne fait que jouer autour du cœur, « Circum praecordia ludit ». […] M. de Bausset a remarqué au contraire, comme une espèce de singularité, qu’il ne vint à l’idée de personne alors de prendre Bossuet et Bourdaloue pour sujet de parallèle, et de balancer leur mérite et leur génie, comme on le faisait si souvent pour Corneille et pour Racine ; ou du moins, si on les compara, ce ne fut que très peu.

256. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Une seconde fois, en 1693, sans l’avoir sollicité davantage, par le bon office de Racine et avec l’appui du parti des vrais classiques, il fut élu pour remplacer l’abbé de La Chambre, — presque à l’unanimité ; c’est lui qui le dit. […] Il contenait de frappants et ingénieux portraits des plus éminents académiciens, et notamment des cinq grands écrivains, des cinq génies que la Compagnie possédait alors, La Fontaine, Boileau, Racine, Bossuet, Fénelon : lui entrant faisait le sixième. […] Racine y était plus loué que ne le supportaient alors les partisans zélés du vieux Corneille.

257. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

C’est que maintenant le poëte se livre en scène de la tête aux pieds : le contraire avait lieu du temps de Racine. […] Racine, au contraire, c’est-à-dire le poëte d’alors, dérobait chastement tout ce qui était de sa personne et de son domestique, pour n’offrir ses sentiments même et ses larmes qu’à travers des créations idéales et sous des personnages enchantés. De nos jours, le Louis XIV est descendu partout ; chaque Racine s’habille et se déshabille devant le public : et la perruque elle-même, dont ne se séparait jamais le roi, n’est plus restée au poëte, puisqu’on lui demande de ses cheveux. 

258. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Racine. — Même méthode ; effet moins grand. On pouvait le prévoir ; il faut plus d’éducation et de culture pour goûter Racine ; la force n’y est pas tout en dehors comme chez Corneille, elle y est vêtue et voilée. Les personnes qui ont le mieux connu Napoléon ont remarqué que, dans cette éducation littéraire rapide qu’il dut s’improviser à lui-même quand il eut pris possession de la puissance, il commença par préférer hautement Corneille ; il n’en vint que plus tard à goûter Racine, mais il y vint.

259. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Le Racine romantique, ce Racine de la pitié, plus tendre que l’autre Racine, — car la pitié est plus tendre que l’amour puisqu’elle est ou sa sœur, ou sa fille, ou sa mère, — vit toujours cependant.

260. (1923) Paul Valéry

Racine nous fournirait le type achevé des seconds. […] Il a accepté le silence aussi volontiers et aussi naturellement que Racine après Phèdre, et pour des raisons analogues. […] Devant une tirade de Racine, un beau poème de Lamartine, nous éprouvons le sentiment que cela ne pouvait pas être autre. […] La poésie est pour lui, comme pour Malherbe, Corneille, Racine, La Fontaine, une affaire de rendement et d’objet. […] Tout simplement parce qu’il y a dans celui de Racine unité d’un mouvement intérieur, vivant et indivisible.

261. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » p. 402

Si M. le Duc de Nevers protégea la Phédre de Pradon contre celle de Racine, ce fut moins par défaut de goût, que pour complaire à Madame Deshoulieres, & à quelques autres Beaux-Esprits, qui, par leurs souplesses, avoient su l’intéresser dans leur querelle.

262. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 301

Ses Observations critiques sur les Remarques de Grammaire sur Racine, par M. l'Abbé d'Olivet, ne tendent point à justifier ce Poëte contre la sévérité du Grammairien, ce qui prouve assez peu de discernement.

263. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 117

Si on pardonne ce défaut à M. d’Açarq, on trouvera dans sa Grammaire Françoise philosophique, & dans ses Observations sur Boileau, Racine, Crébillon & M. de Voltaire, de la justesse & de la profondeur.

264. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Tout ce qui choquait la délicatesse de Lamotte, discours des personnages, éloges qu’ils font de leur race et d’eux-mêmes, défis qu’ils échangent avant le combat, insultes du vainqueur à l’ennemi mort, allocutions des guerriers à leurs chevaux, tous ces premiers mouvements des passions humaines, que la science de la vie civile nous apprend à comprimer et à cacher, tout cela charmait un Racine, un Bossuet, un Fénelon, un Rollin ; tout cela leur paraissait aussi conforme à la nature qu’à la raison. […] L’épigramme de Racine contre l’Aspar du sieur de Fontenelle est un sifflet qui retentit encore. […] Eschyle taxé de « folie », Euripide de « grossièreté », payent pour Racine et Boileau, sans compter ce que donnait de mauvaise humeur à Fontenelle, contre tout ce qu’aimait Racine, sa qualité de neveu de Corneille. […] Il a besoin, pour le mettre à son prix, de le comparer ; sa prétention vient alors en aide à son admiration languissante, et je le crois plus touché de ce qu’il ôte à Racine que de ce qu’il donne à Corneille.

265. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Elzéar, Pierre (1849-1916) »

. — Racine sifflé, un acte, en vers (1877). — Bug-Jargal, drame en sept tableaux (1881). — Christine Bernard (1882). — La Femme de Roland (1882). — Le Brion (1883). — L’Oncle d’Australie (1886).

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