Mais tout à coup la voix tombe, l’oiseau se tait. […] Je ne le savais pas ; mais je crus tout à coup que les bois me seraient délicieux. […] Au lieu de me répondre, elle me vint tout à coup surprendre. […] Déjà le prêtre attendait à l’autel : tout à coup la grille mystérieuse s’ouvre et Amélie s’avance, parée de toutes les pompes du monde. […] J’écoute ; et au milieu de la tempête, je distingue les coups de canon d’alarme, mêlés au glas de la cloche monastique.
Tant pis pour celles qui s’écraseraient sous les coups de poinçons ! […] Et il rendit coup pour coup. » *** On n’attendait pas d’écrivains, échauffés de leur jeunesse et de leurs convictions, persuadés de leur bon droit, des procédés de polémique d’une courtoisie de talons rouges. […] Ils se frayaient un passage à travers l’opinion à coups de massue et à coups de gueule. […] L’Académie française (qui commence par y être habituée) a senti la violence de leurs coups. […] Ces coups de grosse caisse, les plus subtils esthètes s’y résignaient, à commencer par Maurice Barrès qui faisait, le lendemain de l’exécution capitale de je ne sais plus quel criminel (Morin, je crois ?)
— Eh bien, le coup d’État ! […] C’était vraiment de la male-chance pour des auteurs de publier leur premier volume2 juste le jour d’un coup d’État, et nous en fîmes l’expérience en ces semaines cruelles, où toute l’attention du public est à la politique. […] J’attends son coup de sonnette, qui est pour moi celui d’un jury des assises rentrant en séance… « C’est fini, plus d’espoir, une question de temps. […] Donc ces hommes, ces femmes et même les milieux dans lesquels ils vivent, ne peuvent se rendre qu’au moyen d’immenses emmagasinements d’observations, d’innombrables notes prises à coups de lorgnon, de l’amassement d’une collection de documents humains, semblable à ces montagnes de calepins de poche qui représentent, à la mort d’un peintre, tous les croquis de sa vie. […] Il y a aujourd’hui plus de trente ans que je lutte, que je peine, que je combats, et pendant nombre d’années, nous étions, mon frère et moi, tout seuls, sous les coups de tout le monde.
Il ne fut rassuré que lorsqu’à une heure du matin, fort préoccupé de ses sombres pensées et du danger qu’aurait pour la France, menacée du côté du Rhin, tout retard dans la décision de cette campagne projetée par lui en deux coups de foudre, il fut sorti à pied, accompagné seulement du grand maréchal. […] Que Ney emporte la Haie-Sainte et s’y tienne, s’y arrête pour le moment : quand Bülow aura été reçu comme il convient, qu’il aura été refoulé et retardé pour une heure ou deux, il sera temps de se reporter au plateau du Mont-Saint-Jean et d’y frapper le coup décisif. […] Ce combat de centaures et de géants, avec ses va-et-vient, ses coups de collier réitérés à bride abattue, dura des heures. […] Il est de ces coups extrêmes qui font le sort d’une journée… C’est alors que Ziethen, survenant, avec son infanterie et de la cavalerie fraîche, nous prend en flanc, nous entame, nous tourne et débouche en arrière sur le champ de bataille. […] Après une dernière volée de coups de canon tirée par son ordre, il allait entrer dans un carré et s’y enfermer, quand Soult, qui était près de lui, lui dit : « Ah !
Le matin, nous emportons, d’un coup, quatre à cinq cents brochures de chez M. […] J’avais été frappé, comme d’un coup de fouet, d’un désir de cette femme qui était là-haut. […] J’étais dans la salle à manger, le soir d’un de mes mercredis, causant et buvant avec deux ou trois amis… La nuit finissait, l’aurore se leva à travers les petits rideaux, mais une aurore d’un sinistre jour boréal… Alors tout à coup beaucoup de gens se mirent à courir en rond dans la salle à manger, saisissant les objets d’art, et les portant au-dessus de leurs têtes, cassés en deux morceaux, entre autres, je me souviens, mon petit Chinois de Saxe… Il y avait aux murs, dans mon rêve, des claymores, des claymores immenses ; furieux j’en détachai une et portai un grand coup à un vieillard de la ronde… Sur ce coup, il vint à ce vieillard une autre tête, et derrière lui deux jeunes gens qui le suivaient, changèrent aussi de têtes, et apparurent tous les trois avec ces grosses têtes ridicules en carton, que mettent les pitres dans les cirques… Et je sentis que j’étais dans une maison de fous et j’avais de grandes angoisses… Devant moi se dressait une espèce de box où étaient entassés un tas de gens qui avaient des morceaux de la figure tout verts… Et un individu, qui était avec moi, me poussait pour me faire entrer de force avec eux… Soudain je me trouvai dans un grand salon, tout peint et tout chatoyant de couleurs étranges, où se trouvaient quelques hommes en habit de drap d’or, avec sur la tête des bonnets pointus comme des princes du Caucase… De là je pénétrai dans un salon Louis XV, d’une grandeur énorme, décoré de gigantesques glaces dans des cadres rocaille, avec une rangée tout autour de statues de marbre plus grandes que nature et d’une blancheur extraordinaire… Alors, dans ce salon vide, sans avoir eu à mon entrée la vision de personne, je mettais ma bouche sur la bouche d’une femme, mariai ma langue à sa langue… Alors de ce seul contact, il me venait une jouissance infinie, une jouissance comme si toute mon âme me montait aux lèvres et était aspirée et bue par cette femme… une femme effacée et vague comme serait la vapeur d’une femme de Prud’hon.
parole d’honneur, tout cela me paraît un peu bien suspect, et ressemble à un petit coup monté dans l’intérêt d’un livre dont on veut exagérer les proportions et l’importance. […] Il les a tirés contre l’Église, Rhoïdis, l’Église catholique, la grande cible dans laquelle ils tirent tous, les uns après les autres, leur coup inutile, comme s’ils tiraient contre le ciel ! […] Mais, fusillée ainsi depuis des siècles, et restée debout, martyre immortelle, l’Église catholique répond aux coups par les tranquilles rayons qu’elle envoie dans les yeux de ceux qui la frappent, et qui, pour les éviter, voudraient maintenant la retourner contre le mur et la fusiller par derrière comme un otage ! […] C’est le coup de fouet de l’imagination joyeuse qui claque dans le vide de l’azur. […] C’est toujours, pour preuve que la légende de la Papesse Jeanne est une histoire, c’est toujours les mêmes interpolations des copistes à la marge des manuscrits originaux, écrites, après coup, d’une autre main que celle qui a écrit le texte, et, la première fois, à quelques siècles de distance.
Il était fait pour la bataille présente, pour le coup pour coup de la mêlée, pour la polémique, incessante et implacable, sur la brèche. […] Les journaux, muets sur de Maistre, mugirent sur lui, et les coups de corne suivirent les mugissements de ces bœufs enragés ou de ces buffles stupides. […] Revenu en France après Juillet, il y respira le journalisme, comme, quand on est fait pour la guerre, on respire la poudre, et il se trouva tout à coup ce qu’il était, sans le savoir, dans le fin fond de sa soutane et de sa nature : c’est-à-dire un chouan, qui toute sa vie chouannerait ! […] Il n’avait pas l’esprit svelte, musical et artiste, de Beaumarchais, mais il en avait la pétulance de répartie, l’attaque vive, le raccourci dans le coup qui le pousse plus avant, et l’imagination dans l’invective qui, comme le voile de pourpre dans les yeux du taureau, fait écumer l’adversaire.
Jean Reynaud est un coup porté, par une main philosophique de plus, au christianisme et à l’Église. […] … Sans doute, avec plus de talent, le coup serait mieux asséné ; mais, enfin, — il faut être juste ! — c’est un coup de plus ! […] Il n’a pas le talent roux et le coup de corne de bœuf de ce robuste bâtard d’Hegel en démence. […] Et voilà justement ce qui a produit sous la plume de ce philosophe singulier, qui a le coup de marteau de la théologie, un chaos également monstrueux pour les théologiens et pour les philosophes !
… Ôtez ce coup de guillotine, luisant, maintenant, pour jamais, sur cette tête de Chénier qui renvoie à la guillotine sa lumière ; ôtez le mot immortel : « J’avais quelque chose là », et tout est dit pour l’éternité ; vous n’avez plus rien à raconter. […] Endormis et latents jusque-là dans son âme, il ne fallut rien moins que les affreux coups portés à la France par les bandits de la Révolution pour les éveiller. […] L’Aveugle (Homère), Le Mendiant (Lycus), la partie de l’œuvre intitulée les Églogues, frappèrent tout le monde à la tête, et la tête de presque tout le monde garda si bien l’impression du coup qu’aujourd’hui c’est s’aventurer que de dire tardivement et hardiment comme je le dis : le meilleur de la poésie d’André Chénier n’est pas là ! […] Il avait pris à Chénier, à ce Grec charmant et mélodieux, devenu, de Grec, tout à coup, Français, pathétique et méduséen, non seulement sa forme iambique, mais jusqu’à cette langue inouïe d’un cynisme ardent qui se purifie dans sa flamme ; et, le croira-t-on ? […] Il suffit d’avoir, au berceau, étouffé des serpents, et André Chénier, dès le berceau de sa poésie lyrique, en a étouffé… Supposez que cette tête rêveuse de pasteur grec n’eût pas été tranchée par l’un des derniers coups de la guillotine de Thermidor, et qu’André Chénier, mort à trente et un an, eût échappé à l’échafaud et eût pu répandre dans des vers plus nombreux, dans des pièces de plus longue haleine, la masse d’indignation et d’horreur qui s’était entassée en lui, et qui aurait fait, en ces vers vengeurs, avalanche, la littérature n’aurait peut-être pas, en poésie, d’œuvre plus belle !
L’idée en est venue, après coup, ex post facto, comme disent les juristes. » Balzac fit l’échiquier pour les pions et non les pions pour l’échiquier. […] S’il y avait touché, il n’eût pas compromis ceux qu’il aurait servis, et l’on aurait eu la décence du coup que l’on voulait porter. […] C’est cette note riante, sonore et comique, qui court partout dans l’œuvre éclatante et profonde et qu’on retrouve perlant tout à coup dans les endroits les plus mélancoliques, les plus passionnés et les plus touchants. […] Il frappe, comme il peut, ses quatorze coups sur le talent et sur l’homme ! […] Buloz, passée dans la manche d’un lauréat d’académie, pour rendre plus solennels les coups que l’on veut porter à l’une des plus grandes gloires littéraires du dix-neuvième siècle ?
Ce jugement paraîtra sans doute extraordinaire ; mais si l’éloquence consiste à s’emparer fortement d’un sujet, à en connaître les ressources, à en mesurer l’étendue, à enchaîner toutes les parties, à faire succéder avec impétuosité les idées aux idées, et les sentiments aux sentiments, à être poussé par une force irrésistible qui vous entraîne, et à communiquer ce mouvement rapide et involontaire aux autres ; si elle consiste à peindre avec des images vives, à agrandir l’âme, à l’étonner, à répandre dans le discours un sentiment qui se mêle à chaque idée, et lui donne la vie ; si elle consiste à créer des expressions profondes et vastes qui enrichissent les langues, à enchanter l’oreille par une harmonie majestueuse, à n’avoir ni un ton, ni une manière fixe, mais à prendre toujours et le ton et la loi du moment, à marcher quelquefois avec une grandeur imposante et calme, puis tout à coup à s’élancer, à s’élever, à descendre, s’élever encore, imitant la nature, qui est irrégulière et grande, et qui embellit quelquefois l’ordre de l’univers par le désordre même ; si tel est le caractère de la sublime éloquence, qui parmi nous a jamais été aussi éloquent que Bossuet ? […] On n’a point encore oublié, au bout de cent ans, l’impression terrible qu’il fit, lorsqu’après un morceau plus calme, il s’écria tout à coup : « Ô nuit désastreuse ! […] où retentit comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte. » Et quelques moments après, ayant parlé de la grandeur d’âme de cette princesse, tout à coup il s’arrête ; et montrant la tombe où elle était renfermée : « La voilà, malgré son grand cœur, cette princesse si admirée et si chérie ; la voilà telle que la mort nous l’a faite ! […] » Puis tout à coup il craint d’en avoir trop dit. […] Dans son éloquence sublime, il se place entre Dieu et l’homme ; il s’adresse à eux tour à tour ; souvent il offre le contraste de la fragilité humaine, et de l’immutabilité de Dieu, qui voit s’écouler les générations et les siècles comme un jour ; souvent il nous réveille par le rapprochement de la gloire et de l’infortune, de l’excès des grandeurs et de l’excès de la misère ; il traîne l’orgueil humain sur les bords des tombeaux ; mais après l’avoir humilié par ce spectacle, il le relève tout à coup par le contraste de l’homme mortel, et de l’homme entre les bras de la divinité.
. — La grande nouvelle qui domine toutes les autres est celle de la transformation du journal la Presse qui vient d’augmenter son format, d’abaisser son prix, et de prendre d’un grand coup de filet la masse et l’élite des écrivains. […] — La prétention affichée et proclamée par la Presse de devenir le premier journal politique et littéraire est un coup direct porté aux Débats, et un coup dont ce dernier journal aura quelque peine à se relever, s’il ne change d’allure.
Pour de petits talents, passe ; mais quand le talent s’élève, quand il est cette puissance supérieure et magique qui sait voir et qui sait rendre, qui devine, qui ressuscite, qui crée de nouveau tout un passé évanoui, qui agrandit du même coup les horizons de la mémoire historique et ceux de la science morale, il mérite aussi quelque respect. […] dit Louis XIV à Maréchal : c’est un fanfaron de crimes. » — « À ce récit de Maréchal, ajoute Saint-Simon, je fus dans le dernier étonnement d’un si grand coup de pinceau. » Ce coup de pinceau, Louis XIV l’avait trouvé à force de bon sens et de justesse. […] Ce Saint-Hilaire, lieutenant général lui-même, était le fils du général d’artillerie Saint-Hilaire, qui eut l’honneur d’être frappé du même coup de canon qui tua M. de Turenne. […] Saint-Hilaire la lui montrait du geste, lorsqu’un boulet lui emporta le bras gauche, enleva le haut du col au cheval d’un de ses fils (il en avait deux près de lui en ce moment), et du même coup alla frapper M. de Turenne au côté gauche. […] ajouta-t-il ; puis en se remettant tout d’un coup, il reprit : “Allez, mon fils, laissez-moi, je deviendrai ce qu’il plaira à Dieu ; remontez à cheval ; je vous le commande, le temps presse ; allez faire votre devoir ; et je ne désire plus de vie qu’autant qu’il m’en faudra pour apprendre que vous vous en serez bien acquitté.”
Il suffit, paraît-il, de donner un coup de dent dans ce tourbillon pour couper en deux le guinné. […] Si vous le frappez, il vous demande de lui donner un second coup. […] Un coup unique est mortel pour le Ouokolo. Le deuxième coup serait mortel à celui qui le porterait86. […] Le sabre qui coupe des têtes multiples d’un coup unique (Voir B.
Et comme un silence avait interrompu ce dialogue rapide et saisissant, tout à coup, Henri Heine, bouffonnerie impie et sinistre ! […] La juive surtout : la nation à tête dure, que rien n’a pu amollir, ni la croix de Jésus-Christ tombée dessus, ni les ruines de Jérusalem, ni les coups du Romain, ni les coups du Moyen Age, ni les coups du Turc, et qui les a reçus comme l’enclume qui fait ressauter le marteau !
L’esprit, subitement peuplé de leur foule remuante, ressemble à une boîte de rotifères desséchés, inertes depuis dix ans, et qui, tout d’un coup, saupoudrés d’eau, recommencent à vivre et à fourmiller. […] Hobbes, l’un des premiers auteurs de cette théorie, raconte qu’au milieu d’une conversation sur la guerre civile d’Angleterre quelqu’un demanda tout d’un coup combien valait, sous Tibère, le denier romain ; question abrupte et que rien ne semble lier à la précédente ; il y avait pourtant un lien, et après un peu de réflexion on le retrouva. […] La forme du bassin, les accidents de la température, les diverses qualités de l’eau, parfois même les secousses du sol y contribuent encore, et divers exemples authentiques montrent tantôt des couches profondes ramenées tout d’un coup et tout entières à la surface, tantôt des couches superficielles plongées tout d’un coup et tout entières à fond. […] Pareillement, un gentleman cité par Abercrombie56, ayant reçu un coup sur la tête, perdit tout d’un coup la connaissance du grec, tous ses autres souvenirs demeurant intacts. — La défaillance porte quelquefois sur une période de la vie antérieure. […] Il remonta en voiture pour se faire soigner, et, au bout d’une demi-heure de cahots par un chemin très pierreux, guérit tout à coup. » 162.
Nous sommes troublés ou égayés ; nous allons nous lever de notre fauteuil ; puis, tout à coup, la vue de la rampe, les personnages des avant-scènes, tout autre incident, souvenir, sensation, nous arrête et nous maintient en place. […] De cette façon, nous accolons à la première image une autre image contradictoire, et la première se trouve niée du même coup. […] » — Remarquez le voyage que vient de faire la figure intérieure, ses divers glissements en avant, en arrière, sur la ligne du passé ; chacune des phrases prononcées mentalement a été un coup de bascule. Confrontée avec la sensation présente et avec la population latente d’images indistinctes qui répètent notre vie récente, la figure a reculé d’abord tout d’un coup à une distance indéterminée. […] Il faut qu’un nouveau détail intervienne pour donner, après les coups multipliés de bascule en avant, un coup de bascule en arrière, ce qui l’emboîte et l’intercale entre deux futurs. « Je verrai mon peintre, pas aujourd’hui, ni demain, mais après-demain, pas après-demain dans la matinée, mais dans l’après-midi, en sortant de la bibliothèque, avant de rentrer pour dîner. » — Dans ce jeu perpétuel qui a cessé de nous étonner parce que nous en vivons, l’image glissante est effectivement contemporaine de la sensation ou de l’image qui la fait glisser, et cependant il semble qu’elle soit située en avant ou en arrière.
Je me figurai que ce volume était le coup d’essai du baron Louis de Vignet, neveu du comte de Maistre. […] Alors il se levait tout à coup et se mettait à marcher en zigzag dans son appartement avec une volubilité passionnée, mais monotone, qui interdisait la possibilité et même l’idée de le contredire. […] Je ne m’occupai, après le coup d’État, que de payer mes dettes, que je puis appeler honorables. […] Un coup de sabre qu’il avait reçu en Russie l’avait balafré à la façon d’un héros ; cette éclatante blessure relevait sa mâle beauté. […] Quand la révolution de 1848 éclata, il voulut malheureusement se signaler par un coup d’éclat à la tribune.
Tout à coup un rappel forcené. […] Des discussions toutes prêtes à en venir aux coups. […] Tout à coup, deux coups de fusil partent. […] Tout à coup, derrière moi, une formidable et continue détonation. […] Ce ne sont bientôt plus que des coups isolés.
« Un cri perçant s’élève tout à coup du milieu de cette foule enivrée. […] Voulant s’assurer de la cause de cette frayeur, don Juan prend une bougie et va lui-même au-devant de son convive, qui frappe à la porte à coups redoublés. […] avaient tout à coup retenti dans tous les coins de la maison. […] C’est la résipiscence de Figaro, c’est la vieillesse de don Juan, mille fois pire que le coup de tonnerre de son drame. […] Les basses murmuraient de concert, un coup de timbales, un accord de trompettes, un ut échappé lentement d’un hautbois, les violons qui s’accordent : je me frotte les yeux.
Tout à coup, un autre troglodyte surgit comme de terre, à ses côtés, et disparut non moins subitement, avec celui que je poursuivais. […] J’introduisis un doigt dedans et ressentis bientôt quelques coups de bec, accompagnés de cris plaintifs. […] Tout à coup il poussa un cri fort et perçant, assez semblable à celui d’un hibou ; et j’en fus tellement surpris, qu’à l’instant même mon fusil se releva […] Tout à coup elles se jettent le corps contre la branche, s’y accrochent avec leurs pattes, puis, par une brusque secousse, la cassent net, et se renvolent en l’emportant à leur nid. […] Un coup des serres de l’aigle frappe la victime sous l’aile, et la précipite obliquement sur le rivage.
Un article, une page, c’est une chose de premier coup, c’est comme un enfant : ou il est, ou il n’est pas. […] Ce sont des larmes dans la voix et de très beaux vers écrits sur le coup, larmes et vers mêlés, brouillés dans une fureur sourde, qui appelle à grands cris des coups, des batteries, des duels. […] La vieille Marie-Jeanne remémore encore avec un ressouvenir affectueux et tendre les coups de canne distribués aux uns et aux autres. […] Après tout, en ce temps, ces coups de canne étaient considérés comme une familiarité du maître à l’endroit du valet, et devenaient un lien entre eux. […] — Mais non, pour acheter… tout acheter et tout emballer, quel coup !
Dès le coup d’État de 1852 la légende s’est emparée de Hugo. […] Les enfants blancs qui résisteraient au régime des coups de fouet et de travail forcé des planteurs, recevraient au bout de 15 ans, une dot de 5 à 6 cents francs. […] Le coup d’État qui surprit au lit les chefs républicains, dérangea ses plans, il dut suivre en exil ses partisans, puisqu’ils l’avaient promu chef. […] Broglie et Buffet pour les consoler d’avoir échoué dans leur tentative du coup d’État monarchiste. […] Il aimait trop ses rentes et les antithèses pour désirer l’égalité des biens qui du coup lui eût enlevé ses millions et dérobé les plus faciles et les plus brillants contrastes de sa poétique.
(On frappe trois coups à la porte de la rue.) […] Cette ressemblance… (Trois nouveaux coups de marteau à la porte de la rue.) […] Je maintiens que les employés de l’octroi doivent faire payer les droits d’entrée au nez de Guichardet… Il y a bien longtemps que je le dis, mais on ne veut pas m’écouter… (Trois nouveaux coups à la porte de la rue.)
C’est un petit avis que suggère Naudé aux magistrats et personnes en charge ayant bibliothèques, pour en user à l’occasion et faire main basse sur de bons morceaux ; il a toujours eu un faible pour les coups d’État. […] Parmi les singularités de ce traité sur les Coups d’État, on a remarqué qu’il commence par Mais, comme le Moyen de Parvenir commence par Car. […] La seconde Fronde vint renverser encore une fois la fortune de Naudé et lui porter au cœur le coup le plus sensible, celui qu’un père eût éprouvé de la perte d’une fille unique, déjà nubile et passionnément chérie. […] Quoi qu’il en soit, le coup était porté pour l’auteur même ; l’intégrité et l’honneur de l’œuvre unique avaient péri […] (Voir aussi le début du chapitre IV des Coups d’État.)
se trouva tout à coup dépeuplée d’officiers, on prit des capitaines dans la marine marchande. […] Mais, à mon sens, vous pouvez vous flatter qu’elle ne reviendra pas de ce coup-là ; pauvre petite femme ! […] « La nuit vint tout à coup. […] Il ne revint à Paris qu’après le coup d’État qu’il ne m’appartient pas de caractériser aujourd’hui. […] À son retour, le coup d’État avait prononcé ; il se décida pour Napoléon.
Tout dissident lui paraissait à l’instant, et du même coup, méprisable, haïssable et criminel : c’était à ses yeux un homme à supprimer, un homme ou une classe d’hommes, le chiffre ne l’arrêtait pas ; et le tout, disait-il, en vue d’assurer le plus grand bien futur. […] Un grand coup que vous frappez retentit sur le trône et sur le cœur de tous les rois ; les lois et les mesures de détail sont les piqûres que l’aveuglement endurci ne sent pas… On trompe les peuples de l’Europe sur ce qui se passe chez nous ; on travestit vos discussions, mais on ne travestit point les lois fortes : elles pénètrent tout à coup les pays étrangers comme l’éclair inextinguible. […] On a dit, et lui-même annonçait à ses amis, qu’ encore un dernier coup de collier, la clémence allait être mise à l’ordre du jour . […] » — « Ils parlent allemand, et nous français ; ils nous tirent des coups de fusil, et nous leur répondons par des coups de canon. […] De ce qu’on a un talent polémique remarquable, ou même redoutable, et qui a fait ses preuves dans les circonstances déterminées, de ce qu’on a des coups de force et de vigueur précise dans la lutte, on ne possède pas pour cela les qualités complexes qui font l’historien et le critique.
Par une transition soudaine, nous avons échappé à son éclat éblouissant, et nous sommes entrés tout d’un coup dans un plus frais climat. […] Coup sur coup résonne le fléau régulier qui semble se balancer incertain, et qui pourtant tombe en plein sur l’épi destiné. […] Il a un côté presque hébraïque par la rigidité, par l’effroi, et de son bosquet et cabinet de verdure, en même temps qu’il aperçoit de loin les batteurs en grange à travers le feuillage, il lui arrive quelquefois d’avoir tout à coup une vue, une vision sur le Sinaï. […] Là, la Sagesse et la Vérité, non effarouchées comme dans le monde, et non plus à conquérir par de lentes poursuites, se saisissent du premier coup de la pensée errante et la fixent uniquement24. […] Viens lui parler de devoir, de convenance, lui dire combien la vérité morale est aimable, combien le sens moral infaillible… Ne t’épargne pas sur ce sujet… Déploie toutes tes facultés de déclamation et d’emphase à la louange de la vertu… Pousse ta prose éloquente jusqu’à surpasser l’éclat de la poésie… Il y manque toujours une toute petite parole à voix basse, que Celui-là seul peut prononcer de qui le verbe atteint d’un coup son plein effet, et qui dit aux choses qui ne sont pas d’être, et elles sont à l’instant.
De son côté, don Diègue, après être allé se jeter aux pieds du roi pour conjurer la vengeance de Chimène et implorer la grâce de son fils, cherche partout ce fils devenu tout d’un coup invisible. […] Après avoir longtemps parlé comme un bailli, ce roi tout d’un coup s’exprime en roi. […] « Je vais mourir, Madame, et vous viens en ce lieu, Avant le coup mortel, dire un dernier adieu… » « — Tu vas mourir ! […] Mais, après le sommeil, le lépreux se levant tout à coup se transfigure et le salue du nom de grand Cid ! […] Corneille, en faisant le Cid français, d’espagnol qu’il était, l’a sécularisé du même coup, l’a mondanisé et popularisé : il ne fallait pas moins que cela pour qu’il sortît de sa péninsule.
Le fromage, qui nous est décrit « tendre, jaunet, et de bonne saveur », est sous la patte du Corbeau ; il y donne de grands coups de bec, mais pas si adroitement qu’il n’en laisse tomber plus d’une miette devant Renart qui l’a vu. […] Tiècelin, le Corbeau, goûte la flatterie ; il ouvre la bouche et jette un cri ; mais, comme il ne tient pas le fromage dans le bec, il ne le laisse pas tomber du premier coup ; la fable serait trop tôt finie. […] La poule Pinte voit le coup qu’elle avait, hélas ! […] Il revient donc vers son monde, et leur annonce que Bombourg voudrait changer le jour et qu’on s’en retournât sans frapper de grands coups ; il leur en demande leur avis. […] Les coups que les combattants s’entredonnent vont retentissant à un quart de lieue à l’entour ; la chaleur est grande ; chacun est trempé ; la sueur et le sang pleuvent comme rosée : De sueur et de sang la terre rosoya.
L’absence même d’un secrétaire est chose heureuse ; il n’a ni le temps, ni l’idée de se corriger, de se modérer, et nous avons à tout coup le premier jet du volcan. […] Encore un coup, il a des droits dans sa passion, dans sa haine. […] Et puis, tout d’un coup, car nul esprit n’est plus sincère quand il est dans son premier bond, il a des hommages imprévus et des admirations pour cette nation française dont il est lui-même, bon gré, mal gré, avec son élément gaulois, et à laquelle il fait honneur. […] S’il lui arrivait bien souvent de dormir quand on essayait de lui répondre, s’il avait fort à propos alors ce qu’il appelait des coups de sommeil, c’est-à-dire de petits sommeils subits de quelques minutes, combien il était impossible de dormir en l’écoutant, et qu’il savait tenir l’attention en éveil, la piquer par de poignantes images, par des vérités relevées en paradoxes ! […] Ce qu’il espère au fond, homme tout d’une pièce, joueur intrépide et buté qu’il est, c’est que par un vigoureux effort et je ne sais quel coup de collier ou quel coup de dé venu je ne sais d’où, toutes choses reprendront leur ancienne assiette ; on regagnera d’emblée tous les points.
Et maître Cornichon, défenseur de la dame, redouble les coups à tort et à travers et accable le malheureux mari. […] Des coups ? […] Il a porté plus de trois mois un emplâtre sur le nez, d’un coup de chandelier que sa femme lui a donné. […] Car, enfin que vous l’entendiez, quand on veut faire son coup, il faut être dans cette odeur de fortune et d’opulence. […] Bornons-nous à constater comment le théâtre lui fut tout à coup interdit après un si long séjour.
Elles s’en vont — à petit bruit — relever pieusement les éclopés du champ de bataille parisien, tombés sous les coups de la cabale et des coteries. […] Puis, Bianchon entre avec un sang-froid superbe dans le détail de ses coups doubles ; et personne n’est à même de les contester. […] Il serait temps d’aviser. » On se met en marche, les gardes lâchent les chiens… Bianchon demandait une inspiration au Seigneur… Tout à coup, une idée providentielle traverse son front, et je le vois introduire sournoisement — avant de charger son fusil — un grain de plomb dans la cheminée. […] Son fusil capsule à tout coup… Le gibier est bien heureux ! […] Il s’y mêle les pleurnichements de ces natures molles qui n’ont pas eu l’énergie de se jeter à travers la foule Pour s’y tailler leur place à coups de volonté.
dit-elle tout à coup. […] dit tout à coup Cyrille d’un ton railleur. […] des coups, des dommages ! […] Théodosie porta le premier coup. […] Le timbre d’arrivée sonna précipitamment plusieurs coups de suite.
ils devenaient mestres de camp, brigadiers, généraux, illustrés finalement d’un coup de canon qui les coupait en deux, s’ils ne mouraient pas comme lui, ce pauvre Grignan, obscurément et bêtement de la petite vérole dans quelque ville de garnison ! […] Et c’est là ce qui donne tout à coup une importance et une grandeur à cette histoire : c’est que la vie du marquis de Grignan est la vie de tous ces anciens et puissants féodaux qui sont devenus des gentilshommes de cour, — de simples gentilshommes par amour du roi ! […] Il nous découvre tout à coup un esprit et une imagination inattendus. […] — qu’à l’historien qui voit la portée de ce mariage avilissant, et au moraliste qui sait que toute mésalliance est, sur la tête de la noblesse, un coup de hache qui coupe mieux que celle de Richelieu !
Quelque chose, par exemple, comme le livre des Césars qui, de fait, quand il parut, fut tout ensemble un coup d’essai de l’auteur et un coup de maître en histoire, car ce fut une réalisation ? […] Nous nous disions donc que Champagny ne s’arrêterait pas en si belle route, quand, tout à coup, il en changea… Il publia un livre d’économie politique. […] cet homme qui eut, comme écrivain, une énergie si nerveuse et si souple, le coup de griffe gracieux et mortel du jeune tigre des cirques romains, quand il touchait à la Rome corrompue et à ses abominables maîtres, cet écrivain qui s’est nourri toute sa vie de la plus pure moelle de Tacite, n’est plus qu’un talent spirituel encore, mais énervé.
» en envoyant des coups de poing de mon bras libre. […] Elle me découvrit tout à coup. […] Tout à coup j’aperçus le père Rigolet descendant les marches du seuil. […] Les réponses n’étant pas venues, j’avais, du coup, perdu la foi. […] … Si jeune, tout à coup, sans maladie !
Dans la cohue, tout à coup, les retient « à l’égal de la nue incendiaire un humain spectacle, poignant ». […] C’est le thème qu’illustre sa dernière œuvre : Un coup de Dés jamais n’abolira le hasard. […] Cette antinomie est d’ailleurs le thème de Un coup de Dés jamais n’abolira le Hasard. […] La paramnésie semble ici un coup d’aile pour dépasser les conditions du temps, comme l’analogie en un éclair annule les divisions de l’espace et de la logique. […] Cet alibi qui était, pour Beckford, le français, pour un peu Mallarmé l’eût demandé à la musique, ou, comme dans Un Coup de Dés, à telle architecture du papier imprimé.
Est-ce que des talents aussi la gloire s’use, Et que, reverdissant en plus d’une saison, On finit, à son tour, par joncher le gazon, Par tomber de vieillesse, ou de chute plus rude, Sous les coups des neveux dans leur ingratitude ? […] Dans l’époque, à la fois magnifique et décente, Qui comprit et qu’aida ta parole puissante, Le vrai goût dominant, sur quelques points borné, Chassait du moins le faux autre part confiné ; Celui-ci hors du centre usait ses représailles ; Il n’aurait affronté Chantilly ni Versailles, Et, s’il l’avait osé, son impudent essor Se fût brisé du coup sur le balustre d’or. […] et pour le coup en est-ce assez ?
« Le peuple, dit-il, assistait en spectateur aux coups des combattants, et, comme dans les jeux du cirque, il les animait tour à tour de ses acclamations et de ses battements de mains. […] — Il tombe enfin percé de coups, et la populace l’outrage après sa mort avec la même lâcheté qu’elle l’avait adoré vivant. […] « Il proposa donc à Néron de construire un navire dont une partie, s’entrouvrant tout à coup en pleine mer, engloutirait Agrippine sans soupçon de piège. […] « Cependant Acéronia, assez mal inspirée pour crier qu’elle est Agrippine et qu’on sauve la mère de l’empereur, est écrasée à coups de crocs et de fers de rames et de tous les agrès qui tombent sous la main des meurtriers. […] L’aspect tout à coup change autour d’elle ; sa solitude, troublée par des tumultes soudains, semblait lui annoncer les derniers malheurs ; enfin, sa dernière esclave s’enfuyant : — Et toi aussi, tu m’abandonnes ?
À côté des pains de beurre à la livre, dans des feuilles de poirée, s’élargissait un cantal géant, comme fendu à coups de hache ; puis venaient un chester, couleur d’or, un gruyère, pareil à une roue tombée de quelque char barbare (c’est beau et glorieux pour un fromage !) […] Tout ces gens qui ne comprennent rien au catholicisme, qu’ils ne savent pas et qu’ils n’ont point étudié, n’ont qu’une seule façon de procéder contre lui, mais cette façon ne manque jamais son coup sur les imbéciles. […] Mais, en l’y plaçant, l’auteur a obéi aux instincts qui l’entraînent dans la description des choses basses, que son coup de pinceau, comme celui des grands maîtres, ne relève jamais. […] Désirée intervient tout à coup dans l’enterrement de la fille qui s’est tuée parce que le prêtre lui a préféré son église. […] Ici, l’artiste en fange a manqué son coup… par trop de fange !
» C’est ce que la pauvre femme se dit tout à coup au milieu de son désespoir et de sa colère. […] Ce fut le dernier coup. […] Je résolus de tenter un grand coup. […] Tout à coup une autre ombre s’allongea près de la sienne, et une main se posa sur son bras. […] J’enfonçais à grands coups de marteau de petits mots dans mes vers pelotonnés et ficelés.
Si tu ne veux essayer des cachots de la Vicaria, et si tu n’as point d’argent, choisis de deux choses l’une : ou recevoir sur la paume des mains dix coups de cette férule, ou bien, les braies basses, recevoir cinquante coups d’étrivières ; car de toute façon tu ne sortiras pas de nos mains sans faire pénitence de tes fautes. […] Quant à toi, maître, compte les coups un à un, à haute voix, qu’on t’entende ; et garde-toi bien de commettre, une erreur dans le compte, car il faudrait recommencer. […] Vous devez compter les coups un à un.
Il suffit de lire l’analyse que donnent de ce scénario les auteurs de l’Histoire de l’ancien théâtre italien, pour se convaincre que les traits de ressemblance qu’il présente avec la fameuse comédie sont d’abord tout à fait insignifiants, qu’en outre ils ne tiennent nullement, dans la farce italienne, au fond du sujet et y semblent au contraire introduits après coup ; d’où l’on peut conclure à peu près certainement que Il Basilico di Bernagasso s’est enrichi de ces traits aux dépens du Tartuffe. […] Un moment après, Santeul s’avisa de le poursuivre à coups d’aumusse, et Arlequin le faisait sauter à coups de sangle. […] La mort de Dominique porta un coup terrible au théâtre italien.
L’Art pur, l’Art sans compromissions, sans étiquette de chapelle ; l’Art au service de la souveraine Beauté. » Il parlait de « haines à jamais abolies, de consciences haussées à la divinité » et il concluait : « Nous voilà prêts à fêter au prochain banquet la poésie personnifiée cette fois par Jean Moréas, le plus pur, le plus haut et le plus désintéressé des poètes. » Je lisais ces lignes de Léon Deschamps, lorsqu’un télégramme m’apprit le coup fatal. […] Tandis qu’on me faisait ce récit, je commentais en moi-même la stupidité du Destin qui épargne tant d’octogénaires paralytiques, tant de ruines humaines, et qui arrache, tout à coup, un homme vigoureux à sa famille, à ses amis, à ses travaux. […] Tout à coup, un remous violent sépare la foule. […] Sans fortune, n’ayant pour vivre qu’un modeste emploi, quelque part dans un ministère, il s’était mis tout à coup en tête d’éditer à ses frais les poètes inconnus, et le plus extraordinaire c’est qu’il arrivait à vendre ses volumes, mais il voulut aller trop vite.
Ils enfoncent à coups de marteau la porte intérieure. […] On sonde les recoins à coups de lance et bientôt on le tire de sa cachette, — un coffre à charbon, — déjà blessé à la hanche. […] Et je me mis à fouiller mes albums, et je trouvai le recueil qui porte pour titre : Sei tû Guishi deu (Les Chevaliers du devoir et du dévouement), ou le peintre Kouniyoshi nous représente les ronins dans l’action de l’attaque du yashki de Kotsuké : l’un portant une bouteille d’alcool « pour panser les blessures et faire de grandes flammes afin d’épouvanter l’ennemi », l’autre « tenant deux chandelles et deux épingles de bambou pour servir de chandeliers », celui-ci éteignant avec de l’eau les lampes et les braseros, celui-là ayant aux lèvres le sifflet « dont les trois coups prolongés » doivent annoncer la découverte de Kotsuké ; et presque tous dans des poses de violence et d’élancement, brandissant à deux mains des sabres et des lances, et tous enveloppés d’un morceau d’étoffe de soie bleue, avec leurs lettres distinctives sur leurs uniformes, leurs armes, leurs objets d’équipement, et tous ayant sur eux un yatate, écritoire de poche, et dans leur manche un papier expliquant la raison de l’attaque57. […] … ou plutôt Quengo Tadao… car il y a une défense d’indiquer les vrais noms des ronins, et ils sont représentés avec les noms défigurés qu’ils ont au théâtre. » Et disant cela, Hayashi avait le doigt sur la planche, où est imprimé, en couleur, un guerrier au casque bleu, au vêtement noir et blanc doublé de bleu, la tête baissée, les deux mains sur le bois d’une lance, un pied en l’air, un autre appuyé à plat sur le sol, et portant un furieux coup de haut en bas.
Et c’est le coup de ce rayon que j’ai reçu de cette pierre précieuse qui s’appelle Maurice Bouchor, — par parenthèse, un nom fait pour résonner comme un clairon d’or sur les lèvres de la publicité, en attendant celles de la gloire… Sterne croyait à la providence des noms. […] Et nous avons pour tous, vilains, bourgeois et nobles, Le même coup de bêche et la même chanson. […] C’est toujours le vieux marché de l’homme pécheur qui voudrait épuiser, d’un coup, l’infini du péché, et, porc insatiable, après avoir vidé son auge, avaler cette auge elle-même ! […] Imitateur, — je n’écrirai jamais servile, — esclave peut-être, mais esclave frémissant, dans la conception de son poème, voilà que tout à coup Bouchor se relève original, — original par l’accent !
Le xviie siècle cherchait encore, et, pour n’en être plus à son coup d’essai, il n’avait pourtant pas donné son coup de maître. […] … Cela ne se soutient pas toujours, mais l’élan est donné, le coup de collier chevaleresque. […] C’est donc chez lui, et dans la salle où sont suspendues ses armes, qu’il détache une de ces fortes épées signalée pour lui par d’anciens exploits ; mais, en la voulant tenir et en s’escrimant, il s’aperçoit qu’à chaque coup de fendant ou de revers, l’épée trop pesante l’entraîne après elle. […] En France il n’en était pas ainsi ; on ne savait pas un mot du Cid avant Corneille : le poète et le père de notre scène avait à nous le faire connaître et admirer du premier coup et vite, par les profils les plus nets et les plus tranchés, en raccourci. […] Après des vers subtils, il en est tout d’un coup d’une simplicité parfaite : « Tu sais comme un soufflet touche un homme de cœur !
Cette histoire de la laideur métamorphosée en grâce, au coup de la baguette de fée de l’Amour, n’est pas nouvelle ; on la retrouverait, en cherchant bien, variée et reproduite sous mille formes, dans les récits des conteurs de la France et de l’Italie. […] Ne voyez-vous pas d’ici toute la vraisemblance de la comédie écrasée, du premier coup, sous le poids de ces deux millions chimériques ? […] On dirait que, dans sa joie, elle casse une tirelire pleine d’épigrammes économisées et qu’elle jette d’un coup par la fenêtre ses épargnes de vingt ans de silence et de niaiserie feinte. […] Il lui jette à la tête ses soixante ans et ses rhumatismes ; il le pousse à coups de chiquenaudes jusque sur le bord de sa tombe ; il rit au nez de ce visage vénérable qui a reflété Louis XIV soleillant dans sa gloire. […] ô coup de théâtre !
Mais ce sourire cache bien des désillusions ; car, ses saluts, on ne les lui rend pas ; — car les gentilshommes qu’il encense à coups de chapeau ne le connaissent point. […] Il déclara ses nom et prénoms, et finit par offrir au voyou fleurdelisé une glace à la vanille ; mais Filouze, qui n’a soif qu’aux comptoirs des marchands de vin, se redressant tout à coup, accabla de cette réponse sanglante le malheureux Maillet : « Si je vends des allumettes à la bourgeoisie, apprenez, Monsieur, que je ne socie pas avec elle ! […] Et, les jours de musique, Monleau récolte à lui seul plus de coups de chapeau qu’Adolphe Maillet n’en prodigue aux équipages armoriés. […] Jeudi dernier, appuyé sur mon bras (j’avais remplacé le parapluie feuille-morte), il était en train de me prouver la supériorité des paniers sur la crinoline… Tout à coup, il me lâche et se met à trottiner devant moi. […] Tout à coup, un souvenir me traverse l’esprit — et donne un vigoureux coup d’éperon à mes soupçons, qui avaient déjà pris le galop de chasse, — comme dirait Henry Murger.
On a numéroté les pions et les cases ; à chaque coup de l’adversaire, on leur nomme la pièce déplacée et la nouvelle case qu’elle occupe ; ils commandent eux-mêmes le mouvement de leurs propres pièces, et continuent ainsi pendant plusieurs heures ; souvent ils gagnent, et contre de très habiles joueurs. Il est clair qu’à chaque coup la figure de l’échiquier tout entier, avec l’ordonnance des diverses pièces, leur est présente, comme dans un miroir intérieur, sans quoi ils ne pourraient prévoir les suites probables du coup qu’ils viennent de subir et du coup qu’ils vont commander. […] Baillarger, ayant préparé, pendant plusieurs jours et plusieurs heures chaque jour, des cerveaux avec de la gaze fine, « vit tout à coup la gaze couvrir à chaque instant les objets qui étaient devant lui… et cette hallucination se reproduisit pendant plusieurs jours ». […] « Le 24 février 1791, dit-il, à la suite d’une vive altercation, j’aperçus tout d’un coup, à la distance de dix pas, une figure de mort… L’apparition dura huit minutes. […] — En ce moment, soit pour mieux réfléchir, soit parce que mes yeux étaient fatigués, je fermai les yeux, et tout d’un coup je vis tout le champ de ma vue, sur une étendue considérable, couvert de la même couleur cadavérique, le gris jaune-vert.
Et Degas nous met sous les yeux des blanchisseuses, des blanchisseuses, tout en parlant leur langue, et nous expliquant techniquement le coup de fer appuyé, le coup de fer circulaire, etc., etc. […] Je ne crois pas aux maladies du cerveau ressemblant à des coups de foudre. […] Des journées qui ont quelque chose du temps qu’il fait dehors et de ses coups de soleil rapides, dans la monotonie grise du ciel. […] Daudet est ce joli garçon chevelu, aux rejets superbes, à tout moment, de cette chevelure en arrière, aux coups de monocle à la Scholl. […] Ces chants, ces modulations, ces plaintes musicales avaient fait, tout à coup, remonter à la surface de nos cœurs saignants et vides, des douleurs enterrées, — lui, son Armand, moi, mon Jules, — et tous deux, nous repleurions nos bien-aimés.
Il est vrai que lorsqu’on fait du temps un milieu homogène où les états de conscience paraissent se dérouler, on se le donne par là même tout d’un coup, ce qui revient à dire qu’on le soustrait à la durée. […] Au moment où j’écris ces lignes, l’heure sonne à une horloge voisine ; mais mon oreille distraite ne s’en aperçoit que lorsque plusieurs coups se sont déjà fait entendre ; je ne les ai donc pas comptés. Et néanmoins, il me suffit d’un effort d’attention rétrospective pour faire la somme des quatre coups déjà sonnés, et les ajouter à ceux que j’entends. […] Pour évaluer rétrospectivement le nombre des coups sonnés, j’ai essayé de reconstituer cette phrase par la pensée ; mon imagination a frappé un coup, puis deux, puis trois, et tant qu’elle n’est pas arrivée au nombre exact quatre, la sensibilité, consultée, a répondu que l’effet total différait qualitativement. Elle avait donc constaté à sa manière la succession des quatre coups frappés, mais tout autrement que par une addition, et sans faire intervenir l’image d’une juxtaposition de termes distincts.
Et tout à coup déposant son verre, avec des larmes dans les yeux, en disant : « Ah ! […] Et ç’a été vraiment un féerique spectacle ; quand la messe finie et la porte de l’église ouverte, un coup de soleil y est entré, et enveloppant la mariée dans la blancheur transparente de son voile, l’a donnée à voir, une seconde, dans la lumière électrique d’un coup de théâtre. […] Elle a dû se faire donner un coup de lancette dans la bouche, et a eu à la suite du coup de lancette, une crise de nerfs, et est obligée de jouer, le cou et la tête tout empaquetés. […] Il me semble être dans ces tracs, qui succèdent chez lui aux coups d’audace. […] Voici ma réponse qui a été écrite sous le coup de l’article du Temps, mais qui n’a pas été publiée.
Quoi qu’il en soit, cette singularité de sa démission, bien qu’assez peu comprise dans le moment, est devenue après coup une preuve de très-vive clairvoyance. […] » parut un article de La Presse qui, comme le coup d’archet, donnait le ton et marquait la mesure au plus fort du tumulte. […] J’ai vu alors de ces numéros achetés et aussitôt déchirés à belles dents et avec rage par d’honnêtes ouvriers qui croyaient se venger d’un mauvais citoyen et qui auraient voulu abolir ainsi d’un coup chaque tirage. […] Ce système, qui ne comporterait guère une application partielle et qui demanderait à être expérimenté tout d’un coup et d’ensemble, n’est pas le système parlementaire ou libéral au sens ordinaire : M. de Girardin va beaucoup plus loin et plus à fond. […] Byron l’a dit dans une parole célèbre : « Les mots sont des choses, et une petite goutte d’encre tombant, comme une rosée, sur une pensée, la féconde et produit ce qui fait penser ensuite des milliers, peut-être des millions d’hommes. » Et vous-même, sous l’empire des faits, sous le coup de l’évidence, vous l’avez dit, et aussi énergiquement que Byron : « La puissance des mots est immense ; il n’en est peut-être pas de plus grande sur la terre.
C’était un petit homme, jaune de poil, à l’œil saillant du jettatore, un des seuls écrivains échappés au coup de filet dans lequel le gouvernement avait ramassé les journalistes, le 2 Décembre. […] Trois ans de liberté, trois ans de vie ainsi ôtés d’une existence humaine en un tour de Code ; le délit pesé en une seconde avec un coup de pouce dans la balance, et l’habitude de ce métier cruel et mécanique de tailler à la grosse, pendant des heures, des parts de cachots. — Il faut voir cela pour savoir ce que c’est. […] * * * — Ce fut un petit coup de sonnette vif et court. Il y avait bien des choses dans ce coup de sonnette : un chagrin, une larme, un dépit colère et la modestie de carillon de l’amour qui n’a plus le droit de tapage. […] que de visites de femmes dites d’avance par le coup de sonnette.
Vous faites le procès au coup de tonnerre !” […] Il répondit : « — Le juge parle au nom de la justice, le prêtre parle au nom de la pitié, qui n’est autre chose qu’une justice plus élevée ; un coup de tonnerre ne doit pas se tromper.” […] Son résultat, c’est le monde meilleur ; de ses coups les plus terribles il sort une caresse pour le genre humain. […] Hugo en parlant du terrorisme : un nuage formé par quinze siècles, d’où sort un coup de tonnerre ; le coup de tonnerre qui ne doit pas se tromper, est une définition explicative, selon moi, mais nullement justificative, encore moins laudative : car le coup de tonnerre du terrorisme s’est dix mille fois trompé ; il a fait de la lueur, mais il a fait des cadavres, des victimes innombrables, pures, innocentes, augustes ; il a laissé dans toutes les âmes quelque chose de sinistre, pareil à une horreur chez les uns, à un remords chez les autres ; des noms abhorrés chez les bourreaux, des noms consacrés chez les victimes. […] « Monsieur, dit-il d’un ton doctoral à l’évêque confondu, retenez bien ceci : la révolution française a eu ses raisons ; sa colère sera absoute par l’avenir ; de ses coups les plus terribles il sort une caresse pour le genre humain.
Sophocle et Euripide coururent après lui la même carrière ; et en moins d’un siècle, la tragédie grecque, qui avait pris forme tout d’un coup entre les mains d’Eschyle, arriva au point où les Grecs nous l’ont laissée : car, quoique les poètes dont je viens de parler, eussent des rivaux d’un très grand mérite, qui même l’emportèrent souvent sur eux dans les jeux publics, les suffrages des contemporains et de la postérité se sont néanmoins réunis en leur faveur. […] L’on me dira peut-être qu’il n’est pas croyable que toutes ces réflexions aient passé par l’esprit d’Homère et d’Eschyle quand ils se sont mis à composer, l’un son Iliade et l’autre ses tragédies ; que ces idées paraissent postiches et venues après coup ; qu’Aristote, charmé d’avoir démêlé dans leurs ouvrages de quoi fonder le but et l’art de l’épopée et de la tragédie, a mis sur le compte de ces auteurs des choses auxquelles, selon les apparences, ils n’ont pas songé ; qu’enfin je m’efforce vainement moi-même de leur prêter des vues qu’ils n’avaient pas. […] Je vais encore plus loin, et je suppose qu’Eschyle n’ait pas connu tout d’un coup que le but de la tragédie était de corriger la crainte et la pitié par leurs propres effets : du moins on doit convenir que, puisqu’il a tâché de les exciter dans ses pièces, il a eu en vue de réjouir ses spectateurs par l’imitation de la crainte et de la pitié, et que par conséquent il a senti le prix de ces passions mises en œuvre. […] Mais les tragédiens ont été obligés d’en rectifier l’art pour l’ajuster à la tragédie : il faut des coups de maître pour exposer heureusement un sujet sur le théâtre ; au lieu qu’il n’est besoin que d’une belle simplicité, qui toutefois est rare, pour commencer un poème épique. […] Ce dénouement, autre invention des Grecs sur les pas d’Homère, résout l’embarras et démêle peu à peu ou tout à coup l’intrigue, quand elle est portée aussi loin qu’elle peut l’être.
Lorsque Voltaire écrivait ces vers lestes et presque pirouettants : Quand sur la scène de ce monde Chaque homme a joué son rôlet, En partant, il est à la ronde Reconduit à coups de sifflet… il se moquait de nous, Voltaire. Du moins, actuellement, ce n’est pas ainsi que nous faisons la dernière conduite… Ce n’est plus à coups de sifflets, mais à coups de flûtes ! […] Il y en a qui, comme un bois rugueux et dur, ne deviennent brillants et polis que sous les coups de hachette de la rature. […] Et il riait, et il emportait ses quatre sous, heureux, pour le coup, comme un Prince !
» Rien, sinon marcher tout droit et tout seul à travers les coups et les éclaboussures. […] On finit par se lasser de vos coups de poing et de vos comptes d’hôtellerie. […] « Le lendemain matin, je fus punie de trente coups de verges. […] Au milieu d’une compagnie, on l’entendait tout d’un coup marmotter un vers latin ou une prière. […] Tout d’un coup il s’oubliait, se baissait, et enlevait dans sa main le soulier d’une dame.
Le style se trouve du même coup achevé et artificiel. […] C’est que l’écolier, du premier coup, avait porté l’art plus loin que les maîtres. […] Pope est comme eux ; sa voix détonne et tout d’un coup devient mordante. […] Tout au plus cet ours de Rousseau, ancien laquais et Génevois moraliste, eût lancé ce coup de boutoir. […] Tout au plus de temps en temps un bon coup de fouet nous réveille ; mais ce n’est pas pour rire.
Le visage d’abord sévère de Napoléon, mécontent d’être reconnu, s’était tout à coup adouci. […] Mais ce génie en démence se révèle tout à coup à de bien plus vastes proportions par l’expédition de Russie en 1811. […] Nous savons que ces saintes audaces qui portent un grand citoyen à s’emparer du gouvernement, pour sauver le peuple de lui-même, sont des coups d’État de la nécessité absous par le salut public. […] Rien n’est donc moins prouvé en politique et en histoire que la nécessité et que le bienfait du coup d’État du général Bonaparte au 18 brumaire. Dans tous les cas ce coup d’État était-il innocent ?
Il fallait enfin que chez lui, comme sous le coup de ces anciennes vengeances divines, toutes les aristocraties naturelles, toutes les supériorités, pour ainsi dire, inhérentes à la peau, fussent dégradées jusqu’à l’animalité. […] J’ai battu le Bois dans la nuit, hachant les herbes et les feuilles à coups de canne, et me sauvant de mon toit, quand il m’apparaissait entre les arbres… puis enfin, très tard, je suis revenu. […] Il s’arrête tout à coup. […] Tout à coup le voici qui reprend le volume, le met devant lui, et veut lire, veut absolument lire. […] … » Suivit bientôt un instant de calme, de tranquillité, ses regards doux, sourieurs fixés sur moi… Je crus à une crise semblable au mois de mai… Mais tout à coup, il se renversa la tête en arrière, et poussa un cri rauque, guttural, effrayant, qui me fit fermer la fenêtre.
C’est ce qui explique enfin sa politique, qui entassait le mensonge et les tentatives de séduction personnelle, jusqu’à l’heure où une inconséquence de femme crevait tout à coup les mensonges de femme et emportait le brillant et faible réseau ! […] J’ai dit qu’il avait bien commencé et mal fini, et ce n’est pas le mot ; bien avant la fin, la grandeur de vingt-quatre heures qu’avait eue Gustave, quand il fit son célèbre coup d’État qui émerveilla l’Europe, fut vite fanée. […] Quoi qu’il devînt plus tard, il bénéficia toute sa vie de ce coup d’État, galant et bien troussé, accompli sans un seul coup de feu, parce qu’on était bien résolu à en tirer dix mille s’il le fallait. […] Le roi de théâtre qu’il avait été trop fit payer l’autre roi qu’il était aussi, cet autre roi qui, le jour même de son coup d’État, avait su mettre si lestement par-dessus ses bas à jour, aux coins d’or, la botte que Charles XII portait à Bender, et qu’il voulut envoyer à la Suède révoltée, pour la gouverner pendant son absence !
Il y a bien des âmes, parmi les plus fortes comme parmi les plus faibles, que l’approche du dernier moment a tout à coup décomposées, depuis le maréchal de Biron, qui faisait trembler ses bourreaux et les planches de son échafaud, sur lequel il courait, terrible comme à la bataille, prêt à faire une massue du billot qui attendait sa tête, jusqu’à la misérable Du Barry, griffant au visage l’homme de la guillotine, comme une chatte forcée ; depuis l’héroïque Masséna, mourant platement dans son lit, en disant « qu’il ne croyait pas si difficile de mourir », jusqu’à la foule de ceux-là qui ne sont pas des héros, et qui, ne disant rien de leur désespoir, meurent comme le loup d’Alfred de Vigny, en silence. […] Mais les débris de cette absurdité brisée s’attachent à lui et entrent dans sa pensée, comme des échardes douloureuses et saignantes, et, de ce coup, impossibles à arracher ! […] À coups de vésicatoires, on parvient à ressusciter le souffle. […] qu’une bonne poitrine en acier de Sheffield, si l’on pouvait, par quelque vivisection bien savante, l’introduire et la substituer à ma pauvre poitrine de chair, qui n’est plus que plaie et poussière, qu’une telle machine, jouante et sifflante, bien pompante et aspirante, rendrait donc non seulement à mon corps assaini vie et souplesse, mais à mon esprit dilaté, élargi, aéré, non plus comprimé, non plus moisi, et toutes fenêtres ouvertes, lucidité, largeur, verve, originalité, puissance ; à mon cœur, non plus racorni par la souffrance, non plus isolé par la faiblesse, et, malgré lui, ployé par mille besoins à tous les égoïsmes, mais soulevé par le souffle vivifiant du bien-être et rafraîchi par tous les jeunes courants qui le fuient maintenant, sensibilité, poésie, relèvement moral, apaisement intérieur, tous les trésors de l’âme… » Et la phrase tout à coup s’interrompt, jugulée brutalement par le mot : FIN !
Mais la tête coupée a fait mieux que de marcher, comme saint Denis avec la sienne elle a rendu le coup et elle a tranché celle de son bourreau. […] Chez les Hongrois et chez leurs ancêtres les Huns, on avait pour coutume d’égorger les esclaves ennemis sur les tombes entrouvertes… Sur la tombe vidée de Ronsard montant tout à coup dans l’assomption de sa gloire, nous ne nous sommes pas contentés de Malherbe, nous avons égorgé Boileau. […] Malgré des facultés assez puissantes pour rester, même en tombant sous le coup des influences extérieures, de la plus grandiose originalité, Ronsard, il faut bien l’avouer, ne se conserva pas incorruptible. […] Quant à moi, j’oserai l’affirmer, le poète qui nous a fait pour la première fois en français de la grande poésie pittoresque, — dans des odes-poèmes qui ont leurs strophes, leurs antistrophes, leurs épodes, leurs chœurs, leurs groupes mythologiques, — le tout-puissant descripteur des trente-neuf strophes, de douze vers chaque, de l’Hymne triomphal sur le trépas de la Reine de Navarre, et de l’Églogue au duc de Lorraine où se trouvent des coups de pinceau comme ceux-ci : Achille était ainsi que toi formé, Dedans tes yeux sont Vénus et Bellone ; Tu sembles Mars quand tu es tout armé Et désarmé, une belle amazone !
Quand il tisonnait au coin de son feuilleton, il en faisait encore assez bien jaillir des étincelles, mais il n’avait plus ce beau coup de pincettes avec lequel saint Dunstan tordit un jour le nez du diable, ce père de tout drame et de tout vaudeville, comme on sait ! […] un peu plus il passait Jean, et qui sait, Gros-Jean peut-être, lorsque tout à coup, avec une souplesse d’Arlequin, — un gros aussi, très-gracieux et très-souple, — voilà qu’il repart et rebondit sur ce tremplin de critiques qu’on risquait contre lui, superbe et Janin comme devant !! […] Pour moi, je me défierais toujours un peu d’une faculté qui ne se serait pas révélée déjà dans l’ensemble de l’esprit d’un homme et qui y pousserait tout à coup. […] Cent ans pendant lesquels Napoléon nous secoua l’esprit sous les coups redoublés du Sublime, et fit de la poésie épique en attendant qu’il y eût des poètes !
Monseigneur ne s’est pas aperçu qu’il continuait cette faute de charité en sens inverse commise par tout l’Épiscopat quand, à force de mandements, d’anathèmes et de coups de cloche, il a mis, de ses mains bénies, cinquante mille écus dans le chapeau de Renan, et a fait à ce petit gratte-papier d’une critique impie une position officielle, très confortable, contre Dieu ! […] l’archevêque de Bordeaux l’effet d’être bombé, et bombé au point d’être une bombe tombant en plein catholicisme, et, du même coup, effondrant la voûte et l’autel ? […] C’est toujours, comme alors, la suppression (pour le coup définitive !) […] Il ne m’est guères permis, à moi, d’écrire le mot d’idiot45, mais je crois bien que c’est ce mot-là qu’il faudrait ici, en parlant de ces trois énormes volumes sans couleur, sans passion, sans esprit, sans gaîté, et que les éditeurs belges ont pu seuls nous donner comme un grand coup porté à l’Église dans le pays de Voltaire, où il faut de la verve et de la gaîté même aux camouflets du voyou.
Un d’entre eux, seulement, pour enlever toute incertitude sur le décès réel de ce troisième crucifié, et l’achever s’il lui restait quelque souffle, lui perça le côté d’un coup de lance. […] Son corps avait-il été enlevé 1215, ou bien l’enthousiasme, toujours crédule, fit-il éclore après coup l’ensemble de récits par lesquels on chercha à établir la foi à la résurrection ? […] Mais souvent, pour abréger les tortures du patient, on lui donnait un coup de grâce.
Hannon, Théodore (1851-1916) [Bibliographie] Les 24 coups de sonnets (1877). — Les Rimes de joie (1884). […] Huysmans Les 24 coups de sonnets : Ce livre, composé de quelques feuilles de papier chamois, reliées entre elles par une couverture d’un rose qui se meurt, et imprimé avec une heureuse alternance de fleurons et de culs-de-lampe par le Jouaust du Brabant, Félix Collewaert, s’ouvre sur une belle eau-forte enlevée à la manière de Rops, par le sonneur de ces clochettes d’or, Théodore Hannon.
L’endurcissement ne s’amollit point tout à coup par un livre. […] Son langage est juste, net, franc, grand dans son allure et vigoureux dans ses coups. […] Ai-je acheté tout d’un coup toutes les maisons de Norton avec sa fabrique ? […] On voit que M. de Vigny a aiguisé sa lame à loisir et que le coup portera. […] Kitty se lève tout à coup comme par ressort.
C’est le premier coup qui brise, les autres ne font que tuer. […] Aux derniers coups de canon, aux cris de victoire du peuple, à la vue de ses écrins, de ses bijoux, de ses portefeuilles, de ses secrets étalés et profanés sous ses yeux comme les dépouilles de sa personne et de son cœur, elle était tombée dans un abattement immobile, mais toujours fier. […] Le décret de suspension, prononcé par Vergniaud, avait été un coup de hache sur sa tête. […] Peut-être ai-je été injuste même envers Danton en lui attribuant la première pensée de ce coup d’État de l’assassinat en masse ? […] L’action et la réaction, le coup et le contrecoup s’étaient succédé de part et d’autre avec une telle rapidité, comme dans une mêlée, qu’il était difficile de dire qui avait frappé le premier.
Nous perdîmes la raison à ce bruit ; il nous sembla que chaque coup du tranchant des haches nous emportait un morceau de nos cœurs. […] Presque évanouis tous les trois de douleur et de la secousse qui nous avait précipités à terre, nous entendîmes les coups redoublés comme d’un autre monde, et le petit chien Zampogna, qui avait cessé d’aboyer, léchait, tout haletant, le sang rose sur la tempe de sa jeune maîtresse, Fior d’Aliza. […] Tout à coup, cependant, voilà qu’elle s’aperçut que les chèvres s’égaraient, par habitude, hors de la bruyère, sous les châtaigniers qui étaient à nous ; elle lança de la voix et du doigt le petit chien après les animaux pour qu’il les ramenât, comme il avait coutume, à leur devoir. […] À peine avais-je posé le doigt sur le loquet et entrebâillé la porte, sans rien entendre, excepté le vent de l’aurore pleurant doucement dans les branches des sapins, que la porte, cédant violemment aux épaules de douze ou quinze soldats embusqués, muets autour de la cabane, me renversa tout meurtri jusque sur la cendre du foyer ; et ces soldats, s’engouffrant dans la chambre et faisant résonner les crosses de leurs carabines sur les dalles, se jetèrent sur Hyeronimo, le précipitèrent à leurs pieds dans la poussière, et lui lièrent les mains derrière le dos avec les courroies de leurs fusils ; ils lui attachèrent une longue chaînette de fer à une de ses jambes, comme on fait à la bête de somme aux bords des fossés pour la laisser paître sans qu’elle puisse pâturer plus loin que sa chaîne ; puis, le relevant de terre à coups de pieds et à coups de crosses : — Marche, brigand, lui crièrent-ils, on va te confronter avec le cadavre de ta victime, et tu ne pourriras pas longtemps dans le cachot qui t’attend. […] Partez, mon enfant, j’aurai soin de ceux qui restent. » CXXXV À ces mots, qui nous firent tressaillir comme un coup de tonnerre, nous nous relevâmes tous les trois de la poussière, et nous vîmes debout devant nous notre seul ami sur la terre, le père Hilario.
C’est assez que Henri IV ait mérité qu’on l’inventât après coup à sa louange. […] Dans cet état, le mollet emporté d’un coup de lance, blessé d’un coup de pistolet à la hanche, et d’un coup d’épée à la tête et à la main, il ne laissa pas de se relever après quelque étourdissement ; mais il se trouva seul sur le champ de bataille, n’ayant près de lui aucun des siens, ne sachant où aller ni que faire. […] Le page qui le montait avait revêtu la cuirasse de son maître et portait la cornette blanche de l’ennemi ; l’autre page portait les brassards et le casque tout fracassé de Rosny au bout d’un bris de lance ; car, effondré de coups comme il était, il eût été impossible de le mettre en tête. […] Le compte entier ne s’y trouvant point (et encore ce qui paraissait n’était qu’en lettres de change), et Sully s’en plaignant au gentilhomme porteur et qui était le père de celui même qui avait donné l’avis, tout d’un coup, comme il se promenait dans la chambre avec ce gentilhomme, il arriva que les poches de celui-ci crevèrent et qu’il en sortit une traînée d’écus au soleil : « Nous ne nous amuserons point, disent les secrétaires, à réciter les colères de monsieur votre frère et de M. de Bellengreville (autre gouverneur), ni les risées du roi lorsque tout cela fut su. » Pour couronner le récit de cette petite affaire, il faut savoir que cet argent de contrebande, ainsi intercepté par Rosny, ne fit pas retour au roi et fut pour lui de bonne prise. […] Partant, jugez si je mérite d’être ainsi traité, et si je dois plus longtemps souffrir que les financiers et trésoriers me fassent mourir de faim, et qu’eux tiennent des tables friandes et bien servies… Rosny introduit, après bien des retards, dans le Conseil des finances, y trouva une conjuration et complicité tacite des autres membres qui tendaient à le déjouer et à le faire tomber en faute : Or sus, mon ami, lui avait dit le roi au moment de l’y installer, c’est à ce coup que je me suis résolu de me servir de votre personne aux plus importants Conseils de mes affaires, et surtout en celui de mes finances.
Un jeune Piémontais, âgé de quinze ans, le comte de Frine, nommé à une place de page dans la Grande-Écurie de Louis XIV, et faisant des armes peu avant son départ avec un autre enfant de qualité du même âge, se prit de querelle avec lui par trop de vanterie ; les camarades s’étant mis du côté du plus faible, une rixe s’ensuivit avec bourrades et coups, et l’escrimeur battu provoqua ses agresseurs en duel. Ce qu’apprenant Victor-Amédée, il fit venir le jeune comte dans sa chambre, lui ôta son épée, en lui demandant s’il ne savait pas que le duel était un crime d’État ; puis, ne se contenant plus, il se jeta sur lui, le frappa avec rage, lui répétant à chaque coup « d’aller porter cela en France, qu’il n’était qu’un palefrenier, qu’il allât servir le roi de France, etc. » On arracha de ses mains le jeune homme tout meurtri et qui n’osait se défendre ; les parents non plus n’osèrent se plaindre. […] Le pied est de vermeil doré, très riche… On prétend que Madame, sortant de son cabinet, verra tout d’un coup ce joli écran, sans savoir d’où ni comment il se trouve là… Voilà des présents comme je voudrais bien en pouvoir faire à qui vous savez : je ne sais si je vous l’ai bien dépeint. » Eh bien ! […] L’infortuné marquis tomba du coup sans connaissance : ce fut une exécution. […] Le jeune duc, dans les derniers temps, paraissait soumis, résigné, caressant même, quand une maladie inopinée vint tout à coup à la traverse de ce parfait semblant d’obéissance.
À côté de parties bien venues et des mieux réussies, il s’en rencontre tout à coup d’insolites, de résistantes, de revêches. […] Il y a eu dans les deux communions des réveils, des coups de baguette impérieux et puissants, des coups de trompette, de grands talents, de belles âmes éloquentes, ardentes, qui ont essayé de fondre les divisions artificielles, de dégager le vrai courant, de reporter les esprits aux hauteurs et aux sources, de ne s’attacher qu’à ce qui est la vie ; et je le dirai avec la conscience de ne faire injure à aucun, s’il y a eu d’un côté Lacordaire, ce regard flamboyant, cette parole de feu, on a eu de l’autre Adolphe Monod, cette âme d’orateur et d’athlète chrétien qui, à ceux qui l’ont vue de près dans son agonie suprême, a rappelé le martyre et l’héroïsme de Pascal. […] Livrée à elle-même, elle est à l’allégresse ; elle a besoin de s’avertir, de se donner de temps en temps un coup de coude, pour se reprendre aux douleurs communes et aux angoisses. […] Aussi, Eugénie de Guérin et elle, quand elles sont tristes, elles n’ont pas la tristesse elle-même semblable : l’une, tout heureuse qu’elle est, a la tristesse plus rude, poignante, froissante, violente, qui se proclame sur les toits, — qui crie « comme une aigle », — une tristesse ardente, de cœur et d’âme, je le veux, mais aussi de tête, tout d’un coup relevée de joies puissantes et vigoureuses : l’autre, plus atteinte au cœur, a la tristesse plus vraie, plus douce et résignée, continue, non intermittente, calme, profonde et intérieure ; elle est plus une colombe blessée. […] Tout à coup les voilà qui se tournent l’un vers l’autre et font deux à deux une danse à caractère qu’ils accompagnent d’un jeu de bâtons blancs dont le bruit se mêle sans se confondre au son des instruments qui accompagnent la danse.
Cet intérêt de Christel pour une situation qu’elle devina du premier coup fut-il, un seul instant, purement curieux, attentif sans retour, et, si l’on peut dire, désintéressé ? […] Tout se perpétue, tout se ranime chaque printemps, et rien ne se ressemble, et chaque coup de tes miracles est toujours nouveau. […] 250 Dante, Pétrarque, ces mélodieux amants ont pu noter l’an, et le mois, et l’heure, où le dieu leur vint ; ils ont eu l’étincelle rapide, sacrée, le coup de tonnerre lumineux. […] Elle, au milieu de la chambre, debout, plus pâle que lui, répondait par monosyllabes sans comprendre, lorsque tout à coup, ne pouvant soutenir une lutte si inégale, elle se sentit chanceler, fit un geste comme pour se prendre à la grille, et tomba évanouie. […] Après un certain temps, tout d’un coup la domestique entra, sans qu’on l’eût appelée, apportant un flambeau : mais la brusque lumière éclaira d’abord le front blanc de Christel renversé en arrière, et ses yeux calmes à jamais endormis.
C’est alors, vers 1824, qu’une grande et brusque révolution se fit en lui ; ses amis, sa famille apprirent tout à coup qu’il renonçait au barreau, et qu’il était entré à Saint-Sulpice. […] Et puis, ce qu’il veut, ce n’est pas tant convertir d’un coup, c’est ébranler, c’est remuer et faire rendre témoignage, c’est arracher un son : Dès qu’une âme, dit-il, rend dans le siècle le son de l’éternité, dès qu’elle témoigne en faveur du Christ et de son Église, ne nous montrons pas plus rigoureux que Celui qui a dit : Quiconque n’est pas contre vous est pour vous. […] Mais j’ai dit que Bourdaloue aujourd’hui relu, ennuie ; et lui, il enlève, il étonne, il conquiert, ou du moins il porte des coups dont on se souvient. […] Mais, après l’invasion du 15 mai, il donna sa démission de représentant, comprenant sans doute que, sous le coup d’un tel attentat, on allait rentrer dans les voies de la politique ordinaire, de la défense sociale méthodique, et qu’il n’y avait plus jour à tenter d’aucun côté une infusion d’esprit nouveau. […] Il a parlé de Luther sans outrage, avec un sentiment respectueux pour cette riche et puissante nature ; mais tout à coup, à propos de Luther même, citant un bon mot d’Érasme, il a ajouté : Vous connaissez tous Érasme, messieurs.
Chasles l’a très bien dit : « On a répété à outrance que M. de Balzac était un observateur, un analyste ; c’était mieux ou pis, c’était un voyant. » Ce qu’il n’avait pas vu du premier coup, il le manquait d’ordinaire ; la réflexion ne le lui rendait pas. […] Pour soutenir cette victoire, pour porter cette vogue, n’en être ni effrayé ni découragé, ne pas défaillir et ne pas abdiquer sous le coup comme fit Léopold Robert, il faut avoir une force réelle, et se sentir arrivé seulement à son niveau. […] Un coup de baguette l’y transportait. […] La révolution de Février avait porté un coup sensible à M. de Balzac. […] Le mode de publication en feuilletons, qui obligeait, à chaque nouveau chapitre, de frapper un grand coup sur le lecteur, avait poussé les effets et les tons du roman à un diapason extrême, désespérant, et plus longtemps insoutenable.
Dans cette grande ville inconnue, sans relations aucunes, sans une lettre de recommandation, sans même la connaissance de la langue qu’on y parle, il se sent tout à coup pris d’un immense découragement, au milieu duquel il s’endort. […] Puis il se passe en moi des choses singulières, il me semble que les nerfs qui font mouvoir mon individu, ont de la nuque aux talons, des relâchements, des distensions, qui me donnent à craindre de, tout à coup, m’affaisser et tomber à plat, comme un pantin, dont les ficelles seraient coupées. […] Vendredi 27 août Aujourd’hui, au milieu d’une forte migraine, La Faustin a fait tout à coup irruption dans ma cervelle, avec accompagnement de fièvre littéraire. […] Dimanche 26 décembre Ce soir, au milieu d’un lied chanté par la sœur de Berendsen, le traducteur danois de Renée Mauperin, Nittis me dit tout à coup : « Les dimanches de Naples, les dimanches de mon enfance… c’est par des bruits, des sonorités qu’ils me reviennent… Voyez-vous, le bleu du ciel et le plein soleil entrant par toutes les fenêtres… là-dedans montant les fumées de tout ce qui frit dans la rue… là-dessus le branle des cloches sonnant midi, et dominant les cloches, le chant d’un marchand de vin de l’extrémité de la rue, chantant, donnant de la voix, ainsi qu’on dit chez nous, avec une voix telle, que les cloches, je ne me les rappelle plus que… comme du paysage ! […] Alors Lafontaine a eu l’idée de montrer à Chelles, comment elle devait être jouée, cette déclaration marchée, — et rien qu’avec une hésitation, un faux départ de la marche, et pour ainsi dire, des balbutiements de pieds, accompagnant le balbutiement amoureux des paroles, cette déclaration a pris tout à coup un très grand effet.
Ernest Renan33 I Ce que tout le monde a cherché d’abord dans le nouveau livre d’Ernest Renan, la Vie de Jésus 34, depuis si longtemps annoncée comme un Messie… contre le Messie, c’était l’impiété nette et carrée, l’hostilité intrépide, l’audace superbe, la science herculéenne qui donne son dernier coup de hache à la croix de Jésus-Christ et n’en fait plus que quatre poutres ! […] , en essayant d’ôter le dieu de l’homme dans Notre-Seigneur pour nous faire admirer le restant, Renan, du même coup, a diminué jusqu’à la force de son attaque et l’excuse de son attentat. […] Ce n’est qu’un analyseur de patience de termite ; un rouge-maille qui mesure son coup de dent pour qu’à chaque fois qu’il le donne il soit léger et ne réveille pas le chat qui dort… J’ai appelé Renan le Grippe-Soleil du docteur Strauss ; mais il ne lui a pris que les petits côtés de sa méthode, et même comme science, ce qu’il grippe du soleil allemand de cet homme n’est pas de quoi allumer un réverbère ou une lanterne dans ce pays de France où nous voulons de la bravoure, même d’idées, du bon sens et de la clarté ! […] … » Indécence et insolence, du même coup, après laquelle il n’y a plus rien à citer ! […] L’imagination, dont son système était l’ennemi, ne lui rendit pas le coup pour coup qu’il méritait.
Enfin sur le coup de huit heures, les gens qui dînent chez les Lockroy sont de retour, avenue Victor-Hugo. […] Son cocher ayant insulté le marquis Tseng, eut le choix entre une amende ridicule et cinquante coups de bambou. En sa qualité d’humain exotique, dénué de système nerveux, il préféra les coups de bambou. […] Il se mettait à boxer, et il avait heureusement affaire à un Anglais, ne sachant pas boxer, ne sachant pas porter un coup droit. […] En effet, Maupassant parlait d’une visite faite par lui à l’amiral Duperré, sur l’escadre de la Méditerranée, et d’un nombre de coups de canon à la mélinite, tirés en son nom et pour son plaisir, coups de canon allant à des centaines de mille francs, si bien que Popelin ne pouvait s’empêcher de lui faire remarquer l’énormité de la somme.
Les étincelles dispersées sous les coups auraient écarté les Amours ; dans un coin ces enfants turbulents auraient mis en désordre l’atelier du forgeron ; et qui aurait empêché qu’un des Ciclopes n’en eût saisi un par les ailes pour le baiser ? […] Il semble que le lieu de la scène devait être un paysage écarté, silencieux, désert, mais riche ; que la beauté des déesses devait tenir le spectateur et le juge incertains ; qu’on ne pouvait rencontrer le vrai caractère de Paris que par un coup de génie.
« Il avait découvert — dit Mirabeau avec cette cruelle ironie qu’ont parfois entre eux tous ces voluptueux sans pitié — une maladie pour laquelle les médecins lui devaient des remerciements, car on la croyait tout à fait perdue. » Mais il avait sur le cœur une bien autre lèpre, et ce fût celle-là qui le poussa à cet horrible suicide de dix-huit coups de rasoir, dont sa main enragée se hacha le cou… Quant à sa gloire, elle est légère. […] Alors les théories fourmillent, l’esprit se fausse, et la Babel des Dix décrets s’élève tout à coup dans les Politiques universelles ! […] V Vignette fatale dans la mémoire, coup de sifflet dans l’intelligence, corruption dans la volonté fourvoyée, le bâtard est la parabole de la chute, la contrefaçon du dogme qu’il repousse, et un argument vivant, dans sa propre existence, contre sa propre incrédulité ! […] X C’est criminel, en effet, gratuitement criminel, car il est toujours aisé de se tenir tranquille et de se taire, — de laisser passer, sans y répondre, une thèse vraie dans sa ferme généralité ; il est toujours aisé de vivre dans un sort honnête et obscur, ou même éclatant, si on a vraiment du mérite et si on est taillé pour la gloire, sans que l’impudence d’une révélation sinistre vienne tout à coup répandre une vile lumière autour de soi.
La gravité donc, la gravité régnait sur toute la ligne… Il y avait bien, il est vrai, une Histoire parlementaire de Buchez et Roux, dans laquelle on soutenait que la Révolution française était, à coups de guillotine, une application drue et supérieure des principes du Christianisme, et ceci ne manquait pas de gaieté au point de vue de l’absurde. […] L’Histoire, cette harpe trop tendue, allait détendre ses cordes d’airain… Michelet reçut le coup de la fascination de Carlyle dans ses yeux charmés, qu’il aurait dû garder charmants, mais qui, plus tard, sont devenus obscènes. […] Comique âpre et profond, qui sort tout à coup du sérieux pour rentrer dans le sérieux ! […] Il a, de temps en temps, et souvent même, un trait, un coup à percer la toile et l’homme ou la chose qu’il retrace ; puis il glisse et devient confus.
Comment cette supériorité lui a-t-elle poussé tout à coup ? […] Y a-t-il, pour la tête humaine comme pour certains fruits, un coup de soleil après lequel elle a, comme les fruits, son point juste de saveur, de parfum et de maturité ? Et pourquoi, puisqu’il s’agit ici d’un homme assez saint pour faire des miracles, saint Vincent de Paul, avec qui l’abbé Maynard a vécu intimement des années dans la contemplation de sa pensée et de sa vie, n’aurait-il pas été ce miraculeux coup de soleil ? […] Je citais Richelieu : mais le cardinal de Richelieu, cet homme d’ordre et d’unité, avec ses quatre à cinq coups de hache éblouissants qui brillent dans l’histoire, n’a jamais créé autour de lui des unités de volonté et d’obéissance aussi vastes, aussi cohérentes et aussi profondes, que cet humble et bon Vincent de Paul, qui n’a jamais frappé personne !
pas la baisse du talent, mais sa hausse plutôt, car cet âge apporte au talent un sentiment qui s’y ajoute et l’achève en lui donnant ce coup de pouce du Temps qui fait tourner mieux l’éclatant relief par l’ombre d’une mélancolie, M. […] Ces Idylles prussiennes, sur lesquelles je veux particulièrement insister, ne sont pas seulement les plus belles poésies du volume, mais elles portent avec elles un caractère de nouveauté si peu attendu et si étonnant, qu’en vérité on peut tout croire de la puissance d’un poète qui, après trente ans de vie poétique de la plus stricte unité, apparaît poète tout à coup dans un tout autre ordre de sentiments et d’idées, — et poète, certainement, comme, jusque-là, il ne l’avait jamais été ! […] IV Mais Arlequin et Pierrot, ces deux types adorés de M. de Banville, qui les unit dans sa personne poétique, Arlequin et Pierrot, ces deux innocents, doux et étincelants gouailleurs, vont disparaître de ce volume, et nous arrivons enfin au magnifique et poignant avatar du poète, nous arrivons à ces Idylles prussiennes que j’ai annoncées dès le commencement de ce chapitre, et qui ont fait tout à coup surgir du Banville connu un Banville qu’on ne connaissait pas. […] Quelle profondeur tout à coup dans cet Éclatant !
Quand on l’a lu, quand on l’a fermé, quand on est loin et qu’on ne s’en rappelle que l’idée première, on le méprise, si on n’a que l’esprit droit, mais on le hait, si on a l’âme ardente ; car si les choses étaient ce que Pichat, cet Aruspice de l’avenir, dit qu’elles sont maintenant ou qu’elles vont être, toute poésie en mourrait du coup, et Pichat, cessant d’être poète, ne serait plus que le plus vulgaire des rêveurs. […] Ironie charmante de la Providence à laquelle il ne veut pas croire, l’athéisme de Pichat est d’un talent qui se fonce tout à coup quand il traduit en vers, souvent très beaux, les croyances de sa jeunesse, et que l’accent exécré, l’accent catholique plus fort que lui, passe à travers la langue de sa poésie, — cet accent qu’il finit toujours par renier, quand il s’en est le mieux servi… Ce qui n’est pas reconnaissant ! […] Elle a fait son devoir, et on ne peut lui demander rien de plus, quand elle a signalé comme infiniment remarquables : Saint-Marc, déjà cité, Le Fils du Vicomte, où la satire et la comédie unissent leurs coups de fouet, Un beau mariage, — d’autant plus dangereuse, cette pièce, que, vraie en beaucoup de points et étincelante, mais d’inspiration basse, elle aura pour elle toutes les âmes basses hostiles à l’Église, — La Tête de mort, L’Exorcisme du ver, où l’on trouve ce vers baudelairien : Et qui ne craint pas Dieu ne craint pas sa vermine ! […] Pas une herbe, pas un roseau, Rien n’a jamais ridé ton eau, rien ne la frise ; Rien ne la fait trembler, pas un souffle de brise Et pas un coup d’aile d’oiseau.
On citerait les grandes actions ; on citerait cette foule de traits qui, dans le cours d’une campagne ou d’une guerre, échappent à des héros que souvent on ne connaissait point ; car il est des hommes qui, simples et peu remarqués dans l’usage ordinaire de la vie, déploient dans les grands dangers un grand caractère, et révèlent tout à coup le secret de leur âme. […] Mais, si en rappelant le souvenir de ces batailles, monuments de deuil et de grandeur, si en retraçant les actions et la mort de tant de guerriers, on voyait une larme s’échapper de l’œil du souverain ; si l’orateur, s’interrompant tout à coup, la faisait remarquera la jeune noblesse qui l’écoute, croit-on qu’un jour, dans les combats, elle n’eût pas sans cesse présent le spectacle qui l’eût frappée dans son enfance ? […] C’est là qu’on trouve le mot d’un jeune Brienne qui, ayant le bras fracassé au combat d’Exilles, monte encore à l’escalade en disant : Il m’en reste encore un autre pour mon roi et ma patrie ; celui de M. de Luttaux qui, blessé de deux coups, affaibli et perdant son sang, s’écria : Il ne s’agit pas de conserver sa vie, il faut en rendre les restes utiles ; celui du marquis de Beauveau, qui, percé d’un coup mortel, et entouré de soldats qui se disputaient l’honneur de le porter, leur disait d’une voix expirante : Mes amis, allez où vous êtes nécessaires ; allez combattre, et laissez-moi mourir.
Est-ce que je suis condamné à demeurer, toute ma vie, l’homme qui a publié son premier livre, le jour du Coup d’État ? […] Beaucoup de femmes demandent à la morphine un montant de l’esprit, un coup de fouet de la causerie. […] Le beau, l’adorable Zézé, tout à coup se renversant dans sa petite chaise, jette avec des larmes dans la voix : « Je ne veux plus mâcher… je trouve ça ennuyeux ! […] Et l’animal — bibelot, à la fois doré et locomobile, — l’égayait beaucoup, jusqu’au moment, où, tout à coup, il lui venait l’idée de faire sertir la tortue par un bijoutier. […] » Là, sans qu’il le veuille, tout à coup dans l’homme européanisé, vibre une intonation du bord du Nil.
Il médite un coup de théâtre. […] Je vous jure que je ne me connaissais pas moi-même, et me semblait, que j’étais encore en Piémont amoureux, comme j’avais été ; je ne me pus contenir de rire, me semblant que tout à coup Dieu m’avait donné tout un autre visage. […] Le temps de la gloire pour Montluc est fini ; à la veille de la mort de Henri II dans ce malheureux tournoi, et la nuit même qui précéda le coup fatal, Montluc raconte qu’étant chez lui, en sa Gascogne, il eut un songe qui lui représentait, avec toutes sortes de circonstances frappantes, son roi mort et tout saignant, et il s’éveilla éperdu, la face tout en larmes, racontant aussitôt son pronostic à sa femme et, le matin, à plusieurs amis. […] Ce fut par toute la France comme un feu généreux qui se retourna contre lui-même et qui se porta tout d’un coup sur les entrailles. […] Lieutenant de roi en Guyenne et révoqué par Charles IX, il se vit remplacé dans le temps même où il envoyait sa démission, ayant reçu au siège de Rabastens (1570) sa dernière et horrible blessure, un coup d’arquebuse qui lui perça les os de la face ou du nez et le força à porter le reste de ses jours un masque au visage.
. — Et lui, Saladin, d’un coup habile de son cimeterre qui ressemble à une faucille dorée, a déjà divisé le coussin sans presque faire semblant. […] Elle tient encore, si je l’ose dire, de celle de la chèvre125 qui, après avoir bondi d’un saut abrupt, tout d’un coup, au lieu de courir, tourne court au bord du précipice et s’y tient pendante avec hardiesse dans un arrêt net et élégant : de l’autre côté du ravin le promeneur indécis ne sait d’abord si c’est un jeu du rocher, et admire. […] Qu’il s’y livre désormais tout entier ; mais maintenant, assuré qu’il est de toutes ses épreuves et confiant à bon droit en sa trempe, il n’a plus peut-être à tant combiner ses coups, à tant se jouer dans les raccourcis. […] Puis, si le talent est réel, s’il a de l’avenir, il ne s’en tient pas au coup d’essai, il récidive. […] Par moments sa Bretagne lointaine lui échappait, la courtoisie florentine l’avait conquis, il allait oublier son Ithaque ; mais tout d’un coup un costume, un son d’instrument, un écho, venait réveiller son vieux culte et croiser ses amours.
Pour le coup, l’inattendu était à son comble : on allait de surprise en surprise, de Pascal sceptique à Pascal amoureux ! […] C’est merveille, en vérité, qu’entre tous ces écueils, en présence de cette masse de papiers très-peu lisibles, de ces pensées souvent incohérentes, souvent scabreuses, on ait, du premier coup, tiré un petit volume si net, si lumineux, si complet d’apparence, et qui, même avec une ou deux bévues (pour ne rien céler), triompha si incontestablement auprès de tous. On a beau dire après coup sur l’exactitude littéraire, il y avait ici une question de fidélité bien autrement grave et qui dominait tout, et cette fidélité fut respectée des premiers éditeurs. […] pour le coup, nos bons premiers éditeurs n’avaient en rien l’idée de ce genre de beauté tronquée qui tient de celle de la Vénus de Milo, et, toutes les fois qu’ils avaient rencontré un audacieux fragment ainsi debout, ils l’avaient incliné doucement et couché par terre. […] Les coups d’encensoir obligés à M ousin ne vous ont pas empêché de lui donner71 sur les points qui sont précisément les essentiels.
Tout d’un coup, paraît une insinuation contre Séjan. […] Une boîte à parfums faite d’un seul onyx. » Les héritiers défaillent de douleur, et Mosca les chasse à coups d’insultes. […] Survient un ami de sir Dauphine avec une bande de musiciens qui jouent ensemble tout d’un coup, de toute leur force. « Oh ! […] Les coups, les cris, les sons, les éclats de rire retentissent comme un tonnerre. […] Tout à coup le légiste décidé que le moyen ne vaut rien, l’infidélité ayant été commise ayant le mariage. « Oh !
n’a pas été une minute en avance sur les événements qu’il nous décrit et qu’après coup il nous explique. […] Jusque-là, en effet, personne, parmi les écrivains qui avaient voulu raconter ou expliquer la Révolution française, n’avait eu, comme l’historien qui s’élevait alors, le coup de pinceau historique. […] — l’impitoyable lame que ses adversaires, ne pouvant la briser, cherchèrent à souiller pour qu’elle leur portât des coups moins terribles et moins sûrs. […] — l’absence de rétorsion et de haine, la simplicité des fiers coups droits de son escrime, et sa poussée irrésistible. […] passer avec le jour, reparaissait comme un Phénix qu’on croyait brûlé et qui tout à coup rouvrait ses ailes !
Les coups d’État ont besoin de prétexte, la ridicule Montagne de 1849 le fournit au pouvoir exécutif ; elle fit peur à la France d’elle-même, la France s’enfuit dans une dictature : que la responsabilité de l’occasion perdue retombe à jamais sur ceux qui donnent ces paniques aux peuples, et qui montrent les spoliations et les terreurs comme perspective de la liberté ! […] Qu’on daigne relire dans mes Œuvres complètes le dernier avis du Conseiller du peuple, que je me permettais de donner aux républicains provocateurs de l’assemblée, huit jours avant le coup d’État qui releva un trône, on verra que j’en avais le pressentiment et la tristesse anticipés. Les vrais auteurs de ces coups d’État sont ceux qui les rendent possibles et quelquefois inévitables. […] Un coup de pinceau, comme un coup de hache, avec une couleur de sang, voilà tout. […] Je dois le dire, la commune même de Paris ne les voulut pas ; elle les adopta après coup pour les arrêter.
C’était le théâtre auquel il aspirait le plus et où son ambition allait trouver tout son emploi ; car c’est là que se portaient les grands coups et que se jouait le sort du royaume. […] Depuis sept heures et demie du matin (11 septembre) l’action était engagée, lorsque vers midi, averti par Saint-Hilaire que le centre dégarni était en danger d’être enfoncé, et se disposant à y pourvoir, Villars fut grièvement atteint d’un coup de mousquet au-dessous du genou, et il fallut l’emporter hors du combat. […] La retraite des deux ailes, vers deux ou trois heures de l’après-midi, s’était faite régulièrement et sans être inquiétée. « Notre canon, dit l’un des généraux de l’artillerie, tira toujours sur l’ennemi jusqu’au dernier moment de la retraite, et le contint si bien, que les derniers coups qui se tirèrent en cette journée furent des coups de canon. » Le maréchal de Bouflers eut toute raison d’écrire au roi, de son camp de Ruesne, dès le 11 au soir : « Je puis assurer Votre Majesté que jamais malheur n’a été accompagné de plus de gloire. » On lit dans la relation de la bataille qui fut publiée par les alliés (c’est-à-dire les ennemis) : « On ne peut refuser au maréchal de Villars la gloire d’avoir fait ses dispositions et ménagé ses avantages avec autant d’habileté qu’un général pût jamais le faire. » L’honneur de nos armes dans ces contrées, qui était resté comme accablé et gisant sous le coup des défaites d’Oudenarde et de Ramillies, se releva ; les adversaires, les Anglais surtout, avouaient qu’ils avaient, en ce jour, retrouvé les braves Français, les Français d’autrefois, et qu’on voyait bien qu’ils ne demandaient qu’à être bien menés pour être toujours les mêmes. […] La France était-elle alors, et à cette époque avancée des négociations d’Utrecht, sous le coup d’un danger aussi imminent que les années précédentes ?
Il en est d’elles comme de ces pastels de Latour dont le temps a enlevé la poussière d’un coup de son aile, et de qui Diderot disait dans sa prophétie ; Memento quia pulvis es… On les voyait, ces vivants et parlants portraits, on ne voyait qu’eux, et puis, un matin, on regarde et l’on ne voit plus rien. […] Ce fusil était chargé à balle, et il le tenait en main, lorsque malheureusement, en le tournant et le retournant, le coup vint à partir et tua roide mort le Père du Cerceau qui était vis-à-vis de lui. […] ce ne sont plus les traits ardents et vifs du pinceau d’un Saint-Simon, c’est un crayon gris et doux et mou, un peu effacé, qui sent son pastel et qui en a aussi la finesse : « Ce prince, nous dit-il, né sauvage et en même temps si bien fait pour la société, n’a pu en être séparé d’abord que par timidité ; car il ne faut pas s’y méprendre, le désir de plaire, qui tient tant à l’amour-propre et au témoignage favorable que l’on se rend de soi-même, fait qu’on ne veut pas manquer son coup. […] Mais cette consolation et cette illusion lui manquèrent à dater de 1764, lorsque la mort imprévue de son mari vint tout à coup la délier. […] Par ce changement dans votre plan de vie, vous coupez court d’un coup à l’attente de ce rang auquel vous aspirez ; vous n’êtes pas agitée plus longtemps par des espérances et des craintes ; votre tempérament recouvre insensiblement son premier ton ; votre santé revient ; votre goût pour une vie simple et privée gagne du terrain chaque jour, et vous finissez par vous apercevoir que vous avez fait un bon marché en acquérant la tranquillité au prix de la grandeur.
pour le coup, ceci est trop ; en matière littéraire un peu de superstition ne me déplaît pas, mais point de fanatisme. […] Il est intéressant en effet de voir ce zèle dont se trouvent tout d’un coup saisis, après de longues années, certains critiques et biographes pour l’auteur qu’ils adoptent avec prédilection. […] Cette littérature tout intérieure et confinée aux ornements des écoles avait de la gaieté, et laissait à ces aimables maîtres (encore un coup, je ne parle que de ceux qui ne faisaient pas les théologiens) une certaine enfance de mœurs et d’esprit qui de près n’était pas sans charme. […] Je ne prétends pas dire que Gresset n’ait pas eu là d’heureuses années embellies de succès légitimes ; des idées riantes, un certain jeu de vivacité naturelle et de mollesse voluptueuse, quelques éclairs de tendresse, des accents sortis d’un cœur droit, d’une âme honnête et bonne, animaient ces productions de sa veine dans leur fraîcheur : presque tout cela, encore un coup, a disparu. […] Malgré tout, on revient toujours à se poser à son sujet cette question délicate, embarrassante : Comment se fait-il que, lorsqu’on a eu du goût, on cesse tout d’un coup d’en avoir ?
Quand nous causons, tous les moyens nous sont bons pour mettre en lumière notre idée principale : nous rompons brusquement l’équilibre de la phrase, nous élevons la voix tout d’un coup ; à tout prix nous mettons en relief le mot important et La Fontaine fait comme nous. […] De la force du coup pourtant il s’abattit. […] Cependant un sanglier, monstre énorme et superbe Tente encor notre archer, friand de tels morceaux Autre habitant du Styx : la Parque et ses ciseaux Avec peine y mordaient ; la déesse infernale Reprit à plusieurs fois l’heure au monstre fatale ; De la force du coup pourtant il s’abattit. […] Voilà la grande phrase oratoire, la période parfaite, et son cortège de propositions incidentes, enfermées les unes dans les autres, dont toutes les parties se tiennent comme les membres d’un corps vivant, et qui se porte d’un seul mouvement avec toute cette masse pour frapper un coup décisif. […] Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux On croyait l’honorer chaque fois que les hommes Achetaient de son sang l’indulgence des dieux.
Certes, l’Ami des femmes rend là un service insigne à sa protégée, il lui épargne un scandale peut-être, et, à coup sur, une sottise. […] Elle le chasse d’un mot qui tombe sur lui comme un coup de fouet. […] De ce mot, cruel comme un coup de grâce, il achève la pudeur qu’il vient de blesser. […] On admirait en protestant ; on se cabrait sous ce fouet sonore ; on jouissait des coups que l’on recevait. […] Coups de main subits, sorties téméraires, retraites habiles, déploiements de force, aucune ressource ne manque à cette tactique de la scène, qui hasarde tout, sans rien compromettre.
Il n’était pas, comme eux, un calculateur d’effets et de mots préparés comme des coups de théâtre. […] Mais que, dans ce redoutable Sagittaire il y eût un historien, et précisément l’historien qui frappa tant Burke, la première fois qu’il le lut, que du coup il l’appela : « tacite », c’est là, n’est-il pas vrai ? […] lorsqu’il se met à écrire l’histoire, on trouve tout à coup en lui la froideur sublime qui est, dit-on, dans le soleil. […] Il ne faut pas s’y méprendre : avant le coup de guillotine final de Sanson, les Sansons à douze cents têtes de l’Assemblée nationale avaient bien des fois guillotiné la Royauté en détail, et même d’une façon plus définitive encore que Sanson, car leurs coups de guillotine, à eux, étaient avilissants, et le coup de guillotine de Sanson n’avilissait pas.
Si ce grand homme prenait ce grand couteau, pour en donner un grand coup à ce grand arbre, et qu’il lui fit une estafilade, ah ! […] Revenant ensuite vers Pantalon, il lui donne un coup dans l’estomac, le renverse et tombe par terre avec lui. […] Arlequin se mouche alors avec le mouchoir de Pantalon, qui le voit et donne des coups de poing à l’impudent valet ; celui-ci les rend avec usure. […] Le gourmand, qui ne veut pas perdre un seul coup de dent, répond par monosyllabes, comme le frère Fredon de Rabelais.
s’écria-t-elle tout à coup en regardant la boucle de cheveux ; je les ferai teindre ! […] C’était en décembre 1851, dans un moment où les attroupements étaient sévèrement interdits. — Tout à coup, à l’aspect d’un monsieur gros, court, énorme comme J. […] Il tournait déjà le bouton de la porte, lorsque, faisant tout à coup volte-face : — Un conseil, mon cher Calino : prenez bien garde de faire du bruit en dormant — de peur de vous réveiller ! […] Tout à coup l’accusé l’interrompt, et s’adressant au ministère public avec le ton de la plus exquise compagnie : — Pardon !
Tout à coup, elle devint, un matin, de George Sand, Mme George Sand, et même parfois Mme Dudevant… Mme Gustave Haller qui dédie ses livres à George Sand, la Présidente, en son vivant, de la République féminine des lettres, et dont les moindres billets sont pour les femmes des décorations qu’elles pendent au cou des livres qu’elles écrivent, Mme Gustave Haller suivra certainement l’exemple de celle qui l’a décorée… Et de cette façon, comme tout bas-bleu, du reste, elle ne montrera pas plus d’originalité dans sa manière de faire que dans sa manière de penser. […] Seulement, un jour, cette amitié consolatrice et sufficiente est, tout à coup, brisée — et je ne dirai pas de quelle sotte manière ; je vous l’épargnerai. — Alors, le pauvre ami, aussi malheureux que le pauvre amant, meurt d’un désespoir, compliqué, il est vrai, d’un fort anévrisme, et c’est ainsi que Mme Gustave Haller prouve du même coup la puissance de l’amitié chez son héros, et chez elle, la puissance de l’invention et de la pensée ! […] Elle n’a nulle part ce vigoureux coup de pouce qui précise et qui fait saillir.
« Tous les premiers ouvrages de Michelet — dit Hello — étaient pleins de coups d’ailes. […] Il était de ceux-là que les soldats appellent : « les charmeurs de balles », et pour leur faire dire vrai, il fut tué d’un coup de lance en pleine poitrine. […] Les hommes ne s’abdiquent pas d’un coup. […] La spirale, tout à coup, s’arrête… et tout ce peuple sans nom devient le marchepied d’un seul !
Schopenhauer vient de donner le dernier coup de pioche à Hégel, qui l’avait donné à Schelling, qui l’avait donné à Fichte, qui l’avait donné à Kant ; car ce sont tous des fossoyeurs, qui s’enterrent les uns les autres. […] C’est le caractère propre de la métaphysique de triompher des coups qu’elle se porte quand elle retourne contre elle son dard de scorpion. […] Comme la tourbe de tous les athées, comme Goethe, chez lequel il alla valeter, Schopenhauer ne croit qu’à l’immortalité très commode de l’espèce, — ce qui supprime l’immortalité assez gênante de la personne, et, du même coup, la loi morale, qui a pour sanction ce genre d’immortalité. […] L’homme comprend que la réalité est une illusion, la vie une douleur ; que le mieux pour la volonté est de se nier elle-même, car du même coup tombent l’effort et la souffrance qui en est inséparable.
Caro s’est dévoué tout à coup à cette recherche. […] Espèce de Camisard catholique, qui, par-dessus un catholicisme ici compromettant, a mis la chemise blanche du spiritualisme pur, afin de surprendre l’ennemi et de frapper de meilleurs coups ! […] Il a beau mettre des applications de charité tardive et de baume samaritain sur les blessures qu’il ne craint pas de faire à la vanité sophistique, il ne les y met que parce qu’il a donné ce coup de pointe inconnu à Caro, qui reste l’accent grave, quand sa politesse n’en fait pas l’accent circonflexe. […] Avec cette charité et cette politesse qui drapent de si haut les coups… que l’on porte si bas, nous sommes plus libres, nous, les brutaux, de jeter à la porte, à notre manière, les réputations et les idées qui n’avaient pas le droit d’entrer !
Louise est l’histoire d’un amour venu à Paris dans les circonstances assez ordinaires de la vie qu’on y mène, partagé d’ailleurs, filant dans le bleu sans obstacle, heureux d’un bonheur complet et au seul endroit où il soit complet : à la campagne ; puis se brisant tout à coup, comme un verre éclate. […] Édouard Gourdon, dont le talent est ongle, n’a pourtant pas eu le coup d’ongle de la fin qui fait tourner l’œuvre et la lance. […] Il y avait à cette histoire d’amour, — et je n’écris pas ce mot avec un mépris léger : les histoires d’amour, en littérature, sont, pour peu qu’on y mette un peu de talent, non pas des redites, mais du renouveau, au contraire, — il y avait trois dénouements possibles, tranchés et vrais tous les trois, et qui auraient fait leçon dans l’esprit du lecteur après avoir fait coup dans son âme. […] Ce feu bien fait devait être le livre de Gourdon, dont la main naturellement était fort capable de bien le construire du pied à la cime, mais qui, justement, après l’avoir arrangé avec beaucoup de soin et d’aptitude dans son milieu et dans sa base, tout à coup, par la cime, l’a manqué !
Brucker, né sur le fumier de l’incrédulité, qui ne vaut pas celui de Job, a longtemps été philosophe, mais est devenu un chrétien, avant de recevoir son coup de lumière dans l’intelligence. […] Brucker, c’est autre chose, il n’a encore qu’une célébrité contestée, et il faut l’avoir touché dans la vie littéraire pour savoir quelle flamme peut tout à coup jaillir de cette nature de naphte, de ce volcan intellectuel. […] Tout à coup, 1830 éclata, et quelques jours après qu’on eut bu à cette coupe de Circé révolutionnaire, le journaliste Brucker, transformé en… farouche et en garde national, demandait, à Vincennes, la tête de M. de Peyronnet, avec lequel, par parenthèse, il s’est lié plus tard ; cette tête poétique qui fait de beaux vers et qui, en envoyant son portrait à son ennemi mortel devenu son ami jusqu’à la mort, écrivait ce quatrain tourné avec la grâce qui n’empêche pas d’être un homme d’État, en terre de France : J’entends encor l’hymne infernal, (Il faut bien dire que c’était La Marseillaise pour ceux qui ne la reconnaîtraient pas à l’épithète). […] Raspail ; et de son parti, quoique n’y croyant pas, car on ne se débarrasse que bien tard du dernier anneau de sa chaîne, de celui-là qui nous meurtrit longtemps encore lorsque les autres ne nous pèsent plus, il fit circuler manuscrite une œuvre qui ne pouvait pas être imprimée, le fameux Testament d’Alibaud, qui ramena le plus de socialistes à la cause républicaine et le plus de républicains à la cause socialiste ; grand coup de ralliement bien frappé !
Ce qui nous intéresse, c’est son amour, inépuisable source d’héroïsme, dont cette folle explosion d’espérance nous fait d’un coup mesurer l’énergie. […] Les joueurs aiment à appeler une partie du nom de bataille, ils livrent combat au hasard ; un coup heureux est une victoire ; un coup malheureux est une défaite, et quand ils ont tenu longtemps, quand ils se sont obstinément, stupidement acharnés à se ruiner, ils se donnent le mérite d’une héroïque résistance et ne sont pas bien sûrs de n’avoir pas déployé la même espèce de courage que Wellington à Waterloo : s’ils nommaient les choses par les mots propres, peut-être auraient-ils moins de complaisance pour leur passion ; du moins elle ne se colorerait pas à leurs yeux d’une telle beauté ; ils céderaient peut-être autant, ils s’en feraient moins honneur.
Je vous prie, dit-il, mesdames, puisque j’ai trouvé tant de grace envers vous de m’avoir entériné ma demande, que la plus grande p… de votre compagnie commence la première, & me donne le premier coup. […] « Si Jean de Meun, dit-il, demanda, par grace, que celle qui étoit la plus lubrique d’entre elles lui donnât le premier coup, elles pouvoient se moquer de sa prière, & le fouetter toutes ensemble, sans distinction. […] Au sortir de table, feignant de vouloir l’accompagner, ils le mirent au milieu d’eux, & le conduisirent ainsi à coups de canne jusqu’à la porte de France.
Elle tomba dans le cœur du Pape qui gouvernait alors l’Église, et tout à coup elle y leva ! […] Et du même coup le comte Roselly de Lorgues eut aussi la sienne. […] Et cette occasion éclatante fut la béatification de Christophe Colomb, dans laquelle il a montré, contre les vils chicaneurs de cette grande mesure, projetée par Pie IX, la toute-puissance des coups qu’il pouvait leur porter et qu’on lui connaissait, mais encore une autre toute-puissance qu’on ne lui connaissait pas !
Le génie est impatient, au contraire ; et d’un coup d’aile il finit tout. […] Werther, qui fut le coup de pistolet du siècle à mettre avec le coup de canon Krupp du Faust. […] L’artiste sublime est toujours plus ou moins saignant des coups de la vie. […] Gœthe n’a jamais saigné des coups de la sienne. […] Il n’a pas le coup de tam-tam de la réputation de Gœthe dans ses petits nerfs, comme M.
Ils tournent lentement leurs ventres violacés, noircissent, et tout d’un coup fondent en averses ; la vapeur, semblable aux fumées d’une chaudière, rampe incessamment sur l’horizon. […] La pesante brute humaine s’assouvit de sensations et de bruit.Pour cet appétit, il y a une pâture plus forte, j’entends les coups et les batailles. […] Chez les Saxons, l’homme adultère est puni de mort, la femme obligée de se pendre, ou percée à coups de couteau par ses compagnes. […] Coup sur coup, ils reviennent sur leur idée, et la répètent : « Le soleil là-haut ! […] Le mètre, bref, tinte brusquement à coups pressés comme le glas d’une cloche.
Puis tout à coup, il jette dans un sourire : « Mais regardez donc Zézé ? […] Tout à coup, Mme Daudet qui est plaquée dans un affaissement douloureux contre la paroi de la baignoire, s’écrie dans un ressaut violent : « Je vais me coucher, ça me fait trop mal d’être ici ! […] » des coups de fouet. […] Il lui demande alors de faire son droit : demande à laquelle le père acquiesce, à la condition toutefois que ce ne sera pas à Paris, parce qu’il y ferait les cent coups. […] Ganderax courait à l’hôtel et le trouvait avec un flacon de chloral ; Ganderax jetait le flacon dans un pot de chambre, et dans le premier moment d’exaspération, Delpit le menaçait de lui flanquer des coups.
Les choses étant ainsi, Molière put croire que ce serait un coup de maître de faire maltraiter les mauvais auteurs par Montausier sous le nom d’Alceste, de la même manière que Boileau et lui en usaient dans leurs ouvrages, c’est-à-dire de le montrer faisant la guerre au mauvais goût sans la faire aux personnes. C’était en effet un coup de maître pour Molière, de représenter Montausier, ce censeur énergique, sous les couleurs les plus nobles, et d’opposer son caractère même aux prétentions de bel esprit sans esprit, et le poète sans talent ; de le montrer intraitable pour un mauvais ouvrage, quelque honnête, quelque estimable que fut l’auteur, en respectant en lui l’homme de bien et de mérite ; précisément comme Racine et Boileau prétendaient en user avec Chapelain, Cottin et leurs semblables.
À peine lieutenant, s’il pouvait tout d’un coup passer capitaine ? […] Une fois, un vendredi saint, le régiment manque un bon coup. […] Sous ces défauts d’une rude écorce, on sentait à tout coup l’homme de sens, mais souvent intempestif ; l’homme supérieur perçait, mais ne se dégrossissait pas. […] de petites coteries lui suscitent des embarras et des ennuis ; la presse l’assassine à coups d’épingle. […] mais il m’a fait manquer un coup qui m’envoyait droit à la postérité. » Cette prise était réservée, quelques mois plus tard, à un jeune et hardi chasseur dont rien ne bridait l’audace.
Nos mouvements intérieurs sont la plupart du temps presque imperceptibles ; notre vie ne se compose que de petites actions ; nous ne cheminons que pas à pas ; nous ne faisons rien tout d’un coup. […] S’écriait-il ; Jupiter rends-la moi : Je tiendrai l’être encor un coup de toi. […] De la force du coup pourtant il s’abattit. […] Quoique respectueux pour les anciens, le poëte voit du premier coup que la plus grosse sottise serait de le faire parler comme Cicéron.) […] La brusquerie, les interrogations pressées comme les coups d’une hache de guerre, la puissante voix tendue et grondante, la hardiesse qui prend corps à corps l’adversaire et le frappe en face, annoncent le barbare.
Le voile qui couvrait le buste tomba ; la figure tout d’un coup se découvrit. […] Manon s’amusant gaiement à coiffer de ses mains le chevalier, et choisissant ce singulier moment pour recevoir le prince italien qu’elle veut berner et à qui elle montre le miroir en disant : « Voyez, regardez-vous bien, faites la comparaison vous-même… » ; cette tendre et folâtre espièglerie n’était pas dans le premier récit, et c’est un petit épisode que Prévost a voulu ajouter après coup, un souvenir sans doute qui lui sera revenu. […] Randouin, préfet de l’Oise, en novembre 1852, ne dit rien sur cette circonstance qui, dans tous les cas, a dû être dissimulée ; on n’y voit rien non plus qui la contredise absolument ni qui l’exclue : L’an mil sept cent soixante-trois, le vendredi vingt-cinq du mois de novembre, dit l’Extrait mortuaire, a été trouvé au lieu dit la Croix de Courteuil, sur le territoire de cette paroisse, expirant et frappé d’un coup de sang, le corps de Dom Antoine-François Prévost, âgé de soixante-trois ans (il faut lire soixante-six), aumônier de S. […] Y a-t-il eu, en effet, un coup de scalpel du chirurgien de l’endroit ? […] Rochebillère, m’a montré une édition de Manon Lescaut, portant la date de 1731 (Amsterdam), et formant le septième volume des Mémoires et aventures d’un homme de qualité, édition de la même date ; mais le titre de ce septième volume pourrait bien avoir été fait après coup, et pour se conformer aux titres des volumes précédents.
Montausier qui, sous ses vertus de Caton et sous le manteau de duc et pair, avait un arrière-fond de pédant et une dureté de cuistre, eut beau déployer et briser sur son élève le fouet et la férule, — Bossuet, qui assistait aux coups sans mot dire, eut beau écrire pour lui les traités les plus relevés et les plus magnifiques discours, — au lieu de le stimuler par aucun moyen, on n’était parvenu qu’à l’assommer et à le rebuter, pour le reste de sa vie, de toute noble application de la pensée. […] Souvent il porte ses coups en l’air, comme un taureau furieux, qui, de ses cornes aiguisées, va se battre comme les vents16. […] Quand elle le prend, on dirait que c’est un ressort de machine qui se démonte tout à coup : il est comme on dépeint les possédés ; sa raison est comme à l’envers ; c’est la déraison elle-même en personne. […] C’est par politesse que Fénelon dit de Mélanthe qu’il est comme un taureau qui porte ses coups en l’air : le duc de Bourgogne portait souvent ses coups moins à faux et battait son valet de chambre pendant que celui-ci était eu train de l’habiller.
Cherchant à me rendre compte de son talent lyrique et poétique, et des limites naturelles de cette vocation, j’écrivais dans le Globe (20 mars 1827), lorsque parurent les Sept Messéniennes nouvelles, le jugement que voici : — Quand un beau talent a remporté, du premier coup, un succès d’enthousiasme, et qu’une prédilection presque unanime s’est plu à le parer, jeune encore, et des louanges qu’il méritait déjà et de celles qu’on rêvait pour lui dans l’avenir, il arrive difficilement qu’une gloire où l’espérance a tant de part soutienne toutes ses promesses, et que l’augure si brillant de son début ne finisse point par tourner contre elle. […] Puis tout à coup lui apparaît l’ombre du vieux Corneille, et il se console de quitter la Ville éternelle, en pensant qu’il la retrouvera tout entière dans les œuvres de notre grand tragique. […] Sa palme, qui renaît, croît sous les coups mortels ; Elle eut son fanatisme, elle touche au martyre, Un jour elle aura ses autels. […] On s’est trop habitué de nos jours à mettre l’idée de force dans le coup de collier d’un moment et dans un va-tout ruineux. […] Il a donné pour nœud à sa pièce le moment décisif où un jeune orateur politique, idolâtre de l’opinion, et arrivé au comble de la faveur populaire, se trouve tout d’un coup en demeure de choisir entre cette orageuse faveur et son devoir.
Edmond de Goncourt fut longtemps sous le coup du même reproche et soupçonné d’avoir, en une curiosité sacrilège, transcrit jusqu’aux dernières minutes la poignante agonie de son frère, ces symptômes dramatiques et terrifiants entre tous de la paralysie générale. […] Il s’arrête tout à coup. […] Tout à coup, le voici qui reprend le volume, le met devant lui et veut lire, veut absolument lire. […] Mais tout à coup, il se renversa la tête en arrière, et poussa un cri rauque, guttural, effrayant, qui me fit fermer la fenêtre. » Aussitôt, sur son joli visage, apparurent des convulsions qui le bouleversèrent, déformant toutes les formes, changeant toutes les places, comme si elles voulaient les retourner, pendant que sa bouche tordue crachotait une écume sanguinolente. […] … 9 heures : Dans ses yeux troubles, tout à coup une éclaircie souriante avec le long appuiement sur moi d’un regard diffus et comme s’enfonçant lentement dans le lointain… Je touche ses mains, c’est du marbre mouillé… 9 heures 40 minutes : Il meurt, il vient de mourir.
Ces spectacles et ces récits, brouillés encore de l’incohérence, et de l’oppression des rêves qui les interrompent, forment la matière d’étranges livres ; dénués de toute poésie expresse, sombres, tristes, sales et bas, ils évoquent sourdement comme une haute fantasmagorie où les rues, les maisons et les êtres, d’abord stables ou marchants, vacillent tout à coup et planent, ombres ou noirs profils de songes. […] Sauf pour certains malades dont l’âme lui est ouverte comme la sienne propre, il ne sait ni ne dit les mobiles de ses personnages, et leurs actes ne sont pas moins bizarres que les flux d’émotions qui sourdent tout à coup dans leurs cerveaux. […] Le lent et sourd accroissement de l’angoisse morale de Raskolnikoff, le vertige et l’oppression de son projet, qu’il apercevait vague et cependant fatal dans le délabrement de ses forces, son sourd malaise une fois le sang versé, et l’étrange sensation de retranchement qui le prend, le lâche et le tient quand il revoit sa mère et sa sœur, la cruauté de se sentir interdit à leurs caresses et de ne pouvoir leur parler que les yeux détournés vers l’ombre ; puis la terreur croissante et une sorte d’ironique rudesse s’installant dans son âme, qui l’introduisent à revisiter le lieu du crime, et à machiner de singulières mystifications qui le terrifient tout à coup lui-même — ces choses lacèrent son âme et rompent sa volonté ; ainsi abattu et ulcéré, il est amené d’instinct à visiter Sonia, et à s’entretenir avec elle en phrases dures, qu’arrête tout à coup le sanglot de sa pitié pour elle, pour lui et pour tous, en une crise où il sent à la fois l’effondrement de son orgueil et la douceur de n’être plus hostile ; des retours de dureté, la sombre rage de ses premières années de bague, l’angoisse amère d’un cœur vide et murmurant, conduisent à la fin de ce sombre livre, jusqu’à ce qu’en une matinée de printemps, au bord des eaux passantes d’un fleuve, que continue au loin la fuite indécise de la steppe, il sente, avec la force d’eaux jaillissantes, l’amour sourdre en lui, et l’abattre aux pieds de celle qui l’avait soulagé du faix de sa haine. […] Ces êtres qui, au-delà du normal, figurent l’exception psychologique, particularisée et intensifiée en une demi-folie, exhibent tout l’illogisme, les sursauts, les angoisses sans cause et les grosses béatitudes, les soudains serrements de dents, les coups et les retraits de sang, les folles loquacités et les silences hagards, tout le saccadé, le souffrant, le variable et le complexe d’un être à la chair mortelle.
L’auteur, gardé par son obscurité de toute attaque personnelle, mais attiré par le bruit des coups, se jeta dans la mêlée et se mit à jouer de la plume le plus énergiquement possible : pour rien, pour le plaisir ! […] Le Réalisme dit carrément leur fait à ces deux usurpateurs de renommée, et se mit en devoir de les corriger — à coups de fautes de français. […] mon Dieu, si ce monsieur a manqué de respect aux palmes vertes, tancez-le comme il le mérite, ce sera bien fait ; et je serai le premier à rire des bons coups de batte que vous lui appliquerez sur les épaules. […] Sa perruque à marteaux s’agita comme une chevelure romantique et secoua un nuage de poudre à l’entour de sa tête… Il donna violemment du poing contre un guéridon marqueté, en lâchant un juron formidable, — le même qu’affectionnait Ajax quand il causait politique avec Achille ; — du coup, le tabac d’Espagne qui parfumait la boîte d’écaille illustrée par Boucher se répandit sur le parquet. […] Je restais là, les yeux fixes, choqué de cette inconvenance, lorsque tout à coup… Il m’a semblé voir, à travers la brume qui montait de mon cigare, les lignes trembler sur le papier et s’agiter d’une façon tout à fait insolite, et des phrases entières rouler sur elles-mêmes… Ô spectacle saugrenu !
Cela du coup tuait l’expression, tout un coin de l’art du comédien. […] Talma allait enfin porter le dernier coup à la convention. […] Pas un coup de théâtre, à notre mode française. […] Un battant tient encore, selon moi ; j’y donne mon petit coup de cognée. […] Voilà, du coup, le cadre qui s’élargit.
J’appelle inventer en pareil cas, venir supposer, après coup, à un vieil auteur de qui l’on n’avait jamais entendu parler, un talent dont les preuves, tardivement produites, sont plus que douteuses, et une signification, une importance qu’il n’a jamais eue à aucun moment parmi ses contemporains. […] Que diriez-vous si, voulant écrire l’histoire de la poésie au xixe siècle, on allait mettre en ligne un à un, à côté des cinq ou six noms de maîtres qui ont donné le coup d’archet et mené la marche, les auteurs des innombrables recueils de vers, publiés depuis trente ou quarante ans, sous prétexte que dans presque chacun de ces volumes il y a quelque chose ? […] Elle s’y fit remarquer par sa vaillance, son adresse à gouverner un destrier et à faire le coup de lance ou d’épée. — « Qui m’eût vue lors, nous dit-elle, m’eût prise pour Bradamante ou pour la haute Marphise, la sœur de Roger. » On l’appelait dans l’armée le Capitaine Loys. […] Tout à un coup je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j’endure : Mon bien s’en va et à jamais il dure : Tout en un coup je sèche et je verdoie. […] Avoir le cœur séparé de soi-même, être maintenant en paix, ores en guerre, ores en trêves ; couvrir et cacher sa douleur ; changer visage mille fois le jour ; sentir le sang qui lui rougit la face, y montant, puis soudain s’enfuit, la laissant pâle, ainsi que honte, espérance ou peur nous gouvernent ; chercher ce qui nous tourmente, feignant de le fuir, et néanmoins avoir crainte de le trouver ; n’avoir qu’un petit ris entre mille soupirs ; se tromper soi-même ; brûler de loin, geler de près ; un parler interrompu ; un silence venant tout à coup : ne sont-ce tous signes d’un homme aliéné de son bon entendement ?
On se contenta donc, au lieu de préluder à la grande guerre et, par un coup d’essai immortel, de frayer la route à la campagne de Marengo, de faire une campagne dans le vieux style, le style ordinaire, selon la bonne méthode chicanière, savante, manœuvrière, pied à pied. […] Voilà bien t’entretenir. » L’apologie est un peu longue ; je n’ai pas promis qu’elle serait élégante ; il manque un coup de rabot à cette façon d’écrire de Catinat ; mais on a l’homme, on a la forme d’esprit, on a les raisons. […] pour le coup, écrit-il à son frère, je crois que me voilà bien achevé d’être brouillé avec Rubentel : après ce qui vient d’arriver, il n’y a plus de retour ; je l’ai trop offensé. ». […] Je n’ai pu éviter ce coup ; les raisons seraient longues à t’en déduire ; tu peux compter que ma conduite n’est exposée qu’aux mauvais discours des gens qui ne connaissent point la nature de cette guerre ; c’est une ample matière à en tenir. […] Jamais général n’a moins cru à son étoile que Catinat ; mais l’étoile du roi, il y croit encore ; il a besoin d’y croire, car il va risquer un grand coup, et elle va en effet le conduire à sa plus belle et sa plus glorieuse journée.
Les maréchaux congédiés, Napoléon, qui se promenait de long en large, l’avisant tout à coup, lui dit : — « Qui êtes-vous ? […] « Tout à coup, à travers une échappée de neige, on vit une colonne noire qui s’avançait directement en longeant la rue occidentale d’Eylau et en perçant jusqu’au pied du cimetière. […] Homme de l’art avant tout, Jomini ne pouvait retenir son impression sur la partie qu’il voyait engagée sous ses yeux, qu’il aurait voulu jouer, et dont il appréciait chaque coup à sa valeur : un coup de maître le transportait ; un coup de mazette le faisait souffrir. […] Au premier coup de canon, le major général m’ordonna de retourner auprès du maréchal Ney, de lui rendre compte de la position des deux armées, de lui dire de quitter la route de Creutzburg, d’appuyer à sa droite, pour former la gauche de la grande armée, en communiquant avec le maréchal Soult.
On raconte qu’au sortir du Mariage d’inclination, une jeune fille, se jetant tout d’un coup dans les bras de sa mère, lui avoua qu’elle devait se faire enlever le lendemain par quelqu’un qu’elle aimait. […] Mais une fois pourtant, une seule fois, vous m’avez de vous-même saisi tout d’un coup et pressé bien tendrement la main : et c’était en loge au Gymnase, à la fin d’Une Faute. […] Mais une reine, mais une noble femme à gloire historique, n’est-ce pas une profanation que de les commettre ainsi après coup dans des intrigues improvisées ? […] Et celle qui faiblit, c’est la femme forte, et celles qui regimbent, qui acquièrent tout d’un coup du caractère, ce sont celles qui n’en ont pas. […] Quand on lui avait raconté ce détail, elle n’avait pas écouté, ce semble, tant sa pensée était ailleurs ; mais voilà que sa jalousie en éveil a intérêt à s’en ressouvenir, et il se trouve qu’elle a entendu comme après coup ; elle se ressouvient.
Elle nous peint en traits expressifs le moment où elle retrouve M. le Prince dans un des intervalles de l’action : Il était dans un état pitoyable, il avait deux doigts de poussière sur le visage, ses cheveux tout mêlés ; son collet et sa chemise étaient pleins de sang, quoiqu’il n’eût pas été blessé ; sa cuirasse était pleine de coups, et il tenait son épée nue à la main, ayant perdu le fourreau ; il la donna à mon écuyer. […] Mazarin dit que ces coups de canon tirés par ordre de Mademoiselle avaient tué son mari, donnant à entendre qu’elle ne pouvait plus désormais prétendre à épouser le roi. […] Pourtant, elle eut, à cette journée de la Bastille, la satisfaction d’avoir fait non pas comme à Orléans un coup de tête, mais un acte de courage et d’humanité. […] L’homme à bonnes fortunes était devenu tout d’un coup un homme à principes ; il faisait le vertueux et le chaste pour se faire épouser. […] Lauzun reçut le coup en courtisan accompli et comme s’il eût dit : « Le roi me l’avait donnée, le roi me l’a ôtée, je n’ai qu’à le remercier et à le bénir. » Sa faveur parut même un moment sur le point de s’en accroître.
Bonneval colonel, et Langallerie général, firent ce même coup à quinze jours de distance, et changèrent de drapeau. […] À la tête de quelques hommes de son régiment, entouré d’un corps nombreux de janissaires, il résista une heure entière, et abattu d’un coup de lance, dix soldats qui lui restaient l’emportèrent vers l’armée victorieuse. […] La marquise de Bonneval, à la veille de la cérémonie, changea tout d’un coup d’avis pour son fils et voulut se dédire ; on la ramena pourtant. […] » Ce refroidissement éloigna Bonneval de Vienne ; il était en 1724 à Bruxelles, où il servait comme général, et où il avait son régiment en garnison ; il y était sur le meilleur pied, un peu goutteux, mais recevant chez lui la meilleure compagnie, donnant soupers et concerts, très aimé tant de la noblesse que du peuple et de la bourgeoisie, quand tout à coup éclata sa fâcheuse affaire avec le marquis de Prié, gouverneur. […] On le vit une fois, en entendant chanter à un dîner je ne sais quel air italien, éclater tout à coup en larmes.
Comment se fait-il donc que ce même examen, s’il tourne contre vous, devienne tout à coup une méthode criminelle et folle, née de l’orgueil, ennemie de la société et de la morale ? […] Ceux qui parlent ainsi croient sans doute défendre la cause de la vérité ; mais ils ne voient pas qu’ils lui portent de leur propre main les coups les plus redoutables et les plus profonds. […] Comment la méthode qui a été bonne et légitime jusque-là devient-elle tout à coup essentiellement mauvaise ? […] Sans doute si le texte a le sens que l’on dit, il faut dès lors cesser d’examiner et substituer tout à coup la croyance à la critique ; mais cela n’est vrai que pour ceux qui lui donnent ce sens ; pour ceux-là seulement il serait impie de continuer à examiner. […] Les instruments et les outils dont se sert l’industrie humaine n’ont pas atteint du premier coup la perfection qu’ils ont aujourd’hui.
J’excepte ici la belle renommée de M. de Lamartine : elle n’appartient proprement à aucune école, et fut conquise, du premier coup, sur l’enthousiasme avec toute l’insouciance du génie. […] Hugo ne s’élève pas jusqu’aux hauteurs de l’ode, il se délasse souvent dans les rêveries les plus suaves, dont nul souffle étranger n’altère la fraîcheur : il se plaira, par exemple, à montrer à son amie le nuage doré qui traverse le ciel, à le suivre de la pensée, à y lire ses destinées de gloire ou d’amour, puis tout à coup à le voir s’évanouir en brouillard ou éclater en tonnerre. […] Ces petits enfants à genoux, qui prient Dieu pour leur aïeule, donnent des coups de pinceau à la Delille : … par degrés s’affaisse la lumière, L’ombre joyeuse danse autour du noir foyer.
Son observation si pénétrante et d’une qualité presque magique s’obscurcit tout d’un coup, et se perd, en croyant se continuer, dans toutes les aberrations de l’invraisemblable. […] Mais encore un coup, tout ce que nous disons à l’avantage de M. de Bernard n’est pas pour dégager son talent de l’obligation qu’il a contractée envers celui de M. de Balzac ; quand l’auteur d’Eugénie Grandet et de la Femme de trente ans finirait comme il a commencé, c’est-à-dire quand ses volumes heureux se trouveraient suivis d’autant d’œuvres illusoires qu’ils ont été précédés d’œuvres insignifiantes, quand lui-même, l’auteur de la Femme de quarante ans et de Gerfaut, serait devenu, par bien d’autres productions dont il est capable, le romancier régnant, il ne devrait pas, en avançant, séparer tout bas son progrès de son point de départ, car en littérature il est un peu comme un fils de famille ; il entre de plain-pied dans un genre ouvert, il arrive le lendemain d’un héritage riche, qu’il n’a qu’à grossir après l’avoir débrouillé. […] Tout cela joue, se rapproche, se concerte, se complique à merveille, jusqu’à ce que Gerfaut, qui touche au triomphe, se trouve arrêté devant le soupçon tout d’un coup éveillé du baron.
Mais tout à coup la comédienne a ce caprice, d’aller entendre la messe de minuit à la Madeleine. […] D’abord, le préambule ordinaire : «… Mon ami secoua dans le foyer les cendres de sa pipe, et tout à coup : — Veux-tu que je te raconte mon premier réveillon à Paris ? […] « Mais tout à coup il se calma.
En s’approchant de cette statue qui devient tout à coup colossale, sans doute on est étonné, on conçoit l’édifice beaucoup plus grand qu’on ne l’avait d’abord apprécié ; mais le dos tourné à la statue, la puissance générale de toutes les autres parties de l’édifice reprend son empire, et restitue l’édifice grand en lui-même, à une apparence ordinaire et commune : en sorte que d’un côté chaque détail paraît grand, tandis que le tout reste petit et commun ; au lieu que dans le système contraire d’irrégularité, chaque détail paraît petit, tandis que le tout reste extraordinaire, imposant et grand. […] Si nous rencontrions dans la rue une seule des figures de femmes de Raphael, elle nous arrêterait tout à coup, nous tomberions dans l’admiration la plus profonde, nous nous attacherions à ses pas, et nous la suivrions jusqu’à ce qu’elle nous fût dérobée. […] Il faut qu’on m’avertisse de regarder, qu’on me donne un petit coup sur l’épaule, tandis que savants et ignorants, grands et petits, se précipitent d’eux-mêmes vers les bamboches de Tesniere.
Gabrille d’Estrées et Henri IV39 I Il y a quelque temps que Capefigue, l’historien religieux de la monarchie et de la politique françaises, aborda tout à coup une singulière spécialité historique, et deux livres, l’un sur madame du Barry, l’autre sur madame de Pompadour, dirent fort expressivement alors quelle était cette spécialité… Ce fut un scandale, mais un scandale gai. […] Tout le temps qu’il vécut, il ne cessa d’être cet infatigable prometteur de mariage dont il faisait sa séduction, promettant du même coup le divorce, puisqu’il était marié, et que pour se donner il était bien obligé de se reprendre… Capefigue, qui ne se charge de nous raconter dans son livre sur Gabrielle d’Estrées que le plus long et le plus scandaleux adultère de cet homme d’adultères, nous a fait le compte de ces promesses de mariages menteuses, appeaux de cet oiseleur, qui durent certainement mettre plus bas que tous ses autres actes, dans l’opinion de ses contemporains, le don Juan royal chez lequel rien n’était sincère, si ce n’est les convoitises et les intérêts. […] Bon, il la tue de désespoir, puis il l’oublie ; grand, il meurt du coup de couteau qu’une politique qui allait de l’abjuration à l’Édit de Nantes aiguisa sur les deux tranchants ; et il trouve sa gloire dans des projets de gloire, l’intention — et c’est la première fois en histoire — étant réputée pour le fait !
Comment trouvez-vous ce coup-là ? […] ils ont raté avant le coup. […] où souffle le vent d’un principe, une ligne où l’on sente que l’auteur a en lui ce point fixe des notions premières qui sont comme les gonds de la vie et sur lesquels elle tourne, mais sans jamais s’en détacher… Eh bien, à part cette nécessité d’être moraliste pour être vraiment supérieur dans un livre comme Les Réfractaires, y a-t-il même dans le coup de pinceau de Vallès, qui est énergique, autre chose que de la force qui fait montre de ses biceps, comme messieurs ces Hercules qu’il aime ?
par le coup d’État 2, a déjà plusieurs mois d’existence ; mais il tire du talent, et plus encore de la famosité de son auteur, une importance telle qu’on pourrait y revenir même de plus loin que nous ne sommes aujourd’hui. […] Le prince Louis-Napoléon, l’homme du 2 décembre, démentant son coup d’État pour introduire en Europe la révolution qu’il a vaincue, est une de ces conceptions ineffables digne d’être mise à côté de l’espoir de ces légitimistes qui croyaient bonnement qu’un Bonaparte s’oublierait jusqu’à singer Monk. […] La Révolution sociale démontrée par le Coup d’État ; Du Bonapartisme en France (Pays, 6 novembre 1852).
En vain nous chante-t-il Endymion et Phœbé, comme un Grec réveillé tout à coup du sommeil d’Épiménide, et nous traduit-il Sannazar une parenté en génie ; puis, las de tordre et d’assouplir cette ferme langue française qui reste toujours de l’acier, même quand on en fait de la dentelle, se met-il à écrire le sonnet dans sa langue maternelle, la langue italienne, qu’il manie avec une morbidesse fleurie qui eût charmé Pétrarque et qui convient si bien à la nature ingénieuse et raffinée de sa pensée, Gramont est plus qu’un écrivain qui se joue dans les difficultés de deux langues, un archaïste d’une exécution supérieure. […] Le poète, amoureux pendant si longtemps de la couleur, de la ligne et des mille nuances de la lumière, qui voulait peindre, comme Titien, la chair d’opale de sa maîtresse et ses … cheveux dont l’or blême frisonne Et se poudre d’argent sous les rais du soleil… cesse tout à coup, dans le dernier livre de ses sonnets de jouer cette gageure enragée qu’exprimait Shakespeare quand il parlait de dorer l’or et de blanchir les lys, et le voilà qui n’a plus souci que de la seule qualité d’expression que Dieu ait permise aux poètes ! […] Les sonnets religieux, les poésies qu’il adresse à la Vierge, marquent bien ce dernier coup d’aile de sa Muse dans le ciel chrétien où elle s’envole, et qui sait ?
D’ailleurs, indépendamment de la forme, du trait appuyé, du coup de burin, qui n’a rien de ce forcené d’Edgar Poe, de ce « diable devenu fou », comme disait lord Byron de celui qui a bâti Londres, Erckmann-Chatrian avait fait, pour le fond de ses Contes, ce qui réussit, hélas ! […] … Est-ce quelque chose comme le beau coup de colère de lord Byron, qui, lui aussi, commença par un livre détestable, imité, poncif, nuageux, ossianique, que la Revue d’Édimbourg traita comme il le méritait ; et heureusement !! […] Ce peintre d’école hollandaise levant des paysages allemands vus par la fenêtre d’un cabaret, ce peintre de genre encore trop heurté de couleur et qui attend comme un bénéfice le velours brun du temps, de l’expérience et de l’art, sur son rouge trop dur, a tout d’un coup élargi sa toile, et, dans un horizon plus vaste que celui dans lequel il se contient d’ordinaire, il est monté jusqu’à l’idéal.
Julien avait reçu dix-neuf coups de poignard de Bandini et de Pazzi ; on lui fit des funérailles expiatoires à San-Lorenzo. […] C’est le propre de ces coups : ils déroutent, et c’est leur force. […] Julien, en succombant sous les coups des Pazzi, avait légué le sceptre à son frère. […] Trois assassins conjurés pénétrèrent dans la salle où il soupait : le premier le blessa au visage ; il se jeta sous la table ; le second l’y perça de son épée ; il se releva encore pour s’enfuir par la porte ; le troisième l’en empêcha par un dernier coup mortel. […] Manfredi, auquel elle ne put cacher son indignation, répondit à ses reproches par des sévices et des coups ; Bentivoglio, informé par sa fille de ces outrages, vint enlever violemment Francesca et son fils à la violence de son gendre et les ramena à Bologne.
La fortune leur vient-elle, les voilà tout à coup rangés, sages, économes, comptant et liardant. […] Puis, tout à coup, de Belloy ne voit plus son ami, il passe un matin chez lui, et trouve au lit… un monstre. […] Damas-Hinard dit à l’Impératrice : « Lisez ce livre, un livre nouveau qui vous intéressera. » L’Impératrice prend le livre, se met à le lire, et tout à coup part d’un grand éclat de rire. […] Un petit homme à la figure énergique, aux moustaches grises, à l’aspect d’un grognard ; marchant en boitaillant, et sans cesse, d’un coup de plat de main sec relevant ses manches sur ses bras osseux, diffus, débordant de parenthèses, zigzaguant d’idées en idées, déraillé, perdu, mais se retrouvant et reprenant votre attention avec une métaphore de voyou, un mot de la langue des penseurs allemands, un terme savant de la technique de l’art ou de l’industrie, et toujours vous tenant sous le coup de sa parole peinte et comme visible aux yeux. […] Puis se livrant à nous, ses copains politiques et artistiques, selon son expression, il se met à nous parler de son ambition de décrire les métopes du Parthénon, furieux d’enthousiasme, et désespérant, désespérant de pouvoir dire cela avec des mots, et se lamentant qu’il n’y ait pas dans la langue française de vocables assez religieux pour rendre ces torses « où la divinité circule comme le sang ». — « Le Parthénon, le Parthénon, répète-t-il deux ou trois fois, ça me remplit de l’horreur sacrée du lucus. » Et le voilà, prenant feu sur le beau antique, comme un dévot à propos de sa foi, et il nous conte en riant, mais avec une sorte de peur au fond de lui, la peur d’un païen contemporain des Éginètes, il nous conte l’histoire de ce savant allemand Ottfried Muller, qui avait nié la divinité solaire d’Apollon, et qui fut tué d’un coup de soleil.
Mon titre écrit, j’allais bravement commencer, quand tout à coup je sentis comme un regard animé et mélancolique à la fois qui se posait sur mon épaule : c’était le regard de ce brave Henri, qui est bien l’homme le plus naturellement mécontent qui se soit jamais rencontré en mon chemin. […] Qui, diantre, tout d’un coup vous en a tant appris ? […] Du Croisy voudrait en être quitte pour dix pistoles ; Brécourt pour vingt bons coups de fouet, (Allez donc prier aujourd’hui un comédien de créer le rôle de Brécourt, vous verrez si sa dignité ne se trouvera pas offensée.) — Et que feriez-vous, si vous étiez à ma place ? […] Il a tort et grand tort de nommer en toutes lettres son ennemi Boursault, comme il aura tort, plus tard, de mettre l’abbé Cottin tout vif dans Les Femmes savantes ; il ne faut pas tuer les gens à coups de massue, un petit coup d’épingle, à la bonne heure ; et puis si vous tuez votre homme aujourd’hui que vous restera-t-il le lendemain ? […] Et quelle merveilleuse habileté de ce poète, qui allait frapper ce grand coup du Misanthrope, d’essayer en même temps et ses comédiens et son public !
La certitude de cet événement, lointain encore, qui s’annonçait, il y a quarante ans, par des coups obscurs, comme la vie de l’enfant s’annonce dans le sein de la mère, enivrait de joie la pensée divinement avertie du grand apologiste de la papauté. […] À l’heure qu’il est, l’Église anglicane est exposée aux coups de trois parricides. […] En 1833 retentit, comme le premier coup de canon d’une grande bataille, le premier numéro des Tracts for the times, qui ouvrit une des plus belles polémiques qui aient jamais été faites en dehors de la vérité. […] Elles n’ont ni retentissement, ni causes visibles ; elles ne sont pas de ces coups de miracle qui éclatent dans les cœurs surpris. […] Eh bien, nous n’hésitons pas à le proclamer : politiquement ce serait un coup de maître que le retour de l’Angleterre à ses antiques croyances, que sa soumission au Saint-Siège !
La petite, qui remontait les yeux à terre, sans défiance, ne les ayant ni vus ni entendus, rougit tout à coup jusqu’au blanc des yeux, en se voyant toute nue et toute mouillée devant des étrangers ; elle se sauva, comme un faon surpris, dans la cabane, et rien ne put l’en faire sortir, bien qu’elle se fût habillée derrière la porte. […] LXXVII — Allons, mon garçon, viens avec nous pour nous montrer les sentiers qui raccourcissent la descente vers Lucques, cria tout à coup à Hyeronimo le chef des sbires. […] Jurez que vous me servirez pour découdre d’un coup de canif cette fiançaille entre ces enfants, qui ne savent pas même ce que fiançaille veut dire. […] XCIII Ce fut ainsi, monsieur, que notre vie se replia tout à coup comme un mouchoir qu’on aurait déchiré dans une large pièce de toile. […] Tout à coup Hyeronimo s’aperçut que les feuilles de la vigne jaunissaient et rougissaient comme des joues de malade, avant que les raisins eussent achevé de rougir ; que les branches se détachaient des murs comme des mains qui ne se retiennent plus par les ongles à la corniche, et que les grappes, elles-mêmes mortes, commençaient à se rider avant d’être pleines, et ne prenaient plus ni suc ni couleur dans les sarments détendus.
On annonça ses livres comme des curiosités, des événements, des coups de tonnerre, et le long feu de Salammbô n’y fit rien. […] Fatigué, blasé, flétri, vieilli, éreinté de cœur, de corps et d’esprit, Frédéric Moreau, qui a demandé le bonheur de sa vie à l’amour, comme son meilleur ami l’a demandé à l’ambition, repasse un jour avec cet ami leurs deux vies d’hommes à sentiment, et après avoir fait le compte de leurs illusions, souillées dans les malpropretés de l’ambition et de l’amour, ils avisent tout à coup dans leurs souvenirs le petit tableautin du lupanar (pardon !) […] Après le vigoureux hoquet panthéiste à travers lequel saint Antoine s’écrie qu’il « voudrait se mêler à tout, voler, nager, aboyer, beugler, hurler, souffler de la fumée, avoir une carapace, porter une trompe, s’émanier avec les odeurs, couler comme l’eau, se développer comme la plante, briller comme la lumière, pénétrer les atomes, Être la matière » , tout à coup, on ne sait pourquoi, le ciel se découvre dans les nuages d’or, « et on voit dans le disque même du soleil la figure rayonnante de Jésus-Christ ». […] Mais dans Bouvard et Pécuchet, c’est le coup à fond, c’est le coup de la haine et du mépris élevés à la plus haute puissance, et dont la bourgeoisie du xixe siècle doit mourir. […] … Mais lui, Flaubert, après Henri Monnier, Balzac et Préault, qui ne l’ont pas tuée, et tous les ateliers de peinture de Paris, qui ne la tueront pas, Flaubert n’avait pas assez de talent pour cette exécution dernière des bourgeois… et il a manqué misérablement son coup à fond, — son coup définitif et suprême !
Parlant du connétable de Montmorency, blessé à mort dans la bataille de Saint-Denis à l’âge de soixante-quatorze ans ; après quelques détails sur l’action, il dit : Il faut venir au connétable, lequel le lendemain mourut chargé de six coups, en âge, en lieu et condition honorables ; grand capitaine, bon serviteur, mauvais ami ; profitant des inventions, labeurs et pertes d’autrui, agissant par ruses, mais à leur défaut usant de sa valeur. […] Les catholiques, à peine accoutumés à leurs nouveaux alliés protestants, s’agitaient en divers sens et pouvaient se croire déliés ; les protestants, d’autre part, voyaient leur roi tout d’un coup promu au terme de ses espérances, mais par cela même sollicité et mis en demeure de les abandonner sur la religion. […] Cependant d’O, à la tête de plusieurs gentilshommes catholiques, vient porter la parole et sommer en quelque sorte Henri IV, en recueillant la couronne, d’en accepter en même temps toutes les conditions : la première est de rentrer au giron de l’Église ; c’est à ce prix qu’il dépouillera du coup le roi de Navarre et ses misères pour revêtir d’emblée le bonheur et l’excellence d’un roi de France. […] D’Aubigné était de cette race cassante qui ne se refuse jamais un coup de langue, et qui pour un bon mot va perdre vingt amis ou compromettre une utile carrière.
Vous mourrez là ; et c’est à quoi se réduira le char de votre gloire101. » Dans quel monde inconnu le prophète vous jette tout à coup ! […] Si le chantre d’Ilion peint un jeune homme abattu par la lance de Ménélas, il le compare à un jeune olivier couvert de fleurs, planté dans un verger loin des feux du soleil, parmi la rosée et les zéphyrs ; tout à coup un vent impétueux le renverse sur le sol natal, et il tombe au bord des eaux nourricières qui portaient la sève à ses racines. […] Ulysse, caché chez Eumée, se fait reconnaître à Télémaque ; il sort de la maison du pasteur, dépouille ses haillons, et, reprenant sa beauté par un coup de la baguette de Minerve, il rentre pompeusement vêtu. […] La reconnaissance est mieux amenée dans la Genèse : une coupe est mise, par la plus innocente vengeance, dans le sac d’un jeune frère innocent ; des frères coupables se désolent, en pensant à l’affliction de leur père ; l’image de la douleur de Jacob brise tout à coup le cœur de Joseph, et le force à se découvrir plus tôt qu’il ne l’avait résolu.
Il est un coup de baguette miraculeux qu’une grande situation frappe sur les hommes et qui éveille le genre de génie qu’il faut pour cette situation même, et ce coup de baguette doit être encore plus puissant sur les papes que sur les autres hommes, puisque, dans l’opinion catholique, leur situation est plus qu’humaine. […] Violée en Italie par l’ambition de la maison de Savoie, indifférente aux souverains de l’Europe qui, comme leurs peuples, ne croient plus en elle ; méprisée et haïe, comme une ruine du passé, par tous ceux qui ont l’orgueilleuse suffisance de se donner pour l’avenir ; telle la papauté qui échéait à Léon XIII, à cet homme dont on sentit tout à coup la main, quand il l’eut prise dans sa main… La biographie de Teste, qui fourmille de détails et d’anecdotes impossibles à faire tenir dans ce chapitre, nous montre, dès les premiers instants de son pontificat, Léon XIII serrant tous les freins relâchés dans les dernières années de l’administration de Pie IX et rappelant tout le monde au devoir, — à toutes les hauteurs de hiérarchie et de fonction. […] On a placardé des manifestes, roué de coups les gendarmes qu’on a voulu jeter dans la Marecchia.
… au lieu du coup de tonnerre du Christianisme tombant du ciel, de ce coup de tonnerre comme le monde n’en avait jamais entendu. […] L’avalanche se ramasse en tombant dans le fond du gouffre ; les dernières pages sont les derniers coups… Il faut empêcher par toute voie que le Christianisme soit un démenti donné à toutes les lois du monde, de la nature et de l’humanité ! Et comme il est arrivé, ce phénomène renversant, en pleine corruption romaine, et qu’il fait des martyrs et des saints de ces abominables corrompus, pour nous assourdir à ce coup de tonnerre, pour ne pas voir l’éclat de cette foudre, on a dit — des gens d’esprit comme M.
C’est l’inconscient qui touché, tout à coup, affleure. […] À ce moment il entendit un coup de sonnette. […] L’inconscient parle tout à coup. […] Du premier coup, Proust posa la main sur la peinture et en enduisit complètement son gant. […] C’est exactement le pendant de ses coups de poing dans la porte pour réveiller la concierge.
Si nous allions manquer notre coup ? […] Nous, manquer notre coup ! […] J’ai frappé le coup. — N’as-tu pas entendu un bruit ? […] Nous avons manqué la plus belle moitié de notre coup. […] tous mes pauvres petits poulets et leur mère, tous enlevés d’un seul horrible coup !
. — Le cinquième acte traîne en discours, tandis que la pièce est réellement finie au coup de poignard. […] Le hasard du génie y pourvoira… Un bel âge littéraire complet, ou du moins une vraie gloire de poëte du premier ordre, serait un bonheur et un coup de fortune pour tous ceux de valeur qui l’auraient précédé.
Vous ne le comprendrez jamais : c’est un Phidias qui ne sent pas dans sa chair les coups que son ciseau donne au bloc de marbre dont il fait un dieu ! […] Je sens tout à coup la jeune et sainte sève de la vie bouillonner dans mes nerfs et dans mes veines. […] Le chien, aux paroles enchantées de Faust, apparaît tout à coup sous forme humaine derrière le poêle du jeune docteur. […] Et si tout à coup elle venait à entrer, comme tu expierais vite l’audace d’avoir profané son asile ! […] Arrêtons-nous là pour aujourd’hui, là où le pathétique commence, et réservons pour le prochain entretien les développements d’un drame qui se joue dans l’âme plus encore que sur la scène, et dont on ne peut omettre un détail, parce que chaque détail est un coup de sympathie mille fois plus acéré qu’un coup de poignard.
Il parle doucement, lentement, par petites phrases qui font entrer, à petits coups, la chose dite. […] Près des fortifications, au milieu de cahutes, de taudis sauvages de chiffonniers, je vois tout à coup une ruée de populace. […] Puis tout à coup au milieu de cela, un homme athlétique en blouse, arrivant sur le jeune homme blond, frêle, échigné, se plaçant froidement en face de lui, et lui donnant, de toute la volée de ses poings terribles, des coups en pleine figure, sans que l’autre riposte, et jusqu’à ce qu’il tombe à terre. […] Cet éventail m’a révélé tout à coup le procédé pour faire un roman qui me tracassait depuis longtemps : le roman d’amour distingué de la femme comme il faut. […] Il a donné un second coup qui a coupé les chairs… le ventre est devenu tout rouge… un troisième… À ce moment, ma chère, ont disparu les mains à M.
Cela arrive menu, menu, à petits coups. […] Au fond, il est pris d’une inquiétude jalouse de l’acceptation de l’œuvre par le public présent ou futur, et alors il mêle les coups de boutoir aux reproches aigus, et sort de ses habitudes de politesse… Puis tout à coup, dans ses paroles, nous sentons percer la visite d’un ami qui ne nous aime pas. […] » qui sont comme des réveils en sursaut, à un coup qu’on lui frapperait au cœur. […] On dénoue la chemise ensanglantée, on fait rentrer le couteau dans le trou du linge raide, on mesure la largeur du coup de la mort, là où il a été donné. […] Nous acceptions du premier coup la proposition de Sainte-Beuve, très touchés et reconnaissants de cette courtoisie de la réponse.
Voulant donner idée de la félicité et de la gloire des saints en l’autre vie, voulant développer les desseins de Dieu dans l’accomplissement de ses élus et comment il les prend, les manie, les prépare et n’arrive que tout à la fin à leur donner le coup de maître, l’orateur, qui cherche à se rendre compte à lui-même, établit une dissertation élevée autant et plus qu’il ne prêche un sermon ; il dut peu agir cette fois sur les esprits de son auditoire et en être médiocrement suivi. […] c’est elle qui nous séduit, elle qui n’est que trouble et qu’agitation, qui ne tient à rien, qui fait autant de pas à sa fin qu’elle ajoute de moments à sa durée, et qui nous manquera tout à coup comme un faux ami, lorsqu’elle semblera nous promettre plus de repos. […] Cousin, l’a tout d’un coup renouvelée, et a voulu encore une fois dépouiller Louis XIV de sa meilleure gloire pour la reporter tout entière sur l’époque antérieure. […] Il est allé, dans la question présente, jusqu’à soutenir que ce Louis XIV qui le gêne n’a été tout à fait lui-même et n’a, en quelque sorte, commencé à dominer et à régner qu’après l’influence épuisée de M. de Lionne et de Colbert, deux élèves de Richelieu et de Mazarin ; voilà le grand règne reculé de dix ou quinze ans, et la minorité du monarque singulièrement prolongée par un coup d’autorité auquel on ne s’attendait pas43. […] De là vient que nous admirons dans ses admirables Épîtres une certaine vertu plus qu’humaine qui persuade contre les règles, ou plutôt qui ne persuade pas tant qu’elle captive les entendements ; qui ne flatte pas les oreilles, mais qui porte ses coups droit au cœur.
Voilà ce que c’est, encore un coup, de s’humilier… » Je crois bien que ce sont ces ouvrages en vers et les diverses pièces du procès de Pomone que le curieux abbé Nicaise envoyait à la Trappe au saint abbé, qui ne les désirait pas, mais qui poliment répondait (13 juin 1691) : J’ai lu monsieur, les vers que vous m’avez envoyés ; les gens d’esprit se divertissent, et leurs contestations donnent toujours une scène agréable au public. […] Là-dessus, désespoir de Santeul, un désespoir naïf, sincère et légèrement comique : il s’attendait à une louange pure et simple ; en écrivant sur le coup à M. […] Quelle déesse, se portant à un tel sacrilège, a déshonoré notre visage de ses coups ? […] Le poète, à son tour, avait ses susceptibilités et ses ombrages, et l’effarouchement succédait tout d’un coup chez lui au trop de privance. […] Le père Commire, alors, jugea qu’il était temps de frapper le grand coup, et pour en finir de tout ce pour et ce contre, lui qui s’était tenu jusque-là en réserve comme le corps d’élite, il donna brusquement par sa pièce de vers intitulée Linguarium (Le Bâillon de Santeul).
En argumentant contre lui, Rigault l’amena peu à peu sur le terrain qu’il jugeait commode, et tout d’un coup il lui demanda à brûle-pourpoint de vouloir bien conjuguer, dans ses différentes formes, le verbe grec, κλέπτω, je dérobe. […] Dans le second discours, prononcé à Louis-le-Grand, s’inquiétant moins des attaques du dehors, il disait agréablement et en famille bien des vérités à la jeunesse : non pas qu’il fut décidé à louer le passé en tout aux dépens du présent : « Cette élégie sur la décadence perpétuelle du genre humain est d’ancienne date, disait-il ; elle a probablement précédé l’Iliade, et j’affirmerais volontiers que l’aïeul de Nestor lui a reproché plus d’une fois de n’être, en comparaison du vieux temps, qu’un parfait mauvais sujet. » Mais, tout en se gardant des banalités du lieu commun, il opposait, dans un parallèle ingénieux, l’éducation sévère ef terrible d’autrefois à celle d’aujourd’hui, si molle et si propre à faire de petits sybarites ; l’élève choyé de Louis-le-Grand était mis en présence de l’écolier si souvent fouetté et si affamé de Montaigu : « Et cependant, dans ces séjours terrifiés, on voyait accourir en foule une jeunesse prête à tout souffrir, la faim, le froid et les coups, pour avoir, le droit d’étudier. […] D’ailleurs, ne l’oublions pas il avait tant de gens à admirer et à louer d’office, qu’on ne saurait s’étonner s’il se divertit tout d’un coup et semble à la fête quand il peut s’en donner sur un adversaire. […] J’en fus charmé et je lui en sus gré, non que je haïsse les coups ni que je craigne d’en recevoir à la condition d’en rendre, mais il vaut toujours mieux avoir les gens d’esprit pour soi que contre soi. […] En un mot, professeur autant qu’écrivain, non seulement il n’aspirait pas à sortir de l’Université, mais il avait besoin d’en être, de s’y rattacher jusque dans ses succès extérieurs, de se retremper au sein de l’Alma parens en Benjamin fidèle et reconnaissant ; il y puisait sa force et sa joie, et quand, par un malentendu fâcheux, il s’en vit tout à coup retranché un jour, une partie de sa sève lui manqua : il défaillit.
Cet interlocuteur féroce, tout d’un coup vaincu, n’est plus qu’un pauvre homme brisé par l’affliction ; il ne répond qu’en éclatant en larmes et en sanglots. […] Et voilà trois mois de cette fuite. — Chrémès, après avoir tout entendu : « Il y a de votre faute à tous deux, dit-il, bien que ce coup de tête annonce pourtant une nature sensible à l’honneur, et à qui certes le cœur ne manque pas. » — Ménédème a raconté ce qui lui était le plus pénible ; c’est alors que le malheureux père, en apprenant le départ de son fils et se voyant seul, a tout quitté et vendu de désespoir ; il a fait maison nette et s’en est venu se confiner dans ce champ pour s’y mortifier et s’y punir. […] Mais Déméa, le frère rustique, survient tout à coup. […] C’est injuste, car si nous avions eu de quoi, nous aurions fait comme les autres ; et celui que vous me jetez sans cesse à la tête (ilium tu tuum, ce fils modèle élevé aux champs), si vous étiez homme, vous le laisseriez faire maintenant, tandis que l’âge le permet, plutôt que d’attendre qu’il ait mené votre convoi, trop tard à son gré, pour s’en aller faire après coup toutes ces mêmes choses, dans un âge moins propice. » Je paraphrase un peu ; chez Térence, chaque nuance et intention est indiquée par de simples mots bien jetés, bien placés et qui laissent à la pensée toute sa grâce (ubi te expectatum ejecisset foras, alienore ætate post faceret tamen). […] Quand il arrive sur la scène, comme un jeune chien en défaut, courant, hors d’haleine, ayant perdu la piste de la beauté qu’il suivait, qu’il brûlait d’aborder, qu’un maudit fâcheux lui a fait tout d’un coup manquer, quel jeu de passion !
Camille Rousset, dans son impartialité, nous indique un cas particulier où la fraude matérielle put bien ne pas être étrangère, et où il put ÿ avoir production de pièces faites après coup. […] Les procès-verbaux sont ci-joints en original, lesquels sont signés des officiers des lieux, afin que l’on ne puisse point dire que ces pièces aient été faites après coup. » Avait-on retrouvé heureusement ces pièces réclamées par Louvois, ou bien, en cas de défaut et de manque, y avait-on suppléé, comme il l’avait désiré ? […] Louvois voulait même, s’il se pouvait, éviter d’y mettre la cognée proprement dite ; il désirait que l’arbre tombât de lui-même sans secousse, sans un coup donné, sans effort ni assaut retentissant, et à la seule vue du bûcheron. […] La foudre, pour être tombée sans bruit et sans éclair, n’en parut que plus prodigieuse. « Tout le monde, écrivait-on de Wurizbourg quelques jours après au baron de Montclar, ne peut revenir de la consternation où l’on est de ce que les Français ont pris Strasbourg sans tirer un seul coup ; et tout le monde dit que c’est une roue du chariot sur lequel on doit entrer dans l’Empire, et que la porte de l’Alsace est fermée présentement. » Cette roue de chariot peut paraître un peu hardie et hasardée : mais ce qui est certain, c’est que la porte, hier encore ouverte sur la terre française, se fermait pour ne se rouvrir désormais que dans le sens opposé. […] N’est-ce pas du haut de son Minster que prit l’essor l’Hymne enflammé qui parcourut d’un coup d’aile toutes nos frontières et plana sur nos jeunes armées comme une Victoire ?
L’Électeur palatin à qui revenait régulièrement la succession se trouvait évincé du coup, et l’Autriche était même parvenue d’abord à lui arracher son consentement. […] Vous connaissez notre adversaire, qui tâche à frapper de grands coups au commencement : jugez de ma situation, y ayant des fils bien chers. […] « … Il serait bien malheureux que le repos de l’Europe dépendît de deux puissances si connues dans leurs maximes et principes, même en gouvernant leurs propres sujets ; et notre sainte religion recevrait le dernier coup, et les mœurs et la bonne foi devraient alors se chercher chez les barbares. » Elle fait un léger mea culpa sur l’affaire de la Pologne, sur ce partage où l’Autriche s’est laissé induire (le mot est d’elle), en se liant avec ces deux mêmes puissances qu’elle qualifie si durement ; elle a l’air d’en avoir du regret ; et l’on entrevoit pourtant, par quelques-unes de ses paroles, que si pareille chose était à recommencer, et si l’Autriche, abandonnée d’ailleurs, n’avait point d’autre ressource qu’une telle alliance, elle pourrait encore la renouer sans trop d’effort et jouer le même jeu, en se remettant à hurler avec les loups : « Car je dois avouer qu’à la longue nous devrions, pour notre propre sûreté ou pour avoir aussi une part au gâteau, nous mettre de la partie. » La femme ambitieuse laisse ici passer le bout de l’oreille. […] Si Marie-Antoinette avait pu faire prévaloir, dès le début, les vœux et les sollicitations politiques de sa mère, c’est pour le coup qu’elle se fût vraiment compromise en France devant l’opinion, laquelle, par raison ou par mode, était toute en faveur de Frédéric ; mais, la campagne militaire en Bohême n’ayant abouti à aucun résultat décisif, on rentra de part et d’autre dans la voie des négociations, et dès lors, en effet, la France, prise pour médiatrice avec la Russie, put intervenir utilement dans la paix dite de Teschen, et couvrir le plus honorablement possible le pas en arrière de l’Autriche. […] Qu’on ne prête point l’oreille à ces insinuations (de la Prusse et de la Russie) ; au commencement, tout est plus facile qu’après coup.
Lorsque nous voyons un homme un peu faible de constitution, mais d’apparence saine et d’habitudes paisibles, boire avidement d’une liqueur nouvelle, puis tout d’un coup, tomber à terre, l’écume à la bouche, délirer et se débattre dans les convulsions, nous devinons aisément que dans le breuvage agréable il y avait une substance dangereuse ; mais nous avons besoin d’une analyse délicate pour isoler et décomposer le poison. […] Le premier est l’acquis scientifique, celui-ci excellent de tous points et bienfaisant par sa nature ; il se compose d’un amas de vérités lentement préparées, puis assemblées tout d’un coup ou coup sur coup. […] Que l’on compare le Discours de Bossuet sur l’Histoire universelle, et l’Essai de Voltaire sur les mœurs, on verra tout de suite combien ces fondements sont nouveaux et profonds Du premier coup, la critique a trouvé son principe : considérant que les lois de la nature sont universelles et immuables, elle en conclut que, dans le monde moral, comme dans le monde physique, rien n’y déroge, et que nulle intervention arbitraire et étrangère ne vient déranger le cours régulier des choses, ce qui donne un moyen sûr de discerner le mythe de la vérité339. […] Ni la prospérité, ni la décadence, ni le despotisme, ni la liberté ne sont des coups de dés amenés par les vicissitudes de la chance, ou des coups de théâtre improvisés par l’arbitraire d’un homme.
Il s’énumère parmi le troupeau des « mendieurs d’azur » sur qui le « Guignon » s’acharne à coups redoublés. […] Verlaine, au contraire, y voyait la preuve d’un art vigoureux et sa plaquette des Poètes maudits qui parut peu de temps après et où figurait Mallarmé fut le second coup de gong qui devait éveiller l’attention autour de lui. […] Retté lui fait grief, en nous expliquant la genèse d’une des pièces les plus hermétiques du maître : Jamais un coup de dés n’abolira le hasard. Lorsque Mallarmé, écrit Paul Valéry, m’ayant lu le plus uniment du monde son Coup de dés, comme simple préparation à une plus grande surprise, m’en fit enfin considérer le dispositif, il me sembla voir la figure d’une pensée, pour la première fois, placée dans notre espace… Ici, véritablement, l’étendue parlait, songeait, enfantait des formes temporelles. […] Paul Valéry, en lui soumettant les épreuves du Coup de dés, que c’est un acte de démence ?
Une légende antique rapporte que Laïs fut tuée, à coups d’aiguilles, aux pieds de la statue de Minerve, par les honnêtes femmes de la ville d’Athènes. […] Sa première proie a été son mari, le comte de Terremonde, une espèce de sanglier d’Érymanthe pris d’un coup de filet. […] Cette terrible scène fait coup double ; l’arme immédiatement rechargée éclate de nouveau. […] Il les découdrait d’un coup de boutoir. […] Ce gentilhomme faux et froid, dont nous ne connaissions jusqu’ici que la dissimulation correctement boutonnée, se débraille tout à coup et devient cynique.
… De la casuistique très supérieure à la vieille casuistique chrétienne, que voilà du coup enfoncée, cette fois ; — un acte — ne riez pas ! […] Le rire et son éclat moqueur, ce clic-clac du fouet du bon sens, qui coupe un homme en deux du premier coup, serait la mort, — la mort subite du livre de Michelet ! […] » évoque tout à coup tant de spectacles dans l’imagination remuée et par là rendue difficile. […] Et il ne la résout pas plus dans son livre : la Mer, que dans ses écrits précédents où, d’historien de la monarchie, il est devenu tout à coup cette fleur vespérale et tardive de naturaliste frais éclos. […] Mais à cela près de cette tempête, hommage rendu au sujet et coup de rhétorique dont l’ancien professeur n’a pas voulu se priver, Michelet n’est plus partout dans son livre qu’utilitaire, progressif, homme des travaux publics, appliquant la philanthropie et les congrès de paix aux baleines, parlant, parlant, parlant télégraphie sous-marine, lois des tempêtes, phares, bains de mer (bains de mer pour les femmes !
Tout à coup une ribambelle de paysans, composée surtout de femmes, envahit le théâtre en courant. […] Tout à coup, en perdant l’équilibre, il risque une chute périlleuse. […] Ils avaient été amis, puis, tout à coup, brouillés, sans grand motif. […] Mais tout à coup, vers le milieu du mois de novembre 1899, je ressentis des remords cuisants. […] Elles sonnent à petits coups, à longs éclats, en bourdonnant.
Mme Severn se réveille en sursaut, sentant qu’elle a reçu un coup violent sur la bouche. Au même moment, son mari, qui naviguait sur un lac, avait reçu sur la bouche un coup violent de la barre du gouvernail. […] Keulemans, au milieu d’une occupation quelconque, aperçoit tout d’un coup en imagination un panier contenant cinq œufs, dont trois fort gros. […] Il nous semble au contraire que la demoiselle anglaise avait parfaitement conscience de chercher une adresse, et que cette adresse, par l’effet d’une surexcitation nerveuse, lui est revenue tout d’un coup à l’esprit. […] De plus, le cerveau n’étant jamais tout d’un coup changé dans sa masse entière, il reste toujours dans l’état nouveau quelque chose de l’ancien.
La nuit approchait : comme nous passions entre deux murs, dans une rue déserte, tout à coup le son d’un orgue vint frapper notre oreille, et les paroles du cantique Laudate Dominum, omnes gentes, sortirent du fond d’une église voisine ; c’était alors l’octave du Saint-Sacrement. […] Loin d’accuser mes décrets, imite ces serviteurs fidèles qui bénissent les coups de ma main, jusque sous les débris où je les écrase. » Nous entrâmes dans l’église, au moment où le prêtre donnait la bénédiction.
de quel coup vous me percez l’âme lorsque vous parlez de vous retirer ! […] Puis, quand elle a reçu le coup, le beau cri ! […] » À mon avis, c’est cette impression-là qui a épouvanté Racine après coup. […] Du coup, M. […] Tout à coup, un bruit effroyable retentit.
— Il est impossible pourtant de ne pas remarquer l’influence que doivent exercer de tels coups de fortune sur les œuvres littéraires qui en dépendent. […] Leur vers est doublement bourré, chargé, et, pour ainsi dire, rimé à deux coups. […] Au reste, tout ce métal sonne creux, n’est pas de bonne trempe : je ne sais qui disait que cela lui faisait l’effet d’un beau fusil à deux coups, mais en fer blanc.
Le buste en tombant en morceaux sous le coup de l’artiste, mit à découvert deux belles oreilles qui s’étoient conservées entières sous une indigne perruque dont Madame Geoffrin m’avait fait affubler après coup. […] Le pauvre, qui ramasse un louis ne voit pas tout à coup tous les avantages de sa trouvaille ; il n’en est pas moins vivement affecté.
Son souvenir, la pile de Volta de ce siècle, a frappé au cerveau toutes les organisations magnétiques des poètes et des artistes, et leur a fait rendre, sous le coup de son influence, les plus belles et les plus puissantes choses qui aient jamais vibré et qui aient jusqu’ici été écrites sur sa personne. […] … À côté de ce superbe cadre d’événements dans lequel peut tenir cette fresque historique à tant de groupes (la vie de Napoléon, sa famille, son époque), on pourrait être beaucoup plus grand que lui et paraître petit encore… Mais, franchement, ce n’est pas même sous le coup terrible du contraste qu’il se rapetisse, se fond et disparaît. […] Elle s’imaginait que l’Empire et l’Empereur étaient un accident, quelques coups de canon, un passage, la grande aventure des temps modernes, et rien de plus.
C’est la théorie un peu égoïste, il est vrai, de « l’honnêteté littéraire », et la mise à l’ordre du jour, parmi les critiques, des coups de chapeaux ! […] Seulement, que le Journal des Débats, le journal de la tolérance universelle, — et des coups de chapeau, — qui proclame depuis quarante ans la liberté des poids et des mesures, des mathématiques et de la conscience, fasse, à propos de nous et contre nous, ce terrible partage en deux camps et se fourre dans le bon, n’est-ce pas inconséquent, nouveau et comique ?… Et cela ne mérite-t-il pas un éclat de rire, à défaut de coup de chapeau ?
Soit cette admiration naïve comme en ont souvent les esprits qui vivent sur les idées d’un grand homme, car la moyenne de l’humanité n’est guère plus qu’une plèbe servile de rabâcheurs, soit la spéculation qui déchiquète à son profit toute célébrité nouvelle, les imitateurs de Cervantes se levèrent de toutes parts au premier coup de cloche de sa gloire. […] N’est-ce pas enfin le premier coup de sifflet qui ait retenti distinctement contre l’enthousiasme de la guerre, la charité chrétienne et armée de la chevalerie, le dévouement, le culte de la femme, la poésie de toutes les exaltations, la défense de toutes les faiblesses, le premier coup de sifflet auquel Voltaire, dans Candide, allait, un siècle plus tard, répondre par un autre tellement aigu qu’il ne peut plus être surpassé ?
— Alors tu me gardes, c’est le bon coup, cette fois ? […] Tout à coup, il devint immobile et très pâle. […] fit l’Oncle tout à coup. […] En même temps, le coup partit, un coup sec qui claqua comme un coup de fouet. […] Lorsqu’elle fut à portée, Vincent, en trois coups de ses grands ciseaux, l’exécuta.
» Je rentrai chez moi, la nuit, je relus d’un coup le roman, et le matin, j’écrivais à Alexis pour avoir sa collaboration, en même temps que je vous demandais l’autorisation pour faire la pièce. […] Un moment Montégut a tiré tant de coups de revolver qu’on ne peut plus respirer. […] Or, nous voilà, tout le monde de Jean-d’Heurs en route, dès neuf heures, pour être sur le terrain des manœuvres à onze heures, où nous arrivons aux premiers coups de canon. […] Les coups de canon de rien du tout, ça va maintenant de 300 à 500 francs. Mais nous avons le coup de canon de 1 350, et même de 1 572 francs.
Il faut bien que cet état soit particulier, puisque tout d’un coup et pendant soixante ans le drame pousse ici avec une merveilleuse abondance, et qu’au bout de ce temps il s’arrête sans que jamais aucun effort puisse le ranimer. […] Regardez chez les hommes incultes, chez les gens du peuple, comme tout d’un coup le sang s’échauffe et monte au visage ; les poings se ferment, les lèvres se serrent, et ces vigoureux corps se précipitent tout d’un bloc vers l’action. […] Leur première idée est d’en venir aux injures, aux coups, de se satisfaire. […] Pour les apaiser, pour obtenir vingt-quatre ans de puissance, il donne son âme, sans peur, sans avoir besoin d’être tenté, du premier coup, de lui-même, tant l’aiguillon intérieur est âpre52 ! […] Je ferai la moitié du chemin pour aller au-devant de ton arme… Un coup viril que tu viens de faire là.
Ce journal a été commencé le 2 décembre 1851, jour de la mise en vente de notre premier livre, qui parut le jour du coup d’État. […] Daudet prenait plaisir à la lecture, s’échauffait sur l’intérêt des choses racontées sous le coup de l’impression, me sollicitait d’en publier des fragments, mettait une douce violence à emporter ma volonté, en parlait à notre ami commun, Francis Magnard, qui avait l’aimable idée de les publier dans Le Figaro.
Ce journal a été commencé le 2 décembre 1851, jour de la mise en vente de notre premier livre qui parut le jour du coup d’État. […] Daudet prenait plaisir à la lecture, s’échauffait sur l’intérêt des choses racontées sous le coup de l’impression, me sollicitait d’en publier des fragments, mettait une douce violence à emporter ma volonté, en parlait à notre ami commun, Francis Magnard, qui avait l’aimable idée de les publier dans le Figaro.
Bernard Derosne, il n’oserait jamais ce coup d’État. […] Il ne voit pas d’en haut, il ne voit pas d’un coup, il voit à mesure. […] L’intérêt est déplacé et, du même coup, anéanti. […] Encore un coup, quels sont-ils ? […] Il avait fini, on applaudissait, quand tout à coup : « de qui est-ce ?
Le public a reçu un coup. […] Elle a fait un beau coup. […] En coup de tête ? […] Coup de théâtre. […] Donc tout coup vaille.
Qui gardera le souvenir des coups qu’ils ont portés ? […] Un voisin la fit tomber d’un coup de coude ; il la ramassa encore une fois. […] Vincent donna les trois coups de clochette. […] L’ouvrier, injustement accablé sous des coups vraisemblables, nous touchait. […] Rivière bondit sous le coup soudain qui le frappe dans son honneur et dans son amour.
Les traits, lancés contre Lycambe & sa fille, furent pour eux des coups mortels. […] Un jeune homme, arrivé de Languedoc, trouva le coup de la mort dans une critique vive que lui fit l’Etoile d’une tragédie qu’il avoit apportée de sa province, & qu’il croyoit un chef-d’œuvre.
L’autre jour, dans un salon, cette femme a tout à coup aperçu son doucheur, qui est celui du maître de la maison, invité par hasard à la soirée, alors elle s’est mise à rougir, et est devenue tout à coup embarrassée, comme une femme, qui se verrait soudainement déshabillée. […] Quand on descend l’escalier, d’une pièce silencieuse, dont la porte est ouverte, tout à coup s’élève une plainte sanglotante de femme, qui nous accompagne jusqu’en bas. […] » et voici des gamineries sur le coup de l’apôtre. […] Et ils se trouvèrent avoir si faim, qu’un jour, lui et un autre officier avaient tué, à coups de couteau un cheval, et lui avaient arraché le foie pour le manger. […] Et cet ami me confiait que dans ces accès de pure bestialité d’autrefois, il était tout à coup irrité, oui, irrité contre cette spiritualité, cette divinité transfigurant le visage d’une sale bougresse, et qui lui donnait la tentation de l’aimer autrement que physiquement.
Les coups de fortune, les travestissements, les révélations subites, les secrets de famille, les ténébreuses intrigues, d’acharnées et gratuites inimitiés, déterminent sans cesse le cours de l’action, sans que la suite même de ces incidents parvienne à s’ordonner logiquement. […] Toute leur nature se témoigne ainsi souvent d’un coup, parce qu’elle est en général, sinon très simple, du moins invariable et très outrée. […] Ses mines, son parler, son extérieur, sa bonté, son insouciance, sa bienveillante et débile vanité sont marqués d’un coup et resteront tels. […] De La Petite Dorrit aux Grandes Espérances, il use de procédés de description nouveaux, d’indications disconnexes, et du même coup il affectionne des personnages à la fois vagues et mystérieux, mais mieux pénétrés et plus visibles. […] Tout cela est aisé à distinguer ; il paraît certain que la prédominance des facultés affectives a nui chez l’écrivain anglais au plein développement de l’intelligence, et qu’elles en ont pris, du même coup, quelque futilité puérile.
Buvez à petits coups. […] On vous dose prudemment la lecture, pour que vous ne mouriez pas tout d’un coup de plaisir et d’admiration, et que vous mouriez un peu, en attendant, de curiosité… ce qui est notre affaire ». […] Il y a là, dans cette blanche peau de la duchesse Josiane, bourrée à froid de cantharides, un affreux pédant qui s’appelle Victor Hugo, et qui, de cette femme, rend tout à coup grotesque la tragique monstruosité ! […] C’est que, au fond, le Quatre vingt-treize de la Révolution et de la Convention est bien moins la visée du livre de Victor Hugo que le Quatre-vingt-treize de la Vendée et de la Chouannerie, placées toutes deux sous ce titre charlatanesque de Quatre-vingt-treize tout court, par un auteur qui n’ose pas rompre, du premier coup, avec les siens ! […] — donne à l’esprit une secousse qui, du coup, frappe de ridicule ce naturaliste en cloportes !
CXLIX Ces récits du jeune bouvier, qui m’avaient laissée d’abord distraite et froide, me firent tout à coup tressaillir, rougir et pâlir quand il était venu à parler de geôle, de geôlier, de cachots et de prisonniers ; car l’idée me vint tout à coup que la maison où allait se réjouir cette noce de village était peut-être précisément celle où l’on aurait jeté sur la paille le pauvre Hyeronimo, et que la Providence me fournirait peut-être par cet évanouissement de douleur sur la route et par cette fortuite rencontre, une occasion de savoir de ses nouvelles, et, qui sait, peut-être de parvenir jusqu’à lui. […] non, me dit tout à coup la femme attendrie, pendant que le mari appuyait ce qu’elle disait d’un signe de tête, eh bien ! […] Je cherchai à me souvenir juste de l’air qu’Hyeronimo et moi nous avions composé ensemble, et petit à petit, note après note, dans nos soirées d’été du dimanche sous la grotte, et qui imitait tantôt le roucoulement des ramiers au printemps sur les branches, tantôt les gazouillements argentins des gouttes d’eau tombant de la rigole dans le bassin du rocher, tantôt les fines haleines du vent de nuit qui se tamise, en se coupant sur les lames des joncs de la fontaine, aiguisées comme le tranchant de la faux de mon père ; tantôt le bruit des envolées subites des couples de merles bleus, quand ils se lèvent tout à coup du fourré, avec des cris vifs et précipités, moitié peur, moitié joie, pour aller s’abattre sur le nid où ils s’aiment et où ils se taisent pour qu’on ne puisse plus les découvrir sous la feuille. […] À ces mots, tirant de dessous sa veste une hache à fendre le bois qu’il y avait cachée, il posa sa main gauche sur la table du recruteur et, d’un coup de sa hache, il se fit sauter le poignet de la main gauche, aux cris d’horreur du podestat ! […] Plusieurs arrestations de voyageurs étrangers et plusieurs coups de tromblon tirés sur les chevaux pour rançonner les voitures avaient signalé la présence d’un brigand, posté dans les cavernes de ces broussailles.
Les ammophiles se contentent de n’importe quelle chenille ; l’ammophile hérissée paralyse sa proie en la frappant d’un coup d’aiguillon à la face ventrale de chaque anneau ; beaucoup d’autres espèces du même genre ne frappent qu’un coup d’aiguillon dans l’un des deux anneaux qui ne portent pas de pattes, etc. […] La répétition de cette opération chirurgicale pendant des siècles a fini par la fixer dans les organes, si bien que la seule perception des faces ventrales de la chenille entraîne la détente et le coup d’aiguillon. […] A coup sûr, la détermination par le jugement n’est pas automatique, en ce sens qu’elle n’est plus aveugle ; mais elle n’en constitue pas moins un déterminisme à la fois intellectuel, sensitif et appétitif. […] En outre, comme on en a fait souvent la remarque, les explications de nos actes que nous donnons après coup ne sont jamais complètes, ni de tout point exactes. […] Au milieu de mon travail, tout à coup je me dis : — Si j’allais faire un tour de jardin ?
II Après le siècle de Louis XIV, il y eut en France, comme dans toutes les choses humaines, un moment d’intermittence et de repos du génie français ; puis ce caractère de bon sens, de bon goût et d’universalité qui caractérise, selon nous, la littérature nationale, se reproduit, se concentre et se manifeste tout à coup dans un seul homme, Voltaire. […] Aussi la littérature française prend-elle tout à coup sous sa plume un caractère d’étrangeté, d’indépendance sauvage, de rêverie germanique, de mélancolie septentrionale, d’amertume plaintive et de nature alpestre. […] Non, mais ils furent saisis tout entiers du vertige universel de l’espérance d’une ère nouvelle, dont le crépuscule apparaissait tout à coup sur l’horizon de la France. […] Danton, le seul homme d’État de la Convention s’il n’avait pas à jamais souillé son génie en le laissant tremper dans les massacres de septembre et dans l’institution du tribunal révolutionnaire, dont il aiguisa pour sa propre tête le couteau ; mais grand du moins par son remords, grand par ses roulements de foudre humaine et par ses éclairs d’inspiration patriotique, grand même par ses frustes excès de style, qui rappelaient en lui le Michel-Ange du peuple ébréchant le marbre, mais creusant à grands coups d’images la physionomie. […] XXII Mais peut-on louer en conscience et en humanité une assemblée qui gouvernait à coups de hache, comme si le meurtre était un gouvernement ?
il faut que nous soyons bien profonds ou bien superficiels, pour qu’un second coup porté sur nos esprits et sur nos âmes retentisse sur ce timbre sonore et sensible aussi fort que le premier, et même davantage. […] On voudrait toujours l’aimer, mais tout à coup, après une beauté incontestable qui vous a ravi et qu’on lui doit, il vous replonge dans la haine et dans la colère par des choses exécrables ou ridicules d’inspiration et même de forme, et on tombe, plein de ressentiment, de l’hippogriffe aux longues ailes bleues ouvertes en plein ciel, sur le dos du plus affreux casse-cou ! […] On a dit le mal qu’il se donne pour être simple… et pour manquer son coup. […] Quand il a repris, dans son poème, la vieille idée de tous les ennemis de l’Église, il l’a faite sentimentale pour la faire plus meurtrière, pour la faire d’un plus large et d’un plus sûr coup de poignard. […] Il s’est dit un matin, l’aimable homme : « Quel coup de partie, si, sans que nous y touchions, elle pouvait nous débarrasser d’elle !
Un jour, par exemple, qu’il était allé se promener avec son fusil sur un terrain alors inhabité, derrière l’église de Notre-Dame, se proposant de tirer quelque oiseau au passage, il fut atteint dans l’acier de sa gibecière d’une balle qu’on lui lâcha de l’autre côté de la rivière ; la boucle amortit le coup. […] C’est sur ces entrefaites que la mort de madame de Montbazon (1657) vint lui porter un coup dont on a tant parlé, que l’imagination publique s’est plu à commenter, à charger d’une légende romanesque, comme pour l’histoire d’Abélard et d’Héloïse, et sur lequel lui-même il est demeuré plus muet que la tombe. […] « J’admirai, continue Rancé, la simplicité de cet homme, et le mettant en parallèle auprès des grands dont l’ambition est insatiable, et qui ne trouveroient pas de quoi se satisfaire quand ils jouiroient de toutes les fortunes, plaisirs et richesses d’ici-bas, je compris que ce n’étoit point la possession des biens de ce monde qui faisoit notre bonheur, mais l’innocence des mœurs, la simplicité et la modération des désirs, la privation des choses dont on se peut passer, la soumission à la volonté de Dieu, l’amour et l’estime de l’état dans lequel il a plu à Dieu de nous mettre. » Ce sont là (suivant l’heureuse expression de Dom Le Nain) de ces premiers coups de pinceau auxquels le grand Ouvrier se réservait d’en ajouter d’autres encore plus hardis pour conduire Rancé à la perfection. Je ne crois pas que je m’abuse, il me semble que la pensée divine, si elle se ménage l’entrée dans les cœurs mortels, doit le faire souvent par ces voies si paisibles et si unies, et qu’après les grands coups portés il lui suffit, pour gagner à elle, de ces simples et divins enchantements. […] Je me plais à le dire ici comme je ne manquerai pas de le répéter ailleurs, si le coup de la Grâce pure, de ce qu’on appelle de ce nom, est quelque part évident, c’est dans la pénitence présente ; sur ce front de Rancé la foudre d’en haut a parlé seule et par ses propres marques.
Il avait bien glissé çà et là au bout de quelque couplet un filet de tendresse grave, comme dans Si j’étais petit oiseau ;mais le coup décisif fut le Dieu des Bonnes Gens. […] C’est un inconvénient, une gêne sans doute, un coup de sonnette ou de cordon bien souvent, qui rattire à court l’essor, le saccade et le brusque. […] Ce cadre voulu, cette forme essentielle et sensible, cette réalisation instantanée de sa chanson, cet éclair qui ne jaillit que quand l’idée, l’image et le refrain se rencontrent en un, Béranger l’obtient rarement du premier coup. […] L’air est vibrant au loin et embrasé, mille feux s’y croisent : ce qui flotte alors et pèse sur tous décharge son étincelle sur un seul ; les derniers coups de l’orage allument une âme ! […] Enfant gâté du dessert, on lui passait ses crudités, ses goguettes de langage, mille familiarités sans conséquence, à titre de chanson ; dès qu’on l’admirait, c’était d’un visage tout d’un coup sérieux, à titre d’ode.
Si l’expérience réussit, on dit qu’elle nous renseigne sur l’espace ; si elle ne réussit pas, on s’en prend aux objets extérieurs qu’on accuse d’avoir bougé ; en d’autres termes, si elle ne réussit pas on lui donne un coup de pouce. Ces coups de pouce sont légitimes ; je n’en disconviens pas ; mais ils suffisent pour nous avertir que les propriétés de l’espace ne sont pas des vérités expérimentales proprement dites. Si nous avions voulu vérifier d’autres lois, nous aurions pu aussi y parvenir, en donnant d’autres coups de pouce analogues ? N’aurions-nous pas toujours pu justifier ces coups de pouce par les mêmes raisons ? Tout au plus aurait-on pu nous dire : « vos coups de pouce sont légitimes sans doute, mais vous en abusez ; à quoi bon faire bouger si souvent les objets extérieurs ?
J’étudiais la valeur d’un coup de soleil sur sa figure, avec la densité de l’ombre portée par la visière de sa casquette. […] Seulement, comme fait presque toujours Rembrandt, ce n’est pas avec du jour, un jour égal qu’il a éclairé sa toile, mais avec un coup de soleil qui tombe de haut et éclate en écharpe sur les personnages. […] La chair est peinte, les têtes sont modelées, dessinées, sorties de la toile avec une sorte de tatouage de couleurs, une mosaïque fondue, un fourmillement de touches qui semblent le grain et comme la palpitation de la peau au soleil : un prodigieux piétinement de coups de pinceau qui fait trembler la lumière sur ce canevas de touches au gros point. […] Il cause avec bavardage et à petites touches menues, sans jamais un large coup de pinceau : sa conversation ressemble à la palette d’une peintresse à l’aquarelle, toute chargée de jolis, de délicats et de timides tons. […] Salvandy était légèrement intrigué de cet homme un peu peuple, mais dans lequel il percevait une certaine finesse, quand, au milieu du dîner, son commensal lui dit tout à coup : « Je vais vous chanter une petite chanson pour me tenir en haleine !
Être un grand homme de la matière, être pompeusement violent, régner par la dragonne et la cocarde, forger le droit sur la force, marteler la justice et la vérité à coups de faits accomplis, faire des brutalités de génie, c’est être grand, si vous voulez, mais c’est une grosse manière d’être grand. […] Avec les vingt-quatre milliards anglais dépensés en coups de canon, on eût changé la face de la terre, ébauché partout la civilisation, et supprimé dans le monde entier l’ignorance et la misère. […] C’est un talent pour un czar d’arracher un sein à une femme d’un coup de knout. […] Les gestes royaux, les tapages guerriers, les couronnements, mariages, baptêmes et deuils princiers, les supplices et fêtes, les beautés d’un seul écrasant tous, le triomphe d’être né roi, les prouesses de l’épée et de la hache, les grands empires, les gros impôts, les tours que joue le hasard au hasard, l’univers ayant pour loi les aventures de la première tête venue, pourvu qu’elle soit couronnée ; la destinée d’un siècle changée par le coup de lance d’un étourdi à travers le crâne d’un imbécile ; la majestueuse fistule à l’anus de Louis XIV ; les graves paroles de l’empereur Mathias moribond à son médecin essayant une dernière fois de lui tâter le pouls sous sa couverture et se trompant : erras, amice, hoc est membrum nostrum impériale sacrocœsareum’ ; la danse aux castagnettes du cardinal de Richelieu déguisé en berger devant la reine de France dans la petite maison de la rue de Gaillon ; Hildebrand complété par Cisneros ; les petits chiens de Henri III, les divers Potemkins de Catherine II, Orloff ici, Godoy là, etc., une grande tragédie avec une petite intrigue ; telle était l’histoire jusqu’à nos jours, n’allant que du trône à l’autel, prêtant une oreille à Dangeau et l’autre à dom Calmet, béate et non sévère, ne comprenant pas les vrais passages d’un âge à l’autre, incapable de distinguer les crises climatériques de la civilisation, et faisant monter le genre humain par des échelons de dates niaises, docte en puérilités, ignorante du droit, de la justice et de la vérité, et beaucoup plus modelée sur Le Ragois que sur Tacite. […] L’histoire véridique, l’histoire vraie, l’histoire définitive, désormais chargée de l’éducation du royal enfant qui est le peuple, rejettera toute fiction, manquera de complaisance, classera logiquement les phénomènes, démêlera les causes profondes, étudiera philosophiquement et scientifiquement les commotions successives de l’humanité, et tiendra moins compte des grands coups de sabre que des grands coups d’idée.
C’est le joyeux forestier en révolte et le roi des braconniers Robin Hood, le vaillant compère, qui n’est jamais plus en gaieté, ni plus d’humeur à jouer de l’épée ou du bâton que quand le taillis est brillant et que l’herbe est haute : « Robin Hood, c’est le héros national ; saxon d’abord et armé en guerre contre les gens de loi, « contre les évêques et archevêques » ;… généreux de plus, et donnant à un pauvre chevalier ruiné des habits, un cheval et de l’argent pour racheter sa terre engagée à un abbé rapace ; compatissant d’ailleurs et bon envers le pauvre monde, recommandant à ses gens de ne pas faire de mal aux yeomen ni aux laboureurs ; mais par-dessus tout hasardeux, hardi, fier, allant tirer de l’arc sous les yeux du shérif et à sa barbe, et prompt, aux coups, soit pour les embourser, soit pour les rendre. » Partout, d’un bout à l’autre, dans tout ce livre de M. […] Dans ses descriptions ou analyses pittoresques, son style serré, pressé, procédant par séries, par rangées et enfilades, à coups denses et répétés, par phrases et comme par hachures courtes, aiguës, qui récidivent, a fait dire à un critique de l’ancienne école qu’il lui semblait entendre la grêle rude et drue tombant et sautant sur les toits : Tam multa in tectis crepitans salit horrida grando. […] Hasard, Hasard, si l’on veut rester vrai, on ne fera jamais ta part assez grande, ni l’on ne donnera jamais les coups de canif assez profonds dans toute philosophie de l’histoire. […] Car il habitait dans son œuvre comme dans un antre de Vulcain, où il forgeait et frappait à coups redoublés sur l’enclume ; et, durant tout ce temps-là, le monde extérieur n’existait pas pour lui. […] Un jour que Jules Sandeau revenait de son pays natal où il avait assisté à une perte cruelle, à la mort d’une sœur, Balzac le revoyant et après les premières questions sur sa famille, lui dit tout à coup comme en se ravisant : « Allons, assez de raisonnement comme cela, revenons aux choses sérieuses. » Il s’agissait de se remettre au travail et, je le crois, au Père Goriot.
Nous voilà donc, embrassant par l’esprit et par l’étude, toute la série des âges qui ont précédé, nous faisant miroir le plus étendu et le plus varié qu’il est possible, reproduisant chaque chose à sa manière et à la nôtre ; une époque alexandrine et trajane au complet ; une espèce de musée de Versailles où tout a place, depuis les groupes mythologiques d’Apollon et de Latone jusqu’au bon maréchal de Champagne et à Boucicault ; une renaissance, encore un coup, par tous les points et sur tous les bords. […] Laissant aux futurs génies de nos temps le souci de se tirer à leur tour, par un coup d’aile sublime, de tant d’études croissantes et de tout ce fardeau du passé, et en prenant les choses comme elles se présentent aujourd’hui, notons déjà le bienfait. […] Un jour qu’elle descendait, accompagnée d’une de ses suivantes favorites, par un petit sentier très-rude que l’on montre encore, portant dans les pans de son manteau du pain, de la viande, des œufs, et d’autres mets pour les distribuer aux pauvres, elle se trouva tout à coup en face de son mari qui revenait de la chasse. […] Voyant le trouble d’Élisabeth, il voulut la rassurer par ses caresses, mais s’arrêta tout à coup en voyant apparaître sur sa tête une image lumineuse en forme de crucifix : il lui dit alors de continuer son chemin sans s’inquiéter de lui, et remonta lui-même à la Wartbourg, en méditant avec recueillement sur ce que Dieu faisait d’elle, et emportant avec lui une de ces roses merveilleuses qu’il garda toute sa vie. » Ce miracle des roses rend avec suavité le parfum que l’ensemble du livre exhale. […] Dans ma vie intellectuelle, sujette à bien des variations, un heureux instinct plus encore que la prudence a su me garder à temps et m’empêcher de prendre de ces engagements absolus, qu’il est ensuite pénible de rompre : M. de Montalembert aura donc beau dire, il ne fera pas de moi un renégat (au sens où il le voudrait), — ni un renégat du catholicisme, malgré des liaisons anciennes et chères, et dont je m’honore, — ni un renégat du libéralisme, malgré la vivacité de quelques-uns de mes coups de plume, quand je servais en volontaire dans ce camp et sous ce drapeau128.
Si on recherche avec curiosité les traditions locales, les vieux noëls en patois, les vestiges d’une culture ou d’une inspiration ancienne, il faut noter aussi ce qui est vivant, le poëte plein de vigueur qui, dans le moindre rang social où il se tient, enrichit tout d’un coup de compositions franches, originales, suivies, son patois harmonieux encore, débris d’une langue illustre, mais enfin un patois qu’on croyait déshérité désormais de toute littérature. […] Si un prince vient au monde, le canon le salue, et ce salut annonce le bonheur ; mais lui, pauvre fils d’un pauvre tailleur, pas même un coup de buquoire45 n’annonça sa venue. […] que mon âme tressaillait quand nous partions tous, au coup de midi, en entonnant : L’Agneau que tu m’as donné 46. […] Et le vieux Te Deum des humbles mariages semblait descendre des nues, quand tout d’un coup une grande troupe de jeunes filles au teint frais, propres comme l’œil, chacune avec son fringant, viennent sur le bord du rocher entonner le même air, et là, semblables, tant elles sont voisines du ciel, à des anges riants qu’un Dieu aimable envoie pour faire leurs gambades et nous apporter l’allégresse, elles prennent leur élan, et bientôt, dévalant par la route étroite de la côte rapide, elles vont en zigzag vers Saint-Amant, et les volages, par les sentiers, comme des folles vont en criant : Les chemins devraient fleurir, Tant belle épousée va sortir, etc. […] La troisième scène commence avec l’Angelus du matin des noces : De la cloche, à la fin, neuf petits coups s’entendent, Et l’aube blanchissante, arrivant lentement, Trouve dans deux maisons deux filles qui l’attendent ; Combien différemment !
Après ce coup d’éclat, Ferdousi erra durant des années, cherchant une cour où ne pût l’atteindre la colère du sultan. […] La pitié, tout à coup, saisit le vieux chef, en voyant ce jeune guerrier si fier et si beau : Ô jeune homme si tendre ! […] Dès le premier choc, les épées des combattants se brisent en éclats sous leurs coups : « Quels coups ! […] » Le combat continue à coups de massue ; nous sommes en plein âge héroïque.
Mme Du Deffand en était là, aveugle, ayant un appartement dans le couvent de Saint-Joseph. rue Saint-Dominique (quelques chambres du même appartement qu’avait occupé autrefois Mme de Montespan, la fondatrice) ; elle avait soixante-huit ans ; elle vivait dans le très grand monde, comme si elle n’était pas affligée de la plus triste infirmité, l’oubliant tant qu’elle le pouvait, et tâchant de la faire oublier à tous à force d’adresse et d’agrément ; se levant tard, faisant de la nuit le jour ; donnant à souper chez elle ou allant souper en compagnie, ayant pour société intime le président Hénault, Pont-de-Veyle, le monde des Choiseul dont elle était parente, les maréchales de Luxembourg et de Mirepoix, et d’autres encore dont elle se souciait plus ou moins, lorsque arriva d’Angleterre à Paris, dans l’automne de 1765, un Anglais des plus distingués par l’esprit, Horace Walpole : ce fut le grand événement littéraire et romanesque (pour le coup, c’est bien le mot) de la vie de Mme Du Deffand, celui à qui nous devons sa principale correspondance et tout ce qui la fait mieux connaître. […] Elle sentit en lui aussitôt et les qualités propres à cet homme si distingué et celles de la race forte à laquelle il appartenait : elle lui en sut gré également ; et elle qui n’avait jamais aimé d’amour, qui n’avait eu que des caprices et point de roman ; qui, en fait d’amitiés, n’en comptait que trois jusqu’alors sérieuses dans sa vie, celle de Formont et celle de deux femmes, dont l’une encore l’avait trompée ; cette moraliste à l’humeur satirique devint tout d’un coup tendre, émue autant qu’amusée, d’une sollicitude active, passionnée ; elle ne s’appartint plus. […] D’après ce premier portrait auquel Walpole ajoutera encore plus d’un coup de pinceau, on peut déjà voir une Mme Du Deffand bien autrement vive et animée qu’on ne s’est plu à nous la peindre d’ordinaire. […] Et, en effet, on peut voir dans cette soudaine passion d’une vieillesse stérile une sorte de tendresse maternelle qui n’a jamais eu son objet, et qui tout à coup s’éveille sans savoir son vrai nom. […] Elle aime Walpole comme la plus tendre des mères aurait aimé un fils longtemps perdu et tout à coup retrouvé.
Rousseau parut : le jour où il se découvrit tout entier à lui-même, il révéla du même coup à son siècle l’écrivain le plus fait pour exprimer avec nouveauté, avec vigueur, avec une logique mêlée de flamme, les idées confuses qui s’agitaient et qui voulaient naître. […] Ce début primitif, beaucoup moins emphatique et moins fastueux que celui qu’on lit en tête des Confessions, ne nous fait point entendre le coup de trompette du Jugement dernier, et ne finit point par la fameuse apostrophe à l’Être éternel. […] ce qu’on appelle un enfant bien né ; il a un penchant au vice et à des vices bas ; il a des convoitises honteuses et cachées qui ne sentent pas le gentilhomme ; il a de ces longues timidités qui se retournent tout d’un coup en effronteries de polisson et de vaurien comme il s’appelle ; en un mot, il n’a pas cette sauvegarde de l’honneur, que M. de Chateaubriand eut, dès l’enfance, comme une sentinelle vigilante à côté de ses défauts. […] Tour à tour bruyant et joyeux, silencieux et triste, je rassemblais autour de moi mes jeunes compagnons ; puis, les abandonnant tout à coup, j’allais m’asseoir à l’écart, pour contempler la nue fugitive, ou entendre la pluie tomber dans le feuillage… Et encore : Jeune, je cultivais les Muses ; il n’y a rien de plus poétique, dans la fraîcheur de ses passions, qu’un cœur de seize années. […] S’il lui manque par moments une plus chaude lumière et les clartés d’Italie ou de la Grèce ; si, comme autour de ce beau lac de Genève, la bise vient quelquefois refroidir l’air, et si quelque nuage jette tout à coup une teinte grisâtre aux flancs des monts, il y a des jours et des heures d’une limpide et parfaite sérénité.
Choisir Paris pour le lieu de la tenue des États était donc un coup de maître ; c’était choisir un milieu relativement modéré, empêcher l’assemblée de se trop émanciper si elle en avait envie, et si elle était tentée de faire une royauté irréconciliable et non nationale ; c’était empêcher une armée étrangère de s’emparer du lieu où les États siégeaient et de les tenir en sujétion ; c’était à la fois brider Paris, en y étant présent, et pouvoir aviser à tout. L’auteur reconnu de ce conseil, qui causa grand déplaisir à la faction espagnole, fut le président Jeannin : « Et vous assure, nous dit Villeroi, que ce coup fut donné très à propos pour le salut du royaume. » Villeroi, qui était sobre de paroles, même au Conseil et autour d’un tapis vert, dédaigna de parler et d’assister à ces États généraux. […] Dans les négociations qu’il entreprenait, et qui souvent eussent semblé inutiles à d’autres et désespérées dès le début, il ne craignait pas de se mettre en campagne et d’essayer d’attacher sa trame, malgré la distance et les inégalités des prétentions, « considérant qu’un bon marché ne se conclut du premier coup ; que les hommes ne demeurent ordinairement à un mot ; que, pour en achever un, il le faut commencer… ». […] À la fin nous vîmes Flessingue, première ville de Zélande ; et quelque devoir que fissent les matelots, il était sept heures de nuit que nous étions encore à trois milles du port, où les vaisseaux ne pouvaient entrer qu’au lendemain et au retour de la marée qui nous venait de faillir ; cela n’empêcha point que cet homme sans peur, contre le conseil du pilote, ne se mît à la nuit et par un mauvais temps dans la chaloupe du vaisseau, duquel on tira quelques coups de pièces pour avertir que l’ambassadeur arrivait.
Renan, après ces deux années d’Issy, vint, pour son cours de théologie, au séminaire de Paris, et c’est là qu’en voyant se dérouler crûment et carrément devant lui la théologie scolastique, cette vieille doctrine de saint Thomas « remaniée et triturée par vingt générations sorboniques », son sens critique, déjà éveillé, se révolta : il n’y put tenir ; tant d’objections imprudemment posées, et qu’une logique robuste ou subtile se flattait à tout coup d’abattre, tant et de si rudes entorses données à la vérité historique le venaient relancer, malgré sa prudence, et le forcèrent enfin à sortir de derrière ses retranchements. […] Ce ne fut pas, en un certain sens, une lutte, un violent orage, un déchirement : il n’y eut point un jour, une heure, un moment solennel pour lui, où le voile du temple se déchira de devant ses yeux : ce ne fut pas la contrepartie de Saint Paul qui se vit abattu, renversé sur le chemin de Damas, et du même coup converti. La philosophie ne lui apparut point un matin ou un soir comme une Minerve tout armée ; elle ne s’annonça point par un coup de tonnerre, comme cela arriva, je me le figure, pour Lamennais, et un peu pour Jouffroy. […] Voyez-le au moment où il sort et où il paraît : il n’a rien à renverser, à bouleverser autour de lui, comme quand on se produit après coup ; il n’éclate point à tort et à travers ; il ne rompt pas, il se détache avant tout engagement.
» Frochot ne fit jamais comme d’autres qui après coup s’en vantèrent, et qui, en manière de créanciers, vinrent revendiquer ensuite leur part de fourniture dans cette glorieuse éloquence : il ne parla jamais, pour son compte, de ces bons offices de secrétaire bénévole, de ces humbles prêts de copie à fonds perdu, qui lui semblaient une dette naturelle envers le génie, et son biographe qui les recherche avec soin a quelque peine aujourd’hui à en déterminer l’exacte mesure. […] De là sa foi persévérante en la vertu immaculée de Mirabeau, et d’ailleurs, l’eût-on poussé à bout, il avait droit de dire, comme il fit un jour sous le coup de l’insulte et dans un mouvement d’apologie courageuse pour son ami : « Si pourtant il se trouvait coupable ! […] Comme le dit son ami Regnaud de Saint-Jean-d’Angély, d’un mot expressif à la fois et indulgent, « ce jour-là et à cette heure-là, Frochot fut frappé d’une sorte d’apoplexie morale. » Il n’en revint, une demi-heure après, que par un autre mouvement excessif, et qui peint bien le désordre de sa pensée ; lorsqu’il apprit que tout ce qu’il avait cru d’abord n’était qu’une déception et qu’un rêve, quand les écailles tout à coup lui tombèrent de dessus les yeux : « Ah ! […] « J’aurais voulu, disait Napoléon, retenir d’une main le coup que je portais de l’autre. » — « Je désire, dit-il en s’adressant à M. de Chabrol, le préfet successeur, être aussi content de votre administration que je l’étais de celle de M.
La haine qu’elles leur portent est aussi ardente que la sienne, car, du même coup qu’Agamemnon, elles ont vu tuer sous leurs yeux la fille de leur roi. […] S’il résistait aux ordres du Dieu, il tomberait sous le coup de peines effroyables. — « Loxias disait que la lèpre rongerait mon corps de ses dents féroces, qu’elle dévorerait sa vigueur et blanchirait les poils de ma chair. […] Ma tête ébranlée retentissait à chaque coup. » Les appels au père recommencent, pressants et perçants à fendre sa tombe ; le mémento suit l’invocation. […] » — « Envoie la justice combattre avec les tiens, rends les coups que tu as reçus ; vaincu, sois victorieux à ton tour !
Au sortir de Smolensk, on se dirigeait assez tranquillement vers Orcha, lorsque tout à coup le 3e corps, sur le point d’arriver à Krasnoï, se trouve inopinément arrêté par le canon russe. […] Cependant le maréchal, pour toute réponse, fit le parlementaire prisonnier : quelques coups de canon tirés pendant cette espèce de négociation servirent de prétexte ; et, sans considérer les masses des ennemis et le petit nombre des siens, il ordonna l’attaque. […] Un sergent eut la jambe fracassée d’un coup de carabine. […] Même après avoir franchi le Niémen, et lorsqu’on a lieu enfin de se croire en sûreté, cette extrême arrière-garde se retrouve tout à coup en danger d’être enlevée par un parti de Cosaques, et l’on se voit obligé de renouveler à travers champs une marche de nuit, conduite encore par Ney, et qui rappelle, mais plus tristement, l’aventure du Dniepr.
Les Parnassiens, qui n’acceptent pas leur défaite, relèvent la tête en 1900 et lui notifient par la voix de Mendès que « sa poétique est déjà surannée et vieillissante35 » Mais le coup le plus droit porté à son influence sera le triomphe de Cyrano de Bergerac où Rostand se gausse des petits esthètes du « Mercure françois ». […] Les Symbolistes n’avaient pas besoin de ce coup de grâce. […] Ce succès fut un coup de surprise qui ne devait pas se renouveler.
L’homme atome noyé dans un rayon perdu de soleil, et qui se confondait par son imperceptibilité avec le néant, se confond tout à coup par sa grandeur avec la Divinité ! […] Ainsi, il est évident que quand une philosophie aussi savante et aussi éloquente que celle de Job nous apparaît tout à coup avec le livre qui porte ce nom dans la Bible, cette sagesse, cette expérience, cette éloquence, ne sont pas nées sans ancêtres du sable du désert, sous la tente d’un Arabe nomade et illettré ; il est également évident que quand un poète comme Homère apparaît tout à coup avec une perfection divine de langue, de rythme, de goût, de sagesse, aux confins d’une prétendue barbarie, il est évident, disons-nous, qu’Homère n’est pas sorti de rien, qu’il n’a pas inventé à lui seul tout un ciel et toute une terre, qu’il n’a pas créé à lui seul sa langue poétique et le chant merveilleusement cadencé de ses vers, mais que derrière Job et derrière Homère il y avait des sagesses et des poésies dont ces grands poètes sont les bords ; littératures hors de vue, dont la distance nous empêche d’apprécier l’étendue et la profondeur.
Même celles qui semblent les plus petites sont quelquefois les plus grandes ; car des moindres il peut jaillir tout à coup, raccroc inattendu, le rayon qui éclaire intégralement enfin et arrête nettement la physionomie d’un homme ou d’une chose. […] le compte des médecines qu’on a prises vérifié par un Purgon de cour ou un monsieur Fleurant, respectueux sujet en toutes ses parties, — mais c’est le journal de toute la vie, heure par heure, écrit non de la main d’un tiers, mais de la main même du Roi, — du Roi qui n’a pas passé un seul jour de son règne sans noter pieusement (pieusement envers lui-même) tout ce qu’il a fait dans la journée, et qui, mettant à le noter une exactitude qu’aucune circonstance, aucun événement n’a pu ni interrompre ni troubler, s’est peint, sans le savoir, avec une naïveté et une transparence qui envoient promener du coup tous les Tacites de la terre et se passent très bien de leurs profondeurs ! […] Après sa mort, révolutionnaires et royalistes ont écartelé sa mémoire, les uns pour diminuer le crime du coup de hache, et les autres pour le grandir.
Quand Midi parut, cette pièce, dans laquelle le poète a sonné ses douze coups comme talent et de même que Midi, ne sonnera pas un coup de plus, on s’en allait, citant ses vers trop connus pour qu’on ait besoin de les citer tous : Midi, roi des Étés, épandu dans la plaine, Tombe en nappes d’argent des hauteurs du ciel bleu. […] Maladie du temps, mais qui est devenue sa nature, à lui, a ce poète qui a du mouvement, du coup d’aile cinglant fièrement et largement parfois, et qui aurait pu être lyrique, s’il avait été quelque chose !
On se trouvait tout à coup reporté à ces temps où les cénobites, après avoir médité dans les bois de leurs monastères, se venaient prosterner à l’autel, et chanter les louanges du Seigneur, dans le calme et le silence de la nuit. […] Mais tout à coup des rumeurs confuses s’échappent de la cime de ces tours, et en chassent les oiseaux effrayés.
Il faut à chaque coup de pinceau ou plutôt de brosse, ou de pouce, que l’artiste s’éloigne de sa toile pour juger de l’effet. […] Si les coups de force s’isolent, et se font sentir séparément, l’effet du tout est perdu.
Oui, Baudelaire-Azem était à méditer dans le désert, en compagnie de son chameau favori, lorsqu’il le voit tout à coup s’arrêter près d’un palmier : Le chameau est friand de l’écorce de cet arbre, et celui de Baudelaire-Azem se mit à brouter… Au troisième coup de dent, des papiers s’échappaient de l’écorce… c’était ta correspondance !
Tout à coup il aperçut l’étranger qui, de nouveau, venait à lui : « Vite ! […] Cette fois il fut définitivement enterré et « ne revit plus la terre »146 car, avant qu’on l’enfouît, l’étranger à qui il avait refusé le couscouss et qui se trouvait là lui avait fendu la tête d’un coup de nôma.
Non, non, encore un coup : laissons agir Oreste. […] C’est là un de ces coups de fortune, un de ces coups du génie, (un de ces coups de la grâce), que nous Français nous ne réussissons pas seulement, que nous obtenons ; que de temps à autre nous mettons dans le commun de l’univers. […] Je plains celui qui ne sentirait pas le coup, qui ne recevrait pas en creux le coup porté par ce poème. […] Fortuitement, par forte fortune, par un coup de fortune. […] Qui ne porte, c’est-à-dire qui ne porte un coup.
Une œuvre apparaît tout à coup signée d’un nom nouveau et révèle un écrivain puissant. […] De nos jours les coups de canne et les coups de poing n’ont pas tout à fait cessé de servir d’arguments ; mais les coups d’épée et de pistolet, considérés comme plus nobles, sont plus souvent de la partie. Toutefois les coups de langue et les coups de plume sont la vengeance la plus ordinaire et la plus sûre des auteurs exaspérés. […] Brunetière assène à ses adversaires de bons coups. […] Mais, encore un coup, ne vous y trompez pas !
Quand Olivier, traité de bâtard, rossé à coups de trique par l’horrible M. […] Puis, tout d’un coup, le capital du vieux, engagé à nouveau, sombra dans une spéculation. […] Ils n’ont point trouvé leur voie du premier coup. […] Mais coups de griffes ou coups de dents, ne vous effrayez point. […] Le brigadier n’obtenant de lui que cette réponse, se piète, ajuste, tire… Le coup rate.
Les plus beaux sentiments n’attendrissent point, quand ils ne sont pas amenés ou préparés par une situation pressante, par quelque coup de théâtre, par quelque trait vif et animé. […] C’est au quatrième acte que Racine porte ordinairement les grands coups, comme dans Britannicus, Phèdre, Iphigénie. […] L’importance de la matière fait que nous la diviserons : nous parlerons des coups de théâtre dans la tragédie et dans la comédie, en commençant par la première. […] La générosité d’un personnage produit encore des coups de théâtre d’un grand effet. […] Ma fille, de l’autel cherchant à s’échapper, Gémit-elle du coup dont je la veux frapper ?
Alors, pour m’amuser, je vais monter en tramway : ce sera la première fois de ma vie ; — coup de timbre, coup de sifflet — et nous partons. […] Un coup d’éventail. — 1889. […] Tout à coup, en fixant mes yeux sur la muraille, je vis que nous n’étions pas seuls. […] Suffoqué du coup, M. […] Je savais, du coup, ce dont il s’agissait.
Chez qui donc va naître l’idée d’un coup de force ? […] Quelle leçon cependant pour les amateurs de coups d’État ! […] À cette conception simpliste et qui fige les personnages dans un rôle arrangé après coup, M. […] Si elle n’est pas Hermione poursuivant Pyrrhus de sa vengeance, elle est Clorinde harcelant Tancrède de ses coups. […] C’est, pour une bonne part, l’explication de ses colères, de ses imprudences, de ses coups d’autorité.
Le contester, ce serait vouloir enfoncer un gros mur à coups de tête. […] C’est à cela qu’il doit d’avoir connu du premier coup, atteint du premier coup la perfection du genre, et l’explication s’impose. […] Elle l’interrompt à tous coups, pour le rappeler à l’objet de la conversation. […] Et, en effet, la discussion reprend ; ce ne sont plus d’aigres réparties se choquant coup pour coup, ce sont des raisons déduites. […] Elle a failli se trouver mal, au coup qui lui était porté.
Il serait prématuré de juger du premier coup une œuvre sérieuse que nous avons pu à peine parcourir. […] Voici un passage du chant second ; le poëte, qui vient de décrire la défense d’un troupeau de bœufs contre un loup, s’écrie tout d’un coup, exprimant cet amour un peu sauvage et forcené pour sa Bretagne qui fait l’inspiration de son poëme : O landes !
L’impression d’un grand coup nous oblige à nous ramasser le corps par un mouvement violent et naturel. Le mauvais larron s’est donc soulevé sur son gibet, et dans cet effort que la douleur lui a fait faire, il vient d’arracher la jambe qui a reçu le coup en forçant la tête du cloud, qui tenoit le pied attaché au poteau funeste.
Allons, Sûzel, bois un petit coup, cela te donnera du courage. […] — Oui, Christel, c’est moi, dit Fritz en donnant une poignée de main au brave homme ; l’idée de venir m’a pris tout à coup, et me voilà. […] Puis, tout à coup, tout devenait blanc : c’était lui, le soleil, qui venait enfin de paraître. […] Iôsef commença sa valse par trois coups d’archet. […] On aurait dit un de ces magnifiques coups de soleil qui suivent les chaudes averses du printemps.
Puis tout à coup le gaz flambant de pâtisseries, de charcuteries, de marchands de vin, de cafés. […] À ce métier-là, on est bien un peu crotté, on risque bien d’attraper quelques coups de fouet, mais on arrive, comme les domestiques à l’antichambre. […] Un jour il vit son homme qui ne le saluait plus, il alla à lui, se disant qu’il devait avoir commis quelque mauvais coup. […] Et puis, tout à coup, je me trouvais dans une grande fête, un étrange triomphe. […] De tous ceux qui parlent du fameux coup de sabre de Lambesc, quels sont ceux qui ont lu la justification de Lambesc et savent le vrai de la scène ?
Et quoi de plus artiste dans cette tête, aux dessous et aux plans précieusement modelés, que ces coups de ciseau qui ont gardé la rudesse de l’ébauche, et griffent cette tête des fortes rayures de la vie et des années ? […] Tout à coup, dans le noir du bitume figé au bas du cou, reluit un peu d’or. « Un collier ! […] Il se met à conter, comme il sait conter, vous donnant avec son récit lent et détaillé, récit d’officier et de peintre, l’idée d’une veillée de camp, il se met à conter un des derniers coups de canon de 1814. […] Le coup partit, à l’instant où la silhouette du Suédois se levait de terre. « Je crois avoir touché, mon capitaine », dit le pointeur, et la canonnade continua toute la journée. Le soir, au moment, où on relevait les blessés pour les porter aux ambulances, le canonnier dit au capitaine : « Je voudrais bien aller voir mon coup de ce matin !
Un bruit entendu au loin, c’était le coup de battoir d’une blanchisseuse, frappa subitement mon oreille, et adieu mon existence divine. […] L’homme le plus épris de la fureur, de la tyrannie, laisse là le tyran et le voit tomber avec joie dans la coulisse, mort d’un coup de poignard. […] Il y avait près d’une heure que nous marchions en silence à travers les détours d’une longue forêt qui nous dérobait à l’ardeur du soleil, lorsque tout à coup je me trouvai placé en face du paysage qui suit. […] Nous allions en silence, l’abbé me précédant, moi le suivant, et m’attendant à chaque pas à quelque nouveau coup de théâtre. […] J’en vois encore un de ces malheureux, je le vois, il a reçu un coup mortel dans les flancs.
C’est l’arme la plus terrible de l’indignation, du mépris, de la haine8 ; c’est le coup de massue qui terrasse et achève l’ennemi. […] Mais l’art merveilleux d’Aristophane est précisément d’avoir créé le comique de rien, ou plutôt de la plus rebelle des matières, et d’avoir transfiguré la prose en poésie d’un coup de sa baguette magique. […] que j’aime bien mieux les coups de bâton que les archers donnent à Polichinelle, et les coups de plat de sabre que les Turcs distribuent en cadence à M. […] » crie l’avare à son fils, pris tout à coup « d’un éblouissement ». […] Les scènes d’un vrai comique, telles que celle où Valère et maître Jacques se donnent des coups de bâton88, sont accessoires et ne procèdent pas nécessairement du sujet.
Nous modifierons nous-même la traduction par quelques coups de pinceau, toutes les fois qu’elle nous paraîtra susceptible de plus de grâce ou de plus de force. […] La descente de Minerve sur la terre est peinte d’un coup de pinceau qui fend le ciel de la nuit. […] Chaque coup de lance dans la mêlée retentit comme un écho dans le vers. […] Les vers, les images sont aussi frappants que les coups de lance. […] Homère, s’il n’avait pas écrit pour des guerriers, aurait donné plus de charme à l’Iliade en abrégeant ces coups de lance et ces coups de pierre perpétuels, et en reposant l’esprit sur d’autres scènes de la nature.
» Et le voici, avec un visage tout à coup assombri, qui entame le chapitre de ses misères. […] Un quelconque. — J’affirme que si Mac-Mahon se retirait, il y aurait dans les vingt-quatre heures un coup d’État, et une proclamation du prince Impérial. […] Il a eu une jeunesse fiévreuse, une jeunesse aimant les coups, les trimballements dans les milieux canaille, une jeunesse qui a longtemps gardé, selon son expression, les vagues retardataires, les dos de monstres de la mer après une tempête. […] Toute la légère fabulation s’est envolée, s’est perdue dans le vide, comme un oiseau sous un coup de pierre, et tous les efforts de mon imagination, travaillant à ressaisir l’ébauche de création de la soirée, n’aboutissent qu’à reconstruire dans ma cervelle, et me faire toute présente, la néfaste figure de M. […] Partout un grand luxe, mais un luxe commun et acheté tout d’un coup, et au milieu duquel, la gaze qui enveloppe et défend les dorures, dit la mesquinerie bourgeoise de cette fille placée par le hasard dans la famille des grandes impures.
L’inspiration du génie n’est pas seulement réglée, mais aussi constituée en grande partie par le goût même, qui, parmi les associations innombrables que suscite le hasard, juge du premier coup, choisit. […] L’écrivain, comme le musicien, reconnaît du premier coup dans la confusion de ses pensées ce qui est mélodieux, ce qui sonne juste et bien : le poète saisit tout d’abord dans une phrase un bout de vers, un hémistiche harmonieux. […] Les riches de la terre qui, durant cette vie, jouissent de la tromperie d’un songe agréable et s’imaginent avoir de grands biens, S’éveillant tout à coup dans ce grand jour de l’éternité, seront tout étonnés de se trouver les mains vides. […] Quelquefois le souvenir d’un geste, d’un pli de ton vêtement, tout à coup me saisit et m’enlace comme un filet ! […] Ce cantique des cantiques du dictionnaire, ce coup de folie des mots hurlant et dansant sur l’idée, était sans doute nécessaire.
Grand sujet de curiosité pour les utopistes de tous les genres, — et, dans ce temps-là, le catholicisme n’en manquait pas, — une révolution à Rome, une révolution qui allait, croyait-elle, jeter la barque de saint Pierre dans les aventures, fit lever et rallia, comme le coup de trompette du Josaphat des vivants, tous les fous superbes de l’univers, tous les bohèmes de la fortune, de l’esprit et de la beauté pour les rasseoir, il est vrai, un peu rudement, quand la machine chargée par Lamennais, Gioberti et tant d’autres, éclata, mais montrant, à travers ses débris, Rossi poignardé, le Pape en fuite et Mazzini régnant dans Rome assiégée. […] On n’y trouve qu’un volume de Don Quichotte qui la retient, quand l’idée la prend d’être trop chevalière errante, et qui la rappelle tout à coup à l’ordre, avec la grosse voix de Sancho, Ce qu’elle décrit avec le plus de soin, ce sont les paysages, et elle les nuance comme elle ferait de sa tapisserie dans son boudoir, ou la beauté de quelques femmes dont elle dit successivement, avec une négligence et une bonne foi, ou une mauvaise, mais qu’on aime : « Celle-là était la plus belle femme que j’aie jamais vue en Asie », ou enfin les atours inouïs de luxe et de poésie parfois, mais plus souvent de mauvais goût, de ces grandes coquettes Barbares. […] après quelques mots un peu légers, elle a donné un coup de houssine à son cheval et elle a passé.
Un jour, dans la comédie italienne, Arlequin vide tout à coup son costume et disparaît, escamoté. […] Pourquoi, puisque l’occasion s’en présente, ne donnerions-nous pas un simple coup d‘œil à cette variété littéraire ? […] Pour avoir au-dessus, il faudrait qu’une individualité littéraire jaillît tout à coup du sein de l’individualité simplement professorale et la brisât, et rien n’annonce ce jaillissement dans cette histoire aux qualités négatives, — qui n’est point plate, non !
La presse, toujours si bavarde à propos du moindre bouquin, devenue muette tout à coup, n’a rien dit, quand il a paru, sur ce livre qui touche à ce qu’il y a de plus sensible, de plus facilement saignant et criant sous la plume d’un homme : un sujet d’histoire contemporaine ! […] le plus honnête homme qu’il eût connu, — mais qui, à part le sang, dans lequel il ne tomba point, avait la même ambition que son père, cette ambition qui se remuait tortueusement et toujours, mais qui ne savait pas frapper le coup décisif et suprême ; car Louis-Philippe ne le sut jamais, ni avant d’être roi, ni après qu’il fut roi, ni depuis qu’il fut roi. […] Il y a même sous cette plume de paysan, qui vous donne, d’ordinaire, dans cette histoire, la sensation d’une hache de bûcheron pour le coupant et la force du coup, des mots spirituels et jolis qui sentent leur Beaumarchais fruste, mais enfin leur Beaumarchais !
Les héros ne peuvent soutenir mon aspect : ils tombent dans la poussière sous les coups de mon bras. […] La plaine gémit comme le fer, rouge enfant de la fournaise, sous les coups de cent marteaux qui s’élèvent et le frappent tour à tour. […] « Eh bien, Deugala, je combattrai mon ami ; mais puissé-je tomber sous ses coups ! […] Elle pleurait les guerriers de sa nation qui allaient périr sous les coups de Fingal. […] C’est là qu’on entendit le bruit du choc des armes et des coups redoublés.
Après la Révocation, ce mortel coup de hache porté à l’arbre de leur liberté, malgré la défense, ils suivirent en foule vers l’exil, leurs chefs spirituels bannis. […] Comprendriez-vous la clameur joyeuse d’un meurtrier, qui, après avoir donné le coup mortel à sa victime, s’écrierait en levant vers les cieux ses mains ensanglantées : « Ô puissance et grandeur de Dieu, qui a permis que cet homme tombât sous mes coups ! […] pour mériter la haine, non seulement des protestants, mais de tous les hommes de bonne foi, à moins de se substituer en personne aux dragons, ou de chasser à coups de fouet, hors des frontières, tous ceux qui, comme lui, n’avaient pas le bonheur d’être catholiques, apostoliques et romains ? […] Ces ruines, en effet, ce ne sont pas uniquement celles de l’« hérésie », celles d’un petit peuple endurant et fier, ce sont aussi les ruines de la France, que cette élite conduisait lentement à l’avenir, et qui demeure sans force, comme prostrée, après ce coup de poignard dont l’Église l’a frappée au cœur. […] Le fastueux orateur chrétien dont la France n’est pas encore lasse de s’enorgueillir, celui qu’elle présente au monde comme l’une de ses gloires les plus pures, est en vérité celui qui lui donna le plus formidable coup de poignard dont son cœur ait saigné.
L’idée religieuse s’éveilla alors dans son âme ; il recourut à Dieu par la prière ; se trouvant à Southampton, où les médecins l’avaient envoyé pour changer d’air et se distraire, il y eut une heure, un moment, où dans une promenade qu’il faisait aux environs avec quelques amis, par une brillante matinée, s’étant assis sur une hauteur d’où la vue embrassait la mer et les coteaux boisés du rivage, il sentit tout d’un coup comme si un nouveau soleil s’était levé dans le ciel et lui éclaircissait l’horizon : « Je me sentis soulagé de tout le poids de ma misère ; mon cœur devint léger et joyeux en un instant ; j’aurais pleuré avec transport si j’avais été seul. » On a souvent noté, dans les conversions qui tardèrent longtemps à s’accomplir, ces signes avant-coureurs et comme ces premières atteintes, ces premiers coups de soleil de la grâce. […] La guérison qui semblait en si bonne voie lors de son arrivée à Olney rétrograda tout à coup, et un nouveau trouble vint ébranler profondément cette vive et si pénétrante intelligence. […] Mais le jardinage fut de toutes mes occupations celle dans laquelle je réussis le mieux, quoique, même en cela, je n’aie point atteint du premier coup la perfection. […] En voici une, par exemple : Le rossignol et le ver luisant Un rossignol qui, tout le long du jour, avait réjoui le village de son chant et n’avait suspendu ses notes ni au crépuscule ni même lorsque la soirée fut finie, commença à ressentir autant qu’il le pouvait les appels aigus de la faim ; lorsque, regardant avidement à l’entour, il avisa tout à coup au loin sur la terre quelque chose qui brillait dans l’ombre, et il reconnut le ver luisant à son étincelle.
Mais pour le coup je fus sage, et il en était temps à cinquante ans. […] Imaginez l’émotion et le coup de théâtre. […] Dans le moment même « où l’on ne se figurait plus Hume et Jean-Jacques que dans les bras l’un de l’autre, que baignés de larmes de joie et de reconnaissance et jouissant d’un bonheur mutuel, ouvrage de leurs vertus, tout à coup on porte à un souper nombreux chez M. […] On lit tout haut ces autres mots d’une lettre de Jean-Jacques à Hume : Vous êtes un traître… Ces deux mots, traître et scélérat, dans un temps où ils n’étaient pas prodigués comme ils l’ont été depuis (c’est Garat qui parle), retentissent dans ce souper, et la nuit même dans une partie de la capitale, comme deux coups de tocsin. » Hume, quoiqu’ayant eu pour but d’informer le monde de Paris, ne s’était pas douté du retentissement soudain qu’aurait une lettre, vive, il est vrai, et non confidentielle, mais qui, d’après les probabilités ordinaires, devait mettre quelque temps à s’ébruiter ; il n’avait pas compté sur l’atmosphère inflammable de ce Paris oisif et passionné. […] Hume, philosophe et moraliste comme il était, aurait du s’en douter un peu et imiter le médecin qui ne s’irrite point et ne juge point à propos d’informer toute la terre, pour un coup qu’il reçoit par hasard de son malade, dans la cure qu’il a entreprise.
Quand notre visite eut assez duré, elle et moi nous le quittâmes, et nous étions déjà dans le passage intérieur du Temple, lorsque tout d’un coup nous entendîmes un bruit comme un tonnerre : c’était Johnson, qui, à ce qu’il paraît, après un instant de réflexion, s’était mis en tête qu’il devait faire les honneurs de sa résidence littéraire à une dame étrangère de qualité, et qui, tout empressé de se montrer galant, se précipitait du haut en bas de l’escalier dans une violente agitation. […] Le prince de Ligne, dans son Coup d’œil sur les jardins du temps, a dit : « Je ne connais rien de mieux que le jardin de la comtesse de Boufflers au Temple. […] Lorsque le premier coup de tonnerre de la Révolution éclata, Mme de Bouffiers crut, sans doute que ce ne serait qu’un orage passager. […] encore pour son esprit jusque sous les premières neiges de la vieillesse, tout d’un coup, on ne sait plus et qu’elle devient, elle disparaît dans le gouffre commun, elle ne surnage pas un instant, ou, si elle surnage, personne ne fait, plus attention à sa présence ou à son absence ; elle va échouer où elle peut et sans qu’on le remarque ; elle n’est une perte et un regret pour personne ; elle n’obtient pas la moindre mention funéraire de la part d’une société bouleversée ou renouvelée, qui toute à ses soucis, à ses craintes, à ses espérances ou à ses ambitions renaissantes, n’a que faire des anciennes idoles, et qui, après avoir renversé coup sur coup avec tous ses temples ses anciens dieux, et les plus grands, n’a plus même un regard de reste pour les demi-déesses d’hier ! […] Un brave homme dont le nom mérite d’être conservé à côté du leur, l’abbé Le Chevalier, qui était instituteur du jeune de Boufflers, fils unique de la comtesse Amélie, vendit sa bibliothèque et une petite possession qu’il avait en Normandie, d’abord pour les faire vivre en prison, et puis pour détourner d’elles le coup fatal.
Son ami, l’auteur des Iambes, et aujourd’hui du Pianto, a osé beaucoup : proférant des paroles ardentes, et d’une main qui n’a pas craint quelque souillure, il a fouillé du premier coup dans les plaies immondes, il les a fait saigner et crier. […] Ce n’étaient pas des couleurs combinées, surajoutées par un procédé successif, mais bien le réel se dorant çà et là comme un atome à un rayon du matin, et s’envolant tout d’un coup au regard dans une transfiguration divinisée. […] L’image du plomb incrusté dans la réalité, de l’effigie d’airain emportée d’un coup de ciseau, cette image si juste quand elle s’applique au père de Mateo Falcone, de Tamango et de Catalina, jure énormément avec la nature tout ailée du génie à qui l’on doit Psyché, le Lis du Carmel, et ces Actes sans nombre d’où les chants séraphiques s’exhalent comme des bouffées de chauds aromes ou les nuées d’encens dans les sanctuaires73. […] Sa ballade andalouse était mieux rimée dans le premier jet ; il l’a dérimée après coup, comme s’il avait craint de montrer le bout de la cocarde. […] Il s’attachait aux faits, interrogeait les voyageurs, s’enquérait des coutumes sauvages comme des anecdotes les plus civilisées ; s’intéressait à la forme d’une dague ou d’une liane, à la couleur d’un fruit, aux ingrédients d’un breuvage ; il rétrogradait sans répugnance et avec une nerveuse souplesse d’imagination aux mœurs antérieures, se faisait à volonté Espagnol, Corse, Illyrien, Africain, et de nos jours choisissait de préférence les curiosités rares, les singularités de passions, les cas étranges, débris de ces mœurs premières et qui ressortent avec le plus de saillie du milieu de notre époque blasée et nivelée ; des adultères, des duels, des coups de poignard, de bons scandales à notre morale d’étiquette.
Sa traduction peut paraître très exacte, et fidèlement calquée sur l’original, mais par cela même que c’est si exact, et en ce style vieilli après coup, il s’y répand et il y règne un air de parodie. […] les cagots te feront assassiner. » — Quelle dut être l’impression première, lorsqu’on apprit tout à coup à Paris que Courier avait été trouvé assassiné, en Touraine, dans son bois de Larçay ! […] Ce ne fut qu’au mois de juin 1830 que le mystère cessa, et qu’il dut être clair pour tous que cette mort n’était point un coup de parti ni une vengeance politique, mais quelque chose de plus simple et de plus commun, le guet-apens et le complot de domestiques grossiers, irrités et cupides, voulant en finir avec un maître dur et de caractère difficile. […] Une bergère du lieu, la fille Grivault, revenant avec un jeune homme d’une assemblée de dimanche, s’était trouvée dans le bois sous la feuillée au moment du coup ; elle avait tout vu et n’avait rien dit. […] Quatre jours après (18 juin), il mourait d’apoplexie sous le coup de son effroi et de ses remords.
Il procède d’habitude par l’accolement, sans conjonction, de deux propositions à sens presque identique, qui redoublent l’idée, l’enfoncent en deux coups de maillet, et marchent puissamment dans un rythme balancé, jusqu’à ce que soit atteinte la fin du paragraphe, que M. […] Enivrant et dissolvant toute une société comme dans la Curée, victime passive dans les milieux ouvriers des grosses luxures et des coups, défaillante et amoureuse dans Une page, séduisant dans Pot-Bouille un cacochyme délabré en un mariage aussitôt souillé, domptant à force de refus, dans le Bonheur des dames, un obstiné viveur, toutes, dépeintes en leur fonction utérine, se résument en cette Nana, folle et affolante de son corps, qui subjugue par la douceur de son embrassement toute une cavalerie, des ouvriers aux princes, des enfants aux polissons séniles. […] Zola tend au démesuré, au typique, à l’incarnation, personnifie, en des êtres devenus tout à coup surhumains, les plus simples et les plus abstraites manifestations de la force vitale. Et sans cesse aussi, ayant assimilé les âmes aux éléments, le romancier prête, en retour, aux forces naturelles, de sourdes et inarticulées passions ; parle de l’entêtement des vagues et du rut de la terre ; fait souffrir une machine des coups qui la mutilent ; assigne à une maison l’humeur rogue de ses locataires. […] Et cette lamentable fin encore du ménage artistique, cette noire existence misérable et débraillée dans l’atelier du haut de Montmartre, Claude se brutalisant, s’exaltant et s’affolant à l’impossible labeur de s’extorquer un chef d’œuvre, tandis que Christine s’attache à son amour tari, lutte contre le desséchement de cœur de son mari, finit par l’arracher à l’art auquel il tenait de toutes ses fibres, mais l’abîme et le lue du coup ; toute cette tragédie humaine donnant à toucher de pauvres chairs frissonnantes, à voir des larmes dans des orbites creux, et des mâchoires serrées, et des poings abandonnés, nous a enthousiasmé et ému.
Quelquefois, il est vrai, on l’y suppose, comme fit Saint-Chéron dans sa traduction du livre très politique et très peu catholique de Ranke, qui clama, mais assez vainement, car ceux qui lisent la supposition ne liront peut-être pas la réclamation, et, par un côté du moins, le coup est porté à cette opinion publique qui voit juste, mais à la longue, et qu’il faut d’autant plus se hâter de tromper qu’il est bien sûr qu’un jour ou l’autre elle reviendra de son erreur. […] Elle a bien discuté, bien nié, bien versé des mépris sur son chemin ; mais elle a manqué le meilleur coup qu’elle pût porter, l’observation vraie et cruelle, d’autant plus, cruelle qu’elle est vraie : c’est que tous les Papes, sans exception, tous les hommes, même les plus éminents, qui ont représenté l’Église et par qui l’Église a vécu, ont été moins grands que leur situation, et ont manqué d’une intelligence à la hauteur de leurs devoirs ; c’est que nul d’entre eux ne s’est servi, dans l’intérêt de l’institution catholique, de circonstances uniques dans l’histoire et qui semblaient aller d’elles-mêmes au-devant d’une main qui les prît au passage et qui sût les plier à ses desseins. […] Le sac de Jérusalem par les Sarrasins (1187) avait frappé les cœurs en les embrasant davantage, comme ces coups de hache dans l’incendie qui font monter plus haut la flamme. […] En effet, si une tache sanglante reste sur son nom, c’est que sa modération, pour le coup criminelle, n’a pas osé l’effacer. […] Comme l’évidence était trop complète, comme il ne pouvait pas ne point voir quel coup de fortune c’était pour l’Église que la prise de Constantinople, il ne s’abstint pas entièrement d’agir dans le sens éternel de la position de ses prédécesseurs et de la sienne.
Là il assistait à une conversation ; là le dialogue est vif, coupé ; l’attaque et la riposte s’y succèdent comme les coups dans un duel. […] Les pièces à intrigue ramenèrent les coups de théâtre, les aparté, les valets de fantaisie, des rôles au lieu d’hommes, l’esprit du poète au lieu de la nature. […] Serait-ce quand, après un coup qui l’a ruiné, il s’écrie : Non, l’enfer en courroux et toutes les furies N’ont jamais exercé de telles barbaries. Je te loue, ô destin, de tes coups redoublés. […] Je sais qu’en parlant ainsi de Regnard, je tombe sous le coup de la sentence de Voltaire.
Je lui envoie sur le coup ma démission, dans cette lettre : 3 janvier 1887. […] …… et chantonner, en s’interrompant tout à coup, un peu honteux de cet empoignement bête. […] On le voit tout à coup abaisser la tête, regarder le plancher, tenir ses bras étendus entre ses cuisses ouvertes, et lâcher, lâcher de la parole, mêlée à des choses agressives. […] Longue attente, dans ce roulement de voitures du boulevard Saint-Germain, dans ce bruit et cette trépidation de la vie parisienne, pendant laquelle vous vous demandez, si bientôt quelques mots, quelques paroles de l’homme qui est derrière la porte, ne vont pas, tout à coup, éveiller chez vous l’idée du silence éternel. […] Samedi 15 octobre Chez Daudet, où je suis venu passer deux jours, pour conseiller des coupes et des percées dans le parc, on cause de ces yeux immenses, tournants et roulants des Orientaux, et qui seraient obtenus par un allongement, par un coup d’ongle donné dans l’angle extérieur, par de vieilles femmes qui ont la spécialité de ce coup d’ongle.
Le cadavre est à nous ; payons-nous notre peine, Nos coups de dents et nos abois. […] De telles satires sont des coups de foudre, et non des coups de lanières. […] On m’apportait, il y a peu d’années, en Italie, une de ces œuvres de colère légitime qui stigmatisent eu vers terribles des noms d’hommes vivants et qui font saigner éternellement les coups de verge ou les coups de poignard de la plume. […] Une épigramme est un coup d’épingle à une vie, à un ridicule ou à un homme. […] Il lui fallait un vigoureux coup de férule sur les mains qui tenaient la plume depuis Ronsard.
Marius, devenu tout à coup philosophe radical, joue d’inspiration un hymne à la guerre civile. […] — C’étaient les coups de canon qui battaient la barricade. […] « Tout à coup, il aperçut les deux petits déguenillés, immobiles derrière la maisonnette verte des cygnes. […] L’enfant donna un coup vif, ramena la brioche, effraya les cygnes, saisit le gâteau, et se redressa. […] Furieux de trouver la nature en opposition avec leur système platonique de société, ils ont perdu la tête et ils ont fait le coup d’État contre la nature.
Âme robuste, entière, non usée de père en fils par l’élégance et la politesse des salons, intelligence brusque et absolue, non assouplie par la critique, non rompue aux systèmes, d’une sensibilité profonde et d’un grand besoin de tendresse au milieu de certaines grossièretés de nature, il fut atteint et renversé en même temps, retourné tout d’une pièce ; le fier Sicambre s’agenouilla : il se fit du même coup chrétien, catholique, ultramontain. […] C’est l’œuvre d’un La Bruyère ligueur, voisin des halles, vengeur des paroisses, qui profite habilement de la languerévolutionnaire et s’en fait un ragoût de plus ; qui s’en donne à cœur-joie et à lèche-doigts ; qui, à défaut de Versailles où il n’est pas allé, se rabat et tombe sur la haute et basse bourgeoisie, sur la gent parlementaire, la gent écriveuse, grosse et menue, le fretin des journaux, la province ; mais qui, jusque dans le trivial et l’injurieux, dans ce qui dégoûte et repousse, a gardé l’art de l’imprévu, l’art de réveiller à chaque coup son lecteur par la variété des tons, le contraste des fragments, le brûle-pourpoint des apostrophes, tout ce qui supplée au manque de transitions. […] Veuillot distingue deux veines et deux courants dans la littérature française, le courant gaulois, naturel, et ce qu’il appelle l’influence sacrée, religieuse, épiscopale : il fait à celle-ci, pour la gravité et l’élévation, une part bien légitime ; il est ingrat pourl’autre, pour le vrai et naïf génie national qu’il sent sibien, qu’il définit par ses heureux caractères, et que tout à coup il appelle détestable, se souvenant que ce libre génie ne cadre pas tous les jours avec le Symbole. Mais il a beau faire, il en tient, lui, à son corps défendant et jusqu’aux moelles ; il est bien du fonds gaulois, du plus gras et du plus dru ; quoique, sous l’influence combinée de Bossuet et de M. de Maistre et sous le coup des événements, il ait eu ses inspirations éloquentes, il n’est complètement original que quand il coupe en pleindans sa première veine. — Car des pages même comme celle que je viens d’indiquer sur Saint-Simon, si vertes, si amères d’accent et où la verve, après tout, ne demande qu’à s’étaler insolemment au soleil, cela n’a rien d’épiscopal : c’est du mâle gaulois, c’est du bon Régnier en prose, c’est d’un rude et vaillant compère.
Rappelé sur le coup et relevé de son commandement, il était rendu à Versailles le vendredi 21 juillet ; il y vit le maréchal de Belle-Isle, et ensuite le roi dans son cabinet. […] Mlle Leduc y joue son rôle, et il est dit du comte de Clermont : « Il a eu d’elle beaucoup d’enfants ; il lui donna dans un accès de jalousie un coup de canif dans le front, et il la fit marquise. » Ses coups de canif, à elle, on ne les compte pas. — Le beaucoup d’enfants se réduit à deux que la dame lui a donnés ou prêtés. […] Son Altesse Sérénissime répondit tout en piss… : « Mortaigne, prenez garde de prendre votre c… pour vos chausses. » Sans doute, ajoute M. de Voyer, que ce prince sentit l’absurdité de tirer d’un point aussi éloigné que la droite le secours nécessaire à la gauche ; mais il eut la faiblesse de ne pas s’opposer à ce ridicule arrangement. » Supposez un moment en imagination que le prince de Condé, dans la gloire des journées de Rocroy et de Lens, et à la faveur d’un songe comme le figurent les poëtes épiques, aperçoive tout à coup, dans l’avenir, un de ses descendants perdant une bataille dans une telle posture et sur un tel mot, et demandez-vous ce qu’il en dira !
Il méprisa du même coup la raison, l’ordre, l’économie, domestique et les mœurs qu’on a l’habitude d’honorer. […] Le libertinage à la Watteau de ses Fêtes galantes, le libertinage plus dénoué des Chansons pour Elle, ne fut pas chez lui davantage une attitude que les coups frappés sur la poitrine, les confiteor et les ave de Sagesse et de Bonheur. […] Le schème est connu : on frappe sa renommée par un coup d’excentricité, et, l’attention acquise, des platitudes la gardent. […] J’entends bien qu’un bloc-notes, au premier jour du deuil, une notice, fabriquée à minuit et dictée aux typographes à coups de Vapereau est précieuse pour les conversations qui s’engagent le lendemain au dîner.
L’activité ne survient donc pas après coup par-dessus le plaisir ou la douleur, comme une force nouvelle qui interviendrait pour les satisfaire ; l’activité est déjà au fond du plaisir et de la douleur, qu’on ne doit pas se représenter comme des états entièrement passifs et inertes ; elle ne fait que se continuer, plus ou moins transformée, pendant le plaisir et après le plaisir, pendant la douleur et après la douleur. […] Multiplicité d’individus comme base de la loterie, coups de dé heureux dus au hasard, telles sont donc bien les deux conditions caractéristiques de la sélection naturelle. […] Ce mouvement sera arrêté du coup. […] C’est précisément pour cela que nous objectivons les sensations, que nous prolongeons hors de notre conscience la série qui y fait irruption tout d’un coup.
Même aux jeunes garçons, sous l’airain des combats, La boucle à flots tombants, certes, ne messied pas : Qu’Euphorbe si charmant, la tête renversée, Boive aux murs d’Ilion la sanglante rosée, C’est un jeune olivier au feuillage léger, Qui, tendrement nourri dans l’enclos d’un verger, N’a connu que vents frais et source qui s’épanche, Et, tout blanc, s’est couvert de fleurs à chaque branche ; Mais d’un coup furieux l’ouragan l’a détruit ; Il jonche au loin la terre, et la pitié le suit. […] « J’étais, me dit un jour un ami voyageur, D’un souvenir lointain ressaisissant la fleur, J’étais en Portugal, et la guerre, civile, Tout d’un coup s’embrasant, nous cerna dans la ville : C’est le lot trop fréquent de ces climats si beaux ; On y rachète Éden par les humains fléaux.
« Voici ce que m’a dit Jéhovah, ajoute à l’instant le poète en se transportant tout à coup dans la personne et dans la pensée de Saül, devant qui et pour qui il chante. […] » On peut supposer entre ce vers et celui qui va suivre un long repos rempli par un gémissement en refrain de sa harpe, gémissement interrompu tout à coup par ce cri de défi à ses persécuteurs et d’assurance dans son Dieu : « Mais toi, Jéhovah ! […] « Mon visage s’amaigrit de mes angoisses ; la multitude de mes douleurs vieillit avant le temps ma face. » Ici on ne sait quel esprit soudain de jubilation et d’innocence saisit tout à coup le poète et le malade. […] » Mais un juste orgueil, dérivant de la grandeur de sa destinée, arrête tout à coup le poète et le fait passer de l’humilité de sa condition de fils de la mort à l’orgueil de sa destinée morale. […] « Tu passas à travers la mort, et on ne revit pas même l’empreinte de tes pas. » Tout à coup, dans une série de cantiques, il chante en hymne l’épopée du peuple de Dieu.
Si les femmes combattaient comme l’homme, chaque coup mortel tuerait en elles deux êtres au lieu d’un ; l’enfant dans son sein ou à sa mamelle périrait en même temps que la mère ; les carnages humains seraient doubles, l’humanité serait décimée dans sa source comme dans sa fleur. […] Elle n’eut pas d’enfance ; elle grandit et fleurit, comme une plante rare en serre chaude, sous la vertu de sa mère, sous la gloire de son père, sous les caresses et sous les admirations précoces des familiers illustres de la maison : ébauche de statue destinée au piédestal, sans cesse exposée dans le salon de son père comme dans un atelier de gloire à laquelle chacun des hôtes de la maison donnait tour à tour son coup de ciseau ! […] Elle fut étourdie comme tout le monde du coup, sans en sentir au premier moment toute la portée. […] Ce fut surtout le coup d’État contre la philosophie. […] Négliger madame de Staël était un coup d’État contre Paris plus dangereux peut-être que celui de Saint-Cloud, un coup d’État contre l’opinion, contre la popularité, contre la littérature, contre la conversation, contre les salons.
elles vous répondent : Et quel autre que le sculpteur souverain pouvait frapper de ces coups qui fendaient le rocher ; Moïse du ciseau, qui au lieu de l’eau fait jaillir la pensée et la vie de la pierre ? […] Tel apparut, dès le premier coup de ciseau, Michel-Ange aux Médicis. […] Ce n’est qu’une ébauche à grands coups de maillet ; mais cette ébauche respire la liberté jusqu’à la mort, et le patriotisme jusqu’à la férocité. […] Ses vers sanglotent comme son cœur, ses strophes n’ont d’autre harmonie que le déchirement de la corde qui résonne, mais en se brisant sous le coup. […] Les poésies de Michel-Ange, élevées par le pur amour au diapason mystique et platonique de la femme qui épure son âme en l’embrasant, ont dans leurs vers quelque chose de viril, de fruste et d’ébauché qui rappelle le coup de ciseau magistral mais inachevé du buste de Brutus.
Le coup direct fut remplacé par le contre-coup. […] Masabatès, l’eunuque favori du roi, se vantait d’avoir coupé la tête du jeune prince : elle propose à son fils une partie de dés, perd du premier coup mille dariques, demande sa revanche. […] C’est alors qu’éclate ce dialogue où la louange de la cité de Pallas sort d’un tour si imprévu et si fier ; Atossa interroge et les réponses retentissent comme des coups de ciseau taillant une statue superbe. […] Ni répits ni trêve, ni reprise d’haleine : la foudre, en un coup, dit son dernier mot. […] je multiplie les coups sur mon sein !
Les coups portés de bas en haut sont toujours mortels. […] Chaque trait frappe, chaque mot porte coup. […] Vous croiriez voir la Laïs antique, tuée, à coups d’aiguilles, par les femmes d’Athènes. […] Tout d’un coup, la porte s’ouvre et la comtesse envahit la chambre, avec la fougue d’une lionne échappée rentrant dans son antre. […] On peut discuter et contester en tous sens ce coup d’État tragique de l’honneur offensé.
Un coup de tonnerre singulier en Bavière. […] Je vois tout à coup cette fille venir droit à moi et me prendre — j’étais son maître et là, elle, c’était une esclave — me prendre par les cheveux de la nuque, en me disant : “Viens ! […] Axenfeld déjà souffrant, d’abord silencieux, se levant tout à coup et dominant les paroles tumultueusement confuses : « Moi, s’écriait-il, je mourrai du cerveau », — et il se mettait à raconter sa mort, telle qu’elle arriva. […] Le jeune Giraud revenant chez lui avec son enfant de chœur sur les bras, s’approchait d’une de ces peu vertueuses demoiselles, et détachait d’un coup de clef, un éclat du bas de pain de sucre, moyennant quoi, il obtenait de toucher un rien à ses charmes. […] * * * — Où m’a-t-on dit, ces jours-ci, que les coups de corde, en Angleterre, se donnaient, à l’heure qu’il est, avec une mécanique.
Et c’est son émotion presque religieuse, quand elle est intense, qui fait, du même coup, la beauté de son talent et de son histoire. […] appelleront-ils cette histoire, pour parler comme eux de ce qu’il y a de plus enthousiaste, et de plus beau, et de plus sacré : « une blague, dans laquelle on s’est monté le coup » ? […] … Carlyle s’en tira avec deux ou trois coups de pinceau qui firent penser tout ce qui est capable de penser. […] Avec son livre inattendu des Origines de la France contemporaine, le révolutionnaire espéré a envoyé promener du coup les espérances de ceux qui en mettaient sur lui. […] Ils souffrirent dès le premier coup porté à l’honneur et à la mémoire de leurs pères, et ils poussèrent un cri, bientôt étouffé ; — car il ne faut pas qu’on croie jamais mortelle la blessure dont on peut mourir !
Un petit coup de musique religieuse. […] J’oubliai, d’un coup, les notes, le doigté, le morceau que je savais par cœur. […] Un coup sourd et secret. […] Coup d’essai, coup de maître. […] Alors, un petit coup de clé anglaise sur le crâne d’un bijoutier.
Je m’en console : le voyage de ma douloureuse vie est bien avancé. » La mort de sa mère fut un dernier coup et l’étonna comme s’il n’était pas dans l’ordre naturel que les fils survécussent à leur mère. […] une existence douce, aimable, à ses foyers ; une grâce simple dans les manières, quelquefois une espèce d’enfance qui joue sérieusement : et tout à coup ensuite sur la scène une existence immense, extraordinaire, terrible, avec une figure grecque et pure et les fureurs d’un lion réveillé. […] Ceci est un trait d’audace, un coup de parti : Audaces fortuna juvat. […] Je suis devenu avare : mon trésor est la solitude ; je couche dessus avec un bâton ferré, dont je donnerais un grand coup à quiconque voudrait m’en arracher. » « La solitude est plus que jamais pour mon âme ce que les cheveux de Samson étaient pour sa force corporelle. » Mais cette solitude n’est pas tout à fait aussi farouche qu’elle en a l’air ; et avec toutes ces austères résolutions, si un ami arrive, il est du plus loin le bienvenu : « Il y a des voix humaines que j’aime à entendre résonner dans ma Thébaïde. […] Il y aurait pourtant des fidèles qui, avertis par le coup de cloche, ne manqueraient pas d’accourir à la fête de ce Paul Ermite, de ce saint Jérôme de la poésie.
Horace, du coup, en prend une idée de l’Andalousie, des belles Andalouses, du boléro dansé sur place, et d’un combat de taureaux. […] Le reste de la troupe était occupe à conduire le troupeau de bœufs qui semblaient se révolter d’être faits prisonniers, tandis que les hommes qui se trouvaient dans le même cas marchaient tristement la tête baissée, comme attendant et se préparant au coup qui devait bientôt la faire rouler dans la poussière. […] Un accident qui parut d’abord sans conséquence, une chute qu’il avait faite à Hyères, et dont le coup porta sur la poitrine, amena les suites déplorables qui ont hâté sa fin. […] » — « Trente sous. » — « Ça va. » — Et en quelques coups de pinceau, il vous a enlevé une charmante esquisse du cuirassier. […] Donnez votre pinceau. » — Et il se met devant la toile, et il fait le cheval, non sans donner quelques petits coups de pinceau encore à droite et à gauche, et laisse le jeune homme confus et reconnaissant.
Autre avantage des incognitos : les reconnaissances s’y attachent ; ce sont de bons coups de théâtre ; et rien n’est plus commode que d’y emboîter un dénouement. […] Il dirige son action, il donne « le coup de pouce », pour amener telle situation, tel jeu de sentiment, tel tableau, sur lesquels il compte. […] Montrer dans Brutus des sénateurs en robe rouge, faire tirer un coup de canon dans Adélaïde du Gueselin et y mettre le bras d’un prince du sang de France en écharpe, costumer Lekain en Tartare avec un grand arc à la main et de farouches plumes ondoyant sur un casque invraisemblable dans l’Orphelin de la Chine, voilà les inventions par lesquelles Voltaire remédie à la froideur de la tragédie.
Est-ce que cela ne le met pas, du coup, au rang des plus rares privilégiés de la vie ? […] Il a lu les romans de Tolstoï et de Dostoiewski, et cela lui a donné un coup comme si ces Russes avaient découvert la charité et comme s’il n’en eût jamais entendu parler avant. […] Rod n’en existe pas moins, et il valait la peine de le décrire, ne fût-ce que pour que nous en sentissions la honte et que nous eussions le désir de le secouer d’un coup d’épaules, en rentrant des livres dans la vie.
C’est le vrai du vrai, c’est la première fraîcheur de la source, c’est l’enfant ébouriffé avant le coup de peigne de sa mère ! […] C’était bien la peine de se peindre en Corinne au Capitole pour que, quelque quarante ans après votre mort, une femme, un bas-bleu, dont le bleu n’est que la teinture de plusieurs autres auxquels elle s’est frottée et qui veut que ce bruit lui revienne et lui profite, se lève tout à coup et dise : Écoutez comme elle se mouchait ! […] Et depuis, si Mme de Staël fut exilée, elle qui compta bien moins, pour les salons, par son esprit que par ses deux cent mille livres de rente, ses relations et la position qu’avait eue son père, ce n’est pas que l’Empereur eût peur de ces salons dont on la disait la reine, mais c’est qu’il était agacé d’entendre toujours tomber de petits coups d’éventail sur son sceptre ; c’est que les lions, tout lions qu’ils soient, s’impatientent et jouent de la griffe, quand une mouche, fût-elle bleue, leur entre dans le nez !
Et ce ne fut pas tout : après Mallet-Dupan, longtemps après Mallet-Dupan, tué par le royalisme et qui n’était, après tout, qu’un écrivain resté sur les hauteurs de la pensée, le royalisme tua, mais sur le terrain de l’action, des hommes de gouvernement comme le duc de Richelieu, de Serres, Villèle et Martignac, ministres parlementaires, renversés par d’indignes coalitions de Parlement, qui en même temps, du coup, tuèrent la monarchie que ces ministres essayaient de fonder. […] Il haïssait son successeur, et, d’un coup, il faisait coup double.
peut-être au temps des neiges d’antan, — dans les langues quelconques, par les premiers gens d’esprit qui les parlèrent ; des idées qui adhèrent encore à ces langues, malgré les coups de hache et les coups de lime du Temps. […] Il y a parfois de grands noms qui se dressent tout à coup du pied d’une maxime, comme, par exemple, Salomon dans l’Ecclésiaste, et Pythagore dans les Vers dorés.
Nous espérons que les conclusions de l’auteur, mises sous ce patronage qui les éclairera en les soutenant et les fera mieux voir encore, saisiront l’attention de l’administration supérieure et pourront devenir, sous son action souveraine, comme une médaille frappée du coup de balancier définitif, toute une législation future. […] Entreprise énorme et difficile, que César Daly, après douze années et à travers tous les obstacles, a menée à bonne fin avec un talent qui tient du miracle, et qui, comme artiste réalisant, l’a, du premier coup, très grandement classé. […] Nous avons bien senti quelques coups de talon de cet enfant enfermé dans les entrailles du siècle, mais ç’a été tout… Naîtra-t-il ?
On a dit que ce régicide ne le devint que parce qu’on avait tué son père, en supprimant son Année littéraire au nom du roi, rendant ainsi, coup pour coup, à la royauté, le coup qu’il avait reçu d’elle… Crime plus grand que dans un autre, dans le fils d’un homme comme Fréron, qui dérogea si épouvantablement à sa naissance et aux vertus de son père, et à qui on pourrait appliquer le mot grandiose et terrifiant de Chateaubriand, parlant d’un autre fils coupable : « Si son père l’eût su dans sa tombe, il serait revenu lui casser la tête avec son cercueil !
L’Église retrouvait tout à coup ses ennemis du dix-huitième siècle, non plus insolents, épigrammatiques et frivoles, comme au temps de Voltaire et de Montesquieu, mais respectueux, dogmatiques et profonds, et qui avaient inventé pour draper leur haine deux superbes manteaux dont celui de Tartufe n’aurait été qu’un pan, l’éclectisme et l’impartialité. […] Était-ce de peur d’irriter l’ennemi, ces lions prudents, ou le ton du livre en avait-il adouci les coups ? […] Cette critique, qui s’en prend aux textes et qui s’est faite aussi fine aussi déliée, aussi imperceptible à l’œil nu ou inattentif, que ce tas d’erreurs, qui, pour peu qu’on les voie, nous aveuglent bien souvent comme la poussière, cette critique aiguë, suraiguë, à mille coups d’aiguille qui percent et déchiquètent à force de percer, l’Histoire contemporaine n’en a soufflé mot.
Sans le chrétien Napoléon, qui se mit tout à coup à faire les affaires de Dieu, et quelques esprits du plus haut parage, comme le vicomte de Bonald, qui, par parenthèse, traita Cabanis dans ses Recherches philosophiques comme plus tard M. de Maistre traita Bacon, le Matérialisme passait presque à l’état d’institution politique. […] Cousin, toujours poli, en sa qualité d’éclectique, effaçait Locke… d’un coup de chapeau. […] Il ganta sa main et masqua son visage, et l’on vit jusqu’à ce lion de Broussais dont Pariset disait : Quærens quem devoret , devenu tout à coup d’une prudence antipathique à son génie, mettre une sourdine à sa voix rugissante et inventer, pour mieux cacher le secret de la comédie, ce mot d’ontologie qui signifiait toutes les chimères et toutes les sottises de la religion, de la métaphysique et de la spiritualité !
La philanthropie, qu’il avait jusque-là évitée, emboîte le pas tout à coup à cet écrivain rapide et pratique qui marchait plus vite qu’elle, et on le regrette. […] Quoique, après tout, l’éclat de rire soit le coup de fouet final et mérité qu’on puisse appliquer sur le râble de ce singe féroce qui a l’ingénuité de ses instincts puérils ou monstrueux, cependant la raillerie de l’écrivain serait plus noblement limitée et l’accent général de son livre y gagnerait si, au lieu de voir uniquement dans Soulouque le masque d’une individualité singulière, il voyait davantage en lui la nature et la destinée de sa race. […] Voilà, selon d’Alaux, l’explication et la clef de ce phénomène, qui s’appelle pour l’heure Faustin Ier, de la tyrannie indurée de cet homme, arrivé au pouvoir en se frottant les yeux, comme l’Éveillé de la comédie, sans parti pris, sans intention que d’imiter Richer, non parce qu’il était le plus intelligent de ces souverains de pas sage, mais parce qu’il était le dernier passé, et qui trouve tout à coup dans sa religion de barbare, dans sa terreur des sorciers et dans son fétichisme méprisé, une initiative qui fait de lui le représentant le plus pur qu’ait jamais eu à Haïti le parti ultra de la réaction africaine !
Je le tiens aussi pour l’auteur de ce livre, signé « Vacquerie », parce que ce livre est le plus ingénieux moyen qu’ait pu inventer une vanité aussi vaste, aussi profonde et probablement aussi blasée sur toutes les formes de l’admiration que doit l’être celle de Hugo, pour se donner la sensation dernière d’un coup d’encensoir qu’il puisse sentir encore, après en avoir tant recul II fallait, par Dieu ! […] Aveu formel, pour le coup, et révélateur ! […] Or, voilà que Vacquerie, si c’est lui qui, en ce livre des Premières années de Paris, hugotise avec cette perfection, ébréche sa divinité du coup de sa petite humanité travailleuse, à lui, Vacquerie !
Mais nous avons appris tout à coup que MM. de Goncourt devenaient romanciers, et romanciers contemporains, romanciers du dix-neuvième siècle, et qu’ils quittaient leur vieux vestiaire du dix-huitième siècle pour l’observation présente, la vie vivante, la réalité ! […] Comparez Charles Demailly, le nerveux et pâle héros du roman, qui épouse une actrice après un amour à la fenêtre et pour faire des poses de tableautin dans sa chambre à coucher, et puis qui, s’apercevant après son mariage qu’une actrice n’est jamais une femme, mais des bouts de rôle cousus à des grimaces, devient fou de la découverte ; comparez-le à l’ambitieux et superbe Lucien de Rubempré, qui fait presque sauter les carreaux de la Conciergerie en s’y pendant, confessé par Vautrin, le faux prêtre, qui se convertit du vol à l’espionnage sous le coup de la plus monstrueuse des douleurs. […] mais que la réminiscence a été involontaire, elle, en ces deux esprits sonores qui, sous la vibration de la lecture de Balzac, bruissent encore, mais comme une guimbarde qui ferait écho à un coup de gong !
Il est en butte aux injures et aux coups. […] Il leur rendra les coups reçus par l’enfant. […] … Tout d’un coup, il semble que M. […] Augier ne procède pas par coups d’audace. […] Les hommes ne sont pas plus que les femmes à l’abri de ces coups de folie.
Quoiqu’il eût donné quelques opuscules auparavant, ses Considérations sur la Révolution française, en 96, furent son premier coup d’éclat et de maître. […] Les années qui s’écoulèrent jusqu’au coup de tocsin de la Révolution française le laissèrent tel sans doute, étudiant et méditant beaucoup, mûrissant lentement, mais ne se révélant pas tout entier aux autres ni probablement à lui-même. […] Le maire de Montagnole continue de prendre ses compatriotes par tous les bouts, par l’énumération de tous leurs griefs, en réservant pour le dernier coup l’intérêt de la religion catholique si cher aux populations. […] Il était pénétré du gouvernement temporel de la Providence et en avait vu les coups de foudre dans notre Révolution ; mais, au lieu de se borner à reconnaître et à constater, il s’avisa de vouloir compter en quelque sorte ces coups, d’en sonder la loi mystérieuse et de remonter au dessein suprême. […] Il n’entre dans mon dessein ni dans mes moyens de discuter historiquement un livre tel que celui du Pape ; dogmatiquement, ce n’est point aux sceptiques qu’il s’adresse, la couleuvre serait trop forte du premier coup.
Elle boit, et tout à coup elle se prend le côté en gémissant. […] Mais il vit tout à coup deux anges voler. […] Nous arrivions à peine sur le plateau, lorsque, tout à coup, le ciel se rembrunit. […] Tout à coup, l’un d’eux cria : « Au rideau ! […] À son retour de Londres, Voltaire fut tout à coup enragé là-dessus.
Un jour un peintre habile avait à peu près terminé une marine dans une gamme très-haut montée : il ne lui manquait plus qu’un coup de canon qu’il ne savait trop comment faire. Il le demande à Horace qui lui fait un coup de canon vrai, tel qu’il en avait vu. […] « Enfin, mon cher, vous avez voulu un coup de canon, le voilà ! […] Puis tout à coup nous entrons dans le palais du Bey : tout change. […] Or, il arriva qu’en voulant préluder au concerto de Weber, je me laissai entraîner, sans m’en apercevoir, à la fantaisie ; tout à coup je songeai que je ferai plaisir à Vernet en prenant ces deux thèmes, et je me mis à les travailler pendant un moment avec fougue.
C’était comme le murmure lointain du vent dans les bois, qui vous frappe l’oreille avec les bruissements des feuillages et qui vous dit : « Tu es seul, tu es mélancolique ; resserre ton cœur ; jouis de ta solitude et de ta tristesse, et laisse les autres jouir du bruit qu’ils font ; ce qui t’attend ce soir vaut mieux que ce vain tumulte. » IV Quand mon ami, avant d’aller dans le monde, entrait un moment dans ma chambre pour étaler son costume devant ma cheminée, je le regardais en souriant d’une certaine pitié sans envie, et je lui disais : « Va te montrer, mais voici l’heure où, quand tu seras parti, je m’isolerai dans mon manteau ; je me glisserai sans bruit le long des murailles et j’irai attendre, sur le quai du Louvre, qu’une lumière solitaire s’allume, entre deux persiennes, pour m’annoncer que le dernier visiteur est retiré du salon, et pour laisser place à l’ami inconnu qui rôde dans le voisinage, comme l’âme cherchant son corps et n’en voulant point d’autre dans la foule de ceux qui ne sont pas nés. » V Il sortait, et je restais seul au coin de mon feu, un livre à la main, jusqu’à ce que la cloche de Saint-Roch sonnât onze heures, et que ce même onzième coup sonnât de l’autre côté de la Seine, dans un cœur qu’il faisait transir ou frissonner. […] XI Qu’était-ce donc que ce génie inconnu qui se révélait tout à coup aux hommes ? […] Il avait paru tout à coup à son siècle, un livre à la main. […] La lettre était cruelle : « Mon ami, nous venons de perdre la meilleure des mères : je t’annonce à regret ce coup funeste… Quand tu cesseras d’être l’objet de nos sollicitudes, nous aurons cessé de vivre. […] Tout à coup j’entendis le murmure d’un vêtement sur l’herbe, et une femme à demi voilée vint s’asseoir à mes côtés.
Il reçut ce coup avec sa sérénité habituelle. « J’aime mieux, dit-il à l’abbé de Langeron qui accourut pour lui apprendre ce malheur, que le feu ait pris à ma maison plutôt qu’à la chaumière d’une pauvre famille. » Cependant Bossuet fulminait de sévères censures contre le livre de Fénelon, à qui le roi enjoignit de quitter Versailles et de se rendre à Cambrai, sans s’arrêter à Paris. […] Il n’eut pas le temps d’échanger une seule parole avec son frère, qui lui avait apporté le coup pour l’adoucir. […] « Dieu, lui écrivait-il, vient de frapper un grand coup ! mais sa main est souvent miséricordieuse dans ses coups les plus vigoureux. […] Le coup fut aussi prompt que terrible.
Jamais il ne rime au petit bonheur, par à peu près, à coups d’épithètes incolores, « à la Voltaire ». […] Voici maintenant trois vers, où non les rimes seules, mais tous les mots, sont choisis pour la qualité expressive de leur son : Sous les coups redoublés tous les bancs retentissent ; Les murs en sont émus ; les voûtes en mugissent ; Et l’orgue même en pousse un long gémissement. […] Ce n’est pas là une transposition laborieusement étudiée : l’auteur ancien n’a fait que toucher pour ainsi dire en lui l’image à réveiller, et du fond de son expérience a surgi tout à coup, entre les lignes du texte latin, une physionomie familière et contemporaine. […] Depuis sa première enfance, il vit dans le tumulte de la grande ville ; de sa guérite au-dessus du grenier, dans la maison de la cour du Palais, son oreille perçoit chaque jour la clameur aiguë et matinale des coqs, et tous ces bruits de la cité laborieuse qui s’éveille, les coups de marteau du serrurier voisin, les maçons chantant ou s’injuriant sur leurs échafaudages, les charrettes roulant sur le pavé, les courtauds ouvrant les boutiques avec un grand bruit de volets choqués et de voix, et puis les cloches des vingt-six églises ramassées dans l’étroite enceinte de l’île Notre-Dame. […] Il n’y a même pas d’esprit dans tout cela, ou s’il y en a, c’est de l’esprit de peintre, un esprit qui n’est pas dans les idées, leurs qualités et leurs rapports : il est dans le coup de crayon, dans le trait qui accuse un contour expressif, dans le rendu dont la vigoureuse fidélité fait le comique.
Ce serait là une lourde accusation, que j’ignorerais cependant, si y répondre n’était, du même coup, éclairer bien des choses. « Question wagnérienne et question personnelle », ai-je mis en tête de cet article ; et mes lecteurs comprendront que ma propre sécurité doit être la garantie, pour eux, de ma franchise et de mon exactitude absolue. […] Cependant l’industrie des marchands de lorgnettes a subi un coup : depuis l’incendie de l’Opéra-Comiquew, elle est plongée dans un douloureux marasme. […] » Cette année-ci, le coup de Benvenuto ayant déjà servi, on a préféré celui des Troyens. […] Berlioz, meurt, honni : et tout à coup l’on s’aperçoit que c’est lui le victorieux ; Manet s’en va, dans la force de son talent, et, en réalité, c’est M. […] Encore un coup, si les ennemis de Lohengrin se réclament de Berlioz, c’est uniquement pour donner le change aux naïfs.
C’est une surprise émouvante que cette rencontre subite, et la simple antithèse qu’elle met en scène produit l’effet d’un coup de théâtre. […] Imaginez une tzarine, chassant à coups de fouet un moujik sur qui son caprice serait descendu. […] Leurs récriminations se croisent comme des coups de poignard. […] Ce coup de sonnette banal, qui a tinté dans tant de vaudevilles et de mélodrames, termine par un lieu commun une scène enflammée. […] Ici, Rodin travaille au rabais ; il frappe à coups d’épingle, il ajuste des manigances, il barbote platement en eau trouble.
Que de machines qui devaient anéantir, en un clin d’œil, les armées prussiennes et qui, examen fait, auraient crevé dès le premier coup. […] Le coup part, elle tombe raide morte ! […] Le fusil a porté, mais l’arme morale a dévié ; ce dénouement fait faux coup. […] C’est un crescendo de colère, d’exaltation et d’amour qui s’enfle et bouillonne, mettant à nu son coeur déchiré… Tout à coup Raymonde se retourne, aperçoit le regard de son mari fixé sur elle, avec une stupeur douloureuse. […] s’écrie-t-elle. — Nous la garderons. » Le coup de théâtre est superbe, mais difficile à croire autant qu’un miracle.
Il avait des pensées grandes, élevées, sublimes, dignes de Vico sinon de Platon, dignes de la Grande-Grèce, et tout à coup ces pensées étaient déjouées par des lazzis, des calembours, par du bouffon, et du plus mauvais : « Mais voilà comme je suis, disait-il agréablement, deux hommes divers, pétris ensemble, et qui cependant ne tiennent pas tout à fait la place d’un seul. » Lu aujourd’hui, l’abbé Galiani perd beaucoup ; il fallait l’entendre. […] parce que dix ou douze coups de dés sont sortis du cornet de manière à vous faire perdre six francs, vous croyez fermement que c’est en conséquence d’une manœuvre adroite, d’une combinaison artificieuse, d’une friponnerie bien tissue ; et, en voyant dans cet univers un nombre si prodigieux de combinaisons mille et mille fois plus difficiles et plus compliquées, et plus soutenues, et plus utiles, etc., vous ne soupçonnez pas que les dés de la nature sont aussi pipés, et qu’il y a là-haut un grand fripon qui se fait un jeu de vous attraper, etc. » Morellet ne fait qu’indiquer le canevas de ce développement, lequel, dans la bouche de Galiani, était, assure-t-il (et on le croira sans peine), la plus piquante chose du monde et valait le spectacle le plus amusant. […] Chez lui, un raisonnement sérieux et profond se tourne tout à coup en calembour. […] Galiani n’avait pas attendu l’éveil et le coup de tocsin de la Révolution française pour se méfier des hommes d’État optimistes et rationalistes, de ces honnêtes gens comme on en a vu sous Louis XVI et depuis, qui oublient trop les vraies, les réelles et toujours périlleuses conditions de toute société politique : Croyez-moi, disait-il, ne craignez pas les fripons, ni les méchants, tôt ou tard ils se démasquent : craignez l’honnête homme trompé ; il est de bonne foi avec lui-même ; il veut le bien, et tout le monde s’y fie ; mais malheureusement il se trompe sur les moyens de le procurer aux hommes. […] Paul Ristelhuber, a eu l’idée, quinze ans après (1866), de faire un choix dans Galiani, de découper un certain nombre de passages dans sa Correspondance et ailleurs, et il a publié ce petit travail qui ne lui a pas donné grand-peine, qui ne lui a coûté que quelques coups de ciseaux, sous ce titre un peu prétentieux : Un Napolitain du dernier siècle.
On se relève du Dorat et des traits que peuvent lancer des adversaires de ce calibre ; mais on reste abîmé sous des coups comme ceux que Le Brun vient de frapper. […] Mais une fois jeté en prison (avril 1794), détenu au Luxembourg, La Harpe, avec cette âpre personnalité qu’on lui connaît, s’étonna plus qu’un autre d’avoir été atteint ; l’idée de la mort lui apparut, son imagination lui fit tableau ; il fut en proie à un grand tumulte, et, dans ce bouleversement de tout son être, il sentit une révolution s’opérer en lui : il eut le coup de foudre, ce qu’on appelle le coup de la grâce, qui le renversa et le retourna. […] La Harpe nous est représenté à dîner chez un riche banquier, un peu avant le dessert ; il est dans cette disposition heureuse de cœur et d’estomac qui porte à l’indulgence : rien de ce qu’il aimait n’avait manqué au repas ; il était réconcilié avec les hommes ; il aurait trouvé de l’esprit à Saint-Ange, du jugement à Mercier, de la décence à Rétif, de la douceur de caractère à Blin de Sainmore ; enfin, il aurait accordé du talent à d’autres qu’à lui, quand tout à coup il se lève de table et disparaît : Après une assez longue absence, la maîtresse de la maison le fait chercher : on ne le trouve point. […] Cette fois, c’est Chamfort qui revient à la charge avec le rire du sarcasme (car le caractère et le ton de chaque interlocuteur sont très bien observés), et il reçoit sa réponse à son tour : « Vous, monsieur de Chamfort, vous vous couperez les veines de vingt-deux coups de rasoir, et pourtant vous n’en mourrez que quelques mois après. » Ensuite, c’est le tour de Vicq d’Azyr, de M. de Nicolaï, de Bailly, de Malesherbes, de Roucher, tous présents : chaque convive curieux qui vient toucher Cazotte reçoit l’étincelle à son tour, et cette étincelle est toujours le coup de foudre qui le tue. […] C’est à Robespierre surtout qu’il s’attache à porter les plus rudes coups : « Un Robespierre !
Tous ces gnomes en toque lui présentent en criaillant « leurs petits » systèmes de droit romain, leurs petites doctrines sur les emphythéoses, lorsque tout à coup la déesse se soulève avec un cri : « Taisez-vous ! […] Ce partage de la sensibilité entre les deux affections contraires les plus puissantes, cet acharnement d’une lutte où chaque coup porté ensanglante deux poitrines, fait des ironies du poète allemand quelque chose de tragique et d’insensé ; ces éclats de rire stridents qui partent au bout des pièces les plus calmement rêveuses, avec une dissonance accrue par la traîtrise des débuts pacifiques, ce passage d’un état d’âme paisible à une subite crispation de douleur, la révulsion nerveuse qui s’est opérée tout à coup dans l’esprit de l’amant accusent devant le lecteur comme un commencement de démence, une sorte de spasme hystérique, un excès de douleur morale que l’âme ne peut souffrir sans être arrachée de ses gonds. […] Il y a là les enivrements d’un amour éclos dans « le beau mois de mai », une fille froide comme une vieille rouée, vide d’âme comme une morte, des ironies cinglantes, des abandons de tristesse, des abattements navrés, la douceur d’une âme rompue et endolorie, des coups d’ailes d’espoir, des reproches ingénieux et soumis qui attendent humblement un mot amical, puis la rupture irrémédiable, et la menace, au bout d’une chanson, du dénouement funèbre de Werther. […] La maladie lente qui le consuma à petits coups, opéra sur son esprit comme ces réactifs subtils de la chimie, qui dans un mélange respectent les composés cohérents, et dissolvent les instables.
Une leçon qui est un homme, un mythe à face humaine tellement plastique qu’il vous regarde et que son regard est dans un miroir, une parabole qui vous donne un coup de coude, un symbole qui vous crie gare, une idée qui est nerf, muscle et chair, et qui a un cœur pour aimer, des entrailles pour souffrir, et des yeux pour pleurer, et des dents pour dévorer ou rire, une conception psychique qui a le relief du fait, et qui, si elle saigne, saigne du vrai sang, voilà le type. […] Quelquefois, à un moment donné, le type sort tout fait d’on ne sait quelle collaboration du peuple en masse avec un grand comédien naïf, réalisateur involontaire et puissant ; la foule est sage-femme ; d’une époque qui porte à l’une de ses extrémités Talleyrand et à l’autre Chodruc-Duclos, jaillit tout à coup, dans un éclair, sous la mystérieuse incubation du théâtre, ce spectre, Robert Macaire. […] Mercure, ami de tout le monde, vient lui donner des conseils de lendemain de coups d’état. […] La brûlure des coups de foudre donne une cuisson qui est un continuel appel à la fierté. […] Coups d’épée à Polonius, coups d’épée à Laërtes, coups d’épée à Claudius.
… Pourquoi n’a-t-il fallu rien moins que les deux volumes que voici : — les Études de critique littéraire, — les Études de littérature et d’histoire, — pour me faire une opinion toute contraire à celle que sur des souvenirs d’articles lus en courant, ici ou là, j’avais gardée de l’écrivain qui, un jour, allongea à la littérature facile ce fameux coup de fouet qui a tant claqué et dont peut-être elle s’est vengée en calomniant son esprit, — en faisant de cet esprit ce qu’il n’était pas2 ? […] Il ne se fût pas livré au plaisir d’allonger un coup de griffe posthume à une grande mémoire. […] Enfin, car voici le coup de théâtre final… et féminin de toutes ces petites médisances qui ressemblent à des turlututus d’un sou, il n’était pas laid, lord Byron ! […] Comme Achille, il demeurera éternellement dans nos esprits le jeune homme à la beauté divine, vulnérable seulement au talon, comme l’était Achille, et la flèche de l’étrange Pâris que le sort aujourd’hui lui envoie ne portera pas plus coup que le trait imbécile du vieux Priam ! […] Nisard, « appelle la pitié sur ses mains saignantes des coups qu’il a portés au genre humain ».
Tout à coup il se trouve transporté au milieu du bassin de la place des Consuls ; une rampe de feu court le long des chaînes qui relient les grosses bornes placées autour du bassin. […] Supposons que se fasse tout à coup sentir le contact du corps avec la chemise ; le dormeur se rappellera qu’il est vêtu légèrement. […] Remarquez, dans les cas où vous vous sentez voler, que vous croyez lancer votre corps sur le côté à droite ou à gauche, en l’enlevant d’un brusque mouvement du bras qui serait comme un coup d’aile. […] Une mère qui dort à côté de son enfant pourra ne pas entendre des coups de tonnerre, alors qu’un soupir de l’enfant la réveillera. […] Or, une multitude aussi grande qu’on voudra d’images visuelles peut être donnée tout d’un coup, en panorama ; à plus forte raison tiendra-t-elle dans la succession d’un petit nombre d’instants.
L'œuvre de Raspail comptera dans la science et portera coup à l’étranger. […] Le drame moderne, ce géant superbe et insolent, ce Goliath, est tombé net à plat sous le coup de fronde d’un enfant.
. — Tout à coup parut dans le fond de la rue une troupe à cheval, mais d’hommes et de chevaux écorchés. […] Elle défila pendant plus de cinq heures ; enfin la file se termina et fut suivie par une immense quantité de voitures d’artillerie chargées de cadavres déchirés, mais encore palpitants ; une odeur infecte de sang et de bitume m’étouffait… quand tout à coup la grille se referma avec violence et je me réveillai.
Le contour particulier du trait avec lequel chaque homme forme les vingt-quatre lettres de l’alphabet, les liaisons de ces caracteres, la figure des lignes, leur distance, la perseverance plus ou moins longue de celui qui a écrit à ne point précipiter, pour ainsidire, sa plume dans la chaleur du mouvement, comme font presque tous ceux qui écrivent, lesquels forment plus exactement les caracteres des premieres lignes que ceux des autres lignes, enfin la maniere dont il a tenu la plume, tout cela, dis-je, donne plus de prise pour faire le discernement des écritures que des coups de pinceau n’en peuvent donner. […] On ne connoît pas de même si des coups de pinceau sont étudiez, et l’on ne démêle pas si aisément si le copiste n’a pas retouché et raccommodé son trait pour le rendre plus semblable au trait naturel d’un autre peintre.
Cela explique le coup de folie du romantisme, dans la première moitié du siècle. […] Émile Augier modifie souvent un personnage d’un coup de baguette. […] Du coup, un critique saute d’enthousiasme. […] Les valets changeaient ainsi de maîtres, quand les maîtres les rouaient de coups. […] Rien ne détraque plus sûrement une cervelle de poète qu’un coup de soleil.
Charles « découvrait » sa femme peu à peu, et chacune de ces découvertes lui était un coup de massue. […] Et donc, après le tragique coup de hache, voici l’enchantement du dernier tableau. […] Mais Militza-Mignon, d’un coup de poignard, le délivre et se tue sur son corps. […] Pailloux. — J’aime les coups de sabre. […] 1º Au troisième acte, la nuit, on entend, dans la coulisse, un coup de revolver.
Il consiste à tirer la certitude de l’incertitude par une sorte de coup d’état psychologique. […] Ainsi se trouve supprimée du coup la facilité insouciante et heureuse des rapports. […] L’enchantement de ces quelques minutes cessa tout à coup. […] A coup sûr un changement. […] Taine historien, il faut se souvenir qu’il n’est pas arrivé du premier coup à l’histoire, pas plus qu’il n’a, du premier coup, abordé la critique, la littérature de voyage, et celle de l’observation humoristique.
Elles restent court quelque temps et en silence ; tout d’un coup Junon se fixe à l’idée d’aller trouver Vénus et de lui demander qu’elle engage son fils à blesser Médée d’une flèche au cœur pour Jason. […] Le trait brûlait tout au fond dans le sein de la jeune fille, pareil à une flamme ; elle ne cessait de fixer sur le fils d’Éson des yeux étincelants, et son cœur à coups pressés haletait de fatigue hors de sa poitrine ; il ne lui restait plus aucun autre souvenir, et son âme se distillait dans une douce amertume. […] Bien tard enfin elle se décida à dire de la sorte avec ruse, car les hardis Amours faisaient rage : « Chalciope, mon âme est tout en peine pour tes enfants : je crains que notre père ne les fasse périr du coup avec ces étrangers. […] Son cœur se précipitait à coups pressés d’au dedans de sa poitrine : comme un rayon de soleil, rejaillissant d’une eau qu’on vient de verser dans une chaudière ou dans un baquet, s’agite à travers la maison et va frapper tantôt ici, tantôt là, avec un tournoiement rapide, ainsi le cœur de la jeune fille se débattait dans son sein. […] Puis on verrait avec l’aurore le navire Argo, vainement poursuivi par les Colchidiens, sortir triomphant du Phase sous les coups de rame des héros, et Médée près de Jason, à la place d’honneur, glorieusement assise à la poupe sur la merveilleuse toison.
Or, tout à coup, dans une rue étroite, Condé, suivi de ses gens, rencontre Retz il la tête d’une procession. […] Parfois les auteurs flagellent les anciens, qui n’en peuvent mais, de coups vigoureux qui ricochent sur les modernes. […] La langue est modifiée du même coup dans sa grammaire ; la rigidité de certaines règles s’adoucit comme le sens de certaines finesses se perd ; et l’orthographe à son tour tend à se simplifier. […] Il est toujours curieux de rechercher pourquoi telle littérature provinciale, assoupie durant des siècles, comme celle qui s’exprime en langue d’oc, a repris tout à coup vigueur et faveur. […] D’abord, l’Europe bouleversée, les royaumes et les républiques abattus et dépecés, la carte du monde remaniée sans relâche par la puissante main de Napoléon, tant de victoires et d’exploits merveilleux suivis si rapidement d’un effondrement terrible, c’étaient là de ces coups capables d’émouvoir les cœurs les plus calmes, d’ébranler les imaginations les plus paresseuses.
Le plus ordinaire, qui est déterminé par la concision même du style, l’unicité des mots et la consertion de la phrase, est une période à un seul membre, dans laquelle la proposition présentant d’un coup une vision, un état d’âme, une pensée ou un fait, les pose d’une façon complète et juste, de sorte qu’elle n’a nul besoin d’être liée à d’autres et subsiste détachée du contexte. […] Flaubert use le premier du procédé naturaliste qui consiste à compenser la médiocrité des âmes analysées par la beauté des descriptions où l’auteur, intervenant tout à coup, prête à ses plus piètres créatures des sens de nerveux artistes. […] Enfin placé devant les scènes où le mènent ses romans, Flaubert quitte tout à coup l’exacte réalité et s’abandonne à l’admiration du spectacle. […] « Puis ils se trouvent l’un près de l’autre loin de la foule et un silence, un apaisement extraordinaire s’est fait, comme dans le bois quand le vent s’arrête et que les feuilles tout à coup ne remuent plus. » « Cette femme est très belle, flétrie pourtant et d’une pâleur de sépulcre. […] Quand l’œil de Flaubert était braqué sur la réalité, les détails importants des choses et des hommes fidèlement enregistrés trouvaient dans le vocabulaire de l’écrivain une série de mots exactement adaptés, qui les rendaient d’une façon précise et du premier coup, en phrases telles que chacune enveloppant l’idée à exprimer, entière, il ne fût nul besoin d’y revenir.
L’art, et le mécanisme, et le coup de théâtre, et la brièveté laconique qui concentre une situation dans un mot, me manquaient. […] Que de beaux rêves ne faisais-je pas, la nuit, sur mon oreiller, quand j’avais déposé la plume après une scène dont les vers sonores retentissaient après coup dans ma mémoire ! […] » lui dit Talma d’une voix creuse. « J’aurais dû le deviner à ton coup de sonnette : tu entres comme un ouragan, et tu sors souvent comme une pluie », ajouta-t-il en riant, en faisant allusion à l’éternelle pleurnicherie de sa camarade sur la scène. […] Tout à coup le rideau de la scène se leva comme si le vent de l’inspiration céleste eût déchiré le voile du Temple. […] L’inspiration le saisit à la vue de cette faiblesse derrière laquelle il voit tout à coup la force de Dieu.
Les exploits qu’on rêvait furent tout d’un coup d’un autre ordre. […] Il a raconté, dans des pages publiées après sa mort, et qui n’ont été que légèrement affaiblies par l’éditeur, la crise morale qu’il subit à l’âge de vingt ans, le moment plein d’effroi, où lui, élevé dans ses montagnes et dans la foi des patriarches, il s’aperçut tout d’un coup qu’il ne croyait plus : Je n’oublierai jamais, écrivait-il, la soirée de décembre où le voile qui me dérobait à moi-même ma propre incrédulité fut déchiré. […] Mais tout cela, d’abord, ne vint pas à la fois ni tout d’un coup ; ceux qui vivaient alors et qui parlent si bien aujourd’hui étaient les premiers à se plaindre des années mauvaises, des mauvais jours, comme on les appelait, du pouvoir oppresseur, et ne se cachaient pas de l’espoir qu’ils avaient d’en être délivrés. […] Sa vraie supériorité est dans la manière dont il entend et dont il traite l’histoire, non pas celle de ce temps-ci et qui se passe sous nos yeux (elle est trop mobile et trop variable à chaque instant), mais l’histoire morte et telle qu’elle se refait après coup.
Jouffroy, dans un récit moral célèbre, a fait parler le philosophe durant cette veille pleine d’angoisses, dans cette première nuit de doute et de trouble, où le voile du sanctuaire se déchire tout d’un coup devant ses yeux et où il cesse d’être un croyant. […] Il essaye, pour y répondre, d’hypothèses diverses : l’arrangement fortuit, la nécessité du mouvement de la matière, l’infinité de combinaisons possibles dont une a réussi… Il hésitait, il commençait à se troubler : placé entre des explications incomplètes et des objections sans réplique, il allait, s’il n’y prenait garde, trop accorder à la raison, au raisonnement ; il sentait poindre l’orgueil en même temps que s’accroître les obscurités, quand tout à coup… mais laissons-le parler lui-même sa plus belle langue : Quand tout à coup un rayon de lumière vint frapper son esprit et lui dévoiler ces sublimes vérités qu’il n’appartient pas à l’homme de connaître par lui-même et que la raison humaine sert à confirmer sans servir à les découvrir. […] L’entrée d’un petit vieillard d’assez chétive mine dans le temple, l’adresse qu’il met à se faire admettre, à se faufiler, les airs d’aveugle qu’il se donne, puis, tout d’un coup, dès qu’il se voit à portée de l’autel, son brusque élan, son attaque à la statue de la Superstition ou du Fanatisme dont il déchire le voile, tout cela est ingénieux et symbolise bien Socrate ; mais ce Socrate lui-même, en mourant victime de son zèle pour la vérité, n’adresse-t-il pas à cette statue odieuse qu’il n’a pu que dévoiler sans la renverser, une espèce d’hommage un vœu de sacrifice : est-ce ironie ?
Ce qui n’a pas trouvé d’issue au dehors lui fait coup de sang au dedans ; il a des abcès par tout le corps. […] On vit par lui, et à son cri d’alarme qui était aussi un cri de colère, les bourgeois devenus tout d’un coup comme des lions. […] La monarchie de Juillet avait reçu du fait de la Coalition un coup funeste dont ses partisans, acharnés qu’ils étaient désormais à se supplanter et à se combattre, ne mesurèrent pas la portée dans le moment. […] Guizot, après bien des discours sur ses charges domestiques, sur les chances de l’avenir, et en lui prenant tout à coup les mains avec effusion : « Je vous dis, mon cher ministre, que mes enfants n’auront pas de pain. » C’était vers la fin son idée fixe et par trop bourgeoise.
Jules Sandeau, un ancien ami qu’il n’a pas vu depuis longtemps, et pour lequel sa tendresse semble s’être tout d’un coup réchauffée à cette occasion. […] Il lui est même arrivé comme à Lamennais, quand celui-ci fit ses Affaires de Rome : ne voilà-t-il pas qu’il a pris, du coup, un air plus dégagé, plus déluré que jamais ! […] Un jour, l’impatience le prenant, il a fait une addition, une somme totale de toutes les petites piqûres qu’il avait reçues, et cela formait une blessure large et profonde qui tout d’un coup s’est découverte : son amour-propre a parlé par la bouche de sa blessure. […] Le prix extrême que j’attache à votre suffrage vous prouvera mieux que toutes les phrases ce que je pense de vous, etc. » Mais apparemment, le spirituel écrivain qu’on caressait de la sorte et qu’on espérait amadouer, ne répondit pas à l’appel ou n’y répondit que par quelques coups de plume sincères : inde iræ.
Viollet-Le-Duc qui ne sont pas trop spéciaux, j’ai pensé qu’il y avait lieu de profiter d’une circonstance qui le met tout d’un coup en vue et en contact avec le public pour expliquer à ceux qui le connaissent moins, quel il est, et l’ordre d’idées qu’il représente dans l’art, dans l’histoire et l’érudition littéraire. […] Lorsqu’il se vit le restaurateur en titre de Notre-Dame, il aurait même pu retrouver, après coup, un signe et comme un présage de sa destinée d’artiste, dans une impression d’enfance qu’il a quelque part racontée : « Il m’est resté, dit-il, le souvenir d’une émotion d’enfant très vive et encore fraîche aujourd’hui dans mon esprit, bien que le fait en question ait dû me frapper à un âge dont on ne garde que des souvenirs très vagues. […] Tout à coup les grandes orgues se firent entendre : pour moi, c’était la rose que j’avais devant les yeux, qui chantait. […] Taine, devenu professeur à son tour, l’année suivante, a été tout d’un coup applaudi dans cette même chaire ; il le mérite assurément pour son rare talent ; mais il apportait de plus, dans son nouvel enseignement, une popularité toute faite et créée ailleurs.
La satisfaction dut être grande pour Jomini ; il était dès sa première campagne au comble de ses vœux : lui, l’homme de la science, le théoricien enthousiaste du grand art, il se voyait du premier coup initié dans le secret et l’exécution d’une des plus belles manœuvres que le génie militaire pût concevoir ; il lui était donné d’y assister, d’en toucher pour sa part et d’en faire mouvoir quelques-uns des principaux ressorts ; mais le rôle n’était pas facile et impliquait à chaque instant bien des délicatesses. […] Ce n’est pas nos… de professeurs de Brienne qui nous auraient, dit mot de cela. » Puis, après avoir écouté encore,, tout d’un coup interrompant et prenant feu : « Mais comment Fouché laisse-t-il imprimer de pareils livres ? […] On n’arrive pas du premier coup à la forme la plus simple. […] Ainsi Jomini aurait voulu qu’au début de la campagne de 1756 Frédéric portât à la coalition formée contre lui un coup terrible ; qu’entre les trois lignes possibles d’opérations il choisît l’offensive, celle de Moravie, où une grande bataille gagnée lui eût permis de pousser jusqu’à Vienne.
Son originalité, c’est d’unir étroitement l’observation et la fantaisie, de dégager du vrai tout ce qu’il contient d’invraisemblable et de surprenant, de contenter du même coup les lecteurs de M. […] Voyez encore, dans les Femmes d’artistes, le ménage de ce pauvre poète marié à une Italienne du peuple, jadis belle, maintenant empâtée et vulgaire, qui mène son mari comme un petit garçon et qui tout à coup, au milieu d’une discussion intéressante, lui crie d’une voix bête et brutale comme un coup d’escopette : « Hé ! […] » les « doubles muscles » du même Tartarin, et presque tous ses mots : « Qu’ils y viennent Ça, c’est une chasse Des coups d’épée, messieurs, mais pas de coups d’épingle C’est mon chameau !
Zola n’a pas seulement encore terminé la publication du roman, que déjà La Terre, en achevant de déclasser le romancier, semble avoir achevé du même coup de disqualifier le naturalisme. […] On y trouve encore qu’une femme a mêlé de la mort aux rats dans la soupe aux choux de son homme ; que deux frères, faute de s’entendre, ont vidé à coups de fusil une question de bornage ; qu’une bru s’est débarrassée d’une belle-mère importune à coups de serpe ou de fléau. […] Cela sentira seulement la caserne au lieu de la ferme, le fumier de cheval au lieu du fumier de vache, ou l’odeur de fumée, d’huile et de graisse à graisser au lieu de l’odeur des blés mûrs et du foin nouveau ; mais il s’y passera les mêmes choses, entre deux trains, sous le hangar aux marchandises ou dans un coin de la lampisterie, qu’ici entre deux coups de faulx, derrière une meule de foin. […] Zola l’ait cru mettre au moins dans ces plaisanteries où, s’exerçant pour la première fois, il est du premier coup passé maître, et qui sont sans doute, elles aussi, une étude des « fonctions du ventre », mais surtout, et de son aveu même, un a élément comique » ajouté à tant d’autres.
Le vieux Ruhl, qu’on avait seul excepté du décret d’accusation, ne voulait pas de ce pardon ; il croyait la liberté perdue, et il se donna la mort d’un coup de poignard. […] Il transmet le couteau à Goujon, qui, d’une main assurée, se porte un coup mortel, et tombe sans vie. […] A l’instant où il allait recevoir le coup fatal, on s’aperçut que le couteau n’avait pas été remonté ; il fallut disposer l’instrument : il employa ce temps à proférer encore quelques paroles ; il assurait que « nul ne mourait plus dévoué à son pays, plus attaché à son bonheur et à sa liberté. »Depuis le désastre de prairial, le jacobinisme perdit le rang de parti, et retomba à l’état de secte, jusqu’à l’affaire de Gracchus Babeuf, où il acheva de se dissoudre.
Les intéressés se vengèrent, les uns en se contentant de crier à la calomnie, les autres avec les armes de la satyre & des représailles ; d’autres, par des voies de fait & des coups donnés. […] Enfin le coup dont Rousseau vouloit accabler son ennemi, retomba sur sa tête. […] Cette longue Histoire des couplets étoit presque ensevelie dans l’oubli, lorsqu’elle a tout à coup été réveillée en dernier lieu.
Si quelqu’un eût pu s’opposer à la publication de ces Lettres, — qui ne sont pas une Correspondance puisque les réponses n’y sont pas, — c’eût été tout au plus quelque parent de Benjamin Constant, pour peu qu’il eût tenu au genre de renommée qu’a laissée derrière lui l’auteur d’Adolphe… L’idée, en effet, qu’on a de Benjamin Constant, comparé pour l’esprit par ses contemporains à rien moins que Voltaire, se trouve légèrement entamée par ces lettres, qui nous le montrent tout à coup sous l’aspect étonnant d’un sentimental aussi niais que le premier amoureux venu ! […] — et ensuite parce qu’elle avait atteint l’homme qui devait le plus y échapper, — s’éteignit tout à coup, un jour, comme la flamme d’un grand incendie qui ne peut plus rien dévorer et qui tombe sur des débris fumants et noirs… Après avoir aimé Madame Récamier comme il l’avait aimée, Benjamin Constant retourna à la vie ordinaire de ces passions qui ne sont plus la passion unique, la passion despotique et torturante qui donne bien l’idée de ce que les catholiques entendent par leur possession du démon… Benjamin revint à la vie de la pensée, à ses travaux, à ses ambitions, à ses passions même ; car il en eut pour d’autres que Madame Récamier. […] IV Quand il la rencontra pour la première fois, c’était à Coppet, chez Madame de Staël, en 1807, où elle passa entre eux deux sans lui donner le coup de coude au cœur qui nous avertit que c’est là notre destin qui vient de passer !
Lawrence32 I Pendant que Dickens, le populaire et vulgaire Dickens, semble avoir, comme la société elle-même, transformé les anciennes conditions du Roman dans ce glorieux pays du Roman, l’Angleterre, voici tout à coup un nouveau romancier qui s’élève et qui, méprisant ce qu’on dit des genres épuisés, ne craint pas de revenir à ce vieux roman de high life que ceux qui l’ont écrit le mieux, comme Bulwer, par exemple, ont depuis longtemps abandonné. […] Guy Livingstone est le frère du Giaour, de Lara, de Conrad le Corsaire, moins coupable sans doute que ces sombres figures de la Force blessée au cœur et qui continuent de vivre avec la fierté de la Force jusqu’au moment où, d’un dernier coup, Dieu les achève… C’est un héros de Lord Byron resté au logis (at home), dans son ordre social, qui a été très bon pour lui et qui lui a donné à peu près tout ce que l’ordre social peut donner : la naissance, la fortune, l’éducation, les relations, tout ce qui s’ajoute à la force individuelle dans un pays où l’ordre social est si bien fait qu’un homme s’y dira, avec la certitude qu’on n’a jamais ailleurs, dans les pêles-mêles que l’on prend pour les sociétés : « Je nais ici, et c’est là que je puis mourir. » Comme les héros de Lord Byron, Guy Livingstone est un de ces Puissants taillés pour l’Histoire, et qui les jours où l’Histoire se tait, — car il y a de ces jours-là dans la vie des peuples, — débordent de leur colosse inutile le cadre de la vie privée. […] le byronien s’est brisé tout à coup, et le biblique, le Juif à la tête dure qu’il y a toujours plus ou moins au fond de tout Anglais, a disparu entièrement pour faire place au chrétien qui se trouve si peu dans l’imagination anglaise ; car, après tout, le génie du chrétien, c’est l’humilité !
Si un mot étincelant ou pénétrant y caractérise avec éclat ou profondeur une institution ou un homme, c’est que ce mot est de Bossuet, de Bossuet, qui fait rentrer du coup dans l’ombre toute la page où il est cité ! […] Tout grand orateur ou plutôt tout orateur quelconque verrait s’interrompre tout à coup, et s’abolir le rapport qu’il y a entre lui et son public, s’il n’était pas un peu vulgaire comme ces foules auxquelles il a affaire, et avec lesquelles il doit s’entendre pour les entraîner. […] Il avait le coup de gorge strident et le mouvement toujours prêt des fortes mâchoires oratoires.
Ainsi, impuissance, infécondité, voilà, pour une critique qui dédaigne les apparences et les mots d’ordre, ce qui frappe d’abord dans Cousin, le chef d’école et le philosophe, et ce qui sape, du premier coup, la prétention la plus étalée et la plus fastueuse de sa vie ! […] Et, malgré tous ces petits lavages de notes tardives et après coup, il aura été hégélien et panthéiste, à son insu ou le cachant, dans cette Introduction à la Philosophie de l’histoire ! […] Dans cette Introduction de 1828 à une Philosophie de l’histoire, nous n’avons pas trouvé une seule de ces vues qui révèlent tout à coup dans un homme, n’y en eût-il qu’une seule, la grande aptitude, la nette, l’incontestable supériorité.
I Je n’aime point ce mot « d’extraordinaires », Il est prétentieux et vague, quoique enflé, disant, du même coup maladroit, trop et pas assez… « Extraordinaires ! […] Dieu, qui est un très grand peintre en arabesques et en toutes autres peintures, l’a composé d’entrelacements très contrastants et très singuliers… La force, en lui, — une force intellectuelle par moments immense, — tout à coup se fond en faiblesse. […] Le dénouement de cette sacrilège passion de l’idolâtre, qui meurt étranglé par un chien (le chien qu’il veut vendre pour quelques sous de plus), en criant, sous les morsures de la gueule implacable, ce nom de Dieu qu’il avait oublié, dont les quatre lettres servaient à ouvrir le mécanisme de son coffre-fort, et qu’il se rappelle tout à coup, en mourant au pied de ce coffre-fort, qui ne s’ouvrira plus, est une invention digne de la tête à combinaison d’Edgar Poe.
Du reste, ce n’est ni une question ni deux que ce livre de cinq cents pages secoue avec puissance, mais c’est tout un ordre de questions qui, résolues au sens de l’auteur, entraîneraient du coup la ruine de toutes les philosophies connues, éclaireraient l’Histoire d’un jour nouveau, et consommeraient enfin et définitivement cette fusion, maintenant entrevue par tous les penseurs un peu forts, de la Religion et de la Science. […] Cette physionomie si respectueuse jusque-là devint tout à coup sarcastique, le regard s’enflamma, et, le rouge lui étant monté au visage, l’inconnu s’écria, de la voix la plus forte : Ah ! pour le coup, monsieur l’abbé, voici qui devient par trop fort !
Quoiqu’il ait le sens critique beaucoup trop fin et trop exercé pour ne pas sentir les beautés et les suavités de toutes sortes qui sont dans Guérin, il n’a pas l’enthousiasme qu’il faudrait, l’éclat et la portée de voix, la souveraineté dans la parole, qui peuvent exiger l’admiration comme une justice et la décider du même coup. […] Ce ne sont pas les grands artistes par la délicatesse et par la beauté pure de l’idéal, bien plus difficile à comprendre… Assurément cet idéal, que Guérin souffrait tant de ne pouvoir saisir comme il le voyait, pour l’emprisonner dans la forme vive et diaphane d’une langue digne de le contenir, cet idéal rayonne, comme un ciel lointain, à travers les paysages qu’il nous a peints ; mais il n’y rayonne que pour ceux qui savent l’y voir ; tandis que pour le plus grand nombre, que la réalité visible attire, ce qui constituera le grand mérite de ces paysages, c’est leur vie, c’est la vérité d’impression de ces aperçus, transposés de la vision plastique dans la vision littéraire… et qui nous effacent presque du coup les paysagistes les plus vantés : Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, madame Sand, dont la seule qualité qui n’ait pas bougé dans des œuvres déjà passées est d’être une paysagiste ! […] Sans doute, aux premiers coups qu’il donna de cette plume qui est un pinceau, il rappela l’homme qu’il avait d’abord aimé.
On n’avait donc pas à la poser après coup, elle qui ne s’est jamais posée, et on n’avait pas à se poser, à côté d’elle, dans une de ces biographies d’êtres morts, qui font l’affaire des vivants, car c’est quelquefois une bonne aubaine pour la vanité, sans piédestal, que de se jucher sur un tombeau. […] Or le Cri, c’est tout ce qu’il y a de plus intime, de plus saignant du coup et de plus jaillissant des sources de l’âme, et, malgré cela, de plus immatériel en poésie, comme en nature humaine, la Poésie et la Nature humaine étant les deux Captives de la Matière, et ne pouvant passer, comme tous les prisonniers, hélas ! […] Tout n’y est-il pas des meilleures qualités de cette femme, adorable par moments, qui n’est pas un poète, mais une femme qui, pour le coup, a passé bien près de la poésie, en nous passant si près du cœur ?
Mme de Staël, ce grand poète en prose, — comme on peut l’être en prose, — qui avait fait chanter Corinne, n’existait plus… Tout à coup, comme pour nous consoler de cette perte et pour la réparer, se mit à jaillir dans la vie (le mot n’est pas trop fort pour dire l’impétuosité de cette jeunesse) une jeune fille qui, elle, chantait de vraies poésies, car elle parlait cette langue des vers que rien, dans l’ordre poétique, ne peut remplacer. […] Il faut dire, il est vrai, que si le Français est né vaudevilliste, il est né aussi galantin, et que là où une prétention d’homme serait châtiée par le coup de fouet de l’éclat de rire, une prétention de femme, surtout lorsque cette femme est belle, est admise toujours. […] Cet orgueil aux yeux baissés, cette orgueil jeune fille est superbe et n’avait jamais été exprimé d’un trait plus profond et plus vrai… Certainement, rien n’a jamais valu ni pour elle, ni pour personne, ni au point de vue de la galerie et du succès, ni au point de vue de son émotion intérieure, ce moment unique… ce premier coup d’archet de l’ouverture d’une existence qui ressembla, hélas !
…), une chose effroyable dont personne de nous ne se doutait : c’est que le roman de madame Sand, le malheureux Alfred le prévoyait… qu’il l’avait porté toute sa vie sur son cœur, comme une arme qu’on ne devait décharger contre sa mémoire que quand il ne serait plus là pour tirer à son tour et rendre le coup… Mais si cela fut, et si l’opinion présente accepte une telle assertion comme tout le reste, ce n’est pas qu’il y ait dans le livre de madame Sand de ces pages, belles d’outrance, qui ajoutent par l’intensité du ressentiment ou l’atrocité de la haine — de cette haine après l’amour qui est peut-être de l’amour encore ! […] C’est toujours la morale de tous ses livres, à elle, et de ceux de son père, qui dit « toi et moi » comme s’il n’y avait dans le monde que des amants et des maîtresses, et que l’amour supprimât du même coup la société et Dieu ! […] ; quelle que soit l’intention qui anime en secret Elle et Lui, c’est un scandale sans doute que ce livre, un misérable scandale, qui n’est pas fait pour agiter deux jours une saine et honnête littérature ; mais, hors cela, c’est un coup manqué !
…), une chose effroyable dont personne de nous ne se doutait, c’est que le roman actuel de Mme Sand, le malheureux Alfred le prévoyait… qu’il l’avait porté toute sa vie sur son cœur comme une arme qu’on ne devait décharger contre sa mémoire que quand il ne serait plus là pour tirer à son tour et rendre le coup… Mais si cela fut, et si l’opinion présente accepte une telle assertion, comme tout le reste, ce n’est pas qu’il y ait dans le livre de Mme Sand de ces pages, belles d’outrance, qui ajoutent par l’intensité du ressentiment ou l’atrocité de la haine, — de cette haine, après l’amour, qui est peut-être de l’amour encore, — au poids accablant de la formidable déclaration de M. […] C’est toujours la morale de tous ses livres à elle et de ceux de son père, qui dit « toi et moi », comme s’il n’y avait dans le monde que des amants et des maîtresses, et que l’amour supprimât du même coup la société et Dieu ! […] Quelle que soit l’intention, que Dieu seul peut juger (et qu’il jugera, madame), quelle que soit l’intention qui anime en secret Lui et Elle, c’est un scandale sans doute, que ce livre, un misérable scandale, qui n’est pas fait pour agiter deux jours une saine et honnête littérature ; mais, hors cela, c’est un coup manqué !
Il est un artiste très-froid, d’une concentration infinie, arrivant toujours à la chaleur par l’extrême froid, ce qui est une loi de la nature intellectuelle tout autant que de la nature physique ; c’est de plus un esprit analytique des plus perçants, qui a introduit l’analyse jusque dans la peinture, sans que la peinture soit morte du coup ! […] Elles s’infiltrent dans votre couleur, maîtrisent votre coup de pinceau ! […] On peut dire qu’ils ont comme un coup de sang dans les yeux.
Lawrence36 I Pendant que Dickens, le populaire et vulgaire Dickens, semble avoir, comme la société elle-même, transformé les anciennes conditions du roman dans ce glorieux pays du Roman, l’Angleterre, voici tout à coup un nouveau romancier qui s’élève et qui, méprisant ce qu’on dit des genres épuisés, ne craint pas de revenir à ce vieux roman de high life que ceux qui l’ont écrit le mieux, comme M. […] Guy Livingstone est le frère du Giaour, de Lara, de Conrad le Corsaire, moins coupable sans doute que ces sombres figures de la Force blessée au cœur et qui continuent de vivre avec la fierté de la Force jusqu’au moment où, d’un dernier coup, Dieu les achève… C’est un héros de lord Byron, resté au logis (at home), dans son ordre social, qui a été très-bon pour lui et qui lui a donné à peu près tout ce que l’ordre social peut donner : la naissance, la fortune, l’éducation, les relations, tout ce qui s’ajoute à la force individuelle dans un pays où l’ordre social est si bien fait, qu’un homme s’y dira, avec la certitude qu’on n’a jamais ailleurs dans les pêles-mêles que l’on prend pour les sociétés : Je nais ici, et c’est là que je puis mourir. […] le byronien s’est brisé tout à coup, et le biblique, le juif à la tête dure qu’il y a toujours plus ou moins au fond de tout Anglais, a disparu entièrement pour faire place au chrétien qui se trouve si peu dans l’imagination anglaise, car, après tout, le génie du chrétien, c’est l’humilité !
Quand Henri VIII mit la cognée à l’arbre et que lentement, avec défiance, il frappa un coup, puis un autre coup, émondant les branches, il y eut mille et bientôt cent mille cœurs qui l’approuvèrent et qui auraient voulu frapper le tronc. […] Maldon déclarait à sa mère qu’il ne s’agenouillerait plus devant le crucifix, et son père furieux le rouait de coups et voulait le pendre. […] Sous leur effort la réflexion cesse, et l’homme est tout d’un coup précipité dans l’action. […] Un mois après, réprimandé par une femme, tout d’un coup « à ce reproche je me tus, et baissant la tête, je souhaitai d’être de nouveau un petit enfant pour que mon père m’apprît à parler sans cette méchante habitude de jurer. […] Les gens du lieu le chargent de coups, le jettent en prison, le condamnent comme traître et révolté, brûlent son compagnon Fidèle.
Et, tout d’un coup, voici que mon émotion s’arrête et se glace. […] L’ennui atteint tout à coup des hauteurs démesurées. […] Les amants prennent tout à coup, dans leurs extases, des airs d’inspirés. […] Elle a l’élan vigoureux, elle a le coup d’aile vers les régions mystérieuses. […] Le développement exagéré de la vie positive a créé du même coup l’irrésistible besoin d’y échapper.
Tyrtée du peuple, par l’accent si pénétrant, les nobles coups d’ailes et aussi par les délicieuses rencontres et la poésie naturelle de ses chansons intitulées : Le Chant du pain, le Chant des ouvriers, le Louis d’or, le Braconnier, etc… qui vieilliront moins que celles de Béranger. […] Elle montre au forgeron les rougeurs féeriques de l’incendie qui l’environne, elle chante à l’oreille du soldat pour rythmer l’étape, elle siffle avec le maçon sur son échelle, elle montre au bûcheron les nids qui s’envolent à chaque coup de la cognée, elle berce le pêcheur sur la mer, et, pour égayer le laboureur, elle pose sur les cornes noires de ses bêtes la gentillesse de l’oiseau.
En présidant à la scène du Calvaire, l’État se porta le coup le plus grave. […] Quel coup pour toutes les puissances établies !
. — Une gloire marchandée, versée à petits coups, convient peut-être aux écrivains à teintes grises dont vous voulez tracer un portrait composé de petites intentions rapprochées ; mais, s’il s’agit d’un poète véritable, lisez son livre et sachez vous incliner. […] Mais voilà tout à coup que l’homme rouge de Lyon arrive et s’installe à Paris, et que les journalistes à qui j’avais parlé lui prodiguent des éloges aussi bêtes que ses vers.
Pour une raison ou pour une autre : nature d’esprit, blessure au cœur, manque de bonté dans la vertu, tous les satiriques ont été cruels plus ou moins, soit dans leur rire, soit dans leur colère, soit dans leurs larmes ; or, pour la première fois, en voici un qui ne l’est pas, et dans les coups duquel on sent la pitié… Oui ! […] Le genre du talent de Bouniol est là tout entier, dans ces quelques vers où de la vulgarité du détail sort tout à coup la grandeur de la réflexion, comme dans la vie.
En 1670, l’oubli vint, ou plutôt fondit tout à coup sur Desmarets. […] Desmarets sentit le coup. […] C’est toucher du même coup le défaut et la vanité qui s’y intéresse. […] On croyait badiner, et on est enlevé tout à coup par-delà les sphères. […] C’est ce qui se vit au commencement du dix-huitième siècle, quand les derniers jours de Louis XIV mourant furent agités de projets de coups d’État contre les opposants à la bulle Unigenitus.
Nous restons seuls, toute la soirée, sans un coup de sonnette d’homme politique dans ce parlage d’art et de littérature. […] Jamais, je crois, il n’est arrivé de décrire par avance, d’une manière si épouvantablement vraie, le désespoir d’un homme de lettres sentant tout à coup l’impuissance et le vide de sa cervelle. […] C’est comme une série de coups de bistouris, donnés en se jouant dans l’aveuglement, la présomption, la bêtise de tout ce monde officiel, qui compte à notre table, aujourd’hui cinq sénateurs. […] Dans une longue causerie avec lui, sous les marronniers du jardin, un rayon de soleil lui arrivant en pleine figure, il me sembla tout à coup voir un vieillard sous l’apparente jeunesse de sa figure. […] Quand, tout à coup, s’ouvrait dans la muraille de pierres de taille, une baie qui me montrait sur un petit théâtre, éclairé par une rampe de gaz, deux femmes de la prison de Clermont, deux femmes de la prison de mon livre.
L’auteur des Ducs de Guise n’a reçu le coup, on ne peut pas dire de soleil, de l’influence de Guizot, que sur le titre de son ouvrage ; Mais, par ailleurs, il a échappé à la trop vaste influence de l’homme qui a rayonné, sans rayons, sur tous les historiens de son temps ; qui a, j’en conviens, ravivé en France l’enseignement et les études historiques, mais qui, pour son compte, quand il a écrit l’Histoire, l’a roidie dans un doctrinarisme insupportablement étroit et pédant, — et Forneron, du reste, n’y a pas toujours échappé. […] Cette ambition, excitée par tous les stimulants de la vie : la gloire, les richesses, l’exubérance de la race, l’intelligence, la beauté, toutes les puissances de la séduction, tous les bonheurs qui enivrent les hommes et toutes les fortunes qui les corrompent ; cette ambition, — qui commença avec Claude, monta avec le duc François et atteignit son zénith avec Henri, pour en être précipitée et briser toute cette immense famille du coup, — ils l’avaient, puisqu’ils étaient des hommes. […] C’est que, tel coup joué, et même tous les coups joués par Philippe II dans la politique de son temps, ont été mal joués ; — car il a perdu la partie, car le Catholicisme, la Papauté, le monde chrétien organisé pendant tant de siècles, sont maintenant perdus, et ce n’est plus avec ces sublimes enjeux qu’on recommencerait la partie ! […] Il y a l’anarchie absolue, permanente et stupide, que Bonaparte n’étouffa même pas du premier coup sous son pouce d’Hercule, et, tout aussi général que l’anarchie, un cannibalisme monstrueux, ce cannibalisme qui ne meurt jamais et qui est toujours prêt à se lever dans le cœur philanthropique des hommes, pour leur démontrer le néant de ce qu’ils appellent « des civilisations ! […] Ils quittèrent la France sous le coup d’une nécessité sanglante dès les premiers moments ; mais, quand ils s’en allèrent en emportant avec eux le drapeau de la monarchie, ils ne s’aperçurent pas qu’ils emportaient, comme une peste, la Révolution dans ses plis.
Le chat qui joue avec la souris, qui la laisse chaque fois partir comme un ressort pour l’arrêter net d’un coup de patte, se donne un amusement du même genre. […] Il se redresse, un second coup l’aplatit. […] Et quand Sganarelle réussit à faire rentrer Pancrace et à l’enfermer à l’intérieur de la maison (j’allais dire au fond de la boîte), tout à coup la tête de Pancrace réapparaît par la fenêtre qui s’ouvre, comme si elle faisait sauter un couvercle. […] Telle paraît être l’idée de Herbert Spencer : le rire serait l’indice d’un effort qui rencontre tout à coup le vide. […] De là une somnolence de notre attention, que tout à coup l’absurdité réveille.
Je m’enfuis le grand pas quand approchent les coups : est-ce que les coups ne font pas mal ? […] Aussi elles aiment toutes sans mesure, et presque toutes du premier coup. […] La prédiction des sorcières s’est enfoncée dans son esprit, du premier coup, comme une idée fixe. […] ) — J’y vais ; le coup est fait. […] Cette idée folle incessamment répétée tinte dans sa cervelle, à coups monotones et pressés, comme le battant d’une cloche.
La moderne Phèdre prend tout à coup conscience de la profondeur de sa dégradation. […] Un coup de théâtre n’intéresse pas quand il n’arrive que pour dénouer une situation : il doit la poser tout au contraire. C’est au romancier à en déduire par la suite toutes les conséquences ; le coup de théâtre devient la solution nécessaire d’une sorte d’équation mathématique. […] Elle tomba au second coup sans crier. […] Tout à coup il vit une joue qui s’appuyait à la vitre contre laquelle était son œil.
Il paraît qu’alors Bonaparte méditait quelque coup d’éclat, qui l’élevât encore plus haut dans l’opinion des Français à mesure que le Directoire y perdait davantage. […] Que du fusil l’écho me répétât le coup !
En revanche, dans son Commentaire sur ou plutôt contre Corneille, il le traite, nous dit-il lui-même, tantôt en dieu, tantôt en cheval de fiacre, et je crains bien que les coups de fouet ne l’emportent de beaucoup sur les coups d’encensoir.
Mon compagnon de voyage demanda le propriétaire, et tout à coup un petit homme vif et gai se présenta en disant « Voici le prieur ; que lui demande-t-on ? […] On a beau jeu de parler après coup de la conséquence inévitable des principes, mais, dans le fait, ils auraient pu courir et se heurter de bien des manières. […] Tous les matins, surtout à dater du mois de juillet, le National agite, discute avec sang-froid et retourne sous toutes les faces cette hypothèse imminente du coup d’État. Le coup d’État sera-t-il remis après les premières discussions avec la Chambre ? […] Tous les matins, on a ainsi des nouvelles du coup d’État ; c’est un coup de cloche perpétuel, assourdissant ; c’est le cauchemar du ministère, c’est l’abîme qu’on lui montre toujours ouvert sous ses pas.
Eugène Sue avait donné un fort coup de pompe à cette boue. […] C’est la balle d’argent du diable dans Robin des Bois mise au service de Dieu pour la première fois, et qui ne manquera pas son coup. […] Louis Veuillot a le coup de dent ; et quand on appuie tant la dent, on ne rit plus, et surtout on ne fait pas rire. […] Quand Werner, l’auteur d’Attila, de Luther, du Vingt-quatre Février, fut percé à Rome du rayon divin, le poète se tut en lui tout à coup. […] Mais si la conversion, en foudroyant l’homme, n’a pas tué l’artiste du même coup, l’artiste résistera certainement aux conseils de ceux qui ne se soucient ni du talent ni du génie, parce qu’ils n’ont, eux, ni génie ni talent.
Un nom qui retentit dans l’oreille comme un coup de canon, mais qui n’ébranle ni le cœur ni l’intelligence. […] Le miracle diabolique de ce beau coup de Sinigaglia, ce ne fut pas tant l’exécution que la capture. […] Il y fut tué, dans une sortie, d’un coup de zagaie. […] L’instrument ascétique devenait alors une arme de duel : les champions se battaient à coups de fouets, leurs valets s’assommaient à coups de torches ; la place restait au plus fort ou au plus vaillant. […] Pour arriver au Roi, elle se déguise en échanson, et verse dans son gobelet d’or le coup de l’étrier du grand voyage.
C’était dans l’été de l’année 1844, une de ces années pleines et triples de ma vie, où les hivers étaient remplis par la politique et la tribune, les printemps par la poésie et l’agriculture, les automnes par des voyages, beaux coups d’aile vers l’Orient, vers les Pyrénées, vers les Alpes, vers les îles de Naples, vers l’Adriatique et vers Venise. […] Cette oasis d’été enfouie derrière les montagnes qui encadrent le bassin de la Saône, du Charolais jusqu’aux Alpes, mérite en été un coup de crayon d’un paysagiste. […] Tout semble se mouvoir au mouvement de la pensée elle-même ; c’est une terre en action, quoiqu’en repos ; on y assiste à une création quotidienne ; toutes les heures du jour et de la nuit y donnent en passant un coup de pinceau, une teinte, un caractère, une physionomie. […] Laprade récita d’abord froidement, puis en s’animant peu à peu aux sons de sa propre voix, l’élégie sylvestre sur la mort d’un chêne : Quand l’homme te frappa de sa lâche cognée, Ô roi qu’hier le mont portait avec orgueil, Mon âme, au premier coup, retentit indignée, Et dans la forêt sainte il se fit un grand deuil. […] Ta chute laboura, comme un coup de tonnerre, Un arpent tout entier sur le sol paternel ; Et, quand son sein meurtri reçut ton corps, la terre Eut un rugissement terrible et solennel : Car Cybèle t’aimait, toi l’aîné de ses chênes, Comme un premier enfant que sa mère a nourri ; Du plus pur de sa sève elle abreuvait tes veines, Et son front se levait pour te faire un abri.
Du dernier livre de poésie, ou de philosophie, ou d’histoire qui vient de paraître ; du dernier tableau qui vient de déceler un pinceau puissant, une touche neuve à l’exposition ; du dernier marbre qui palpite encore du coup de ciseau, ou qui sent encore la caresse de la main de son sculpteur, dans la galerie ou dans le jardin statuaire des Champs-Élysées. […] » À l’extrémité de cette plaine virgilienne de la Bresse, on rencontre tout à coup, au lieu de l’eau stagnante et fiévreuse des prairies de la Dombe, une rivière bleue comme le firmament de la Suisse italienne, joueuse comme des enfants sur des cailloux, écumante comme l’eau de savon battue par le battoir de la lessiveuse, gazouillante comme une volée de tourterelles bleues et blanches abattues sur un champ de lin en fleurs, jetant ses petits flocons d’écume çà et là sur son cours comme ces oiseaux éparpillant leurs plumes en se peignant du bec sur les touffes du lin ; on s’arrête tout étonné sur la grève des cailloux arrondis par le roulis éternel de cette rivière de montagne, débouchant, tout étonnée elle-même, dans la plaine. […] L’éclat du soleil d’été qui s’y répercute dans sa nappe éblouit la vallée entière d’une fumée de lumière, d’une sorte de brouillard de rayons qui double tout à coup le jour de la surface de la vallée, comme une glace double la clarté dans une chambre obscure ; on ne voit pas encore le lac qu’on voit déjà sa lueur monter dans le ciel comme un incendie des eaux ; on regrette de ne pas pénétrer dans cette gorge éblouissante, qui mène le voyageur par une avenue d’eau et de forêts à Genève ; mais la route de Franche-Comté continue à suivre la rivière d’Ain, et on la côtoie de village en village sur des collines qui s’élèvent insensiblement et par une vallée qui se rétrécit toujours. […] XXII On est saisi tout à coup d’une certaine terreur inattendue en se voyant si près de ces cimes du haut Jura ; elles semblent former devant vous un rempart confus de hauteurs inaccessibles, à travers lesquelles il faut s’engager, sans apercevoir par quelle brèche ou par quelle poterne on pourra les aborder et les franchir. […] Lequel vaut mieux, d’une agonie d’esprit de vingt ans ou d’un coup de hache d’une seconde ?
Il ne s’agit pas de tout cela, qu’un trait d’encre sème sur la page et qu’un coup d’ongle efface, comme dit le latin : il y a dans le livre plus de pages qu’il n’en faut pour pouvoir en déchirer quelques-unes. […] Déjà les premiers arrivés, qui me précédaient, y frappaient à grands coups pour que la porte s’ouvrît à ma fuite ; mais le concierge, entendant ce tumulte et ces clameurs sans en connaître la cause, et craignant un assaut de la maison de son maître, refusait d’ouvrir : « — Ouvrez avec confiance, lui criai-je à demi-voix, ne craignez rien, c’est un ami d’Hugo, c’est moi, c’est Lamartine ! […] Mais le nombre, les cris, les coups contre le bois et le fer des battants descellés des gonds, faisaient craindre un assaut qui ébranlerait les murailles. […] « Pour dire l’avenir à notre âme débile, « On a l’écumante sibylle, « Que bat à coups pressés l’aile d’un noir démon. […] Je sentis que la société, qui est mon idole, recevait là un coup très rude, pas mortel, car elle est de Dieu, et rien de divin ne peut périr de main d’homme ; mais une de ces contusions sourdes, une de ces blessures profondes sur lesquelles il faut verser beaucoup d’huile et de baume pour en éteindre le feu, et en assainir la malignité.
» Soyez sûrs qu’il n’en perdra pas un coup de dent ! […] Navarette transmet ces renseignements au baron qui, par ce moyen, opère à coup sur. […] Et l’expérience était frappante et la leçon portait coup. […] Il faut le dire : ce coup de théâtre avorte deux fois. […] Il est frappé au cœur dans sa piété filiale pour cette chère mémoire ; mais le coup qu’il reçoit réveille en sursaut sa conscience assoupie par les narcotiques parisiens.
D’ailleurs il était si modeste avec son humble volume ; il se montrait si docile aux conseils, si assidu auprès des personnes capables ; enfin il demandait si peu, qu’il obtint tout ; les journaux le louèrent à l’unisson ; c’était sans conséquence ; lui s’insinuait toujours, saluant, visitant, offrant son volume ; un jour, il frappa un petit coup à la porte de l’Académie ; on ne répondît pas ; il se dit : Je repasserai ; mit sa carte dans la serrure, et descendit l’escalier en rougissant. Puis il revint, frappa deux coups, trois coups, de plus en plus fort, mais poliment et sans esclandre.
Chez nous, dans la steppe, à chaque bout de champ, un Cosaque. » Ce fut une explosion de la force russe que firent jaillir de la poitrine du peuple les coups répétés du malheur. » — Tarass Boulba est un des chefs de polk ou des colonels de cette société cosaque qui offrait une organisation militaire très-simple, permanente, et dont M. […] Mais il se taisait : il voulait leur donner le temps de s’accoutumer à la peine que leur causaient les adieux de leurs compagnons ; et cependant il se préparait en silence à les éveiller tout à coup par le hourra du Cosaque, pour rallumer avec une nouvelle puissance le courage dans leur âme. […] D’abord la foule est là comme toutes les foules, fanatique, curieuse, avide, légère ; mais tout d’un coup un grand mouvement se fait, et de toutes parts retentissent les cris : Les voilà, les voilà !
Il s’agit dans un dernier chapitre de juger le meurtre de César et d’en apprécier la moralité : « Certes César, s’écrie l’historien comme s’il ne pouvait plus se contenir, avait trop bien mérité les vingt-trois coups de poignard qui l’étendirent sans vie aux pieds de la statue de Pompée et du Sénat asservi par lui. […] Voilà donc les coups de poignard, croirait-on d’abord, motivés et justifiés […] Mais vous êtes donc bien assuré des effets de votre éloquence, ô voix d’Orphée, pour croire qu’on peut ainsi soulever et enflammer les courroux, dire à ces vingt-trois poignards leurs motifs d’agir, et tout d’un coup dans une seconde partie oratoire ou philosophique, les arrêter, les suspendre, les faire rentrer tous dans la gaîne comme par enchantement !
Son insuccès, loin de l’abattre, fut pour son activité un nouveau coup de fouet. […] Tout au bout, une scène minuscule, encadrée de rideaux de bois peint ; quelques coups de pinceau sur le mur de fond offrent la plus simple expression d’une marine casquée d’une lune symbolique. […] Tout à coup, elles s’arrêtent et se courbent, prises de honte, devant l’image d’un saint homme de mendiant qui passe, pieds nus ; elles s’agenouillent et baisent dévotement, d’un mouvement bien humble, le bas de sa tunique, comme pour lui faire hommage de leur personne et contrition de leur opulence… » Écoutez ce tonnerre d’applaudissements.
Moi, par exemple, je suis sans cesse étonné par la facilité et la grâce que met le hasard à seconder le développement harmonique de mes intentions. » L’inconscient applique, en effet, à l’exécution le conseil d’invention ; nous voyons le peintre ridicule faire son tableau à coups d’épongés, émerveillé à chaque instant, de la beauté de l’œuvre et du génie de l’ouvrier. […] En regardant une illumination, il se dit, joyeux : « À quelque amant néronien caché sous le felse, Venise offrira dans une heure le spectacle d’une ville délirante qui s’incendie. » Or, c’est lui l’amant néronien qui jouira, un peu snob et en se montant le coup, de cet incendie apparent, spectacle, hélas ! […] À peine le coup de tête accompli, elle se repent ; une répugnance physique l’écarté invinciblement de son mari.
Une autre expérience, c’est d’exciter par le contact d’un objet connu, tel qu’un couteau, la paume de la main insensible : l’hystérique ne sent pas le contact du couteau, mais elle peut voir tout à coup un couteau. Selon nous, les mouvements tactiles sont alors trop faibles pour provoquer l’image tactile de l’objet, mais suffisants pour s’associer aux mouvements des centres visuels : ceux-ci, n’étant pas engourdis, se mettent tout d’un coup à vibrer et remplissent la conscience, comme une apparition qui surgirait dans la nuit. […] Telle autre devine tout de suite, les yeux fermés, le mot qu’on lui a fait tracer : elle n’a pourtant pas senti, dit-elle, le mouvement imprimé à sa main pour la faire écrire, mais elle a la représentation visuelle du mot, qui lui apparaît tout à coup, dit M.
En effet, il n’y avait pas dans cet ouvrage que des détails de mœurs à animer, des faits à grouper et à décrire, enfin de la tapisserie historique à nous dérouler avec ses premiers plans et ses perspectives ; il y avait aussi de véritables questions d’histoire à toucher, à pressentir ou à résoudre, d’autant plus difficiles et plus hautes, ces questions, que l’histoire qu’écrivait Daumas n’était pas faite, mais qu’elle se faisait, et qu’il fallait pour récrire la sagacité des historiens contemporains, — les premiers des historiens quand ils sont un peu supérieurs, — qui jugent les événements et leurs résultats dans le coup de la mêlée, tandis que les historiens d’une époque finie les jugent tranquillement après coup. […] L’Afrique n’a pas été qu’un grand exercice de tactique et de spécialité d’armes, un Vincennes colossal et éparpillé, dont les cibles, faites avec des masses d’hommes, rendaient les coups qu’on leur tirait.
Mais l’histoire ne se bâtit pas seulement à coups de grands hommes, et, quand ils ont agi, il y a encore de l’histoire d’à côté… Le roi René est de cette histoire à côté. […] Ce qui est, selon moi, le dernier coup que la destinée, qui a souvent le pied de l’âne, ait appliqué à ce lion, non pas mourant, mais mort… En vérité, pour nous ressusciter cet éclat et nous apitoyer à distance sur cette misère, il faudrait le génie de Chateaubriand ! […] Le duc de Bourgogne, c’était alors Philippe le Bon, comme dit l’histoire avec une profonde duperie ou une ironie plus profonde (on ne sait pas lequel des deux), et il usa, cet excellent duc, de sa victoire, avec la cruauté insolente et rapace d’un Bon de son espèce… Élargi un moment, au prix de ses deux enfants laissés comme otages, mais se souvenant, dit son historien, qu’il était le petit-fils du roi Jean, et revenu bientôt se remettre dans les dures mains de son vainqueur, René d’Anjou, au moment même où la France se réconciliait avec la Bourgogne et allait jeter à la porte l’Anglais, fut abandonné tout à coup par Charles VII, pour lequel il avait combattu.
Car quoi de plus intéressant et de plus instructif que le double fond de cette boîte humaine à surprise, qui, lorsqu’on n’y croit qu’un seul homme, tout à coup en fait partir deux ? […] L’essentiel, selon lui, n’est point du tout le coup de râteau plus ou moins bien jeté sur les notions des sciences physiques contemporaines et qu’il n’a pas toutes ramassées ; non ! […] on n’est pas méchant pour cela, on n’est que gai, et dans le dernier cas on l’est encore, puisqu’on fait rire, et pour le coup, — fût-on M. de Humboldt lui-même, — à ses dépens !
Lacordaire, qui avait fait vœu d’humilité et qui tenait trop à son vœu pour se donner les soins mondains d’une candidature, pensait encore moins à l’Académie que l’Académie ne pensait à sa Révérence, quand tout à coup l’élection provoquée par MM. de Falloux, Cousin et Villemain, a eu lieu. […] Lacordaire, inventée peut-être après coup, dans l’intérêt de son histoire, ou plutôt de son roman d’amitié. […] Talent vibrant, moins pur cependant que sonore, négligé, mais élégant, frêle et pâle, puis tout à coup nerveux et brillant, ayant l’audace d’un paradoxe et la mollesse d’une concession, le P.
Positivement, dans la grossièreté universelle, il a la décence du coup de chapeau. […] Comte, mais avec ce désavantage que lui, l’escamoteur philosophique, il ne sait pas les retrouver… Ce déplorable escamoteur en second, qui ne sait rien faire revenir sous son gobelet de ce qu’il en ôte, a, pour toute baguette magique, une affirmation sans preuve, bête, en effet, comme un coup, de baguette : mais en philosophie ce qu’on écarte n’est pas supprimé. […] quel coup de plumeau d’Hercule !
Car, quoi de plus intéressant et de plus instructif que le double fond de cette boîte humaine à surprise qui, lorsqu’on n’y croit qu’un seul homme, tout à coup en fait partir deux ! […] L’essentiel, selon lui, n’est point du tout le coup de râteau plus ou moins bien jeté sur les notions des sciences physiques contemporaines et qu’il n’a pas toutes ramassées ; non, l’essentiel, c’est « l’expression noble qui ne manquera jamais, si elle l’est, l’effet grandiose de la nature », dit ce tulipier de la phrase, et pardonnez-nous de l’avoir appelé « un beau parleur scientifique » après cela ! […] Non, on n’est pas méchant pour cela, on n’est que gai, et dans le dernier cas, on l’est encore, puisqu’on fait rire, et pour le coup — fût-on M. de Humboldt lui-même — à ses dépens !
Les hommes purent la voir et la constater, mais ils n’en dirent rien, pas même ceux que ce boulet avait servis… Les meilleurs coups ne donnent guères qu’un peu de fumée, qu’un souffle a bientôt effacé. […] Mais, à cette voix, il s’interrompit de contempler et il se décroisa les bras pour frapper les rudes coups de ce livre, dont il se laissa même dicter la forme, trop romanesque à mon gré, mais qu’on lui imposa pour que le livre, sous cette forme, saisît mieux l’imagination et allât plus vite et plus avant dans la publicité et dans le succès. […] La Paternité, qui crée la Famille, insultée maintenant et presque avilie dans une société où les mœurs et les comédies qui les réfléchissent montrent le père toujours inférieur aux enfants et éternellement bafoué par eux ; entamée, de plus, par une philosophie qui a créé l’individualisme moderne et par une révolution qui, du premier coup, enleva à la Famille le droit d’aînesse, cette Paternité a eu bientôt contre elle une effroyable et universelle conspiration, et on le conçoit, car plus une société devient irréligieuse, plus elle peut se passer de père et de Dieu !
… Il y a, je ne sais où, un adorable conte d’une bergère qui a trouvé un os de femme qu’elle prend pour un ivoire et qu’elle dole avec son couteau pour voir ce que c’est, quand, tout à coup, voilà que l’os se met à chanter mélodieusement qu’il est celui d’une pauvre femme assassinée. […] L’Histoire n’a point oublié qu’il lui prédit le coup de couteau de la fin, ce providentiel coup de couteau qui frappa au ventre Henri III et Henri IV à la poitrine, marquant ainsi la différence des coupables par la différence du châtiment !
… Mais, pour un livre qui a déjà produit son effet, qui n’a plus sa fleur, qui est tombé peut-être sous le coup de cette indifférence du public dont furent frappés pendant longtemps un si grand nombre de chefs-d’œuvre, pour un pareil livre à reprendre et à relancer, le libraire n’a plus que son appréciation, son sentiment de la valeur de l’ouvrage, sa propre perspicacité. […] La critique de La Chartreuse de Parme, l’un des plus grands morceaux de critique qui aient jamais été écrits dans la langue consommée d’une vieille civilisation, fut la flamme d’une torchère portée tout à coup au visage de ce porteur de masque pris dans son masque, et nous montra ce qu’il était. […] Il valait le coup de burin de la médaille ou du moins le mordant de l’eau-forte, cet esprit à la Machiavel qui nous donna le Traité du Prince en action dans La Chartreuse, a dit Balzac, et la création de cette figure borgienne de Julien Sorel, le séminariste-officier de Rouge et Noir, aussi fort d’hypocrisie que le frère Timothée de La Mandragore.
Edmond About est un des auteurs qui se vendent le mieux entre l’enregistrement d’une malle et le coup de cloche du départ. […] About, Seulement, le forçat libéré, qui ne veut pas trop s’exposer en tuant d’un coup sa jeune maîtresse, l’empoisonnera par de l’arsenic à petites doses et, péripétie scientifique ! […] Seulement ici, disons-le bien, une vocation réelle se dessine : rendre la réclame lisible aux bourgeois qui s’ennuient et forcer l’art à répondre docilement au coup de sonnette du comptoir et au judas du marchand !
Frappant de sa canne, le genou malade, il marchait péniblement, et tout à coup il s’arrêta, me regarda : — Ça vous épate ? […] Pour peu qu’on ait l’habitude d’écrire, on aperçoit, presque du premier coup, les petits trucs de leur facture. […] — Encore un coup, qu’est-ce que ça pourrait bien me faire ? […] Nous en verrions la preuve en ses Divagations et, dans cet étrange poème en prose du « Coup de dé » qui a été sa dernière page. […] Des mots encore, s’il parle lui aussi du dernier poème : un Coup de Dé.
Elle est à son côté, cette épée dont le premier coup est toujours suivi de la mort. […] Nous combattîmes : il tomba sous mes coups. […] Plût au ciel que la mort renouvelât sur moi le coup qui l’a frappé, que le sanglier fatal eût aussi déchiré le sein de Crimoïna ! […] Plus d’un héros succomba sous tes coups, et les feux de ta colère consumaient les guerriers. […] Un coup de vent fond tout à coup du haut de la colline sur les flots.
Tout à coup la noce le voit dérouler des papiers enveloppant un flageolet, et il joue la valse de Weber, qui fait tomber en pâmoison la mariée. […] Venise, du premier coup, il la sent : ça va être la ville de sa peinture. […] Tout à coup, la femme tourne vers lui ses grands yeux, des yeux immenses, relevés à la chinoise… Alors il ne sait comment ça s’est fait, mais, dans le moment la femme a été sur lui et à lui… Il a conservé le souvenir d’un choc de dents, du contact de ses lèvres froides comme la glace, de la chaleur de fournaise de tout le bas de son corps. […] Ce soir, au moment où, après le coucher des enfants, je causais avec la mère dans le salon, il a tout à coup jailli, au milieu de nous deux, dans sa chemise de nuit, disant à sa mère, avec une intonation d’un câlin inexprimable : « Viens un peu nous caresser dans notre lit, pour que nous nous endormions ! […] La chambre même, avec le chevet de chêne du lit, la tache rouge du velours d’un livre de messe, une brindille de buis dans une poterie, sauvage, me donnaient tout à coup la pensée d’être introduit dans un cubiculum de l’ancienne Gaule, dans un primitif, grandiose, redoutable intérieur roman.
Sa grâce, tout indépendante, et figure vraie de la liberté, a des griffes ; elle apparaît tout à coup, égayant par on ne sait quelles souples et fières ondulations la majesté rectiligne de son hexamètre ; on croit voir le chat de Corinthe rôder sur le fronton du Parthénon. […] Le coup de lumière est plus que le coup de foudre. […] Dans Rabelais ils s’intitulent : Paresse, Orgueil, Envie, Avarice, Colère, Luxure, Gourmandise ; et c’est ainsi que tout à coup vous vous retrouvez avec le rieur redoutable, où ? […] Les hauts faits de don Quichotte, ses coups d’éperon, sa grande lance en arrêt, sont jugés par l’âne, connaisseur en moulins. […] La même insufflation la pousse, l’emporte, l’enlève, la bouleverse, l’emplit de trouble et de lueur et d’un bruit ineffable, la sature d’électricité et lui fait faire tout à coup des décharges de tonnerres.
On est étonné du milieu de ces chansons moqueuses, d’entendre tout à coup une note triste dissoner par moment dans la voix du jeune Anacréon et trahir quelque chose qui ressemble au déboire après l’ivresse. […] Le coup dont tu te plains t’a préservé peut-être, Enfant ; car c’est par là que ton cœur s’est ouvert. […] Tel, lorsque abandonné d’une infidèle amante, Pour la première fois j’ai connu la douleur, Transpercé tout à coup d’une flèche sanglante, Seul, je me suis assis, dans la nuit de mon cœur. […] Quelle main, de ton luth en parcourant la gamme, A changé tout à coup la clef de ta jeune âme, Et fait rendre à l’esprit le son du cœur humain ? […] Sa vie, atteinte par une maladie qui ne pardonne pas aux êtres trop parfaits pour respirer l’air de la terre, n’était qu’un souffle ; son beau visage n’était qu’un tissu pâle et transparent que le premier coup d’aile de la mort allait déchirer comme le vent d’automne déchire ces fils lumineux qu’on appelle les fils de la Vierge.
C’est son mot favori ; et il n’oublie pas de nous dire qu’à ce moment où il parlait ainsi des grands coups de la bataille, il levait haut le bras et faisait le geste de vouloir frapper ; ce qui ne déplaisait pas au roi et redoublait la joie du Dauphin. […] Quant à Montluc, après avoir fait jusqu’au bout son office de chef, il eut l’idée de finir la journée par un de ces coups imprévus et d’aventure qui lui plaisaient : il s’était mis en tête qu’il ferait prisonnier ce jour-là un ennemi de haut rang et d’autorité, le général en chef, par exemple, le marquis du Guast en personne, pourquoi pas ? […] À celle nouvelle, il éprouva une impression soudaine et qu’il a rendue bien énergiquement ; tout son sang se glaça, en écoutant le gentilhomme qui lui faisait ce récit : « S’il m’eût donné, dit-il, deux coups de dague, je crois que je n’eusse point saigné ; car le cœur me serra et fit mal d’ouïr ces nouvelles ; et demeurai plus de trois nuits en cette peur, m’éveillant sur le songe de la perte. » Il se représentait la scène du conseil, sa promesse solennelle de la victoire, la conséquence incalculable dont une défaite eût été pour la France, et dans ce prompt tableau que son imagination frappée lui développa tout d’un coup, cet homme intrépide retrouva la peur à laquelle il était fermé par tout autre côté.
Ces preuves, ce sont sans doute les écrits durables et permanents ; mais le plus sûr est de ne pas s’en tenir uniquement aux écrits déjà anciens et qui ont jeté leur feu ; le meilleur coup de fortune pour une mémoire immortelle est d’avoir, du sein du tombeau, deux ou trois de ces retours et de ces réveils magnifiques qui étonnent les générations nouvelles, qui les convainquent qu’un mort puissant est là, redoutable encore jusque dans son ombre et son silence. […] Elle aime Paris, la société, la conversation, elle ne peut s’en passer ; comme à Mme Du Deffand, dès qu’elle est seule ou peu entourée, le fantôme de l’ennui se dresse à ses yeux et l’épouvante ; elle est vulnérable par là plus qu’on ne peut dire : Clorinde, même quand elle combat, se retrouve tout à coup plus faible qu’une Herminie. […] Dans l’un des carrosses, les dames avaient eu peur ; on avait fait arrêter, et l’on était descendu au moment où les coups étaient le plus forts ; il y avait eu maint incident qu’on se racontait avec agitation. […] Dans la poésie la plus vantée, elle ne retrouvait pas d’idée, et dans la conversation point de sentiment. » Car elle voulait du sentiment aussi et avant tout, mêlé aux idées, avec des éclairs de gaieté fugitive, quantité de rapports fins, subtils, déliés, des anecdotes d’une application spirituelle et imprévue, de soudains essors et comme des flammes vers les plus hauts sommets ; mieux que des aperçus, des considérations politiques et historiques, fortement exprimées, mais sans s’y appesantir ; des images même, qui peut-être n’auraient point paru des images en plein soleil, mais qui en faisaient l’effet dans un salon ; puis tout à coup (car c’était une femme toujours) un soupir romanesque jeté en passant, et quelque perspective lointaine vaguement ouverte sur la destinée, les peines du cœur, les mystères de la vie ; un coin mélancolique à l’horizon.
Si elle ne s’est souvenue après coup que de ce qu’elle avait dit de Napoléon, lui, il s’est plutôt souvenu de ce qu’elle lui avait dit des Bourbons : « Hélas ! […] « Vous n’y reconnaissez pas, dites-vous, les sentiments habituels de Mme de Staël. » Encore un coup, vous m’étonnez ! […] Il suffît d’ouvrir le livre admirable où elle apprécie d’un jugement si ferme les principaux événements de la Révolution française, pour être pleinement édifié sur le peu de foi qu’elle accordait au libéralisme de celui, etc., etc. » Mais, Madame, il ne s’agit pas, encore une fois, du livre de Mme de Staël rédigé plus tard et d’après une impression totale et résumée où l’on supprime et l’on abolit tout ce qui a pu s’en écarter un moment ; il s’agit de lettres écrites dans les cinq premières semaines des Cent-Jours, sous le coup des événements les plus menaçants, de conseils d’amis sans doute très pressants, et sous l’inspiration aussi d’un sentiment national honorable, dont la suggestion a pu être plus forte que les règles et les principes. […] Autant Bossuet, même ainsi démembré, gagne à tout coup et triomphe, autant Mme de Staël résiste peu.
Je relève dans ce Mémoire un heureux coup de crayon donné en passant, et qui caractérise en beau M. de Choiseul : « M. le duc de Choiseul, un des hommes de notre siècle qui a eu le plus d’avenir dans l’esprit ; qui déjà, en 1769, prévoyait la séparation de l’Amérique d’avec l’Angleterre et craignait le partage de la Pologne, cherchait dès cette époque à préparer par des négociations la cession de l’Égypte à la France, pour se trouver prêt à remplacer, par les mêmes productions et par un commerce plus étendu, les colonies américaines le jour où elles nous échapperaient… » Voilà un éloge relevé par un joli mot : un joli mot, en France, a toujours chance de l’emporter sur un jugement. […] Quand on parlait devant lui de la complicité de Mme de Staël, dans ce coup d’État : « Mme de Staël, disait-il, a fait le 18, mais non pas le 19. » On sait, en effet, que, si la journée du 18 avait abattu l’espoir des royalistes, la journée du 19, avec ses décrets de déportation, avait relevé l’audace des jacobins. […] Ne pouvant qu’effleurer cette existence de Talleyrand, qu’éclairer deux ou trois points saillants, et tout au plus donner un coup de sonde a deux ou trois endroits, je ne voudrais rien dire que d’exact, de sûr, et en même temps mettre le lecteur à même de juger, ou du moins d’entrevoir les éléments divers du jugement. […] Tout à coup on vint l’avertir que l’empereur Alexandre, qui logeait au premier, le demandait : il se leva en recommandant à ces messieurs de continuer le triage de confiance et le brulement.
Ce seul coup de chapeau, par lequel il arrêta et charma ainsi les deux armées, lui aurait bien mérité, disait-on, le chapeau de cardinal. […] À la mort du grand ministre et du roi, il y eut un moment bien critique pour Mazarin : désigné au premier rang par eux pour le Conseil, il put se croire plutôt à la veille d’une disgrâce, et il faisait déjà, disait-on, ses préparatifs pour retourner en Italie, lorsque son adresse et son étoile le portèrent tout d’un coup au faîte. […] Mais quand Beringhen, poussé par la réserve même qu’il rencontrait, eut dit positivement qu’il venait de la part de la reine, ce fut comme une baguette magique qui opéra : À ce mot, le fin Italien change de conduite et de langage, et passant tout à coup d’une extrême retenue à un grand épanouissement de cœur : « Monsieur, dit-il à Beringhen, je remets sans condition ma fortune entre les mains de la reine. […] La comparaison qu’on faisait de ce pouvoir tout à coup si ferme, mais non pas terrible, et qui continuait d’être si doux ou même si riant dans l’habitude, avec celui du cardinal de Richelieu, charma pour un temps les esprits et fascina les imaginations.
On en parle autant qu’on en peut parler, à toute heure et en tout lieu ; on en parle à satiété et trop, on use le sujet58, et puis tout d’un coup on n’en parle plus, et à peine si l’on s’en souvient. […] Tout à coup un bruit sourd se répand ; dans les cafés, dans les athénées, dans les théâtres, on se dit à l’oreille : « Vous ne savez pas ? […] Sauvo dans un judicieux feuilleton du Moniteur (4 janvier), de voir cette attention soutenue, ce passage continuel des mêmes yeux sur deux imprimés différents, ces coups de crayon donnés à tous deux successivement, et surtout ces cris de joie, ces applaudissements immodérés qui se faisaient entendre lorsque certaines situations, certains passages ou même quelques vers paraissaient établir des ressemblances entre l’ancien et le nouvel ouvrage. […] Étienne, en 1812, s’était vu tout à coup impopulaire comme homme du pouvoir, comme instrument du gouvernement et organe de la censure officielle : la Restauration le voua à un rôle tout différent.
D’Alembert fait coup double sur Calderon et Shakespeare. […] Tout à coup ils s’arrêtent. […] Ils ont tout à coup une haute douceur, aussi imprévue que le reste. […] Ce contact des extrêmes fait loi dans la nature où éclatent à tout moment les coups de théâtre du sublime.
Mais c’est surtout au xixe siècle que la preuve a eu lieu, éclatante et incontestable, de la faculté qu’ont les poètes d’entrer dans la prose avec la supériorité de leur génie, quand ils ont le bonheur d’en avoir… et d’y devenir tout à coup des maîtres. […] Et pour ne parler que de notre pays, Lamartine, Victor Hugo, Alfred de Musset, Sainte-Beuve, Théophile Gautier, sont des prosateurs presque identiques en valeur à ce qu’ils sont comme poètes ; et Alfred de Vigny, qui est de cette constellation poétique éclose dans le ciel de feu de 1830, doit être nommé, non après eux, mais avec eux… Seulement, comme quelques-uns d’entre eux, Vigny n’a pas eu tout à coup le double génie et n’a pas trouvé dans son âme les deux aptitudes entrelacées comme deux sœurs dans le même berceau. […] L’eider qu’il était, cette hermine des airs, ce fier oiseau, sauvage à force de pureté, s’enleva bientôt d’un coup d’aile par-dessus un projet vulgaire, si peu digne de lui. […] Mais tous les deux ont sur le crâne le coup de pouce du Créateur qui fait les métaphysiciens.