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1072. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Nous touchons ici à un défaut essentiel dans l’éducation de M. de Lamartine, à une erreur de cette mère excellente qui, nourrie de Jean-Jacques et de Bernardin dont elle associait les systèmes avec ses croyances, ne voulut élever son fils qu’à l’aide du sentiment.

1073. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

C’est le commerce qui s’effarouche des systèmes ; c’est le marchand qui veut vendre ; c’est la rue qui effraie le comptoir ; c’est la boutique armée qui se défend.

1074. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Attendez, mon ami : peut-être que ce qui suit donnera quelque vraisemblance à des idées qui ne vous ont amusé jusqu’à présent que comme un rêve agréable, que comme un système ingénieux.

1075. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Système de Logique, 11, 478.

1076. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Mais il n’en est pas ainsi de tout ; il n’en est pas ainsi des institutions, des systèmes, de toutes ces choses grandement abstraites, sorties de l’homme une fois et allant par elles-mêmes depuis, détachées qu’elles sont de sa personnalité sensible, immédiate et vivante.

1077. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Il faut changer quelques institutions     « Tout bon esprit ne sait-il pas que notre système d’héritage est néfaste ?

1078. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Parcourez tous les états d’Italie ; est-ce à Venise, dont l’aristocratie sévère est fondée sur la crainte ; où la politique inquiète et soupçonneuse marche quelquefois dans la nuit entre des inquisiteurs d’état et des bourreaux ; où tout est couvert d’un voile ; où le gouvernement est muet comme l’obéissance ; où la barrière qui sépare la noblesse et le peuple défend aux talents de s’élever ; où le plaisir même est un instrument de politique ; où, par système, on a substitué à la liberté qui élève les âmes, la licence qui les amollit ; Venise, où tout ce qui serait grand serait suspect ; où enfin le caractère de tous les principes de gouvernement est d’être immobile et calme, et où, depuis des siècles, tout tend à la conservation et à la paix, rien à l’agrandissement et à la gloire ?

1079. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Que de fois, en présence de ce système, de sa propagande meurtrière et de la littérature gangrenée qu’elle nous donnait, n’avons-nous pas eu envie de nous écrier : Un chrétien n’a-t-il pas un cœur ? […] Ce ne sont là, après tout, que des peccadilles, les abus d’un mauvais système ; mais on éprouve une impression plus pénible et plus irritante, lorsque ces femmes, dont l’invention et le monopole appartiennent, Dieu merci ! […] C’est encore et toujours du système, dès lors ce n’est plus du paysage ; c’est du druidisme, dès lors ce n’est plus de la poésie. […] Et, pour prouver qu’elle ne balbutie pas et qu’elle sait ce qu’elle dit, le spectre développe son système. […] Eh bien, M. de Lamartine, si supérieur à tous ces professeurs de parade autobiographique, si noble encore d’intelligence et de cœur en dépit de ses défaillances, a le tort, soit qu’il parle de lui, soit qu’il parle des autres, de prêter l’autorité de son nom et de son génie à ce système d’assurance mutuelle contre la vérité.

1080. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

M. de Balzac père, qui tenait à la fois de Montaigne, de Rabelais et de l’oncle Toby, par sa philosophie, son originalité et sa bonté (c’est madame de Surville qui parle), avait un peu meilleure opinion de son fils, d’après certains systèmes génésiaques qu’il s’était faits et d’où il résultait qu’un enfant procréé par lui ne pouvait être un sot ; toutefois il ne soupçonnait nullement le futur grand homme. […] On ne saurait s’imaginer aujourd’hui, après tant de révolutions, d’écroulements et de vicissitudes dans les choses humaines, après tant de systèmes littéraires essayés et tombés en oubli, tant d’excès de pensée et de langage, l’enivrement universel produit par les Méditations. […] Désormais le théâtre appartient aux habiletés secondaires, aux photographies du réalisme, aux sophismes des systèmes ; la poésie en est chassée, à moins que l’avenir ne tienne en réserve quelque Shakespeare inconnu, ce que nous souhaitons de tout notre cœur. […] Ces deux maîtres, hommes de talent et surtout habiles professeurs, ne devaient pas avoir une grande action sur leur élève, déjà préoccupé d’un autre système et poussé par un sentiment invincible à la reproduction exacte de la nature. […] L’imagination est effrayée du travail qu’exige un pareil système.

1081. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Le réalisme est un système qui astreint l’art à reproduire la réalité sensible telle que l’expérience la fait connaître. […] C’est la tendance des naturalistes de la Renaissance, des Anglais, des Hollandais, des Espagnols ; c’est le système de Flaubert et de son école, qu’il faut s’habituer à distinguer de celle de M.  […] Toutefois ce n’était pas la peine de faire une révolution contre le système trop étroit de la tragédie pour n’employer comme elle qu’un seul ressort. […]   Chez les réalistes didactiques, même haine inspirée par l’esprit de système et par des antipathies qui s’y ajoutent. […] Par malheur, son système l’a conduit souvent plus loin que son génie.

1082. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

L’originalité des propositions de Ghil ne se limite pas, toutefois, à l’instrumentation en tant que telle, mais elle tient au système dans lequel bientôt elles prennent place. […] René Ghil par son très complet système  l’Instrumentation poétique). […] On remarquera, en tous cas, qu’il s’agit ici d’un Système nettement défini  et c’est là, nous n’en pouvons douter, ce qui a éloigné peu à peu les poètes de M.  […]   (Faisant exception de nouveau pour quelques-uns de cette Ecole dont nous parlerons, et surtout pour Francis Vielé-Griffin). « Mais, avoue Mauclair, Mallarmé n’a pour ainsi dire rien publié conformément à son Système. Les quelques sonnets qu’il donnait de loin en loin sont des essais. »  Or, du « Système » dont parle Mauclair, les principes se trouveraient inclus dans le recueil d’articles des Divagations, et en ce qu’il nous dit lui-même de l’Œuvre rêvée de Mallarmé : sorte de grand et multiple Drame comme moderne ment sacré, alliant la mimique, la danse, la musique, et le poème dramatique.

1083. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Cantacuzène, du principal ouvrage de Schopenhauer : le Monde comme volonté et comme représentation, nous en prenions prétexte pour justifier le philosophe de quelques imputations ridicules, et pour dégager du fond de son système ce qu’il nous paraissait contenir d’essentiel, de plus original, et de vraiment durable. […] Mais un poète savant la pouvait seule trouver, je veux dire un poète qui connût, qui sentît autrement que par un ouï-dire de ouï-dire la beauté du système du monde et la simplicité des lois de la gravitation. […] En revanche, il est vrai que les Charles de Bernard, les Aloysius Bertrand, et les Augustus Mac-Keat n’ont eu ni « systèmes », ni « théories », ni « principes ». […] Mais peut-être qu’il n’était pas indispensable, pour parler des frères de Goncourt, d’ébaucher une théorie générale de la sensibilité dans la production artistique, ou, pour louer convenablement les Poèmes antiques et les Poèmes barbares, d’exposer en quelques pages le système général de la métaphysique indoue. […] Ce sera tant pis pour M. de Goncourt, si nous trouvons, comme je le crains, qu’au fond de ce système il y a peut-être moins de nouveauté que d’impuissance ; plus de naïveté que de hardiesse ; et beaucoup moins enfin d’originalité que d’ignorance ou de méconnaissance des lois, des conditions, et de la nature du théâtre.

1084. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Le Gongorisme ne suffit plus, il n’admet la bizarrerie que dans l’expression, et se laisse entendre ; l’art sera de trouver un système où la pensée sera voilée par les mots. […] Sérafi, le plus marquant peut-être des imitateurs d’Ausias March, avait adopté le système de métrique et les genres des écoles de Castille. […] Émile Zola, prononça une oraison funèbre du système auquel succède le sien, qui tenait plus de l’éreintement que de l’apologie. […] Laissons le temps faire son œuvre, les systèmes philosophiques de notre siècle rentrer dans la poussière, dont ils étaient dignes de ne sortir jamais, et le Naturalisme, formule passagère et transitoire, fera certainement place au système du vrai qui est et ne peut être qu’un composite. […] À quoi bon, dira-t-on, ce système nouveau hérissé de difficultés qui crée « un vers plan, monotone ? 

1085. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Le génie et le système dramatique de Corneille ; — et de ne consulter sur ce point qu’avec beaucoup de précautions ses Discours et ses Examens ; — parce qu’ils ne sont qu’à peine et indirectement dogmatiques et explicatifs, mais plutôt justificatifs et polémiques ; — l’abbé d’Aubignac et sa Pratique du théâtre [Cf.  […] Les Premiers Jansénistes, p. 154 et suiv.]. — Progrès croissants du parti sous la Fronde. — Alliance du jansénisme et du gallicanisme. — Un jugement de Ranke sur le jansénisme : « Pendant que les Jésuites entassaient de l’érudition dans d’énormes in-folio, ou se perdaient dans le labyrinthe des systèmes scolastiques sur la morale et sur le dogme, les jansénistes s’adressaient à la nation » [Histoire de la papauté, trad. française, t.  […] De la valeur des Maximes, et qu’on l’a étrangement surfaite. — La Rochefoucauld a-t-il un système ou seulement une « doctrine » ? […] De la psychologie et de l’art de Racine ; — et avant tout qu’ils ne font qu’un ; — comme le « système dramatique » de Corneille et la « qualité de son imagination ». — La peinture des caractères, objet principal de Racine [Cf.  […] VIII. — Les Doutes sur le système des causes occasionnelles ; — les Lettres galantes du chevalier d’Her… ; — et les Lettres de Fontenelle.

1086. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Il expose son système de la liberté illimitée de la presse, avec une verve froide, une ténacité humoristique, un sang-froid vraiment curieux dans la riposte. Avec son système, il affirme tuer, et l’affirmation me semble juste, deux partis sur trois dans l’opposition : les journaux légitimistes sombrant dans le nombre des feuilles paraissant, et l’orléanisme mourant de ce qu’il n’a plus rien à demander ; — l’orléanisme auquel il porte par là-dessus un coup tout à fait mortel, en faisant racheter par le gouvernement les charges de notaires, d’avoués, d’agents de change, et de toutes ces fonctions privilégiées, faisant des charges libres et accessibles à toute la jeunesse, qui est le grand appoint du parti. […] * * * — Quand la nature veut faire la volonté chez un homme, elle lui donne le tempérament de la volonté : elle le fait bilieux, elle l’arme de la dent, de l’estomac, de l’appareil dévorant de la nutrition, qui ne laisse pas chômer un instant l’activité de la machine ; et sur cette prédominance du système nutritif, elle bâtit au dedans de cet homme un positivisme inébranlable aux secousses d’imagination du nerveux, aux chocs de la passion du sanguin.

1087. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Il y avait de la simplicité dans son génie, et de la divinité au moins dans son système. […] Il m’aima à cause de mon désintéressement des systèmes et de mon isolement des factions. […] Depuis cette halte, nous sommes restés amis en dépit des systèmes, des opinions, des révolutions, des politiques diverses.

1088. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Mais c’est surtout à l’occasion de la Bible que leurs systèmes, aussi nombreux qu’arbitraires, se sont heurtés les uns les autres, et qu’après avoir vainement tenté de les concilier sous la loi d’une indifférence voisine du scepticisme, ils ont dû reconnaître que leur érudition avait plutôt embrouillé ce qu’elle s’était flattée d’éclaircir. […] Mais s’il n’y a rien de plus juste, ils feraient bien de considérer qu’un système de pénalités, quelle qu’en soit la force, ne suffira jamais à sauver les nations : vint nullarn pœnarum futuram tantam qitæ conservare respublicas sola possit . « La crainte, comme l’enseigne excellemment saint Thomas, est un fondement infirme. » Vienne l’occasion qui permet d’espérer l’impunité, ceux que la crainte seule a soumis se soulèveront avec d’autant plus de passion contre leurs chefs que la terreur les avait jusque-là contenus avec plus de violence. […] Si la civilisation, comme nous le disions, n’est qu’une « rencontre » de forces qui doivent « se composer » ensemble pour se faire équilibre, nous dirons maintenant qu’il n’en faut méconnaître, ni vouloir expulser aucune du « système » dont elle fait comme les autres une partie nécessaire.

1089. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Nous n’exigerions pas aujourd’hui, ou qu’un orateur pût parler de tout comme le voulait Cicéron, ou qu’un Newton, expliquant le système du monde, le chantât sur la lyre philosophique de Platon. […] Un système n’intéresse guère le commun des hommes que par les conséquences morales et pratiques qu’ils en tirent ; malheur à qui leur fournit, fût-ce sans le vouloir, un prétexte pour fermer l’oreille au cri de leur conscience et lâcher la bride à leurs désirs ! […] Comme certains poëtes, il ne s’est pas, d’après un système, modelé un type auquel il fallait rester fidèle sous peine de contradiction et d’inconséquence. […] La rumeur de la rue étourdissait la rêverie ; la politique, les systèmes, les utopies occupaient et passionnaient les imaginations, et les poëtes se taisaient, sachant qu’ils auraient chanté pour des sourds. […] Peut-être Leconte de Lisle pousse-t-il la logique de son système trop loin lorsqu’il appelle les parques les moires, les destinées les kères, le ciel ouranos.

1090. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Furieux de trouver la nature en opposition avec leur système platonique de société, ils ont perdu la tête et ils ont fait le coup d’État contre la nature. […] Une loi qui supprime la peine de mort, quand la société aura rendu cette suppression sans danger pour elle, par un système organisé de colonisation pénale qui sépare l’écume de l’eau sur un écueil de l’Océan lointain, qui sépare le criminel de la société autant que le tranchant de la hache sépare la tête du tronc sur l’échafaud ; Enfin une loi qui constitue sérieusement la liberté d’adorer Dieu selon sa raison ou sa tradition, c’est-à-dire la liberté du ciel.

1091. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Il n’a pas construit de système, mais il a disposé dans ses romans, ses drames, ses poèmes, son Journal intime, toutes les pièces d’un système original et triste.

1092. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

D’abord parce que nous n’avons aucune idée d’un rôle spécial imposé à l’humanité dans un système qui la dépasse suffisamment, et puis, et surtout parce que l’homme n’est pas un être simple et que ses « devoirs » en tant qu’individu égoïste contredisent sa fonction d’être social. […] Les circonstances qui nous font citoyen d’un pays, membre d’une famille, qui nous font naître catholique ou musulman, riche ou pauvre, vigoureux ou faible, enfin notre choix même sur un certain nombre de points, viendront ensuite compléter, préciser et développer ce premier système d’obligations.

1093. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Pour l’humanité, et en dehors de tout système philosophique, la liberté a toujours été l’indépendance sous certains rapports. […] IV Réalisation progressive de l’idée de liberté — Ses moyens Dans l’idée de liberté psychologique et morale, telle que la conçoit la conscience de l’humanité, non telle que l’imaginent les auteurs de systèmes, quels sont les éléments réalisables selon les lois psychologiques et physiologiques établies par la science ?

1094. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

La critique scientifique — Analyse sociologique I Théorie de l’analyse sociologique ; le système de M.  […] Les Principes de biologie, deuxième volet du grand système évolutionniste spencerien, à côté des Principes de psychologie (1855), et des Principes de sociologie (1875), furent publiées en 1864.

1095. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

En rassemblant ces divers faits un peu disparates, j’ai senti plus d’une fois combien le caractère d’un homme est compliqué, et avec quel soin on doit éviter, si l’on veut être vrai, de le simplifier par système.

1096. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Voulant embrasser les Pyrénées dans leur ordonnance et dans leur ensemble, en bien comprendre le système de formation et les lois, Ramond croit devoir les attaquer d’abord par leur centre, du côté de Bagnères-de-Bigorre et de la vallée de Campan ; il pense que s’il monte avant tout au sommet du pic du Midi, il pourra de là, comme du haut d’un observatoire, débrouiller le chaos des montagnes centrales, se fixer sur celles qu’il lui importe de visiter, et se tracer un plan de campagne et d’invasion qui le mettra à même d’asseoir ensuite des comparaisons étendues avec la partie correspondante des Alpes.

1097. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Il avait eu de tout temps le premier mouvement terrible, il érigea en système cette terreur : Ce n’est pas comme aux guerres étrangères, remarque-t-il, où on combat comme pour l’amour et l’honneur : mais aux civiles, il faut être ou maître ou valet, vu qu’on demeure sous même toit ; et ainsi il faut venir à la rigueur et à la cruauté : autrement la friandise du gain est telle, qu’on désire plutôt la continuation de la guerre que la fin.

1098. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Je sais des hommes d’étude et de lecture approfondie qui placent Fleury très haut, plus haut qu’on n’est accoutumé à le faire aujourd’hui, qui le mettent en tête du second 265 rang ; ils disent « que ce n’est sans doute qu’un écrivain estimable et du second ordre, mais que c’est un esprit de première qualité ; que ses Mœurs des israélites et des chrétiens sont un livre à peu près classique ; que son Traité du choix et de la méthode des études, dans un cadre resserré, est plein de vues originales, et très supérieur en cela à l’ouvrage plus volumineux de Rollin ; que son Histoire du droit français, son traité du Droit public de France, renferment tout ce qu’on sait de certain sur les origines féodales, et à peu près tout ce qu’il y a de vrai dans certains chapitres des plus célèbres historiens modernes, qui n’y ont mis en sus que leurs systèmes et se sont bien gardés de le citer ; que Fleury est un des écrivains français qui ont le mieux connu le Moyen Âge, bien que peut être, par amour de l’Antiquité, il l’ait un peu trop déprécié ; que cet ensemble d’écrits marqués au coin du bon sens et où tout est bien distribué, bien présenté, d’un style pur et irréprochable, sans une trace de mauvais goût, sans un seul paradoxe, atteste bien aussi la supériorité de celui qui les a conçus. » Pour moi, c’est plutôt la preuve d’un esprit très sain.

1099. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Mme Récamier, le voyant, depuis sa rentrée aux affaires et son triomphe de la guerre d’Espagne, plus ardent, plus exalté et enivré que jamais, moins maniable probablement dans l’intimité, prit le parti d’aller à Rome, sur la fin de 1823 : dans son système d’amitié constante, mais d’amitié pure et non orageuse, elle jugea prudent, à cette heure critique, de s’éloigner pendant un certain temps, et de lui laisser jeter, avec ses fumées de victoire, ses derniers feux, — Mme Cornuel aurait dit, sa dernière gourme de jeunesse62.

1100. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Âme robuste, entière, non usée de père en fils par l’élégance et la politesse des salons, intelligence brusque et absolue, non assouplie par la critique, non rompue aux systèmes, d’une sensibilité profonde et d’un grand besoin de tendresse au milieu de certaines grossièretés de nature, il fut atteint et renversé en même temps, retourné tout d’une pièce ; le fier Sicambre s’agenouilla : il se fit du même coup chrétien, catholique, ultramontain.

1101. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Par exemple il voudrait qu’il n’y eût qu’une seule Coutume, un seul Code civil pour toute la France, un seul système de Poids et mesures.

1102. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Qu’est-ce, auprès de ces systèmes profonds, rigoureux, enchaînés, et d’une vérité éternelle, qui occupent la pensée d’un Newton ou d’un Laplace, que nos faibles observations passagères, nos remarques d’esprits fins et légers, sans suite, où le fil casse à chaque instant, nos aperçus rapides et fugitifs, ce que nous appelons traits d’esprit, saillies, reflets, étincelles aussitôt nées, aussitôt évanouies ?

1103. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Je continuerai cette analyse de Salammbô, et j’y ajouterai un jugement et quelques doutes sur le système embrassé par l’auteur, et que tout son talent et tout son effort, également visibles, n’ont pu me faire accepter.

1104. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Mais s’est-il débarrassé de ce qui était but et système à l’origine ?

1105. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

L’ignorance où l’on était de la géographie et du vrai système du monde eût seule suffi pour envelopper l’homme de ténèbres et pour tempérer la plus hardie curiosité par un certain effroi de l’inconnu.

1106. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

La plus proche de ces sciences est la physiologie, surtout la physiologie du système nerveux.

1107. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Viennet, ce système eût peut-être réussi, et nous ne serions pas obligés de déplorer aujourd’hui qu’il n’ait pas craint de paraître devant Dieu, sans s’être préalablement muni des sacrements de l’impérialisme.

1108. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Les poètes, en retour, rejettent sa tutelle intolérante et son système d’entraves et de restrictions prudentes.

1109. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Il serait prématuré de viser à construire un système complet que l’avenir pourrait renverser ; il est sage de s’en tenir à quelques résultats généraux, mais certains, dont les travaux des historiens et des philosophes accroîtront peu à peu le nombre et la précision.

1110. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Le système des facultés n’explique rien, puisque chacune d’elles n’est qu’un flatus vocis qui ne vaut que par les phénomènes qu’il renferme, et ne signifie rien de plus que ces phénomènes.

1111. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Voltaire, le grand moqueur, dans sa jolie pièce des Systèmes, où il parodie toutes les écoles de philosophie et les amène à comparaître devant le Trône suprême, ne manque pas de mettre ce fameux argument dans la bouche de Descartes, s’adressant à Dieu : Voici mon argument, qui me semble invincible : Pour être, c’est assez que vous soyez possible.

1112. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

Un animal, sous l’influence des forces de tension accumulées dans son système nerveux, fait des mouvements en tous sens, sans aucune espèce de but : il éprouve un sentiment d’aise, de plaisir même : le résultat sera la continuation de mouvements semblables, généraux et mêlés ensemble, non intentionnels.

1113. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

Ce n’est pas seulement, comme on l’a dit parfois, l’association des idées qui produit le moi : c’est la permanence du même organisme, du même système cérébral, avec les affections obscures qui en résultent continuellement.

1114. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

.) — Cette érudition de Diderot à propos du système d’enseignement en Allemagne ne doit pas trop étonner.

1115. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Hédouin, avait le projet d’écrire ses Mémoires « d’une manière plus ingénieuse et plus systématique que dans Tristram Shandy », et, quoique nous connaissions trop la nature de l’esprit de Sterne pour croire qu’il voulût chausser au pied rose et aérien de sa Fantaisie, de sa libre et vagabonde Fancy, l’affreux sabot d’un système quelconque, nous ne répugnons nullement à admettre qu’il eut l’idée de ces Mémoires ; car très certainement un homme comme lui, un observateur de sa merveilleuse supériorité, qui voyait dans l’âme et dans la vie tant de nuances encore lorsque les autres hommes n’y voyaient plus rien, ne s’était pas épuisé dans le Tristram et le Voyage sentimental.

1116. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Quand il veut faire travailler à Pauline La logique de Condillac, lui faire apprendre par coeur L’art poétique de Boileau, dont il dira ensuite pis que pendre, ses conseils partent évidemment d’un fonds moins important, moins vraiment stendhalien que lorsqu’il veut lui faire prendre, en 1805, l’habitude d’analyser les personnes qui l’entourent (« l’étude est désagréable, mais c’est en disséquant des malades que le médecin apprend à sauver cette beauté touchante ») ou lorsqu’il contracte dans ses premières relations montaines l’aptitude à traduire par une algèbre psychologique les valeurs les unes dans les autres (" notre regard d’aigle voit, dans un butor de Paris, de combien de degrés il aurait été plus butor en province, et, dans un esprit de province, de combien de degrés il vaudrait mieux à Paris. " ) c’est à cette époque que Stendhal s’accoutume (héritier ici de Montesquieu qui ne paraît point, je crois, dans ses lectures) à rattacher instantanément un trait sentimental à un état social, à mettre en rapport par une vue rapide le système politique d’un pays avec ses façons de sentir.

1117. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Qui croirait au premier coup d’œil, que les découvertes, les inventions utiles, les Arts méchaniques, les meilleurs systèmes politiques dépendent de la culture des belles Lettres ? […] s’il le faut, abandonnons ces plans présomptueux de l’Univers, ces rêves d’imagination, ces systèmes curieux & indéchiffrables, rentrons en nous-mêmes. […] On crie au plagiaire, comme si ce n’étoit pas à la suite de mille observations particulieres que l’homme de génie élève son système, ancien par les détails, nouveau par la structure ; comme si l’on pouvoit tout créer, comme si ce qui étoit & ce qu’on ne voyoit pas, n’étoit pas comme nul ; comme si une idée absolument neuve, ne seroit peut-être pas pour le genre humain une idée absolument inintelligible. […] Si le défaut de l’Ecrivain est dans le cœur, il dessechera d’une maniere triste la vérité & le sentiment ; il anéantira par sa froideur les élans de la sensibilité ; il appellera les ruses de l’esprit à la place des mouvemens de l’éloquence ; peut-être, s’abandonnant à des principes monstrueux, n’engendrera-t-il que des systèmes obscurs, désesperans ; effroi des cœurs vertueux & sensibles. […] Ce morceau-ci ne doit donc être considéré que comme l’avant-propos d’un ouvrage assez long, que je compte bientôt publier & qui aura pour titre : Examen Philosophique de quelques Pièces du Théàtre Français, Allemand, Anglois, Espagnol, avec les observations de plusieurs Ecrivains célèbres sur la nécessité de réformer le système actuel du Théâtre François.

1118. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

L’imperfection de la morale des Grecs, leur système social ne leur permettait pas d’élever la nature humaine à son plus haut degré de gloire ; leurs statues sont beaucoup plus nobles que leurs caractères dramatiques : leurs artistes ne savaient créer que les dieux physiques ; leur ciseau était plus sublime que leur plume : leurs héros tragiques sont des hommes ordinaires, toujours au niveau de leur situation, jamais au-dessus ; ils excitent la terreur et la pitié, jamais cette admiration qui fait couler de si douces larmes. […] » Mais dans notre ancien système galant l’amant n’était pas un ennemi ; c’était un esclave. […] Le cœur de Phèdre lui représentait tout le mécanisme du système, de Jansénius ; et c’est ce qui lui faisait trouver le rôle admirable. […] Le charme consiste dans la supposition que Phèdre, victime de la colère de Vénus, ne peut résister à sa passion : supposition qui, dans nos principes de morale, est absolument contraire à la liberté, et qui, même dans le système du paganisme, est évidemment fausse ; car si Vénus peut allumer dans le cœur de Phèdre une flamme criminelle, elle ne peut pas contraindre Phèdre à se déshonorer en se livrant à cette passion. […] De cette faiblesse que M. de La Harpe n’a jamais pu vaincre, même après son abjuration solennelle des nouveaux systèmes, il résulte que la partie du théâtre est manquée totalement dans son ouvrage.

1119. (1895) Hommes et livres

Il en est résulté une modification de la tragédie : des causes étrangères à la littérature introduites dans un système littéraire, et transformées en idées littéraires, ont produit une perturbation dans l’évolution d’un genre. […] Et ce n’est pas artifice, ni procédé : c’est passion chez lui, émotion intime qui déborde de toutes parts à travers le système. […] Cette théorie affleuré par endroit, presque aussitôt recouverte par d’autres systèmes. […] Au lieu d’en prendre occasion, comme d’autres l’auraient fait, pour construire un système, il s’est effacé derrière ses auteurs. […] Un peu de système n’aurait pas nui peut-être pour déterminer un choix parmi cette suite d’auteurs qu’on voit défiler dans le livre de M. 

1120. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

J’ajoute que cette méthode érudite est peut-être le moyen d’écrire des livres parfaitement ennuyeux : témoin Alexis Monteil et son Histoire des Français des divers états, précisément conçue dans ce système de « restitution » du passé. […] Mais si Molière et Racine ont accepté cette règle, s’ils l’ont subie sans se plaindre, ils avaient raison encore, parce que dans leur système dramatique le caractère décidait, engendrait, créait les situations. […] Le tout est de bien voir que leur système dramatique est le même, que les règles posées par Boileau n’en sont que la traduction didactique, et que, si Boileau, certainement, a tort d’y voir le seul système dramatique possible, il ne reste pas moins que ce système a produit des chefs-d’œuvre et que, pour en juger, il faut commencer par en connaître les lois. La différence est si profonde, le système de Racine et de Molière est si distinct du système de Corneille, que vers les dernières années du xviiie  siècle, quand les novateurs, menés par Diderot, essayeront de secouer la domination que le souvenir de Molière et de Racine exerce encore sur le théâtre français, la formule de Saint-Évremond deviendra leur mot d’ordre. […] « Je doute, lui écrivait-il, s’il y a un Voltaire dans le monde : j’ai fait un système pour nier son existence.

1121. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Sans doute jamais il n’a exposé un système ; un critique comme lui a peur des affirmations trop vastes et trop précises ; il craindrait de froisser la vérité en l’enfermant dans des formules. Mais on pourrait extraire de ses écrits un système complet. […] Il est l’œuvre d’un esprit éminemment philosophique, c’est-à-dire passionné pour les idées générales, habile à les enchaîner, à les ordonner en système, à suivre leurs conséquences jusque dans le détail minutieux et toute la technique d’un sujet. […] Sur la structure, la genèse, les fonctions, la coordination du système nerveux, sur la liaison de l’action nerveuse et des phénomènes mentaux, il a des vues originales et compréhensives, capables de provoquer chez les savants spéciaux des recherches spéciales. […] Que les inventeurs et les badauds acceptent le système ou le style, par amour-propre ou par niaiserie ; pour lui, il s’en défend, ou, s’il ne s’en est pas défendu, il s’en repent.

1122. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

De tous les éléments recueillis en vertu de notre système et de notre parti-pris, nous avons formé un tout que nous avons groupé sous le titre de Notices romantiques. […] Il y a dans tout groupe une individualité pivotale, autour de laquelle les autres s’implantent et gravitent comme un système de planètes autour de leur astre. […] Selon lui, et il avait peut-être raison, pour s’assimiler complètement un idiome étranger, il fallait d’abord se baigner dans l’atmosphère du pays, renoncer à toute idée, à toute critique, se soumettre aveuglément au milieu, imiter autant que possible les indigènes par le geste, la tenue, la physionomie, se nourrir de leurs mets, s’abreuver de leurs boissons ; on voit d’ici tout le système. […] Il suffisait de jeter les yeux sur ce public pour se convaincre qu’il ne s’agissait pas là d’une représentation ordinaire ; que deux systèmes, deux partis, deux armées, deux civilisations même, — ce n’est pas trop dire — étaient en présence, se haïssant cordialement, comme on se hait dans les haines littéraires, ne demandant que la bataille, et prêts-à fondre l’un sur l’autre. […] » Dans cette époque tout agitée de passions littéraires, de systèmes d’art et de nouveautés esthétiques, on parlait beaucoup, et Delacroix en fut un des causeurs les plus goûtés.

1123. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Ils s’acharnent à le rendre, cet infiniment petit, et, à s’acharner, à étudier le menu détail de leurs sensations, ils exaspèrent leur œil, comme les écrivains par l’exercice habituel de l’attention exaspèrent en eux le frémissement du système nerveux. […] Oui, heureux homme, pour qui les phénomènes du monde ne sont qu’un métal sur quoi frapper l’effigie de son système, — ou de ses systèmes, car, avec cela, il a la bonne fortune d’être inconséquent.‌ […] De l’esprit philosophique il a les deux traits spéciaux et caractéristiques : le goût passionné de concevoir les choses par idées générales, et la faculté de ramasser les faits épars en un système. […] Les conditions génératrices qui déterminent les âmes humaines ne sont pas, remarquons-le, dans le système de M.  […] Durant ces trois années, j’assistai à bien des pièces, sans m’y instruire beaucoup, J’y apportais trop d’idées préconçues, un système de théories psychologiques dont j’ai essayé depuis l’application dans la critique et le roman.

1124. (1888) Études sur le XIXe siècle

Au moment de cette polémique, Rossetti était déjà depuis longtemps fort souffrant, la santé minée et le système nerveux affaibli par un usage immodéré du chloral. […] En politique, le juste milieu lui semble « le système le plus apte à sauver la société des deux excès qui la menacent : l’anarchie et le despotisme ». Ce qu’il entend par juste milieu, ce n’est d’ailleurs pas un système particulier ou défini, c’est un art pratique qui « consiste à céder à la nécessité des temps tout ce que la raison peut trouver juste », et à lui refuser « ce qui n’a d’autre fondement que les clameurs des partis et la violence des passions anarchiques ». […] Certainement, l’expérience et l’étude ont dissipé bien des illusions de mon jeune âge, ou modéré l’exaltation de mes sentiments et fait concevoir une grande indulgence pour les opinions différant des miennes et pour les systèmes politiques qui ne sont pas conformes à mes principes. […] Sans être très vieux, j’ai été témoin de bien des évolutions opérées autour de moi, Fidèle au système du juste milieu, j’ai vu plus d’une personne passer devant moi allant de gauche à droite et de droite à gauche. » Cette modération d’esprit était chez Cavour une condition de pensée, un besoin ; il l’imposait à ceux qui l’approchaient ; il ne pouvait comprendre qu’on s’en écartât, et haïssait ou méprisait tout ce qui ressemblait à de l’exaltation : la révolution intransigeante et le patriotisme démagogique.

1125. (1911) Nos directions

Boileau, ne trouvant pas là matière à système, devait le dédaigner… Vous vous souvenez du mépris en lequel Lamartine tenait le fabuliste. […] … Mais il suffit de quelques concessions semblables pour infirmer, au regard du public, tout le système rythmique nouveau, et rétablir la notion vers aux dépens de la notion strophe. […] Oui, on prend acte de ces flottements, de ces chevauchements sur deux systèmes qui s’excluent, du cas particulier de M.  […] Ainsi le poème nous apparaîtra comme la forme nécessaire d’un système clos de pensées, à l’exclusion de toute cheville et de tout ornement. […] Je n’imagine point quel autre système on pourrait édifier sur les meilleurs exemples de nos plus grands novateurs.

1126. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Voltaire aussi était un homme de génie ; la meilleure preuve du génie, c’est l’empire qu’il exerce sur les hommes : là où s’est manifestée la puissance de saisir, d’émouvoir, de charmer tout un peuple, ce fait seul répond à tout ; le génie est là, quelques reproches qu’on puisse adresser au système dramatique ou au poëte. […] Je ne citerai qu’un exemple des effets de ce système ; il suffira pour les faire tous pressentir. […] Mais, quoi qu’il en soit, la différence des deux systèmes se révèle pleinement dans ce seul trait. […] Ceux qui lui ont reproché d’avoir ainsi altéré la simplicité de son action ont prononcé d’après leur système, sans prendre la peine d’examiner celui de l’auteur qu’ils critiquaient. […] Ceux qui admettent Titus Andronicus au nombre des véritables ouvrages de Shakspeare sont obligés de considérer celui-ci comme la première production de sa jeunesse ; mais Titus Andronicus n’est point un coup d’essai ; on y reconnaît une habitude, un système calculé de composition.

1127. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Les sensations que nous procure la rétine sont celles des différentes couleurs et des différents degrés du clair et de l’obscur ; en outre, comme elle est une gerbe serrée de filets nerveux distincts, chacun de ses filets, selon la règle générale du système nerveux, éveille, quand il est touché, une sensation distincte. […] Partant, l’étendue et la continuité des corps ne sont que des illusions ; et, de fait, les physiciens arrivent à concevoir les atomes, s’ils existent, comme séparés par des intervalles énormes, en sorte que, dans une surface qui nous paraît continue, le vide l’emporte de beaucoup sur le plein ; plus profondément encore, ils définissent le corps comme un système de points mathématiques par rapport auxquels les effets croissent ou décroissent selon la distance. — En tout cas, rien ne prouve que les corps soient véritablement étendus et continus ; à cet égard, notre assertion est entièrement gratuite. […] Vulpian, Leçons sur la physiologie du système nerveux, 287. 

1128. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Tous les faux systèmes tombèrent devant lui ; il ne déplaça pas l’intérêt de sa vie en nous formulant, comme on le fait aujourd’hui, un génie naissant sur un grand homme consommé arrivant du ciel ici-bas, avec un arsenal d’idées préconçues, comme si rien n’eût existé avant lui, et apportant comme un soleil de l’art une lumière incréée jusque-là à la terre. […] Le comique du rôle d’Arnolphe ne résulte donc ni de son amour ni de son âge ; il naît tout naturellement du faux système qui l’égare et qui le fait agir sans cesse contre ses plus chers intérêts. […] En un mot, l’opposition qui existe entre son véritable intérêt et l’intérêt de calcul et de système fait tout le brillant, tout le comique de ce rôle plein de verve et d’énergie.

1129. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Il aime peu la presse d’ailleurs, et si en 1847 on le voit n’augurer rien de bon du système politique ministériel qui continuait de prévaloir, ce n’est point qu’il penche du côté des journaux ; il s’exprime sur leur compte avec un dédain et une énergie de soldat : antipathie de milieu et de métier, plus encore que de nature. […] Grande révolution en Afrique : le maréchal Bugeaud se retire ; « fatigué de lutter contre des ministres qui repoussent ses idées et veulent faire prévaloir d’autres systèmes », il envoie sa démission, cette fois irrévocable.

1130. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

Ce ne sont pas seulement les corps disposés autour de la terre qui tendent à tomber sur elle : tous les corps de notre système solaire tendent à tomber l’un vers l’autre. […] Les chiffres romains I, II, II, V, X sont des dessins représentant un ou plusieurs doigts, une seule main, ou les deux mains. — Notre système de numération par dizaine a pour origine cette circonstance que nous avons dix doigts.

1131. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Je me sais d’autant meilleur gré d’y avoir travaillé que déjà mon exemple a eu la force d’inspirer à beaucoup d’autres l’envie d’apprendre et même d’écrire. » Trois philosophes de sectes différentes prennent part à l’entretien, développant chacun son système théologique. […] « Enfin, la connaissance des vrais biens et des vrais maux étant le fondement de toute la philosophie, j’ai épuisé ce sujet important dans cinq livres consacrés à faciliter l’intelligence de tout ce qu’on a dit pour et contre chaque système.

1132. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Ces choses sont le capital du monde entier, exploité par quelques-uns, nécessaire à tous, dans notre état de civilisation et dans notre système d’échange, qui nous rend à tous l’or monnayé aussi nécessaire que le pain. […] Qui ne sait que le capital monétaire de l’univers est en masses immenses au Mexique, au Pérou, dans la Sonora, et que les mines aujourd’hui enrichies par les eaux et rendues à leur productivité naturelle par un bon système d’épuisement mettront tout le capital or et argent de l’univers entre les mains des États-Unis maîtres des deux Amériques ?

1133. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Mais, comme c’est un homme d’un esprit transcendant en fait de révolution, il avait déjà pour système de faire le moins de mal possible, la nécessité du but admise. […] On crut pendant quelque temps en France que le meurtre du duc d’Enghien était le signal d’un nouveau système révolutionnaire, et que les échafauds allaient être relevés.

1134. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

En vertu du système ci-dessus indiqué, son drame devient alors la Jeunesse de Henri V. […] Quand un peuple est appelé à décider s’il doit s’engager dans une guerre, changer son système d’impôts, reviser sa Constitution légale, il ne songe guère à se passionner pour une pure question d’art, à discuter la propriété d’un mot ou le mérite d’une combinaison de rimes.

1135. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Ainsi rêvait le jeune artiste à instaurer un art collectif ; les traditions du Rheingold se suivaient en la Walküre, ce beau mélodrame de cape et d’épée et de méthaphysique ; dans Siegfried, elles se continuaient ; mais sans doute que déjà l’hésitation avait pris son esprit mieux expérimenté ; arrivé au troisième acte de Siegfried, devant l’efflorescence musicale qui grandissait en lui, sentait-il son système faillir ? […] Je me rappelle qu’au dernier an un esprit d’une très subtile et vive critique, assistant au Pasifal, exprimait que les personnages n’existaient point ; il disait notamment les insignes faiblesses du duo du second acte, l’homme subitement et immotivement illuminé et dès lors stagnant, la femme dont on ignore si elle est ou non d’elle-même attirée vers le garçon qu’elle appelle ; et il expliquait l’illogisme et le romantisme des trucs dramatiques ; et il s’étonnait de l’entière inutilité de tant d’accessoires ; réservant une admiration constante à l’orchestre, il méprisait intimement Parsifal pour un piètre mélodrame superbement décoré de symphonies : car ce subtil esprit — coupable seulement de se refuser par logiques de système à d’entiers côtés d’art — cherchait en le Parsifal et n’y pouvait trouver un drame.

1136. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Nous nous sauvons de là, et nous nous apercevons que notre système nerveux, dont l’état nous avait à peu près échappé dans la contention de toutes nos facultés d’observation, ce système nerveux secoué et émotionné de tous les côtés à notre insu, a reçu le coup de tout ce que nous avons vu.

1137. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Dans ce livre, dans Bouvard et Pécuchet qui en est l’analogue, plus ironique et moins profond, Flaubert tente par une synthèse générale, en dehors de toute intrigue et de toute psychologie, de représenter l’histoire du développement de l’esprit humain, de son insatiable inquiétude, sans cesse assaillie de solutions, de systèmes, de révélations qu’il adopte, qu’il subit et qu’il abandonne en une révolution que le scepticisme de l’écrivain le portait à concevoir circulaire. […] Cette réduction de tout un développement intellectuel, en l’ascendant de quelques formes verbales, la contradiclion entre les facultés d’un esprit expliqué, par la contradiction entre les diverses parties d’un système de style, c’est, dans l’investigation du mécanisme intellectuel de Flaubert, passer de la psychologie à la théorie du langage.

1138. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

: l’athéisme du xviiie  siècle et la haine du catholicisme, contractés par un système nerveux trop sensible, en regardant les épilepsies de Proudhon. […] Nous l’avions cru, et il nous eût été doux de rendre compte d’un tel ouvrage ; il nous eût été doux de démontrer la différence qu’il y a entre les héroïnes de la foi en Dieu et les héroïnes de la foi en soi-même, car, malgré l’éternelle mêlée des systèmes et le fourré des événements, il n’y a que cela dans le monde, le parti de Dieu ou le parti de l’homme, et il faut choisir !

1139. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Les systèmes furent confrontés comme les temps.

1140. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

» Combien de fois ne forma-t-il point là-dessus, d’avance, un système de vie paisible et solitaire : J’y faisais entrer une maison écartée, avec un petit bois et un ruisseau d’eau pure au bout du jardin ; une bibliothèque composée de livres choisis, un petit nombre d’amis vertueux et de bon sens, une table propre, mais frugale et modérée.

1141. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Ses amis, sous prétexte de l’enrichir du temps du Système, l’avaient ruiné.

1142. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Ainsi encore, à propos des expériences de Haller sur l’œuf du poulet, si le physiologiste, étendant ses considérations aux autres animaux, conclut que le fœtus appartient entièrement à la femelle, et qu’elle a, par conséquent, la plus grande part à la reproduction de l’espèce, Vicq d’Azyr, regardant son élégant auditoire, s’empressa d’ajouter : « Ce système plaira sans doute au sexe qui nous prodigue dans l’âge le plus tendre tant de caresses et de soins, et auquel nous devons un juste tribut d’amour et de reconnaissance. » Il se glisse aisément jusque dans les exposés des savants d’alors, dès qu’ils veulent réussir et plaire, des tons et des intentions de Florian et de Legouvé.

1143. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Léopold Robert n’était certes pas pour le système que préconisaient la plupart des classiques en peinture comme en littérature, lesquels recommandaient toujours les maîtres, les grands maîtres, et semblaient les proposer pour uniques modèles, lorsqu’il écrivait de Venise, en novembre 1830 : Il y a dans ce moment à Venise plusieurs artistes étrangers qui y sont venus pour étudier l’école vénitienne.

1144. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Son regard est d’une vivacité et d’une franchise qui inspirent à la fois la crainte et la confiance… On a beau critiquer son système et son ouvrage, les doutes cessent quand on l’entend, et l’on ne peut être son ami sans devenir son disciple.

1145. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Il parle une fois très sensément contre l’astrologie judiciaire ; il paraît avoir une conception assez juste et assez saine du système du monde ; il démontre par des considérations physiques et naturelles la chimère qu’il y a à prétendre tirer des horoscopes sur la fortune des hommes ; et l’instant d’après, parlant d’un voyage en mer que fait devant Dieppe la princesse Marie et d’un vent violent qui, se levant tout d’un coup, aurait pu la mettre en danger : « Cela me fit souvenir, dit-il, d’un songe que j’avais eu la nuit précédente pour un certain débordement d’eaux que je m’étais imaginé, comme il arrive assez souvent. » Il ne croyait pas à l’astrologie, et il a l’air de croire aux songes.

1146. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Entre les faits et lui, pour peu qu’il y eût retard, son imagination était sujette à projeter des systèmes : combien de fois à ses débuts, quand il voulait découvrir trop de choses, et trop vite, avec les seuls yeux de l’esprit, le sourire fin de Daubenton, l’homme du scalpel, l’avertit et l’arrêta !

1147. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Jeunes, ils ont lu tous les livres, ils ont vu tous les pays, exploré toutes les éruditions, embrassé tous les systèmes ; ils savent tout ce qui se peut savoir et d’Allemagne, et de Grèce, et de France (cela va sans dire) ; ce sont des Français nés plus graves, qui ont beaucoup vu de bonne heure et qui se sont recueillis.

1148. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Remonter, comme quelques-uns l’ont voulu, pour les types et figures des personnages sacrés, aux peintres antérieurs à Raphaël, c’est à peine se rapprocher des temps évangéliques ; c’est retomber, moins par simplicité que par système, dans les tâtonnements, les roideurs et les gaucheries du pinceau.

1149. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Le système d’interprétation qui prétendait découvrir et démasquer en Don Quichotte une satire historique minutieuse est dès longtemps abandonné.

1150. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Elle parla avec amertume des Anglais ; elle dit qu’elle avait peu d’estime pour cette nation de marchands, et finit par laisser pressentir qu’elle n’était pas éloignée de changer de système.

1151. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Ceux qui ont ressenti quelque étincelle de la même ardeur contre ce qu’on appelait alors le système du 13 mars ne sauraient s’étonner de leur indignation juvénile : le pire est que le talent n’y répond pas.

1152. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Quinet est de tous les hommes celui chez lequel le système que nous avons en partie critiqué nous apparaît le plus identifié avec la nature intime, avec la vie habituelle, avec le tour de la pensée et de l’imagination.

1153. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Les caractères ont du dessin ; ils se détachent bien, ils se détachent trop en ce sens qu’ils représentent trop chacun une idée, une partie du système politique, un ressort.

1154. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Trousseau en exprima l’intérêt, même au point de vue médical pur, dans les pages savoureuses qui ouvrent le recueil de ses magistrales cliniques : « Que les nosologies soient utiles à celui qui commence l’étude de la médecine, j’y consens au même titre qu’une clef analytique est assez bonne, au même titre que le système si faux de Linné peut être fort utile à celui qui essaie l’étude de la botanique ; mais, Messieurs, si vous connaissez assez pour pouvoir reconnaître, permettez-moi cette espèce de jeu de mots, hâtez-vous d’oublier la nosologie, restez au lit du malade, cherchant sa maladie comme le naturaliste étudie la plante en elle-même dans tous ses éléments.

1155. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Malgré cela, il peut se rencontrer tel système de critique, tel ensemble de jugements qui vaille pour d’autres encore que pour celui qui les a formulés, qui « fasse autorité », comme on dit.

1156. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Le bouillant Adolphe Retté, lorsqu’il était las de décocher des flèches à tout venant, y développait un système de panthéisme fougueux ou mystifiait les bardes provinciaux et les graves normaliens qui avaient commis l’imprudence de s’y aventurer.

1157. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Peut-il exister en dehors des divers systèmes politiques, aux confins des doctrines qui se combattent et se font la guerre, un terrain plus ou moins neutre, une sorte de lisière, où l’on est bien venu à errer un moment, à rêver, à se souvenir de ces choses vieilles comme le monde et éternellement jeunes comme lui, du printemps, du soleil, de l’amour, de la jeunesse ; à se promener même (si la jeunesse est passée) un livre à la main, et à vivre avec un auteur d’un autre âge, sauf à en raffoler tout un jour et à demander ensuite, en rentrant dans la ville, à chaque passant qu’on rencontre : L’avez-vous lu ?

1158. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Celui-ci, qui ne possède encore aucun plan organique, aura tout avantage à se concevoir autre qu’il n’est, à mettre à profit les expériences des autres groupes déjà constitués, car il abrège, par cet expédient, la lente période de formation par laquelle ces groupes ont dû passer avant de parvenir à l’état organique, il s’épargne mille vains essais ; du premier coup, il use d’un système qui déjà a prouvé son efficacité à faire vivre des hommes en société.

1159. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Il assigne à ses personnages le tempérament habituel des mélancoliques agités, une anémie partielle ou totale, une débilité turbulente, un système nerveux faible, c’est-à-dire excitable par des causes minimes ; pour le plus caractérisé de ses malades, le duc des Esseintes,M. 

1160. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Sans parler d’Œdipe, qui est fondé d’un bout à l’autre sur l’ancien système du fatalisme ; c’est Brutus qui, dans la pièce de ce nom, veut, contre l’avis de Valerius, qu’on admette dans Rome l’ambassadeur toscan, qui doit séduire son fils ; c’est lui qui, par noblesse et par grandeur d’âme, a donné à la fille de Tarquin un asile dans sa maison ; c’est encore lui qui, au cinquième acte, s’écrie : Mais quand nous connaîtrons le nom des parricides, Prenez garde, Romains : point de grâce aux perfides.

1161. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

L’expérience avait pourtant prouvé tous les dangers de cette méthode qui, en permettant de construire arbitrairement les systèmes que l’on discute, permet aussi d’en triompher sans peine.

1162. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Babou n’aurait pas de ces petites erreurs de système respiratoire, et le sifflet ne reviendrait pas si vite et si naturellement dans son souffle, qu’importerait qu’un de ses amis fût surfait !

1163. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Il ne suffit pas de juger en dernier ressort sans vouloir prendre part aux débats ; mais il convient de se pénétrer à fond des systèmes qui militent entre eux.

1164. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Supposons qu’un historien accepte cette idée générale ou toute autre, et la développe, non pas en termes généraux, comme on vient de le faire, mais par des peintures, par un choix de traits de mœurs, par l’interprétation des actions, des pensées et du style, il laissera dans l’esprit du lecteur une idée nette du dix-septième siècle ; ce siècle prendra dans notre souvenir une physionomie distincte ; nous en discernerons le trait dominant, nous verrons pourquoi de ce trait naissent les autres ; nous comprendrons le système des facultés et des passions qui s’y est formé et qui l’a rempli ; nous le connaîtrons, comme on connaît un corps organisé après avoir noté la structure et le mécanisme de toutes ses parties.

1165. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Ce qui lui déplaît dans ce sujet, c’est la fatalité qui précipite un innocent dans le crime, et le punit comme s’il était coupable : il déclame fort inutilement contre ce système si désolant que personne n’approuve, et il ne voit pas que c’est de cette fatalité même que naît la terreur, l’âme de la tragédie. […] Le gouvernement se trahit lui-même par ce malheureux système de bascule et de contrepoids toujours si dangereux. […] Qu’une amante trahie et désespérée se tue, cette faiblesse a son excuse dans celle du sexe : qu’un amant furieux poignarde sa maîtresse qu’il croit infidèle, cette atrocité est dans la nature de la jalousie ; mais qu’un héros, qu’un fier guerrier comme Tancrède veuille mourir parce que sa maîtresse est infidèle, c’est une petitesse qui n’est tragique que dans le système romanesque de notre chevalerie. […] Le système tragique des Grecs est si différent du nôtre, que Racine lui-même, ce grand amateur de la simplicité antique, n’a pu traiter sans épisode les sujets empruntés du théâtre d’Athènes : par ce qu’a fait Racine, on peut en quelque sorte juger que ce qu’il n’a pas fat était impossible. […] Ce système de tyrannicide, dont tant de scélérats ont abusé, lut tiré de la poussière des anciens cloîtres par les héros du jour ; cette absurde et dégoûtante doctrine, consignée dans les thèses du quinzième siècle, devint l’opinion à la mode et la morale de la bonne compagnie.

1166. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Je n’ai point tant de prétention que d’avoir un système : j’essaye tout au plus de suivre une méthode. Un système est une explication de l’ensemble, et indique une œuvre faite ; une méthode est une manière de travailler et indique une œuvre à faire. […] « La Réforme, étouffée encore une fois, eût laissé le vieux système pourrir sa pourriture paisiblement. […] Parménide, le Spinoza du temps, écrivit son système en vers, et souvent ces vers sont beaux. […] Les sciences naturelles renouvelées ont reçu des lois philosophiques et se sont formées en système.

1167. (1929) Dialogues critiques

Celui qui aime l’un de ceux-là contre l’autre est un esprit étroit ou sectaire, excusable tout au plus si, lui-même producteur ou créateur comme on dit aujourd’hui, il ne peut vraiment apprécier que ce qui entre dans son propre système et nourrit sa personnalité féconde. […] Bergson de s’effrayer devant les conséquences qu’on tire de son système, et de se déclarer plus intellectualiste qu’on ne l’a cru.

1168. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

. — À présent, sous le nom de forces, les possibilités permanentes se ramènent sans difficulté à ce que nous nommons matière et corps ; nous ne répugnons pas à admettre que le monde dans lequel nous sommes plongés soit un système de forces ; du moins telle est la conception des plus profonds physiciens. […] Les astronomes et les physiciens déclarent que les êtres vivants, et, à plus forte raison, les êtres sentants, sont d’origine récente sur notre terre et en général dans notre système solaire. — Par conséquent, si la théorie de Bain et de Stuart Mill est vraie, avant l’apparition des êtres sentants, rien n’existait ; il n’y avait aucune chose réelle ou actuelle, mais seulement des possibilités de sensations, attendant pour se convertir en sensations l’apparition des êtres sentants.

1169. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Le système politique que j’ai adopté est tel que personne n’en voudrait peut-être, et que d’ailleurs on ne me mettrait pas à même de l’exécuter. […] Toute votre exposition est magnifique ; jamais vous n’avez dévoilé votre système avec plus de clarté et de grandeur.

1170. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Bon ou mauvais, le système représentatif exige d’immenses talents, les grands écrivains seront nécessairement recherchés dans les crises politiques ; ne réunissent-ils pas à la science, l’esprit d’observation et la profonde connaissance du cœur humain ? […] Les théories, les systèmes, les socialismes, n’étaient rien pour lui ; des expériences hasardées sur des millions d’hommes ignorants ou passionnés lui paraissaient des bêtises ou des crimes.

1171. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Wilder ait pu, avec son système, suivre le texte de Wagner autant qu’il l’a fait ; ce sont de véritables tours de force qu’il exécute. […] Nous résumerons en disant que la mélodie repose sur un système monotonal, compliqué de quatre toniques secondaires.

1172. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Je crois que cette Revue elle-même n’eut point la marche sûre des grands dévouements : elle nous donna de précieuses informations, nous renseigna, avec netteté et conscience, sur tels faits extérieurs que nous désirions connaître ; mais en refeuilletant sa collection, je ne vois pas que rien s’en dégage de définitif : la figure de Wagner n’y apparaît point, qu’éparse et par ébauches rapides ; le sens de ses œuvres n’y est guère saisi ni exprimé qu’à travers les partis-pris et les rhétoriques de systèmes littéraires bien restreints ; les choses même de l’actualité y sont jugées avec des principes flottants, comme sous l’influence de bonnes ou mauvaises digestions, d’humeurs en va et vient, de colères d’un moment et d’étranges balancements psychologiques, Ici aussi, on a voulu garder sa vie. […] Chamberlain, surtout ses études sur Tristan : c’est là que l’esprit même de l’œuvre ce Wagner est condensé, qu’on nous le montre artiste, et non point préoccupé de systèmes, — toute théorie amoindrissant l’essor d’un génie si universel en ses conceptions, si ardent en ce qu’il réalisa d’elles.

1173. (1909) De la poésie scientifique

« L’on peut dire de René Ghil comme du grand précurseur romantique : Il a renouvelé l’imagination, la matière poétique Française… « Il est le poète épique et lyrique du Cosmisme, de l’Ecoulement des Choses, des grands Etres indivis, stellaires et telluriques, des Espèces, de l’Humanité, des Races, des Peuples, des Morales, des Systèmes, des Sociologies améliorantes. […] René Ghil par son très complet système d’Instrumentation. » (Écrits pour l’Art, article de Henri de Régnier, mars 1887).

1174. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

La préoccupation de faire à son pauvre homme la vie douce, d’écarter tout ce qui peut mettre un nuage sur son front, de lui donner le plat qu’il aime, de lui sauver le désagréable d’une nouvelle, de défendre enfin, à toute heure, son système nerveux des mauvaises choses physiques et morales, dépasse tout ce qu’on peut imaginer. […] Lundi 30 novembre Le bonheur de rentrer dans son chez soi de banlieue, de s’enfermer au milieu du dos de ses livres, des reflets de ses bronzes, des éclairs de ses porcelaines, du chatoiement de ses tapis, et de ses portières ; le bonheur, à la clarté d’un feu de bois, à la lumière douce donnée par une lampe de l’ancien système, de corriger des épreuves, en remuant des bouquins, en ouvrant des cartons, en feuilletant des gravures : — cela à la fois dans le silence et la plainte d’un vent de campagne.

1175. (1894) Textes critiques

Les Rosny ont déjà appelé le cycle un nouvel organe ; c’est surtout un prolongement minéral de notre système osseux, et presque indéfiniment perfectible, étant né de la géométrie.‌ […] Par suite de ce système (et c’est notre seule critique), ceux-ci n’expliquent les traversées que des villes ou villages qu’ils ont parcourus, et ignoraient, par exemple, au moment de la publication du Guide, la traversée de Rueil d’après M. 

1176. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Mais c’est égal : le système le veut ainsi ; il faut que le monde s’y prête ; il faut que l’homme antérieur à notre ère n’ait été qu’une informe ébauche lui-même de son Créateur, une espèce de brute ou de sauvage, perfectionné indéfiniment et continûment jusqu’à la perfection où ils se plaisent à le contempler en eux ou en nous, et progressant après nous jusqu’à une espèce de divinisation indéfinie aussi, dont les étoiles doivent nous dire quelque chose. […] En contradiction avec le système des philosophes du progrès continu et indéfini, il est certain que, plus on remonte de civilisation en civilisation, de livres en livres, de traditions religieuses en traditions religieuses, vers cette profondeur inconnue des temps qu’on appelle les temps antédiluviens, plus on entrevoit de lueurs divines ou de crépuscules d’aurore lumineuse dans l’esprit humain.

1177. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Il est glorieux sans doute pour l’Italie comme pour l’Angleterre que les deux plus grands prosateurs français de ce siècle n’aient pas jugé au-dessous de leur talent de copier ces deux modèles étrangers et d’écrire leurs noms sur les piédestaux éternels de Milton et de Dante ; mais le système de traduction qu’ils ont adopté l’un et l’autre est, selon nous, un faux système, un jeu de plume plutôt qu’une fidélité de traducteur.

1178. (1926) L’esprit contre la raison

On peut voir dans cette fresque de l’état d’esprit qui conduisit à la guerre une contestation de l’analyse de Valéry : Crevel fait le même constat de fragmentation, d’éclatement, mais Valéry accusait la diversité, cette coexistence dangereuse de systèmes de pensée incompatibles, d’avoir produit la débâcle de l’intellect et d’avoir ainsi conduit à la guerre ; pour Crevel, c’est la volonté de synthèse qui est à l’origine de tous les maux. […] Allusion à la fameuse phrase de « Délires I » dans Une saison en enfer de Rimbaud : « Je tiens le système » bn.

1179. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

N’accusons donc point Mézeray de ces lacunes, et sachons-lui gré plutôt de les avoir si bien signalées et définies : il a fallu deux siècles de défrichement et de critique, des travaux sans nombre et en France et dans d’autres pays, des systèmes contradictoires qui se sont usés en se combattant et qui ont fécondé le champ commun par leurs débris ; il a fallu enfin ce qu’invoquait Mézeray, l’appui des gouvernements dans les recherches, dans le libre accès aux sources et à toutes les chartes et archives, pour que les faits généraux qui se rapportent à cette première et à cette seconde race fussent éclaircis, pour que la société féodale fût bien connue, et que l’histoire du tiers état pût naître.

1180. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Jusque dans les émeutes et au milieu des exécrations que soulevait sur la fin la catastrophe du système de Law, Madame, en traversant les rues, ne recevait que des bénédictions ; elle aurait voulu les reporter à son fils.

1181. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Mais chez Froissart ne cherchons point de système ni d’inspiration plus profonde : les Claverhouse pas plus que les de Maistre en théorie ne sauraient le revendiquer comme un des leurs.

1182. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

N’a-t-on pas vu Saint-Simon l’admirer d’autant plus qu’il avait comme greffé sur lui et sur son règne futur tout son système de quasi-féodalité6 ?

1183. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

À le bien écouter, même en ses homélies, il semble qu’il ait toujours par-devers lui et en secret un autre refuge et comme une place de sûreté dans un certain système de sagesse philosophique.

1184. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Ne t’inquiète de rien que de la vérité ; que ce ne soit pas un système dont le poids et les chaînes accablent l’esprit, mais des enfants de l’amour nés dans des heures pastorales, pour toi, pour nous, pour tes amis, pour le monde. » Et encore : « Après cela, précisément dans l’intérêt de ma santé, je relis le sage Montaigne, comme on prend un calmant ; il est si serein, si spirituel, si conlent !

1185. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Un des bénédictins français modernes, dom Guéranger, souleva le premier et traita la question dans son livre des Institutions liturgiques (1841) : il y attaquait tout le système gallican, mais particulièrement cette innovation du xviie  siècle dans les chants et les hymnes sacrés, innovation dont Santeul fut l’instrument principal, et dont les promoteurs, M. de Harlay, archevêque de Paris, et le cardinal de Bouillon, abbé de Cluny, n’offraient pas toutes les qualités morales désirables chez des hommes voués au service de Dieu et préposés à la célébration de ses louanges.

1186. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Nous pouvons être malheureux, mais nous ne serons pas déshonorés. » Dans sa joie la margrave adressait à Voltaire un bulletin détaillé ; elle y joignait l’assurance que les bonnes intentions pour la paix étaient toujours les mêmes après comme avant : « J’écrirai au premier jour au cardinal (de Tencin) ; assurez-le, je vous prie, de toute mon estime, et dites-lui que je persiste toujours dans mon système de Lyon. » Elle prenait beaucoup sur elle en écrivant ces longues lettres ; sa santé était épuisée, une toux sèche la dévorait, et elle allait entrer dans les derniers, mois de ses mortelles souffrances.

1187. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Combes, repasser sur les différentes phases de la carrière politique de Mme des Ursins pendant ses treize années d’influence ou de domination en Espagne : il a très bien distingué les temps, démêlé les intrigues selon l’esprit de chaque moment, montré Mme des Ursins représentant dès l’abord le parti français, mais le parti français modéré qui tendait à la fusion avec l’Espagne, et combattant le parti ultra-français représenté par les d’Estrées : — ce fut sa première époque : — puis, après un court intervalle de disgrâce et un rappel en France, revenue triomphante et autorisée par Louis XIV, elle dut pourtant, malgré ses premiers ménagements pour l’esprit espagnol, s’appliquer à briser l’opposition des grands et travailler à niveler l’Espagne dans un sens tout monarchique, antiféodal ; c’était encore pratiquer la politique française, le système d’unité dans le gouvernement, et le transporter au-delà des Pyrénées : — ce fut la seconde partie de sa tâche. — Mais quand Louis XIV, effrayé et découragé par les premiers désastres de cette funeste guerre de la succession, paraît disposé à abandonner l’Espagne et à lâcher son petit-fils, Mme des Ursins, dévouée avant tout aux intérêts de Philippe V et du royaume qu’elle a épousé, devient tout Espagnole pour le salut et l’intégrité de la couronne, rompt au-dedans avec le parti français, conjure au dehors la défection de Versailles, écrit à Mme de Maintenon des lettres à feu et à sang, s’appuie en attendant sur la nation, et, s’aidant d’une noble reine, jette résolument le roi dans les bras de ses sujets.

1188. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Jamais rien n’a été si heureux. » Mais elle oublie, dans son propre système, qu’un pape n’est pas Priam, qu’il est au moins à la fois Priam et Calchas, et qu’il y a des supplications auxquelles le vicaire de Dieu ne descend pas.

1189. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Combien de fois, dans des temps déjà bien anciens, n’ai-je pas vu le Journal des Débats, quand il était à sec, se défrayer aux dépens de la Gazette de France et de son fameux système du suffrage universel !

1190. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Je me place pour un moment dans un autre ordre de choses, dans un tout autre système qui rapprocherait l’Académie française de la pensée fondamentale de l’Institut.

1191. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Il y a un autre système, un autre parti à prendre, celui des chercheurs de vérité et de nouveauté, des remueurs d’idées, des Staël, des Lessing, des Diderot, des Hegel comme des Voltaire : ici le mot d’ordre, c’est que le mouvement, quel qu’il soit et tant qu’on peut se le donner, est le plus grand bien de l’esprit comme du corps.

1192. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

N’eut-on pas le système de Law, avec ses sens dessus dessous et ses émeutes ?

1193. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Mais l’on comprend très-bien, après cette merveilleuse campagne et cette sorte de pêche miraculeuse à laquelle on vient d’assister, et qui faisait de Foucault l’intendant modèle, celui qui était proposé à l’émulation de tous les autres, que Louis XIV, trop bien servi et trompé dans le sens même de ses désirs, ait cru pouvoir changer de système ; qu’il ait renoncé à l’emploi et au maintien des Édits gradués, précédemment rendus dans la supposition que les conversions traîneraient en longueur, et que, persuadé qu’il n’y avait plus à donner, comme on dit vulgairement, que le coup de pouce (tant pis pour le grand roi, s’il n’est pas content de l’expression, mais je n’en sais pas de plus juste), il se soit déterminé à révoquer formellement l’Édit de Nantes.

1194. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Elles peuvent être erronées, mais les erreurs reçues depuis longtemps sont plus respectables que celles que nous voudrions y substituer ; car ce n’est pas la vérité qu’on trouve quand on a abattu le système de religion généralement adopté, puisque cette vérité, si elle n’est pas révélée, se cache dans des ténèbres impénétrables à l’esprit humain.

1195. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Mauvais goût, faux jugements, faux sens pour justifier leurs préférences, c’est un système entier d’erreurs et de chimères où l’on se précipite tète baissée, et tout cela pour ne pas démordre d’une estime conçue et nourrie sur la parole d’autrui, avant que nous ayons pu nous-mêmes étudier et apprécier ces œuvres si vantées. » Ah !

1196. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

… Le système manque de tous les côtés et ne se soutient pas.

1197. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

A ce rude métier, il devint ce qu’il est surtout et au fond, un savant, l’homme d’une conception générale, d’un système exact, catégorique, enchaîné, qu’il applique à tout et qui le dirige jusque dans ses plus lointaines excursions littéraires.

1198. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

D’où l’homme, d’où la planète, d’où ce système solaire tout entier, qui est le nôtre, sort-il et vient-il, et comment les choses se sont-elles formées ?

1199. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

J’ai tenu à montrer l’excès dans ce système de restauration pure du passé, dont M. de Bonald nous représente le sommet le plus éminent et le plus imposant, mais dont M. 

1200. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Je n’entre dans aucun détail ; l’empereur et Mercy s’en sont chargés ; mais je n’ai qu’à ajouter que peut-être jamais il n’y a eu une occasion plus importante à tenir fermement ensemble et que le système en dépend.

1201. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Mignet, qui dans sa Notice est autant à consulter sur cette partie publique qu’il est réservé et muet sur les recoins occultes de M. de Talleyrand, a tiré des Archives des affaires étrangères la preuve que ce ministre, après la victoire d’Ulm, adressa de Strasbourg à Napoléon un mémoire pour lui proposer un plan de remaniement européen, tout un nouveau système de rapports qui eût désintéressé l’Autriche et préparé un avenir de paix ; et ce projet d’arrangement, il le renouvela le jour où il reçut à Vienne la nouvelle de la victoire d’Austerlitz.

1202. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Je trouve aux dernières pages du présent volume deux phrases sévères, l’une contre le Protestantisme appelé système bâtard, etc., l’autre contre ces tentatives non moins vaines qu’ardentes, etc. ; c’est du Saint-Simonisme qu’il s’agit.

1203. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Mérimée, sans phrases, sans système, avec ce sentiment continu de la réalité et ce besoin qu’il a en tout de s’expliquer les choses comme elles se sont passées, nous a donné un récit instructif, enchaîné, attachant, et qui jette, chemin faisant, la plus grande clarté sur l’ensemble de l’organisation romaine.

1204. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Il n’a pas suffi pour cela de faire force de rames, on a dû employer les machines et les systèmes.

1205. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

De l’opposition de ces deux extrêmes, les idées factices de la monarchie et les systèmes grossiers de quelques hommes pendant la révolution, résultent nécessairement des réflexions justes sur la simplicité noble qui doit caractériser, dans la république, les discours, les écrits et les manières.

1206. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

De même que, dans le fœtus, on voit tour à tour la tête disproportionnée se réduire à sa juste mesure, les fontanelles du crâne se boucher, les cartilages se changer en os, les vaisseaux rudimentaires se clore et se ramifier, la communication de la mère et de l’enfant se fermer, de même, dans le langage enfantin, on voit tour à tour les deux ou trois noms dominants perdre leur prépondérance absolue, les mots généraux limiter leur sens trop vaste, préciser leur sens trop vague, s’aboucher entre eux, acquérir des attaches et des sutures, se compléter par l’incorporation d’autres tendances, ordonner sous eux des noms de classes plus étroites, former un système correspondant à l’ordre des choses, et enfin agir par eux seuls et d’eux-mêmes sans l’aide des nomenclateurs environnants. — Un enfant a vu sa mère mettre pour une soirée une robe blanche ; il a retenu ce mot, et désormais, sitôt qu’une femme est en toilette, que sa robe soit rose ou bleue, il lui dit de sa voix chantante, étonnée, heureuse : « Tu as mis ta robe blanche ? 

1207. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Les littératures étrangères et populaires ont présenté des types inconnus de beauté ; les sciences ont fourni leurs méthodes et leurs systèmes pour fonder de nouvelles doctrines esthétiques et critiques.

1208. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Nous aurons à voir la place qu’il tient dans l’œuvre et le système du philosophe.

1209. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Il fut nommé professeur d’hébreu au Collège de France (1861), puis destitué : il reprit sa chaire en 1870.Éditions :L’Avenir de la science, pensées de 1848, Calmann Lévy, 1890, in-8 ; Averroès et l’averroïsme, 1852, in-8 ; Histoire générale et système comparé des langues sémitiques, 1855, in-8 ; Études d’histoire religieuse, 1857, in-8 ; Essais de morale et de critique, 1859, in-8 ; les Origines du Christianisme, comprenant : Vie de Jésus (1863), les Apôtres (1866), Saint Paul (1869), l’Antéchrist (1873), les Évangiles (1877), l’Eglise chrétienne (1879), Marc Aurèle (1881) et un index général (1883) : 8 vol. in-8 ; Calmann Lévy.

1210. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Il les gourmande ou les loue ; singulière contradiction dans un livre qui explique l’âme des bêtes par un système d’ébranlements organiques de la mécanique animale !

1211. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

C’étaient murmure, insinuations, tonnerre pour les yeux, toute une tempête spirituelle menée de page en page jusqu’à l’extrême de la pensée, jusqu’à un point d’ineffable rupture ; là, le prestige se produisait ; là sur le papier même, je ne sais quelle scintillation de derniers astres tremblait infiniment pure dans le même vide interconscient, où comme une matière de nouvelle espèce, distribuée en amas, en traînées, en systèmes, coexistait la Parole !

1212. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Assurément, ces sentiments divers peuvent dépendre de telle ou telle prédisposition individuelle ; mais ils se rattachent le plus souvent à de grands systèmes scientifiques ou philosophiques.

1213. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Sa conséquence serait de détruire la jalousie même, qui, d’après ce système, ne serait plus qu’un aphrodisiaque excitant.

1214. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Il avait son parti pris avant de quitter Paris, il croyait à la contagion ; et, dans le récit qu’il a publié de son premier voyage, il a naïvement raconté comment, à peine arrivé à Madrid, il en était déjà à rêver tout un vaste système de lazarets, qui aurait embrassé de son réseau toute l’Europe.

1215. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Elles laissent en arrière d’elles tous les systèmes de liberté connus : elles enivrent l’imagination des sots, en même temps qu’elles allument les passions populaires.

1216. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Admettez un seul acte ou même un seul sentiment vraiment honnête et généreux, et c’en est fait du système des Maximes.

1217. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

On a souvent cité les extraits de son Journal particulier qui se rapportent aux communications plus ou moins bizarres et chimériques dont il était l’objet et comme le point de rendez-vous, de la part de tous les faiseurs de projets, de machines, de systèmes ou de constitutions.

1218. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Et au milieu de tout ce monde, Villedeuil, ordonnant, pérorant, allant, courant, correspondant, innovant, et découvrant tous les huit jours un système d’annonces ou de primes, une combinaison, un homme ou un nom, devant apporter au journal, dans les quinze jours, dix mille abonnés.

1219. (1912) Le vers libre pp. 5-41

C’est la base même de notre phrase poétique et de notre système de la strophe.

1220. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Je le définirais l’inscription d’un dogme dans un symbole, il est un moyen pour faire prévaloir un système et mettre au jour des vérités. […] Nier l’imminence d’une Réforme et d’une Renaissance, c’est-à-dire d’une novation de systèmes et de formes, serait nier l’étoile polaire. […] — Le Symbolisme du jour engonce l’art dans le carcan du système, le restreint au séminaire du dogme. […] Tout est réaction dans leur système ; ils se figurent qu’on bouleverse ainsi, de fond en comble, un état littéraire, sans plus de préambule et sans plus d’utilité. […] Mais je ne comprendrais pas qu’on en fît un système.

1221. (1890) Dramaturges et romanciers

Elle est empirique, car ses productions ne relèvent d’aucun principe supérieur et tenu pour certain, d’aucune donnée générale, d’aucun système, d’aucune foi sociale. […] Une idée s’est emparée puissamment du cerveau des générations nouvelles : c’est que tous les systèmes sont faux, parce qu’ils sont arbitraires, et qu’ils ont enseigné désormais à l’humanité tout ce qu’ils pouvaient lui enseigner. […] Il y a tout un système au fond de ces contes, le système bien connu au dernier siècle sous le nom de philosophie des sensations, renouvelé selon les méthodes de l’école allemande. […] Ils sont chargés non de se combattre, mais de se compléter, car un des buts de l’auteur a été de montrer combien tous les principes de l’art s’enchaînent étroitement, comment les divers systèmes qui ont été proposés sur les principes du beau ne sont ennemis qu’en apparence, et ne sont séparés que par les limites arbitraires qu’ils s’imposent. Cet essai est en effet, en un certain sens, une application à l’art d’une parole de Leibniz qu’on ne saurait trop recommander : la plupart des systèmes sont bien moins faux dans ce qu’ils affirment que dans ce qu’ils nient.

1222. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

. — Aussi avait-il pour système de consigner sa porte à tous les auteurs, et ne recevait que ceux qui étaient assez adroits pour pénétrer auprès de lui malgré toutes les précautions dont il s’entourait pour les éviter. […] Privat, qui s’était constitué le député de leur désir, — vint dire à Virmaître : — Nous demandons qu’il y ait au bureau du journal, — une sonnette de nuit pour les avances. — Comme Virmaître avait consenti, un des riches actionnaires du Corsaire lui demanda tout bas, si ce n’était pas inaugurer là un système dangereux. — Laissez donc, répondit-il, — dans deux jours la sonnette sera cassée. […] Adopter en tout, et proclamer partout et toujours le système du maître qu’il veut suivre ; avoir dans sa poche du drap de toutes les couleurs, afin de changer de cocarde littéraire en même temps que celui-ci. […] *** Un soir, le mécanicien invite deux de ses amis à venir prendre le thé chez lui, et, désignant la chambre voisine de la sienne, habitée par sa femme, il les invite à ne point faire de bruit pour ne pas troubler son repos. — Puis, ayant su les retenir jusqu’à une heure assez avancée, il leur proposa de prendre des actions pour l’exploitation d’un nouveau système de surveillance dont, il voulut sur-le-champ leur expliquer l’usage. — Supposez, leur dit-il, que vous soyez séparés de vos femmes et que vous ayez des doutes sur l’emploi qu’elles font de leur liberté, — surtout à une heure pareille à celle où nous sommes, — mon appareil vous renseigne exactement. […] Philippe est avocat, et l’étude de la loi est contradictoire avec les aspirations du cœur. — Il est vrai que dès son jeune âge Philippe a été victime de la corruption maternelle, — corruption est le mot, et on n’en peut trouver d’autre pour exprimer le système d’éducation avec lequel madame Huguet a élevé son fils dès son plus jeune âge. — Cette création de la mère corruptrice est toute la pièce. — Balzac, qui ne reculait certainement pas devant la peinture des infirmités sociales, l’eût à peine osé.

1223. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Atar-Gull, la Salamandre et la Vigie de Koat-Ven g sont, dans la pensée de l’auteur, autre chose que de simples romans, et viennent à l’appui du système qu’il a embrassé. […] Si plus tard, dans sa Raison pratique, il a proclamé Dieu, qu’il avait nié dans sa Raison pure, il ne faut pas oublier que son affirmation, dans le système de la philosophie critique est loin d’avoir la même autorité que sa négation. […] La différence même que nous avons signalée entre la Maréchale d’Ancre et Chatterton témoigne assez clairement que M. de Vigny ne se croit pas lié par ses précédents et qu’il ne verra pas dans le succès obtenu par Chatterton l’obligation de produire une série d’œuvres conçues dans le même système. […] Lors même que Georges Cuvier eût reconstruit par la pensée toutes les espèces zoologiques aujourd’hui effacées de notre globe, ce ne serait pas une raison pour croire qu’il aurait pu créer et mettre en œuvre tous les systèmes anatomiques et physiologiques aperçus par son intelligence. […] Quand ils verront le public accueillir avec indifférence, avec dédain, la vingtième épreuve du système qu’ils ont construit, et détourner les yeux du drame splendide aussi bien que du drame physiologique, ils comprendront la nécessité de chercher dans l’histoire et dans la société, non pas le costume et le scandale, mais bien les passions qui agitent et les devoirs qui gouvernent l’humanité.

1224. (1900) Molière pp. -283

La plus douce, celle qui présente le mariage de Molière avec Armande Béjart sous sa forme la plus acceptable, la voici : dans cette tradition, dans ce système, Armande Béjart, qu’il épouse, est tout au moins la sœur de cette Madeleine Béjart à la suite de laquelle il a couru fortune. […] Ce n’est pas seulement le médecin systématique qui est peint ici : ce portrait, devenu, tout en restant particulier, si général, c’est celui de l’esprit de système : il s’y trouve peint, saisi, exprimé en toute chose. […] Il a pris une pauvre fille qui lui a été confiée, il l’a fait élever au village, et comme il est engoué de ce système qu’une femme doit être sotte, comme il veut la garder pour lui seul, il compte abuser de sa simplicité pour l’épouser. […] Eh bien, maris de trente-cinq ans, s’il y en a qui m’écoutent, savez-vous quelle pente éternelle vous entraîne à proposer sinon à imposer des lignes de conduite, à faire des discours et des systèmes ? […] Je sais bien que les fils et les filles ne se marient plus malgré eux, que la loi a prévu vingt moyens de les défendre contre la force ; mais n’arrive-t-il jamais que par un système de contrainte trop rigoureuse, on éteigne chez l’enfant qui s’éveille à l’action, jusqu’à la notion de la volonté ?

1225. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

C’est ce sentiment qui s’exhale dans la conclusion de l’auteur ; car le pessimisme philosophique ne pousse pas, lui, au suicide de l’individu : il juge ce moyen insuffisant pour corriger le vice radical dont le système du monde est infecté selon lui. […] Sa triste existence, sa fin plus triste encore, sont la réfutation la plus éclatante de ses trop spécieux systèmes, et la démonstration douloureuse de cette vérité qu’on ne peut impunément lutter contre l’instinct le plus profond de l’homme, la sociabilité ; qu’en voulant s’affranchir de toute contrainte, on trouve dans sa propre pensée un tyran impitoyable, et que l’égoïsme, auquel se réduit en définitive « l’amour de soi » aussi bien que « l’amour-propre », se prépare à lui-même de cruels châtiments. […] Ils finirent par extraire de la poésie de lord Byron, un système de morale, composé à la fois de misanthropie et de goût pour la volupté. » Byron est donc une preuve nouvelle de ce que nous avaient déjà montré Gœthe et Chateaubriand : la facilité avec laquelle le génie séduit les jeunes intelligences, et le danger de jeter dans des imaginations tendres des germes d’égarement qui s’y développent avec une force imprévue, et que ceux qui les ont semés ne sont plus maîtres d’anéantir. […] Mais on voit si bien qu’il ne fait qu’un avec son système, et qu’il n’a pas su se faire, comme d’autres, une réserve secrète de bonheur, qu’on ne doit pas hésiter à le ranger non seulement parmi les pessimistes, mais aussi parmi les mélancoliques. […] alors je suis moi-même mon dieu et mon maître, et je peux briser le temple et l’idole. » Il oublie, au milieu de ces différentes hypothèses, que la sévérité de Dieu peut être désarmée par le repentir de l’homme, et que sa bonté peut être découragée par une faute suprême et irréparable de la créature ; et sur la foi de son raisonnement imparfait, il se jette dans les eaux d’un lac, au fond duquel il va rencontrer peut-être une terrible réfutation de son système.

1226. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Enfant, il était au collège d’Harcourt quand le système de Law vint bouleverser les têtes et bientôt les fortunes ; et, à ce propos, Duclos fait la théorie des crises ou révolutions fréquentes auxquelles est assujetti notre pays.

1227. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Il mérite que Mme d’Épinay, étonnée, lui dise : « Vous, monsieur, qui êtes poète, vous conviendrez avec moi que l’existence d’un Être éternel, tout-puissant, souverainement intelligent, est le germe d’un plus bel enthousiasme. » Au reste, Saint-Lambert a lui-même exposé dans sa vieillesse, et sans plus y mêler la mousse du champagne, la série et le système complet de ses réflexions sur tous sujets dans ce fameux Catéchisme universel qui parut une œuvre philosophique si morale sous le Directoire.

1228. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

En arrivant dans son intendance de Valenciennes, dit-il, il trouva du soulèvement dans les garnisons par suite de l’excessive cherté de toute chose, qui était le contrecoup du système de Law.

1229. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Je me suis toujours méfiée de ce Rousseau, avec ses systèmes singuliers, son accoutrement extraordinaire et sa chaire d’éloquence portée sur les toits des maisons ; il m’a toujours paru un charlatan de vertu.

1230. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Mais voilà que de vrais amis se mettent encore entre l’homme et nous ; gens d’esprit mais de système, ils s’appliquent depuis sa mort à refaire la légende, à composer un Béranger tout d’une pièce, tout en perfection, en vertu ; en qui l’on croie aveuglément ; un saint bon pour des dévots et tout taillé pour un calendrier futur. — « Otez-nous, m’écrit à ce sujet quelqu’un qui l’a bien connu et qu’indigne cette prétention d’orthodoxie singulière en pareil cas, ôtez-nous ce Béranger cafard à sa manière, triste et bête, ennuyeux comme Grandisson ; rendez-nous ce malin, ce taquin, qui emportait la pièce et offensait tous ses amis, et se les attachait toutefois et leur restait fidèle ; cet homme capricieux, compliqué et faible aussi, plein des passions de la vie, timide par instants, ambitieux par éclairs, souvent redoutable, charmant presque toujours.

1231. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Les historiens spéciaux de l’administration de la guerre (Audouin, par exemple), en lui accordant d’avoir été le plus grand administrateur militaire, en le proclamant « créateur d’un système d’approvisionnements, auteur des règlements de discipline et d’avancement, fondateur d’une école de cadets et de l’hôtel des Invalides », n’expliquaient pas avec détail en quoi consistaient toutes ces créations et n’insistaient guère que sur le chapitre des vivres et subsistances : le reste ne figure qu’en abrégé, et le peu qu’on en dit n’est pas d’une entière exactitude.

1232. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Eugène Viollet-le-Duc, élevé par lui librement, philosophiquement, mis de bonne heure à même des belles choses, entouré des bons et beaux exemplaires en tout genre, est devenu l’homme distingué que nous savons, le restaurateur le plus actif et le plus intelligent de l’art gothique en France, ayant en toute matière des idées saines, ouvertes, avancées, et maniant la parole et la plume aussi aisément que le crayon ; j’ajouterai qu’à en juger par ses directions manifestes, il n’a guère en rien les doctrines de son oncle ; et c’est en cela que je loue ce dernier de n’avoir point appliqué, dans une éducation domestique qu’il avait tant à cœur de mener à bien, de vue exclusive ni de système personnel et oppressif.

1233. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

C’est cette proposition, votée à l’unanimité (je le répète) par sa Commission, que l’Académie, réunie en nombre, et après un long débat, a cru devoir repousser, en se fondant sur des principes d’orthodoxie philosophique qui lui semblaient enfreints et violés par le système de l’auteur.

1234. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Les désastres qu’entraîna le Système réhabilitèrent après coup son administration qui avait besoin de ce repoussoir pour s’embellir.

1235. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

vous croirez que Frédéric, donnant de prétendues leçons à son héritier, ait pu dire au sujet du choix de ses ambassadeurs : « J’en ai trouvé qui m’ont servi sur les deux doigts et qui, pour découvrir un système, auraient fouillé dans la poche d’un roi.

1236. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Lafon a l’extrême obligeance de nous communiquer, vient à l’appui pour nous montrer que le poëte populaire entend peu la question comme la voudraient poser les critiques érudits, et qu’il n’est pas, comme il s’en vante presque, à la hauteur du système.

1237. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

vous qui produisiez vos œuvres idéales à l’âge sévère, où en seriez-vous avec ce système épicurien ?

1238. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Jusque dans ce système moyen si bien mis en œuvre par lui, et qu’il faisait chaque fois applaudir, il avait conscience de sa résistance aux endroits qu’il estimait essentiels.

1239. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Tout le système politique de la république américaine apparaît dans cette première partie.

1240. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Il rentre évidemment dans le déterminisme universel et dans un déterminisme particulier qui est le système d’intérêts et de désirs propre à l’auteur du mensonge.

1241. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Les systèmes, ces dieux hostiles et vaillants, dont le moindre briserait et la tablette frêle et l’étroite cage, n’entrent naturellement au capharnaüm que sous les espèces et apparences de statuettes.

1242. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

cela est bien vrai. » Après l’insurrection du Caire, Napoléon ne se départit point de ce système de protection pour les anciens chefs religieux du pays.

1243. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Il a adopté de bonne heure certaines idées, certains systèmes, et par toutes les voies, par la plume, par la parole, dans la chaire, à la tribune, au pouvoir et hors du pouvoir, il n’a rien négligé pour les faire prévaloir et pour les naturaliser dans notre pays.

1244. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

puisque cela est, ô poète, convient-il donc, sur la foi de certains systèmes non éprouvés et que rien ne garantit, de pousser si fort et si violemment ces restes d’un passé déjà si ébranlé ?

1245. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

À la veille des révolutions, quand on est en train de déclamation et de systèmes, Gil Blas semble un peu arriéré et vieilli : le lendemain des révolutions, et quand la folle ivresse est cuvée, il reparaît vif et vrai comme devant.

1246. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

La mission de Voltaire, à ce moment, était de naturaliser en France les idées anglaises, les principes philosophiques qu’il avait puisés dans la lecture de Locke, dans la société de Bolingbroke ; mais surtout, ayant apprécié la solidité et l’immensité de la découverte de Newton, et rougissant de voir la France encore amusée à de vains systèmes, tandis que la pleine lumière régnait ailleurs, il s’attacha à propager la vraie doctrine de la connaissance du monde, à laquelle il mêlait des idées de déisme philosophique.

1247. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Enfin il a eu le tort de ne pas se livrer uniquement aux instincts de sa nature propre, et de consulter les systèmes du jour, de les professer dans ses derniers romans, ce que M. de Balzac n’a jamais fait.

1248. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Une telle conséquence choqua d’abord Vauvenargues ; son âme simple et grande sentit s’élever en elle-même une protestation contre ce dénigrement universel de l’humanité : « L’homme est maintenant en disgrâce chez les philosophes, dit-il, et c’est à qui le chargera de plus de vices ; mais peut-être est-il sur le point de se relever et de se faire restituer toutes ses vertus. » Et sans système, sans parti pris, mais par la seule considération de l’homme complet, il mit le premier la main à l’œuvre de cette réhabilitation.

1249. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Romiguières ne l’amena qu’après bien des efforts à un système de défense plus pratique, et il réussit à le faire acquitter (juillet 1824).

1250. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Pourvu qu’il ne veuille pas nous mener d’une manière tranchante, par système encyclopédique !

1251. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Qui aurait dit que la Providence eût choisi un poète pour bouleverser le système de l’Europe et changer en entier les combinaisons politiques des rois qui y gouvernent ?

1252. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Laforgue, depuis nos vingt ans simultanés, connaissait mes théories ; mais à l’application de mes principes encore embryonnaires, désirs plus que système, mais contenant en germe les développements à venir, nos vers furent bien différents de par nos organisations et nos buts dissemblables.

1253. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

II L’idée dont le développement constitue ce livre de Saint-Bonnet n’est pas une invention qui lui appartienne en propre, comme les systèmes appartiennent à ceux qui les font.

1254. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Le système, l’exagération volontaire, l’archaïsme, l’imitation, fatale pour les plus forts quand ils ont ce charmant défaut de la jeunesse, mère de tant de sottises, toutes ces choses qui contaminent çà et là l’œuvre actuelle, doivent, par le fait de la santé et de la vigueur de son esprit, mourir prochainement en M. 

1255. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Rien de plus pliant que les faits ; rien de plus aisé qu’un système.

1256. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Cousin naviguer dans la métaphysique, refusa de spéculer sur la nature de l’univers, sur la création, sur l’essence de Dieu, n’admit point que la philosophie fût une science universelle, chargée de découvrir le système du monde.

1257. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Il est plein de trouble et de passion : il a quelque chose de cette fougue effrénée qu’à certaines époques le talent affecte de se donner par système.

1258. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Brunetière, on peut la regarder comme faisant partie d’un système de guerre au rationalisme et de restauration de la discipline catholique, renouvelé des Bonald et des Joseph de Maistre. […] Il rend probables les doctrines, et il prête aux systèmes une apparence de solidité. […] « Un métaphysicien n’a, pour constituer le système du monde, que le cri perfectionné des singes et des chiens. […] Les poèmes antiques furent d’abord les cris d’effroi ou d’espérance poussés par l’homme devant le spectacle de l’univers, et les systèmes du monde sont composés avec les signes qui manifestèrent ces passions. […] Mais un système philosophique est, d’un bout à l’autre, un poème complet, une construction idéale de l’esprit, où l’artiste crée tout, son objet et sa forme.

1259. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Il nous dit seulement ici, dans une note : « Ce système, sur lequel toute notre révolution est suspendue (sic), n’est presque point connu du public. […] C’est pour réaliser ce « système de perfection » que les jacobins ont voulu tout détruire afin de tout changer. […] En regard de ce texte : « Dieu, la matière, la fatalité, ne font qu’un », il écrit : « Voilà mon système, voilà ce que je crois. […] Eh bien, votre Dieu n’est plus qu’un tyran horrible et absurde », il écrit : « Cette objection est insoluble et renverse de fond en comble le système chrétien. […] Il mêlait les idées positives et les sentiments romanesques, les systèmes et les chimères, les études sérieuses et les emportements de l’imagination, la sagesse et la folie.

1260. (1923) Nouvelles études et autres figures

Le système vaut ce que vaut l’homme. […] Mais l’esprit moderne a définitivement répudié le système de surveillance des élèves par les élèves, qui conduit tout droit à l’espionnage et à la délation, et dont les Jésuites, comme tous les éducateurs de cette époque, usaient ouvertement. […] Système hybride !  […] Dans quelle mesure le système de Hegel a pesé sur lui. […] J’avoue que je ne suis pas très sensible à cette générosité, dans mon horreur de tout système qui ne se fonde pas sur une connaissance psychologique de l’homme.

1261. (1921) Esquisses critiques. Première série

Il n’étale point de théorie ou de système dans ses œuvres qui ne semblent point disposées sur un plan d’ensemble. […] Sans doute y a-t-il loin des doctrines barrésiennes aux œuvres de M. de Régnier dont tout esprit de système est absent. […] Il nous le dit expressément, nous convie à faire cet effort, nous engage, nous pousse à pénétrer dans cette heureuse contrée que dépeint avec poésie son œuvre de romancier, et dont son œuvre de chroniqueur explique le système. […] Quand la phrase n’est pas brève, elle est solidement articulée dans un système précis de relatifs et de conjonctions, la période existe, les incidentes la varient, elle sonne clairement, bref c’est du français — du plus joli. […] Le système d’anacoluthes et d’ellipses que l’on y remarque, toutes ces façons de jouer sur ce que les mots ont de purement matériel, ces grincements que M. 

1262. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Si longue que soit une série d’événements réels, par exemple la suite des changements arrivés depuis la formation de notre système solaire, si vaste que soit un groupe de corps réels, par exemple l’assemblage de tous les systèmes stellaires auxquels nos télescopes peuvent atteindre, le réceptacle déborde au-delà ; nous aurions beau accroître la série ou le groupe, il déborderait toujours, et la raison en est qu’il n’a pas de bords. […] Quelquefois, comme dans notre système, ils seraient assemblés de façon à amener des retours réguliers ; quelquefois ils seraient assemblés de manière à n’en pas amener du tout.

1263. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Il pensait que l’univers visible n’est qu’un système de symboles et qu’il n’y a de vrai que ce qu’on ne voie pas. […] Bref, Racine, à vingt-trois ans, n’a pas encore tout son génie ; mais il a déjà tout son système dramatique. […] Andromaque, c’est l’entrée, dans la tragédie, du réalisme psychologique et de l’amour-passion, et c’est le commencement d’un système dramatique nouveau. […] Car d’abord, elle est, de toutes, la plus rigoureusement conforme aux deux admirables définitions que nous a données Racine de son système dramatique (dans la préface de Britannicus et dans celle de Bérénice même).

1264. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Ce politicien, ce peintre, ce savant n’ont-ils pas manifesté une maîtrise d’artistes supérieurs, sur le terrain le plus étranger à leur génie habituel, au rebours de tous les systèmes, par-dessus toutes les frontières des genres et des esprits ? […]  » Le goût du système est déjà né dans cet écolier, et aussi celui de l’observation. […] J’avoue ne pas me consoler que le grand écrivain se les soit interdits par un préjugé d’esthétique qui était une des formes de son esprit de système, et aussi de sa modestie. […] Quel plus beau rôle que celui de dévoiler les systèmes de l’organisation sociale, encore si peu connue ? […] Ils croyaient au système des deux Chambres, aux courants qu’on ne remonte pas, et ils n’éprouvaient visiblement aucun désir de retourner à trente années en arrière.

1265. (1911) Études pp. 9-261

Elle n’est pas une construction philosophique, un système dont les parties soient distinctes et les unes les autres se compensent, constituant un équilibre architectonique. […] Cette œuvre en effet n’énonce aucun système. […] Mais il n’en compose aucun système. […] L’ensemble des épisodes forme un système fragile dont les parties s’avoisinent et se distinguent comme se distribuent à l’intérieur d’un instant les sentiments d’une âme complexe. […] Dans Le Prométhée Mal Enchaîné l’idée de la gratuité va débusquer celle de la conscience et les voici qui croissent, enchevêtrées et discernées, s’exagérant l’une par l’autre, se répliquant, s’échappant, se décevant sans cesse, formant un instable et compliqué système.

1266. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Naudé, lui, n’avait aucun de ces caractères qui étaient propres au siècle nouveau ; il ne se souciait en rien de l’expression littéraire, il ne s’en doutait même pas ; et pour ce qui est d’innover et de renchérir en fait de système, s’il avait jamais pensé à le faire, c’eût été dans les lignes mêmes et comme dans la poussée du xvie  siècle, en reprenant quelque grande conception de l’antiquité et en greffant la hardiesse sur l’érudition. […] La reprise moderne des vieux systèmes lui remet en mémoire ces deux cent quatre-vingts sectes de l’antiquité toutes fondées sur la recherche et la définition du souverain Bien.

1267. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

La Science se venge contre Arnolphe du système absurde d’éducation morale, par lequel il a voulu proscrire de sa famille jusqu’à l’alphabet ; Agnès, contre le dessein de son tuteur, a appris à écrire, et elle se sert de l’écriture pour le tromper. […] Dans le monde de la nature, l’Idée (Begriff) passe par divers modes d’existence avant d’être l’Idée véritable (Idee)… Le système solaire est pour l’Idée une manière encore imparfaite de manifester son unité… La plante ne peut avoir le sentiment de sa subjectivité, parce qu’elle pousse sans cesse au dehors un nouvel individu sans pouvoir revenir sur elle-même… Dans l’animal, le principe spirituel n’apparaît pas encore comme Âme véritable ; car il ne se sait pas… La propriété d’être pour soi est ce qui constitue la véritable subjectivité.

1268. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

La conception n’est pas bien haute : ce Dieu écourté, qui fait son apparition au commencement du dix-huitième siècle, n’est qu’un résidu ; la religion éteinte, il est resté au fond du creuset, et les raisonneurs du temps, n’ayant point d’invention métaphysique, l’ont gardé dans leur système pour boucher un trou. […] Trois ou quatre systèmes, déformés et amoindris, se sont amalgamés dans son œuvre.

1269. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

La perpétuelle évolution de l’art échappe aux rigueurs de tout système. […] Les systèmes continuent à ne valoir que la valeur individuelle de leurs auteurs : mais ceux-ci ont appris à connaître les bornes de leur puissance, l’imagination a fait d’utiles écoles.

1270. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Or, la politique étant de sa nature une chose courte, temporaire, mobile comme les événements, les systèmes, les factions qui sont les éléments de la politique, la grandeur et l’immortalité du sujet manquent souvent au poète politique. […] Ce mode bachique d’ajuster sa poésie sur un air des rues était donc déjà familier comme une habitude à Béranger avant qu’il en eût fait un système.

1271. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Fils de ce romantisme qui, en passant, a laissé partout une lave incandescente de vie qu’on n’éteindra plus, Féval ne procède jamais à la manière incolore de ce pauvre diable de Le Sage, à peu près poétique comme son nom, mais il n’en trouble pas moins la hiérarchie des choses, dans son système de roman, en mettant en premier l’intérêt des événements, qui devrait être le second, et en second l’intérêt des sentiments, qui est certainement le premier… Et ne croyez pas qu’il n’en ait point l’intelligence ! […] Quand c’était fait, son œuvre était faite… Né pestiféré dans un siècle pestiféré, et malade de toutes les maladies de son temps, représentées par tous les systèmes, il guérit de toutes par le miracle de cette Grâce, qui opéra en lui par des voies secrètes ; car il ne fut le Féval de personne.

1272. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Il est comparable à celui des insectes en ce qu’il implique deux organisations, deux systèmes indivisibles de qualités (dont certaines seraient des défauts aux yeux du moraliste) : nous optons pour l’un ou pour l’autre système, non pas en détail, comme il arriverait s’il s’agissait de contracter des habitudes, mais d’un seul coup, de façon kaléidoscopique, ainsi qu’il doit résulter d’un dimorphisme naturel, tout à fait comparable à celui de l’embryon qui a le choix entre les deux sexes.

1273. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Par malheur, en touchant si juste dans son attaque contre cette fausse veine, Mme Dacier, préoccupée des idées d’école, donnait à l’instant dans une erreur d’un autre genre ; elle croyait pouvoir offrir dans Homère la perfection et jusqu’à la symétrie du poème épique, tel que le système en avait été autrefois trouvé par Aristote et surtout tel que l’avait récemment présenté dans un traité ad hoc un savant chanoine, le père Le Bossu ; et, par là, elle allait prêter le flanc aux gens d’esprit qui, battus ou repoussés sur une des ailes de leur corps de bataille, prendront leur revanche sur l’autre aile.

1274. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

 » Ses lettres, qui sont courtes, ne nous donnent que la note de son esprit et de sa conversation : celle-ci devrait être nourrie et piquante : Les nouveaux systèmes, disait M. de Meilhan dans le portrait d’Arsène, les engouements publics ne fixent son attention que par le ridicule qu’ils lui présentent.

1275. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Voilà déjà trois générations, ce me semble, qui se succèdent et dans lesquelles un nombre assez considérable d’esprits partis de points de vue fort différents se sont fait de Voltaire une assez juste idée, mais une idée qui est restée dans la chambre entre quelques-uns et qui a toujours été remise en question par la jeunesse survenante ; car les jeunes gens, à leur insu, au moment où ils entrent activement dans la vie, cherchent plutôt dans les hommes célèbres du passé et dans les noms en vogue des prétextes à leurs propres passions ou à leurs systèmes, des véhicules à leurs trains d’idées et à leurs ardeurs : soit qu’ils les épousent et les exaltent, soit qu’ils les prennent à partie et les insultent, c’est eux-mêmes encore qu’ils voient à travers ; c’est leur propre idée qu’ils saluent et qu’ils préconisent, c’est l’idée contraire qu’ils rabaissent et qu’ils rudoient.

1276. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Cependant Villars ne cessait de représenter les inconvénients du misérable système qu’on suivait et le terme fatal où il devait aboutir, du moment que la paix n’était qu’un leurre et qu’elle reculait toujours.

1277. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Aucun autre système n’est aussi conforme à notre nature.

1278. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

On le voit le premier Français newtonien qui ait importé au sein de l’Académie des sciences le vrai système du monde, et qui l’ait mis à la mode également dans la société.

1279. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

il y a beaucoup de faiblesse dans mon fait, et, qui pis est, de la faiblesse organisée, de la faiblesse en système, de la faiblesse qui a pris la forme d’une multitude de qualités apparentes ; si je perds ce défaut, me restera-t-il une vertu ?

1280. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Il s’agit des confidents de tragédie : « On fait encore, dit Schlegel, un grand mérite à Alfieri d’avoir su se passer de confidents, et c’est en cela surtout qu’on trouve qu’il a perfectionné le système français ; peut-être ne pouvait-il pas mieux souffrir les chambellans et les dames d’honneur sur la scène que dans la réalité. » Il est difficile de ne pas voir là une allusion plus ou moins directe à la petite Cour de la comtesse d’Albany et de Charles-Édouard.

1281. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Il nous débite d’un trait tout son système de morale pratique.

1282. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Tout à coup il se repent et craint qu’on ne voie dans sa comparaison une adhésion indirecte au système qui consisterait à rendre en peinture aux personnages de la Bible le costume des Arabes modernes.

1283. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Je dirai tout ce que je pense, en me replaçant dans l’esprit de l’ancien système français, inauguré par Corneille, et qui a régné sur notre scène jusqu’à Voltaire et ses disciples.

1284. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Honoré Bonhomme va demandant la vérité vraie, que l’histoire ne dit pas toujours… » Et à la suite de ce préambule, on nous prouve, moyennant citations louangeuses tirées d’articles de journaux, et conséquemment au système de la vérité vraie, que M. 

1285. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Si ce plan est raisonnable, dans le système monarchique, je m’engage à le soutenir et à employer tous les moyens, toute mon influence, pour empêcher l’invasion de la démocratie qui s’avance sur nous. » « Ces paroles m’allaient au cœur, continua Malouet.

1286. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

— Création : peut-on se passer du système de De Luc, qui considère les six jours comme six époques indéterminées ? 

1287. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Elle a su être naturelle sous les systèmes, comme elle s’est trouvée passionnée sous ses magnificences de talent. — Je dis encore bien des choses que j’ai besoin qu’on aille chercher en moi en m’interrogeant ; car, seul et abandonné à moi-même, j’aime mieux laisser dormir, sans en remuer les abîmes, tous ces beaux lacs profonds du passé. »

1288. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

C’est une chose bien remarquable, comme, en avançant dans la vie et en se laissant faire avec simplicité, on apprécie à mesure davantage un plus grand nombre d’êtres et d’objets, d’individus et d’œuvres, qui nous avaient semblé d’abord manquer à certaines conditions, proclamées par nous indispensables, dans là ferveur des premiers systèmes.

1289. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Le style du Spectacle dans un Fauteuil n’a plus rien du système ni du pastiche, comme certains endroits des Contes d’Espagne et d’Italie ; mais, en revanche, les incorrections et les négligences n’y sont pas ménagées : la plupart meurt, etc., etc.

1290. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

On travaille à séparer le plus qu’on peut les sciences et les lettres de tout ce qui tient à la politique et à toute espèce d’idée d’organisation sociale : je ne dis rien sur ce système ; mais on agit ensuite comme si ce but était déjà atteint, et on protége les lettres, comme si elles étaient déjà dans ce bienheureux état d’indépendance de toutes les agitations humaines.

1291. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

L’esprit philosophique qui généralise les idées, et le système de l’égalité politique, doivent donner un nouveau caractère à nos tragédies.

1292. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Gens sans aveu, réfractaires de tout genre, gibier de justice ou de police, besaciers, porte-bâtons, rogneux, teigneux, hâves et farouches, ils sont engendrés par les abus du système, et, sur chaque plaie sociale, ils pullulent comme une vermine  Quatre cents lieues de capitaineries gardées et la sécurité du gibier innombrable qui broute les récoltes sous les yeux du propriétaire, provoquent au braconnage des milliers d’hommes d’autant plus dangereux qu’ils bravent des lois terribles et sont armés.

1293. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

» Puis, s’interrompant lui-même et passant sans transition à un autre sujet : « Le christianisme, dit-il, les idéologues n’ont-ils pas prétendu en faire un système d’astronomie ?

1294. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Il suppose une race un peu affaiblie, une diminution de la force musculaire et un raffinement du système nerveux, la persistance de l’esprit d’analyse au fort même des sensations les plus propres à vous faire perdre la tête, par suite une certaine incapacité de jouir pleinement et tranquillement de son corps, le sentiment de cette impuissance, un retour paradoxal, en pleine débauche, au mépris de la chair, et, dans la souillure même, une aspiration à la pureté, moitié feinte et moitié sincère, qui ravive la saveur du péché et le transforme en péché intellectuel, en péché de malice… De M. 

1295. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Il existait un ensemble de règles convenues, un système de dogmes littéraires, un code officiel du beau.

1296. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Au xvie  siècle, le français doit se défendre contre un terrible assaut des langues anciennes et des modernes ; le latin essaie d’abord de le supplanter ; puis, débouté de cette prétention, il réussit du moins à pénétrer en masse dans le vocabulaire, à compliquer l’orthographe, à changer pour un temps ou pour toujours le genre de certains substantifs, la forme de quelques comparatifs et superlatifs, le système de la versification.

1297. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Il discutait le système de guerre du grand Frédéric.

1298. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Les sept ou huit premières strophes sont consacrées à peindre le génie dans la profondeur de ses découvertes et dans la majesté de ses systèmes : « Tel éclatait Buffon… » — Puis paraît l’Envie, ameutant les puissances odieuses, et elles essayent de ravir ce favori et ce peintre auguste de la nature à l’honneur de ses immortels travaux.

1299. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Michaud, c’étaient des opinions de proscrit et d’honnête homme, des opinions humaines et non de système.

1300. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Les Romains, en effet, se prêtent merveilleusement à l’application de ce système si enchaîné : on dirait, en vérité, qu’ils sont venus au monde exprès pour que Montesquieu les considérât.

1301. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Ici, à ce moment, en Allemagne, c’était Wolff qui remplissait cet office de maître à penser, et qui, à travers les systèmes très contestables et le roman métaphysique dont il était l’interprète, faisait sentir du moins les avantages d’une raison plus libre et d’un bon sens plus dégagé : « C’est le bonheur des hommes quand ils pensent juste, disait Frédéric, et la philosophie de Wolff ne leur est certainement pas de peu d’utilité en cela. » La reconnaissance de Frédéric envers M. de Suhm « qui lui a débrouillé le chaos de Leibniz, éclairci par Wolff », est donc très sincère et très vive ; il a pour lui une de ces amitiés idéales, passionnées, enthousiastes, telles qu’en conçoivent les nobles jeunesses.

1302. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Mais si les faits, étudiés indépendamment de tout système, nous amènent au contraire à considérer la vie mentale comme beaucoup plus vaste que la vie cérébrale, la survivance devient si probable que l’obligation de la prouve incombera à celui qui la nie, bien plutôt qu’à celui qui l’affirme ; car, ainsi que je le disais ailleurs, « l’unique raison de croire à l’anéantissement de la conscience après la mort est qu’on voit le corps se désorganiser, et cette raison n’a plus de valeur si l’indépendance de la presque totalité de la conscience à l’égard du corps est, elle aussi, un fait que l’on constate ».

1303. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Les habitudes de l’homme intérieur, ayant formé le philosophe, formèrent sa philosophie ; son système du monde fut produit par l’état de son âme ; sans le savoir ni le vouloir, il construisit les choses d’après un besoin personnel, Ce genre d’illusion est presque inévitable ; nous ressemblons à ces insectes qui, selon la diversité de la nourriture, filent des cocons de diverses couleurs.

1304. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Malthus ignorait Schopenhauer, il viendrait de Hobbes ; or, si vous voulez vous souvenir de Que faire et Ce qu’il faut faire, du comte Tolstoï, vous verrez que l’écrivain russe se plaint que la Russie ait été envahie par les hegeliens, que pendant quarante ans on a cru aveuglément aux systèmes précités (hegelianisme, malthusisme). […] N’ai-je pas en une précédente chronique essayé d’établir : que faute de base scientifique pour ériger un système de critique scientifique, il fallait s’en remettre à la divination des écrivains de valeur, qui se prouvaient tels par les vers ou la prose, et sur ce garant accepter avec plaisir, avec recueillement un peu, les opinions qu’ils émettent et comme une sténographie de leur conversation. […] Les systèmes les moins fondés, étayés sur quelques apparences scientifiques, séduisent pour des demi-siècles les générations. […] Or, Tolstoï ne se borne pas à attaquer les préjugés qui vivent aux corps constitués, il résout à rien ou peu de chose des systèmes qui eurent la réputation d’être progressistes, l’hégélianisme, le positivisme, la façon dont on a appliqué Kant, l’étude expérimentale du fait, qui ne s’éclaire de la lumière d’aucune théorie intuitive, la médecine moderne dirigeant des soins vers la guérison spéciale des classes riches, il eut pu dire vers la transmutation de leurs maladies. […] Il en est jusqu’ici de tout système sociologique comme des théories littéraires et scientifiques ; on ne peut qu’approuver le théoricien quand il montre énergiquement les vices de l’état social, la part que l’homme prend à l’entretien de ces vices, la dépression que sa cervelle étriquée de privilégié sans droit impose à la science et à l’art.

1305. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Il n’admet pas que le système d’explication, qui convient aux événements physiques sur lesquels il a prise, doive céder la place, quand il s’aventure plus loin, à un système tout différent, celui dont il use dans la vie sociale quand il attribue à des intentions bonnes ou mauvaises, amicales ou hostiles, la conduite des autres hommes à son égard. […] Plutôt que de se décourager, il étend à ce domaine le système d’explication dont il use dans ses rapports avec ses semblables ; il y croira trouver des puissances amies, il y sera exposé aussi à des influences malfaisantes ; de toute manière il n’aura pas affaire à un monde qui lui soit complètement étranger. […] Rattacher la religion à un système d’idées, à une logique ou à une « prélogique », c’est faire de nos plus lointains ancêtres des intellectuels, et des intellectuels comme il devrait y en avoir davantage parmi nous, car nous voyons les plus belles théories fléchir devant la passion et l’intérêt et ne compter qu’aux heures où l’on spécule, tandis qu’aux anciennes religions était suspendue la vie entière.

1306. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Or, cela est bien étrange, étant donné un système dramatique ou, justement, presque toutes les conventions ont été établies pour permettre au poète de ne rien sous-entendre… De là mes doutes. […] Voltaire, en 1766, débarrasse la scène des bancs latéraux qui l’encombraient… et l’ancien système dramatique, dans ses traits essentiels, survit cinquante ans à ce débarras. […] L’idée première de la pièce se formulerait assez bien ainsi : — Quelles conséquences peut avoir, dans la conduite et dans la vie d’un imbécile à cerveau systématique, la croyance à ce que les Grecs appelaient la Némésis, et le bon Azaïs « le système des compensations » ? […] Ce n’est que l’hypothèse, très probablement fausse, mais d’ailleurs invérifiable, d’un optimisme assez béat et court de pensée. « La somme des biens et celle des maux se balancent, au total, dans chaque vie humaine. » Le « système des compensations » est le développement de cette affirmation. […] Il ne pouvait être question, dans un vaudeville, que de démontrer la niaiserie du système d’Azaïs.

1307. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Il n’y a pas de système plus optimiste et plus aimable. […] En exposant son système, il se racontait. […] Quoi qu’il en soit, tel était bien le fond de son système d’idées. […] Un système est une méthode de travail. […] Conçu plus tard, le système eût été sans doute plus large.

1308. (1890) Nouvelles questions de critique

S’est-on avisé d’aller chercher dans Racine des renseignements sur le « système protecteur », ou dans Molière des informations sur « l’inscription maritime ?  […] Ce qui est dangereux, en effet, ce n’est pas qu’une science quelconque ait sa place, plus ou moins considérable, dans un système et sur des programmes d’éducation, c’est que l’on se méprenne sur ce que j’appellerai son importance vraie dans l’histoire totale de l’humanité. […] Elle se fait invinciblement un système, de « préférer en tout les matériaux à l’œuvre, comme disait Sainte-Beuve, l’échafaudage au monument ». […] Entre la littérature d’un âge ou d’une race et les autres parties de la civilisation de cette race ou de cet âge, il y a donc des liaisons, tout un système de communications et d’échanges, une solidarité qui fait de chacune de ces parties ce que la science appelle une fonction de l’ensemble. […] L’histoire de la littérature et l’histoire des mœurs s’illuminent ainsi l’une l’autre d’une lumière toute nouvelle, si nouvelle en vérité, que, même en Angleterre, avec tout ce qu’elle trahit de parti pris et d’esprit de système, l’Histoire de la littérature anglaise de M. 

1309. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

C’est obtenu par un système qui a ses inconvénients, mais aussi bien des avantages, plus peut-être que celui de la scène tournant sur pivot. […] Mais tant y a qu’avec ce système on me donne le Roi Lear en moins de trois heures, et, dame !

1310. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

* * * Enfin, et voici mon troisième point, la littérature française du xixe  siècle vit dans un pluralisme : je veux dire un droit égal reconnu à plusieurs systèmes de goût, à plusieurs plans de création. […] Ces étiquettes, ces coupes dans la durée, paraissent fragiles en présence de ce fait constant : que le classique et le romantique sont deux systèmes coexistants et complémentaires, un Nord et un Midi, une langue d’oïl et une langue d’oc, donc aucun ne parvient à éteindre l’autre par son rayonnement, ni à le réfuter par un raisonnement. […] À ce point de vue, de même qu’on distinguait des ordres en architecture, on pourrait reconnaître en critique quatre ordres, je veux dire quatre systèmes d’idées générales qui donnent des figures critiques réelles et vivantes, et dont chacun correspond peut-être à une famille distincte d’esprit critique, ou plutôt d’esprits constructifs appliqués à la critique. […] Mais un critique reste indépendant de ces systèmes privilégiés, individuels, utiles. […] Les deux systèmes impliquent un parti pris, excluent pareillement la critique.

1311. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Moréas ait retrouvé dans le verbe français le mètre pindarique ou qu’il y ait réalisé le système d’images de Théocrite. […] Grâce à un système de métaphores extrêmement vagues, grâce à des suites de sonorités mélodiques, grâce à des combinaisons de correspondances intellectuelles, il s’efforçait de nous transmettre le reflet très lointain, le mirage impalpable de sa pensée. […] Montfort, sur les ruines des systèmes métaphysiques, une religion profonde apparaît.

1312. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Depuis près de deux siècles, aucun gouvernement, aucun système d’enseignement ne l’a retranché des études nécessaires. […] Ils regrettaient le passé, fidèles à la ballade, à la villanelle, aux vieux mots gaulois, au système de poésie facile qui permettait à Ronsard de faire, si on l’en croit, quatre cents vers dans sa journée. […] Est-elle assujettie à quelque système, ou circonscrite à de certains genres d’écrire ?

1313. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

On ne saurait donc s’étonner de la susceptibilité de la faculté de Paris et de sa protestation en forme contre la prétention de Renaudot, d’exercer et de diriger tout un système de médecine gratuite à Paris.

1314. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

En Italie, il lui faudrait tout d’abord entrer dans un système de guerre qu’il n’a pas conçu et qui n’est pas le sien : Présentement M. le duc de Vendôme a fait toutes ses dispositions, lesquelles je crois être très sages ; mais, quelque respect que j’aie pour ses projets, chacun a sa manière de faire la guerre, et j’avoue que la mienne n’a jamais été de vouloir tenir par des lignes vingt lieues de pays… Encore une fois, monsieur, si quelque chose allait mal en Italie, j’y volerais… Il n’y a qu’à conserver ; et si Sa Majesté, qui m’a dit autrefois elle-même et avec bonté les défauts qu’elle me connaissait, a bien voulu les oublier dans cette occasion, il est de ma fidélité de les représenter.

1315. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Il conserve sa manière de voir pure et droite, et il augmente tous les jours ses connaissances ; sa pénétration, l’étendue de sa vue s’agrandissent ; l’excitation qu’il me donne par la part qu’il prend à mes travaux me le rend inappréciable 49. » Et c’est ainsi que se complète autour du grand esprit de Weimar ce ministère général de l’intelligence dont il est le régulateur et le président ; ou, si l’on aime mieux, on y peut voir un petit système planétaire très bien monté, très bien entendu, dont il est le soleil.

1316. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

J’ai connu la personne7 qui, dans un milieu, dans un cadre plus persistant et plus fixe, eût été par le goût, par l’autorité, par la concision ornée et une sorte de grâce imposante, comme une autre maréchale de Luxembourg ; qui aurait réprimé, parmi la jeunesse de l’un et l’autre sexe, le système commode du sans gêne ou du què que ça fait, s’il eût jamais pu être réprimé de nos jours ; celle dont l’approbation, exprimée d’un mot, était un honneur.

1317. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Vite, hâtons-nous et revenons à l’un de ces poètes qui n’ont pas besoin d’être réhabilités ni reconstruits à grand effort de système, et qui ont su traverser les âges par un hasard de destinée, heureux sans doute, mais aussi très justifié, et tout simplement parce qu’ils avaient en eux et qu’ils ont mis dans leurs œuvres une étincelle de cette flamme qui fait vivre : Vivunt commissi calores… II.

1318. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Ils avaient combiné ce nouveau principe, comme ils l’avaient pu, avec celui des Grecs, et avaient obtenu la solidité en ne ménageant pas la force des appuis et moyennant un système de matériaux homogènes, broyés et cimentés.

1319. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

C’est le devoir de quiconque touche sur quelque point à l’histoire de s’appliquer à dégager des mauvais actes, des mauvaises paroles, des emportements et des égarements de passion ou des erreurs de système, les services rendus à cette chose durable et sacrée qui s’appelle la Patrie ou l’État.

1320. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Il n’y a pas de système absolu ; la défensive n’est bonne qu’autant qu’elle peut se convertir, à un moment donné, en offensive rapide, et l’un des plus grands talents d’un général est de savoir saisir à point l’initiative, même dans une lutte de pure défense.

1321. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Il a peu d’idées, des systèmes importuns, une modestie fausse, une prétention à l’ignorance, qui revient toujours et impatiente un peu ; mais il sent la nature, il l’adore, il l’embrasse sous ses aspects magiques, par masses confuses, au sein des clairs de lune où elle est baignée ; il a des mots d’un effet musical et qu’il place dans son style comme des harpes éoliennes, pour nous ravir en rêverie.

1322. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

On venait de s’entretenir avec feu du désastre du Système, et la perte que plus d’un interlocuteur y faisait avait animé le discours.

1323. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Molé, cette brillante et courte union d’un moment à l’entrée du siècle, avant les systèmes produits, les renommées engagées, les emplois publics, tout ce qui sépare ; cette conversation d’élite, les soirs, autour de madame de Beaumont, de madame de Vintimille : « Hélas !

1324. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Le service militaire réduit à cinq ans de présence sous les drapeaux ; les pensions aux invalides servies dans leurs familles, pour être dépensées dans leurs villages, au lieu d’être dilapidées dans l’oisiveté et dans la débauche du Palais des Invalides dans la capitale ; Jamais de guerre générale contre toute l’Europe ; Un système d’alliance variant avec les intérêts légitimes de la patrie ; Un état régulier et public des recettes et des dépenses de l’État ; Une assiette fixe et cadastrée des impôts ; Le vote et la répartition de ces subsides par les représentants des provinces ; Des assemblées provinciales ; La suppression de la survivance et de l’hérédité des fonctions ; Les États généraux du royaume convertis en assemblées nationales ; La noblesse dépouillée de tout privilége et de toute autorité féodale, réduite à une illustration consacrée par le titre de la famille ; La justice gratuite et non héréditaire ; La liberté réglée de commerce ; L’encouragement aux manufactures ; Les monts-de-piété, les caisses d’épargne ; Le sol français ouvert de plein droit à tous les étrangers qui voudraient s’y naturaliser ; Les propriétés de l’Église imposées au profit de l’État ; Les évêques et les ministres du culte élus par leurs pairs ou par le peuple ; La liberté des cultes ; L’abstention du pouvoir civil dans la conscience du citoyen, etc.

1325. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Dans les dernières pièces de Corneille, cela devient un système : il combine les atrocités historiques de l’antiquité avec les mœurs politiques du jour, plus rusées que cruelles, et ainsi l’ajustement de l’intrigue aux caractères est moins exact.

1326. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Enfin, il a paru incliner vers les sujets fantastiques, vers le merveilleux physiologique et pathologique : son système nerveux qui commençait à se détraquer, lui imposait ces visions.

1327. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

On peut imaginer des êtres plus étranges encore, et la partie commune entre les deux systèmes d’énoncés se rétrécira de plus en plus.

1328. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Dieu me garde de croire qu’un tel système de société soit actuellement applicable, ni même que, actuellement appliqué, il servît la cause de l’esprit.

1329. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

En vertu de cette conception réaliste, empruntée mi-partie à l’Allemagne et à l’Angleterre, il n’a pas eu assez de reproches et de sarcasmes à l’adresse de Jean-Jacques osant poser pour base de son système l’égalité des citoyens entre eux, quand si visiblement les hommes sont inégaux de nature ; il a foudroyé « l’esprit classique » formulant des principes universels et aboutissant à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ; il a écrasé de son mépris les « métaphysiciens » de la Révolution s’épuisant à forger de toutes pièces des Constitutions qui, suivant lui, ne pouvaient être viables, par cela seul qu’elles n’étaient pas le produit d’une sorte de végétation inconsciente.

1330. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

« Oui, Monsieur, s’écrie Voltaire, un soldat peut répondre ainsi dans un corps de garde, mais non pas sur le théâtre, devant les premières personnes d’une nation, qui s’expriment noblement et devant qui il faut s’exprimer de même. » En vertu de ce système, s’agit-il de rendre un détail familier, mais nécessaire ; vite la périphrase académique accourt à la rescousse.

1331. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Son système théâtral est une abstraction hardie qui supprime résolument une moitié de l’homme et de la vie.

1332. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Quand on vient de lire le traité de Huet sur la Faiblesse de l’esprit humain, il semble qu’on n’ait qu’à tourner le feuillet pour lire la pièce de Voltaire sur les Systèmes, ou son admirable lettre à M. 

1333. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Il ne dérogea que tard à ce système de conduite et dans un seul cas : ce fut à l’occasion de la querelle sur la musique, de la guerre ouverte entre Gluck et Piccinni.

1334. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Mais, vivant jusqu’à la fin en Turquie, et sablant le tokay sur le Bosphore, il persista dans son système d’indifférence et dans le découragement dont il s’était fait une philosophie : « Qu’a-t-on à faire, répondait-il aux curieux, du récit de mes sottises ? 

1335. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

En récidivant il abuse, il généralise, il a du système ; il fait un monde à l’envers d’un bout à l’autre, un monde que son Figaro règle, régente et mène.

1336. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Dès les premières années du règne de Louis XIV, Messieurs de Port-Royal avaient essayé de fonder un système d’éducation très chrétien encore et à la fois non gothique, s’accordant sur bien des points avec la raison et le bon sens délivrés des entraves de la routine : si ces écoles de Port-Royal, compromises par le jansénisme, avaient péri, les livres et les méthodes des maîtres subsistaient à défaut de leurs exemples.

1337. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Je suppose, pour ne pas être injuste, qu’on a présent à l’esprit Le Siècle de Louis XIV, l’Histoire de Charles XII, ce qu’il y a d’inspiration chevaleresque dans la tragédie de Tancrède, l’Épître à Horace, Les Tu et les Vous, Le Mondain, Les Systèmes, les jolies stances : Si vous voulez que j’aime encore… ; je suppose qu’on a relu, il n’y a pas longtemps, bon nombre de ces jugements littéraires exquis et naturels, rapides et définitifs, qui sont partout semés dans la correspondance de Voltaire et dans toutes ses œuvres, et, bien assuré alors qu’il ne saurait y avoir d’incertitude sur l’admiration si due au plus vif esprit et au plus merveilleux talent, je serai moins embarrassé à parler de l’homme et à le montrer dans ses misères.

1338. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Une note de Volney, qui se lit page 102 de la première édition des Ruines et qui n’a pas été reproduite dans les éditions dernières, donne quelques détails à ce sujet, et laisse voir l’esprit de système en même temps que le fonds d’âcreté de l’auteur.

1339. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Tout passe, tout casse, tout lasse : ce qui vient de la flûte retourne au tambour, et on se trouve le cul entre deux selles ; on veut recourir aux branches, mais alors il n’est plus temps, l’arbre est abattu ; c’est de la moutarde après dîné ; il est trop tard de fermer l’écurie quand les chevaux sont dehors. » Tel livre d’hier n’est pas rédigé selon un système différent, si l’on admet que l’écriture par clichés puisse être un acte raisonnable et volontaire.

1340. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Tous ces gnomes en toque lui présentent en criaillant « leurs petits » systèmes de droit romain, leurs petites doctrines sur les emphythéoses, lorsque tout à coup la déesse se soulève avec un cri : « Taisez-vous !

1341. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Au dedans de lui les conjectures, les systèmes, les apparences monstrueuses, les souvenirs sanglants, la vénération du spectre, la haine, l’attendrissement, l’anxiété d’agir et de ne pas agir, son père, sa mère, ses devoirs en sens contraire, profond orage.

1342. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Nous n’en parlerions point si ce système n’avait pas rencontré des approbateurs en Angleterre et des propagateurs en France.

1343. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Le système de Ptolémée était peut-être nécessaire pour préparer celui de Copernic.

1344. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

La nuance a détrôné la couleur, l’écriture a détrôné le style, les thèses et les systèmes ont chassé la vie.

1345. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Selon Giovanni Lista, le futurisme et le primitivisme (lancé en 1909 à Toulouse par Touny-Lérys, Marc Dhano et George Gaudion) qui tâcha d’en être l’antagoniste, « forment système » par leurs oppositions systématiques (futur/passé, nouveau/tradition, masculin/féminin…).

1346. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

La démocratie, de 1786 à 1789, c’est Louis XVII C’est le faible Louis XVI, comme on dit, qui a intronisé cette manière de gouverner que pratiqua la Convention, et qui consiste à vouloir réaliser de haute lutte un système de choses antipathiques aux populations, à leurs préjugés, à leurs mœurs.

1347. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Toutes les religions, toutes les morales, tous les systèmes basés sur le non-être, sont destinés à faire banqueroute, car la vie emporte chaque jour ce qui s’élève contre elle ; et quand bien même la terre se couvrirait de séminaires et de faux apôtres en robes de deuil, cette lèpre formidable n’empêcherait pas le globe d’accomplir sa révolution, ni le sang de parcourir les veines.

1348. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Ne nous étonnons donc pas si des philosophes comme Schopenhauer veulent que le rêve traduise à la conscience des ébranlements venus du système nerveux sympathique, si des psychologues tels que Scherner attribuent à chaque organe la puissance de provoquer des songes spécifiques qui le représenteraient symboliquement, et enfin si des médecins tels qu’Artigues ont écrit des traités sur « la valeur séméiologique » du rêve, sur la manière de le faire servir au diagnostic des maladies.

1349. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Tous deux procèdent du même mouvement qui entraîna hommes et choses, sentiments et systèmes, à la fin du dix-huitième siècle. […] Les oreilles qui s’étaient montrées choquées du « mouchoir » risqué timidement sur la scène par Alfred de Vigny, entendirent avec délice le torrent de substantifs et d’épithètes retentissants qui roulait sur la vieille rhétorique abattue et les vieux systèmes déracinés. […] « La critique scientifique des œuvres d’art, par un système d’interprétation de signes que nous avons exposé, dresse en pleine lumière, des hommes formant l’une des deux phalanges qui résument en elles toute l’humanité, et la représentent. […] Les théories littéraires sont de sable, les systèmes d’école, de fumée, et le moindre vent qui passe fait s’écrouler l’instabilité terre à terre des unes, s’évanouir la frivolité aérienne des autres. Mais à la place des théories et des systèmes, quelles puériles haines, quelles imperturbables vanités, quelles poussées de démesurés orgueils !

1350. (1900) La culture des idées

On ne perfectionne pas de pareils systèmes ; il faut les accepter tels que les générations les ont organisés, ou les nier rigoureusement. […] Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il est né ; Goethe a daigné en rire ; quand Auguste Comte en fit la base de son système social, un homme d’esprit reconnut aussitôt qu’il s’agissait de créer une humanité heureuse avec des hommes dont on aurait détruit le bonheur individuel. […] La société est une colonie animale sans système nerveux central. […] Par quelle magie les utopistes changeront-ils l’ordre des réactions dans un système nerveux ? […] Ce système est utile quand il s’agit d’une pièce de théâtre qui souvent ne repose que sur un mot ou une situation qui feront tout aussi bon effet avec n’importe quel dialogue.

1351. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Les morceaux en sont demeurés bons, si l’édifice est tombé par terre ; et, après tout, de combien de systèmes n’en pourrait-on pas dire autant ? […] Si cependant Lamennais, plus heureux dans l’art de renouveler telle ou telle partie de l’apologétique ou de la philosophie, que dans l’art d’édifier un système, — ce qui est assez grave quand on en a prétendu construire deux, — s’est lui-même un peu égaré dans l’argumentation du premier de ses deux grands ouvrages et n’a pas très habilement ni très solidement ordonné le second, nous serons de l’avis d’Edmond Scherer. […] En conséquence, il estimait que tout ce qui peut leur échauffer l’imagination, — la poésie, la musique, l’art sous toutes ses formes, et même la religion, — ne doit leur être permis qu’à très petites doses. » Ce que vaut le « principe » ou le « système » de M. de Maurescamp, nos lecteurs le savent, qui n’ont pas oublié, sans doute, l’Histoire d’une Parisienne. […] Ils la rapetissaient à la mesure de l’homme, — et d’ailleurs ils n’ont pas laissé de la célébrer magnifiquement, — mais ils réduisaient le système du monde au champ de leur vision. […] Si nos actions extérieures ne sont jamais, en effet, — comme nos sentiments et comme nos sensations, — qu’un total, une combinaison ou un système d’actions plus élémentaires ; si notre conduite nous est souvent dictée par des principes ignorés de nous-mêmes ; et si nos résolutions enfin, par toutes leurs racines, plongent, pour ainsi parler, dans les profondeurs de l’inconscient, l’objet du roman psychologique est d’explorer ces profondeurs ; de nous révéler à nous-mêmes ces principes secrets de nos actes ; et là enfin où nous n’avions vu qu’un ensemble, de le décomposer en ses éléments.

1352. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Grâce à ce système d’équilibre et de pondération qui ne laisse aucune sottise se développer sans que le bon sens ne reçoive un développement parallèle ; grâce à ces docteurs qui savent                           Pour toute leur science, Du faux avec le vrai faire la différence96, le poète, mêlant l’utile à l’agréable, nous empêche de prendre le mal pour le bien, le bien pour le mal, et de tomber dans l’erreur d’Orgon, auquel Cléante disait : Vous ne gardez en rien les doux tempéraments. […] Les comédies d’Aristophane offrent aussi dans leur genre un système régulier ; mais, afin que l’inspiration comique ne se refroidisse pas, il faut que ce but soit tourné en plaisanterie, et que l’impression qu’il pourrait produire, soit affaiblie par des distractions de toute espèce, ou dissipée par de la gaieté.

1353. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Au reste, aucun système d’éducation ne saurait être généralisé : ici on appliqua l’amour ; Eugène était son nom, le Bien-né. […] Attachés à un point de l’espace et du temps, nous avons la manie de rapporter tout à ce point ; nous sommes tout à la fois ridicules et coupables. » En terminant, l’auteur s’adresse encore à l’Ombre chérie d’Eugène et retombe un peu dans la déclamation, au moins pour la forme ; mais les germes de son système de réversibilité et d’ordre providentiel viennent de se montrer et n’ont plus qu’à pousser leur développement. […] Les historiens, les théoriciens viennent alors, les dégagent de ce qui les neutralisait souvent et les voilait aux yeux des contemporains, et en font à leur tour des principes et des systèmes qu’ils opposent aux nouvelles formes naissantes et à peine ébauchées.

1354. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Il est ce que la raison peut comprendre, contrôler, construire, déclarer vrai ou faux dans une phrase donnée ou dans un système de phrases. […] Alfred Lartigue, ingénieur et électricien, la poésie pure entre dans un vaste système explicatif du monde, une psychodynamique générale. […] Lartigue estime en effet particulièrement « fondé » d’envisager dans la poésie, comme je l’ai fait, surtout des éléments esthétiques, c’est-à-dire des éléments agissant sur nos systèmes nerveux par un dynamisme « irradiant » d’effluve.

1355. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

— Tout n’est pas rose dans ce monde, repris-je sérieusement, mais pas rose du tout… Mon système de faire ce qui fait plaisir… c’est bon, mais ce n’est pas praticable ; on peut ne pas faire ce qui déplaît, mais faire ce qui plaît ! […] Ce qui est étonnant, c’est qu’un critique d’art de votre valeur dise qu’on suit tel peintre avec tel système, qu’on emploie tel procédé !!! […] Peindre des marins au bord de la mer en plein air où la lumière est difficile, ou des gamins au coin d’une rue à l’endroit même où on les voit, est-ce suivre un système ? […] Si on faisait régner dans un salon une atmosphère semblable à celle du dehors, ce serait système et parti pris.

1356. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Leur système est florissant : la vie peu à peu se remplit d’êtres spectraux qui, incapables de sentir la minute où il respirent, bâtissent avec des sons et des signes une cité future qu’ils peuplent de notions, d’archanges et de discours. […] Ces travaux de patience sont négligeables dans une psychologie du style, témoins innocents d’un système intellectuel dépourvu de colonne vertébrale. […] Albalat retienne ce petit mot, vu ; c’est la réfutation absolu, en deux lettres de l’alphabet, de ses deux manuels et de son pénible système.     […] Musique, cela permet l’allitération, vieux procédé qui se peut rajeunir ; cela permet aussi l’assonnance, vieux système aussi, mais que l’on peut adapter aux exigences de notre oreille. […] Il s’est souvent trompé, mais là où il voulut bien user de la syntaxe commune, abandonner son système d’allusions et d’abréviations, Mallarmé n’est plus d’exception que parle génie : il est le poète de la grâce et de la limpidité matinale ; les idées ordinaires retrouvent par lui une fraîcheur qu’on ne croyait plus possible ; il renouvelle tout ce qu’il touche, — don comme de fée : Hérodiade est peut-être le poème le plus pur, le plus transparent de la langue française.

1357. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Le parti, d’abord minime, et tout à coup immense, qui le porta au faite du pouvoir ne fut même pas un parti, si, par là, on entend une fraction de nation obéissant à une doctrine, à un système, à une croyance quelconque. […] C’est un système chez lui. […] Il s’était formé sur les choses de ce monde, et particulièrement sur les femmes, qu’il méprisait, quelques idées assez médiocres qu’il érigeait en principes et en systèmes, simplement parce qu’elles avaient l’honneur de lui appartenir. — « J’ai pour principe… Il entre dans mes principes… J’ai pour système… Voilà mon système !  […] Bourdeau vient de rendre un véritable service à ce philosophe en facilitant, par un abrégé excellent, la lecture du « moraliste curieux, de l’humoriste original », qui a été le créateur d’un nouveau système de philosophie. […] Il attire dans son orbite excentrique un système d’êtres fabuleux, moitié hôtes et moitié génies bâtards du ciel et de la terre, se rattachant à la vie physique dont il est le type souverain.

1358. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

À ces protestations Mme Lucie Herpin répond à ceux de la nouvelle école : « Vous avez ramené toutes les femmes de tous les mondes à un type unique, celui de la fille, et vous appelez cela : l’Étude de l’éternel féminin, attribuant à votre examen superficiel du système nerveux le titre pompeux de : Psychologie. […] Ce soleil saphir était le centre d’un système de planètes éclairées par sa lumière. […] « Nous traversons, me dit Uranie, le système solaire de Gamma d’Andromède, dont tu ne vois encore qu’une partie, car il se compose en réalité, non de ces deux soleils, mais de trois, un bleu, un vert et un jaune-orange. […] Je connaissais bien ce curieux système sidéral, pour l’avoir plus d’une fois observé au télescope ; mais je ne me doutais point de sa splendeur réelle. […] Avec ce système, on économise le sang de ses troupes ; on retrempe leur moral, et on fait éprouver à l’ennemi, qu’on décourage, des pertes plus considérables.

1359. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

De cette enquête minutieuse est résulté ce livre de haut intérêt, qui résume l’histoire de l’argent de nos jours et qui indique peut-être celle du système financier de l’avenir par le socialisme. […] L’engouement du système Law, de l’Union générale, n’est rien à côté de la véritable furie de lucre qui s’élève de toutes parts et qui pousse des troupeaux d’actionnaires à la Bourse où le marché grandit chaque jour. […] Bourget pour écrire ses romans ; la vérité, c’est qu’il n’a ni système, ni procédé, mais qu’il va suivant son tempérament, se disant que comme tout ensemble est fait de détails, il ne saurait juger consciencieusement de cet ensemble s’il n’a pas étudié ces détails. […] Sully Prudhomme, sous ce titre : Réflexions sur l’art des vers, vient de publier chez Lemerre une plaquette très intéressante pour ceux qui défendent ou qui combattent le système de prosodie actuelle. […] C’est du même pas assuré qu’on le voit aller par les rues, qu’il traversa les théories et les systèmes.

1360. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Pourtant les grands philosophes de l’antiquité couronnaient leur système du monde par une poétique, et ils faisaient sagement. […] Bourget nous donne le titre des ouvrages dans lesquels il expose son système. […] Je persiste à croire, toutefois, que la pensée a dans sa sphère propre, des droits imprescriptibles et que tout système philosophique peut être légitimement exposé. […] Il faut bien lui accorder que les idées agissent sur les mœurs et il en prend avantage pour subordonner tous les systèmes philosophiques à la morale. […] Qui me dit que ce système, en désaccord avec notre morale, ne s’accordera pas un jour avec une morale supérieure ?

1361. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Seulement, il avait du génie, et ce génie consistait à créer une racine verbale qui pouvait s’incarner dans bien des systèmes de voyelles, un schème moteur capable de se résoudre en une multitude de figures, une substance qui, comme la substance spinoziste de Dieu, s’exprime en une infinité d’attributs. […] Il voit avec raison en une énergétique le système nerveux de l’art balzacien. […] Déclassant matérialisme et spiritualisme, il voit la vie partout : « La littérature des xviie et xviiie  siècles, dit Curtius, avait vu l’homme sous le pur aspect psychologique, comme un système d’idées et de passion. » Encore Stendhal écrivait, en moraliste : « Écrire autre chose que l’analyse du cœur humain m’ennuie. » Balzac au contraire nous révèle l’homme dans ses rapports avec l’univers physique et social.

1362. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Raynouard, peut-être lui soumettrons-nous quelques doutes sur la généralité de son système ; peut-être, en nous appuyant sur l’autorité d’un savant non moins ingénieux, de M.  […] Ajoutons d’ailleurs que, par une chance fort heureuse, sa gloire est à l’abri des contradictions mêmes qu’éprouverait son système. […] Le onzième siècle avait vu s’accomplir une grande révolution dans tout le système de l’Europe. […] Mais il laissait après lui des idées plus puissantes que lui ; et son système acheva ce que lui-même n’avait pas fait. […] Ce ne serait pas seulement la prononciation, ce serait le système des constructions, la forme savante des phrases, tous les procédés de la langue enfin qui vous feraient obstacle, à moins d’une étude attentive de quelques mois.

1363. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Il est loin de tout système.

1364. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Je ne dis pas qu’il ne serait pas extrêmement curieux aujourd’hui d’avoir ces notes si, par hasard, elles s’étaient conservées, mais je dis que, dans le système qui tendrait à prévaloir et qui prévaut déjà, on en viendrait à les préférer décidément à la composition même, à cette histoire de la guerre du Péloponèse si parfaite, si épique ou dramatique, et d’une si austère unité d’action ; on en viendrait en tout à préférer les matériaux à l’œuvre, l’échafaudage au monument.

1365. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

On trouverait bien des particularités aussi, bien des traits utiles ou pittoresques pour un tableau du Système de Law, et de ses effets dans Paris, sur une nation si neuve aux idées de crédit et si prompte à passer de l’engouement à la panique.

1366. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

— L’éditeur nous dit également qu’il a suivi la ponctuation de Wagner un peu malgré lui ; car les virgules lui semblent trop multipliées dans ce système, lequel est d’ailleurs beaucoup plus sobre que celui de nos éditions françaises. « S’il n’eût fallu prendre garde, dit-il, de trop heurter les habitudes des lecteurs auxquels est destiné le présent livre, j’aurais fait comme M. 

1367. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

car enfin c’était le succès et le triomphe menaçant de l’un des deux systèmes qui faisait le désespoir et la désolation de l’autre ; entre les deux désespoirs, il fallait opter.

1368. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Enfin, il y a en grammaire une faute insoutenable qu’il pratique constamment et par système ; au rebours des écrivains d’aujourd’hui qui ont mis le son, sa, ses, partout, qui disent à propos d’un fait et d’une observation lui et elle, M. de Balzac ne connaît que le en : ainsi, dans les Célibataires, toutes les fois que l’abbé Birotteau était entré chez le chanoine Chapeloud il en avait admiré l’appartement et les meubles.

1369. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Quand il nous signale en une langue les divers systèmes de mots qui disparaissent ou s’introduisent selon les changements plus ou moins graves survenus dans les mœurs, il montre l’un ou l’aufre de ces cortéges mobiles qui se retire avec le temps, laissant à la vérité dans la langue, dit-il, des allusions et des métaphores qui ne peuvent s’en détacher, mais toutefois emportant, ainsi qu’une épouse répudiée, la plus grande partie de sa dot.

1370. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

En revanche, on nous dit qu’il avait trois systèmes différents sur la mortalité de l’âme, tant il avait peur d’y manquer.

1371. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

C’était une conséquence du système de Corneille, qui faisait ses héros tout d’une pièce, bons ou mauvais de pied en cap ; à quoi Racine répondait fort judicieusement : « Aristote, bien éloigné de nous demander des héros parfaits, veut au contraire que les personnages tragiques, c’est-à-dire ceux dont le malheur fait la catastrophe de la tragédie, ne soient ni tout à fait bons ni tout à fait méchants.

1372. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

J’omets toujours Manon et son Paris du temps du Système, son Paris de vice et de boue, où toutes les ordures sont entassées, quoique d’occasion seulement, remarquez-le bien, quoique jetées là sans dessein de les faire ressortir, et d’un bout à l’autre éclairées d’un même reflet sentimental.

1373. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Il me semble que les vices du système qu’on vous propose sortent de toutes parts.

1374. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

L’imagination sympathique, par laquelle l’écrivain se transporte dans autrui et reproduit en lui-même un système d’habitudes et de passions contraires aux siennes, est le talent qui manque le plus au dix-huitième siècle.

1375. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Pauvre Jean-Jacques, me disais-je, qui t’enverrait, toi et ton système, copier de la musique chez ces gens-là aurait bien durement répondu à ton discours. » Avertissement prophétique, prévoyance admirable que l’excès du mal n’aveugle point sur le mal du remède.

1376. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

En effet, les nerfs et les centres sensitifs sont engourdis ; toute cette portion du système nerveux par laquelle nous communiquons avec le dehors devient inactive ou moins active.

1377. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Tandis que Perrault, dans ses Parallèles, se donnera bien du mal pour réduire tous les arts à son système, et les faire marcher tous du même pas dans son idée du progrès indéfini, Boileau, sans parler de peinture ni de sculpture, sans y penser, n’y entendant peut-être pas grand’chose, mais concevant la poésie comme un art, et lui donnant pour but l’imitation de la nature, va au-delà des règles littéraires, et propose vraiment une formule d’où peut sortir une théorie générale des beaux-arts.

1378. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Parmi les hardiesses des lettres philosophiques, on ne croirait guère aujourd’hui qu’une des plus remarquées, et qui fit le plus de scandale, ait été la révélation du système de Locke : l’abbé de Rothelin, censeur royal, déclara à Voltaire qu’« il donnerait son approbation à toutes les lettres excepté seulement à celle sur M. 

1379. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

On voit combien cette pièce romantique se rapproche du système classique.

1380. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

A preuve, les systèmes de Kant, de Hegel, même de Spinoza… L’univers n’est qu’antinomies.

1381. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Et s’il est un système d’éducation qui puisse gouverner les passions de l’homme en les lui laissant, et qui, pour la France en particulier, soit propre à préparer ses générations aux fortunes diverses que les sociétés humaines ont à traverser, certes c’est celui où, après Descartes, Pascal, Bossuet, les maîtres familiers et populaires sont Montesquieu, Voltaire et Buffon.

1382. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Il a toujours combattu âprement les fervents de ce système et pourtant qui ne sent qu’il en est l’un des prototypes les plus marqués.

1383. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Molière oppose l’un à l’autre deux systèmes d’éducation.

1384. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

De plus les philosophes ont ébranlé le système de Descartes.

1385. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Il ouvrit son feu dans les Débats par deux magnifiques articles, du 29 juin et du 6 juillet, dans lesquels il démontrait que le système actuel suivi par le ministère, et hier encore approuvé par lui-même dans son ensemble, était aussi contraire au génie de la nation qu’à celui de nos institutions et à l’esprit de la Charte.

1386. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Il montre que cette société, et toutes celles qui en dépendent, ces confréries usurpatrices, « se tenant toutes par la main, forment une sorte de chaîne électrique autour de la France » ; qu’elles forment un « État dans l’État » ; que « l’organisation de ces sociétés est le système le plus complet de désorganisation sociale qu’il y ait jamais eu sur la terre ».

1387. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Aussi Flaubert avait-il beau jeu à faire apparaître les contradictions des systèmes en des sciences telles que l’histoire ou l’histoire naturelle, la médecine, la philosophie, l’esthétique, la politique ou la pédagogie.

1388. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

tenez, il faut en revenir à Kant : toutes les fois qu’il avait essayé d’échafauder un système, l’ayant senti s’écrouler, il a conclu qu’il n’y avait que la morale, le sentiment, du devoir.

1389. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

C’était, je crois, à propos de Gaiffe et du système cellulaire.

1390. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

L’homme absolu se fait un système et veut le réaliser sans délai : l’homme pratique a un but moins idéal et plus voisin ; il tourne les obstacles, quand il ne peut les franchir, et subordonne toutes ses pensées à la fin prochaine qu’il veut atteindre.

1391. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Ami, laisse ta logique, tes systèmes naïfs et bornés ; à ce degré, c’est un chant qui seul te traduirait.

1392. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Je ne veux pas tomber dans l’erreur de mettre en système leurs élans, leurs aspirations, et de durcir hâtivement ce qui est libre, naissant, flexible.

1393. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Mais nous nous heurtons ici à un système.

1394. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Il appartient à une génération qui atteint présentement l’âge d’homme, et qui est située entre des aînés dont les généreuses intentions furent amorties par un fâcheux concours de circonstances, et des cadets sur qui les faiseurs de réformes ont peut-être essayé trop de systèmes prétendus perfectionnés. […] En même temps, une instinctive préférence l’inclinait vers le système anglais. […] Les réformes qui ont modifié notre système d’instruction publique n’ont pas encore détruit tout à fait dans notre pays le type affreux du potache, l’abominable silhouette de l’étudiant « vadrouilleur » et la triste figure du pion. […] Cette pureté accompagnée de grâce et de beauté s’empare de lui au point de changer sa méthode, ses systèmes, sa notion du bien et du mal, sa vision des hommes et des choses. […] Mais il me semble que la construction d’un système d’idées générales suppose des qualités plus rares que les vertus qui président à la rédaction d’une note sur le rhotacisme ou d’un mémoire sur le digamma.

1395. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Taine par esprit de système. […] Voilà cent ans qu’un jésuite espagnol, ou peut-être même son éditeur, sans autre intention que de « lancer » sa traduction, s’est avisé de prétendre que Gil Blas était traduit littéralement d’un manuscrit tombé par hasard entre les mains de Le Sage ; et depuis lors — Espagnols, Français, Allemands, Anglais, Américains ou Russes — il a fallu que quiconque parlait de Gil Blas donnât son opinion motivée sur le système du père Isla, perfectionné par Llorente, en 1822. […] On peut regretter à ce propos que l’auteur de Turcaret n’ait pas glissé dans ce volume la moindre allusion au Système, et que l’étrange carnaval dont Law mena le branle n’ait pas trouvé son peintre dans Le Sage ; mais le romancier n’a-t-il pas peut-être fait encore mieux que cela ? […] Ruiné par le Système, il demanda des ressources au journalisme d’abord, et fit paraître, au cours des années 1722 et 1723, une feuille imitée du Spectateur d’Addison, le Spectateur français, laquelle, paraissant d’ailleurs à intervalles fort irréguliers, ne vécut pas au-delà du vingt-cinquième numéro. […] Maugras n’a pas vu que, s’il ôtait du système de Rousseau le dogme de la Providence, il en ôtait la clef de voûte, et que de ce fragile, peut-être, mais grandiose édifice, il ne laissait plus subsister pierre sur pierre.

1396. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Vos orateurs prouveront surabondamment vos droits. » Le courtisan est donc avocat : faire arme de tout, être toujours prêt sur le pour et le contre, fabriquer à l’instant et de toutes pièces un système de preuves, c’est la perfection du genre. […] Comme les misanthropes et les silencieux, il s’entête aisément d’une idée, et bâtit à ses frais pour étayer son système.

1397. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Chacun écrivait en l’honneur de son système, rien par amour de la vérité ; cela ressemblait à certains voyageurs modernes, pleins de mérite d’ailleurs, mais plus pleins encore d’illusions, qui, pour honorer la démocratie, nous peignaient les États-Unis de l’Amérique comme des lieux saints, et les bazars cosmopolites de New-York comme des sanctuaires de patriarches de la vertu. […] Chardin seul est admirable parce qu’il est sincère, et intéressant parce qu’il est vrai ; c’est le voyageur par excellence, parce qu’il n’a d’autre système que la vérité.

1398. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Le système philosophique de Victor Cousin est trop terne, trop médiocre. […] à l’heure où l’épouvantable système capitaliste écrase et tue des millions d’êtres humains dans l’atelier ou dans la mine, à l’heure où des millions de femmes sont arrachées aux foyers et des millions d’enfants aux écoles afin de faire baisser le salaire de l’homme dans la production industrielle, à l’heure où il est reconnu par tout observateur de bonne foi que la femme ne peut pas vivre de son travail et que toute femme, pauvre et sans famille, est obligée de se prostituer, à l’heure où l’on comprend de plus en plus que les inégalités naturelles sont déjà suffisantes et qu’il est vraiment abominable que les injustices sociales viennent encore les aggraver, à l’heure enfin où un immense cri de misère traverse le monde… vous osez invoquer le nom de la grande Déesse en faveur d’un cas particulier !

1399. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

On sait que, suivant Bain, la sensation tactile-musculaire ou son image est un élément nécessaire de tous les faits intellectuels139: nous craignons que l’esprit de système ne l’ait entraîné, sur le point qui nous occupe, à une observation peu rigoureuse140. […] Jackson), Recherches cliniques et physiologiques sur le système nerveux, première partie (analysée dans La Revue philosophique, fév. 1876) ; les mêmes idées se retrouvent, mais plus enveloppées, dans Luys, Etudes sur le dédoublement des opérations cérébrales (Bulletin de l’Académie de médecine, 13 mai 1879, p. 528-529). — Cf. 

1400. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Lors même que l’auteur des Orientales s’enfermerait obstinément dans le système littéraire qu’il a fondé, et soutiendrait que la terre finit à l’horizon de son regard, son passage dans la littérature contemporaine mériterait cependant d’être signalé, sinon comme une ère de fécondité, du moins comme une crise salutaire. […] Chez lui, cet oubli est volontaire et se formule en système. […] Dans Bug-Jargal, nous retrouvons cette prédilection traduite sous une forme moins hideuse, mais avec une persévérance qui indique un système arrêté. […] Ponsard a prêtées à Philippe-Auguste : il est certain que le rival de Richard a défendu vigoureusement contre le saint-siège les droits de la royauté, il est certain qu’il a combattu le système féodal avec énergie, qu’il s’est montré généreux envers les écoles ; mais la forme sous laquelle M. 

1401. (1893) Alfred de Musset

Faites des systèmes, mes amis, établissez des règles ; vous ne travaillez que sur les froids monuments du passé. […] Il érige de plus en plus en système la pauvreté de la rime : Vous trouverez, mon cher, mes rimes bien mauvaises ; Quant à ces choses-là, je suis un réformé. Je n’ai plus de système, et j’aime mieux mes aises ; Mais j’ai toujours trouvé honteux de cheviller. […] Mais je vous écris cet écrit du fond du système cellulaire.

1402. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Sur ces deux points, je ne trouve pas à vous répondre par un de ces plaidoyers en règle qui tendent à disculper à tout prix l’accusé par un système de dénégations d’une ingénieuse mauvaise foi. […] Ou bien est-ce pour y établir un système de justice et de compensation entre les différents êtres qui l’y ont précédé ? […] L’idée de les conserver à l’état de cendres leur fit chercher dans le tuf friable des catacombes un système de columbarium plus vaste, mais où le cadavre était isolé de l’air respiré par les vivants ; car on creusait des lits dans ce tuf, et on y murait hermétiquement les cadavres. […] Balzac n’avait pas d’idéal déterminé, pas de système social, pas d’absolu philosophique, mais il avait ce besoin du poète qui se cherche un idéal dans tous les sujets qu’il traite. […] Il a vu le côté riant ou grand de toutes les destinées sociales, de tous les partis, de tous les systèmes.

1403. (1885) L’Art romantique

Ajoutons aussi que la coupe de la jupe et du corsage est absolument différente, que les plis sont disposés dans un système nouveau, et enfin que le geste et le port de la femme actuelle donnent à sa robe une vie et une physionomie qui ne sont pas celles de la femme ancienne. […] Curieux de religions et doué d’un esprit encyclopédique, il devait naturellement aboutir à la conception impartiale d’un système syncrétique. […] Chenavard a bien choisi son moment pour exhiber son système de philosophie historique, exprimé par le crayon). […] Dans Lohengrin, ce système mnémonique est appliqué beaucoup plus minutieusement. […] Qu’on adopte dans d’autres théâtres, à la Comédie-Française, par exemple, ce même système de location, et nous verrons bientôt, là aussi, se produire les mêmes dangers et les mêmes scandales.

1404. (1898) La cité antique

Notre système d’éducation, qui nous fait vivre dès l’enfance au milieu des Grecs et des Romains, nous habitue à les comparer sans cesse à nous, à juger leur histoire d’après la nôtre et à expliquer nos révolutions par les leurs. […] Dansl’un et l’autre cas la parenté se reconnaît à ce qu’on fait l’offrande à un même ancêtre ; et l’on voit que dans ce système la parenté par les femmes ne peut pas être admise. […] Quand on lit les jurisconsultes depuis Cicéron jusqu’à Justinien, on voit les deux systèmes de parenté rivaliser entre eux et se disputer le domaine du droit. […] Sur cet objet, qui est livré depuis longtemps aux disputes des érudits, plusieurs systèmes ont été proposés. […] Il semblerait à première vue qu’on eût pris à tâche d’établir un système de vexation contre l’étranger.

1405. (1898) Essai sur Goethe

Et je me demande s’il ne suffit pas de cette lacune dans son système pour le frapper d’impuissance, de stérilité, et de médiocrité. […] Sans plus d’intelligence que le peuple qui appelle barbare tout le monde étranger, je qualifiais de gothique tout ce qui ne rentrait pas dans mon système, depuis les sculptures et les figurines multicolores faites au tour, qui ornent les maisons bourgeoises de nos gentilshommes, jusqu’aux restes sérieux de la vieille architecture allemande, sur laquelle, pour quelques volutes bizarres, j’entonnais le chant commun : « Tout écrasé d’enjolivures ». […] C’était, au contraire, un rude homme, ambitieux, tenace, qui poursuivait âprement les desseins d’une diplomatie ténébreuse tout en expérimentant de nouveaux systèmes de canons et d’arquebuses pour appuyer au besoin ses droits, et qui surveillait, de très près, l’instruction de son infanterie.

1406. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Lisez de Thou, lisez Tacite ; ne vous embarrassez d’aucun système ; ne vous alambiquez l’esprit sur rien, et peu à peu vous vous retrouverez capable de tout ce que vous voudrez exiger de vous. » Certes, il avait bien de la peine à prendre avec sérieux et d’une manière un peu suivie à la politique, à l’histoire, et à réfuter Burke sans faiblir, celui qui écrivait dans le même moment : « Brunswick, ce 24 décembre 1790. […] En raisonnement, je suis encore très-démocrate, il me semble que le sens commun est bien visiblement contre tout autre système ; mais l’expérience est si terriblement contre celui-ci, que si, dans ce moment, je pouvais faire une révolution contre un certain gouvernement dont vous savez que nous n’avons guère à nous louer179, je ne la ferais pas… » On a, sous le Directoire, lancé contre Benjamin Constant, qui venait de se déclarer républicain en France, une imputation absurde et calomnieuse : on l’a accusé d’avoir rédigé la Proclamation du duc de Brunswick ; ce sont là de ces inventions de parti comme celle de l’assassinat d’André Chénier contre Marie-Joseph ; c’est ce qu’on appelle jeter à son adversaire un chat-en-jambes 180. […] Vous êtes trop bonne, trop honnête, trop naturelle ; faites-vous un système qui vous rapproche des formes reçues, et vous serez au-dessus de tous les beaux esprits présents et passés.

1407. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Celui-là n’est pas riche, mais il a des goûts de millionnaire, et il s’est fait un système de vie qui participe à la fois des privations que sa position lui impose et de ses désirs qui luttent avec sa position. […] Ce système de vie est à mon avis fort ingénieux. […] Méry se fait montrer les mors, mais feint de n’en pas bien apprécier le système.

1408. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

« Or, le système de Chateaubriand me semble diamétralement opposé au mien.

1409. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

. — On a bien les deux systèmes en présence : d’un côté, le zèle, l’exactitude suprême, mais avec un penchant au purisme ; — de l’autre, une liberté qui va au relâchement, une largeur poussée jusqu’à la latitude, l’indifférence en matière de style, le tolérantisme.

1410. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il ne faut pas demander à Mme Valmore, je l’ai dit déjà, une suite bien logique d’idées ni aucun système ; son cœur la guidait en tout, sa charité la transportait90.

1411. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Une ombre étrange, gagnant de proche en proche, s’étendait peu à peu sur les hommes, sur les choses, sur les idées ; ombre qui venait des colères et des systèmes.

1412. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

On ne concevra point non plus les genres comme des systèmes fermés, sans rapport et sans dépendance réciproques, se juxtaposant sans se pénétrer à la façon des tourbillons de Descartes.

1413. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Et cependant, par l’originalité de son génie, il a coulé dans la tragédie un esprit nouveau, il l’a modifiée intérieurement de telle sorte qu’il nous semble le créateur d’un système dramatique.

1414. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Cette démocratie se distingue des systèmes abolis d’abord en ceci qu’elle ne fait point de la culture le privilège d’une caste, mais la rend accessible à tous les enfants et jeunes gens bien doués, sans distinction de naissance, ni de fortune ; et secondement en ceci qu’elle estime infiniment plus haut un homme cultivé et intelligent qu’un fils de prince ou un millionnaire ignorant ou borné.

1415. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Il n’y a pas ici de système à imaginer ; il n’y a qu’à prendre un à un dans l’ordre des temps et dans la succession des influences, les noms qui ont survécu, et dont la suite nous marque notre chemin.

1416. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Mais ni l’impiété de Lucien, ni le spiritualisme de Platon, dont la science commence où finit celle d’Hippocrate et de Galien, ni le matérialisme de ce dernier, ne le rendaient indifférent aux systèmes opposés, et à mille autres connaissances de tout ordre qui prenaient place dans cette vaste mémoire pour en sortir quelque jour pêle-mêle, ou en leur lieu, sous les formes les plus capricieuses.

1417. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

« Oui, dans la crainte d’avoir un fils qui, étant pauvre comme moi, ne sache ni mentir, ni flatter, ni ramper, et ait à subir les mêmes épreuves que moi. » Ce que j’en conclus seulement, c’est que sa morale est celle d’un célibataire usé et aigri, d’un homme qui a érigé son propre malheur en ironie et en système.

1418. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Par peur de la métaphysique et même de la critique des connaissances, il se réfugie avec Maudsley dans ce système de métaphysique particulier selon lequel, — on s’en souvient, — la conscience serait le résultat accidentel d’un fonctionnement de molécules.

1419. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

* * * Allons, c’est Pélagie qui le dit : « Il faut manger pour avoir des forces demain, pour la rude journée de demain. » * * * Devant le cadavre de celui qui m’aima tant, de celui pour lequel il n’y avait de bien et de bon, que ce qui avait été fait ou dit par Edmond, je me sens travaillé de remords pour mes gronderies, mes duretés, pour tout ce cruel et intelligent système, à l’aide duquel je croyais le relever de son atonie, et lui redonner de la volonté… Ah !

1420. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Sa philosophie est celle d’un souffrant, toute d’élans, de cris et de sanglots ; et après tout, c’est peut-être l’éternelle philosophie, celle qui est assurée de ne point passer comme tel ou tel système.

1421. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Par exemple, le sauvage qui aurait le tube digestif réduit et le système nerveux développé du civilisé sain serait un malade par rapport à son milieu.

1422. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

La loi de causalité, dans le système de Stuart Mill, serait une habitude générale ; elle passe à l’acte sous la forme de lois particulières.

1423. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

L’idée du dualisme — (ou de pluralisme dans d’autres systèmes anti-monistes) — sépare l’esprit et la force de la matière, comme deux substances essentiellement différentes, mais que l’une des deux puisse exister sans l’autre et se laisser constater, on n’en apporte aucune preuve expérimentale12 ».

1424. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Mêlés par le commerce, le partage de la milice, le service public des princes, à toute la vie du peuple conquérant, ils adoptèrent des idées, des systèmes de philosophie qu’ils exposèrent à leur tour dans la langue nouvelle dont ils se servaient pour l’exercice même de leur culte : ainsi, beaucoup de leurs croyances durent se répandre autour d’eux et se communiquer au dehors.

1425. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

L’obscurité de propos délibéré, la tendance à remplacer dans l’expression un système de clarté directe par un jeu de lumières réfléchies, s’appelle la préciosité. […] L’idéalisme absolu de Hegel, de Fichte et de Schelling avait déjà tenté Villiers de l’Isle Adam, dont la Claire Lenoir est une application curieuse de ce système ; Mallarmé en fit la base même de ses travaux. […] Opposez exactement ici un roman de Flaubert, un sonnet de Hérédia, systèmes arrêtés, convergents, et clos comme des concepts. […] Habitude systématisée, et non système enregistré par l’esprit. […] « Il représente, l’ayant poussé à l’outrance, la perfection du système des parnassiens, et le dernier développement de l’art romantique. » M. 

1426. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Le poëte catholique, qui chante en sa Divine Comédie l’orthodoxie de saint Thomas et les catégories d’Aristote, et ce païen panthéiste, qui cache sous la robe et le nom du réprouvé docteur Faust les témérités de Spinosa et le système suspect de Geoffroy Saint-Hilaire ! […] Son système d’une souveraineté unique ne porte aucune atteinte aux droits des communes et des citoyens. « Les nations ne sont pas pour les rois, mais les rois pour les nations », dit-il dans sa Monarchie. […] Il y a dans les poésies de ce pauvre Musset des vers qui rendent, à sa manière juvénile, ce système planétaire et psychologique de Dante : J’aime ! […] … De planète en planète, de vertu en vertu, de science en science, car la théorie morale de Dante est étroitement liée à son système astronomique où les planètes sont à la fois symbole et foyer d’une vertu qui leur est propre, l’ascension vers Dieu se fait à la fois plus rapide, plus libre, plus facile et plus manifeste. […] Sans système et par la simple impulsion de son grand cœur, Gœthe se préoccupe incessamment d’améliorer le sort des classes laborieuses.

1427. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Croyez qu’il n’existe pas de passe-temps plus délicieux que de bâtir des systèmes en l’air. […] Elles en sont sorties régénérées, je le crois ; mais il me reste un doute : l’homme qui est parti d’un système acquerra-t-il jamais la largeur de vue qui lui permettra de nous donner la représentation complète d’un fait ? […] L’intelligence qui bâtit les systèmes et l’expérience qui les éprouve sont du domaine de la science. […] Prenons la chevalerie, par exemple : née de la simple nécessité de défendre le sol contre les invasions hostiles, elle se développe en système d’obligations morales pour devenir dans sa métamorphose suprême le résumé de tout ce qui dans la nature humaine paraît noble et l’est. […] Mais cette conception poétique devient bien autrement importante quand elle acquiert, comme chez Marcel Schwob, l’autorité d’un principe scientifique, qui contient en germe un système vrai de la société humaine.

1428. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

alors l’idée, incontestable en même temps qu’attrayante, a perdu tout aspect outré, tout jargon d’école et de système ; elle se multiplie, se féconde, s’illustre d’exemples en tous sens, s’étaye de comparaisons et de rapports ; elle a percé enfin, elle se sécularise.

1429. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Il faut voir le système à l’œuvre.

1430. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Ressuscitez donc tous ces millions d’hommes déserteurs successifs de la monarchie temporelle des papes, et rendez-les, si vous pouvez, au système politique de Jules II !

1431. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Plaire est le seul système en poésie ; or il n’y a rien de moins plaisant qu’un syllogisme, fût-il en beaux vers.

1432. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

« Il me regarda fixement, ne fit aucune réponse, et, se détachant de moi, il commença un long monologue, allant de droite et de gauche, dans le demi-cercle que nous formions, énumérant une infinité de griefs sur la conduite du Pape et de Rome pour n’avoir pas adhéré à ses volontés et s’être refusé d’entrer dans son système, griefs qui ne sont pas à rapporter ici.

1433. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Ce système, qui n’en est pas un, a ses inconvénients : le pire est la prolixité ; quand on n’a pas marqué d’avance le terme où l’on doit arriver, il n’y a pas de raison pour s’arrêter ; il n’y en a pas non plus pour borner l’étendue de chaque partie, par son rapport à un ensemble qui n’existe pas.

1434. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Les divers systèmes philosophiques et les principales découvertes de la science y sont formulés avec un éclat et une précision où nous goûtons à la fois la force de la pensée et une extrême adresse à vaincre d’incroyables difficultés.

1435. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Mais, si les considérations que j’ai émises tout à l’heure sont vraies, une telle comparaison entre Werther et les œuvres analogues qui l’ont suivi, même en se restreignant à celles qui ont le plus de rapport avec lui, ne serait rien moins qu’un tableau et une histoire de la littérature européenne depuis près d’un siècle : ce serait la formule générale de cette littérature, donnant à la fois son unité et sa variété, ce qu’il y a de permanent en elle et ce qu’il y a de variable, à savoir la forme que revêt, suivant l’âge de l’auteur, suivant son sexe, son pays, sa position sociale, ses douleurs personnelles, et au milieu des événements généraux et des divers systèmes d’idées qui l’entourent, cette pensée religieuse et irréligieuse à la fois que le Dix-Huitième Siècle a léguée au nôtre comme un funeste et glorieux héritage.

1436. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

La littérature « indépendante » gagne donc peu à imiter le système par lequel l’Académie du quai recrute pour son clan de dociles créatures.

1437. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Malheureusement, rien de plus défectueux que le système de lecture à haute voix adopté pour l’enfance.

1438. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Bacchus cuisse-né, nourrit-vigne, aime-pampre-enfant, et beaucoup d’autres, sont les folies de ce système.

1439. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Là mourut le pauvre Pierre Renan, ton oncle, qui mena toujours une vie de vagabond et passait ses journées dans les cabarets à lire aux buveurs les livres qu’il prenait chez nous, et le bonhomme Système, que les prêtres n’aimaient pas, quoique ce fût un homme de bien, et Gode, la vieille sorcière, qui, le lendemain de ta naissance, alla consulter pour toi l’étang du Minihi, et Marguerite Calvez, qui fit un faux serinent et fut frappée d’une maladie de consomption le jour où elle sut que l’on avait adjuré saint Yves de la Vérité de la faire mourir dans l’année 4.

1440. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Nous analysons simplement chaque partition, comme s’il s’agissait d’un ouvrage nouveau ; nous notons nos impressions ; puis, nous formulons notre jugement, en critiques impartiaux, épris de la vérité, et non en théoriciens, soucieux de faire prévaloir un système.

1441. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Lamoureux n’a pas encore adopté ce système : donc on n’entend point comme on devrait entendre.

1442. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Précieux entre tous, les renseignements sur Mallarmé, poète ligoté dans un système, mais, semble-t-il, causeur admirable qui donnait à quelques amis son âme haute et sa pensée noblement paralysante.

1443. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Deschanel appelle des déformations, on ne pourrait pas trouver, aussi bien que des signes de vermoulure, des marques de vitalité et tout un système de feuilles et de fleurs.

1444. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Tantôt c’est en lui découvrant l’origine des préjugés, tantôt c’est un livre sur l’esprit, tantôt le système de la nature ; cela ne finit point.

1445. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Il n’a pas écrit une ligne dans sa vie pour fournir des arguments aux systèmes vieux ou nouveaux, inventés hier ou ramassés dans la poussière du passé. […] comment a-t-il amené sur les lèvres de la même femme des paroles tour à tour dérobées au Système du Monde et aux pages les plus ardentes de la Nouvelle Héloïse ? […] Les commentaires qu’il annonce, qui doivent nous expliquer les Méditations, les Harmonies et Jocelyn, qui nous diront le jour et le lieu où chaque pièce a été composée, seront-ils conçus d’après le même système, seront-ils écrits dans le même style que les Confidences et Raphaël ? […] Si les étoiles, en effet, décrivent une ellipse, et si, comme le pensent les astronomes dont l’autorité est reconnue par l’Europe savante, les étoiles sont le centre de systèmes analogues au système solaire dont notre planète fait partie, tout l’ordre du monde est renversé. […] Les Méditations ont en effet l’incontestable avantage de ne pouvoir être invoquées comme argument, ni pour, ni contre aucun système.

1446. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Il leur reprocha d’attaquer tous les systèmes de gouvernement sans avoir eux-mêmes un système à proposer. « Ils étaient six avant les élections, dit-il. […] Pourquoi les soleils, qui semblent remplir dans l’univers, au centre de chaque système, des fonctions royales et paternelles, seraient-ils le séjour de l’éternel silence ? […] Le style de Laplace dans l’Exposition du système du monde, de Napoléon dans ses Mémoires, voilà les modèles du langage simple et réfléchi propre à notre âge. » Il y aurait beaucoup à dire là-dessus ; car enfin je ne sais pas comment Bossuet, Pascal et Voltaire eussent écrit en 1830, mais je sais bien qu’ils n’eussent pas écrit comme M.  […] Il n’y a que les choses humaines exposées dans leur vérité, c’est-à-dire avec leur grandeur, leur variété, leur inépuisable fécondité, qui aient le droit de retenir le lecteur et qui le retiennent en effet. » Il était d’autant plus fidèle à son système, qu’il lui était imposé par son tempérament. […] Sa rigoureuse et vigoureuse intelligence inaugure une méthode et construit un système.

1447. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Il me semble que, pour le lire avec fruit, il faut ne pas s’attarder trop à tout son fatras de dialectique, de maïeutique et de polémique ; le lire posément et tranquillement, sans le discuter aussi minutieusement et pointilleusement qu’il discute lui-même ; recevoir l’impression générale de chaque dialogue, qui, tout compte fait, est souvent très forte ; se faire ainsi un système platonicien très simple et à grandes lignes, en transformant en lignes droites ses lignes sinueuses et ses zigzags ; contrôler et vérifier ce système ainsi obtenu sur les passages les plus élevés de tous et les plus affirmatifs que nous offre le texte ; et se donner ainsi un Platon d’ensemble, qui sera peut-être contestable, mais qui aura des chances de n’être pas trop éloigné du Platon véritable et qui en sera comme le portrait simplifié ou comme le plan à vol d’oiseau. […] De plus, il n’avait aucun système, de quoi d’aucuns pourront le louer, mais ce qui ne manque jamais de donner à une discipline philosophique quelque chose de négatif. […] La philosophie générale et les vues sur le système du monde ?

1448. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

C’est voulu, évidemment ; c’est un système ; mais il n’est pas à recommander. […] Au fond, c’est son système qu’il abandonne. […] Dieu me garde d’y trouver le plus profond système de pessimisme ! […] Il n’y a rien de mieux raisonné dans le système de raisonnements de Marmontel.

1449. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Cette belle philosophie platonicienne qui fait de l’univers un système de symboles ascendants, Lamartine l’exprime par des mots et des images qui toujours, toujours montent. […] Maintenir un Dieu personnel, afin d’échapper à l’obscurité du panthéisme et aux difficultés qu’on trouve à fonder sur le panthéisme une morale ; mais ne point séparer l’existence de Dieu de celle du monde, afin d’éviter que ce Dieu ne se rétrécisse en une personne humaine ; par suite, regarder le monde comme co-éternel à Dieu, concevoir la création comme continue et toujours actuelle, car elle est pour nous la condition même de l’existence de Dieu ; considérer enfin l’univers et la vie à tous ses degrés, depuis la vie inorganique jusqu’à la pensée humaine, comme un système de signes de plus en plus clairs et conscients et comme la parole même de l’Être divin : parole balbutiante et ignorante chez les créatures inférieures, mais qui, chez l’homme, commence à savoir ce qu’elle dit… À quoi il faut ajouter ce corollaire : — Si Dieu n’existe qu’à la condition d’agir, de créer, en retour les choses n’existent qu’en tant qu’elles signifient Dieu et dans la mesure où elles le signifient ; autrement dit, elles n’existent qu’en tant qu’elles sont pensées par l’homme, puis qu’elles n’ont de sens que dans son cerveau. […] Ces deux définitions de Dieu  profondes dans leur simplicité, car elles vont à l’essentiel et dissipent les prestiges des systèmes philosophiques  ces définitions que le délicieux poète grec laisse tomber avec un ironique détachement, Lamartine n’a fait que les embrasser  tour à tour ou même à la fois  de toute la force de sa pensée et de son imagination… Et que pouvait-il davantage ?

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