Ici j’arrête Saint-Simon, et je crois qu’il n’est pas juste pour un écrit dont il a beaucoup usé et profité, et dont tous profiteront. Ce journal unique en effet, et dans lequel durant plus de trente ans Dangeau écrivit ou dicta tous les soirs ce qui s’était fait ou passé à la Cour dans la journée, n’est qu’une gazette, mais exacte et d’un prix qui augmente avec le temps. […] Je ne me souviens point de lui dans nos plaisirs ; mais, comme il a écrit tous les jours, il est plus aisé que je me trompe que lui. […] Ces petits événements, ces particularités à peu près insignifiantes qu’il constate étaient la nouvelle et la curiosité du jour où il écrit, cela lui suffit. […] Dangeau, qui est menin de Monseigneur d’une part, et qui, de l’autre, est chevalier d’honneur de Mme la Dauphine, se garde bien d’écrire de ces crudités-là, il n’écrit que ce que tout le monde a vu et peut lire : mais son narré même, en ces endroits, devient malin à force de réticence et de fidélité, et cette phrase qui termine tant de journées comme une ritournelle : « Mme la Dauphine passa l’après-dînée chez Mlle Bezzola », pourrait sembler un refrain de couplet satirique.
L’émigré, homme de cour, continue d’écrire dans la langue élégante qui était en usage et à la mode au moment de sa sortie. […] Frédéric le Grand est un étranger, Français par l’éducation, qui adopte le français dans ses écrits ; il écrit et compose dans notre langue par choix et par goût ; ainsi faisait la grande Catherine, dont on a publié depuis peu les curieux Mémoires. […] Nous avons, à l’heure qu’il est, de spirituels Italiens qui écrivent le plus joli français, le plus net, le plus attique, qui payent tous les matins de leur personne, de leur plume. […] Enfin, il faut bien en convenir, il y a des étrangers qui écrivent en français du même droit que nous et sans être Français, tout simplement parce que c’est leur langue propre et maternelle. […] Ce gentilhomme bernois, qui a dû vivre assez longtemps en Angleterre, qui a servi en France, écrit un français net et ferme, vif et dégagé, comme le fera plus tard son compatriote Bonstetten.
Le plus curieux morceau du volume, et dont le passage principal était déjà connu par un écrit de M. […] Plusieurs lettres, publiées ici, font foi de ce scrupule délicat : « M. d’Alembert m’a fait saluer plusieurs fois, écrivait-il à Watelet (1764) ; j’ai été sensible à cette bonté de sa part. […] Mon jeune ami (il écrit à son compatriote Coindet, employé à Paris chez M. […] Les vrais Français n’écrivent point de ce ton-là, surtout contre des infortunés ; ils m’ont maltraité sans doute, mais ils l’ont fait à regret. […] Rousseau n’a jamais écrit, en parlant des amours-propres empressés à se mettre en avant : « Il est vrai qu’on a grand soin de couvrir le motif de cet empressement du fond des belles paroles » (page 287) ; mais il a sans doute écrit : du fard des belles paroles.
Écrits par elle-même27. […] Ses Mémoires, écrits en français, commencent à l’année qui précéda son mariage (1744), et la copie qu’on en a s’arrête malheureusement un peu avant son avènement au trône. Elle les écrivit quand elle était Impératrice. […] Elle écrivait bien des années après à Voltaire : « Je peux vous assurer que depuis 1746 que je dispose de mon temps, je vous ai les plus grandes obligations. Avant cette époque, je ne lisais que des romans ; mais par hasard vos ouvrages me tombèrent dans les mains ; depuis je n’ai cessé de les lire, et n’ai voulu d’aucuns livres qui ne fussent aussi bien écrits et où il n’y eût autant à profiter.
Mais, en fait de gens qui raisonnent d’art et qui écrivent, M. […] Le fait est qu’il y a des jours où, quand il écrit et qu’il juge autrui, il n’ouvre pas toutes ses fenêtres ; il en a même d’obstinément condamnées. […] Delécluze, qui a beaucoup écrit, n’est pourtant pas, à proprement parler, un écrivain ; mais c’est un des originaux de ce temps-ci. […] Il écrit le plus souvent à la diable ou plutôt à la papa. […] Si c’est être romantique que d’écrire incorrectement, personne n’a plus droit à ce titre que lui.
Le monarque puriste suggéra donc une correction, et à la place de : à leurs plus grands bienfaits, il proposa ou même il écrivit de sa main : à leurs plus hautes faveurs. […] Je suis fâché que l’éditeur des Œuvres choisies n’ait pas connu notamment un article que Loyson écrivit au sujet du tome Ier de l’Essai sur l’Indifférence, à l’occasion de la deuxième édition. […] Ce n’était pas la seule contradiction qu’il trouvait au dedans de lui ; il avait coutume de dire encore, en regrettant de ne pas rester un simple amateur, ce qui est si doux et si désirable aux délicats : « Quel dommage que j’aie toujours envie d’écrire ! […] Je l’ai écrit à M. […] C’est assurément un des meilleurs écrits sur la question.
Je n’écris point la vie de Franklin ; elle est écrite par lui-même, et, là où il s’arrête, il faut en chercher la continuation dans l’excellent complément qu’a publié M. […] Il écrivit même une brochure à ce sujet. […] Il a écrit quelque chose sur les vieilles mélodies écossaises, et sur l’impression délicieuse qu’elles font sur l’âme. […] Au moment de mettre le pied sur le vaisseau, il écrivait agréablement à lord Kames, l’un de ses amis d’Écosse : Je ne puis quitter cette île heureuse et les amis que j’y laisse, sans un extrême regret, bien que ce soit pour aller dans un pays et chez un peuple que j’aime. […] On a discuté sur l’exactitude de ce dernier fait, qui est devenu une sorte de légende ; j’incline à le croire exact, et à supposer que cet habit est le même que Mme Du Deffand a mentionné, quand elle écrivait en mars 1778 : « M.
Puisque Babou sait tout cela, puisqu’il a l’expérience de la vie littéraire, — la plus cruelle des expériences, — il reste donc, pour expliquer la publication de son volume, cette fierté d’artiste qui se prend où est sa tendance et là où est aussi la difficulté, et qui a écrit laborieusement de courtes nouvelles où d’autres auraient écrit facilement de très gros romans. […] Lisez-le : vous trouverez un esprit bienveillant, ouvert, généreux, sympathique aux belles choses, qui écrit, dès le commencement de son volume, un très beau morceau sur les Amitiés littéraires, un morceau qui n’est peut-être pas vrai, mais qu’il faudrait faire vrai pour notre plus grand agrément et notre plus grand honneur à nous tous ! […] Joli spectacle qu’il nous donne tout le temps de ses Lettres, écrites comme il découpe : au pied levé, à la main, à la plume levée. […] Ce n’est pas tout qu’ici et là une goutte de lumière, une goutte de rosée, une goutte de larmes ; ce n’est pas tout qu’une petite phrase ravissante sur madame de Sévigné, qui ne l’aurait peut-être pas écrite et dans laquelle pourtant elle est toute pénétrée. […] C’est un écrivain d’imagination pénétrante et inventive qui vient d’écrire ces Lettres, satiriques parce qu’il y a plus, dans la satire, du genre d’imagination qui invente que de celui qui simplement réverbère.
Écrire, c’est agir. Écrire l’erreur avec opiniâtreté, c’est commettre un crime, digne des plus honteux châtiments, et dont le succès ne fait qu’accroître la grandeur ! Jésus-Christ a changé le monde par l’Évangile ; quiconque n’écrit pas dans le sens de l’Évangile est l’ennemi de Dieu et des hommes, bien plus que la créature faible qui succombe à ses passions. […] Et encore, dans la même lettre, après une sorte d’anathème lancé à Vico : « Je vous supplie, mon cher ami, de ne pas vous laisser séduire aux écrits modernes. […] A plus forte raison, ne devons-nous pas en avoir pour ces écrits qui sont comme le cloaque de l’intelligence humaine, et qui, malgré leurs fleurs, ne recouvrent qu’une effroyable corruption.
S’accoutumer à écrire comme on parle et comme on pense, n’est-ce pas déjà se mettre en demeure de bien penser ? […] Fénelon, dans ses écrits non théologiques, est le plus léger et le plus gracieux modèle de ce que nous cherchons. […] Il faisait des couplets dans le goût de Coulanges ; il écrivait à ses amis des lettres en prose entremêlée de vers dans le goût de Chaulieu. […] Ses vers, loués pourtant de Voltaire qui s’est chargé de les faire oublier, loués même par Boileau qui dut écrire cette lettre de politesse en grondant, sont tout à fait passés pour nous et à peu près illisibles : ce ne sont qu’enfilades de rimes où se détache un trait heureux par-ci par-là. […] Bossuet vient de sortir fort à propos du monde au moment où il écrit (1704).
Beyle ou Stendhal (car les éditeurs lui ont conservé, à ce maniaque de pseudonymes, le nom de guerre sous lequel il a écrit ses plus beaux ouvrages) fut un écrivain très-peu connu de son vivant, qui a publié, de 1820 à 1841, les livres les plus spirituels. […] Rareté charmante, du reste, dans un homme qui pourtant s’est mêlé d’écrire, — dont le talent n’a pas fait la vie, mais dont la vie, au contraire, a fait le talent. […] Il écrivait un jour cette phrase calme et amère : « La bonne compagnie de l’époque actuelle a une âme de soixante-dix ans. Elle hait l’énergie sous toutes les formes », et certainement, en écrivant cela, il pensait à lui et à ses écrits. […] Elle confirme par les confidences de l’intimité ce que les écrits de l’auteur nous avaient appris, c’est que toute sa vie Stendhal fit une guerre, publique ou privée, à la puissance que les faibles adorent, à l’Opinion.
Sainte-Beuve y résista longtemps et toujours, se souvenant bien qu’il en avait écrit un autrefois dans le Globe, à l’occasion même de l’élection de M. de Pongerville à l’Académie française180. […] Viennet avait écrit je ne sais plus quelle lettre qui courait dans les journaux ; c’était au lendemain de sa mort. […] — Une étincelle poétique de M. de Pongerville, qui faisait maintenant appel à la critique dans la langue des dieux, au nom de Lucrèce, fit écrire à M. […] — Savez-vous bien que notre confrère Viennet, qui se donnait des airs d’indépendance et qui n’était qu’un déiste pusillanime, n’a pas craint d’écrire dans une lettre à ce…, notre si peu confrère, que nous étions trois autour du tapis vert, trois ni plus ni moins, qui étions de la religion de Lucrèce ? […] Il est vrai que Diderot, Dumarsais, Boulanger, d’Holbach, et tout le monde, l’étudiaient volontiers et en tiraient bon parti pour leurs arguments et leurs systèmes ; il est vrai que Voltaire écrivait les Lettres de Memmius et, dans une sorte d’enthousiasme pour le poète philosophe, s’écriait : “Il y a dans Lucrèce un admirable troisième chant que je traduirai, ou je ne pourrai.”
Sabbatier ne craint pas de s’exprimer : « Quant à l’ouvrage de M. de Barante, des considérations particulières avaient bien pu lui faire accorder une mention, mais ne pouvaient donner à personne l’idée de le mettre en parallèle avec un écrit de Victorin Fabre ! […] on ne saurait avoir même l’idée de mettre l’ouvrage très-distingué d’un homme d’esprit, qui pense, en parallèle avec un écrit de Victorin ! […] La lettre de Garat à Ginguené sur ce sujet est incroyable d’émotion, de boursouflure : « Cette couronne de l’orateur de vingt ans, écrit-il, le percera d’épines tout le reste de la vie. […] le jour où vous écriviez cette lettre, vous avez voulu jouer au Diderot. — Notez bien pourtant qu’au nombre des juges qui se détachèrent alors de Victorin était Fontanes. […] Mais que peut-on dire quand le biographe, au milieu des jugements outrageux qu’il fait planer sur tout ce qui écrit, exige pour son auteur une admiration exclusive et sans réserve ?
si l’on partageait en deux ses phrases, si l’on les séparait de leur progression, de leur intérêt, de leur mouvement, et si l’on détachait de ses écrits quelques mots, bizarres lorsqu’ils sont isolés, tout-puissants lorsqu’on les met à leur place2 ? […] Il en est de même d’une manière d’écrire exagérée ; ce sont des expressions froides dont on fait des expressions fausses. […] Il n’est donc aucune opinion, excepté celle qui défendrait de penser, de lire et d’écrire ; il n’est aucun gouvernement, excepté le gouvernement despotique, qui puisse s’avouer contraire à la perfectibilité de l’espèce humaine. […] Après avoir réfuté les diverses objections qui ont été faites contre mon ouvrage, je sais fort bien qu’il est un genre d’attaque qui peut éternellement se répéter ; ce sont toutes les insinuations qui ont pour objet de me blâmer, comme femme, d’écrire et de penser. […] Je conçois qu’on puisse se plaire dans ces plaisanteries, quoiqu’elles soient un peu usées ; mais je ne comprends pas comment il serait possible que mon caractère ou mes écrits inspirassent des sentiments amers.
Il n’est peut-être que des historiens capables d’écrire des romans historiques. […] Paul Radiot sait ; il n’écrit que ce dont il est sûr, que ce qu’il a vivement senti. […] Radiot avait déjà écrit Tripoli d’Occident et Tunis. […] Il a pensé, senti, écrit assez hors notre temps pour demeurer. […] On n’avait peut-être pas écrit depuis un demi-siècle une fiction aussi chargée d’événements, et le concours des amateurs de Gaboriau même devrait être acquis à ce roman.
Les Cosaques n’écrivent pas tous les jours à Paris. […] Il n’a été écrit que pour cela. La femme qui l’a écrit… ou qui l’a inspiré est, — dit-on, — une vraie Cosaque, portant un nom cosaque, Madame Olga… je ne sais qui ! Si je ne sais qui s’écrivait Jenesayki, cela aurait assez l’air d’un nom cosaque, mais l’auteur a mieux aimé celui de Robert Franz. […] Je veux la mort de son péché, mais je ne veux point la mort de la pécheresse qui peut nous écrire autre chose que des pamphlets de cœur.
C’était donc une histoire de la Chine que nous allions lire, écrite en français par deux Chinois… presque, et par deux Chinois à boutons de nacre, deux mandarins ! […] Ils ont rapproché des travaux épars çà et là, et ils ont formé de ces détails une espèce de synchrétisme historique où la confusion des faits entassés produit quelque chose de très chinois, car cela manque entièrement de perspective et de cette clarté qui est la vie des livres écrits en français. […] Il écrivit l’Orphelin de la Chine. […] Il y a déjà quelques années, on publia sur la Chine et sur les Chinois un petit livre, avec des dessins lithographies à deux teintes par Cicéri (je crois), et dont l’auteur était un artiste, un monsieur Auguste Borget, qui, au lieu de voyager à Paris dans les grammaires chinoises, avait pris le parti d’aller voir chez eux les Chinois, assis sur leurs propres tapis, et de leur demander, sans trop de cérémonie, une tasse de thé… Balzac, notre grand romancier, qui aimait la Chine comme un roman à écrire, rendit compte de cet ouvrage dans un journal, — une des lucioles du temps à présent éteinte. Dans cet article, un des plus charmants qu’on ait jamais écrits, avec cette pointe d’ironie qui est le parfum du filet de citron dans l’éloge, Balzac appelait Borget le Jacquemont de la Chine.
Il semble même s’être attendu pour l’écrire, mais, tout en s’attendant, il a montré dans une grande quantité d’écrits de ces qualités de vue, de groupement et de style, qui pouvaient faire tout espère ? […] Si, d’un côté, les opinions connues de Macaulay, devenu, grâce à sa plume, un homme politique important et un ministre d’État, disaient assez nettement d’après quelles tendances et dans quel système cette histoire d’Angleterre serait conçue et réalisée, d’un autre, les articles de la Revue d’Édimbourg, qui avaient commencé et fixé la réputation de l’auteur, et dont quelques-uns sont des chefs-d’œuvre, ne disaient pas avec moins d’autorité qu’à part ces opinions premières qui pèsent sur tout ce qu’on écrit et y impriment la marque de leur vérité ou de leur erreur relatives, qu’à part enfin le joug des partis si dur à secouer dans les pays fortement classés, il y aurait, du moins, dans l’histoire écrite par une telle main, le talent, mûri par les années et par l’étude, de l’homme qui avait tracé des pages si animées et si réfléchies en même temps sur Warren Hastings, lord Burghley et le comte de Chatham ! […] Ainsi, disons-le tout d’abord, malgré des qualités qui recommanderaient encore, sans nul doute, un esprit inférieur à Macaulay, nous n’avons pu reconnaître dans ces deux volumes le talent agrandi de l’écrivain qui, en 1827, 1828, 1832, 1835, écrivait sur Machiavel, Dryden, la Guerre de la succession, par lord Mahon, l’Histoire de la Révolution de 1688, par Mackintosh, ces articles abondants et lumineux qui resteront comme des modèles de critique élevée et vivante. […] Macaulay, qui a tracé de belles pages sur la manière d’écrire l’Histoire, pouvait-il l’ignorer ? […] La haine, chez Macaulay, a beau être recouverte de ce vernis d’honorabilité (honorability) qui doit revêtir toutes les paroles d’un gentleman, on la sent circuler dans chaque mot qu’il écrit sur Jacques, vénéneuse comme du fanatisme refroidi.
À la page 76 du présent volume, n’a-t-il pas écrit : « La vertu de cette âme enjouée… » ? […] Il l’est même si fort qu’il a écrit sur elle de ces mots poétiques et idéalisants qui la déguisent, et que je suis fâché de trouver sous cette plume de goût, qui devrait peindre ressemblant, en parlant d’une femme aussi connue que cette blonde espiègle : « À quinze ans, — dit-il, — Marie (c’est madame de Sévigné) n’avait rien de cette timidité virginale, ou, si l’on veut, de cette gaucherie innocente que les jeunes filles rapportent du couvent dans les plis de leur robe montante. » Et cela, je crois bien que c’est vrai ; mais que dirons-nous de ce qui suit ? […] Ils se prennent à la magie de cette espièglerie française qui les enivre de plaisir, et, quand ils sont enivrés, leur fait écrire des phrases idolâtres, que l’auteur des Lettres satiriques appellerait des sottises s’il les trouvait sous une autre plume que la sienne, mais qui n’y seraient pas, du reste, de cette façon-là ! […] Eh bien, ce chef-d’œuvre sur madame de Maintenon, qui ne sera, j’ose le dire, surpassé par rien de ce qu’on écrira désormais sur cette grande femme vertueuse, parce qu’il est un point au-dessus duquel il est impossible de se placer : c’est celui de la vérité absolue ! […] Lui, l’auteur des Païens innocents, et d’une notice sur le président de Brosses qui est du paganisme coupable, voilà qu’il nous écrit avec le sentiment le plus catholique la vie d’une sainte, et avec la même aisance qu’il eût écrit celle de Ninon !
Elle est mal conçue et elle est mal écrite. […] Elle va très avant, et, selon la plume qui l’écrit, elle peut aller très haut. […] Sa corruption même, à ce siècle, ne nous était pas désagréable… Dans les vaudevilles écrits pour les éternels Béotiens des parterres, les oncles, imbéciles et charmés, ont des faiblesses de cœur pour leurs coquins de neveux. […] » C’est particulièrement de ces deux femmes que MM. de Goncourt ont dû écrire l’histoire. […] Ils ont écrit leur histoire sans défaillance, sans égarement, sans indulgent entrainement, sans la fascination de ces fascinatrices du xviiie siècle, assez maîtres d’eux (la première fois, peut-être !)
Son passé, son ancienne élévation ministérielle, ses relations de monde et d’école, son titre littéraire d’académicien, tout, jusqu’à sa position de vaincu politique, — car, en France, c’est parfois une assez belle position que celle-là, — facilite merveilleusement la diffusion actuelle de ses idées et de ses écrits. […] À l’époque, lointaine déjà, où M. de Rémusat écrivait son Essai de philosophie, il y avait en lui ce pétillement d’idées qui ferait croire à la force d’individualité d’une intelligence, mais ce n’était là qu’une illusion, due probablement à sa jeunesse. […] Il n’a pas écrit une biographie intellectuelle du penseur, et replacé, après coup, les idées de l’homme, sous le jeu de ses facultés bien étudiées et par l’étude redevenues vivantes, pour voir comment ces idées s’étaient formées, développées et fixées, dans l’action et sous la pression de ces facultés. […] Il a aimé mieux prendre l’homme tout entier, dans le multiple ensemble de sa vie et à sa place dans tous les événements de son temps, et il a écrit un ouvrage qui n’a pas pour titre unique le nom d’Anselme et qui est aussi le tableau de la vie monastique et politique, au onzième siècle. […] Mais si M. de Rémusat a eu raison d’écrire l’histoire du temps de S.
la civilisation ronge davantage, voilà les parentés intellectuelles de l’auteur de Miréio, le poète, et du moraliste qui a écrit le roman qui s’appelle : — Le Marquis des Saffras ! […] En vain est-il écrit avec cette furie de coloris qui fit de Balzac, en ses derniers écrits, quelque chose comme un Tintoret, d’une exaspération sublime, ce n’est, après tout, pour qui veut conserver son sang-froid devant cette magie, que la satire en action d’un colossal Archiloque qui avait au ventre une peur égale à celle de Pascal pour l’enfer, devant le « Robespierre aux cent mille têtes » et le communisme futur ; mais ce n’est pas la vérité ! […] Son roman, qu’il aurait pu écrire peut-être comme l’auteur de Miréio écrivit son poëme, dans le dialecte de sa terre natale, écrit en français exquis, n’a pas cependant que son titre de patois, et roule dans son flot de délicieux provincialismes que M. de La Madelène a trop de tact d’écrivain pour laisser mourir. Les idiotismes les plus charmants, ces locutions de terroir si difficiles à traduire dans leur grâce native il les transporte dans la langue qu’il écrit et il l’en parfume, et c’est ainsi qu’il ajoute à l’individualité de son talent et de son langage l’individualité de son pays.
Il a déjà écrit trois volumes, et je vous assure qu’ils sont écrits ! […] Je ne dis pas qu’un jour le jeune écrivain, plus avancé dans la vie et dans l’expérience d’écrire, ne baissera pas de quelques tons une corde de lyre qu’il tend quelquefois trop ; je ne dis pas qu’il penchera toujours vers cette préciosité dont il ne faut pas dire trop de mal, après tout, puisqu’elle nous empêche, par un ressaut et un cabrement, de tomber dans ce vilain abîme du commun qui n’est qu’un trou, et dans lequel nous tomberions tous, comme des capucins de cartes, si nous ne nous rejetions pas entièrement de l’autre côté Mais je dis qu’il continuera d’être distingué, fût-ce malgré lui ; car la distinction est la chose, quand elle est en nous, la plus difficile à supprimer. […] « Je l’avais plutôt vomi qu’écrit, — dit-il dans une lettre à son éditeur qui sert de préface à cette édition. — Je l’avais expectoré d’indignation, vraiment provoqué par d’écœurantes réalités. » Et on le sent bien, malgré les retouches de l’écrivain devenu plus difficile, et ses apaisements d’âme et de vie, et le mûrissement de trois ans passés. […] Je n’aime pas beaucoup l’idée de cette histoire, écrite par une bûche, — titre maniéré, qui promet un livre maniéré et qui ne vous trompe pas. […] Les Dévotes ; J’aime tes morts ; Histoire du feu, écrite par une bûche (Pays, 10 mai 1862).
Sa vie se passa de la sorte, à penser d’abord, à penser surtout et toujours, puis à parler de ses pensées, à les écrire à ses amis, à ses maîtresses ; à les jeter dans des articles de journal, dans des articles d’encyclopédie, dans des romans imparfaits, dans des notes, dans des mémoires sur des points spéciaux ; lui, le génie le plus synthétique de son siècle, il ne laissa pas de monument. […] Diderot écrit à mademoiselle Sophie Voland, sa maîtresse, celle à laquelle il fut le plus fidèle, et qui en était le plus digne. […] Avant d’avoir lu ces lettres, et malgré notre goût bien vif pour tous ses autres ouvrages, il manquait quelque chose à l’idée que nous nous formions du grand homme ; de même qu’on ne comprendrait pas Mirabeau tout entier si l’on ne connaissait aussi ses lettres écrites à la Sophie qu’il aimait. […] Leroy, homme d’esprit et philosophe, capitaine des chasses, amateur du sexe et ami de Diderot : « Si vous saviez combien je l’aime, écrit ce dernier, vous sauriez aussi combien il m’a été doux de le voir. […] Sainte-Beuve a dit en note (page 515) : « Ce que j’ai lu de plus favorable à Louis XV est dans un petit écrit intitulé : Portraits historiques de Louis XV et de madame de Pompadour faisant partie des œuvres posthumes de Charles Georges Leroy, pour servir à l’histoire du siècle de Louis XV (Paris, 1802).
Je ne sais quelle gêne, quelle incertitude vous envahit, vous empêche de vous livrer tout entier à votre œuvre : je ne sais quelle appréhension de ne faire que du provisoire, vous poursuit dans la moindre de vos phrases, vous glace, et vous empêche de rien écrire d’une main ferme et hardie. […] Qu’on prenne le genre qu’on voudra, discours, histoires, romans, comédies, on verra qu’il y a peu d’œuvres qui réussissent, encore moins qui durent à travers les siècles, sans une bonne économie : et pour peu qu’on ait de curiosité, on découvrira dans la multitude innombrable des écrits oubliés, pour peu qu’on ait d’attention, on notera dans le passage incessant des écrits qui ne naissent que pour mourir, plus d’une œuvre que les plus hautes qualités, que des morceaux admirables, des beautés singulières, semblaient adresser à l’immortalité. […] Enfin, ne calculant pas la distance à parcourir ni l’effort à donner, il écrira pour lui, non pour le lecteur : il estimera intéressant ce qui l’intéresse, clair ce qu’il comprend, vrai ce qu’il croira, et ainsi il ne saura éviter ni l’ennuyeux, ni l’obscur, ni le faux. […] L’autre est Fénelon : tous ses écrits ne sont guère que de charmantes improvisations. […] « Qu’on ne dise pas, écrivait Pascal, que je n’ai rien dit de nouveau : la disposition des matières est nouvelle.
Comme il habitue le public à lire vite, le journal oblige l’auteur à écrire vite. […] Ce sont d’abord quelques survivants de l’ancienne société et de la philosophie encyclopédique, qui écrivent en général dans les feuilles contre-révolutionnaires : Suard, Rivarol, Mallet du Pan624 surtout, qui a plus de pensée sous sa forme nette et mordante. André Chénier écrivit au Journal de Paris des articles vigoureux, où l’on voit qu’à ses dons de poète il unissait une réelle puissance oratoire. […] Tous ces écrits sont des documents d’histoire : mais le plus instructif document, historique et humain tout à la fois, est celui que fournit le propre tempérament de l’écrivain. […] Voici, par exemple, comment, en 1769, la France littéraire établit la liste des journalistes et auteurs d’écrits périodiques » : Gazette de France, MM. l’abbé Arnaud et Suard. — Journal des savants, une société de Gens de lettres. — mercure de France, M. de la Place (addition : pour le Mercure, mettez M.
L’homme qui a écrit la Biographie de Suleau, Le Lendemain du massacre, La Lanterne, Le Rhum et la Guillotine, a sa voie trouvée. […] Auguste Vitu écrirait d’une manière charmante, très piquante, et pour le moment très utile, l’histoire comique de cette Révolution dont on nous a dit les horreurs et les infamies, mais dont les ridicules, perdus dans les horreurs, sont moins connus. […] Encore une fois, voilà l’histoire que je voudrais voir écrire, non par places, non par épisodes, mais en grand et au complet, par Auguste Vitu. […] La preuve de cela est ce petit chef-d’œuvre, si cruellement plaisant et si déshonorant pour ceux contre lesquels il est écrit, et qu’il a intitulé : Le Rhum et la Guillotine. […] Suleau, qui, au 10 Août, sortait de sa maison et des bras d’une jeune femme épousée par amour pour aller simplement se faire tuer aux Tuileries, et qui fut assassiné en chemin, est l’auteur d’un fier écrit adressé à Louis XVI sur « les crimes de ses vertus ».
Is écrivent tous les deux depuis longtemps à la Revue des Deux-Mondes. […] Saint-René Taillandier, qui écrit cela, soit un ennemi du christianisme. […] Il écrit comme on écrit dans cette maison-là, avec la gravité pesante, grise et uniforme qui n’y distingue personne. […] Quand on a lu ce triste et traître morceau, impossible de se méprendre sur l’incurable faiblesse d’esprit d’un homme qui a osé écrire au front de son livre les mots d’histoire et de philosophie religieuse et qui, précisément dans ces deux grands ordres d’idées, ne procède que par sophismes vulgaires et a démontré qu’il n’y avait en lui que la pauvreté de l’erreur. […] Saint-René Taillandier n’est pas le plus mauvais écrivain du groupe littéraire dont il fait partie, de ce groupe obscur, sans couleur, sans sonorité, de peu de nerf, qui s’en va laissant sa critique sur les écrits contemporains et qu’on pourrait appeler très bien « les colimaçons de la littérature », car ils portent aussi leur maison sur le dos et ils la traînent partout, comme les écrivains de la Revue des Deux-Mondes, qui ne sont jamais nulle part que des écrivains de la Revue des Deux-Mondes !
Radical d’un radicalisme absolu, mais à l’antipode de toutes les idées de celui qui écrit ces lignes et qui est peut-être un radical aussi à sa façon, Ranc a commencé, comme la plupart d’entre nous, par le journalisme, cette improvisation au jour le jour qui est en train de tuer et de remplacer la littérature. […] On ne le discuta point, on ne l’entrava point, on ne le nia point, et tout de suite il fut classé comme écrivain ; et, sans avoir beaucoup écrit, accepté sur le pied de sa valeur propre. […] Et quoique Ranc, toujours plume de guerre, ait choisi Le Roman d’une conspiration pour l’écrire, sont-elles suffisantes pour écrire, non pas comme une histoire, mais comme un roman, cette chose qui est toujours un peu militaire : — une conspiration ? […] Lui, penser sincèrement à écrire un roman ? […] Le voilà, avec son talent, il est vrai, mais ce n’est pas là le talent qu’il faudrait, et c’est même à se demander quelquefois si Ranc, en écrivant l’Histoire (l’écrira-t-il plus tard ?
Les hérésies naissaient de toutes parts ; on disputait, on écrivait, on cabalait, on séduisait les favoris, les eunuques et les femmes. […] Au reste, dans sa manière d’écrire, il ressemble plus à Sénèque et à Pline, qu’à Cicéron ; quelquefois même il a des tours et un peu de la manière de Tacite : ses expressions ont alors quelque chose de hardi, de vague et de profond qui ne déplaît pas. […] On le voit exerçant la main de ses fils, encore jeunes, à écrire les grâces qu’il accordait aux criminels : on le voit ouvrant les prisons, et se plaignant au ciel de ce qu’il ne peut ouvrir les tombeaux. […] En le nommant à la seconde place de l’empire, il lui écrivit : j’acquitte ce que je dois, et je dois encore ce que j’acquitte. […] Quelques critiques ont pensé que ce panégyrique n’avait été écrit qu’après la défaite du tyran Eugène.
À Daudet : Dickens a du génie, mais il écrit mal. […] mais qu’on regarde ce qu’ont écrit, le peu qu’ont écrit, MM. […] Ni une façon spéciale de tortiller le verbe écrit ! […] Il a donc toujours écrit où il a voulu, lui ? […] Il a écrit des pantomimes pour le théâtre.
Il n’a pu être écrit qu’à la date d’une civilisation très avancée, à l’arrière-saison d’une société factice qui avait tout analysé, qui avait raffiné sur les passions et qui, même en les poursuivant, s’en lassait vite et s’en ennuyait. L’homme qui a écrit Adolphe, Benjamin Constant, ce produit le plus distingué de la Suisse française, cet élégant musqué du Directoire, ce tribun parisien croisé d’Allemand, était une des natures les plus compliquées et les plus subtiles qui se pussent voir. […] Lord Byron, jugeant Adolphe au moment où il parut, en 1816, écrivait dans une lettre à un ami : J’ai lu l’Adolphe de Benjamin Constant, et sa préface niant les gens positifs. […] Le livre d’Adolphe avait paru, depuis quelques mois, à Paris, que Sismondi ne le connaissait pas encore ; il était alors en Italie, et il écrivait à son amie de Florence, la comtesse d’Albany, le 9 septembre 1816 : Il n’y a point de livre, Madame, que je désire voir comme le roman de M. de Constant ; il y a fort longtemps que j’en entends parler, même plus de deux ans avant qu’il ait songé à l’imprimer, et quoiqu’il l’ait lu à une moitié de Paris, quoique nous y ayons beaucoup vécu dans la même société, et que je lui sois réellement fort attaché, je n’ai jamais été d’aucune de ces lectures. […] Après avoir reçu le livre, il écrivait à Mme d’Albany, le 14 octobre 1816, — et cette lettre est devenue désormais le jugement et le commentaire inséparables d’Adolphe : … J’ai profité du retard pour lire deux fois Adolphe ; vous trouverez que c’est beaucoup pour un ouvrage dont vous faites assez peu de cas, et dans lequel, à la vérité, on ne prend d’intérêt bien vif à personne.
Aurélien Scholl, après s’être extasié sur le Dernier jour d’un condamné, qu’il n’a certainement pas relu pour la circonstance, estime que Victor Hugo a droit à des hommages spéciaux pour avoir écrit les Châtiments. […] Je ne ferai pas remarquer que les Odes et Ballades et même les Orientales, écrites après les Méditations, ont beaucoup plus vieilli, et qu’avant la Légende des Siècles nous avions les poèmes de Vigny et ce bizarre et çà et là sublime poème de la Chute d’un Ange. […] Rappellerai-je que ce roi de l’élégie amoureuse et religieuse est aussi le poète de la Marseillaise de la paix, des Révolutions, des Fragments du livre antique ; que nul n’a plus aimé les hommes, ni annoncé avec une éloquence plus impétueuse l’Evangile des temps nouveaux ; qu’il a fait Jocelyn, cette épopée du sacrifice et le seul grand poème moderne que nous ayons ; que nul n’a exprimé comme lui la conception idéaliste de l’univers et de la destinée, et qu’enfin c’est dans Harold, dans Jocelyn et dans la Chute d’un Ange que se trouvent les plus beaux morceaux de poésie philosophique qui aient été écrits dans notre langue ? Mais ce grand poète concevait quelque chose de plus grand que d’écrire des vers, et c’est pour cela peut-être que les siens sont beaux d’une beauté unique. […] Il écrit l’Histoire des Girondins, renverse un trône, gouverne la France pendant quatre mois — puis rentre dans l’ombre.
Quoique cet Auteur ait déshonoré sa plume par le mensonge & par les personnalités, depuis les dernieres éditions de notre Ouvrage ; quoique, par un raffinement de vanité, il nous ait fait un reproche d’avoir loué ses Ecrits : nous croyons devoir répéter le jugement que nous en avions d’abord porté, en nous réservant d’ajouter ensuite les observations que les égaremens dans lesquels il est tombé depuis, exigent de notre impartialité. […] Ses petites Lettres sur de grands Philosophes, ses Lettres à M. de Voltaire, ses Mémoires Littéraires surtout, sont d’une tournure, d’une vivacité, d’une raison qui le placent, avec distinction, parmi ceux qui ont le vrai talent d’écrire. […] Le moyen d’estimer en effet un Auteur qui s’estime assez peu lui-même pour écrire indifféremment le pour & le contre ; qui n’est ni pour Baal, ni pour le Dieu d’Israël ; qui combat les Philosophes, & qui se déchaîne avec fureur contre leurs adversaires ; qui proscrit les Drames, & fait le panégyrique des Dramaturges ; qui s’érige en vengeur de la Religion & des mœurs, & qui loue la Pucelle & fait l’apologie des Romans de Crébillon ; un Auteur qui s’éleve contre le charlatanisme philosophique, & qui ne cesse de parler de lui-même, & qui se loue tantôt sous le masque d’Editeur, tantôt à visage découvert, & qui recueille & qui fait religieusement imprimer tous les Vers, tous les petits Billets où l’on dit quelque bien de lui ; un Auteur enfin qui mendie bassement des éloges, & qui se déchaîne ensuite contre ceux qui l’ont le plus loué, croyant, par cette odieuse manœuvre, donner du poids à la louange, & persuader qu’il ne l’a point sollicitée ! […] Palissot avoit lu & relu l’Article qui lui étoit destiné, & qu’il nous en remercia, en nous faisant toutefois observer que nous avions tort de ne pas trouver de la gaieté dans son Poëme de la Dunciade ; nous ne citerons pas non plus d’autres faits qui prouvent que ce n’est point malgré lui que nous avons loué ses Productions, parce que le témoin de ces faits est un Homme de Lettres d’Italie qui n’habite plus en France ; mais nous citerons la lettre que nous écrivit M. […] Et puis allez, trop crédules Lecteurs, Juger, par leurs Ecrits, de l’ame des Auteurs !
Je crois même à propos de remettre ce que j’ai à dire concernant l’usage que les anciens faisoient de leurs instrumens pour soustenir par un accompagnement les acteurs qui déclamoient, à l’endroit de cet ouvrage où je traiterai de l’execution de la déclamation composée et écrite en notes. […] Nous avons observé déja dans le premier volume de cet ouvrage que les symphonies étoient susceptibles, ainsi que le sont les chants musicaux composez sur des paroles d’un caractere particulier qui rende ces symphonies capables de nous affecter diversement en nous inspirant tantôt de la gayeté, tantôt de la tristesse, tantôt une ardeur martiale et tantôt des sentimens de dévotion : le son des instrumens, écrit Quintilien, l’auteur le plus capable de rendre compte du gout de l’antiquité, nous affecte, et bien qu’il ne nous fasse pas entendre aucun mot, il ne laisse point de nous inspirer divers sentimens. […] Pour revenir à la guerison de quelques maladies par la musique ; les memoires de l’academie des sciences qui ne sont point écrits par des personnes qui croïent legerement, font mention sur l’année mil sept cens deux et sur l’année mil sept cens sept, de guerisons operées recemment par la vertu de la musique. […] On peut donc lire à ce sujet le recueil de plusieurs auteurs anciens qui ont écrit sur la musique, publié et commenté par le premier, et le livre de tibiisveterum, écrit par le Gaspard Bartholin.
Quel eût été le caractère d’une épopée écrite par Béranger ? […] Il ne demande grâce ni pour la gaieté quelque peu irrévérencieuse des refrains écrits dans sa jeunesse, ni pour la tristesse austère des couplets écrits dans un âge plus mûr. […] Au bout de seize heures il avait écrit six cents vers. […] Or, s’il refusait d’écrire ces deux billets, la pièce s’arrêterait. […] A-t-il écrit, depuis onze ans, une comédie ou une tragédie ?
Il écrivait sur ce qui lui plaisait. […] Une autre dame écrivit sur son petit papier : « l’ouvrage est mal écrite ». […] Je n’ai plus eu qu’à l’écrire. […] journaliste, puisqu’il savait écrire ? […] c’est beaucoup mieux écrit !
Bussi Rabutin écrit correctement ; mais c’est tout. […] On a fait un grand nombre de recueils de Lettres, pour former le style de ceux qui veulent en écrire. […] On n’a jamais écrit plus platement & plus maussadement. […] Il faudroit pour un pareil livre, non un compilateur, mais un homme qui écrivît parfaitement dans le genre épistolaire, & qui composât lui-même toutes les Lettres avec le soin qu’un pareil travail demande.