Moi, je crois qu’on n’acquiert pas grand’chose dans l’ordre de l’intelligence et qu’on naît même ce qu’on doit devenir ; mais il n’en est pas moins vrai que Vigny, qui avait le génie poétique à fleur et à fond d’âme, n’avait qu’à fond d’âme le génie de la prose. […] Il s’agit d’âme, et de la peine la plus haute d’une âme. […] On sentait que le poète, pour la première fois, y trahissait un secret d’âme longtemps gardé. […] L’esprit d’Alfred de Vigny, s’il n’est pas la négation de Dieu, est la négation absolue du Christianisme ; mais son âme, ce quelque chose en nous qui précède la réflexion et qui la défie, en protestant souvent contre elle, son âme est chrétienne de tendresse, de pitié, d’aspiration infinie. […] On n’avait pourtant, du temps de Carrel, qu’une partie de l’âme de Vigny, qu’on croyait heureuse et qui ne l’était pas… C’est nous qui l’avons tout entière, complétée et embellie par la douleur… qui embellit toujours les âmes !
De ces Lettres à une inconnue sortent, comme d’un merveilleux tombeau entrouvert, deux poétiques oiseaux blancs, deux tourterelles, deux âmes mélancoliques et plaintives ; l’âme, inconnue jusque-là, de feu Mérimée, et l’âme de l’inconnue, qui le restera par-delà ! L’âme de Mérimée ne jouissait pas d’autant de publicité et de notoriété que son talent. […] C’était un talent, c’était un esprit, c’était principalement une âme ! On dira : l’âme de feu Mérimée, comme on a dit : l’âme de feu Brassier ! […] Avant celles-ci, les deux volumes à des Inconnues avaient donné déjà une triste idée de l’âme d’un écrivain surfait par une admiration surprise, et qui, pour ne pas croire à l’âme, méritait bien, du reste, de n’en pas avoir !
Ce supplice est sous vos yeux, peut-être même dans votre âme. […] Il est évident, en conséquence, que l’âme n’est point indépendante du milieu habituel dans lequel l’homme vit. […] C’est que l’étendue avait modifié et rectifié le regard de notre âme. […] L’âme n’est pas indépendante de ses sens. […] « Saisir l’âme ?
… Une qualité permanente de l’âme, qui est la raison elle-même en action ! […] Cette forme sensible, ce n’est point toi ; ce qui fait l’homme, c’est l’âme, et non cette figure que l’on peut montrer du doigt. […] Semblable à ce Dieu éternel qui meut l’univers en partie corruptible, l’âme immortelle meut le corps périssable. Exerce-la, cette âme, aux fonctions les plus excellentes. […] On dirait que la lumière d’une belle âme y découle sans ombre sur le plus bel esprit de tous les temps.
Vos théories de société répondent aux corps, les nôtres répondent à l’âme de la société. […] Dieu ne peut être appelé en témoignage pour le ratifier ; la moitié meilleure de ce qui fait l’homme y manque : son âme n’y est pas ! […] Il a donné à l’homme une âme pour communiquer par la pensée avec Dieu, son créateur, et pour perfectionner cette âme par la vertu, travail surhumain de l’humanité mortelle dont la vie immortelle est le salaire dans un temps qui ne finit pas, c’est-à-dire dans l’éternité rémunératrice. La société politique et civile est le milieu composé de devoirs mutuels dans lequel l’homme trouve à exercer son âme militante et perfectible à cette vertu dont la société vit, mais dont le mérite ne finit pas ici-bas ; c’est la civilisation spiritualiste de l’âme humaine. […] Tout lui souriait du côté du monde : elle détourna son âme et ne voulut regarder que du côté du ciel.
A cet élan il semble que l’âme hindoue se soit essayée par deux méthodes différentes. […] L’âme mystique veut être cet instrument. […] Disons que c’est désormais, pour l’âme, une surabondance de vie. […] L’âme mystique n’avait-elle pas justement ce privilège ? […] Que répondre à celui qui contestera l’existence de l’âme ainsi définie ?
Une âme délicate éprouve une sorte de dégoût pour la langue dont les expressions se trouvent dans les écrits de pareils hommes. […] Quel effet pouvaient produire cette violence monotone, ces termes si forts, qui laissaient l’âme si froide ? […] Comment arriver à l’âme endurcie contre les paroles par tant d’expressions mensongères ? […] L’âme a besoin d’exaltation ; saisissez ce penchant, enflammez ce désir, et vous enlèverez l’opinion. […] L’éloquence tient lieu de la musique guerrière ; elle précipite les âmes contre le danger.
Mais où trouver l’âme sacrée qui chante ? […] J’ignore s’il a gagné aux voies trop détournées, où il s’est tenu, beaucoup d’âmes de mystère ; mais il n’a en rien touché le grand nombre des âmes accessibles d’ailleurs aux belles et bonnes paroles, et dignes de consolation. […] Son âme est comme l’idéal accompli de la généralité des âmes que l’ironie n’a pas desséchées, que la nouveauté n’enivre pas immodérément, que les agitations mondaines laissent encore délicates et libres. […] On a dit que Lamartine s’adressait à l’âme encore plus qu’au cœur : cela est vrai, si par l’âme on entend, en quelque sorte, le cœur plus étendu et universalisé. […] Là, l’élégie, la scène circonscrite, la particularité individuelle, n’existent presque plus ; je n’entends qu’une voix générale qui chante pour toutes les âmes encore empreintes, à quelque degré, de christianisme.
Le principe d’adhésion, de répétition fait que la particularité humaine ainsi apparue, suscite, s’associe, unit tous ceux dont l’âme est faiblement ou fortement configurée de la même manière que celle de l’artiste et du héros, en vertu et dans la mesure de cette ressemblance. […] L’âme d’un grand homme est celle qui peut mettre en mouvement un million de bras comme les siens propres ; l’âme d’un grand artiste est celle qui peut frémir en un million de sensibilités individuelles et fait la joie et la douleur d’un peupleen. L’histoire d’une nation, d’une littérature est l’histoire de ces grandioses communications ondes vitales, prises et décrites dans leur source, dans l’âme où elles s’élancent, mesurées dans leur parcours, dans les âmes où elles agissent, révélant par leur extension et par leur nombre combien un peuple compte d’hommes, d’êtres existant par soi et existant en autrui. […] Un homme qui peut assister, l’âme paisible, à la torture de ses ennemis, ne ressent pas au moindre degré la douleur qu’il fait souffrir. […] Aucun artiste ne peut ne pas se mettre dans son œuvre ; aucun n’a songé et n’aurait pu parvenir à falsifier cet aspect de sa nature intime qui gît au fond de toute œuvre ; tant qu’ils s’appliqueront à la tâche ardemment poursuivie d’exprimer quelque face nouvelle et poignante du beau, de frapper l’âme humaine en quelque place vierge d’émotion, ils seront empêchés, s’ils veulent atteindre le but, de dissimuler la grandeur, la beauté et l’aspect de leur propre âme, dont la communication même, impudique ou discrète, est la condition de la pénétration de leur œuvre dans l’âme d’autrui.
Délivre mon âme ! […] « Tu allumes toi-même la lampe dans mon âme, Jéhova ! […] « Mon âme est collée à la poussière. […] « J’ai apaisé devant toi et assoupi mon âme comme un enfant sevré qui est sur les bras de sa mère ; comme un enfant sevré mon âme est assoupie de confiance en moi ! […] Ô puissance de l’âme !
Il remuait toutes les fibres généreuses de la poitrine, il ennoblissait la pensée, il ressuscitait l’âme ; c’était assez pour tourmenter le sommeil des geôliers de notre intelligence. […] La poésie n’était donc pas morte dans les âmes comme on le disait dans ces années de scepticisme et d’algèbre, et puisqu’elle n’est pas morte à cette époque, elle ne meurt jamais. […] que de soupirs animés de toute la vie de deux âmes arrachées l’une à l’autre, ces paroles confuses et noyées de larmes devaient contenir ! […] Les religions sont la poésie de l’âme. […] La moindre de ces choses saintes consolerait de toutes les critiques, et vaut cent fois, pour l’âme du poète, ce que ses faibles vers lui ont coûté de veilles ou d’amertume.
L’amour fut aussi le premier chant de cet enfant, dans l’âme duquel la passion idéale était éclose avant l’âge des passions terrestres. […] Ce site mélancolique convenait à la mélancolie de son âme. […] Mais tout indique aussi que, si le Dante avait été plus que léger dans l’amour des sens, il avait été fidèle dans l’amour de l’âme. […] Ces poèmes étaient autant de chants épars de mon épopée de l’âme. […] En effet, selon les lois qui régissent le monde spirituel, pour qu’une âme s’élève, elle a besoin de l’attraction d’une autre âme.
L’âme qui est a été. […] L’âme, en nous, est l’âme des ancêtres, et par conséquent, est l’âme même de l’humanité. […] Une âme injuste est une âme qui sonne faux. […] L’art doit tendre par l’agréable à l’ordre et à l’harmonie de l’âme, c’est-à-dire au bien de l’âme. […] L’âme se crée en se saisissant.
Enfin Caïrbar recueille son âme et saisit sa lance. […] Mon âme a-t-elle médité ta mort ? […] Je veux que ces doux accords accompagnent le départ de mon âme. […] Je voyais l’aimable Roscana : mon âme se serait envolée avec le rayon de mon amour. […] Ils ne répondent point : mon âme est agitée de terreur.
Le sentiment est une faculté motrice de l’âme. […] Sans la victoire de l’âme sur ses passions, ou sans sa défaite, l’âme serait privée de ce qui fait sa principale grandeur : la moralité. […] C’est le sort de l’âme considérée comme pure intelligence. […] Cette troisième faculté de l’âme, c’est la conscience. […] Celui qui a inventé ce prosternement intérieur de l’âme a inventé le seul rapport de l’âme à Dieu.
Bossuet place aussi l’âme dans le cerveau, sans désigner la glande pinéale ; quand il dit que l’âme et le corps forment un tout naturel, voulant par là exprimer la nature intime du lien qui rattache l’âme au corps, il se montre moins fidèle à la psychologie de Platon et de Descartes qu’à celle d’Aristote. […] Stahl fait de l’âme le principe unique de tous les phénomènes de la vie physique. […] Bonnet ne peut croire à la séparation de l’âme et du corps. […] Maine de Biran répond au livre des Rapports du physique et du moral en distinguant deux vies, deux âmes, deux hommes, la vie, l’âme propres à l’homme animal, et la vie, l’âme propres à l’homme vraiment humain, dont l’attribut est la volonté. […] C’est la pensée d’Aristote, lequel fait de l’âme la cause finale du corps ; c’est la doctrine de Stahl, qui enseigne que toute âme crée son corps.
C’est donc l’insoucieuse marche de l’âme désormais guérie : à plaisir, elle peut être prolongée. […] Sous les mots, le fond émotionnel de l’âme, celui seul que comportent ces mots. […] Il méritait d’être compris par un petit nombre, un petit nombre, à lui dédiant leurs âmes, très humblement. […] L’âme, furieusement, s’affirme la Foi. […] La Belle Hélène, la Grande Duchesse, c’est le quadrille d’âmes grossières et vaines, comme tel final des symphonies de Beethoven fut la valse d’âmes passionnées et naïves.
D’abord, vous reconnaîtrez bien vous-même que cette « âme » n’opère jamais devant vous sans un corps. […] Vous disiez que, dans l’espace comme dans le temps, l’âme déborde le corps auquel elle est jointe. […] Donc, pas plus dans le temps que dans l’espace, l’« âme » ne déborde le corps… Mais y a-t-il réellement une âme distincte du corps ? […] À la philosophie incombe la tâche d’étudier la vie de l’âme dans toutes ses manifestations. […] La seule hypothèse précise que la métaphysique des trois derniers siècles nous ait léguée sur ce point est justement celle d’un parallélisme rigoureux entre l’âme et le corps, l’âme exprimant certains états du corps, ou le corps exprimant l’âme, ou l’âme et le corps étant deux traductions, en langues différentes, d’un original qui ne serait ni l’un ni l’autre : dans les trois cas, le cérébral équivaudrait exactement au mental.
Ils devaient retrouver le génie du frère passant à travers l’âme de la sœur, et s’attendrissant au passage. […] Ils l’étaient par l’essence même de l’âme et les attaches secrètes du cœur. […] Mais les âmes élevées ? […] que Mlle de Guérin étreignit si bien contre elle l’âme de son frère, que cette âme et la sienne ne perdirent plus la marque de cette vive étreinte. […] Quoique nous ayons aimé Guérin autant qu’âme d’homme puisse aimer âme d’homme, nous ne sommes pas digne de mêler nos larmes à celles de cette sœur mère, qui doit rester vierge jusque dans ses pleurs !
Parmi tant d’âmes qu’il pénètre et qu’il s’assimile, où est la sienne ? […] Nul peut-être, à l’heure qu’il est, n’inspire à certaines âmes un culte plus tendre. […] Cette âme, M. […] C’est le spectre du pessimisme qu’il voit se dresser au bout de tous les chemins qu’il s’est taillés dans ce que Shakespeare appelle la forêt des âmes. […] Ce roman est donc, en somme, une histoire d’expiation, l’histoire de deux âmes purifiées par la douleur.
L’âme a entrevu son But, l’âme s’est rapprochée de Dieu, — l’être futur, terme suprême de son rythme ; — l’âme s’est rapprochée d’elle-même et s’est grandie parce qu’elle a grandi. […] Mon Âme, les vois-tu venir ? […] Pauvre Âme, les vois-tu venir ? […] Hector Chainaye est intitulé l’Âme des Choses. […] Prie en ton âme forte : Que t’importe nuit ou jour ?
Deux âmes cohabitent en lui, à la fois indissolublement liées et irréductiblement hostiles : l’âme sociale et l’âme individuelle. […] Nous sentons très bien les deux âmes rivales : l’âme individuelle et l’âme sociale, s’opposer en nous. […] Aujourd’hui, plus qu’elle ne l’a fait jamais, l’âme individuelle s’oppose à l’âme sociale. […] L’irrespect à l’égard des décisions des groupes est un sentiment qui tend à prédominer citez des âmes très cultivées et très délicates. […] En nous l’âme individuelle subsiste à côté de l’âme sociale.
Types d’âme romantique : Mlle de Lespinasse, Mme Roland. — 3. […] L’imagination développe, multiplie, amplifie les impressions de l’âme et leurs résonances. […] Les âmes aussi élevées, aussi désespérées sont rares. […] Il avait l’âme idyllique et héroïque, tendre et enthousiaste. […] Enfin le dénouement est à volonté : une variante marie les deux amants, pour la satisfaction des âmes sensibles.
Et cependant, si on y songeait, cette gloire d’Horace qui arrêtait ou refoulait le mépris était faite par les âmes vulgaires, et c’est même la raison pour laquelle elle avait toujours été si peu discutée… Les âmes vulgaires étaient enchantées de se reconnaître, dans Horace, sous cette expression artistement choisie qui ornait leur vulgarité… Mais que voulez-vous ? […] Quelquefois le talent des hommes est meilleur que leur âme, d’autres fois leur âme meilleure que leur talent : mais le talent était fait chez Horace de la même étoffe que son âme. Âme petite, talent petit, mais talent propre, nettoyé, cultivé… Nec sordidus auctor ! […] C’est qu’il n’avait ni l’une ni l’autre, ce mal affranchi, resté âme d’esclave. […] Par le goût, c’était un horatien, s’il n’avait pas eu l’âme si chrétienne ; il était même de l’Université, comme Rigault.
, — ayant refusé le vol surnaturel de l’âme, il a perdu son vol naturel. […] L’âme chrétienne de Michelet, cet antichrétien ! a vibré, en ces biographies, à l’unisson des âmes, chrétiennes aussi, de ces soldats qui n’eurent de religion que l’amour de la patrie et du devoir, et qui n’en furent pas moins, à leur façon, des âmes chrétiennes ! […] Des âmes chrétiennes ? […] Sa bravoure, en simplicité, ressemblait à toute son âme.
Il y a dans la pauvreté, qui est redoutée à présent de toutes les âmes amollies par ce qu’on appelle le confort de la vie, il y a cependant dans la pauvreté une poésie profonde et si d’accord avec l’âme du genre humain, que c’est peut-être la plus impressionnante et la plus touchante de ses poésies. […] Tout en marchant, il secouait ce tison enflammé de la prière, dont les étincelles allumaient, du feu de la Charité et de la Foi, les âmes près desquelles il passait. […] Il semblait que la pureté de son âme eût revêtu ce corps, et gardé des saletés de la terre cette chair qui s’y exposait et se trempait aux fanges avec la soif de l’abjection ! […] Seulement, si on avait de l’âme et du génie, on pourrait la pressentir et en deviner quelque chose. […] Mais ce que j’aurais voulu, c’est un reflet du feu de l’âme du Saint.
Charles Delchevalerie Les personnages des Sept Princesses se meuvent selon la philosophie développée déjà dans l’Intruse et dans les Aveugles ; un malheur plane sur cette salle : la reine, âme de femme, en a la prescience ; le vieux roi, en son entendement obscurci par la vie, n’en perçoit plus les présages ; le prince en a comme une vague conscience, âme d’enfant encore, il est terni déjà par le monde extérieur, il participe des deux âmes du roi et de la reine. […] Il y a plus : il y a l’apport d’une émotion artistique de qualité spontanée et neuve, il y a l’emploi d’une phrase dont l’apparence simple est un miroir profond d’attitudes séculaires et de pensées accumulées, héritage perpétuel que se transmettront à jamais les âmes. […] ou déjà les âmes ! […] Son âme, ainsi que celle de sainte Catherine de Sienne, saura s’éduquer au voisinage banal et familier de chaque jour et de chaque endroit, et, peu à peu, dans la parole d’un enfant, dans les réflexions du petit Allan, du petit Yniold, ou du petit Tintagiles, il découvrira des trésors de bonté infinis et des fortunes d’amour inépuisable. […] Robert de Souza Voici un poète qui n’a pas voulu que l’âme de la châtelaine ne fût pas celle de la bergère, l’âme du pâtre celle de l’artisan ; il dépouilla la chanson de ses attaches locales, et c’est l’âme, l’universelle âme humaine qui chante, dénudée de tout ce qui n’est pas elle seule, partout semblable à elle-même, éternellement.
Maurice Barrès est une de ces âmes-là. […] Le souci de son âme le tourmentait uniquement. […] Nos âmes ont des aspirations différentes. […] Voici en son artificiel jardin l’âme de M. […] Âmes de pirates, de rois et de laboureurs.
L’âme se juge dans ses œuvres ; les œuvres doivent être jugées et classées d’après la grandeur de l’âme qu’elles manifestent. […] Il n’en est pas qui sonnent plus harmonieusement à l’oreille et à l’âme. […] Certes, sous peine d’être ans âme, notre poésie doit avoir une âme chrétienne. […] pourquoi ces mots, une âme prosaïque, indiquent-ils le contraire d’une âme élevée ? […] L’esprit seul agit sur l’esprit ; les objets extérieurs ne parlent à notre âme que parce qu’ils communiquent eux-mêmes à une autre âme, à une idée.
Homme, élève ton âme ! […] L’évêque ne dit pas à Jocelyn : « Sauvez mon âme, qui serait perdue sans vous », mais : « Accordez à mon âme une dernière consolation. » Nous sommes ici avec des croyants. […] Le poète nous annonce qu’il la recommencera neuf fois, avant que son âme devienne l’âme parfaite et sublime de Jocelyn. […] Le déisme érigeait au-dessus de tout une âme humaine distendue et unique ; le panthéisme infuse l’âme humaine dans tout. […] Je vois en eux des âmes grandes ou ardentes, mais simples.
Cette molle incurie de l’âme et du talent qui faisait la faiblesse de son caractère, faisait le charme de son esprit. […] Elle n’avait pas besoin de baguette pour ses enchantements, le charme était dans son âme. […] Toute son âme était dans ce geste. […] un caprice, au lieu d’une âme ! […] Ne sais-tu pas ce que c’est que l’âme d’un peuple ?
De la littérature de l’âme. […] Bories, de ce bon et excellent père de mon âme. […] L’ineffable paix de leur âme fait envie. […] Pauvre âme, pauvre âme, qu’as-tu donc ? […] occuper le corps qui nuit à l’âme.
Ces essais ambitieux ne porteront point remède aux peines de l’âme ; mais ils honoreront la vie. […] La vertu est à la fois une affection de l’âme, et une vérité démontrée ; il faut la sentir ou la comprendre. […] Les grands talents obtiennent des applaudissements, et une bienveillance qui porte à la douceur l’âme de ceux qui les possèdent. […] Bien ne peut égaler l’impression que font éprouver certains mouvements de l’âme ou des portraits hardiment tracés. […] Que de consolations nous sont données par les écrivains d’un talent supérieur et d’une âme élevée !
Dans tes embrassements je répandis mon âme, De Sion enfant bien-aimé. […] Les plus grands poètes sont ceux qui ont le plus aimé de l’amour de l’âme. […] Tel est, mon Ami, le refuge heureux que j’ai trouvé en votre âme. […] Que de vérité, d’âme, d’onction et de poésie ! […] Toutefois, j’ai du bon ; aussi vos touchantes Consolations m’ont pénétré l’âme, et je me réjouis maintenant du calme de la vôtre.
La tristesse fait pénétrer bien plus avant dans le caractère et la destinée de l’homme, que toute autre disposition de l’âme. […] C’est cette disposition de l’âme, source de toutes les passions généreuses, comme de toutes les idées philosophiques, qu’inspire particulièrement la poésie du Nord. […] L’âme, doucement ébranlée, se plaît dans la prolongation de cet état, aussi longtemps qu’il lui est possible de le supporter. […] Ils ont su l’exciter surtout par la peinture du malheur, que ces âmes énergiques et profondes ressentaient si douloureusement. […] Il faut alors qu’il cherche dans le cœur humain les sources de l’émotion, qu’il fasse sortir d’une expression éloquente, d’un sentiment de l’âme, d’un remords solitaire, les fantômes effrayants qui doivent frapper l’imagination.
Mais les Romantiques avaient des âmes puériles, des âmes d’enfants qui font l’école buissonnière. […] Lamartine a dit : « Tout Poëte se fait dans l’âme une solitude pour écouter Dieu. » Oui, dans l’âme ! […] Mais ce n’est pas d’eux que M. de Banville pourrait croire qu’ils ont pris leur costume dans leur âme, car ils n’ont jamais eu d’âme ! […] Ils font oublier l’âme absente. […] C’est dans l’âme qu’E.
C’était à quinze ans, l’âme déjà nourrie de Tacite, que l’enfant de génie assistait à ces leçons de la Providence. […] Mais le don de Dieu déposé dans cette âme n’en est pas moins magnifique et rare. […] Les âmes les plus fières, les esprits les plus inventifs, y succombent. […] Pour cela même mon âme t’a cherché toujours dans le silence des solitudes. […] Quelques détails de sa vie diront comment se forma cette âme poétique.
Tous deux également célèbres, et tous deux jouissant de la gloire l’un de l’autre, ils goûtaient ensemble dans le commerce de l’amitié et des lettres, ce bonheur si pur que ne donnent ni les dignités, ni la gloire, et qu’on trouve encore moins dans ce commerce d’amour-propre et de caresses, d’affection apparente et d’indifférence réelle, qu’on a nommé si faussement du nom de société, commerce trompeur qui peut satisfaire les âmes vaines, qui amuse les âmes indifférentes et légères, mais repousse les âmes sensibles, et qui sépare et isole les hommes, bien plus encore qu’il ne paraît les unir. Il faut voir dans les lettres de Pline même, tous les détails de cette union si douce ; on partage et l’on envie les charmes de leur amitié : ils voulaient vivre, ils voulaient mourir ensemble ; ils désiraient, quand ils ne seraient plus, que la postérité unît encore leurs noms, comme leurs âmes l’avaient été pendant la vie. […] Il arrive dans les ouvrages ce qu’on voit en société : le désir éternel de plaire rapetisse l’âme et lui ôte le sentiment et l’énergie des grandes choses. […] Des âmes qui ont été longtemps abattues, ne se relèvent pas aisément ; et l’habitude d’avoir été courbé sous des chaînes, se remarque même quand on peut marcher en liberté. Tacite lui-même, Tacite, dont l’âme était si fière et si haute, sentait ce malheur, et il s’en plaignait.
Tantôt et souvent il avait ce que Buffon, parlant des animaux de proie, a appelé une âme de colère ; tantôt et non moins souvent il avait une douceur, une tendresse à ravir les petits enfants, une âme tout à fait charmante ; et il passait de l’une à l’autre en un instant. […] Il y a peu à gagner pour la science, mais beaucoup pour la poésie, pour l’élévation de l’âme et la contemplation de la nature. […] Ce sera bien sa manière, à lui ; dans les images fidèles qu’il nous offre de la nature, l’homme, l’âme est toujours en présence ; c’est la vie réfléchie et rendue par la vie. […] On y saisit avant tout la physionomie, on y respire l’âme des choses. […] comment se fait-il que mon repos soit altéré par ce qui se passe dans l’air, et que la paix de mon âme soit ainsi livrée au caprice des vents ?
Par ces faits menus ou longs à décrire, il montre les états d’âme permanents ou passagers de ses personnages, — par ces mains de Gianni travaillant machinalement à déranger les lois de la pesanteur, l’absorption momentanée du saltimbanque cherchant un tour inouï par ce réglisse : bu dans un verre de Murano, la nature populaire et raffinée de la Faustin. […] Et par une conséquence logique ce sont des âmes capables de ces variations, de ces emportements, de ces sautes, que M. de Goncourt s’applique à peindre, des âmes diverses, plastiques à toutes les sensations, désarticulées et nerveuses, sans constance et sans unité, sans rien qui les raidisse, les soutienne et les cimente, des âmes de demi-artistes, des âmes de premier mouvement, soudaines, ductiles et fougueuses. […] C’est dans la notation de ces sentiments ténus, délicieux et troubles qu’éclate la maîtrise de M. de Goncourt, dans le rendu tâtonnant, repris, poussé, flottant et enlaceur de ces mouvements d’âme vagues et inaperçus de tous, dans la description de l’ivresse languissante que causent à Chérie la musique ou un effluve de parfums, dans la sorte d’extase hilare de deux clowns tenant un tour qui stupéfiera Paris, dans la vague stupeur d’âme qui vide peu à peu la cervelle d’une prisonnière histérique. […] A une époque où le souvenir du romantisme remplit les romans réalistes et les scènes brutales, de grands chocs tragiques et sanglants, de raffinements maladifs, M. de Goncourt a conservé le sens des choses naturellement charmantes, de la poésie dans les incidents journaliers, des âmes délicates de naissance, de ce qui est vif, simple et gai. […] Quand on y songe… Le mystère de l’enfantement leur a été confié et peut-être le comprennent-elles… Peut-être y a-t-il un moment solennel où si le mari ne dormait pas d’un sommeil stupide, il verrait la femme tenir entre ses mains son âme palpable et en déchirer un morceau qui sera l’âme de son enfant… » Les Goncourt faisaient de même des numéros entiers du Paris, qui ne contenait alors, outre le feuilleton et le Gavarni, qu’une nouvelle comme les admirables Lettre d’une amoureuse, et Victor Chevassier.
De Bouhélier est une âme violente et troublée qui n’a soif que d’harmonie, M. […] Francis Jammes n’a rien de commun avec la jeunesse d’aujourd’hui, il n’a pas d’âme, pas de syntaxe, pas d’ardeur. […] Tout le livre est comme la révélation d’une âme, une âme qui vibre et souffre à tous les contacts de la vie. […] Ils ont conservé la métrique rigoureuse de Leconte de Lisle, mais ils ont élargi leur âme et leur sensibilité. […] Lantoine, Leconte, Lacuzon et ses amis, il est une âme.
Oui, on le dirait, ces âmes polaires parlent vraiment à nos âmes ; elles y entrent très avant, elles les remuent, par moments, jusqu’au tréfonds. […] De ce jour, Silas, insensiblement, redevient bon ; il semble qu’en lui volant son argent on ait délivré son âme. […] combien minutieusement d’une grande âme dans une condition médiocre, d’une âme que l’on sent d’autant plus grande qu’elle n’a pas eu tout son emploi. […] Sur quoi Hedda, ne pouvant décidément supporter la disproportion qu’il y a entre sa destinée et son âme, se tue d’un coup de revolver. […] L’âme de Flaubert n’est-elle point, à l’égard de la bouvière Élisabeth Leroux, sensiblement dans la même position morale que l’âme de Tolstoï vis-à-vis du moujick Platon Karatief ?
Regarde, âme. […] tout est plein d’âmes. […] L’homme que voilà qui passe, aurait mon âme ! […] L’âme à tâtons cherche l’âme, et la trouve. […] On est caressé avec de l’âme.
Religieusement, catholiquement, au point de vue de la doctrine et de la direction à imprimer aux esprits le livre du Père Lacordaire est un malheur d’autant plus grand que les âmes sur lesquelles il n’opérera pas, les âmes ennemies, en verront très bien la portée et s’empresseront de la signaler comme inévitable, puisqu’un prêtre la donne à son livre. […] La Critique qui n’a point, elle, la main sacerdotale du Père Lacordaire, tremble quand il s’agit de toucher à cette chose immense et divine, l’âme de N. […] Lacordaire ne fait aucune difficulté de la soumettre, cette âme, devant laquelle un Ange se voilerait, aux recherches de son analyse. […] C’est le Dieu dans sa transcendance, dans son surnaturel, son incompréhensibilité accablante, car l’accablement vaut presque la lumière pour une âme, puisqu’elle entre en nous, à force de nous écraser. […] , et des gens bien élevés, des âmes tendres, de la bonne compagnie de tous les pays !
Fersen, — et sa figure le dit, du reste, à l’encontre des idées de ceux qui rêvent, — Fersen était bien plus une âme tendre qu’une âme brûlante, un esprit bien plus raisonnable que passionné. […] … Il tâchait d’armer de son âme tous ces princes sans âme… Mais il ne, se fiait guères qu’à une seule, et c’était une âme de femme, qui le trompa : l’âme de Catherine II. Illusion poétique d’une âme romanesque ! […] Fersen est avec Gustave III, et plus que Gustave III, la seule âme de Roi dans ce temps avili où les rois eux-mêmes étaient régicides. […] Depuis ce temps-là, les âmes royales ont-elles changé ?
L’enseignement de la théologie et de l’histoire ecclésiastique achève la formation de l’âme sacerdotale. […] Un bon prêtre a l’âme simple, prend tout au sérieux et fait tout sérieusement. […] Mais, dans les âmes où il règne seul, l’orgueil sacerdotal peut devenir formidable et démesuré. […] Beaucoup de fidèles sont d’ailleurs des âmes simples, dont la religion est toute de sentiment. […] Ce sont des âmes qui débordent.
Maeterlinck voit venir des temps où les hommes se comprendront d’âme à âme, comme les mystiques se comprennent d’âme à Dieu. […] Il y a là une âme. […] Ses personnages sont créés avec des parcelles de son âme, élevées, ainsi que selon un mystère, à l’état d’âmes authentiques et totales. […] Il cherche partout l’âme, — et la trouve. […] Le mysticisme lui est entré plus avant dans l’œil que dans l’âme.
Je trouve cette âme dans ce beau poème des Noces corinthiennes qui est un chef-d’œuvre trop peu connu. […] Sylvestre Bonnard résume en lui tout ce qu’il y a de meilleur dans l’âme de ce siècle. […] Souffrez la roideur de cette âme droite. […] Il séduira les âmes tendres, car il est plein de tendresse. […] L’âme d’un petit enfant bien doué est plus proche de celle d’Homère que l’âme de tel bourgeois ou de tel académicien médiocre.
Par un réalisme étrange, Heine sait nous faire voir et tâter des mains des ombres de divinités, si vieilles que tous leurs adorateurs sont morts, des allégories d’idées abstraites, des âmes bizarres et quainteuses. […] Ils ont pénétré l’âme de toute une race ; ils ont des airs propres, des auditoires nombreux, et vivent dans la mémoire d’une multitude, demeurés ce que toute poésie était à l’origine, une déclamation mélodique et nationale. […] Sa poésie et sa prose laissent entrevoir une âme curieusement divisée, émue, simple, songeuse et pure, en une communion étroite et panthéiste avec la nature, mais aussi méchante, d’une ironie particulièrement âcre, perfide et subite, sûre et rageuse. […] Sous l’outrage longuement prémédité, sous cette haine clairvoyante, on perçoit l’horrible souffrance d’une âme blessée, encore éprise, et se punissant de l’être. […] Il y a là les enivrements d’un amour éclos dans « le beau mois de mai », une fille froide comme une vieille rouée, vide d’âme comme une morte, des ironies cinglantes, des abandons de tristesse, des abattements navrés, la douceur d’une âme rompue et endolorie, des coups d’ailes d’espoir, des reproches ingénieux et soumis qui attendent humblement un mot amical, puis la rupture irrémédiable, et la menace, au bout d’une chanson, du dénouement funèbre de Werther.
Enfin, les caractères passionnés ne sont jamais susceptibles de ce qu’on appelle l’égoïsme, c’est bien à leur propre bonheur qu’ils tendent avec impétuosité ; mais ils le cherchent au-dehors d’eux, mais ils s’exposent pour l’obtenir, mais ils n’ont jamais cette personnalité prudente et sensuelle qui tranquillise l’âme, au lieu de l’agiter. […] Il s’agit des ressources qu’on peut trouver en soi après les orages des grandes passions ; des ressources qu’on doit se hâter d’adopter, si l’on s’est convaincu de bonne heure de tout ce que j’ai tâché de développer dans l’analyse des affections de l’âme. […] Il faut être dégoûté de soi, et se sentir lié à son être, comme si l’on était deux, fatigué l’un de l’autre ; il faut être devenu incapable de toutes les jouissances, de toutes les distractions, pour ne sentir qu’une douleur ; il faut, enfin, que quelque chose de sombre, desséchant l’émotion, ne laisse dans l’âme qu’une seule impression inquiète et brûlante. […] Si les paroles pouvaient transmettre ces sensations tellement inhérentes à l’âme, qu’en les exprimant, on leur ôte toujours quelque chose de leur intensité ; si l’on pouvait concevoir d’avance ce que c’est que le malheur, je ne crois pas que personne pût rejeter avec dédain, le système qui a pour but seulement d’éviter de souffrir. […] Ce sont les caractères sans véritable chaleur, qui parlent sans cesse des avantages des passions, du besoin de les éprouver ; les âmes ardentes les craignent ; les âmes ardentes accueilleront tous les moyens de se préserver de la douleur, c’est à ceux qui savent la craindre que ces dernières réflexions sont dédiées ; c’est surtout à ceux qui souffrent, qu’elles peuvent apporter quelque consolation.
Dans le Poème l’âme immatérielle n’est pas mariée à une âme matérielle qu’elle aurait reçue sans la choisir, sans la vouloir ; une âme se choisit, se fait, se veut librement une matière. […] C’est en fonction du temps et non de l’espace que le corps et l’âme se distinguent. […] Dans ton âme lorsqu’elle s’aime ? […] Ô grande âme, il est temps que tu formes un corps ! […] L’âme vient habiter et agiter le corps qui la repoussait douloureusement.
Ainsi de leurs esprits : une âme est représentative de beaucoup plus d’âmes que chez nous. […] demande le Prophète. — Ce sera le jour où une âme ne pourra plus rien pour une autre âme. » — Fasse le ciel que l’âme russe puisse beaucoup pour la nôtre ! […] Que veut cette âme dans ce moment ? […] C’était le sujet des Âmes mortes. […] Dieu sait ce qui nichait dans cette âme !
Je n’ai eu qu’un secours, c’est l’attrait inexplicable qui soumet mon âme à ce poète extraordinaire. […] C’est que si Ducis n’avait pas le talent d’un grand tragique, il avait l’âme d’un grand tragique. […] Il avait une belle voix. » Cette belle voix était l’organe d’une belle âme. […] Moi. qui vous observe, j’ai pitié de votre pauvre corps que votre âme dévore. […] mais je veux que vous viviez, et que mon amitié rafraîchisse votre âme.
Entre ces deux mots il y a la distance qui existe entre l’âme et la chair, entre don Juan et Platon. […] Il s’était enivré lui-même du philtre qu’il avait composé pour endormir et pour tuer l’âme de Juana. […] Mais où est la vigueur morale quand toute foi dans sa propre nature manque à l’âme ? […] Un jeune homme a usé sa vie, son âme et sa fortune en quelques années de débauches. […] Cette tristesse du lendemain, qui est l’expiation des voluptueux après le plaisir, se fait sentir à son âme.
Voici : ces romans ébranlent l’âme à la fois dans ce qu’elle a de plus raffiné et dans ce qu’elle a de plus élémentaire. […] Et le poète vous insinue peu à peu l’âme qu’il a lui-même, une âme qui serait contemporaine de l’humanité naissante et de l’humanité vieillie, et qui aurait parcouru la surface entière du globe terrestre ; âme amoureuse et triste, toujours inquiète et toujours frémissante. […] Cette vie de marin, si différente de la nôtre, songez quels effets elle peut avoir sur l’âme. […] En se faisant Turc, en prenant pour une année l’âme d’un effendi. […] Au fait, Pierre Loti a-t-il encore une âme à lui ?
— Mais la pureté d’âme, mais les croyances encore naïves, mais les rêves qui embrassent tout, parce qu’ils ne reposent sur rien, c’en était déjà fait pour moi. […] J’en demeure bien marqué assez profondément au fond de mon âme, et il me reste toujours une part qu’on ne peut ni corrompre ni m’enlever. […] Dans les arts et la poésie, il recherchait le beau, le passionné, le sincère, et faisait la plus grande part à ce qui venait de l’âme et à ce qui allait à l’âme. […] si les belles et bonnes âmes comme la sienne pouvaient avoir deux jeunesses83 ! […] Son âme honnête et pure a ressenti cette renaissance avec tendresse, avec reconnaissance.
toi que ta famille et ta patrie ont rejetée, parce que ton âme valait mieux que les âmes qui t’environnaient ; toi qui ne reçut de la gloire que le sceau d’infortune qu’elle imprime à ses favoris ; toi que n’ont pu consoler ni l’admiration stérile de ta nation, ni l’impuissante amitié de ceux qui connaissent ton cœur ; innocente victime ! […] … Plaignons les faiblesses de l’humanité, et respectons les moindres de ses espérances ; n’en arrachons aucune à l’âme crédule et timide : elle mérite plus que toute autre l’indulgence du philosophe et les tendres soins des âmes fortes. […] J’ai souvent éprouvé que sur les montagnes on est plus entreprenant, plus fort, moins timide et que l’âme se met à l’unisson des grands objets qui l’entourent. […] Sa figure n’est pas régulière, mais elle semble cacher quelque chose de plus grand et de plus beau ; on voit son âme à travers le voile. […] À la vue des imposantes barrières qui le séparent du reste du monde, l’âme la plus froide éprouve un frémissement secret.
Tel est le secret de la vie romantique… tel aussi le secret de l’âme d’Antoine Arnault. […] S’ils disent que leur âme est altérée de mystère, c’est parce qu’ils te cherchent et qu’ils ne t’ont point trouvé. […] » puisque l’émotion, c’est justement l’étincelle qui fait jaillir la lumière dans l’âme du poète. […] Voici donc une âme qui vint à la lumière du jour deux mille ans trop tard ! […] Elle nous en dit long sur la puissance de dédoublement de l’âme féminine.
Était-elle belle ou simplement jolie, ou, à force d’âme, divinisait-elle sa laideur ? […] Quel que soit, en effet, son talent, que nous mesurerons tout à l’heure, on est fondé à établir la supériorité absolue sur toutes les espèces de poésies, de celle-là dans laquelle l’âme tient tant de place qu’elle semble déborder les mots ! […] C’est une âme et c’est un talent, mais une âme et un talent ne sont pas la monnaie du génie qui fait qu’on est poète….. […] On comprend que la division de ce livre soit la division de son âme, étendue d’abord de l’amour à la famille, pour de là monter à la foi et redescendre aux enfants et enfin s’éparpiller dans l’indifférence des pièces diverses. […] La vieille fileuse, à son rouet penchée, Ouvrait ma jeune âme avec sa vieille voix.
L’âme qui est fortement émue, s’attache tout entière à son objet, et ne va point s’écarter de sa route pour faire contraster ensemble des mots ou des idées. […] Cet art peut être employé quelquefois, mais c’est dans les moments où l’âme est tranquille. […] L’âme dans ses mouvements a bien plus de rapidité que la vue ; elle embrasse un terrain plus vaste : elle a surtout le besoin de la surprise. […] On connaît cette vertu rigide au milieu d’une cour ; cette âme inflexible, incapable et de déguisement et de faiblesse ; cette probité qui se révoltait contre la fortune, quand la fortune devait coûter quelque chose au devoir ; cet attachement à la vérité, et tous ces principes de conduite si fermes, que les âmes d’une honnêteté courageuse appellent tout simplement vertu, et que les âmes faibles ou viles, ce qui est trop souvent la même chose, sont convenues d’appeler misanthropie, pour n’avoir point à rougir73. […] Son éloquence était plus dans son imagination que dans son âme, et par ses mœurs même il était trop loin de cette mâle austérité pour la saisir et pour la peindre : ce n’était point à Atticus à faire l’éloge de Caton.
Cet heureux matérialisme, où se serait complu l’espèce humaine sous le joug égal de Rome, ce sommeil des âmes dans une servitude affermie, n’exista jamais. […] Loin d’avoir abandonné le monde, l’enthousiasme, l’ardeur de l’âme, autrefois dispersés sur les intérêts nombreux de la vie publique et souvent corrompus par les mauvaises passions qui s’y mêlent, s’étaient épurés, et brillaient d’une flamme plus vive dans le foyer caché du sanctuaire. […] Tout ce qui ajoute extérieurement aux forces de l’homme, tout ce qui d’abord double pour lui le temps ou abrège l’espace, doit à la longue profiter au retour de l’âme sur elle-même ; car l’homme, à tout prendre, n’est grand que de ce qu’il a conçu par la pensée et senti par le cœur. […] On le voit donc : loin que cette puissance d’action, ce spectacle des réalités éclatantes, qui est l’âme de la spéculation, soit épuisé pour nous, l’Europe est plus que jamais à portée de faire de grandes choses, de s’ouvrir de nouveaux horizons, de féconder des terres nouvelles et de recueillir des fruits mûrs qui l’attendent. […] De ces prêches que l’unité de ferveur, dans la liberté de croyance, multiplie parmi les sectes chrétiennes d’Amérique, il jaillira toujours des paroles de feu qui entretiendront l’enthousiasme de la charité dans les âmes.
ne sonde jamais, qu’elle soit humble ou fière, Une âme en lui disant : Belle Âme, quelle es-tu ? […] A-t-il donné une consistance à son être et un nom propre à son âme ? […] Le corps a pris une place que l’âme occupait autrefois. […] Or, fatalement, l’analyse flétrit cette adorable virginité de l’âme. […] Haraucourt, L’âme nue, p. 248.
Il n’en va pas ainsi pour l’âme mystique, — et celle de Baudelaire en était une. […] On y reconnaît la grande mélancolie de la solitude de l’âme. […] Il n’y a pas deux feuilles tout à fait pareilles dans une forêt, ni deux âmes entièrement semblables parmi les âmes. […] Calculer le retentissement de ses idées, cette âme ne le peut pas. […] Rien qu’à respirer, l’âme est allégée, le corps vit à l’aise.
La cathédrale n’est que la pétrification de cette incessante oraison, le sanctuaire de l’âme médiévale. […] Son âme, issue de la communion du ciel et de la multitude, s’est dissoute au souffle de l’esprit du temps. […] Ils vivent à la même époque mais l’âme du romancier n’est pas contemporaine de celle du peintre. […] L’âme dont Huysmans sent tressaillir la pierre est bien réellement une âme morte. […] … La foule, ici, communique avec l’écrivain par le côté de l’âme.
Le théisme des hommes éclairés, des âmes sensibles, est de la véritable philosophie, et c’est en considérant toutes les ressources que l’homme peut tirer de sa raison, qu’il faut compter cette idée, trop grande en elle-même, pour n’être pas d’un poids immense encore, malgré ses incertitudes. […] Lorsqu’un homme, après avoir commis de grands crimes, en éprouve un vrai remord, cette situation de l’âme est si violente qu’on ne peut la supporter qu’à l’aide d’idées surnaturelles. […] Sa destinée, ni son caractère ne le préparant point à s’exposer aux coups du sort, il semblait que son âme devait succomber au premier trait du malheur. […] Telle était son exaltation religieuse, qu’il est permis de croire que ce dernier moment même n’appartint point dans son âme à l’épouvante de la mort. […] Alors qu’il naît du malheur, alors que l’excès des peines a jeté l’âme dans une sorte d’affaiblissement qui ne lui permet plus de se relever par elle-même, la sensibilité fait admettre ce qui conduit à la destruction de la sensibilité, ou du moins ce qui interdit d’aimer de tout l’abandon de son âme.
Fatale distinction, qui a empoisonné l’existence de tant d’âmes belles et libres, nées pour savourer l’idéal dans toute son infinité, et dont la vie s’est écoulée triste et oppressée sous l’étreinte de l’étau fatal ! […] La première victoire philosophique de ma jeunesse fut de proclamer du fond de ma conscience : Tout ce qui est de l’âme est sacré. […] Ainsi, tout ce qui se rattache à la vie supérieure de l’homme, à cette vie par laquelle il se distingue de l’animal, tout cela est sacré, tout cela est digne de la passion des belles âmes. […] Mais, si l’on entend par poésie cette faculté qu’a l’âme d’être touchée d’une certaine façon, de rendre un son d’une nature particulière et indéfinissable en face des beautés des choses, celui qui n’est pas poète n’est pas homme, et renoncer à ce titre, c’est abdiquer volontairement la dignité de sa nature. […] Il envie tour à tour, car il sait comprendre tour à tour, l’âme simple qui vit de foi et d’amour, l’âme virile qui prend la vie comme un musculeux athlète, l’esprit pénétrant et critique qui savoure à loisir le charme de manier son instrument exact et sûr.
Quel sujet plus poignant, en effet, plus apte à faire vibrer des âmes patriotes, et surtout des âmes de soldats, que cette guerre désastreuse, héroïque et farouche ? C’était bien ici l’occasion de réunir toutes les âmes individuelles de ce peuple, pour en faire jaillir l’âme collective ! […] La lutte ici se concentre presque uniquement dans les âmes. […] Bordeaux a gardé l’horreur d’être un amuseur futile ; il a eu le souci d’être un remueur d’idées, un éducateur d’âmes, un excitateur d’énergie. […] Dans toute celle-ci, l’intérêt des luttes évoquées se concentre sur les mouvements secrets des âmes où ces luttes se livrent.
L’admiration, voilà le salaire des grandes âmes ! […] On aime à ouvrir ce qui est fermé ; le prince et la princesse lisaient seuls dans l’âme de Robert ; cette âme était un abîme de mystères du beau qui ne sortaient qu’un à un, non de ses lèvres, mais de ses pinceaux. […] toute remplie qu’en soit mon âme, je trouve cet état moins pénible que le vide du cœur. […] Combien n’a-t-il pas fallu de génie expressif pour traduire tant d’âme et tant de nuances d’âme sur les traits de ces visages ? […] Blâmons son acte ; plaignons sa défaillance ; mais aimons son âme.
Il est attentif à ne pas laisser passer vainement ces plaintes, ces allégresses, ces terreurs, qui sortent tour à tour d’une âme profonde, ces échos fréquents par lesquels elle répond aux grands événements du dehors. […] N’y a-t-il pas dans la composition des Chants du Crépuscule quelques ombres grossies à dessein, quelques lueurs plus sensibles à l’œil que l’âme du poète ne semble naturellement accoutumée à les voir ? […] Hugo nous semble avoir, dans les Chants du Crépuscule, produit quelques-unes de ces choses de l’âme et de l’imagination qui sont venues plutôt que voulues. […] Et le poëte, en cet instant, assailli de pensées, se met à comparer cette cloche, ainsi défigurée, mais puissante encore et entière de timbre, à son âme, à l’âme du poëte, qui d’abord sans tache, et sortie du baptême natal aussi vierge que la cloche de Schiller, a été bientôt souillée, hélas ! rayée à son tour par d’injurieux passants, par les passions insultantes et railleuses : Mais qu’importe à la cloche, et qu’importe à mon âme ?
non, c’est le nom d’une femme, D’une femme et de ses amours ; Antique faiblesse de l’âme, Que l’âme retrouve toujours122. […] Je ne sais si l’on parla beaucoup de ces vers, mais le poëte, mais son âme, encore plus que ses écrits, était connue et goûtée des maîtres. […] C’est qu’en effet les idées religieuses, qui sont l’amour encore, l’amour rectifié et éternisé, vinrent à cette âme voluptueuse et sensible. […] — Comme cet ordre de pensées et ce genre de vie calment et réparent l’âme ! […] Que de tableaux attachants, fertiles pour l’âme en sainte espérance et en confiance infinie aux bontés de Dieu !
Le roman, ainsi, ne sera plus la confidence d’un individu et souvent le jeu de sa fantaisie : il sera ce que sa définition veut qu’il soit, un miroir de l’âme humaine, un tableau de la vie. […] L’âme qui anime la Légende des siècles manque ici. […] Toutes les parties de Germinal qui expriment la vie et l’âme collectives des mineurs, sont étonnantes de largeur épique. […] Mais il a donné des analyses plus serrées et plus poignantes, dans ce roman de l’Évangéliste, où il a dépeint le ravage du fanatisme religieux dans certaines âmes contemporaines. […] Lourdement, minutieusement, prolixement, mais enfin avec puissance et profondeur, il nous décrit des âmes, des états d’âmes, des formations et des transformations d’âmes ; ce que peut donner dans une âme contemporaine la situation d’Hamlet (André Cornélis), ce que peut être l’amour d’une femme du inonde ou l’amour d’une coquine dans notre société contemporaine (Mensonges), ce que peut produire telle doctrine philosophique dans une âme résolue à conformer sa pratique à son idée (le Disciple), etc.
La tendresse, qui était l’âme de sa personne, s’y tempérait d’un fonds visible de vertu. […] En tout, c’était une beauté touchante et non triomphante, une de ces beautés qui ne s’achèvent point, qui ne se démontrent point aux yeux toutes seules par les perfections du corps, et qui ont besoin que l’âme s’y mêle (et l’âme avec elle s’y mêlait toujours) ; elle était de celles dont on ne peut s’empêcher de dire à la fois et dans un même coup d’œil : « C’est une figure et une âme charmantes. » Le roi l’aima donc, et pendant des années uniquement et très vivement : pour elle, elle n’aima en lui que lui-même, le roi et non la royauté, l’homme encore plus que le roi. […] Que se passait-il, durant ce temps-là, dans l’âme sincère et tendre, dans l’âme repentante qui s’abreuvait ainsi comme à plaisir de l’amertume du calice, afin de se laisser punir par où elle avait péché ? […] La demi-pénitente (comme elle s’appelle) est tout occupée à obtenir de son âme de transporter, de transposer son amour ; il faut que cette âme se tourne à rendre désormais à Dieu seul ce qu’elle avait égaré ailleurs sur un des dieux de la terre : « Qu’elle vous aime (ô Seigneur !) […] Âme et beauté toute fine et suave, elle a plus de Bérénice en elle que ces deux-là.
Il faut, pour créer, qu’ils aient plus d’imagination que de raison ; il faut qu’ils aient une certaine vigueur d’âme qui les emporte et les entraîne loin de ce qui est ordinaire. […] Outre que l’éloquence n’influe en rien sur l’État, et qu’il n’y a presque jamais de grands talents sans de grands objets, les esprits, les âmes, les caractères, tout y est assujetti à une certaine mesure. […] Pour émouvoir le peuple, pour attendrir les juges, on avait recours à cette l’éloquence de spectacle, plus puissante que celle des paroles, et qui, en s’emparant des sens, passionne l’âme et la trouble. […] Aux troubles et aux guerres civiles qui remuaient fortement les âmes, se joignaient en même temps les querelles de religion. […] Ce n’est que lentement, et par degrés, que l’âme se replie sur elle-même.
C’était une de ces âmes concentrées, quoique errantes, qui désespèrent de trouver dans les autres âmes ce qu’elles rêvent de perfection en elles-mêmes. […] Ce n’était pas cela, c’était un héros de je ne sais quoi, un héros de l’ennui, du vide, de l’inspiration maladive de l’âme. […] Son âme honnête et pure a ressenti cette renaissance avec tendresse, avec reconnaissance. […] Et tout cela revint en mon âme mobile, Ce jour que je passais le long du quai, dans l’île. […] Il n’y avait ni assez d’amour, ni assez de religion, ni assez de sacrifice en lui pour prendre l’âme tout entière.
Qui a jamais aperçu l’âme ? […] Oui, l’âme aime la vérité. […] cet état de l’âme s’appelle l’enthousiasme. […] C’est qu’elle exprime la beauté de son âme. […] Son charme singulier est d’élever l’âme vers l’infini.
Ernest Naville est d’ailleurs, jusqu’à un certain point, indépendant de l’opinion qu’on a des écrits philosophiques et de la doctrine particulière de Maine de Biran ; c’est l’histoire d’un espritet d’une âme. […] Je m’amuse souvent à voir couler les diverses situations de mon âme ; elles sont comme les flots d’une rivière, tantôt calmes, tantôt agitées, mais toujours se succédant sans aucune permanence. […] La liberté ne serait-elle autre chose que la conscience de l’état de l’âme tel que nous désirons qu’il soitw, état qui dépend en réalité de la disposition du corps sur laquelle nous ne pouvons rien, en sorte que lorsque nous sommes comme nous voulons, nous imaginons que notre âme, par son activité, produit d’elle-même les affections auxquelles elle se complaît. […] Pour savoir ce qui en est, il faudrait pouvoir lire dans toutes les âmes, être successivement chaque homme, et je n’ai pour moi que mon sens intime. […] Ce journal intéresse, parce qu’il n’est pas seulement d’un esprit qui cherche la vérité, mais aussi d’une âme plaintive et qui a soif de bonheur.
Tourguénef a entrepris d’exposer dans ses livres l’intime d’un groupe d’âmes le plus finement nuancées que l’on puisse connaître. […] Dans un salon de province, il défend brillamment toutes les belles idées générales qui rendent la vie séduisante ; le progrès, l’immortalité de l’âme, la noblesse de la femme. […] Ce n’est pas un hypocrite ou une âme vile. […] Il revient de cette tentative, l’âme meurtrie, et raffermi dans ses doutes de soi. […] Fourvoyé dans l’impasse, acculé à une occasion où les événements le forcent à se résoudre, Nejdanoff se soustrait aux tortures de son âme malade par l’échappatoire suprême.
Ils tirent l’œil et l’âme. […] Le combat, c’est le monde et c’est l’âme du monde, se manifestant dans toutes les sphères de son activité comme dans la sphère de la guerre, et y dominant, à travers toutes les résistances et toutes les luttes, pour les mêmes raisons et par les mêmes moyens ! […] Calculateur et de sang-froid, qui raisonne de la guerre comme de l’âme de l’homme, parce que c’est cette âme qui fait la guerre, l’auteur des Études sur le Combat voit sûrement, comme tout le monde et mieux que tout le monde, un changement profond dans les conditions extérieures de la guerre avec lesquelles il faut compter ; mais les conditions spirituelles dans lequel elle se produit n’ont pas changé, elles ! […] Les mécaniques, les armes de précision, tous les tonnerres inventés par l’homme et ses sciences, ne viendront jamais à bout de cette chose, méprisée pour l’heure, qui s’appelle l’âme humaine, mais que des livres comme celui du colonel Ardant du Picq, s’il y en avait beaucoup, empêcheraient de mépriser. […] je ne crois pas, pour ma part, qu’au fond de son âme et de sa robuste pensée ce grand spiritualiste de la guerre puisse accepter sans trouble que la guerre, qui sort de l’âme de l’homme et qui se fait avec l’âme de l’homme, ne soit pas éternelle comme l’homme et sa race, et qu’un jour elle doive disparaître, comme un fétu dans les airs, sous le souffle omnipotent des démocraties.
Aujourd’hui, il nous donne un poème de ce temps-là, — un poème d’âme, — d’une inspiration qui n’est plus guères l’inspiration de ceux qui ont encore la prétention d’être des poètes… Ceux-là, qui sont une bande, et oui, malheureusement pour eux ne sont pas des bandits, appelleront, je n’en doute pas, s’ils ont a en parler, l’auteur d’Armelle un romantique attardé. […] Il ira trouver les âmes d’élite dans leur isolement ; car les âme d’élite sont toujours isolées. […] Le poème, c’est l’histoire du déchirement de cette âme entre son serment et son amour ; c’est l’affliction désespérée de l’idéale et malheureuse Armelle ; et le dénouement de cette histoire c’est l’entrée au cloître de la jeune fille qui, après cet époux impossible sur terre et qu’elle adore, n’a plus que Dieu, cet époux après tous les autres : — Celui-là qui ne se refuse jamais à la main qui se tend vers lui ! […] Le critique de la Gazette de France pose, il est vrai, à l’amant d’Armelle, l’alternative de l’épouser, — elle, — ou de se taire, — lui, — ce qui serait, du coup, la suppression du poème ; mais l’âme ne se prend pas si vite et si facilement que cela dans le petit étau d’un dilemme. […] Je l’ai dit déjà ; c’est le premier mot et le dernier de ce chapitre : Achille du Clésieux est un poète d’âme.
Pour les âmes passionnées, il n’existe dans la nature que de grandes masses ; tout ce qui est fin disparaît ; mais lui, toujours tranquille, et à la distance qu’il fallait de tout, avait le loisir d’observer les nuances, et de les peindre. […] On citera toujours le tableau de la police de Paris comme un morceau très éloquent, non pas, à la vérité, de cette éloquence de l’âme qui remue, mais de celle de l’esprit, qui sait voir et présenter un grand objet sous toutes ses faces80. […] Il est aisé de voir en quoi l’auteur de ces nouveaux éloges diffère de Fontenelle ; la différence de leur manière vient de celle de leur âme. […] Plus heureux cependant, ceux qui ont reçu de la nature une âme ouverte à toutes les impressions, qui suivent avec plaisir un enchaînement d’idées vastes ou profondes, et ne s’en livrent pas avec moins de transport à un sentiment impétueux ou tendre. Celui qui a ce ressort dans l’âme a un sens de plus, et il doit remercier la nature81.
Pour peu qu’on soit sensible, à son nom l’imagination s’échauffe et l’âme s’élève. […] Qu’on imagine une langue rapide comme les mouvements de l’âme ; une langue qui, pour rendre un sentiment, ne se décomposerait jamais en plusieurs mots ; une langue dont chaque son exprimerait une collection d’idées : telle est presque la perfection de la langue romaine dans Tacite. […] S’il est un séjour pour les ombres vertueuses, si, comme le disent nos sages, les âmes des grands hommes survivent à leurs cendres, oh ! […] Moi-même, quand j’exhorterai ton épouse et ta fille à honorer ta mémoire, je leur dirai de se rappeler sans cesse et tes actions et tes discours, d’embrasser ta renommée, et, pour ainsi dire, ton âme, plutôt que de vaines statues ; non que je veuille défendre de reproduire sur le marbre ou l’airain les traits des grands hommes ; mais ces images sont mortelles, comme ce qu’elles représentent, au lieu que l’empreinte de l’âme est éternelle. Ce n’est point par l’art, ce n’est point par de vils métaux qu’on peut représenter l’âme d’un grand homme, c’est par notre conduite et par nos mœurs, etc.
Le cœur se refroidit ; l’âme baisse. […] c’est en l’âme que tout cela se passe ? […] c’est de l’âme que tout cela dépend ? […] Toute l’âme pend à cela ! […] Quelle joie pour cette pauvre âme !
Mais c’est par l’âme, par le sentiment que M. […] Mais je crois entrevoir ce qu’elle a de nuisible aux grands intérêts de l’âme. […] L’âme humaine individuelle, chaque âme une à une, naturellement et incurablement malade par le péché, cette âme à sauver par Jésus-Christ, et par lui seul, voilà son œuvre ; il s’y concentre ; à droite et à gauche, rien. […] sur son corps et sur son âme ? […] Tout cela doit passer par des âmes individuelles.
Sans fortune, ayant plus de physionomie que de beauté, ou même n’ayant pas de beauté du tout (quoique sa vivacité d’expression ne donnât pas le temps de la trouver laide), quand elle se découvre à nous et à son frère Maurice dans son Journal le plus intimé, elle n’a pas moins de vingt-neuf à trente ans, elle semble avoir renoncé au mariage, elle est bien près d’avoir renoncé au monde : c’est une âme vierge et un peu veuve, c’est une âme sœur. […] On prend son âme avec qui l’on entre en conversation. […] Mais le charme de la prière, le charme de l’entretien avec Dieu, ils ne le goûtent pas ; il faut avoir une âme pour le sentir. […] » Son âme reflète le ciel ; elle a l’âme couleur du temps, et elle se le reproche ; car il y a des jours tristes, — les jours de neige « où l’âme se recoquille et fait le hérisson » ; — les jours de pluie, où l’on a envie de pleurer : « Il pleut ; je regardais pleuvoir, et puis je me suis dit de laisser tomber ainsi goutte à goutte mes pensées sur ce papier. […] qu’ils le comprennent et n’exposent pas si facilement leur chère santé et leur chère âme.
Voilà pourquoi on appelait l’école de Phémius une école de musique : musique de l’âme et de l’oreille, qui s’emparait de l’homme tout entier. […] Son âme avait passé tout entière dans leur mémoire avec ses chants ; en la rendant aux dieux il ne l’enlevait pas à la terre : elle était devenue l’âme de toute la Grèce ; elle allait devenir bientôt celle de toute l’antiquité. […] Et cette langue encore cadencée par un tel rythme de la mesure est pleine d’une telle musique des mots que chaque pensée semble entrer dans l’âme par l’oreille, non seulement comme une intelligence, mais aussi comme une volupté ! […] L’âme d’un seul homme souffla pendant deux mille ans sur cette partie de l’univers. […] -C., Lycurgue rapporta à Sparte les vers d’Homère pour en nourrir l’âme des citoyens.
Sous cette entrave cependant, la lumière sortie de l’âme du poëte s’échappe, et brille au moins par les bords du nuage qui la couvre. […] et l’âme suspendue à tes lèvres. […] Mais nous, lorsque tu seras devenu cendre, près de ton bûcher funèbre, nous te pleurerons, et jamais le temps n’effacera ce deuil de notre âme. […] Et il ne faut s’en étonner, voyant qu’elles y mettent toute leur âme. […] Nul amour jamais ne réunit deux âmes par un accord tel que le sent Thétis, tel que le sent Pélée.
Fuster, Charles (1866-1929) [Bibliographie] L’Âme pensive (1884). — La Tendresse (1886) […] — L’Âme des choses (1888). — Poèmes (1888) […] Lucas (1893). — Gouttes de poésie (1894). — L’Âme endormie, un acte en vers (1895). — Le Cœur vendéen (1896) […] Passionnel, il a écrit : Les Tendresses, le Cœur, Du fond de l’âme, Louise ; spiritualiste, il a composé : L’Âme pensive, les Enthousiasmes, les Sonnets, — dont quelques-uns sont très beaux, un entre autres intitulé : La Bonne souffrance, que je n’ai point oublié ; — L’Âme des choses, où palpite encore et surtout l’âme des hommes.
L’intention de l’auteur est sans doute que Marguerite périsse, et que Dieu lui pardonne ; que la vie de Faust soit sauvée, mais que son âme soit perdue. […] « La théorie des sciences en Allemagne a donné aux esprits un élan semblable à celui que la métaphysique avait imprimé dans l’étude de l’âme. […] Tout ce qui dépassait dans l’âme de la révolution ce cadre étroit et arbitraire n’existait pas pour ces familiers de M. […] L’état de son âme est trop fidèlement et trop admirablement retracé par un écrivain de génie, M. […] Voilà mon cher V***, tout ce qu’il m’a été donné de voir de cette femme dont l’âme s’est si souvent répandue à la nôtre dans ses pages.
Tout, et non pas seulement dans son âme, mais dans sa destinée. […] Après avoir traversé le bonheur incomparable d’un mariage d’amour, après avoir aimé sa femme comme on aime sa femme en Angleterre, le pays conjugal, le pays de l’amour at home, il devint adultère, et, une fois qu’il le fut, il le fut toujours, car le mal et le bien se partageaient son âme, et l’homme autrefois si fidèle et si tendre, qu’il avait été, transporta dans l’adultère la fidélité et la tendresse. […] » sublime en tout, se racornir subitement en cette grandeur immense, et consacrer son dernier mot et sa dernière pensée à celle qui fut la rivale de la Gloire dans son âme et qui a pu abaisser sa vie, et l’on se sent aussi, comme il sentait la sienne, l’âme partagée entre deux sentiments contraires, et on voudrait s’arracher, du fond de son admiration, ce mépris ! […] Il s’agit, enfin, d’expliquer ou du moins d’éclairer ce mystère de contradiction humaine, de force et de faiblesse, de stoïcisme et d’infirmité, de beauté morale, aussi pure que puisse l’être la plus pure beauté, et de passion aussi fatale et aussi profonde qu’il put en exister jamais, dans un être à peine vivant par les organes, borgne, manchot, rapporté du feu en débris, indifférent, d’ailleurs, au destin de son corps dès sa jeunesse, mais si étrangement, si énergiquement vivant par l’âme, que dès cette vie, cette âme prodigieuse eût pu démontrer aux athées l’immortalité. Nelson, en effet, est une âme comme il a été un génie !
Tout, et non pas seulement dans son âme, mais dans sa destinée. […] Après avoir traversé le bonheur incomparable d’un mariage d’amour, après avoir aimé sa femme comme on aime sa femme en Angleterre, le pays conjugal, le pays de l’amour at home, il devint adultère, et, une fois qu’il le fut, il le fut toujours ; car le mal et le bien se partageaient son âme, et l’homme autrefois si fidèle et si tendre qu’il avait été, transporta dans l’adultère la fidélité et la tendresse. […] » sublime en tout, se racornir subitement en cette grandeur immense et consacrer son dernier mot et sa dernière pensée à celle qui fut la rivale de la Gloire dans son âme et qui a pu abaisser sa vie, et l’on se sent aussi, comme il sentait la sienne, l’âme partagée entre deux sentiments contraires, et on voudrait s’arracher, du fond de son admiration, ce mépris ! […] Il s’agit, enfin, d’expliquer ou du moins d’éclairer ce mystère de contradiction humaine, de force et de faiblesse, de stoïcisme et d’infirmité, de beauté morale aussi pure que puisse l’être la plus pure beauté et de passion aussi fatale et aussi profonde qu’il put en exister jamais, dans un être à peine vivant par les organes : borgne, manchot, rapporté du feu en débris, indifférent, d’ailleurs, au destin de son corps dès sa jeunesse, mais si étrangement, si énergiquement vivant par l’âme, que dès cette vie cette âme prodigieuse eût pu démontrer aux athées l’immortalité. Nelson, en effet, est une âme comme il a été un génie.
Il est le Virgile de notre âge, et bien plus grand que Virgile encore, comme nous, modernes et sortis du Christianisme, nous sommes, en âme, bien plus que n’étaient les Romains. […] Cela n’est que de la vie humaine, les premières impressions d’une âme charmante dans des milieux charmants, et qui les dit comme il les éprouve. […] Il était une équation superbe entre l’âme humaine et l’Absolu, à laquelle ceux qui ne sont pas au courant de la mathématique de l’Absolu et de l’âme ne comprennent et ne comprendront jamais rien, l’ai entendu quelquefois dire aux abjects de ce temps abject, qui ne regardent que la terre où ils mettent leurs pieds de devant comme ils y mettent leurs pieds de derrière, que le naturel divin de Lamartine n’était pas du naturel. […] Lamartine avait le sens de la réalité humaine tout autant que Chateaubriand, mais en passant par sa grande âme, la réalité grandissait. […] Son génie n’abdiquait jamais, à ce poète qui était orateur comme il était poète, et pour les mêmes raisons : parce qu’il avait son génie dans son âme et que son âme était son génie.
Reprenons la correspondance de Mozart, ce journal de son âme et de son génie. […] L’oreille du monde n’est pleine que de l’âme du poète de Salzbourg. […] Le pressentiment d’une fin prochaine envahit peu à peu son âme. […] Les notes du musicien ont vaincu d’avance les vers, comme l’âme croyante de Mozart a vaincu l’âme incrédule de Byron. […] Ouvre-toi, royaume éloigné et inconnu, patrie des âmes !
Dieu est comme l’âme du monde ; l’âme, qui est le plus ancien de tous les êtres, et qui est pour le vaste ensemble de l’univers le principe du mouvement, ainsi qu’elle l’est pour les êtres particuliers, animant la matière inerte à laquelle elle est jointe. […] Les âmes vertueuses sont en général fort résignées. […] L’âme n’a donc point d’existence propre ; elle est toute corporelle ; et Aristote, par un silence assez peu philosophique, en ce qu’il est peu courageux, ne dit pas un mot de l’immortalité de l’âme, que tend à nier toute sa doctrine unitaire et matérialiste. […] L’âme de la Grèce est dans Socrate. […] Aussi Aristote eut une mort humaine qui n’intéressa pas le sort futur de l’âme ni le Dieu de l’univers.
Qui peut dire ce qui se passe dans son âme pendant son agonie de tant de jours et de tant de semaines ? […] Il avançait dans la vie, et il recueillait son âme. […] Il y remit son âme à Dieu à l’âge de soixante-six ans. […] Considère ces choses, ô mon âme ! […] Éteignez son foyer courant, et elle s’arrête ; coupez son fil, et son âme s’évanouit.
La rencontre des mêmes notions dans l’homme atteste, non pas une transmission unique et directe, mais l’identité des âmes et leur affinité naturelle avec la vérité divine. […] « L’ennemi disait : Je les poursuivrai ; je les prendrai ; je partagerai leurs dépouilles ; j’assouvirai mon âme ; je les percerai de mon glaive ; ma main les tuera. […] L’âme humaine, par son origine et sa destinée, est capable d’extase, mais pour un moment : elle y atteint, elle n’y reste pas. […] Pour nous, tâchons seulement ici de ne pas détruire par l’expression ce que l’âme seule peut rendre, ce que l’âme seule peut saisir, ce qu’a senti le Prophète, devant la chute du roi de Babylone. […] « Le Seigneur des armées a juré et a dit : Il en sera comme j’ai pensé et comme j’ai voulu dans mon âme.
Il ne suffit pas que leur âme soit énergique, elle doit être simple. […] où le sens intime de l’âme ? […] Leconte de Lisle une âme essentiellement, uniquement poétique. […] L’Ame, qu’a-t-on fait d’elle ? […] Mon âme en est toute déchirée.
Te souviens-tu que je me comparais à Monique pleurant son Augustin, quand nous parlions de mes afflictions pour ton âme, cette chère âme dans l’erreur ? […] Monsieur, je suis désolée de tant d’âmes perdues. […] Combien je demande, désire et prie pour cette chère santé, tant de l’âme que du corps ! […] Pardonnez-moi tout ce qui me fait peur : l’âme qui vous est unie, qu’a-t-elle à craindre ? […] En m’y voyant, en mettant le pied où tu l’avais mis, la tristesse m’a rempli l’âme.
Pour mériter le nom de passion, il faut qu’il absorbe toutes les autres affections de l’âme, et ses plaisirs comme ses peines n’appartiennent qu’au développement entier de sa puissance. Après cette sublimité de vertu, qui fait trouver dans sa propre conscience le motif et le but de sa conduite, le plus beau des principes qui puisse mouvoir notre âme est l’amour de la gloire. […] Cette passion ne connaît que l’avenir, ne possède que l’espérance ; et si on l’a souvent présentée comme l’une des plus fortes preuves de l’immortalité de l’âme, c’est parce qu’elle semble vouloir régner sur l’infini de l’espace, et l’éternité des temps. […] L’un des caractères de ce long malheur est de finir par s’accuser soi-même : tant qu’on en est encore aux reproches que méritent les autres, l’âme peut sortir d’elle-même, mais le repentir concentre toutes les pensées, et dans ce genre de douleur, le volcan se referme pour consumer en dedans. […] Enfin, quoique cette passion soit pure dans son origine et noble dans ses efforts, le crime seul dérange plus qu’elle, l’équilibre de l’âme ; elle la fait sortir violemment de l’ordre naturel, et rien ne peut jamais l’y ramener.
Et cette douce âme fut aussi une âme haute, rêveuse de la grandeur et de la beauté. […] Tous furent éblouis, dans l’âme et dans la chair. […] Quel soulagement dans toutes les âmes, à cause d’une âme qui s’offrait ! […] Ô âme sublime, justice, bonté, caresse ! […] Il rendit l’âme sans trop de souffrance.
Il a aperçu et décrit des états d’âme qui sont devenus de plus en plus fréquents et universels, des sensitifs et des impulsifs, des nerveux et des femmes. […] Si le bien qu’on aimait est connu pour faux, ou si on reçoit la notion d’un bien supérieur, l’âme déplacera son amour du moins parfait au plus parfait. […] Ce nouveau terme de comparaison explique toute la transformation de son âme. […] Cette conception a sa vérité : elle représente, en leur forme idéale, les âmes fortes et dures, qui raisonnent leurs passions, les âmes des Richelieu317 et des Retz, des grands ambitieux lucides et actifs. […] Il exprime la force, et non la bonté de l’âme.
Analysez le sentiment du remords dans l’âme du grand criminel. […] Mais il y a loin de là à l’enthousiasme qui se propage d’âme en âme, indéfiniment, comme un incendie. […] Nous avons distingué l’âme close et l’âme ouverte : qui voudrait classer Socrate parmi les âmes closes ? […] Entre l’âme close et l’âme ouverte il y a l’âme qui s’ouvre. […] Elle eût dominé la morale de l’âme close ; elle n’eût pas encore atteint ou plutôt créé celle de l’âme ouverte.
La conception du monde et de la vie que se sont formée, il y a trois ou quatre mille ans, les solitaires des bords du Gange, voilà que beaucoup d’entre nous y sont revenus et qu’elle convient parfaitement à l’état de nos âmes. […] Les fleurs sont des femmes, puisque femmes et fleurs sont l’épanouissement inégalement complet, à la surface du monde, de la même âme divine. […] Je suis le dieu sans nom aux visages divers, Mon âme il illimitée est le palais des êtres ; Je suis le grand aïeul qui n’a pas eu d’ancêtres, Dans mon rêve éternel flottent sans fin les deux ; Je vois naître en mon sein et mourir tous les dieux. […] Enlacée au corps d’une femme, Comme l’amant de Rimini, Tournoie un instant, ô mon âme, Dans le tourbillon infini ! […] De ton âme l’ennui mortel faisait sa proie, Etant le châtiment de l’incessant désir ; Du fier renoncement de ton âme à la joie Goûte la joie austère et le sombre plaisir… Je n’ai voulu que dégager, tant bien que mal, le fond et la substance même des vers de M.
Elle n’a rien à faire avec le passé, ni l’avenir ; une suite d’instants présents composent sa vie ; et son âme, constamment en équilibre, ne se porte jamais avec violence sur une époque, ni sur une idée ; ses vœux et ses efforts se répandent également sur chacun de ses jours, parce qu’ils appartiennent à un sentiment toujours le même, et toujours facile à exercer. Toutes les passions, certainement, n’éloignent pas de la bonté ; il en est une surtout qui dispose le cœur à la pitié pour l’infortune ; mais ce n’est pas au milieu des orages qu’elle excite, que l’âme peut développer et sentir l’influence des vertus bienfaisantes. […] Celui qui par sa faute, ou par le hasard, a beaucoup souffert, cherche à diminuer la chance de ces cruels fléaux, qui ne cessent d’errer sur nos têtes, et son âme, encore ouverte à la douleur, a besoin de s’appuyer par le genre de prière qui lui semble le plus efficace. […] Jamais il ne voit un homme dans le malheur qu’il ne lui dise ce qu’il a besoin d’entendre, que son esprit, son âme ne découvrent la consolation directe, ou détournée, que cette situation rend nécessaire, la pensée qu’il faut faire naître en lui, celle qu’il faut écarter, sans avoir l’air d’y tâcher. […] Si vous rencontrez Almont, quand votre âme est découragée, sa vive attention à vos discours vous persuade que vous êtes dans une situation qui captive l’intérêt, tandis que, fatigué de votre peine, vous étiez convaincu, avant de le voir, de l’ennui qu’elle devait causer aux autres ; vous ne l’écouterez jamais sans que son attendrissement pour vos chagrins, ne vous rende l’émotion dont votre âme desséchée était devenue incapable ; enfin, vous ne causerez point avec lui, sans qu’il ne vous offre un motif de courage, et qu’ôtant à votre douleur ce qu’elle a de fixe, il n’occupe votre imagination par un différent point de vue, par une nouvelle manière de considérer votre destinée ; on peut agir sur soi par la raison, mais c’est d’un autre que vient l’espérance.
C’est que le monde où nous vivons, et que nous dénommons réel est une pure création de notre âme. […] Les sensations deviennent alors des Notions : l’âme pense, après avoir senti. […] Dans les trois modes de la Sensation, de la Notion et de l’Émotion, est toute la vie de notre âme. […] Cette statuaire incomparable des bâtisses romanes, traduisant avec une loyale exactitude, la vision d’âmes naïves et pieuses. […] Un drame lu paraîtra, aux âmes délicates, plus vivant que le même drame joué, sur un théâtre, par des acteurs vivants.
L’âme chante dans les tortures, Et chacune de ses blessures Lui donne un plus sublime accord ! […] Mais non, ils sont faits pour la gloire du poète, pour montrer son âme dans ce qu’elle a de sublime et de gracieuse pitié. […] Je veux qu’un jour chacun de nos bons paysans continue à être bon sur une tombe, et qu’il aille se délasser de ses travaux par une délicieuse causerie avec les âmes. […] Êtes-vous lui-même, guéri de tous les maux du corps et de l’âme ? […] Non, ce n’est pas moi, et je suis si triste, si vraie, chère âme généreuse, que je ne mérite pas l’ombre de la moquerie, si innocente qu’elle soit de votre part.
Havet dans ce clair-obscur étonnant, — plus étonnant que celui de Rembrandt, — qui s’appelle l’âme et le génie de Pascal. […] La peur de Pascal était digne de son âme et de son esprit. […] Cette sublimité qu’on rencontre en ces quelques pages inachevées, et qui n’ont aucun modèle, quant à l’inspiration qui les anime, cette sublimité qui n’existait plus depuis les effarements de quelques Prophètes, je la trouve en Pascal, dans la peur de Dieu et de sa justice, la plus grande peur de la plus grande chose qui pût exister dans la plus grande âme, l’âme de Pascal, que j’appelais plus haut : « À elle seule tout un infini ! […] L’ivresse de la terreur, d’une terreur sans bornes, a pu seule donner à l’âme d’un homme la force de briser un esprit pareil, car l’âme et l’esprit sont adéquats chez Pascal. […] C’est le poëte de la peur qui a écrit ce grand mot caractéristique de son âme : « Le silence des astres m’épouvante !
Il peut trouver ce pauvre Feuchtersleben une tête énergiquement pensante et son Hygiène de l’âme un Novum organum… en raccourci. […] Ce médecin, de par le spiritualisme, ne tue pas le corps au profit de l’âme, ce que font très bien les ascètes et les grands mortifiés religieux, mais il guérit le corps par la vertu médicinale de l’âme et l’empêche de mourir, — quoiqu’il soit très bien mort, lui, à la fleur de son âge, ou en plein fruit, si vous aimez mieux, et très inconséquemment aux préceptes du catéchisme de santé dont il vient de doter l’Allemagne ! […] Il avait basé toute son hygiène sur « le pouvoir qu’a l’homme d’établir l’équilibre dans son âme », chose aussi difficile à établir en nous qu’une santé éternelle ; et il s’équilibra. […] Littéralement, tels sont les préceptes de ce traité de l’Hygiène de l’âme, qui n’est, de la première ligne jusqu’à la dernière, qu’un cercle vicieux, ou vertueux plutôt ; car ce fut, ma foi ! […] Un traité d’hygiène morale, la guérison du corps par l’âme humaine, — rien que cela !
Chaque homme doit se faire Tous, élargir son âme à vivre toutes les âmes. […] Et toujours le Maître vous dit : « Aimez, compatissez, élargissez vos âme ; à vivre toutes les âmes ! […] Nous devons mettre dans le monde des Apparences l’Unité, parce que ce monde est l’œuvre de notre Ame, et que Notre Ame la doit compléter. […] L’Univers est l’œuvre de notre Ame, et nous l’avons élevé au-dessus de notre Ame. […] comme la mollesse de ton sourire m’afraichit l’âme !
Les ouvrages d’imagination agissent sur les hommes de deux manières : en leur présentant des tableaux piquants qui font naître la gaieté, ou en excitant les émotions de l’âme. Les émotions de l’âme ont leur source dans les rapports inhérents à la nature humaine ; la gaieté n’est souvent que le résultat des relations diverses, et quelquefois bizarres, établies dans la société. Les émotions de l’âme ont donc une cause durable qui subit peu de changements par les événements politiques, tandis qu’à plusieurs égards la gaieté est dépendante des circonstances. […] Ce qui importe, c’est de placer au-dessus d’elle les jouissances de la vertu, et de donner à tous les sentiments de l’âme une grande valeur, pour relever d’autant plus le sentiment suprême, l’amour du bien et des hommes. […] Il y a dans un ouvrage allemand une observation qui me paraît parfaitement juste, c’est que les belles tragédies doivent rendre l’âme plus forte après l’avoir déchirée.
Il s’abandonnait à un mauvais ton de société ; le fond de son âme était sérieux ; il aimait la solitude et la méditation. […] Et c’est cette représentation que se fait mon âme de vos perfections, qui est le fondement de la parfaite estime que j’ai pour vous. […] Que me servira votre âme immortelle après votre mort ? […] Cinq jours avant sa mort, il adressa à Frédéric une admirable lettre qui peint l’une des plus belles âmes qui aient passé sur la terre, et qui couronne dignement cette idéale amitié. […] ne dure qu’un moment : c’est assez, pour honorer une âme, qu’il l’ait une fois embrasée purement dans les années fécondes.
Cet homme n’avait ni dans sa nature, ni dans son âme, ni dans son caractère, l’enthousiasme, l’énergie, la vertu publique, faits pour justifier un tel attachement. Son amitié abaissait au lieu de relever l’âme qui s’inspirait de lui. […] Est-ce effémination d’une âme trop accoutumée dès le berceau aux caresses de la destinée ? […] Il y a un sanctuaire de l’âme où jamais son empire ne doit pénétrer ; s’il n’en était pas ainsi, que serait la vertu sur la terre ? […] Sa douleur, comme dans toutes les âmes émues, devient poésie sous sa plume.
Reniant Dieu, ils ont renié le pauvre, ils ont fatalement abandonné son âme. […] L’atmosphère y est pleine de souvenirs et comme saturée d’âme. […] Les mêmes instincts sont dans mon âme ; ils me pressent, ils me tourmentent. […] Il avait l’âme grande. […] Il a l’âme ardemment française.
C’est alors qu’il vit la France « comme une âme et une personne » : et il voulut être l’historien de cette âme et de cette personne. […] Il eut cette force de sympathie qui seule atteint et ressuscite l’âme des siècles lointains. […] Il avait « le don des larmes », une âme frémissante, qui partout aimait, partout sentait, partout mettait la vie. […] Nous lisons notre histoire dans l’âme lyrique de Michelet, ce sont les réactions subjectives du narrateur qui nous livrent la réalité objective des faits. […] Mais il avait l’âme toute religieuse, mystique même.
Mais cette allégresse monastique ressemble à la gaieté des enfants, exprime la légèreté d’âme et la sécurité complète. […] Aussi exercent-ils une grande séduction sur les âmes, en particulier sur les femmes et les jeunes gens. […] Dans sa première conférence il éprouve le besoin de l’invoquer pour nous dire que la pénitence est à l’âme ce que la médecine est au corps. […] Ne crieriez-vous pas au tyran de l’âme, au bourreau des consciences ? […] Ce cadavre lié à notre âme, nous l’avons jeté dans un tombeau, d’où il ne sortira plus pour nous tourmenter.
C’est toujours le marché de cet éternel volé avec le maquignon infernal auquel il vend son âme immortelle, et qui vient la lui prendre, à heure fixe, après une emphythéose de quelques misérables années, car « tout ce qui doit finir est court », a dit saint Augustin, avec une épouvantable profondeur. […] Le Christianisme a pénétré si avant dans son âme que je ne crois pas qu’il lui soit possible de l’en arracher… Et si, par impossible, il l’arrachait de son âme, il ne l’arracherait pas de son talent. […] Et moi, mon âme est comme une glace limpide Où se réfléchirait, en sa course rapide, Le Temps qui dans ses bras emporte l’univers ! Rien ne pouvant répondre à cette âme lassée Dont les ennuis par nulle autre ne sont soufferts, Je fléchis sous le poids de ma propre pensée. […] ne vient pas d’une autre profondeur que la profondeur de son âme, et elle se prolonge à travers son poème, avec une horreur indicible, comme une infatigable lamentation !
. — L’Âme nue, poèmes (1885). — Amis, roman (1887). — Schylok, drame, adapté de Shakespeare (1889). — La Passion, poème dramatique (1890). — Les Vikings, poème (1890). — Seul, poèmes (1891) […] Et je crois bien que son Âme nue est aussi l’une des œuvres poétiques les plus remarquables de ces dernières années. […] Car et plus encore dans son roman Amis que dans son livre de vers Âme nue, il avoue un retour, ce matérialiste, vers l’usage classique et spirituel de la pensée. […] Edmond Haraucourt a exposé, dans l’Âme nue, quelques-unes des théories du positivisme moderne avec une superbe ampleur de langage. […] Nombre des pièces du volume purent reparaître dans l’Âme nue publiée deux ans plus tard avec un très vif succès et qui, en affirmant les qualités de force, de couleur et de pensée de M.
Il a l’âme foncièrement protestante. […] Mais cette éloquence n’a tant de prise sur les âmes que par ce qu’elle enveloppe et communique d’émotion lyrique. […] Il avait en face d’elle la plus délicate sensiblité, et d’elle il a tiré les plus vives, les plus pures joies de son âme. […] Il ne s’est pas élevé jusqu’aux glaciers : il a l’âme tendre et douce : il aime la belle, non l’effrayante nature, il aime surtout la nature que son âme peut absorber ou contenir, celle qui la réjouit et ne l’écrase pas. […] La littérature sera donc pittoresque désormais plutôt que psychologique : même pour décrire l’âme, elle regardera le corps.
Et comme je ne l’abandonnai point jusqu’à ce que le ciel eût reçu son âme, ainsi je ne l’abandonnerai point après mon trépas. Je désire que nos corps reposent ensemble et soient unis dans la mort, comme nos âmes furent unies durant la vie. […] D’une voix affaiblie et tremblante, mais avec toute son âme sur ses lèvres pâlies, il m’en fit la touchante demande et en exigea l’assurance formelle. […] L’âge des sens change avec les années, l’âge de la physionomie ne change pas ; c’est l’âge de l’âme. […] Consalvi, jeune encore, avait le délire de la musique, cette langue sans parole qui vient du ciel et qui exprime sans mots ce que l’âme rêve et ce qui est le plus inexprimable aux langues humaines ; la musique, langue des anges, quand elle avait touché son âme, y restait à jamais comme le souvenir d’un autre monde, comme une apparition à l’âme d’un sens supérieur aux sens d’ici-bas.
On les croit indestructibles, on les laisse sommeiller en soi comme suffisamment assises, et un matin on se réveille, les cherchant en vain dans son âme : elles s’y sont affaissées comme une île volcanique sous l’Océan. […] Mais l’organisation intime, l’âme de M. de Lamartine, est trop encline par essence au spiritualisme, au Verbe incréé, au dogme chrétien, pour que même les négligences de volonté amènent chez lui autre chose que des éclipses passagères : dans M. […] Il laisse désormais flotter son âme, et reçoit, comme un bienfait pour la muse, tous les orages, toutes les ténèbres, et aussi tous les rayons, tous les parfums. […] Quelle étrange vigueur d’âme cela suppose ! […] Ce livre, avec les oppositions qu’il enferme, est un miroir sincère : c’est l’hymne d’une âme en plénitude qui a su se faire une sorte de bonheur à une époque déchirée et douloureuse, et qui le chante.
Lui, continua, indifférent, à chanter son âme. […] Il le dut surtout au calme du séjour qui dilatait son âme ; à la vie assurée et défendue contre les hostilités et les curiosités du dehors. […] Il faut une bravoure inconnue des contemporains pour dire que le vide des Trophées crie le vide de cet esprit et de cette âme. […] Ici il lamente d’un accent pénétrant et sur le rythme de symboles harmonieux son âme tendre et frêle. […] Sully-Prudhomme, lui, n’a rien pu dire, car il souffre du désaccord de son âme et de son esprit : de son âme lyrique et romantique dont les « vrais vers ne seront pas lus » ; de son esprit didactique, polytechnicien et parnassien qui traduit en pauvretés les inquiètes richesses profondes.
… Les idées d’un siècle épris de liberté jusqu’à la folie avaient été respirées par l’âme trop généreusement ouverte de l’éloquent dominicain, et elles étaient montées comme une vapeur à son intelligence. […] L’illusion des heures ou des années, la palpitation d’une âme passionnée qui s’est inventé un langage, tout cela meurt, et même ne met pas longtemps à mourir. […] La pureté d’âme du prédicateur préserve son langage, mais son langage a tout entr’ouvert. […] Lacordaire a dépassé Massillon des cent ans de civilisation qui ont, depuis l’auteur du Petit nombre des élus, roulé sur nous et corrompu l’âme humaine. […] Mais, dans l’ordre des vertus moins héroïques, il faut en convenir, l’enseignement cruel du monde donne aux prêtres une sûreté et une profondeur de regard que l’âme ne peut plus éviter.
Quelquefois son âme s’élève ; mais, soit le défaut du temps, soit le sien, quand il veut être grand, il trouve rarement l’expression simple. […] On dirait qu’ils apprennent cette vérité pour la première fois, car tout ce qu’on sent fortement est une espèce de découverte pour l’âme. […] Il n’y a pas jusqu’à l’harmonie de ce morceau qui n’ajoute au sentiment, et n’invite l’âme à se recueillir, et à se reposer sur sa douleur. […] Mais ce qui le distingue le plus, c’est l’ardeur de ses mouvements ; c’est son âme qui se mêle à tout. […] Quelquefois il attire même les choses communes à la hauteur de son âme, et les élève par la vigueur de l’expression : plus souvent il joint une expression familière à une idée grande ; et alors il étonne davantage, parce qu’il semble même au-dessus de la hauteur des pensées.
Malheur à ceux qui lui donnent leur âme ! […] Ne pouvant réfuter ses principes, ils essayèrent d’en affaiblir l’effet en publiant que le clergé lui faisait une pension, voulant montrer une âme vénale où l’on voyait une âme religieuse. […] D’ailleurs, que reste-t-il dans l’âme quand on l’a lu ? […] La solitude rétablit aussi bien les harmonies du corps que celles de l’âme. […] Mais l’âme d’un amant retrouve partout les traces de l’objet aimé.
Les passions causent tant de malheurs par elles-mêmes, qu’il n’est pas nécessaire, pour en détourner, de peindre leurs effets dans les âmes naturellement vicieuses ; nul homme, à l’avance, ne se croyant capable de commettre une mauvaise action, ce genre de danger n’effraye personne, et lorsqu’on le suppose, on se donne seulement pour adversaire l’orgueil de son lecteur. […] Enfin, en mêlant ensemble le sentiment et les affaires, les intérêts du monde et ceux du cœur, on éprouve une sorte de peine qu’on ne veut pas démêler, parce qu’il est plus honorable de l’attribuer au sentiment seul ; mais qui se compose aussi d’une autre sorte de regrets, rendus plus douloureux par leur mélange avec les affections de l’âme. […] L’enthousiasme de la guerre excite toutes les passions de l’âme, remplit les vides de la vie, et par la présence continuelle de la mort, fait taire la plupart des rivalités, pour leur substituer le besoin de s’appuyer l’un sur l’autre, de lutter, de triompher, ou de périr ensemble. […] Tout est dit pour les âmes sensibles, et la personnalité seule peut continuer des entretiens dont l’œil pénétrant de la délicatesse a vu l’amitié fatiguée. […] Ce serait, au contraire, cette réflexion même qui devrait conduire à penser qu’il faut éloigner de toutes les affections de l’âme, jusqu’à l’égoïsme du sentiment.
Et Homère n’est-il pas l’âme poétique de la Grèce sous le nom d’un homme ? […] Ils sont si vivants et si présents dans l’imagination qu’on suit involontairement les changements de leur visage et les mouvements de leur âme. […] A travers tant d’expressions changeantes, il a saisi l’expression dominante, il a rassemblé les pensées diverses, pour en conclure la pensée unique, et il a deviné l’âme à travers le corps. […] Plantons ce germe dans un sol convenable ; choisissons une âme faible de volonté, facile aux séductions, accoutumée à l’action, à qui les idées s’attachent d’une prise subite, et que ses desseins obsèdent comme des fantômes. […] Elle a la grandeur et l’harmonie des idées pures, puisqu’elle a pour âme une idée pure ; mais elle n’en a pas l’immobilité et le vide, puisqu’elle est remplie de détails et d’action.
Le seul guide qui ne trompera pas, c’est une conscience affinée, respectueuse des âmes, et, pour tout dire, le tact chrétien de l’auteur. […] Le moindre mal qui résulte, pour des âmes trop jeunes, de l’étude des œuvres romanesques, c’est l’exaspération de la sentimentalité. […] Je soutiens qu’elle est funeste, qu’elle énerve les âmes au lieu de les tremper. […] Elle agit presque constamment sur nous, et quelquefois, pour en témoigner, nous lui prêtons une âme. […] Il n’y a d’âme que la nôtre, mais impressionnée par le monde extérieur et modifiée par lui.
Elles sont là, ces Muses, dirai-je, en diluant un vers de Marie Dauguet, avec leur âme ouverte, avec leur chair qui s’offre. […] Elle déposera secrètement toute son âme, toute sa chair, toute sa vie, dans son œuvre. […] cet instant lyrique où mon âme divague Avec l’universel et fou balbutiement ! […] ……………………………………………………………………………………… Et je ne sais plus bien parfois ce que je suis, Si mon âme est le jour, si le jour est mon âme. […] Mais le romantisme a laissé, même dans les âmes les plus saines, les plus sereines, son pollen d’amertume et d’infini.
plus que mon âme. […] Où commence l’âme, où finit la vie ? […] Elle est la geôle impure des âmes déchues. […] Vous brûlez des âmes ! Et cette cendre, c’est une âme encore !
C’est une âme pure et distinguée, qui lutte avec une tristesse paisible contre sa laborieuse destinée. […] Je ne vois âme qui vive de ce monde littéraire qui forme le goût, qui épure le langage. […] L’air n’a pu balayer tant d’âmes courroucées88. […] Comme on sent que cette jeune âme ne demandait pas mieux que de reprendre au soleil et à la vie ! […] Son âme semble habitée par des milliers d’oiseaux qui ne chantent pas ensemble, mais qui se craignent et se fuient. — Douce et agitée toujours !
En un mot, nous demandons aux écrivains la comédie totale, corps et âmes. […] Un tel corps n’est pas la prison de l’âme, il en est le simulacre fidèle. […] Elle envahit une âme de collégien. […] Il ne sait pas que l’absence véritable est dans la volonté de l’âme. […] Nous n’avons là, en effet, qu’une autobiographie, que les mémoires d’une âme qui a souffert.
L’âme ainsi touchée aura vécu et compris la vie, elle ne l’aura pas créée. […] C’est l’étude intime et réelle de l’âme humaine et de la vie humaine. […] Une âme plus faible, plus naïve, plus ignorante du monde, serait inévitablement perdue ; mais l’âme que nous lui connaissons est de trempe à résister à de tels assauts. […] Si la théorie d’Empédocle est vraie, s’il y a une âme dans le sang, ce cheval a une âme. […] À quels signes reconnaît-on les âmes, si ce cheval n’en possède pas une ?
Chaque âme, avec le ton de son tempérament, avec une légèreté railleuse, avec un désespoir accablé ou grimaçant, avec une philosophique résignation, avec une joie insultante et pourtant angoissée, chaque âme a dit l’universelle nécessité, le mot qui donne pitié des morts, et fait frissonner les vivants. […] Plus faible encore est une âme de poète que nos âmes à nous. […] Des corps, il n’en aurait cure : les âmes, il les aurait vues au ciel, devant la face de Dieu. […] Il met à nu, avec une aisance, une lucidité merveilleuses l’âme violente et peu sûre d’un Charles le Téméraire127, l’âme voluptueuse et vaine d’un Édouard128, l’âme infiniment plus compliquée et tortueuse d’un Louis XI129. […] On sait assez qu’il n’a pas l’âme féodale, et avec quel intime mépris il s’amuse des gesticulations grandioses de l’honneur chevaleresque.
… Mais ce qu’on n’a pas vu et ce qu’on ne voit guères, dans la résignation qui nous prend tous, de guerre lasse, devant cette impossibilité de ne pas mourir, c’est l’acharnement du combat de l’âme infinie contre le fini de la vie ; c’est la révolte de l’âme qui se veut immortelle devant le néant, ou qui craint de l’être devant l’enfer, et tout cela poussé à un tel degré de furie, de rage, d’imprécation et d’intensité, que l’être qui en souffre, s’il n’était pas mort de phtisie, aurait été capable de voir éclater ses organes, comme un instrument qui se casse, sous la force de cette intensité ! […] Je ne crois pas que l’homme de ces effroyables pages eût, s’il eût vécu, fait, je ne dis pas mieux, mais plus fort que cela… Créateur, s’il l’avait été, ses créations n’auraient jamais eu l’énergie du cri que pousse en lui la simple créature… Il fallait, dans une âme assoiffée de vivre comme il n’en exista peut-être jamais, la fureur et l’horreur de la mort pour exaspérer l’expression, telle qu’elle est ici, jusqu’au génie. […] C’est là le côté très inférieur, le côté appris et déjà dégoisé de ces pages ; mais son âme a aiguisé toutes ces choses épaisses, qui, sans elle, n’auraient jamais coupé, et leur a donné un fil éblouissant et meurtrier. […] Nous qui croyons à l’âme, nous lui savons gré de son âme ! […] Âme cramponnée à la vie comme le chêne est attaché à la terre, sensibilité qui n’a rien de panthéistique, et pour qui l’univers tout entier a moins d’importance que les battements de son propre cœur !
D’autre part le fait simple de savoir toujours ce qu’il pense et ce qu’il fait supprime de son âme la passion, le premier mouvement, la sincérité. […] Le voilà donc forcé par métier de scruter et de s’assimiler toutes les calamités humaines, d’essayer sur sa propre âme les peines aiguës qu’il va faire ressentir obtuses et presque suaves. Et la gloire lui sera mesurée aux portions meurtries de son âme qu’il saura servir proprement au public. […] Celle-ci existe donc chez quelques milliers de nos lecteurs, mais atténuée, affaiblie et réduite à ne se manifester qu’entre des états d’âme par trop divers. […] Henri Heine parut encore trop divisé au public entre tous ces mouvements d’âme contradictoires, trop peu sincère et franc.
Mais il n’est point de pays où les écrivains aient mieux approfondi les sentiments de l’homme passionné, les souffrances de l’âme, et les ressources philosophiques qui peuvent aider à les supporter. […] Goethe voulait peindre un être souffrant par toutes les affections d’une âme tendre et fière ; il voulait peindre ce mélange de maux, qui seul peut conduire un homme au dernier degré du désespoir. […] Ce n’est pas d’ailleurs le fait inventé dans un roman, ce sont les sentiments qu’on y développe qui laissent une trace profonde ; et cette maladie de l’âme qui prend sa source dans une nature élevée, et finit cependant par rendre la vie odieuse, cette maladie de l’âme, dis-je, est parfaitement décrite dans Werther. […] Les tragédies allemandes, et en particulier celles de Schiller, contiennent des beautés qui supposent toujours une âme forte. […] Accoutumé à veiller sur soi-même, on perd nécessairement, au milieu de la société, ces mouvements impétueux qui développent à tous les regards ce qu’il y a de plus vrai dans les affections de l’âme.
qu’il est heureux le jour où l’on expose sa vie pour l’unique ami dont notre âme a fait choix ! […] On échappe au monde par des intérêts plus vifs que tous ceux qu’il peut donner ; on jouit du calme de la pensée et du mouvement du cœur ; et dans la plus profonde solitude la vie de l’âme est plus active que sur le trône des Césars. […] C’est assez pour diriger le cours entier de la destinée, plus de vague, plus de découragement, c’est la seule jouissance de l’âme qui la remplisse en entier, s’agrandisse avec elle, et se proportionnant à nos facultés, nous assure l’exercice et la jouissance de toutes. […] Le courage de se tuer ; mais dans cette situation le secours même de cet acte terrible est privé de la sorte de douceur qu’on peut y attacher ; l’espoir d’intéresser après soi, cette immortalité si nécessaire aux âmes sensibles, est ravie pour jamais à celle qui n’espère plus de regrets. […] La jalousie, cette passion terrible dans sa nature, alors même qu’elle n’est pas excitée par l’amour, rend l’âme frénétique, quand toutes les affections du cœur sont réunies aux ressentiments les plus vifs de l’amour propre.
La mémoire est l’ubiquité de l’âme. […] L’arrière-goût de son âme était amer. […] L’âme manquait aux mots, ce n’était que la draperie du génie. […] Lainé en avait l’extérieur comme il en avait l’âme. […] Tout le génie de sa mère s’était fait âme dans la fille ; toute cette âme s’était faite encens pour monter à Dieu.
Legrand, Marc (1865-1908) [Bibliographie] L’Âme antique, poèmes, avec une préface d’Emmanuel des Essarts et une lettre d’Émile Gebhart (1896). […] René Boylesve Il avait l’âme si excellente en tous points, qu’une élite d’âmes poétiques, depuis au moins celle de Pindare jusqu’à une bonne part de celle de M. […] Charles Guérin J’estime l’Âme antique, parce que c’est un livre simple et de formes sereines ; il n’apaisera point ceux qui sont tristes, pas plus qu’il n’inquiétera ceux qui sont calmes, mais il flattera les esprits classiques qui aiment la nature vue à travers les bons auteurs. […] Philippe Gille Je signalerai d’abord, dans ce livre, l’Âme antique, d’élégantes et fidèles traductions, des imitations de poésies grecques d’
L’art des arts, la poésie seule, chante pour tous les sens à la fois et pour l’âme, pour l’âme, centre divin et immortel de tous les sens. […] Nous répondons en deux mots : Parce qu’elle a plus d’émotion pour nos yeux, pour notre pensée, pour notre âme. […] Il faudrait rougir du nom de poète, le plus beau des noms de l’homme dans la région des âmes. […] C’est là la première épreuve de l’âme aimante, entraînée par un mystérieux instinct vers l’âme aimée, qui signifie ici l’être de l’être. […] Tout poème est un symbole qui revêt un dogme ; tous les vers sont des ailes qui emportent l’âme au-dessus de la terre.
L’âme du vrai poëte lyrique, après qu’y a pâli l’amour, est comme un Bosphore où le feu grégeois n’illumine plus la nuit, et qui éclaire moins ses rivages, mais qui les réfléchit mieux. […] N’aurait-il pas pour effet possible de lui offrir l’idéal permanent des sentiments de fils, de frère, d’amant, de prêtre évangélique, comme toute belle âme non tourmentée les conçoit encore ? […] Dieu seul sait la distance entre nous, Seul il sait quel degré de l’échelle de l’être Sépare ton instinct de l’âme de ton maître, etc. […] Wordsworth pense avec Akenside, dont il prend le mot pour devise, que « le poëte est sur terre pour revêtir par le langage et par le nombre tout ce que l’âme aime et admire ; » et Lamartine nous dit quelque part en son Voyage d’Orient :« Je ne veux voir que ce que Dieu et l’homme ont fait beau ; la beauté présente, réelle, palpable, parlant à l’œil et à l’âme, et non la beauté de lieu et d’époque. […] Le bon et tendre curé a existé sans doute, je le crois ; mais ce qui est sûr, c’est que le poëte a fait mainte fois confusion de son âme et de sa propre destinée avec lui.
La piété qui vous caractérise est le plus sublime des sentiments ; mais c’est un sentiment abstrait, c’est la confidence de l’âme à son Dieu. […] Laprade professe, dans ces vers comme dans mille autres, la doctrine antique et évidente que le Créateur a doué d’une âme tous les êtres. Partout où Laprade voit la vie, il voit l’âme ; partout où il voit l’action, il voit la pensée. […] Le vrai poème de l’âme évangélique, c’est l’Imitation. […] Ces poésies sont des Heures de l’âme poétique ; ces vers sentent l’encens.
Psalmodies de l’âme. Dialogue entre mon âme et moi. […] La nuit tombe, ô mon âme ! […] L’âme. […] Mon âme n’était qu’un cantique d’illusions !
Dans le Midi on rencontre des âmes plus ou moins languissantes ou passionnées. […] Voyez comme l’homme qui n’a point exercé son âme se courbe avec l’âge. […] Vous avez donné de l’âme à Genève, où mon cœur frissonne quelquefois. […] — Votre âme s’étonne de la brièveté de l’amour italien. Un sentiment placé dans une âme vide n’a que des explosions.
Pour le chrétien, au contraire, c’est le plus grand malheur, et tout le soin de la vie entière doit être de se préparer pour cette heure suprême inconnue : Ô mon âme ! […] … Considérez qu’alors le monde finira pour ce qui vous regarde ; il n’y en aura plus pour vous ; il renversera sens dessus dessous devant vos yeux… Considérez les grands et langoureux adieux que votre âme dira à ce bas monde, etc. […] Dégageons donc les gentillesses et les fleurs pour arriver jusqu’à cette âme si doucement ardente et forte, et à ce caractère si ferme, bien que revêtu de suavité. […] Faisant la part des différences du siècle et du goût, j’ai cherché à aller au-delà, et à me bien définir la différence d’esprit des deux méthodes, et la double famille des deux âmes. […] Mais il n’y serait pas resté longtemps, l’amour des âmes et le soin de ses peuples l’auraient bientôt fait redescendre.
Il faut convenir que cette idée ne pouvait venir qu’à une tête poétique, et je dirai plus : — à une âme profonde. […] Il a l’âme ouverte à tous les sentiments de la vie, et il les mêle — et fougueusement ! […] L’âme qu’il a le sauve de ces abaissements. […] Richepin, malgré son âme, au-dessus de la plupart des âmes de son siècle, est cependant un homme moderne, pétri par la main de l’éducation moderne. […] Mais ce n’est pas parce que Lamartine remonte vers Dieu que l’on trouve les blasphèmes momentanés du Désespoir et des Novissima verba sublimes, c’est parce qu’ils ont la flamme, l’émotion, l’intensité et la beauté inanalysable de cette substance mystérieuse qui est la Poésie, — cette âme dans une autre âme qui ne double pas toutes les âmes… Eh bien, cette âme exceptionnelle, l’auteur des Blasphèmes l’a comme Lamartine.
L’art lui restait encore, mais dénué de cette passion sérieuse qui est l’âme de la parole. […] Ce prodige qu’avait vu l’antiquité, ce Tynnichos, dont l’âme un jour inspirée produisit un hymne sublime et rentra dans le sommeil, se renouvela sous nos yeux. […] Coleridge n’est pas pour nous le grand lyrique de l’antiquité, le modérateur des âmes par l’harmonie. […] Mais ce n’est pas toi qui enfles la voix du vainqueur ; tu n’inspires pas ton âme aux représentants de la puissance humaine. […] C’était un ministre protestant qui avait l’âme de Fénelon, et ce même goût d’antiquité, ce même attrait de culture élégante et d’imagination émue.
On s’est avisé que nous avons une âme. […] L’âme humaine rêve sans cesse de s’élargir. […] À l’âme humaine répond l’âme des choses, une âme dont les formes extérieures ne sont que les manifestations et que les symboles. […] Mélisande n’a presque pas d’âme. […] Il sent en lui l’âme de la race.
Si l’âme substance m’est entièrement inconnue, qui m’assure que cette substance n’est pas la matière ? […] Que puis-je répondre à Spinoza, lorsqu’il me dit que l’âme est une idée de Dieu ? […] De même, dit Ampère, il y a un moi phénoménal, celui qui apparaît immédiatement à la conscience comme sujet pensant, et un moi nouménal, qui est l’âme elle-même. Or, cette âme, cette chose en soi, doit être telle qu’elle ne rende pas impossible le moi apparent, le moi phénoménal. […] L’âme, considérée en soi, comme chose absolue, n’est donc pas un nombre, une harmonie, comme le prétendaient les anciens.
C’est un sursum corda ; c’est la levée des âmes. C’est bien plus, c’est dans chaque âme la mobilisation des forces secrètes. […] Ils lisent, causent, méditent, rêvent et surtout ils souffrent. « La bête la plus rapide pour nous mener à la perfection, dit l’un d’eux, c’est la douleur. » Jamais aucune armée n’a autant vécu par l’âme. Et leur âme, nos soldats nous renvoient par des millions de lettres sublimes qui, depuis deux ans, fournissent à la France son pain spirituel. […] Elles nous permettent de mesurer la chaleur, le bondissement ou la dépression des âmes.
Salut au fils de Rossa ; mais quel nuage obscurcit ton âme belliqueuse ? […] « — Paix éternelle, dit Cuchullin, aux âmes des héros ! […] Fût-ce Fingal lui-même, mon âme ne serait point émue à son aspect. […] « Cuchullin a recueilli sa grande âme. […] Le bras du héros était affaibli, mais son âme était pleine de force.
Il est une révolution générale de l’âme humaine. […] Et ce qui va de l’âme à l’âme n’est-il pas sublimé par là même ? […] Sentons cette témérité d’une âme élevée. […] Je vous achète votre âme. […] Au fond de nos âmes nous sentons déjà ce qui va être.
L’éloquence de Madame de Staël, qui a fait le cadeau de l’immortalité à son amie en en parlant dans quelques endroits de ses ouvrages, pâlit et disparaît dans le feu de ces lettres, ce feu qui a brûlé, dix-huit mois, l’âme sèche, car elle l’était de Benjamin Constant, comme une branche de sarment dont il ne resterait pas une brindille. […] Aussi, jamais on n’aurait pu penser et prévoir que cette blanche figure de Vestale qu’était Madame Récamier et qui passa un jour entre lui et Madame de Staël, pourrait allumer le feu de l’amour non partagé dans une âme sans enthousiasme, que l’Esprit et l’Épigramme gardaient comme deux dragons contre l’exaltation de l’âme, — et cela sans coquetterie, et en y jetant… rien du tout ! […] Il y eut un homme à genoux et plus bas qu’à genoux, qui se mit à demander la charité de l’amour avec des implorations et des éloquences à fondre de pitié des pierres, mais qui ne touchèrent pas ce doux caillou lisse de l’âme de Madame Récamier. […] Les femmes valent-elles par l’âme, de la part d’une autre âme, cet effacement, cet anéantissement dans l’amour ? […] Énigme de corps ou énigme d’âme, quoi qu’elle soit dans l’un ou dans l’autre, laissons ce problème d’une femme qui n’aime point, et qui, par ce côté, ressemble au Démon : « le malheureux qui n’aime pas !
Dieu lui avait donné le génie de la conduite des âmes, à ce pâtre qui n’avait chez son père à conduire qu’un vieux âne et trois maigres brebis. […] Pour nous, catholiques, au tribunal du souverain juge le Curé d’Ars aura donc un million d’âmes qui diront à Dieu : « C’est par lui que nous sommes venus à vous, Seigneur ! […] Le Curé d’Ars a réalisé Jésus-Christ dans son âme autant qu’un homme peut réaliser son Dieu, et l’on dirait presque qu’il fut la dernière incarnation de Jésus-Christ sur la terre, si un si grand mot ne faisait pas peur à la Foi ! En effet, il n’y a que cela qui explique sa vie ; il n’y a que la notion de Notre Seigneur Jésus-Christ telle que nous la portons dans nos âmes, qui puisse expliquer cette espèce de règne (car c’en fut un) d’un prêtre caché au bout du monde, dans sa pauvre petite Bethléem de quelques feux et de quelques âmes, et que les foules, à défaut de mages, sont de partout venues visiter ! […] de ces multitudes d’âmes en peine qui affluaient vers le saint prêtre, pour lui demander la consolation et la paix.
Les premières impressions sont les vraies muses de notre âme. […] « Mon enfant, s’écria-t-elle, bien mal acquis pèse sur l’âme et brûle le sang. […] Chère âme ! […] Mon âme est navrée ! […] Mon âme est navrée !
Les lieux nous entrent dans l’âme par les yeux et s’incorporent à nos sensations, et ces sensations deviennent des caractères. […] Leurs ombres noires et humides, assombries encore par le reflet des sapins qui les couvrent, impriment une imposante mélancolie à l’âme. […] Ces sensations de la nature se mêlaient de jour en jour davantage dans mon âme avec les pensées et les visions du ciel. […] Il a, de plus encore, sa présence perpétuelle devant les yeux et dans l’âme de l’adorateur. […] Voici comment, sous le nom de Jocelyn, j’exprimais plus tard en vers moins novices ces inexprimables extases qui s’élèvent de l’âme jeune à Dieu.
C’était une belle âme, ce n’était pas un grand esprit ; mais il avait tout ce que l’âme donne à l’esprit, c’est-à-dire l’élévation des idées, la loyauté du caractère, la magnanimité des sentiments, la sincérité des opinions. […] Ballanche cette fois ne put la suivre ; ses pénibles occupations de libraire, dans lesquelles il remplaçait son père mourant, retinrent sa personne, mais non son âme ; cette âme voyageait partout où allait sa nouvelle amie. […] M. de Chateaubriand, qui voit cela de Berlin, où il sollicite un congrès, ouvre son âme à son amie dans une lettre du 14 avril 1821. […] Voyez cependant combien son âme sent le vide et se torture elle-même dans le néant des désirs satisfaits ! […] » On dirait l’amour, ce n’est que la lassitude des versatilités de son âme.
Mais de loin en loin, par distraction, la nature suscite des âmes plus détachées de la vie. […] Si ce détachement était complet, si l’âme n’adhérait plus à l’action par aucune de ses perceptions, elle serait l’âme d’un artiste comme le monde n’en a point vu encore. […] Toute poésie exprime des états d’âme. […] Les âmes ne sont pas pénétrables les unes aux autres. […] — Écoutez, je vais vous confier un secret que je n’ai encore révélé à âme qui vive.
On se permet de plaisanter sur sa propre bassesse, sur ses propres vices, de les avouer avec impudence, de se jouer des âmes timides qui répugnent encore à cette avilissante gaieté. […] Il est difficile qu’un magistrat dont le ton révolte les âmes n’ait pas besoin de recourir à la persécution pour obtenir l’obéissance. […] Les femmes et les grands hommes, l’amour et la gloire, sont les seules pensées, les seuls sentiments qui retentissent vivement à l’âme. […] Tout homme de goût et d’une certaine élévation d’âme doit avoir le besoin de demander presque pardon du pouvoir qu’il possède. […] Ce n’est pas l’insolence familière, c’est la bonté, c’est l’élévation de l’âme, c’est la supériorité véritable que cette froideur met à la gêne.
Son âme avait dès lors, et à jamais, contracté le pli de la tristesse. […] Mais aussi, est-il beaucoup d’âmes assez pures pour être comparées aux leurs ? […] Quel est l’état de son âme en ces années ? […] Il attaquait toutes les puissances de l’âme, la pensée, la volonté, l’amour, la foi. […] Son âme, ouverte, à toutes les impressions, de quelque part qu’elles vinssent, s’est confondue avec l’âme de toute une génération.
L’âme dévote à Notre-Dame peut avoir ses erreurs dans le long pèlerinage ; elle peut faiblir et faillir : la Vierge est là, qui, à une heure donnée, la rappelle et la sauve. […] Il y a toujours quelque raison grave pour arrêter l’élan de mon âme. […] Tu me rends bien heureuse de m’avouer la tendance de ton âme à prier, mon bon frère. […] Tu peux continuer à relever l’âme de ta pauvre sœur par la considération dont je sais que tu t’entoures. […] On dit ma petite pension supprimée, mais je n’ai pas le temps de penser à cela : ce Serait interrompre la plus tendre admiration qu’il soit permis à une âme de ressentir.
Ces grands et continuels travaux, consacrés à Saint-Pierre de Rome, ne suffisaient pas à l’activité de son âme et de sa main. […] Elle tient trop de place dans sa vie, dans ses œuvres, dans sa foi, dans son éternité même pour séparer deux noms qui ne furent si longtemps qu’une âme. […] La solitude de son âme ne fut plus qu’un entretien posthume avec la chère âme qu’il brûlait de rejoindre dans l’Élysée chrétien. […] nous donner à tous deux une longue vie, soit sur la toile, soit dans ce bloc, en y gravant notre âme et nos traits ? […] ô âme délivrée de ton enveloppe, où es-tu maintenant ?
Il a gardé une âme aussi neuve que celle d’Adam ouvrant les yeux à la lumière. […] Mon âme en moi tressaille toute. […] L’âme croyante n’arrive à se satisfaire là-dessus que par une illusion. […] On comprend dès lors que, pour une âme purement sensitive et aimante comme celle de M. […] » Et elle meurt, et son âme monte au ciel Une femme est amoureuse d’un homme qui est le diable.
Par là-dessous, une âme traditionaliste, profondément chrétienne d’éducation. […] Et voici paraître l’âme « vieille-France » de Henri Lavedan. […] Ciel, terre, animaux et plantes, tout a une âme, comme jadis pour le bon saint François. […] » Qu’importe, si l’âme croyante reconnaît à son Dieu, et à Celle qui lui porte nos prières, le droit de paraître agir arbitrairement ? […] Il nous fait sentir ce que le rêve du surnaturel ajoute d’adorable aux âmes naturellement bonnes.
Il faut sentir l’âme, la passion ou la douleur à travers la peau. L’âme, la passion, la piété, l’enthousiasme et la douleur sont pâles. […] Il y a des amitiés foudroyantes qui fondent les âmes d’un seul éclair ; telle était la nôtre depuis Terni. […] Les secousses avaient ébranlé sa vie, mais non son âme ; elle était à la hauteur de tout, même de l’exil. […] Cette pluie ajoutait au frisson de l’âme le frisson du ciel.
Le succès du Génie du Christianisme tenait aux idées religieuses qui faisaient encore le fond des âmes, et que la révolution avait comprimées et blessées. […] Avec une expression incomparable, Lamartine ne s’adressait qu’à l’âme humaine, dans ses sentiments primitifs et éternels. […] Il aurait fallu n’avoir pas d’âme pour ne pas le comprendre, mais tout ce qui en avait fut à lui. On peut dire que son âme entra dans toutes les âmes et les fit vibrer à l’unisson de ses propres vibrations ! […] Il y a des poètes qui meurent sans mourir, — qui deviennent les sarcophages vivants de leur poésie morte et de leur âme envolée.
Quel est donc l’insensé qui ne se défierait jamais de son âme ? […] Telle est, en vertu de son incorruptible puissance, l’assainissement qu’il opère sur cette disposition à la mysticité, qui, pour certaines âmes, est encore bien moins une faculté qu’une maladie. […] Certes, si l’Église a des mélancolies comme celles des mères, ce doit être en voyant se détacher d’elle des âmes comme celle de Saint-Martin. […] Voilà par quoi, de son vivant, il a entraîné les âmes analogues à la sienne, qui sont, après tout, il faut bien le dire, la meilleure partie de l’humanité. […] Il a oublié que, pour l’homme, l’abîme le plus terrible n’est pas celui qu’il a sous les pieds, mais celui qu’il a sur la tête, et que l’âme, comme le corps, meurt aussi bien de trop monter que de trop descendre.
Il y a toute une éducation de la sensibilité, qui met de l’ordre et des nuances dans le chaos des émotions, qui surtout rend nettes et perceptibles les impressions confuses et faibles, qui développe le tact de l’âme, et fait qu’au plus léger attouchement elle frémit de joie et de peine, enregistrant les moindres phénomènes comme un instrument délicat. Sans doute c’est l’affaire à la réflexion de lire dans l’âme les émotions ; et c’est en appliquant à l’observation intérieure la même attention qu’à la réalité externe, qu’on s’habituera à démêler ses sentiments. […] Il en de si peu naturel aussi que de vouloir mettre toute son âme, tout son esprit dans chaque mot. Ce jugement qu’on porte sur soi doit servir de règle et d’épreuve dans la recherche des idées et des expressions, mais sans étroitesse et sans minutie : il en est du style comme des mines et des gestes ; vouloir faire transparaître son Ame à tous moments est le comble de l’affectation et l’antipode du naturel. […] Les lettres lui offraient dans la prose, dans la poésie, au théâtre, dans la chaire, des réflexions sur l’âme humaine, exactement liées et logiquement déduites.
Il n’a pas — cela est vrai — l’âme infinie, le grand souffle, la palpitation dilatée, l’abondance, la facilité magnifique des plus puissants parmi les poètes ; mais comment le saurait-il, comment pourrait-il les avoir avec la forme qu’il préfère, sous ce strict compas du sonnet, entre les deux branches duquel il ploie et reploie sa pensée ? […] On rencontre pour la première fois un coin d’âme sous ces pierres qui chatoient et qui étincellent, sous toute cette orfèvrerie enchantée. […] Les hommes de l’école poétique à laquelle appartient par sa langue Gramont sont, presque tous, de l’opinion du grand panthéiste du xviiie siècle, qui disait sans sourciller : « On fait de l’âme comme on fait de la chair, et de la chair comme on fait du marbre », et c’est pour cela sans aucun doute qu’on trouve si peu d’âme dans leurs écrits ; mais lui, par un bonheur d’organisation dont il faut le féliciter, ne s’est pas pétrifié tout entier parmi ces Memnons sans soleil qui n’ont que le son vide du rhythme. […] Son inspiration laborieuse a procédé comme le sentiment dans son âme, lentement, profondément, à la manière de ces terribles acides dont l’action incessante ne s’arrête pas et qui creusent toujours leur morsure. […] en y laissant des portions de nous-mêmes qui sont plus que la vie, et qui ne reviendront pas plus qu’elle… Eh bien, c’est le mal de ce temps, au fond de son âme, à lui, qu’on retrouve dans le livre de Gramont !
Il ne faut donc pas s’étonner que les âmes ardentes et actives aient été toutes passionnées pour la gloire. […] Mais ces illusions sublimes n’appartiennent ni à toutes les âmes ni à tous les siècles. […] Ou il n’existe pas, ou il occupe l’âme tout entière. […] Et à l’égard des hommes même dont l’âme est d’une trempe plus vigoureuse et plus forte, la gloire est un dédommagement, si elle n’est un appui. […] Chacun, par l’ascendant de son génie ou de ses vertus, monte et va prendre son rang ; les âmes opprimées se relèvent et recouvrent leur dignité.
A tout instant, l’âme parle intérieurement sa pensée1. […] L’âme n’est jamais sans entendre un son ; lorsque le son n’est pas extérieur et réel, il est remplacé par une image qui lui ressemble. […] Pourquoi l’habitude n’a-t-elle pas le même pouvoir d’anéantissement graduel sur la parole intérieure que sur les autres phénomènes de l’âme ? […] VII, « l’âme est : 1° imagination, 2° entendement, 3° sensibilité » ; la volonté n’est même pas nommée. […] Connaissance de l’âme (2e éd., 1857), t.
L’âme est la littérature moderne ; l’âme, c’est l’homme sous les mots ; l’âme est la muse souveraine et convaincue des écrivains qui remuent les masses et le monde. […] Leurs idées peuvent être fausses, leur style peut être inculte, mais leur sentiment les sauve et les immortalise quand leur âme a touché l’âme de leur siècle. […] Rousseau fût ce qu’on appelle une belle âme, une âme plus riche que les autres ; loin de nous cette pensée. Nous la croyons, au contraire, une des âmes les plus subalternes, les plus égoïstes, âme comédienne du beau, âme hypocrite du bien, âme repliée en dedans autour de sa personnalité maladive et mesquine, au lieu d’une âme expansive se répandant, par le sacrifice, sur le monde pour s’immoler à l’amour de tous ; âme aride en vertu et fertile en phrases ; âme jouant les fantasmagories de la vertu, mais rongée de vices sous le sépulcre blanchi de l’ostentation ; âme qui, pour donner la contre-épreuve de sa nature, a les paroles belles et les actes pervers. […] remplis le vide qu’elle a laissé dans mon âme !
Jamais muse du ciel ne fut si bien venue Et de mon âme et de mon cœur ! […] Ame fière, ambitieuse, dédaigneuse et un peu superbe, il épuisa et but la coupe de l’exil jusqu’à la lie. […] Il ne suffit pas du calme extérieur pour assoupir les agitations de l’âme ; le calme invite à la paix, mais il ne la produit pas : elle descend de plus haut. […] il se fit dans ce jeune homme à l’âme ardente la révolution précisément inverse de celle qui venait d’enlever et de transformer Lamennais. […] Veyrat n’est pas seulement une des figures poétiques, c’est une des âmes, un des témoins de ce temps-ci : un Donoso Cortès de la Savoie.
Chaque instant de la durée des peines morales me fait peur, comme les souffrances physiques épouvantent la plupart des hommes, et s’ils avaient d’avance, je le répète, une idée également précise des chagrins de l’âme, ils éprouveraient le même effroi des passions qui les y exposent. […] Une dernière réflexion, la plus importante de toutes, reste donc à faire, c’est de savoir jusques à quel point il est possible aux âmes passionnées d’adopter le système que j’ai développé. […] Tel homme est conduit par ses goûts naturels dans le port, où tel autre ne peut être porté que par les flots de la tempête ; et tandis que tout est calculé d’avance dans le monde physique, les sensations de l’âme varient selon la nature de l’objet et de l’organisation morale de celui qui en reçoit l’impression. […] Que je me repentirais néanmoins de cet écrit, si venant se briser, comme tant d’autres, contre la puissance terrible des passions, il ajoutait seulement à la certitude que croient avoir les âmes froides de la facilité qu’on doit trouver à vaincre les sentiments qui troublent la vie ! […] en s’approchant par la réflexion de tout ce qui compose le caractère de l’homme, on se perd dans le vague de la mélancolie ; les institutions politiques, les relations civiles vous présentent des moyens presque certains de bonheur ou de malheur public ; mais les profondeurs de l’âme sont si difficiles à sonder !
Au sortir des combats, où des millions de Perses avaient été vaincus par quelques hommes libres, y avait-il un Grec dont l’âme ne fût plus sensible et plus grande ? […] Les gouvernements attentifs nourrissaient encore ce sentiment, en ne donnant jamais de récompense qui pût avilir les âmes. […] Pensez, à leur exemple, que le bonheur est la liberté, et que la liberté est dans la grandeur de l’âme. » Il s’adresse ensuite aux pères de ces guerriers. […] Tel était le pouvoir de l’éloquence sur ces âmes sensibles, et la vigueur du caractère qui, chez les femmes même, faisait préférer la gloire à la vie. […] Son caractère ardent voulut donner à ses concitoyens un mouvement qu’ils n’étaient pas en état de suivre : leurs âmes, qui avaient perdu l’habitude des grandes choses, n’avaient plus que de l’imagination pour les sentir.
Des moines lettrés prièrent pour son âme. […] Nul n’a écrit des vers plus chargés d’âme. […] Je veux croire qu’il priait pour l’âme de Virgile. […] Joubert fut grand frôleur d’âmes féminines. […] Changées, la figure et l’âme des armées, changée, la guerre.
Elle aurait eu, à ses moments de vertige et d’obscurcissement, ces savants et sûrs docteurs des âmes, un saint François de Borgia, un vénérable Pierre d’Alcantara, un saint François de Sales. […] Si l’on a pu dire de la conversion de quelques âmes tendres à Dieu : C’est de l’amour encore, il semble que le mot aurait dû être trouvé tout exprès pour elle. […] Tous ceux qui l’approchaient un peu souvent subissaient le charme de sa parole, et prenaient au parfum de son âme abondante et toujours répandue. […] On aime à rechercher quelles furent, à cette époque de 1815, les relations de Mme de Krüdner avec quelques personnes célèbres, dont l’âme devait, par plus d’un point, rencontrer la sienne. […] Il vit beaucoup Mme de Krüdner en 1815 ; il trouvait près d’elle consolation dans ses crises, et aliment pour toute une partie de son âme.
Si l’âme qui vit dans cette musique est l’âme ce l’harmonieuse fraternité des peuples, c’est qu’elle est l’âme de l’homme idéal, — de l’homme absolument naturel, franc, vrai, fort et grand, et qui à la fois dans la plus parfaite manifestation de son être est beau, digne et plein d’amour, parce qu’il est artiste et parce que l’exprimer est l’objet même de toute harmonie. […] Le Christianisme n’était pas libre ; mais déjà il avait la force de rendre libre : celui qui dans le Christianisme comprenait bien la doctrine du Dieu Homme gagnait la liberté de son âme. […] Ce Christ senti par l’âme humaine, c’est la foi. […] Certes la musique parle aux âmes des peuples Aryens un langage qui franchit les barrières géographiques et les idiomes divers des divers peuples ; un langage pouvant être compris par ceux qui ne renient pas leur sang Aryen. […] Pour saisir l’âme Aryenne en France et pour ne pas être trompé par les séparations historiques, il faut assister à une représentation suivant l’esprit vraiment Aryen, c’est-à-dire Wagnérien.
Dans la Joie, Pauline est détaillée des secrets de sa chair aux plis honteux de son âme. […] Même quand cet équilibre physiologique s’allie à une âme méchante et faible, M. […] Mais l’harmonie d’une âme noble, avec un corps bien portant, est préférée par le romancier. […] Zola est le seul à donner cette sensation d’humanité vivante et souffrante, et il y parvient, comme tous les grands artistes, en nous montrant des âmes, des êtres moraux. […] Toutes ces âmes sans doute sont rudimentaires, simples, sans développement vers le haut et sans complexité dans la profondeur.
Mais ici toute prétention exclusive est vaine ; la poésie lyrique est née partout, avec les premiers et les plus vifs sentiments de l’âme. […] les sentiments subtils, les raffinements du langage précédèrent, dans la poésie nouvelle, l’accent de la passion et les élans de l’âme. […] Peut-être deviendra-t-elle parfois monotone, et trop éblouissante pour l’âme qui veut s’en éclairer. […] beaucoup moins qu’un seul sentiment de l’âme élevée jusqu’à Dieu. […] Le sublime lyrique, nous a-t-on dit, est un élan rapide, un éclair de l’âme.
Le moi étant distinct de la force vitale, l’âme se séparant comme substance du corps, il y a en nous la destinée de l’âme et la destinée du corps. Le corps tire de son côté, l’âme aspire ailleurs ; c’est une lutte intestine. Mais l’homme étant tout entier dans l’âme, celle-ci doit gouverner en souveraine ; elle doit dans tous les cas douteux se sacrifier l’autre. […] Cependant l’esprit, maudissant la chair et se plaçant hors du monde, proclamait la paix, la charité universelle, la communion des âmes et la règle d’un seul Dieu. […] Cette réhabilitation réelle et l’harmonie qui doit en résulter ne pourront s’obtenir que par la conception nouvelle qui ramène la matière et l’esprit dans la substance de l’être, l’âme et le corps dans l’unité de la vie, l’homme et la nature dans le sein de Dieu, la science et l’industrie dans la religion.
quand on l’a dépouillé des pourpres volées un peu partout dont il drape la gueuserie de son esprit et l’infamie de son âme, on se trouve en présence d’une brute conquérante ou d’un animal de chasse. […] Il adore sa « chère âme » vide comme une idole, et les idoles aimèrent toujours l’odeur infâme des sacrifices humains. […] Un être sans consistance, comme Emma Bovary, comme Bouvard, comme Pécuchet, n’intéresse pas longtemps les hommes et, si l’auteur a l’air de croire que de telles absences d’âmes nient toute l’âme, il ne prouve que son propre vide intérieur. […] Flaubert serait une admirable parole romantique, s’il avait eu à faire passer par son « gueuloir » autre chose qu’une âme bourgeoise. […] C’est quand l’âme semble vaincue par les choses que sa vraie supériorité éclate ; la couronne d’épines et le sceptre de roseau sont de merveilleuses parures pour ceux-là dont le royaume n’est pas de ce monde.
Il n’a pas d’esprit, et peu importe pour nous, d’ailleurs, qu’on l’eût trouvé sans conversation à l’hôtel de Rambouillet, s’il avait eu la délicatesse, cette fleur des âmes bien nées qui vaut mieux que l’intelligence ! […] Mais il y eut pour elle plus difficile que de détacher les haines de son âme, ce fut d’en détacher son amour, d’en ôter un à un tous les rêves et les souvenirs de sa vie. […] L’amie de madame de Chantai, qui l’avait remplacée, ne porta pas loin sa charge d’âmes ! […] « Ce fut le 5 juin 1666 — nous dit Renée — que cette belle âme, honneur de son siècle, quitta la terre. […] Le talent d’Amédée Renée a été perméable à l’âme de madame de Montmorency, et il la respire comme ces haleines de femme qui gardent l’odeur de la fleur qu’elles ont respirée.
Pour si peu que nous ayons vécu, nous avons tous plus ou moins dans notre âme un livre écrit par l’Expérience, avec du sang ou avec des larmes, mais le plus souvent il y reste. […] L’auteur, qui a de l’âme, du reste, à défier tous les railleurs de la terre, n’a pas craint de revenir à un genre vieilli et condamné par une critique superficielle. […] … Est-ce que l’âme, ses joies et ses douleurs, ne sera pas toujours le plus haut intérêt de l’homme et de son orgueilleuse pensée ? […] les premiers mouvements d’ailes de notre âme, était digne de nous peindre cela. […] Les différentes civilisations successives ont si bien secoué l’âme humaine, que tout ce qui n’était qu’à la fleur de sa surface est tombé.
— sur l’immortalité de l’âme. […] Si puissante qu’elle soit, cette poésie, elle crispe l’âme, mais sans l’entraîner. […] Caractère contradictoire de tout ce qui est vraiment diabolique ici-bas : la sécurité de l’athéisme absolu et la souffrance, l’incompréhensible souffrance qu’il inflige à une âme ! — car pourquoi cette âme souffre-t-elle, si elle a la sécurité ? […] Elle y souffre comme toutes les âmes fortes, qui périssent d’orgueil, déchirées dans leur force vaine.
L’âme alors se soulève un peu et regarde autour d’elle. […] Le poëte décrit la planète de Vénus, où sont les âmes qui surent grandement aimer. […] Il fait monter vers elle, comme un pur encens, la prière ardente de son âme et de sa vie. […] Il voit en Dieu l’universelle harmonie des âmes et des mondes. […] Comment tant de lumière, d’amour et de vie produisent-ils dans l’âme de Gœthe l’état chaotique ?
C’était ineffablement bête, c’était idiot, criminel même, mais enfin, c’était encore de l’âme et de l’âme humaine ; c’était du mouvement et de la vie. […] Je n’aurais pas enfoui mon âme dans l’imbécile stérilité du blasphème. […] L’âme humaine était spiritualiste et surélevée du côté du ciel. […] Mais quelles âmes il faut pour le comprendre ! […] Mais l’âme « naturellement chrétienne » d’un poète n’y parvient jamais et, moins qu’aucune autre, l’âme, naturellement mystique de Rollinat.
Car vraiment ces courtes syllabes ont une âme qu’il est intéressant de pénétrer. […] Paul Bourget publier son dernier roman — ces Trois âmes d’artistes annoncées depuis plus de dix ans — sous le nom imprévu de la Duchesse bleue. […] Ces âmes tourmentées de l’amour divin en inventèrent d’extraordinaires, et qui finirent bientôt par atteindre le ridicule et l’absurde. […] Sainte Thérèse avait d’ailleurs montré la voie avec ses Sept châteaux de l’âme. […] Aussi, dans les ruelles précieuses, se divertissait-on fort de petites plaisanteries composées par des abbés galants et dont deux portent des noms tout à fait réussis dans ce genre : la Tabatière spirituelle pour faire éternuer les âmes dévotes vers le Seigneur, et encore la Seringue spirituelle pour les âmes constipées en dévotion.
L’âme religieuse de l’Hellade résidait dans ce sanctuaire vénéré. […] Médecin des corps, Apollon devient bientôt le médecin des âmes qu’il tranquillise et réconcilie. […] Oreste a fui tandis qu’elles dorment. — « Il a bondi hors du filet comme un faon. — Entendez ce que vous dit mon âme ! […] Je jure que ce proverbe ne passera plus en terre d’Israël. — Certes, toutes les âmes sont à moi, l’âme du père comme l’âme du fils. […] On les interroge et on les commente comme les oracles de l’âme antique.
On conçoit l’intérêt passionné avec lequel cette jeune âme devait suivre de loin les efforts et les dangers de son père. […] Son âme avait gardé une fraîcheur de sensibilité, une pureté de passion qu’elle portait dans tout ; elle accrut cette constante ardeur en présence de la maladie et des souffrances, elle s’appliqua à les subir, elle les voulut, elle les aima. […] Le couvent chez Mme de Duras est un vrai cloître, rude, austère, pénitent ; le prêtre est redevenu un vrai confesseur, et, comme dit Ourika, un vieux matelot qui connaît les tempêtes des âmes. […] Toutes ces passions humainement si nobles, ces zèles excessifs, soit politiques, soit maternels, ces préférences, ces fougues d’une âme qui aspire à trop étreindre, commencèrent de s’abattre peu à peu en prière et en larmes de paix devant Dieu. […] Dans la première, qui a pour titre Veillez et priez, on lit31 : « Presque toutes ces douleurs morales, ces déchirements de cœur qui bouleversent notre vie, auraient été prévenus, si nous eussions veillé ; alors nous n’aurions pas donné entrée dans notre âme à ces passions qui toutes, même les plus légitimes, sont la mort du corps et de l’âme.
… Notre âme est-elle incapable d’un sentiment désintéressé ? […] » Vauvenargues a l’âme antique, et, comme les plus éclairés des anciens, il n’est pas disposé à admettre si aisément des contradictions dans la nature. […] Quand il traite de la grandeur d’âme, comme on sent l’homme qui en a le modèle en lui et qui en possède la noble réalité ! […] Elle nous dispense de nous déguiser, de quitter notre caractère, de nous absorber dans les riens… Enfin, de même qu’on ne peut jouir d’une grande fortune avec une âme basse et un petit génie, on ne saurait jouir d’un grand génie ni d’une grande âme dans une fortune médiocre. […] Vauvenargues, dans tout ce qu’on lit et qu’on sait de lui, apparaît comme un esprit d’une forte trempe, comme une âme d’une grande élévation et un grand cœur.
Il n’observe que le moi, l’âme, l’être, la substance. […] Elle est une action isolée, un état partiel du tout continu et persistant qui est l’âme. Dire qu’elle est l’âme, c’est dire que l’arbre est la fleur. […] Il ne désigne point le moi ou l’âme, mais une classe d’opérations de l’âme. […] Si vous dites que la résolution est le moi, vous prononcez qu’un simple fait est l’âme.
Clauzel a placé un drame d’âmes. […] Mais il y a ici une âme qui se dégage de ses limbes : une âme, et il est rare que nous ayons si bien à deviner la présence d’une âme. […] Il est une âme de guerre. […] Une âme ajoutée à la réalité. […] L’âme de leur époque, âme souffrante, âme éperdue, âme qui a ses folies, ses péchés, ils la prennent avec eux, ils la recueillent.
Comme il arrive aux âmes grandes, il voulut ne rien devoir qu’à son mérite. […] un méchant cadavre dont l’âme est partout où sont mes filles. […] Elles me tiennent si bien à l’âme, que j’avais idée que vous les verriez ce soir. […] Une seconde tombée de neige retarda la floraison des germes semés en mon âme. […] Mais, enfant, pouvais-je avoir cette grandeur d’âme qui fait mépriser le mépris d’autrui ?
Je veux vous redire aussi un des effets de cette littérature sur mon âme. […] L’âme qui habite ces corps sur lesquels tu pleures est incorruptible, impérissable, incompréhensible comme son auteur. L’âme ne peut ni tuer ni être tuée : de même que l’homme rejette ses vieux vêtements, en revêt de neufs, de même l’âme, ayant dépouillé sa vieille forme, en prend une nouvelle. […] « On admire vos organes matériels, mais l’âme est bien plus admirable : l’âme est au-dessus de l’intelligence ; mais qui est au-dessus de l’âme ? […] … Unis ton âme à moi, et regarde-moi comme ton asile, et tu entreras en moi !
Or, les sentiments doux, habituels, modérés, heureux, de l’âme humaine, sont cependant des notes délicieuses de la poésie, cette musique de l’âme. […] Ces deux hommes laissèrent la froideur de la faute et du souvenir s’établir entre leurs âmes. […] On a vu que Port-Royal avait été le foyer presque paternel, et pour ainsi dire, le berceau de l’âme et du génie de Racine. […] Il détourna de toutes ses forces son ami de cette idée : l’auteur des Satires n’avait pas assez d’âme pour avoir beaucoup de religion. […] Son génie, transformé par sa piété, ne sort plus de son imagination, mais de son âme.
La vieille âme religieuse des Flandres se perpétue en lui. […] A-t-on eu raison de lui découvrir, pour cela, une âme romantique ? […] Il ausculte l’âme, essaie d’y entendre chanter des notes ; ce qu’il aime, c’est la musique de l’âme. […] L’âme de Dieu se répand dans le monde à travers les pensées des hommes. […] Bruxelles, Oscar Schepens, 1898. — L’Âme des saisons.
Ce sont de belles âmes que celles-là, d’un fonds primitif et riche ; mais elles offrent trop de prise à la douleur et aux impressions ineffaçables qui creusent. […] Elle a rendu à Dieu son âme pure et chrétienne, après soixante-dix ans d’une vie exemplaire. […] Comme votre âme et celle de Thomas, votre maître et notre ami, ont été ravies à la vue de ce grand spectacle ! […] Mon âme se trouble aisément ; ma sensibilité est pour’ moi un supplice. […] La différence du ton et du diapason des âmes n’est que trop sensible.
Les ballets entrent dans la poésie par les livrets de Benserade406, qui sont de ces œuvres de circonstance où revit l’âme d’une société. […] Il était persuadé d’avoir travaillé à corrompre les mœurs, à perdre les âmes. […] Hamon, une âme tendre comme la sienne parmi ces durs logiciens. […] Il est certain qu’en vingt-quatre heures, une âme ne se montre pas naturellement tout entière et jusqu’au fond, si quelque violente agitation ne la remue. […] Mais dans nos âmes communes, les abandons au sentiment, à l’inclination, sont plus fréquents que les résistances et les victoires de l’énergie volontaire.
Dans une âme solitaire, il y a d’abord presque toujours une personnalité féroce, incapable de se limiter, de se subordonner, de renoncer à soi. […] Renonçant à réaliser dès qu’il avait rêvé, Chateaubriand retombait dans son néant, l’âme vide et désoccupée. […] Donc l’Ame est immortelle. […] Donc l’âme est immortelle. […] Chateaubriand est incapable de créer une âme qui ne soit pas la sienne.
Il y a des problèmes naturels, indestructibles dans toute âme humaine. […] C’est par là surtout que le christianisme peut encore trouver un large et sûr accès dans beaucoup d’âmes. […] Pourquoi dans les maux de l’âme, dans la douleur, dans la passion, n’aurions-nous pas recours au médecin ? […] Il faut une âme chrétienne parlant à des âmes chrétiennes. […] » Je comprends le silence, l’humiliation de l’esprit et de l’âme devant des problèmes insondables.
Bourdaloue prouve méthodiquement la grandeur de son héros, tandis que l’âme enflammée de Bossuet la fait sentir ; l’un se traîne et l’autre s’élance. […] On ne l’ignore pas ; ce prince réunissait tout ce qui fait la vertu chez les particuliers comme chez les rois, des principes austères et une âme sensible. […] Ainsi, dans les illusions d’une âme sensible, il composait ses romans du bonheur des autres, et jouissait d’avance d’une félicité qui n’était point encore. […] Enfin ce sont trop souvent des réflexions qui, au lieu de naître, et de forcer, pour ainsi dire, l’orateur, paraissent arrangées, que l’esprit fait de sang-froid, et que l’âme des lecteurs reçoit de même. […] L’oreille est séduite, mais l’âme demeure vide.
Il est éloigné du pays où il a des tombeaux, et cette nostalgie peut troubler une âme plus forte que la sienne. […] Comme il y a toujours de l’âme dans quelqu’un, si peu qu’il y en ait, M. […] Hugo, font le total de sa vie de poète, « C’est une âme, dit-il, qui se raconte » là-dedans. Une âme ! […] C’est une âme que l’eau scie en ses froides lames ; C’est une âme que fait ruisseler le pressoir.
La poésie est une des plus puissantes manifestations de l’âme humaine. […] Nous avons maintenant craché toute notre âme ! […] Une âme délicieuse et même héroïque peut très bien exister dans un clown, et, dramatiquement, elle ferait plus d’effet si elle y était que si on la rencontrait dans un homme qui, par l’éducation, la pensée, la méditation, les habitudes, le milieu social, a développé les forces de son âme comme le clown n’a développé que celles de son corps… Seulement, il faut qu’une pareille âme soit dans le clown du roman qu’on veut faire, et dans celui de M. de Goncourt, elle n’y est pas ! […] Mais l’âme de ces clowns, qui ont une âme, et qui, comme tous ceux qui en ont une, vont souffrir et mourir de leur âme, M. de Goncourt ne la montre point dans sa beauté, ne la creuse pas dans sa profondeur, ne la dramatise pas dans son action et dans sa destinée. […] Et rien de plus pour le compte de nos âmes !
N’est-ce pas là le mouvement de l’âme recueillie et pénitente ? […] Je les aime comme vous ; mais, à mesure qu’on vieillit, la nature descend et les âmes montent ; et l’on sent la beauté de ce mot de Vauvenargues : « Tôt ou tard on ne jouit que des âmes 83. » C’est pourquoi on peut toujours aimer et être aimé. La vieillesse, qui flétrit le corps, rajeunit l’âme, quand elle n’est pas corrompue et oublieuse d’elle-même, et le moment de la mort est celui de la floraison de notre esprit. […] Mais son charme, utile quelquefois à des jeunes gens qui ne respectent rien, ne l’est que bien peu à une âme qui possède la connaissance et l’amour de Jésus-Christ. […] Il y avait des parfums dans son âme, et la plupart de ses lettres de direction en sont imprégnées.
Celui qui prise ainsi le pouvoir est insensible à tout autre genre d’éclat ; cette disposition suppose une sorte de mépris pour le genre humain, une personnalité concentrée qui ferme l’âme aux autres jouissances. […] Enfin, nul n’est descendu sans douleur d’un rang qui le plaçait au-dessus des autres hommes ; nul ambitieux du moins, car que sont les destinées sans l’âme qui les caractérise ? […] L’âme qui s’y livre, se rend à jamais incapable de toute autre manière d’exister ; il faut brûler tous les vaisseaux qui pourraient ramener dans un séjour tranquille, et se placer entre la conquête et la mort. […] L’égoïsme, dans le cours naturel de l’histoire de l’âme, est le défaut de la vieillesse, parce que c’est celui dont on ne peut jamais se corriger. […] Pour obtenir, pour conserver quelques moments le pouvoir dans une révolution, il ne faut écouter ni son âme, ni son esprit même.
Cependant le discours, semblable à de l’harmonie sans caractère, s’arrête à la surface des sens ; l’âme n’a aucun des plaisirs qui l’intéressent ; elle n’est ni remuée par des passions, ni attachée par des idées. […] Les esprits et les âmes, par la grande communication, y prennent la même couleur, et tout s’y décide par certaines impressions rapides auxquelles on aime à se livrer. […] Mais dans un pays où des partis se choquent, où les opinions ont la même liberté que les caractères, où chacun a ses sens, ses yeux, son âme, où la renommée a mille voix différentes, on doit admirer peu, estimer quelquefois, louer rarement. […] » Ce discours finit par une apostrophe à l’âme du czar, qui est sans doute dans les cieux, d’où l’orateur le prie de veiller sur son empire. […] On ne s’attendait pas davantage qu’en 1771, un orateur prononçât sur le tombeau même du czar Pierre un remerciement à l’âme de ce grand homme, pour une victoire remportée par une flotte russe dans la Méditerranée, et au milieu des îles de l’Archipel.
J’en citerai quelques-unes presque au hasard comme nous rendant le reflet de l’âme de l’abbé Gerbet, et sans y chercher le lien. […] La Bible mise à part, cet ouvrage est l’ami souverain de l’âme. […] Elle rafraîchit tous les bons sentiments du cœur, et, dans ce siècle de tempêtes, elle répand une merveilleuse sérénité dans l’âme. […] Sachez donc que de deux âmes qui s’étaient attendues sur la terre et qui s’y étaient rencontrées, etc. […] Dans cette vie déjà longue où pas une mauvaise pensée ne s’est glissée, et qui a échappé à toute passion troublante, il a gardé la joie première d’une belle âme pure.
Il a fait vivre l’âme sous la rose transparence des diaphanes tissus. […] Chez les âmes supérieures, l’idylle presque toujours prélude à l’épopée. […] Peu à peu, le divorce d’âme a lieu. […] Et, pauvre corps sans âme, il va périr dans des contrées inconnues. […] Georges Rodenbach est une âme attristée, nostalgique et souffrante.
Ce piége, il le portait en lui-même : c’était sa belle âme et sa poétique imagination. […] De pareilles affectations, vous le savez, ne sont pas dans mon âme. » La persécution de Bossuet contre le plus doux des disciples a entaché sa mémoire. […] Fénelon avait corrigé et achevé dans cette âme l’œuvre ébauchée par la nature d’un prince accompli. […] Il mourut en saint et en poëte, en se faisant lire, dans les cantiques sacrés, les hymnes les plus sublimes et les plus douces qui emportaient à la fois son âme et son imagination. […] Son nom est resté populaire et plus immortel encore que ses œuvres, parce qu’il répandit plus d’âme encore que de génie dans ses ouvrages et dans son siècle.
Le merveilleux chrétien, c’est une âme chrétienne. […] Rien qui déforme ou qui dévie l’image claire et lumineuse qui va d’elles aux yeux de son âme. […] âme, ainsi qu’elle est encore, Frémissait. […] Très probablement il obéissait à une mode du temps bien plus qu’à un mouvement de son âme. […] Un peu d’âme prêtée aux choses suffit pour leur donner une physionomie puissante.
Etrangère à la conception juridique et politique du christianisme romain, l’Eglise celtique laissa l’âme de la race façonner une religion nationale à son image. […] Dans un cadre d’étranges fictions, la réalité humaine est fournie par la mutuelle possession de deux âmes. […] Tandis qu’il dresse ses figures d’amants selon les principes d’une galante et creuse rhétorique, le malin qu’il est y met plus d’âme qu’il ne semble : de l’âme, non, mais de la chair et de l’esprit. […] Le bon Chrétien n’avait pas l’âme mystique, et n’était nullement symboliste. […] Sont-ce les écrivains postérieurs qui y mirent comme une âme chrétienne ?
En vain, de toute ma piété, je chercherais à recueillir leur accent, le son de leur âme ; soudain, avec déplaisir, c’est ma voix qu’on entendrait. […] Nous étions là debout, appuyés sur nos fusils ; les deux petites, adossées au mur, sanglotaient a fendre l’âme ; le vieux lui-même était ému. […] N’aie pas peur de la damnation de mon âme. […] Chacune de leurs biographies serait l’histoire d’un approfondissement de l’âme, et tout au fond de ces âmes diverses on trouve le même feu. […] Ils vivront, mais fussent-ils morts, la France va se reconstruire avec leurs âmes comme pierres vivantes.
Nul des habitants de la terre n’a encore reçu des dieux un gage assuré de l’événement futur ; mais, sur l’avenir, les âmes ont été frappées d’aveuglement. […] Il en reçut, non l’âme poétique qui ne se donne pas, mais de belles parures de langage, quelques grains d’or pur, qu’il étendit en feuilles minces et brillantes dans le tissu de sa diction laborieuse. […] Elle est dans le mouvement inné des deux âmes et dans certaines dispositions d’esprit qui leur sont communes, en dépit de la prodigieuse différence des temps et de tous les renouvellements du monde. […] Ce n’est pas seulement le même cri de guerre, le même accent d’une âme belliqueuse ; le vêtement et comme l’armure a passé d’un monde à l’autre. […] quel poëte, quelle âme généreuse aurait pu s’en taire ?)
Les émotions de l’oreille se transmettent à l’âme, et diminuent ou achèvent l’impression que l’idée a laissée. […] Je crois que s’ils ont tant de puissance, c’est qu’ils remettent l’âme dans l’état sensitif et primitif. […] Il s’allonge, il s’accourcit, il tombe, il court, il s’arrête, selon tous les mouvements de l’âme. […] L’âme veut, pour subsister, un corps choisi pour la recevoir. […] Il faut que nos sens soient émus pour que notre âme soit émue.
L’art des arts, la poésie seule chante pour tous les sens à la fois et pour l’âme, ce sens intellectuel, résumé divin et immortel de tous les sens. […] Mais vous traverseriez pendant des jours et des mois une plaine de cette fécondité et de ce niveau sans qu’un atome de poésie sortît pour les yeux ou pour l’âme de ce grenier de l’homme. […] Nous répondons en deux mots : parce qu’elle a plus d’émotion pour nos yeux, pour notre pensée, pour notre âme. […] D’abord, la mer est l’élément mobile, sa mobilité semble lui donner avec le mouvement la vie, la passion, la colère, l’apaisement d’une âme tantôt calme, tantôt agitée. […] Ces vers avaient la mollesse et la grâce de la jeunesse ; ils n’avaient pas la virilité de l’âme véritablement poétique.
Bonnet me prit en amitié, m’invita à l’aller voir, s’informa de mes études, et s’empara de toute mon âme (1765). […] Il fut froissé ; son âme se révolta ; il s’ensuivit une mélancolie aussi profonde que le comportait cette nature beaucoup trop vive pour ne pas être un peu légère. […] Rien de plus rare qu’une âme naturellement vicieuse. […] Chez Gray elle tenait au genre de son âme ardente, reléguée sous le pôle arctique de Cambridge. […] Alors apparaissent Shakespeare et le vieux Linné (Gray s’occupait beaucoup de botanique et de Linné) luttant ensemble comme feraient deux esprits pour l’âme d’un damné : tantôt c’est l’un qui a le dessus, tantôt c’est l’autre.
C’est pourquoi la poésie est une avidité de l’âme. […] La servitude, c’est l’âme aveuglée. […] C’est une grande âme. […] Plus le flambeau est divin, plus il est fait pour cette âme simple. […] Il s’agit de remettre de l’idéal dans l’âme humaine.
Il faut le redire ici : il y a quelque chose de changé dans l’âme humaine. […] Et qu’est elle encore, sinon, dans le vouloir et l’effort des hommes, la compréhension, la pénétration, la possession de toutes choses par l’âme et les sens ? […] Or, cette somme d’infiniment petits, ce complexus d’aperceptions de toutes sortes, quels sont-ils, sinon le fond même de notre personnalité, de notre âme, en un mot ? C’est donc des limites même de l’âme dans l’âme universelle qu’il s’agit ici. […] Pour qu’il y ait création poétique, il faudra donc que l’état d’âme, ainsi devenu motion d’âme, soit inscrit dans un symbole.
Je suis l’esclave entière à ton service Et qui sera selon ta chair et qui sera selon ton âme ; Et mon âme et ma chair veulent ce que tu veux, Que tu daignes m’aimer saintement à genoux Ou traîner dans la boue l’or ingénu de mes cheveux ! […] Franc-Nohain par Vingt mille âmes se révélait peintre exact et assuré des mœurs provinciales ; par La Fiancée du Scaphandrier, Papa les P’tits Bateaux, Aux temps des Croisades, etc…, il renouvelait la fantaisie et la poussait aux limites où elle atteint à la fois la comédie d’observation et la satire philosophique. […] « Le théâtre, ce miroir de la vie, est un mouleur formidable de l’âme des foules et même de l’âme de l’élite. Car il agit sur l’être humain tout entier : sens, âme, esprit ; et il agit par un exemple, par une action éloquente, aussi réelle et plus intense que la vie. […] Car il sera le temple de l’idée, le foyer ardent de l’Âme consciente, libre et créatrice. » Sans doute.
Pauvres et austères, leur genre de vie leur interdisait cette foule de sensations variées et délicates, qui, en frappant légèrement les sens, passent dans l’âme, et de là dans les langues qu’elles enrichissent. […] Enfin, peu accoutumés à méditer, la partie du langage qui peint les idées abstraites et les mouvements de l’âme se repliant sur elle-même, leur devait être presque inconnue. […] Il comparaît la gloire avec la vie, et le devoir au danger ; alors il se faisait un système de courage ; sa probité devenait de la vigueur, et son esprit donnait du ressort à son âme. […] Enfin la mort de César rendit à l’âme de Cicéron toute sa vigueur ; il n’était pas né pour avoir un maître et encore moins pour obéir à des tyrans subalternes. […] Ainsi les ennemis de la patrie, tombés sous vos coups, expieront encore leur parricide dans les enfers : mais vous qui êtes morts en vainqueurs et en citoyens, vos âmes habitent à jamais dans le séjour de la vertu.
La valeur, la mélancolie, l’amour, tout ce qui fait aimer et sacrifier la vie, tous les genres de volupté de l’âme sont réunis dans cet admirable sujet. Défendre la patrie qui nous a proscrits, sauver la femme qu’on aime alors qu’on la croit coupable, l’accabler de générosité, et ne se venger d’elle qu’en se dévouant à la mort, quelle nature sublime, et cependant en harmonie avec toutes les âmes tendres ! […] par quelle émotion notre âme pourrait-elle s’élever jusqu’au ciel ? […] L’homme sans talent littéraire aurait trouvé ces expressions que nous admirons, si le malheur avait profondément agité son âme. […] Héroïsme, éloquence, amour, tout ce qui élève l’âme, tout ce qui la soustrait à la personnalité, tout ce qui l’agrandit et l’honore, appartient à la puissance de l’émotion.
La parole, Son âme bénit l’Eternel, explique le genre de sa vaillance. […] Son fils tombé au champ d’honneur, il prêcha un sermon admirable de foi et de force d’âme. […] Mais, cela dit, ce n’est pas de moi qu’il peut être question dans cette chaire, c’est de vous et du salut de vos âmes. […] Voir ses émotions de jeune officier qui prend le contact de l’âme guerrière de ses hommes. […] Or, ce n’est pas le cas : nous avons tout à gagner ici, rien à perdre, si notre âme s’agrandit et s’épure.
D’un bout du royaume à l’autre, l’esprit n’eut qu’une idée, et l’âme qu’un mouvement. […] Il ne cherchait point à éblouir les hommes pour les subjuguer ; il n’abusait point pour se faire craindre : d’ailleurs, il n’était plus dans l’âge où les passions inquiètes et ardentes veulent occuper fortement les âmes. […] Ce livre, où les idées morales sont souvent profondes, où l’expression est quelquefois négligée, mais vigoureuse, où l’on voit partout une âme pleine d’humanité jointe à un caractère plein de force, peut à plusieurs égards être comparé à nos meilleurs livres de morale. […] La suite est un mélange de raison et de sensibilité, de douceur et de force ; c’est le sentiment qui sait instruire, c’est la philosophie qui sait parler à l’âme. […] On citerait les grandes actions ; on citerait cette foule de traits qui, dans le cours d’une campagne ou d’une guerre, échappent à des héros que souvent on ne connaissait point ; car il est des hommes qui, simples et peu remarqués dans l’usage ordinaire de la vie, déploient dans les grands dangers un grand caractère, et révèlent tout à coup le secret de leur âme.
Mais Charles Barbara, qui, je vous l’assure, est un homme, n’a pas craint de mettre son pied dans ce soulier éculé, rempli de sang, et, au lieu de barboter là-dedans comme un réaliste de 1855 ou un romantique de 1832, il nous a donné une étude superbe de vérité inattendue sur le remords dans les âmes fortes, — et, comme un chirurgien retire du fond d’une plaie des os brisés, des fragments de l’homme corporel il nous a retiré une conscience, les fragments d’une âme déchirée et mutilée par le crime… Jusqu’ici, la plupart des livres qui avaient peint le remords lui avaient fait pousser quelque cri sublime ou l’avaient peint accessoirement, de côté, le mêlant au torrent des autres sentiments de la vie. […] Les événements qui font la trame du roman de Charles Barbara sont combinés avec une force égale à celle qu’il lui fallait pour attaquer le terrible et sévère sujet du remords dans une âme perverse et puissante. […] Son effroyable héros, dans l’âme de qui se passe le drame, ne se raconte pas, mais c’est sous la pression d’événements noués habilement autour de lui que l’auteur fait jaillir des éclairs de la vérité qui le torture ! […] Mais ce qui le rend différent, ce qui appartient à Barbara, et ce que cet écrivain n’a trouvé qu’en creusant dans la nature humaine, c’est le besoin, subsistant avec une égale force dans les âmes criminelles, de taire son crime et de l’avouer ! […] Après cette double peinture des conséquences d’un crime dans les âmes, il fallait un genre d’expiation au niveau de cette originalité simple, pathétique et profonde.
On ne nous dit pas, à la vérité, ce que c’est que l’âme ; mais on nous apprend que la conscience, ce révélateur de l’âme, est une résultante ; on peut en conclure que l’âme elle-même est une résultante. […] Quelles seront maintenant les destinées de cette âme ? […] Nous apercevons maintenant, nous comprenons dans quel sens l’âme est immortelle. […] De la distinction de l’âme et du corps, de Dieu et de la nature. […] Cette règle est l’âme de la philosophie.
Il évoquait l’âme des morts et l’esprit des temps passés. […] Il y a loin de l’âme composite d’un boulevardier de 1894 aux âmes simples qui habitent les roselières du Lob-Nor. […] L’âme britannique a très peu de secrets pour lui. […] Quand l’âme était délivrée de l’épreuve de la terre. L’âme !
Qu’est-ce qu’une âme ? […] Louis Pergaud attribue aux hommes une âme visuelle, aux animaux une âme olfactive. Une âme plutôt visuelle ; et une âme plutôt olfactive. […] Quoi qu’on veuille, son âme n’est point là. » Où est son âme ? […] Puis, il faut croire que les idées, en passant d’une âme à une âme, ne se dénaturent pas et, calmes chez vous, ne vont pas se mettre à flamber dans une autre âme.
C’est qu’il a rencontré son âme. […] Il y a du nihilisme dans les âmes. Où conduira les âmes ce nihilisme ? […] Donc, l’âme celtique se réveille. […] Ce pathétique débat qui, dans une âme, résume les épreuves de l’âme humaine occupe toute l’œuvre de M.
Ces dames teignent leur âme avec plus de soin que leurs cheveux. […] Or l’âme slave, — la préface nous l’affirme et les nouvelles croient nous le démontrer, — l’âme slave, c’est de l’eau. […] Les unes ont trop de métier, et pas assez d’art, et pas assez d’âme ; chez les secondes, âme, art, métier, tout est nul. […] Elle n’a pas besoin de donner beaucoup de son âme et de son esprit, puisqu’elle sait l’art de vendre l’esprit et l’âme d’autrui. […] Elle nous dit des âmes singulières.
Elle symbolise l’âme héroïque et rêveuse du peuple des campagnes. […] Mais tournez le feuillet : l’âme redescend la montagne. […] Vous avez ému l’âme de plusieurs générations. […] Personne surtout n’a su comme elle saisir, exprimer cette âme intérieure, cette âme secrète des choses qui répand sur la face mystérieuse de la nature le charme de la vie. […] C’était une âme bourgeoise avec une imagination byronienne.
Ou bien encore, l’« âme » n’est que de la matière infiniment différenciée. […] En un mot, il y a « l’âme » dont il faut partout exulter le rayonnement, et il y a le « corps », dont il ne faut tenir compte que s’il est transfiguré par l’âme : il y a le noble et l’ignoble. […] Cette orgie matérielle et sensuelle leur parut une impuissance de rendre la vie de l’âme. […] La « matière » contient de l’« âme », à l’état rudimentaire et chaotique. […] Ce fait, c’est l’âme de l’homme et de toutes les créatures, l’âme universelle, le lien spirituel et religieux de tout ce qui existe.
Mais, pour animer ces ressorts, il faut une âme. […] Je vous réponds : Et où est votre âme ? […] Cependant il blâme dans le livre suivant l’excès des stoïciens, qui les porte à sacrifier entièrement le corps à l’âme. […] Ces Méditations étaient à la fois des loisirs, des perfectionnements de son âme, des consolations. […] Et, par conséquent, l’âme est d’une nature singulière qui n’a rien de commun avec les éléments que nous connaissons.
Si le corps est malade, l’âme l’est plus encore. […] Cet homme croit cela de toutes les forces de son âme. […] L’âme y est grave, profonde et contemplative. […] Nécessaire à l’âme du public qui s’en nourrit. […] Taine, distinctes de ces âmes.
Quels maux de l’âme peut-elle guérir ? […] Quel jour se passa sans combat dans cette âme si orageuse et si passionnée ? […] Cette âme dont Descartes a prouvé l’existence, Pascal s’occupera de la conduire. […] Et de même qu’il a une langue pour tous les états de son âme, il en a une pour toutes les passions de ceux qui le lisent. […] Kenelm Digby, gentilhomme anglais, auteur d’un traité sur La nature et les opérations de l’âme ; 1644.
Rien ne me touche plus que de savoir ce qu’ont été mes pères lointains, ce qu’ils ont dit, ce qu’ils ont écrit, ce qu’ils ont pensé, ce qu’ils ont souffert, comment ils ont songé le songe de la vie — et de retrouver leur âme en moi. […] Il me plaît donc de croire que la plupart des érudits ont, au fond, l’âme bonne. […] Il est certain que l’âme du moyen âge avait en elle des trésors de sentiment, d’imagination et de passion tels que l’âme antique semblerait presque indigente auprès. […] Nous concevons peut-être mieux l’âme du moyen âge, mais nous en sommes encore plus loin que les écrivains des siècles classiques. […] Toujours est-il qu’une âme antérieure à la nôtre dort en nous et qu’il n’est pas impossible de la réveiller et de jouir de ces réveils avec une demi-sincérité.
Là défunts messieurs les abbés, Avecque leurs discrètes flammes, Alloient dans des lieux dérobés Cajoler quelques belles âmes. […] Tout le monde disoit : « Voilà Cette âme triste et misérable ! […] De nos cendres froides il sort Une vive source de flammes Qui s’attache à nos froides âmes Et nous ronge après être mort. […] Nous la verrons un jour ici Souffrir comme une âme damnée. […] Ne crains pas pourtant que sa flamme Lui donne d’injustes transports : Nous avons les peines de l’âme Sans avoir les plaisirs du corps.
Comment enfin notre âme immatérielle est-elle remuée par cette commotion purement matérielle de l’air ? […] L’âme devient l’écho sensitif du musicien. […] Il chante mélodieusement sur le mode lydien et dispose l’âme au plaisir. […] Il y avait le prince Albert et toutes les archiduchesses : pas une âme de plus. […] Je vous recommande aussi ma sœur de toute mon âme.
Tous trois, dans les bornes providentielles de leurs moyens, expriment par la beauté l’âme humaine orientée vers le divin. […] Tant que Shakespeare la domine, l’âme qu’il enchante reste fermée aux basses pensées. […] Ferme les yeux, pauvre âme, et rentre sur le champ. […] Mais, disions-nous, la science ne dispose pas de la vérité absolue qui seule peut combler la soif de voir et de savoir dont nos âmes sont brûlées. […] Quoi de plus irrationnel, par exemple, que de commencer par éblouir l’âme des enfants de notions purement abstraites ?
Le plus grand peintre de la nature chez les anciens, Virgile, a déjà jusqu’à un certain point l’âme chrétienne. […] La nature n’est pas pour lui cette retraite où l’âme travaille pour l’Humanité. C’est à contempler la nature pour elle-même que l’âme s’applique. […] Sa contemplation ainsi dirigée devient donc un tourment pour l’âme, qui cherche toujours son véritable objet, l’homme. […] Werther s’abîme ainsi au milieu des plus beaux dons qui puissent décorer l’âme humaine.
Si elles sont d’énergiques résumés, elles substituent en même temps, à la description d’états d’âme, durs à rendre en vers, des visions imaginables et familières. […] Hugo entend l’âme de ses personnages. […] Hugo, dans un domaine particulier, digne par excellence d’investigations l’âme humaine a de même abondé dans l’irréel et le vulgaire. […] Hugo s’est emparé d’une pensée vulgaire, quand il a imaginé une âme sans complications, ou une péripétie sans antécédents, le poète ne s’en tient pas à cette simplicité sans intérêt. […] C’est celui de l’âme humaine, et ici encore M.
Des sympathies désirables leur feront défaut, celles des âmes impressionnables qui ne demandent à l’art que le souvenir ou le pressentiment des émotions regrettées ou rêvées. […] Ce sont les révélateurs antiques du Beau, ceux qui poussent à travers les siècles les premiers cris sublimes de l’âme humaine, les grands poètes populaires et nationaux. […] Les forces de l’âme s’y retrempent et l’ardeur du combat s’y ravive. […] L’émotion qu’il nous donne pénètre l’âme et ne l’énerve pas. […] Non seulement il vivifie ce qu’il conçoit, ce qu’il voit, ce qu’il entend, mais il excelle à rendre saisissant ce qui est obscur dans l’âme et vague dans la nature.
Quand il traduisit l’Imitation et qu’il y oubliait son génie, il allait tout uniment au courant pour lequel il était fait, il suivait la pente de son âme et de son instinct. […] Il l’a dit lui-même avec la simplicité qu’il aimait : « Il y a beaucoup de tristesse dans mon âme. […] Voilà ce qu’il fut, en effet : une âme désintéressée. […] Une âme désintéressée ! […] On y verra, du moins, qu’il n’était pas, comme homme, le violent d’âme et de passion égoïste comme on l’avait fait, et que, comme talent, il n’était pas non plus uniquement le violent de couleurs, de mouvement et d’idées, dans lequel on a vu trop exclusivement son génie.
En effet, si les auteurs avaient vécu là où ils étaient parfaitement placés pour observer ce qu’ils voulaient peindre, s’ils avaient de l’âme, s’ils avaient de cette fougue sensible, l’écume du talent qui va s’étendre, comme la vague, en se purifiant, ils n’avaient pas les notions morales. […] Il devint l’âme de ce journal terrible et charmant qui, chez une nation organisée comme la France, devait faire le mal le plus profond, en dévastant tout par la plaisanterie. […] La foi aux partis s’en allait de son âme, cette dernière foi que le dix-huitième siècle et la ruine de l’Empire, suivie de la seconde ruine de la Monarchie, avaient laissée pour toute ressource aux générations ! […] Si la religion de Jésus-Christ fait explosion dans les âmes les plus douces et les plus inertes, quand elle y glisse seulement une goutte de sa puissante lumière, que dut-elle produire dans l’âme de M. […] Vieilli, mais jeune comme une âme qui se sent immortelle, avec les mille tendances de ce Diderot à qui nous l’avons comparé, M.
Par un procédé analogue, fragmentaire et laborieux, Flaubert montre les âmes qui actionnent ces corps et ces visages. […] La tragique histoire de Madame Bovary raconte en sa froide exactitude la ruine d’une âme forte et irrésignée qu’avilit et qu’écrase la bassesse stupide de tous. […] Les œuvres où Flaubert s’est le plus abandonné au terne cours de la vie, sont teintes parfois d’incomparables beautés de style et d’âme. Il est même des passages dans l’Éducation sentimentale qui, dans leur tentative, d’exprimer d’indéfinissables mouvemements d’âmes, touchent au mystère. […] Il doue Mme Bovary de toute la séduction d’une âme acérée dans un corps souple, élancé et blanc.
Rousseau, une nature gigantesque et imaginaire ; c’est la nature telle qu’elle est, à la vérité, dans des âmes tout à la fois tendres et élevées, fortes et sensibles ; en un mot, d’une trempe peu commune. […] Sans compliments, car vous savez que je n’en sais point faire, j’aimerais bien mieux avoir votre avis que de vous dire le mien ; j’ai trop souvent éprouvé combien, dans tout ce qui tient au sentiment et à l’âme, vous avez le tact supérieur à moi. […] La philosophie de l’auteur est plus dans son âme que dans sa tête : quand il ne veut que raisonner il est quelquefois commun, souvent sophiste, et de temps en temps obscur ; quand son objet l’échauffe, c’est alors qu’il est tout à la fois clair, précis, intéressant et sublime. […] Rousseau me paraît tenir plus aux sens qu’à l’âme. […] Ce trait, pour parler le langage de Montaigne, me semble bas de poil, pour une âme de votre trempe.
Comme les de Goncourt nous donnent les misères de l’âme et des sens, dans cette époque sans âme et sensuelle, Monselet nous donne les misères de l’intelligence. […] — travaillé de ses mains potelées à la réputation qu’on lui a faite, que ce Monsieur de Cupidon à l’esprit ailé et aux joues rebondies, ce sagittaire de la fourchette, tout cet éternel dessus de porte de salle à manger, pouvait bien, malgré tout, être une âme, — une âme aussi profonde qu’aucune des nôtres, et que sous ces lunettes qui rient, spirituelles comme des regards, il pût y avoir de ces larmes qui ne seraient plus des gouttes de champagne, remontées là, après souper ! […] Une âme qui se montrait faisait se montrer toutes les âmes ! […] Eh bien, c’est cette sensation d’un seul soir que j’ai retrouvée, non plus à propos de quelques vers isolés et bientôt dits, mais à propos de beaucoup de pages de prose, à vingt places de ces Portraits après décès où la Critique peut constater des empreintes d’âme à renverser toutes les idées qu’on se fait de Monselet et de son talent ! […] Pour mon compte, je le souhaiterais, et aussi pour Monselet, pour Monselet que je ne croyais que spirituel, et à qui j’ai vu dans ce livre poindre une âme !
Où est-elle, cette Muse inouïe, cette poésie faite avec des laideurs vraies, et parce qu’elles sont vraies, sensibles et douloureuses, ces laideurs, arrivant à un effet d’impression sur les âmes, égal à celui de la plus idéale beauté ? […] Les Rayons jaunes, admirable merveille d’optique d’âme dans le spleen, qui étend sur tout la couleur de sa rêverie ! […] Je ne crois pas qu’il soit possible de l’oublier et que les générations futures, fussent-elles plus saines que nous, puissent se soustraire à l’impression de cette poésie, qui leur apprendra ce qu’un jour aura été l’âme de leurs pères ! […] Le monde extérieur qu’il décrit passe à travers son âme malade, avant d’éclore sous son pinceau, y charrie des couleurs prises à cette âme envenimée, et sa peinture n’en est que plus vraie, car, au lieu d’une, elle exprime deux vérités. […] Ainsi dans Épode, qui est la tristesse furieuse de l’âme qui ne trouve pas le bonheur ou elle l’a cru, dans la caresse.
analyse des états d’âme de l’abbé Pierre n’a peut-être été qu’un prétexte à nous évoquer Lourdes, Rome et Paris. […] Le petit séminaire s’était emparé de son jeune être, lui avait façonné « une âme artificielle, ardente, de sensibilité suraiguë » en le préparant à son rôle d’« être exclu ». […] Jamais l’âme du prêtre n’a été scrutée à une telle profondeur, avec une pareille maîtrise, par un tel psychologue, triplé d’un penseur et d’un artiste de premier ordre. […] Tout commentaire de l’auteur affaiblirait la puissance de cette biographie d’âme, vivante et chaude, qui se développe sous nos yeux, avec la force d’un organisme. […] La supériorité humaine consiste donc à s’abstraire de la nature, à se confiner dans une « vérité » exclusive, à ne vivre que par l’« âme ».
C’est la première fois que l’immortalité de l’âme s’est présentée clairement à mes yeux. […] Il cherche alors le repos de son âme dans la pauvreté et dans la solitude. […] qui n’a senti quelquefois le besoin de se régénérer, de se rajeunir aux eaux du torrent, de retremper son âme à la fontaine de vie ? […] Il y avait si longtemps que je n’avais trouvé quelqu’un qui m’entendit, et devant qui je pusse ouvrir mon âme ! […] L’œil de la pénitente était attaché sur la poussière du monde, et son âme était dans le ciel.
La vraie religion philosophique ne réduirait pas à quelques rameaux ce grand arbre qui a ses racines dans l’âme de l’homme, elle ne serait qu’une façon de prendre la vie entière en voyant sous toute chose le sens idéal et divin, et en sanctifiant toute la vie par la pureté de l’âme et l’élévation du cœur. […] Dieu, providence, âme, autant de bons vieux mots, un peu lourds, mais expressifs et respectables, que la science expliquera, mais ne remplacera jamais avec avantage. […] Un souvenir me remonte dans l’âme, il m’attriste, sans me faire rougir. […] Assailli de pensées contraires, chancelant à vingt ans sur les bases de ma vie, une pensée lumineuse s’éleva dans mon âme et y rétablit pour un temps le calme et la douceur : Qui que tu sois, m’écriai-je dans mon cœur, ô Dieu des nobles âmes, je te prends pour la portion de mon sort. […] L’athée, c’est l’homme frivole ; les impies, les païens, ce sont les profanes, les égoïstes, ceux qui n’entendent rien aux choses de Dieu ; âmes flétries qui affectent la finesse et rient de ceux qui croient ; âmes basses et terrestres, destinées à jaunir d’égoïsme et à mourir de nullité.
La plupart en devenaient presque dignes : leur esprit n’acquérait aucune idée, et leur âme ne se développait point par de généreux sentiments. […] Les femmes n’étant point, pour ainsi dire, responsables d’elles-mêmes, vont aussi loin dans leurs paroles que les sentiments de l’âme les conduisent. […] La pitié pour la faiblesse, la sympathie pour le malheur, une élévation d’âme, sans autre but que la jouissance même de cette élévation, sont beaucoup plus dans leur nature que les vertus politiques. […] Je ne pense pas que, chez les anciens, aucun livre, aucun orateur ait égalé, dans l’art sublime de remuer les âmes, ni Bossuet, ni Rousseau, ni les Anglais dans quelques poésies, ni les Allemands dans quelques phrases. […] Un certain degré d’émotion peut animer le talent ; mais la peine longue et pesante étouffe le génie de l’expression ; et quand la souffrance est devenue l’état habituel de l’âme, l’imagination perd jusqu’au besoin de peindre ce qu’elle éprouve.
et l’âme qui forma Alexandre eut-elle un sentiment bas ? […] Il y a d’ailleurs certaines lectures analogues à des âmes de héros ; et pour un homme tel qu’Alexandre, il n’y avait d’écrivain qu’Homère. […] Sans cesse il y compare Lacédémone et sa patrie ; il n’est pas nécessaire de dire à qui il donne la préférence : l’âme de l’orateur n’était pas susceptible d’enthousiasme pour Sparte. […] Au reste, cet éloge, comme on s’en doute bien, porte le caractère de l’âge où il fut composé ; c’est l’abandon de l’âme dans un songe tranquille ; on voit se succéder lentement et doucement les mouvements de l’orateur ; on voit les impressions arriver jusqu’à lui par des secousses insensibles, et ses idées ressemblent à ces lumières affaiblies et pâles qui se réfléchissent de loin, et conservent de la clarté sans chaleur. […] Il en est d’un peuple qui entend parfaitement une langue, et de l’orateur qui lui parle, comme de deux amis qui ont passé leur vie ensemble, et qui conversent ; les lieux, les temps, les souvenirs attachent pour eux, à chaque mot, une foule d’idées dont une seule est exprimée, et dont les autres se développent rapidement dans l’âme sensible.
Quant à l’autre partie de l’homme, qui est l’âme, les poètes théologiens la placèrent dans l’air, chez les Latins anima ; l’air fut pour eux le véhicule de la vie, d’où les Latins conservèrent la phrase animâ vivimus, et en poésie, ferri ad vitales auras, pour naître ; ducere vitales auras, pour vivre ; vitam referre in auras, pour mourir ; et en prose animam ducere, vivre ; animam trahere, être à l’agonie ; animam efflare, emittere, expirer ; ensuite les physiciens placèrent aussi dans l’air l’âme du monde. […] Les poètes théologiens ont senti, par une sorte d’instinct, cette dernière vérité ; et dans les poèmes d’Homère ils ont appelé l’âme (animus), une force sacrée, une puissance mystérieuse, un dieu inconnu. […] Ils ramenaient toutes les fonctions de l’âme à trois parties du corps, la tête, la poitrine, le cœur. […] Leur esprit précisait, particularisait toujours, de sorte qu’à chaque changement dans la physionomie ils croyaient voir un nouveau visage, à chaque nouvelle passion un autre cœur, une autre âme ; de là ces expressions poétiques, commandées par une nécessité naturelle plus que par celle de la mesure, ora, vultus, animi, pectora, corda, employées pour leurs singuliers. […] Corollaire relatif aux descriptions héroïques Les premiers hommes ayant peu ou point de raison, et étant au contraire tout imagination, rapportaient les fonctions externes de l’âme aux cinq sens du corps, mais considérés dans toute la finesse, dans toute la force et la vivacité qu’ils avaient alors.
Après avoir conseillé surtout l’étude de la botanique, comme propre à calmer l’âme et à lui ouvrir une source d’aimables et faciles jouissances, il montre le promeneur fatigué rentrant plus riche le soir dans sa pauvre chambre : « Oh ! […] La tristesse qui y règne m’a pénétré l’âme. […] Une âme telle que la vôtre, dont les amitiés doivent être aussi durables que sublimes, se persuadera malaisément que tout se réduit à quelques jours d’attachement dans un monde dont les figures passent si vite et où tout consiste à acheter si chèrement un tombeau. […] 2º Le reniement de l’immortalité de l’âme. […] Or si l’âme souffre par elle-même indépendamment du corps, il est à croire qu’elle pourra souffrir également dans une autre vie ; conséquemment l’autre monde ne vaut pas mieux que celui-ci.
que l’âme cueille, Et cette fleur a nom la rose de l’oubli. […] La lèvre ment : notre âme est vide et misérable. […] Or, Miçkiewicz, déjà vieux, sollicité un jour de se laisser aimer, refusa noblement par une fierté d’âme et une susceptibilité suprême que M. […] ta belle âme en est digne ; Mais seul je veux porter le poids des jours derniers. […] Fleuris dans ta lumière, âme aux espoirs si beaux !
Le tempérament du poète persiste sous ses multiples aspects et à travers ses manifestations les plus diverses ; son âme n’est ni violente, ni véhémente : réservée, lointaine, insaisissable presque, elle laisse cependant parvenir jusqu’à elle les émotions de la vie, qu’elle ressent intimement, mais adoucies et purifiées, et c’est avec un art parfait que le poète les exprime et les réalise avec un luxe simple de mots et d’images. Il a embelli son âme de toute la Beauté intérieure, et son âme a transformé en beauté tout ce qu’il lui a donné ; elle lui a fait trouver en lui-même « une possibilité particulière de vie supérieure dans l’humble et inévitable réalité quotidienne », et c’est cette vie profonde que le poète a vécu et dont il nous révèle la précieuse essence en ce beau livre de poèmes. […] Chacun de ces poèmes contient le si peu de choses qu’il faut « pour encourager la beauté dans une âme », et il faut se laisser mener, s’abandonner entièrement pour la joie de comprendre en toute simplicité, et de sentir profondément toute la tranquille beauté, toute la silencieuse activité de l’âme du poète.
Il s’est demandé ce qui fondait le droit de la monarchie, quels services la légitimaient : il est descendu en lui-même, et il a interrogé son âme française. […] Au contraire, nos classiques, n’apercevant dans les passions qu’ils représentent que des mouvements de l’âme, se soucient peu des corps qui enferment ces âmes et des milieux où s’agitent ces corps. Profondément incapables, ainsi que Descartes, de comprendre la communication de l’esprit et de la matière, ils ont étudié avec une incroyable finesse l’action et les réactions d’une âme sur une âme, d’une idée sur un sentiment, d’une passion sur une raison : jamais, ou à peu près, l’influence du tempérament, ou du monde sensible. Aussi ne s’inquiètent-ils pas de loger ces âmes qu’ils décrivent.
L’âme sociale est incohérente et multiple, plus encore que l’âme individuelle. […] L’âme sociale a pris des habitudes et des manies, elle nous les impose. […] L’égoïste fort et peu scrupuleux néglige ou repousse les recommandations de l’âme sociale. […] Souvent une lutte de ruses met aux prises, dans l’individu, l’âme individuelle et l’âme sociale. […] Seulement l’âme sociale réagit de son côté.
Ce peuple s’emplit l’âme de fables qui n’ont aucun mérite supérieur de beauté, de moralité, de vérité. […] Et quelle âme ? […] L’heure est venue, pour l’artiste, de prendre part à la lutte et de s’adresser à l’âme du peuple. » M. Donnay a dit : l’âme du peuple. […] Ne rabaissez jamais les plus humbles au rôle outrageant de machines et d’outils, mais comprenez ce que d’autres n’ont pas su voir : qu’il y a aussi des âmes chez les plus abandonnés, des âmes souvent délicates par quelque côté, capables de dévouements et d’élans admirables.
On me dit qu’on eût été bien aise de connaître les œuvres de Veyrat avant de savoir s’il faut s’intéresser à sa vie ; mais il en est de lui comme de tous les poëtes personnels et lyriques : sa lyre et son âme, sa vie et son œuvre sont une même chose. […] Mais d’autres fois l’ancien lutteur se révoltait ; toutes ses plaies saignaient, son âme ulcérée parlait et criait par la bouche de ses blessures. […] Ainsi nos âmes restent pleines De vers sentis, mais ignorés… M. […] à mes pensers le signe se dérobe, Mon âme a plus d’élan que mon cri n’a d’essor ; Je sens que je suis riche, et ma sordide robe Cache aux yeux mon trésor. […] Ton âme, perle éteinte aux profondeurs de l’onde, À descendu longtemps le gouffre de l’ennui.
Aimer, c’est se donner plus que vouloir prendre ou retenir ; c’est se donner avec son cœur, son esprit et son âme : et ce don ne se peut faire qu’à une autre âme, à un autre esprit, à un autre cœur, dont un corps gracieux et désirable n’est, après tout, que l’enveloppe et le signe. […] C’est le poème de l’amour et c’est un ouvrage d’édification, au sens exact du mot ; un traité d’élargissement, d’affranchissement de l’âme, et de perfectionnement moral par l’amour. […] Il soignera l’âme de la jeune pénitente, la consolera, l’exhortera, la fera changer d’air, et il ne sera ni soupçonneux ni jaloux. […] Il montre bien que la femme est d’autant plus notre égale qu’elle est moins notre pareille et que son sexe s’étend à son âme, à son esprit, à elle tout entière. […] L’achèvement de l’amour, c’est-à-dire de l’histoire de deux âmes s’élevant et s’épurant l’une par l’autre, c’est la bonté.
Surtout il y a, — formée sur le modèle de l’inquiète Leuconoé d’Horace, laquelle interrogeait tous les dieux afin de trouver le bon, — la patricienne de décadence qui a du vague à l’âme, et qui se fait chrétienne par romantisme. […] Pour trouver autre chose, pour concevoir avec émotion et avec profondeur et pour exprimer sans banalité une âme chrétienne des premiers temps, l’âme et le génie d’un Tolstoï ne seraient sans doute pas de trop. […] Comment faire parler ces âmes, toutes parvenues au dernier point de tension morale ? […] Or, du jour où il s’agirait de souffrir et de verser son sang, il apparaîtrait tout aussitôt que l’âme de la fille chétive et disgraciée est plus forte, plus douce et plus haute que celle même de ses plus saints compagnons. […] Les âmes chrétiennes les plus douces et les plus abondantes en vertus parlaient des « infamies du vieux monde » dans les mêmes termes que le font aujourd’hui les anarchistes les moins vertueux.
Jérusalem était une ville d’environ 50 000 âmes 1056. […] Selon les uns, il se serait tout à coup écrié : « Mon âme est troublée. […] Ils n’y comprirent rien, et suppléèrent par de naïves conjectures à ce qu’il y avait d’obscur pour eux dans la grande âme de leur maître. […] Son âme sereine et forte se trouvait légère sous le poids des sombres préoccupations qui l’assiégeaient. […] » Cependant, l’âme droite et bonne de Pierre était à la torture.
Il l’avait vue et il l’avait faite, et cette saine odeur de la poudre qu’il avait respirée avait préservé la vigueur de son esprit, sinon de son âme, des dernières pourritures de la corruption. […] Quoique homme d’action, il avait, de tout temps, beaucoup regardé dans son âme, — dans cette âme à laquelle il ne croyait pas ! […] Voilà le secret de son empire sur les âmes plus énergiques que délicates et de la révolte de ces dernières. […] Il écrivait un jour cette phrase calme et amère : « La bonne compagnie de l’époque actuelle a une âme de soixante-dix ans. […] Diderot, qui croit qu’on peut faire de l’âme comme on fait de la chair, est amoureux de l’abstraction.
Il l’avait vue et il l’avait faite, et cette saine odeur de la poudre qu’il avait respirée avait préservé la vigueur de son esprit, sinon de son âme, des dernières pourritures de la corruption. […] Quoique homme d’action, il avait, en tout temps, beaucoup regardé dans son âme, — dans cette âme à laquelle il ne croyait pas ! […] Voilà le secret de son empire sur les âmes plus énergiques que délicates, et de la révolte de ces dernières. […] Il écrivait un jour cette phrase calme et amère : « La bonne compagnie de l’époque actuelle a une âme de soixante-dix ans. […] Diderot, qui croit qu’on peut faire de l’âme comme on fait de la chair, est amoureux de l’abstraction.
je sais ce que vous allez dire ; vous séparez l’attention de la sensation, vous restituez quelque degré d’activité à l’âme. […] Il n’en faut pas davantage à certains esprits pour crier au matérialisme. — La sensation de l’âme est distincte de l’impression de l’organe. — L’âme est une substance immatérielle, inétendue, simple, spirituelle. […] Il pense que dans le premier cas l’âme subit une modification, et que, dans le second, elle fait une action. […] Laromiguière fit une seconde distinction, et remarqua que l’âme est capable de plusieurs sortes de modifications passives. […] On peut se faire sur l’âme des questions plus intéressantes, et peut-être un jour on se les fera.
Dans une telle vie cependant, toute aux arts, mais à des arts faits pour entretenir la passion, le seul intérêt touchant, la seule dignité qui pût ennoblir les transports d’une âme agitée sans cesse par la musique et la poésie, c’était la piété maternelle, la tendresse pour une fille, cette Cléis que le philosophe Maxime de Tyr avait nommée, et dont quelques vers retrouvés de Sapho nous parlent aujourd’hui : « J’ai, dit-elle, une belle jeune fille semblable, dans sa forme élégante, aux fleurs dorées, Cléis, ma chère Cléis. […] Il est vrai que, pour nous, ce qu’elle décrit, c’est moins l’émotion délicate de l’âme que le trouble des sens et comme la fièvre du cœur. […] Non ; il faut, en admirant le génie du poëte, reconnaître ses égarements et les imputer à ce culte matériel et corrupteur, à cette ivresse des sens où l’âme était plongée sous le beau ciel des Cyclades, entre les charmes de la nature et de l’art, devant les théories gracieuses qui déployaient leurs voiles blanches sur cette mer d’azur, et les processions de jeunes filles qui s’avançaient, en chantant, du rivage au temple de la belle déesse.. […] Mais, avant ce changement du monde, lorsque le paganisme régnait dans la paix de l’empire romain, lorsqu’il n’y avait plus ni liberté, ni gloire patriotique, ni grande éloquence, et que la culture de l’esprit n’était plus qu’un amusement de la servitude, un savant critique, Denys d’Halicarnasse, celui qui a tant raisonné sur Thucydide et sur Démosthène, sans comprendre leurs âmes, sauvait au moins pour l’avenir, dans un traité de rhétorique, une ode entière de Sapho à sa déesse favorite. […] n’accable pas mon âme de tourments et d’ennuis.
Son disciple Phérécyde semble également avoir emprunté à la Chaldée le dogme de l’immortalité de l’âme, si marqué dans le livre arabe de Job ; mais rien ne s’est conservé en original de cette transmission antique. […] Séparé de Pythagore à peine par un demi-siècle, Eschyle reçut cette doctrine de ses premiers disciples ; et sans doute il avait pratiqué comme eux cette vie pure, solitaire, rigoureuse, si favorable à la force d’âme et à l’imagination poétique. […] La sagesse dont il était le disciple, les croyances qu’il avait recueillies sur l’essence divine de l’âme et la vérité absolue, fortifiées de sa puissante parole, trouvaient près de lui d’autres maîtres pour les enseigner, d’autres poëtes pour les chanter. […] Tu rappelleras de « l’enfer l’âme de l’homme dissous par la mort ». […] Plus humaine que le Portique, l’école de Pythagore exalte aussi l’orgueil de l’âme, pour en maintenir la pureté.
Byvanck y a mis son âme, une âme douce et bienveillante, pieuse et morale, candide et savante, d’un invincible optimisme. […] L’art nous donne l’affranchissement de l’âme. […] Et certes cette âme-ci est plutôt sensitive que sensuelle. […] Voilà ce qu’on appelle noblement des problèmes de l’âme. […] L’artiste qui est nerveux perd l’équilibré de son âme.
Il faut une âme à tous ces ressorts matériels, et l’âme n’est pas encore venue animer notre nouvelle machine politique. […] On ne se crut plus le droit de supposer l’âme inerte et passive. […] Aussi est-il vrai de dire que nul n’a mieux su que Rousseau révéler l’intérieur de son âme. […] L’âme douce et bienveillante du Roi ne pouvait accepter une pareille situation. […] Dès lors, les souvenirs de sa mort jetaient dans toutes les âmes une impression religieuse.
d’y voir plus que mon âme. […] Âmes des chevaliers, revenez-vous encor ? […] que tu aies été juste ou non, tu as été malheureux ; j’en suis certain, et cela me suffit. — Âme désolée, pauvre âme de dix-huit ans ! […] âme simple et tourmentée ! […] En eux est le sang de votre sang, l’âme de votre âme : aimez-les, madame, uniquement et par-dessus tout.
Ce qui la prenait par une fibre secrète l’exaltait, l’enlevait aisément ; il n’est pas jusqu’au Paysan perverti auquel elle ne fît grâce, pour une ou deux situations qui lui étaient allées à l’âme. […] « Une âme, s’écriait-on, qui de tous côtés s’élance vers la gloire ! […] l’excès de mon inconséquence égare mon esprit, et le poids de la vie écrase mon âme. […] Cette pensée soulève mon âme, je m’en détourne. » Le repentir, la haine, la jalousie, le remords, le mépris de soi et quelquefois de lui-même, elle éprouve en un instant tous les tourments des damnés. […] Elle essaie de Tancrède qui la touche et qu’elle trouve beau, mais rien n’est au ton de son âme.
Mais elles se dépouillèrent de toute amertume en passant par cette âme douce. […] On y lisait les impressions, comme les vibrations et les colorations successives d’une âme tendre et noble. […] Par quel lien tenait-il l’âme du poète ? […] « Vive le mélodrame où Margot a pleuré. » Il n’eut donc souci que de dire les joies et les tristesses de son âme. […] Il faut croire à ses vers qui coulent de son âme, et se défier de sa prose qui prétend nous instruire de sa vie.
Les auteurs bourgeois ont un talent bourgeois ; les auteurs aimés des artistes, ont eux-mêmes la grâce, la finesse de sens et la légèreté d’âme des artistes. […] Que les âmes anglaises eussent été plus frivoles, Bunyan aurait probablement persisté à écrire son livre, muet alors et stérile et qui eût été rejoindre la masse des œuvres mort-nées. […] Les âmes qui retrouvent en cette œuvre leur âme, l’admirent, se groupent autour d’elle et se séparent des hommes d’âme diverse. […] Mais, on le voit, la dichotomie est tout autre chez Hennequin, puisqu’elle ne recouvre pas le dualisme du corps et de l’âme. […] Voir aussi plus loin : « une âme dont le caractère n’est ni national, ni actuel » (p. 157).
Les impressions journalières des mémorables événements d’alors, fidèlement transmises coup sur coup par cette grande âme émue, et exhalées au sein de l’amitié, sont précieuses à recueillir. […] La Révolution et le mouvement expansif qu’elle communiquait à toutes les âmes patriotiques les mirent naturellement en correspondance avec diverses personnes actives de Paris, en particulier avec Brissot, dont M. […] Rougissons pour les passions politiques de ces torts presque inséparables qu’elles entraînent à leur suite et que pleurent plus tard les belles âmes. […] Autant il y avait de candeur aux âmes girondines d’alors à ne pas s’apercevoir sitôt du point radical qui les séparait de leurs futurs adversaires, autant il y en aurait peu aux âmes girondines actuelles, éclairées par l’expérience, à le dissimuler. […] Il est certain aujourd’hui que c’était Buzot qui eut l’honneur d’occuper ainsi l’âme de Mme Roland.
Aussi est-il impossible de méconnaître le rôle social et philosophique de la poésie et de l’art. « Le poète a charge d’âmes », a dit Hugo. […] C’est la poésie de l’âme qui inspire les nobles sentiments et les nobles actions comme les nobles écrits. […] Est-il donc, ô douleur, deux axes dans les cieux, Deux âmes dans mon sein, dans Jéhovah deux dieux ? […] Par les désirs sensuels, l’âme tend en bas et tombe : « l’être lumineux » devient un « être obscur ». […] L’âme remonte au ciel quand on perd ce qu’on aime.
La qualité de son âme était évidente là. […] Comme les sentiments se réalisent dans les objets, chacun d’eux aussi, atteignant à sa plénitude dans une âme particulière, y réalise une âme auprès de laquelle se placent les autres sentiments, pareils à autant d’âmes qui s’entendent les unes avec les autres le mieux qu’elles peuvent. […] Dès lors, il possédait l’âme du livre, non les détails. […] Les choses ne sont pas telles ou telles, indépendamment de l’âme qui les suscite ; et chaque âme fait un univers à sa semblance. […] … » Que deviendra alors l’âme humaine ?
On ne peut pas dire, pour expliquer cette conformité de sentiments, que madame de Staël fut de deux cents ans en arrière de son siècle, ni madame de Rambouillet de deux cents ans en avant du sien ; elles étaient toutes deux de leur temps, de leur sexe, et toutes deux plus sensibles aux plaisirs de l’âme et de l’esprit qu’à tout autre. […] « À qui furent-ils plus nécessaires et plus utiles qu’à Auguste, pour éloigner de son imagination les débauches de sa fille, la défaite de ses légions, la révolte des provinces, et pour apaiser et mettre en repos cette partie impatiente de son âme qui se tourmentait et veillait sans cesse ? […] Il a découvert entre la mauvaise humeur et la bouffonnerie un milieu approuvé et par la raison, dans lequel l’âme se dilate par un mouvement modéré, sans s’énerver par la dissolution, c’est la première condition qu’il estime nécessaire. […] Cet écrit est d’une âme généreuse et soulevée contre la cupidité, qui était la maladie régnante sous le règne du cardinal Mazarin. […] « Vous avez dans l’âme, madame, tous les principes de la haute et ancienne générosité.
Assurément, aux yeux de qui sait discerner et sait conclure, l’histoire de la maison de Saint-Cyr, du temps de Louis XIV et de madame de Maintenon, telle que Lavallée nous la raconte, est une vue, prise par un côté nouveau, sur l’esprit et les mœurs du grand siècle, saisis, comme au plus frais et au plus pur de leur source, dans l’âme des jeunes filles qui y étaient élevées et dans l’éducation qu’on leur donnait. […] Ce qui est au-dessus de l’événement, ce qui lutte avec lui et quelquefois le modifie, c’est l’âme humaine et le degré de développement, de vertu et de vérité, que, sous une bonne discipline, elle est capable de recevoir. […] La haine et la jalousie des âmes basses que souleva l’immense Fortune qui s’abattit sur elle, comme un aigle, et qui l’enleva dans ses serres d’or à toutes les misères de la vie ; cette haine et cette jalousie semblent, après plus d’un siècle, fouler sa tombe et charger sa mémoire. […] … Que, si une favorite d’une autre époque, la Léonora Galigaï, la magicienne de Florence, accusée de philtres et de charmes pour expliquer son inexplicable puissance sur Marie de Médicis, répondait que toute sa sorcellerie était l’influence d’une âme forte sur une âme faible, on aurait pu se demander plus tard quelle devait donc être celle d’une femme sur un homme dans toute la maturité de son âme et de son génie, sur un homme qui était le roi du bon sens, de la convenance, de la fierté et de l’ennui, sur un Louis XIV de quarante-cinq ans ? […] Madame de Maintenon l’emportait trop par la raison, par le caractère, par la dignité dans la vie, par le sentiment religieux qui planait perpétuellement sur son âme, et teignait ses mots et ses actes de ses reflets les plus graves et les plus solennels, pour avoir ce que l’on appelle de la grâce, ce joli mouvement des natures légères… Littérairement, il est resté d’elle des choses d’une beauté rare, une correspondance qu’aucune femme d’aucun temps ne recommencerait.
Déjà la vie religieuse des armées n’est plus ce qu’elle était en 1914 et 1915 ; des âmes, bouleversées par la violence du choc et dont le fond avait monté à la surface, sont redevenues dormantes, et puis, beaucoup des meilleurs sont couchés à cette heure dans la terre de France. […] Ce qui naîtra, je ne sais, mais l’âme nationale vient de se réaliser. […] Mais cette scène, suis-je trop exigeant, demeure pour moi un décor magnifique dont l’âme est un peu incertaine. […] Si l’âme est immortelle, Millon sera content que je pense à lui. […] La cristallisation des nouveaux sentiments ne commença que plus tard, et non par la surface mais par les couches les plus profondes, les couches subconscientes de nos âmes.
Celui qui avait dans l’âme toute la rigueur d’un Spartiate, eut dans l’esprit toutes les grâces d’un Athénien. […] Les grâces dans le même temps avaient, au rapport des anciens, embelli l’esprit, le caractère et l’âme de Socrate ; il allait quelquefois les étudier chez Aspasie : il en inspirait le goût aux artistes, il les enseignait à ses disciples, et probablement Xénophon et Platon les reçurent de lui ; mais Platon, né avec une imagination vaste, leur donna un caractère plus élevé, et associa pour ainsi dire à leur simplicité un air de grandeur ; Xénophon leur laissa cette douceur et cette élégante pureté de la nature qui enchante sans le savoir, qui fait que la grâce glisse légèrement sur les objets et les éclaire comme d’un demi-jour ; qui fait que peut-être on ne la sent pas, on ne la voit pas d’abord, mais qu’elle gagne peu à peu, s’empare de l’âme par degrés et y laisse à la fin le plus doux des sentiments : à peu près comme ces amitiés qui n’ont d’abord rien de tumultueux, ni de vif, mais qui, sans agitation et sans secousses, pénètrent l’âme, offrent plus l’image du bonheur que d’une passion, et dont le charme insensible augmente à mesure qu’on s’y habitue. […] La seconde est consacrée à célébrer les qualités de son âme. […] Antipater admire en écoutant : il semble qu’au spectacle d’un homme libre, son âme s’élève. […] Quoiqu’alors la Grèce fût esclave des Romains, on se souvenait encore des sentiments que l’ancienne liberté inspirait ; et quand l’éloquence trouvait une âme noble, cette éloquence faisait revivre les idées des Miltiade et des Périclès ; c’est ainsi que dans la populace de Rome moderne, il y a eu des temps où l’on entrevoyait les descendants des Scipions.
Ainsi son langage ne sera point fardé, et notre âme transparaîtra pure et sincère dans toutes nos expressions. […] Il arrive qu’un sentiment violent, agitant toute l’âme, ébranlant à la fois tous les ressorts de l’intelligence et du cœur, arrache à un homme un cri sublime, qui fait l’admiration des âges et justifie le célèbre dicton. […] Ce qui arrive ordinairement, c’est que, dans ces bouleversements de l’âme entière, le fond de la nature apparaît, et le mot est ce que le caractère primitif et les habitudes invétérées le font. […] Je n’en veux pour exemple que les plus fameuses pages où l’on voit le cœur à nu, pleurant ou saignant devant nous, où l’on croit n’entendre que le cri de l’âme qui prie ou qui souffre. […] Notre littérature contemporaine a recherché avec complaisance les expressions naïves et triviales du senti ment et de la passion dans les âmes simples et populaires.
Oui, dans le premier et célèbre portrait, malgré la robe de moyen âge de pendule, malgré la coiffure à la Ninon, malgré la lyre venue de chez le luthier, la grande Marceline, avec ses beaux yeux enflammés et humides, avec ce front droit et ces sourcils fièrement tracés, avec ce nez si caractérisé, aux bosses hardies et spirituelles, avec ce menton pointu, finement pensif, ces lèvres épaisses et si arquées, ce col énergique, attire, charme et retient le regard, qui se sent en face d’une pensée et d’une âme. […] Là, nulle trace de réminiscence, nulle trace des influences d’alentour ; forme et fond, tout y est bien elle et rien qu’elle, le cœur à nu, l’âme palpitante sous le coup de foudre de la passion… l’élégie était le vrai domaine lyrique de Mme Valmore, le champ d’inspirations où son expansif et doux génie se donnait carrière. […] J’aime tout comme une âme ; d’amant ? […] Ce long soupir, mouillé d’une larme qui tremble, Ma sœur, c’était ton âme, où l’âme humaine entend Vers l’infini gémir tous les amours ensemble. […] Ainsi elle mérita d’être appelée, comme l’a fait Sainte-Beuve, « l’âme féminine la plus pleine de courage, de tendresse, de miséricorde ».
Il entendait ce cri de son âme : « L’Amour est Dieu », — ce cri qu’il traduisait, d’ailleurs, inexactement, par : « Dieu est l’Amour ». […] Il avait été baptisé et élevé dans le Catholicisme ; mais telle était la disposition de son âme, que l’Esprit entier de Protestantisme allemand vivait en lui. […] Ou bien doit-elle nous donner des émotions plus fines, plus intimes, et, pour ainsi dire, peindre l’âme, après les corps ? […] La question fondamentale de tout son système est : une telle âme, dans la plénitude de sa conscience et de son impressionabilité, peut-elle jamais arriver à ce, à quoi elle a droit ? […] Les jeux de la physionomie disparaissent : mais ils sont inutiles, puisque la Musique, mieux encore que la physionomie, révèle l’âme.
D’abord il n’en vient à l’âme qu’une plainte sourde, lointaine, étouffée, qui n’indique pas son objet et nous livre à tout le vague de l’ennui. […] Port-Royal avait toute son âme ; il y puisait le calme, il y rapportait ses prières ; il était plein des gémissements de cette maison affligée, quand il fit entendre, pour l’heureuse maison de Saint-Cyr, la mélodie touchante des chœurs d’Esther 26. […] Les derniers sentiments exprimés dans cette pièce ne furent point étrangers à l’âme de Racine. […] L’amour dont une âme est pleine, et qui cherche un langage, s’empare de tout ce qui l’entoure, en tire des images, des comparaisons sans nombre, en fait jaillir des sources imprévues de tendresse. […] La douleur est superstitieuse ; l’âme, en ses moments extrêmes, a de singuliers retours ; elle semble, avant de quitter cette vie, s’y rattacher à plaisir par les fils les plus déliés et les plus fragiles.
Mais la suprême jouissance, c’est de jouir de soi en autrui, de voir sa perfection reflétée dans une âme qui s’en éprend : elle veut donc être, se développer, afin d’être digne d’être aimée. […] Mme de Staël, avec une impartialité intelligente, note les caractères distinctifs de chaque peuple : elle voit l’âme allemande, la vie allemande même, elle distingue la vie de Vienne et la vie de Berlin, l’âme allemande du Sud et l’âme allemande du Nord. […] Toute son âme s’intéresse dans sa croyance, et la crise d’où elle soit « convertie » l’achève plutôt qu’elle ne la change. […] Par l’Allemagne, elle arrive à comprendre, presque à sentir la poésie, poésie de la nature et poésie de l’âme. […] Elle entend, elle aime surtout ce qui est complexe, ce qui alimente la pensée, exerce l’intelligence en émouvant l’âme : le sentiment imprégné de philosophie.
De l’état des morts. — Ils distinguaient après la mort, l’âme, le corps et l’ombre. […] Mais l’ombre différait de l’âme, en ce qu’elle retenait la figure et l’apparence du corps. […] Rousseau dit quelque part : « L’univers ne serait qu’un point pour une huître, quand même une âme humaine informerait cette huître. » Enfin c’est de là que semble venir la persuasion générale, que l’homme montre au dehors ce qu’il est au dedans, et que le visage est le miroir de l’âme. Le christianisme n’a retenu de toutes ces divisions que celle de l’âme et du corps ; et cependant on voit dans la Bible l’ombre de Samuel. Dante se sert partout, comme les anciens, des mots de spectres, de mânes, d’ombres, de fantômes, d’âmes et de simulacres, pour désigner les morts.
Baudelaire, au fond de son âme révoltée et païenne, avait quelque chose d’indestructiblement chrétien. […] Les Névroses se divisent en cinq livres : Les Âmes, Les Luxures, Les Refuges, Les Spectres et Les Ténèbres. Comme on le voit, c’est le côté noir de la vie, réfléchi dans l’âme d’un poète qui l’assombrit encore. Les imbéciles sans âme et à chair de poule facilement horripilée, ont reproché à M. […] Il y en a une surtout, parmi les pièces laissées dans ce sombre volume et qui y font tache : La Belle Fromagère, qui a produit sur certaines âmes, et c’était ces âmes-là auxquelles le poète des Névroses aurait dû tenir le plus, un effet de dégoût si profond et si invincible, que ces âmes poétiques, dignes d’apprécier les beautés et les hardiesses du livre, l’ont fermé pour ne plus jamais le rouvrir.
L’image du tactum buccal est le complément naturel de la parole intérieure quand elle simule l’extériorité ; cette illusion que l’âme passionnée subit, que l’âme en verve d’imagination se donne à elle-même, serait incomplète sans la présence de ce phénomène, associé constant de l’état fort que nous avons l’habitude de juger extérieur à nous. […] Un tel problème, à le bien prendre, ne contient pas de mystère impénétrable : dans tout jeu, dans toute feinte, l’âme se dédouble, et l’acteur convaincu recouvre un spectateur sceptique. […] L’âme passionnée est moins exposée à cette sorte d’illusion : la passion est essentiellement intérieure, et le langage qui l’exprime n’est pas destiné aux oreilles d’autrui. […] Ainsi, quand dans une âme naturellement droite, mais exaltée, préexiste la croyance à des esprits exclusivement bons et moraux176, l’hallucination qui présente les caractères d’une telle origine ne peut par elle-même être le point de départ d’un trouble psychique, d’une maladie de l’âme ; on conçoit même qu’elle devienne un principe d’héroïsme et de génie. […] Il n’y a pas de cas de conscience pour les âmes simples ; au contraire, pour des esprits fins et instruits, la vie ne présente guère que des cas de conscience ; rarement la loi morale prononce de ces brèves sentences dont l’évidence s’impose et qui brillent dans l’âme comme des éclairs ; presque toujours elle inspire une discussion calme, méthodique ; elle est comme la lumière douce et constante d’un soleil surnaturel.
emprisonner l’âme dans les occupations du corps ! […] Comment n’eût-elle pas été dans l’âme du lieutenant Bonaparte ? […] Pour l’âme troublée d’Élisabeth, Robert est un ange sauveur. […] Je compatis aux craintes des âmes pieuses, fussent-elles exagérées. […] Enfants, nous avons flétri sa belle âme d’enfant qui ne demandait qu’à nous aimer.
Non, il n’avait pas l’âme belle. […] Je crois à l’âme immortelle de Polichinelle. […] Une telle âme est incapable de remords. […] Son âme débordait d’enthousiasme. […] Zola, telle n’est point son âme.
A-t-il l’âme noble et fière ? […] Racine n’a jamais manqué à cette règle ; il peint de grandes âmes qui semblent ignorer qu’elles sont grandes. […] Son entrevue avec sa fille doit lui déchirer l’âme ; elle l’accable de respect et de tendresse. […] L’admiration qu’excitent en nous la vertu, la grandeur d’âme, l’héroïsme, ajoute à l’intérêt théâtral ; mais cet enthousiasme est trop rapide : au lieu que les émotions de la crainte et de la pitié agitent l’âme longtemps avant de se calmer, elles y laissent des traces profondes qui ne s’effacent qu’avec peine. Le double intérêt de la crainte et de la pitié doit donc être l’âme de toute la tragédie : c’est là le but qu’il faut frapper.
Il se détachait de lui-même et de son temps, s’éprenait tout naïvement des grâces de la vie primitive chez une belle race, se faisait une âme grecque ou plutôt, mystérieux atavisme, retrouvait cette âme en lui. […] Sa gloire et sa joie, c’est de comprendre et de ressusciter l’âme des générations éteintes, et sa plus grande originalité consiste à pénétrer dans l’âme des autres siècles. […] Cette impassibilité qu’on ne saurait nier, on voudrait savoir si elle est bien l’état naturel de l’âme de l’artiste. […] S’ils aiment et secourent les hommes, ce n’est point parce qu’ils sont des hommes, tout simplement, c’est qu’ils voient en eux des âmes appelées au salut éternel et qu’en s’occupant de ces âmes ils assureront leur propre salut. […] Il ne sent point en elle, comme d’autres ; une âme vague, immense et bienveillante : elle lui est un spectacle, non un refuge.
Mais empruntant à chacune d’elles ses éléments, surgit la conception — l’unique vraie à mon sens — du Poète : en son âme vibrent les reflets des choses du dehors, et cependant il leur communique sa vie à lui ; lui seul est vraiment, entièrement poète, parce que seul il aura su donner l’idée de l’Être entrevu dans toute sa beauté. […] Et j’arrive à cette conclusion — malgré moi, puisque en dehors de la question — qu’une œuvre ne peut être d’absolue beauté si l’âme n’y transparaît ; à travers la matière, si la vie n’y aime et souffre sous la Forme : la Forme éternellement morne en dépit de sa splendeur, lorsqu’elle s’isole. […] D’un art autrement délicat et difficile, est la notation, des paysages, des musiques et des états d’âmes un peu subtils. […] Telles les assonances, telles les âmes — dans le soir — passent, s’éloignent et ne plane plus alors qu’un souvenir très pâle. […] cher monsieur, nous ne sommes plus au xviie siècle, nous sommes en pleine Décadence, et je le dis avec fierté, car si les poètes d’aujourd’hui n’ont plus les grandes âmes des poètes d’autrefois, du moins ont-ils la noblesse de s’être — loin de l’odieux troupeau — cloîtrés dans l’orgueil de leur Rêve.
Par eux il est à l’unisson avec l’âme universelle. […] Il y faut des âmes préparées. […] qui sut jamais panser les plaies de l’âme ! […] Ces récits tragiques étreignent l’âme. […] Et comme les endroits concordent bien aux âmes !
… son âme a pris congé de la terre, pour aller où ? […] Coulez dans les abîmes de mon âme ; brillez sur les hauteurs de mon âme, comme des torrents souterrains, comme des étoiles sublunaires. […] Revenez contempler les créations de vos âmes ! […] Mon âme est incarnée dans ma patrie ; j’ai englouti dans mon corps toute l’âme de ma patrie ! […] Il a fourni sa pénible carrière avec le sourire dans l’âme.
C’est un noble cœur, mais c’est une âme blessée qui écrit pour les âmes blessées. […] Il aime à flétrir toutes les fleurs de l’âme. […] Le mariage est l’union de deux âmes. […] Il a des asiles pour les âmes blessées comme pour les âmes innocentes, des abris, des refuges pour toutes les souffrances de l’âme et du corps. […] Son âme semblait conquise au mal, à la colère, à la haine.
Cette publicité ne livre pas son corps, mais elle livre son esprit, son cœur, son âme au grand jour. […] L’âme éloquente de J. […] Ces premières pages révélèrent plus qu’un grand style, une grande âme dans cette jeune femme : J. […] La révolution française, prête à éclater dans les actes, fermentait déjà partout dans les âmes. […] Cette terreur refoula son âme dans la réflexion et dans le sentiment, les deux puissances de la solitude.
comme il sait imprimer son âme du Nord à la peinture de l’amour ! […] Ce génie que la passion avait doué, était inspiré par elle, comme les prêtres par leur dieu ; il rendait des oracles lorsqu’il était agité ; il n’était plus qu’un homme lorsque le calme rentrait dans son âme. […] On sent que l’horreur qu’il cause doit réagir sur son âme, et la rendre plus atroce encore. […] L’art lui manque pour se soutenir, c’est-à-dire, pour être aussi naturel dans les scènes de transition, que dans les beaux mouvements de l’âme. […] Mais ce que Shakespeare a peint avec une vérité, avec une force d’âme admirable, c’est l’isolement.
Ensuite, elles sont l’autobiographie d’un grand esprit peu enclin — toute sa vie en fait foi — à montrer le fond d’une âme qu’il a toujours beaucoup drapée, comme les femmes couvrent les épaules qu’elles n’ont pas. […] Pour les autres, elles ont démontré — mais pour la première fois — qu’il y avait en Goethe un unisson sublime, et que le talent de l’homme n’était pas plus grand que son âme. […] Pour mon compte, je ne sais pas si ce buste d’Athénée fera un dieu sortable, mais ce dont je suis sûr, c’est que l’évolution par laquelle il s’élançait si agilement à sa divinité prétendue est l’évolution des âmes vulgaires… Les grandes âmes blessées traînent plus longtemps dans la vie cette chaîne brisée dont parle Bossuet. […] La sensibilité littéraire tient bien plus aux facultés spéciales du cerveau qu’à l’essence même de l’âme. […] Elle a déjà son individualité, ses passions complexes, ses caprices mi-partie d’animalité et d’âme, toutes ses diableries enfin, même ses diableries d’innocence ; car l’innocence a ses diableries !
Les phénomènes singuliers et subtils dans lesquels se complaît le génie d’Hoffmann, lorsqu’il ne les tire pas d’un concours plus ou moins romanesque d’événements tout extérieurs, et lorsque la nature humaine et l’âme sont sur le premier plan, se rapportent plus particulièrement, comme on peut le penser, à ces âmes sensibles et maladives, à ces natures fébriles et souffrantes, qui peuvent en général se comprendre sous le nom d’artistes : ce sont elles qui font le sujet le plus fréquent et le plus heureux de ses expériences. […] Zacharias Werner, Berthold, Kreisler, vous tous artistes de nos jours, au génie inquiet, à l’œil effaré, que l’air du siècle ronge ; inconsolables sous l’oppression terrestre, amoureux à la folie de ce qui n’est plus, aspirant sans savoir à ce qui n’est pas encore ; mystiques sans foi, génies sans œuvre, âmes sans organe ; comme il vous a connus, comme il vous a aimés ! […] Aussi, dès qu’il se borne à peindre l’art et les artistes dans ce moyen âge, où il y avait du moins harmonie et stabilité pour les âmes, quelque chose de calme, de doré et de solennel succède aux délirantes émotions qu’il tirait des désordres du présent ; depuis l’atelier de maître Martin le tonnelier, qui est un artiste, jusqu’à la cour du digne landgrave de Thuringe, où se réunissent autour de la jeune comtesse Mathilde, luth et harpe en main, les sept grands maîtres du chant, partout dans cet ordre établi, on sent que le talent n’est plus égaré au hasard, et que l’œuvre de chacun s’accomplit paisiblement ; s’il y a lutte encore par instants dans l’âme de l’artiste, le bon et pieux génie finit du moins par triompher, et celui qui a reçu un don en naissant ne demeure pas inévitablement en proie au tumulte de son cœur. […] On sait qu’Hoffmann n’excelle pas moins à peindre les manies et à saisir les ridicules des originaux, qu’à sonder les plaies invisibles des âmes égarées.
Je dois dire que j’ai été secrètement récompensé de ma piété par les remerciements de beaucoup de bonnes âmes. […] Lamartine a connu des triomphes égaux pour le moins à ceux de Victor Hugo, et peut-être a-t-il senti autour de lui un frémissement d’âmes plus spontané, plus amoureux et plus chaud. Et cependant, combien sommes-nous qui connaissions aujourd’hui et qui adorions encore le long poète élyséen à l’âme harmonieuse et légère ? […] Ce poète, aussi peu « homme de lettres qu’Homère, ce qu’il exprimait sans effort, c’était tous les beaux sentiments tristes et doux accumulés dans l’âme humaine depuis trois mille ans : l’amour chaste et rêveur, la sympathie pour la vie universelle, un désir de communion avec la nature, l’inquiétude devant son mystère, l’espoir en la bonté du Dieu qu’elle révèle confusément ; je ne sais quoi encore, un suave mélange de piété chrétienne, de songe platonicien, de voluptueuse et grave langueur. […] Et, puisqu’on veut que le rôle politique de l’auteur des Châtiments entre en ligne de compte dans le bilan de sa gloire, j’espère que l’avenir, s’il compare les vers de Hugo et ceux de Lamartine, comparera aussi leurs vies et leurs âmes.
Le corps se manifeste par l’étendue ; l’âme par la pensée. […] Grandes nouveautés quant à la science de la philosophie, qui admettait encore plusieurs âmes, l’âme sensitive, l’âme intelligible, l’âme végétative, c’étaient aussi de grandes nouveautés dans la littérature. […] Qu’est-ce que ce corps et qu’est-ce que cette âme, si étroitement liés et si incompatibles ? […] Y a-t-il une âme distincte du corps ? […] C’est en effet la querelle entre l’âme et le corps.
Il faut donc l’avouer, la philosophie pure, entendue comme recherche spéculative sur l’origine des choses, ne donne pas à l’âme de satisfaction religieuse, et entendue comme libre pensée, elle n’a qu’une valeur négative et ne satisfait pas davantage le sentiment religieux. […] On ne peut nier que l’affaiblissement de la force religieuse dans une société ne soit un affaiblissement pour l’âme humaine. […] L’objet de la morale consiste à élever l’âme et à l’empêcher de s’abaisser ; mais on sait qu’il est plus facile à l’homme de déchoir que de monter. Tout ce qui tend à élever l’âme est donc favorable à la morale ; c’est ainsi que les arts, la science, la liberté politique, la philosophie, sont des forces qui tendent à maintenir un niveau élevé dans l’humanité. […] Même dans sa forme naïve et populaire, elle est le seul chemin par lequel des âmes grossières, courbées vers la terre par les nécessités pratiques, puissent s’élever à l’idéal.
Il en est qui ne touchent que les âmes sensibles et qui glissent sur les autres. […] Ce genre de beautés faites pour le petit nombre, est proprement l’objet du goût, qu’on peut définir le talent de démêler dans les ouvrages de l’art ce qui doit plaire aux âmes sensibles et ce qui doit les blesser. […] Il prétendra que le plaisir, qu’elle nous procure est un plaisir d’opinion, qu’il faut se contenter, dans quelque ouvrage que ce soit, de parler à l’esprit et à l’âme : il jettera même par des raisonnements captieux un ridicule apparent sur le soin d’arranger des mots pour le plaisir de l’oreille. […] Il est des plaisirs qui dès le premier moment s’emparent de nous ; il en est d’autres qui n’ayant d’abord éprouvé de notre part que de l’éloignement ou de l’indifférence, attendent pour se faire sentir, que l’âme ait été suffisamment ébranlée par leur action, et n’en sont alors que plus vifs. […] Ce n’est pas seulement à quelque défaut de sensibilité dans l’âme ou dans l’organe, qu’on doit attribuer les faux jugements en matière de goût.
C’est la chair et le sang, le cerveau et le cœur, l’âme et la vie d’un homme qui, dans l’art littéraire le plus éclatant et le plus profond, fut à la fois un Raphaël et un Michel-Ange. […] À mes yeux, le talent — surtout dans l’art que pratiquait Balzac — est une question d’âme tout autant que d’intelligence… Byron, tout coupable qu’il fut parfois, était une âme magnanime, faite pour la vérité, même quand il la méconnaissait ; car il l’a souvent méconnue… Balzac, lui, est aussi grand par l’âme que par l’esprit, et c’est la grandeur absolue ! […] Une preuve de plus de cette vérité qu’en tout temps j’ai infatigablement proclamée : c’est que s’il est possible encore qu’une âme basse ait quelque talent, il est impossible qu’elle ait du génie ! […] Et, cela étant reconnu et irréfragablement certain, la Critique n’a point ici à s’occuper du génie de Balzac, incontestable comme la lumière, ni de ses Œuvres, pour lesquelles, s’il était nécessaire de les analyser et de les juger, il faudrait l’étendue d’un Cours de littérature, mais elle va s’occuper de son âme, de sa personne morale, à Balzac, aperçue, soupçonnée à travers son génie, mais vue — et pour la première fois — dans le plein jour d’une Correspondance qui montre la plus magnifique nature dans sa complète réalité ! […] je crois bien qu’elle se l’est dit, Madame de Hanska, dans le gonflement d’orgueil de son âme d’être le but suprême de la vie d’un homme comme Balzac !
Il l’a roulée dans ce haillon… Fanatique de démocratie, fanatique d’orgueil de lui-même, sous prétexte de respect et d’admiration pour la grandeur des facultés humaines que tous les philosophes prennent pour la grandeur de leur personne, Laurent Pichat n’a pas craint de mettre la poésie de son âme dans ce qui aurait dû la tuer, et il a osé dire à l’Imagination que le temps est venu de se taire devant la raison triomphante ! […] Quand on l’a lu, quand on l’a fermé, quand on est loin et qu’on ne s’en rappelle que l’idée première, on le méprise, si on n’a que l’esprit droit, mais on le hait, si on a l’âme ardente ; car si les choses étaient ce que Pichat, cet Aruspice de l’avenir, dit qu’elles sont maintenant ou qu’elles vont être, toute poésie en mourrait du coup, et Pichat, cessant d’être poète, ne serait plus que le plus vulgaire des rêveurs. […] dans ce volume que les idées impies d’un siècle qui a confisqué l’âme d’un homme, mais il y a aussi les sentiments personnels de cet homme, qui vaut mieux, sans nul doute, que les idées qui l’ont confisqué. […] Seulement, les âmes poétiques, presque aussi rares que les poètes, sur ces vers mélodieusement profonds, en auront certainement reconnu un. […] La pureté saisit de sa glace rapide Mon âme et répandit, pacifique et limpide.
Une âme faible se fût laissé gagner et eût suivi cet exemple : une âme délicate et forte se le tourna en morale et en leçon ; elle prit noblement sa revanche dans le bien. […] Cette modestie est une langueur de l’âme, qui l’empêche de prendre l’essor et de se porter avec rapidité vers la gloire. […] C’est ainsi que les âmes énergiques se retrempent précisément par où d’autres se relâchent et se corrompent. […] Il faut craindre ces grands ébranlements de l’âme, qui préparent l’ennui et le dégoût. Elle a dit d’excellentes choses sur cette modération et cette tempérance des âmes saines, — de ces choses qui ne peuvent avoir été trouvées que par une âme vive qui a en partie triomphé d’elle-même.
Le Christianisme, qui fait des âmes tendres aux Barbares, n’a pas eu grand’peine à verser sa tendresse dans une âme qui n’eut jamais rien de bien fauve, qui d’instinct avait la droiture et la délicatesse, et qui, à toute page de ses livres, se préoccupe surtout de ce que le Christianisme a ajouté de bonté à la bonté humaine : car c’est là une des idées qui revient le plus sous la plume de M. […] Trelawney, qui avait une âme ferme dans un corps robuste, M. […] L’auteur des Recollections, qui a ramassé des atomes pour en faire des pierres de fronde contre le géant de la poésie anglaise, n’a rien compris à l’âme magnanime de Byron. […] Les tristesses de Byron, les souffrances de cette harpe éolienne qui avait une âme sensible, qui se tordait dans chacune de ses cordes, il en a fait des tics nerveux et il leur a préféré la sérénité lymphatique de Shelley, de ce garçon qui se copiait une âme sur des livres et qui, malgré son magnifique talent de poète, ne fut jamais qu’un sublime écolier d’Oxford ! […] Dieu l’humiliait, mais il lui revenait par la tendresse, et voilà le secret de son scepticisme, à cet orgueilleux qui avait l’âme tendre !
Si Dieu est obligé de soulever les âmes jusqu’à lui, c’est que les âmes laissées à elles-mêmes sont impuissantes pour monter jusqu’à Dieu. […] Si la mort d’un enfant nouveau-né prouve la préexistence de l’âme humaine, la destruction des œufs de poisson prouve la préexistence de l’âme des poissons. […] Ils dénotent un état singulier de l’âme humaine ; cet état, par suite, se rencontre dans toutes les âmes, et, par suite encore, dans toutes les actions. […] Va-t’en donc l’âme sereine, car celui qui te congédie est serein ». […] Rien de mieux approprié que la doctrine nouvelle à l’état des âmes.
Nous avons à chercher comment ce génie lyrique, souverain des âmes dans la Grèce, se reproduisait, ailleurs. […] Celui qui a son œuvre, à cette œuvre s’applique ; il s’y met tout entier ; il y délecte son esprit et son âme. Mais, dans le loisir oiseux, l’âme ne sait plus ce qu’elle veut. […] Cela même y jeta parfois cette variété de mélodie, ces nombres impétueux et divers qu’avait connus l’ode grecque, et qui seuls pouvaient suivre par la musique, comme par l’expression, toutes les secousses de l’âme. […] L’âme des spectateurs en restait émue.
Les choses étaient sombres, les âmes rudes. […] Il y perdrait la joie du cœur et la paix de l’âme. […] Pour les vrais Chinois, l’âme des morts est légère, hélas ! […] Sans doute il est d’une âme honnête d’aller droit à la vérité. […] Les âmes ont une fleur que la gloire efface.
Ici l’air est pur ; nous sommes aux grèves des mers, en Bretagne, dans ce que le poète appelle sa Thébaïde, c’est-à-dire dans le manoir de la famille, et au sein des joies intimes ou des douleurs d’une âme restée simple et chrétienne. […] Les âmes tendres et naïves se plairont à l’entendre et retiendront son nom entre ceux d’aujourd’hui qui cheminent aux mêmes sentiers. […] Sur mon front de cinq ans, j’avais toujours des fleurs ; Le temps, comme une plume, emportait les douleurs Et de mon corps et de mon âme ; Une rose en avril me jetait en transports ; De la vie en mes sens abondaient les trésors ; Je voltigeais comme une flamme. […] Stanislas Cavalier C’est le début d’une jeune âme qui obéit à sa sensibilité, à son amour de la nature, à ses rêves d’avenir. Ces sortes d’impressions, à un certain moment, sont communes à toutes les âmes : le poète les a rendues pour son compte avec simplicité et mélodie.
C’est qu’au fond les plus grands événements de la terre sont petits en eux-mêmes : notre âme, qui sent ce vice des affaires humaines, et qui tend sans cesse à l’immensité, tâche de ne les voir que dans le vague, pour les agrandir. […] Celui-ci se forme en cachant avec adresse la partie infirme des objets ; l’autre, en dérobant à la vue certains côtés faibles de l’âme : l’âme a ses besoins honteux et ses bassesses comme le corps. […] Ceci nous fait entrevoir une preuve merveilleuse de la grandeur de nos fins et de l’immortalité de notre âme. […] Il est étrange, et cependant rigoureusement vrai que tandis que nos pères étaient des barbares pour tout le reste, la morale, au moyen de l’Évangile, s’était élevée chez eux à son dernier point de perfection : de sorte que l’on vit des hommes, si nous osons parler ainsi, à la fois sauvages par le corps, et civilisés par l’âme.
Le trait qui distingue essentiellement le Paradis de l’Élysée, c’est que, dans le premier, les âmes saintes habitent le ciel avec Dieu et les Anges, et que, dans le dernier, les ombres heureuses sont séparées de l’Olympe. Le système philosophique de Platon et de Pythagore, qui divise l’âme en deux essences, le char subtil qui s’envole au-dessous de la lune, et l’esprit qui remonte vers la divinité ; ce système, disons-nous, n’est pas de notre compétence, et nous ne parlons que de la théologie poétique. […] Le ciel, où règne une félicité sans bornes, est trop au-dessus de la condition humaine pour que l’âme soit fort touchée du bonheur des élus : on ne s’intéresse guère à des êtres parfaitement heureux. […] Nous pouvions trancher la question d’une manière simple et péremptoire ; car, fût-il certain, comme il est douteux, que le christianisme ne pût fournir un merveilleux aussi riche que celui de la fable, encore est-il vrai qu’il y a une certaine poésie de l’âme, une sorte d’imagination du cœur, dont on ne trouve aucune trace dans la mythologie. […] Tout est machine et ressort, tout est extérieur, tout est fait pour les yeux dans les tableaux du paganisme ; tout est sentiment et pensée, tout est intérieur, tout est créé pour l’âme dans les peintures de la religion chrétienne.
Âmes de nos amis, nous demeurons vos frères. […] Il y a toujours quelque raison grave pour arrêter l’élan de mon âme. […] Tu me rends bien heureuse de m’avouer la tendance de ton âme à prier, mon bon frère. […] Tu peux continuer à relever l’âme de ta pauvre sœur par la considération dont je sais que tu l’entoures. […] Je crois que vos yeux seuls feront déjà beaucoup sur cette pauvre âme qui veut partir.
C’est qu’Émile Verhaeren a le don d’incruster sa pensée, il crée dans l’âme un monde d’impressions étranges dont l’esprit se ressouvient avec une netteté jamais atténuée ; elles s’imposent, revivent ainsi que des flammes soudaines ou bien encore font dévier vos sensations originales. […] C’est aussi l’effort d’une âme, au-dessus des contingences, vers ce qui l’appelle, l’oppresse, la domine ! […] Ou est là soi-même, blotti contre son âme dont l’inquiétude s’accélère en frissons ardents. […] Mais ce n’est encore là que de la littérature, et une telle âme échappe aux procédés par lesquels on voudrait la définir. […] La maladie a bien laissé sa flétrissure, creusant des rides en sillons où le désespoir est semé, mais l’âme se reprend soudain à aimer.
Eh bien, disons-le tout d’abord, nous qui croyons que toute notre âme pèse dans la plus chétive de nos manifestations ! […] Il est trop ingénieux pour avoir du génie, mais si le génie consistait à se donner une peine du diable avec immensément d’âme et d’esprit, certes ! […] Il n’a pas oublié son âme derrière lui en regardant la face des choses. […] Il en a fait pour le soulagement réel de son âme. […] C’est une âme sincèrement poétique avant d’être artificiellement un poète de langage.
Paul Bourget avait trop d’âme à la vieille manière, qui est l’immortelle ! […] Paul Bourget n’en restera pas moins Byronien de religion poétique, il ne changera pas l’âme qu’il a et ne se laissera pas étouffer dans d’ineptes systèmes et des poétiques de perdition. […] Il y a l’inspiration de la foi religieuse, telle qu’elle est, par exemple, dans le livre divin (sans métaphore) des Harmonies, de Lamartine, Mais à côté, en descendant, il faut avouer que le scepticisme, quand il écrit de pareils vers, pénètre bien avant dans nos âmes ! III Je l’ai dit, c’est une âme de poète que M. […] Vous, artiste sincère et rude, avouez-nous Que vous avez soufflé, comme un Dieu, votre flamme Sur vos forts paysans qui vous doivent leur âme ; Et s’ils ont un grand cœur, c’est votre cœur à vous !
Son âme, comme les choses hautes, était au niveau de tout. […] C’était un homme tendre, pieux et un peu mystique, qui s’occupait de l’âme de ses malades autant que de leur corps. […] Schiller ne le composa pas comme l’ode se compose, c’est-à-dire par une rapide et involontaire explosion de l’âme, qui n’éclate qu’un instant et qui se répercute à jamais de l’âme du poète dans l’oreille des siècles. […] Cette réserve augmenta et fit durer l’amour dans l’âme de la jeune Italienne. […] Moi aussi j’ai prié son âme et pour son âme ; je me suis fait purifier par la lumière de la lune, et je lui ai dit tout haut que je la désirais, que je regrettais ces heures où nous échangions ici-bas nos pensées, nos sentiments.
Dieu semble agir de même à l’égard de l’homme, cet être successif qui retrace et contient peut-être dans une seule âme les vertus des âmes de cent générations. […] L’âme d’un seul homme est le foyer du monde, et sa parole est l’écho de l’univers. […] Mais cette âme qui est en nous, par qui nous pensons et prévoyons, qui m’inspire en ce moment où je parle devant vous, notre âme aussi n’est-elle pas invisible ? […] Caton meurt en philosophant sur l’immortalité de l’âme. […] Son âme parut se décider et se repentir tour à tour de l’un ou de l’autre parti.
Il y a du vent dans son âme, mais ce vent enfle les voiles du monde vers tout ce qui brille d’élevé ou de beau à l’horizon des idées. […] La poésie est l’héroïsme de l’esprit et de l’âme. […] Un sens de moins peut détruire toute l’harmonie d’une âme ; une infirmité vicie souvent toute une existence. […] C’est le squelette de la poésie, décharné, décoloré, privé de vie et d’âme par un profane anatomiste de l’inspiration. […] La postérité veut des hommes faits, des cœurs virils, des âmes fortes.
— Autant de questions qui aujourd’hui ne peuvent laisser indifférente aucune âme soucieuse de ses véritables intérêts. […] C’est le feu pour Héraclite, mais un feu éternel, intelligent, et l’âme la plus sage est formée par le feu le plus sec. […] Les âmes des bêtes sont, pour Platon, des âmes humaines dégradées et punies ; l’âme humaine est elle-même une émanation de l’âme du monde, seule parfaitement sage et parfaitement bonne. […] L’âme est, en effet, la cause finale du corps vivant, et l’âme ou principe de la vie se manifeste par une hiérarchie de facultés, nutritive, sensitive, motrice, pensante, dont chacune, impliquant les degrés inférieurs, exprime la complexité et la perfection croissantes de l’organisation. […] Que de zoologistes n’ont vu dans les animaux que des corps organisés sans se mettre en peine de leur âme !
… goûtez le bonheur d’influer au loin sur les âmes par l’expansion de la vôtre ! […] Au sentiment des maux publics se joint dans mon âme une raison puissante de désirer la fin de mes peines secrètes. […] Nous portons, nous autres, des volcans dans notre âme ; nous sommes lions ou colombes. […] Vous avez pu remarquer, comme moi, combien l’aspect des beautés simples de la nature ramenait facilement la paix dans votre pauvre âme. […] Il a mis l’ordre partout ; pourquoi laissons-nous le désordre pénétrer dans notre âme ?
Cet esprit si fort de pensée, si ferme et si rigoureux de doctrine, se trouve être l’âme la plus douce et la plus tendre dans le cercle du foyer. […] Il a souvent exprimé l’âme et le génie de tels paysages naturels avec des couleurs et une saveur d’une âpreté vivifiante. […] La société transformée a transformé l’âme. […] Il y a eu, il y aura toujours, espérons-le, des âmes délicates ; et, favorisées ou non par ce qui les entoure, ces âmes sauront chercher leur monde idéal, leur expression choisie. […] Et en général, il n’est qu’une âme, une forme particulière d’esprit pour faire tel ou tel chef-d’œuvre.
Les ténèbres sont si profondes entre deux âmes qui ne parlent pas la même langue et n’ont pas vu les mêmes collines ! […] Cette âme a eu pitié des âmes. […] Elle a considéré qu’une paysanne était, aussi bien qu’une reine, une âme en marche, à travers la douleur et la joie, vers une éternité. […] Voulez-vous des âmes tristes ? […] Un peu de leur âme est déjà en eux.
De pareils excès n’appartiennent qu’aux grandes âmes ; ils ne sont pas à la portée des âmes médiocres, véritable rebut et fléau de notre temps. […] j’ai dû faire un vide en son âme. […] Ajoutons qu’à l’exemple des grands maîtres dont il était le frère, il savait donner une âme à la description, l’âme des choses. […] Beau, une grande âme au service du grand Art. […] C’est là qu’il avait attaché son âme et ses désirs.
Son âme, à moitié échappée de son corps, devient presque visible sur son visage. […] Ses écrits portent à la fois l’empreinte d’une âme fière et d’une imagination élevée. […] Il recueille toutes les forces de son âme. […] Il fait passer dans ses expressions tout le feu de la guerre, et toute l’âme de Condé. […] Il fait agir trop longtemps les siècles passés sur l’âme de Descartes, et réagir l’âme de Descartes sur les siècles futurs.
Ils gardent de l’esprit ; mais ils n’ont plus d’âme. […] Puisqu’il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu’aucun ! […] Une passivité de l’âme, favorable à tous les émois. […] Ils ont plutôt spiritualisé la matière que matérialisé l’âme. » C’est ce que fait Maupertuis. […] Traité de l’âme, Chapitres VI et XII (Ibid.
Il s’est donné, corps et âme, à sa tâche. […] Tout ce qui est de l’âme est sacré. […] Si je ne me trompe, il y a, dans l’âme de M. […] Un Polynésien déclare que l’âme est un souffle et qu’au moment d’expirer il s’est pincé le nez pour retenir son âme ; mais le pauvre homme n’a pas serré avec assez de force, et son âme lui a échappé. […] C’est une âme faisandée et fourbue.
Même au sein des loisirs, de l’amour, de la famille, l’âme ne perd pas son activité ; seulement son activité est volontaire. […] Le clair-obscur des bois aux teintes de vitrail Recueillait le regard et baignait l’âme d’ombre. […] L’âme, comme la terre, a donc des vents d’automne Qui l’effeuillent aussi, pour mieux la refleurir ! […] On eût dit que ce corps si léger n’aurait pas eu besoin de ses pieds pour le porter ; ce n’était qu’une âme habillée. […] Ces vers ne chantaient pas, ils frémissaient : leur seule musique était leur vibration en touchant l’âme.
Théories à part, elle est curieuse surtout des âmes et de la vie. […] Elle voit le détail et l’ensemble du paysage ; elle en sent l’âme comme la forme. […] L’étude de l’énergie est l’âme des romans de Stendhal : mais sous cette idée maîtresse il a saisi, expliqué bien des caractères individuels et divers états sociaux. […] L’une de ses deux œuvres maîtresses, la Chartreuse de Parme, est presque entièrement une étude de l’âme et de la vie italiennes. […] On sent que Stendhal a été idolâtre de son modèle : il donne l’impression d’être entré dans l’âme italienne plus avant qu’aucun Français.
C’est à la mer aussi que sourient leurs joies et ils comparent l’étrangeté de ses trésors vivants aux richesses sauvages de leurs âmes. […] Ils frissonnent en songeant que sur ses bords leur pauvre âme déçue se sentit prise à « l’embûche formidable de la nuit » et de l’amour. […] D’ordinaire le spectacle qui dans l’un ou l’autre cadre s’agite, c’est un être isolé, une âme de profondeur et d’émotion. […] C’est le don généreux, et que peu apercevront, d’une âme « pleine de feu, de douceur et de barbarie ». […] Et il y a une âme dans son verbe.
Ces quatre-vingt-dix vers enferment en leur mélodie toute son âme et toute son histoire : ils laissent entendre ses aspirations premières et disent ses acceptations secondes. […] Il vaut surtout par l’âme exquise et frêle qu’il nous livre mieux que les volumes antérieurs, mieux même que L’ennemie des rêves. […] on n’a pas rencontré Jésus, l’âme blonde, l’âme d’amour ; on a rencontré une âme de stoïcisme, de dédain et de silence, un Zénon hégélien, Stéphane Mallarmé. […] L’âme de Camille Mauclair est une âme féminine. […] Camille Mauclair me fait songer à la désolation de l’âme de Jean errante parmi un siècle où ne passerait nul maître divin.
Si ce talent n’a pas cessé de gémir et de grandir, c’est que l’âme elle-même, après tant de flots versés, s’est trouvée inépuisable : Car je suis une faible femme ; Je n’ai su qu’aimer et souffrir ; Ma pauvre lyre, c’est mon âme… Tout enfant, aux environs de Douai où elle est née, sur les rives de cette Scarpe, accoutumée, ce semble, à moins de rêverie, la jeune Hélène aimait déjà36. […] Son existence heureuse n’avait duré qu’un éclair, alors, dit-elle avec souffle, Alors que dans l’orgueil des amantes aimées Je confiais mon âme aux cordes animées. […] Beaucoup de ce qui nous frappe dans le cadre et le vêtement ne sera pardonné que pour le génie qui rayonnera, pour l’âme qui palpitera derrière. […] qu’importe aussi que Mme Valmore ne soit pas un poëte selon l’art, si elle est la poésie et l’âme ? […] Mon père était indécis et nous embrassait. — Enfin on refusa la succession dans la peur de vendre notre âme, et nous restâmes dans une misère qui s’accrut de mois eu mois, jusqu’à causer un déchirement d’intérieur où j’ai puisé toutes les tristesses de mon caractère.
Je reprenais courage dans mes souffrances, en contemplant dans mon âme ce bien promis à mon âme ; je supportais pour mériter, je souffrais pour jouir de l’éternel bonheur. […] Donc, pour ces âmes, point de milieu : jouir ou mourir. […] C’est, dans notre âme, l’ombre d’un nuage qui passe entre Dieu et nous. […] Que savez-vous si ce n’est pas le Christianisme lui-même qui se transfigure dans nos âmes ? […] Dieu, le beau éternel, le soleil de vie, éclaire instantanément l’âme qui se repent.
Ils ont enfin à ne pas laisser dépérir, dans ces routes pénibles, les facultés délicates, brillantes ou tendres, oublieuses d’ici-bas, l’imagination, l’âme, l’art et toutes les cultures qu’il suggère. […] Voici les préludes, qui sont, on le verra, antérieurs à l’entrée en hiérarchie du poète : Assez tarder, mon Âme, et faire violence Aux penchants naturels d’un invincible essor ! […] Devance l’univers en sa métamorphose ; Beaucoup sont suscités pour la prophétiser ; Tu peux en être aussi, mon Âme ; ose donc, — ose Sais-tu tout ce qu’un Dieu t’inspirera d’oser ? […] Cyprien est une de ces jeunes et ardentes âmes, comme Bucheille, que le mal social agite, dévore, mûrit ou tue avant le temps ; mais Cyprien est plus ferme que Bucheille ; sous son accent amer, sous sa parole un peu fatiguée, on sent l’énergie morale ; il vivra et trouvera à sa volonté intelligente quelque application digne d’elle. […] Quoiqu’on ait dit que le type du Giaour et du Corsaire avait été suggéré à Byron par Trelawney lui-même, j’ai peine à croire que ces types profonds ne préexistassent pas dans l’âme du poëte, et qu’ils ne surgissent point immédiatement de l’orage de ses propres pensées.
La beauté d’âme de Mme de Staël est aussi pure que la beauté physique de Mme Récamier. […] Nonobstant tout, l’âme qui se mêle à tout, comme elle l’a dit, s’y mêle encore, mais la brillante n’y est plus que la triste, et le génie, la fortune et la gloire ne peuvent plus réussir à la faire heureuse ! […] C’est l’âme d’une femme dépaysée dans la vie. […] Quelqu’un qui, sans savoir que ses livres sont d’elle, les ouvrirait au hasard, y reconnaîtrait, à toute ligne, l’âme d’une femme, la pensée d’une femme ; et même, dans les plus passionnés, dans ceux-là que des moralistes sévères ont trouvés presque coupables, il y a cependant un accent de pureté, de sincérité et de tendresse, d’amour pour tous les sacrifices, de respect pour tous les enthousiasmes, qui révèle bien toute la femme qu’elle fut. […] Protestante de naissance, comme on sait, mais catholique d’âme et d’imagination comme les femmes bien faites, comme cet autre talent-femme, Mme de Gasparin, égarée dans le protestantisme et digne d’être de la religion de sainte Thérèse par son amour de Jésus-Christ, Mme de Staël a senti de plus en plus monter sur les ruines d’une vie si vite écroulée, la flamme d’or du sentiment religieux !
Toutes les fois qu’il est inspiré, il emporte l’âme de son lecteur comme il eût fait une barricade… On dit gaiement : « C’est un brave à trois poils ! » Il est, lui, un brave à trois âmes. Il en a trois comme on en a une : il a une âme militaire, une âme religieuse, et une âme de poète. […] L’âme religieuse de cet homme triple atteignait au sublime d’une foi profonde, quoique erronée ; mais pour retomber bientôt de cette hauteur aux faiblesses, ou aux forces, de l’humanité : à l’amour toujours païen de la femme, — à cette époque plus païen que jamais, — aux fureurs sacrées, comme disent les poètes » de la Muse, aux sonnets ardents qu’à la cour, pendant les trêves de ces guerres protestantes, il jetait, comme des torches, dans l’escadron volant des filles de la reine, pour leur embraser les sens et les cœurs. […] Il n’y a plus qu’une corde de la lyre, — la corde d’airain ou de fer, mais, après tout, une seule corde de l’instrument qui en a sept, — tandis qu’en ce troisième volume il y a toutes les faces de d’Aubigné, toutes les cordes de sa lyre, toutes les palpitations de son âme, de sa vie, — plus poétique encore que son âme !
C’est l’âme inspirée du siècle, c’est la pensée de l’humanité. […] L’un est tout en décor, l’autre tout en âme. […] Ce n’est qu’une affaire d’intelligence ; une affaire d’âme aussi, non pas d’âme sœur de la sienne, mais d’âme qui a senti quelquefois comme la sienne. […] Car la justice a toujours d’étranges et profondes racines dans les âmes. […] Le regard perce les apparences et pénètre l’âme.
Jammes a ravi les âmes, et une multitude d’écrivains sanglotants et doux ont paru. […] Son origine était dans notre âme même. […] Gide souffre en son âme d’une secrète et noire maladie. […] Retté n’a pu altérer l’âme de nos jeunes gens. […] J’ai dit sur ces âmes ce que je pense.
b) Des âmes : Par description directe, par explication. […] d) Personnages : a′) extérieur : * Simples ; beauté, laideur absolues ** Doubles ; beauté sinistre, laideur bonne *** Beaux costumes, belles loques, coloris b′) intérieur : * Âmes simples à répétition d’actes ** Âmes doubles à actes antithétiques *** Âmes doubles par volte-faces subites c) Sujets abstraits : a′) Vers à propos de rien, sujets nuls b′) Sujets indifférents, vers à propos de tout, versatilité c′) Développement de lieux communs d′) Humanitarisme, socialisme, optimisme, idéalisme et panthéisme vagues e′) Aspects grandioses, mystérieux ou bizarres, de la légende, de l’histoire ou de la vie. […] 4° Redondance, vide, irréalisme inadéquat par simplification :, par a) Vocabulaire (1°) b) Trop de répétitions et d’antithèses verbales (3°, 5° a a′ et 6° d a′ et b′) c) Simplicité des âmes (6° d b′) d) Vague des époques et des lieux (6° a et b) e) Nullité fréquente des sujets (6° c a′, b′ et c′) f) Prédominance générale de l’expression sur l’exprimé 5° Émotion générale de suspens et de surprise par : a) Antithétisme général b) Recherche du bizarre (6° a, 4°, 6° da***) 6° Émotions accidentelles et négligeables de réalisme II — Analyse psychologique A. […] Pour leurs admirateurs : Verbalisme, les caractères absolus et bornés du mot ; irréalisme général du public des théâtres et des auteurs-poètes dramatiques ; préférence des décors aux âmes.
« L’amour de Dieu est généreux, il pousse les âmes à de grandes actions, et les excite à désirer ce qu’il y a de plus parfait. […] « Il n’y a que celui qui aime qui puisse comprendre les cris de l’amour, et ces paroles de feu, qu’une âme vivement touchée de Dieu lui adresse, lorsqu’elle lui dit : Vous êtes mon Dieu ; vous êtes mon amour ; vous êtes tout à moi, et je suis toute à vous. […] Adorez-le dans l’âme, et n’en témoignez rien. […] Quelle grandeur d’âme, quel divin enthousiasme, quelle dignité ! […] Les religions qui peuvent échauffer les âmes, sont celles qui se rapprochent plus ou moins du dogme de l’unité d’un Dieu ; autrement, le cœur et l’esprit, partagés entre une multitude de divinités, ne peuvent aimer fortement ni les unes ni les autres.
C’est là qu’on voit le plus nettement l’union de l’âme et du corps. […] En un mot, il lui donna une âme. […] La Grèce donne des ailes à sa Psyché, à l’âme, et elle trouve le vrai nom de l’âme, l’aspiration (ασθμα). […] La forme n’est pour lui que l’expression de l’âme. […] Hugo matérialise l’âme, Michelet spiritualise la matière.
A quoi ont servi tant de belles âmes de l’antiquité mourante ? […] … Que savons-nous de la survivance de nos âmes personnelles ou de celle de notre âme collective, et de Dieu, et du bien, et du mal ? […] Seule, l’âme importe, et l’âme est plus belle dans un corps émacié vêtu de bure que dans un corps pompeux vêtu de soie. […] Il est certain que la foi religieuse apporte à certaines âmes un surcroit de force et de sécurité ; mais à quelles âmes et dans quelle mesure ? […] Toute notre culture tend à le chasser de nos âmes.
Mon père, ma mère, mon Église, avec l’encens de tant d’âmes, était-ce donc un rêve ? […] Mais ce sont là des élans impétueux, des mouvements violents et passagers de l’âme. […] « Qu’importe la honte à une âme vraiment forte ? […] La supériorité de l’âme est une infirmité sociale. […] âme mesquine, génie étroit.
Elle est l’âme des choses humaines. […] Il n’a pas assez expliqué son âme et sa chair. […] Pierre Loti livre quelques-uns de ses vieux états d’âme. […] Car notre âme est faite de ce qui nous entoure. […] Réprima-t-il jamais l’impétueuse sincérité de son âme ?
Que l’homme volontairement déchu est la proie du mal, et que toutes les sources de son être ont été corrompues, le corps par la sensualité, l’âme par la curiosité indiscrète et l’orgueil. […] Mais quand il s’agit de déchirer l’âme humaine à travers la sienne, il est aussi résolu et aussi impassible que celui qui ne déchira que son corps, après une lecture de Platon. […] Elle devient, non pas individuelle, suivant la prédiction un peu hasardeuse de l’auteur de Jocelyn, mais personnelle, si nous sous-entendons que l’âme du poète est nécessairement une âme collective, une corde sensible et toujours tendue que font vibrer les passions et les douleurs de ses semblables. […] Les poètes en ce temps-là n’écrivaient que pour les poètes ou pour les âmes assez grandes pour comprendre l’Art. […] Devons-nous supprimer la satire et nous interdire l’étude de toute une moitié de l’âme humaine ?
Mais il n’empêche que de l’impression de ce livre se dégage une âme de poète singulièrement subtile et noblement vibrante, une âme d’amant et de penseur pleine d’une hautaine mélancolie. […] Les Pleureuses viennent l’une après l’autre ; tous leurs yeux n’ont pas les mêmes larmes, mais c’est le même convoi qu’elles suivent, le convoi, dirait-on, d’une âme morte avant de naître… C’est bien une âme, oui, plutôt même qu’un cœur, qui se désole en ce poème, tant tous les sentiments, l’amour, les désespoirs, et les haines aussi, s’y font rêve… Les Pleureuses pleurent en des limbes, limbes de souvenance où se serait reflété le futur.
. — Buveurs d’âmes (1893). — Sensations et souvenirs (1894). — Yanthis (1894). — La Petite Classe (1895). — Le Conte du Bohémien (1896). — Une femme par jour (1896) […] — Contes pour lire à la chandelle (1897). — Âmes d’automne (1898). — Histoire de masques (1900). — Madame Baringhel (1900). — M. de Phocas (1901). […] Les vers sont dans la tradition parnassienne, avec un goût de préraphaélisme et de mysticisme qui s’allie naturellement à tous les caprices et à toutes les fantaisies de l’âme moderne. […] Jean Lorrain excelle à donner une poésie aux vieilles pierres et à faire chanter l’âme des maisons anciennes.
Comment l’âme, qui est immatérielle, peut-elle agir sur nos sens, qui sont matière ? et comment les sens, qui sont matière, peuvent-ils agir sur l’âme immatérielle ? […] Un seul mot explique cette inexplicable union de l’âme et du corps, et ce mot est : mystère. […] Ici une longue digression sur l’immortalité de l’âme interrompt ses plans politiques. […] C’est la traduction faussée d’une belle âme de l’humanité par un bel esprit d’Athènes.
Il fallut des freins intérieurs pour retenir l’âme avec son propre consentement et l’empêcher de glisser dans l’impiété scandaleuse. […] comment a-t-elle excité les âmes aux sublimes efforts dans les rudes voies de la perfection chrétienne ? […] Et vers le même temps, sur de sa vérité, il jetait durement, cruellement, dans le cloître Mlle de Roannez, une pauvre et faible âme que son impérieuse direction brisa. […] On disposera le corps, l’automate, de façon que ses habitudes ne fassent pas obstacle aux mouvements de l’âme, quand la grâce l’inclinera. […] Il a rendu surtout l’appel ardent, impérieux, désespéré à la fois et confiant, de l’âme pécheresse au Rédempteur : son Mystère de Jésus est un poème d’une grandiose et bizarre sublimité.
Paul Verlaine a des sens de malade, mais une âme d’enfant ; il a un charme naïf dans la langueur maladive ; c’est un décadent qui est surtout un primitif. […] Et dans cette inimitable poésie, il nous a dit toutes ses ardeurs, toutes ses fautes, tous ses remords, toutes ses tendresses, tous ses rêves, et nous a montré son âme si troublée mais si ingénue. […] C’est là que son apaisement se résorbe et qu’il se comprend réellement ; c’est plein du vague parfum des encensoirs, après avoir contemplé la face pâle des Christs blêmes, qu’il proclame la toute douceur des grands amours : Allez, rien n’est meilleur à l’âme Que de faire une âme moins triste ! […] La chair et l’esprit se sont disputé son âme. […] De l’âme humaine, Paul Verlaine explora les profondeurs, soit douces, soit ardentes.
D’après la thèse sociologique, l’art est chose essentiellement sociale ; il a son origine dans les besoins et les sentiments sociaux ; il exprime moins l’originalité sentimentale des individus que l’âme collective. […] Par là elle contredit les idées proprement morales d’égalité, de justice, d’unité morale, de fusion des âmes, de renoncement à la personnalité. […] D’après Guyau, l’art est le grand trait d’union des âmes ; il est une bénédiction sociale avant d’être une joie individuelle. […] L’art doit travailler à la dépersonnalisation des âmes. […] Ce qui est intéressant, ce ne sont pas des différences d’écoles, mais des différences d’âmes.
Vous ne pourriez pas déplacer un mot ni mettre une mesure longue ou brève dans la strophe sans produire un faux ton dans cette musique de l’oreille et de l’âme. Le moule de l’âme d’Horace était si parfait que toute pensée qui en sortait en vers avait la forme et le poli d’une statuette de Phidias en marbre de Paros. […] si récemment encore le souci et la douleur de mon âme ! […] Ce n’est plus l’âme d’Horace, ni sa voluptueuse bonhomie qui éclatent dans ses satires : c’est son esprit. […] On ne reconnaît pas ici son bon goût attique dans la lubricité des images : le goût pur est dans l’âme pure.
Ainsi l’âme sociale et l’âme égoïste retrouvent leur accord et peuvent s’essayer à vivre en bonne intelligence. […] Mais l’âme collective a tâché de se servir d’elles et y a parfois réussi. […] Et c’est ici le triomphe théorique de l’âme sociale. […] Son âme sociale l’y incline. […] L’âme sociale tâche de tourner à son profit même les révoltes de l’âme individuelle, ce que celle-ci s’efforce de lui rendre autant qu’il est en elle.
A cet âge d’exaltation, la rêverie, les combinaisons romanesques, le sentiment et les obstacles qu’il rencontre, la facilité à souffrir et à mourir, étaient, après le culte singulier pour son père, les plus chères occupations de son âme, de cette âme vive et triste, et qui ne s’amusait que de ce qui la faisait pleurer. […] Cette idée saisit tellement mon âme, que je fis tout haut à l’Éternel les plus véhémentes prières. […] C’est qu’il y a certaines âmes qui cherchent en vain dans la nature des âmes auxquelles elles sont faites pour s’unir… Mais comment la philosophie remplira-t-elle le vide de vos jours ? […] Elle avait la voix forte, le visage un peu mâle, mais l’âme tendre et délicate… Elle écrivait alors son livre sur l’Allemagne et nous en lisait chaque jour une partie. […] Un écrit n’est suffisamment moral, à son gré, que lorsqu’il sert par quelque endroit au perfectionnement de l’âme.
Dès qu’un revers, une peine quelconque s’appesantit sur l’âme, il est impossible qu’elle repousse absolument toutes les superstitions de son siècle : l’appui qu’on trouve en soi ne suffit pas ; on ne se croit protégé que par ce qui est au dehors de nous. […] L’enthousiasme pour les facultés de l’esprit l’emporte en eux sur tout autre genre d’estime : ils excitent l’homme à se faire admirer ; mais ils ne portent point un regard inquiet ou pénétrant dans les peines intérieures de l’âme. […] Combien cette morale, qui consiste tout entière dans le calme, la force d’âme et l’enthousiasme de la sagesse, est admirablement peinte dans l’apologie de Socrate et dans le Phédon ! Si l’on pouvait faire entrer dans son âme cet ordre d’idées, il semble que l’on serait invinciblement armé contre les hommes. […] L’antiquité sied bien aux beautés simples ; néanmoins nous trouverions les discours des philosophes grecs sur les affections de l’âme trop monotones, s’ils étaient écrits de nos jours : il leur manque une grande puissance pour faire naître l’émotion ; c’est la mélancolie et la sensibilité.
Saint-Simon voit l’âme à travers le visage : mais c’est le visage qui lui révèle l’âme, et il fait tenir un caractère dans un portrait. […] La moindre impression personnelle, qui nous fait sentir l’Âme d’un homme du passé comme nous sentons celle d’un vivant de notre connaissance, fût-ce de la même imparfaite et faible façon, vaut mieux que la servile répétition des plus complets jugements qu’on a portés sur lui. […] Vous vous estimerez heureux de commencer par imiter les naïfs imagiers qui, désespérant de rendre par l’attitude des corps les mouvements des âmes, faisaient sortir de la bouche de leurs personnages une bandelette où ils inscrivaient ce qu’ils se sentaient impuissants à exprimer. […] Il faut voir dans Corneille comment, dans les âmes des héros, pour produire les révolutions soudaines des nations, parmi les grands intérêts des États et les raisons de la plus sublime philosophie, peuvent trouver place et prendre rang de causes efficaces les incidents familiers de la vie réelle, les relations sociales, les affections de famille, les situations communes que créent à tous les hommes les croyances et les institutions communes de l’humanité. […] Les crises sont rares dans le domaine moral : les révolutions qui déplacent l’axe d’une vie ou transforment une âme, sont des exceptions, qui ne sont guère vraisemblables que par la réalité même.
Il revoit le passé, et, dans cette vision rétrospective des joies d’alors, pendant que s’efface le présent, apparaît la Gardienne de son adolescence, la chimère qui jadis emplissait son âme tout entière, celle qui jamais ne se désouvint de lui-même quand il errait au plus fort de la mêlée humaine, oublieux d’espérances plus hautes : Je suis la même encor, si ton âme est la même Que celle que l’Espoir aventurait au pli De sa bannière haute, et je reste l’emblème Du passé qui résiste à travers ton oubli. Il rentre en l’éternel abri, l’âme vieillie peut-être, mais se confiant « aux mains de son destin », renonciateur de l’éphémère réalité. […] Chacun pouvait retrouver en ce spectacle les emblèmes de propres pensées secrètement enfouies, d’espoirs, de désillusions et de rêves, et tous ceux qui sont « affligés d’âme » écoutaient en silence cette étrange symphonie, évoquant, dans un décor presque quelconque, les symboles qui convenaient à leur bon plaisir. […] On se reporte, en le lisant, à l’exclamation d’Ovide : quidquid scribere conabar versus erat , tant il semble que le simple délice d’écrire et la facilité inconsciente à modeler les courbes de la Parole ont suffi, dans une âme attirée vers le songe, pour tracer ces strophes aux lignes justes. […] De l’aspect accidentel des choses, il étend sa vue à tout ce qui, dans le temps et dans l’espace, réjouit d’amour ou poigne d’angoisse l’âme tragique et douce de l’humanité.
Si je laisse de côté les premiers vers, balbutiements incertains et légers de l’âme qui sourit à elle-même et salue en chantant son éclosion dans la vie, cette occasion me paraît être, pour plusieurs poètes lyriques de cette époque, le sentiment d’une vision nouvelle des choses. […] Cet état d’enthousiasme où l’âme entend soudain le vivant tressaut d’elle-même est une des plus nobles attitudes de l’homme et tout être capable de comprendre la beauté a dû le connaître au moins une fois. […] M. de Régnier, de plus en plus penché vers une grave mélancolie, entendait la voix de la Tristesse lui parler ; parmi les amertumes et les brutalités que lui annonçait la vie, il dut sentir trop frêle son âme nouveau-née et c’est peut-être pour la protéger qu’il voulut l’envelopper dans les plis rigides de son Art. […] « Pourquoi créer, pourquoi donner au monde mauvais la plus vierge part de notre âme ? […] Mais mouvante toujours et sans cesse changée, l’âme existe en tant que Rythme, en tant que direction vers un but à l’infini, et ce but, — c’est soi-même.
C’était évidemment à cette législation rationnelle des cultes que la raison, la philosophie et la Révolution avaient aspiré depuis plusieurs siècles, et c’est encore à cela qu’elles aspirent, comme à la liberté de Dieu dans les âmes et comme à la liberté des âmes dans l’État. […] Pitt sort de sa retraite au cri du péril public, et retrempe l’âme de son pays dans la sienne. […] … Nous ne saurions trop blâmer ce récit, aussi infidèle qu’insensible, de l’acte le plus tragique de l’âme de Napoléon. Le style en est aussi défectueux et aussi vulgaire que les circonstances en sont altérées et décolorées ; l’âme et le talent ont failli à la fois à l’écrivain dans ces pages. […] Thiers a cent pages ; mais de ces cent pages résulte dans l’âme le mot de Tacite : le mépris délayé à grande eau se retrouve au fond du vase et la moralité n’a rien perdu.
Comme tel, comme arbitre secret des âmes, il a eu ses erreurs, il a dévié, il s’est livré surabondamment à ses goûts et à sa prédilection. […] Je ne prendrai donc Fénelon qu’en dehors de cette affaire du quiétisme, et tout simplement comme un guide approprié, le plus fin, le plus distingué, le plus à souhait, que consultaient quelques âmes inquiètes, quelques amis fidèles. […] Comme il a affaire ici à une âme plus scrupuleuse, plus raffinée, il pénètre plus avant qu’avec Mme de Grammont. […] [NdA] Et encore dans une lettre que je recommande aux curieux, adressée à la duchesse douairière de Mortemart (11 octobre 1710) : « Quand nous n’entendons pas cette voix intime et délicate de l’Esprit qui est l’âme de notre âme, c’est une marque que nous ne nous taisons point pour l’écouter. Sa voix n’est point quelque chose d’étrange : Dieu est dans notre âme, comme notre âme dans notre corps. » Et ce qui suit.
Et dans une âme bien faite, l’amour qui n’est que le désir du bien, se portera toujours au plus grand bien connu : et le degré de l’amour sera en relation avec la perfection connue de l’objet ; il sera goût, amitié, dévotion. […] La théorie de la volonté est l’âme du Traité des Passions, et elle est fort remarquable. […] « Les âmes les plus faibles de toutes sont celles dont la volonté ne se détermine point à suivre certains jugements, mais se laisse continuellement emporter aux passions présentes, lesquelles étant souvent contraires les unes aux autres, la tirent tour à tour à leur parti, et l’employant à combattre contre elle-même, mettent l’âme au plus déplorable état qu’elle puisse être… Il est vrai qu’il y a fort peu d’hommes si faibles et irrésolus qu’ils ne veulent rien que ce que leur passion leur dicte. […] La guerre civile avait durci les âmes, tendu les énergies ; nous l’avons constaté déjà à propos de Du Vair : on allait naturellement au stoïcisme. […] Mais, surtout, il était conduit par sa méthode à certaines vérités que la religion aussi revendiquait comme siennes : un Dieu infini, parfait, une âme immatérielle, immortelle.
En général, pour les métaphysiciens, l’âme était considérée, non comme un sujet, mais comme un objet, objet de raison pure, non des sens, mais toujours conçu et aperçu du dehors, \ non du dedans. […] De là, par exemple, cette représentation tout imaginative de l’âme, qui nous la montre dans le corps « comme un pilote dans son navire », selon l’expression d’Aristote, et en dehors de Dieu comme un homme est en dehors de sa maison, — de là cette idée de substance suivant laquelle l’âme serait une espèce de bloc solide, revêtu de ses attributs comme un homme de son manteau. […] Entre la substance abstraite de l’âme et la substance abstraite du corps, ils ne voient aucune différence, et ils ont raison ; mais l’esprit est tout autre chose, et c’est ce qu’ils n’aperçoivent pas. […] L’âme dans l’absolu, dit Maine de Biran, est un x. […] Que devient l’âme dans ces états d’évanouissement, dans cette aliénation de conscience, dans cette perte et cet oubli de soi-même, en supposant qu’il y ait oubli complet ?
Ce pouvoir d’une âme sur une autre âme n’est qu’un pouvoir de perdition. […] Il nous a rappris que nous avons une âme. […] Nous jouissons de toute l’âme moderne ; c’est le moyen de jouir de toute notre âme. […] Jules Lemaître reproduit un aspect de l’âme contemporaine. […] Les croyances religieuses n’ont fait que glisser sur son âme.
Médite la parole divine, ne la perds jamais de vue ; dirige vers elle toute la force intellectuelle de l’âme. […] » Jugez-en vous-mêmes, âmes tendres, pour qui nulle tendresse de l’âme n’est perdue, quelle que soit la chose qui vous aime. […] Alors, mon Dieu, pourquoi nous donnez-vous une âme ? […] Son âme se rasséréna en Dieu, âme immense à laquelle l’infini seul pouvait suffire. […] Triomphe, âme sublime et tendre !
Le catholicisme lui-même n’admet pas la vie bienheureuse de l’âme sans la participation de son corps glorieux. […] Son âme était grosse, elle aspirait à la délivrance. […] L’âme des patries est immortelle, comme l’âme des héros ! […] Nous sommes tous intéressés à ce que l’âme nationale ne périsse point en nous. […] Ils nous ont brisés, corps et âmes.
C’est en réalités humaines qu’elle éclate à l’âme du poète. […] Mon âme resplendit de toutes vos vertus ! […] Il n’y a pas de vie manquée, il n’y a que des âmes malades qui croient à la vie manquée, et des remèdes pour ces âmes malades, des arguments naturels contre cette croyance. […] C’est l’état dominical, peut-être l’état d’outre-tombe de l’âme ». […] Nous voyons Corneille gauche, timide, fier, un corps mal adapté à une grande âme.
Bazalgette pense, avec Carlyle, que le don le plus précieux que le ciel puisse faire à la terre, c’est l’âme d’un homme réellement envoyé des cieux, porteur d’un message pour nous. Cet homme c’est le « Héros », c’est celui qui entend chanter l’âme intérieure des choses, qui nous mène au bord de l’infini et nous y laisse, quelques moments, plonger le regard. […] Âmes, devant Dieu, toutes nues, Voyants des choses inconnues, Vous savez la religion ! […] Le directeur en était Louis Lormel, né à Paris en 1869, d’une ancienne famille artésienne et qui fera paraître en 1908, chez Sansot, un recueil de poèmes en prose : Tableaux d’âmes, que Maurice Barrès place à côté du Gaspard de la Nuit d’Aloysius Bertrand. […] Le Sagittaire dut effectivement rendre l’âme après quatorze mois d’une existence assez orageuse.
Écrite comme une autobiographie, en une série de notes éparses que relie à peine un récit d’amour ténu et bizarre, la Course à la Mort est l’histoire d’un jeune homme en qui le pessimisme latent de cette époque, portant ses dernières atteintes, devient ressenti et raisonné, envahit et stérilise le domaine des sentiments, frappe d’une atonie définitive l’âme qu’il a mortellement charmée. […] Il oscille et hésite ; il est des heures où les dernières ondes de son sang, les regards profonds de celle qui passe dans sa vie, lui font pressentir l’éclosion d’une forte et douloureuse passion ; puis ce qui tressaille en lui s’apaise, il se dissèque, il analyse en lui les derniers frémissements de son âme et la voit se calmer sous son introspection ; puis des paroles ordinaires de Cécile N…, un geste disgracieux le repoussent et, se souvenant de l’ancienne théorie de Schopenhauer sur l’amour, il pénètre à cette vue profonde et clairement conçue que c’est l’hostilité et non l’attrait qui règne entre les sexes. De plus douces émotions reviennent, il est ressaisi par le charme, enlacé par l’illusion, il veut vivre, se redresser, sortir de son suaire, mais il se butte de nouveau, s’arrête, ébauche un geste de renoncement et médite son impassibilité jusqu’à ce que la mort de Céline N.., vienne détruire ce vestige d’amour et résoudre les contradictions de son âme en une longue harmonie de regrets. […] Et si l’on joint à cette originalité fondamentale celle du faire, le style, qui n’est plus ni coloré, ni abandonné au rendu des choses visibles, mais abstrait et apte à figurer les faits de l’âme des procédés qui ne sont pas la description, mais l’analyse psychologique et rapprochent ainsi la Course à la Mort des dernières œuvres de M. […] Ce pessimisme qui, certes, n’empêche pas les honnêtes gens de goûter les joies qu’ils peuvent avoir est la source de toutes nos œuvres magistrales ; il a évolué, de tapageur et théâtral qu’il était au début de la nouvelle période, à une phase plus calme et plus fière qui prête aux vers récents un chant plus intime et fournit à l’analyse des âmes plus profondes.
C’est que son corps était aux champs et que son âme était à la ville… — « Mais, me direz-vous, M. de Saint-Lambert est instruit ? […] » — « Ce qui lui manque, c’est une âme qui se tourmente, un esprit violent, une imagination forte et bouillante, une lyre qui ait plus de cordes ; la sienne n’en a pas assez… Oh ! […] … Tu ne connais pas tous les élans de mon âme vers la liberté depuis le rajeunissement de la nature. […] Les saints n’offrent pas de prières si ferventes, qu’il ne les égale par une dévotion pareille ; c’est la consécration de son cœur, de son âme, de son temps ; chaque pensée qui s’écarte lui semble un crime. […] … elle est là avec ses amants. » Le délire même du vieillard est un dernier miroir de son âme et de sa vie.
Cette princesse pleine de mérite et d’esprit, l’aînée de Frédéric et sa vraie sœur par la pensée et par l’âme, mariée au prince héréditaire de Bareith, et peu à sa place dans cette petite cour, se mit un jour, pour se désennuyer, à écrire toutes les peines, toutes les persécutions domestiques qu’elle avait éprouvées avant et même depuis son mariage. […] Mariée par une boutade de son père au prince héréditaire de Bareith, qu’elle ne connaissait pas auparavant, elle en parle toujours avec estime et affection ; elle l’aima, s’attacha tendrement à lui, et n’eut pas d’effort à faire pour mettre son âme en accord avec ses devoirs. […] Voltaire, reconnaissant de son procédé et de tout ce qu’elle eut avec lui de gracieux pour lui faire oublier l’accident de Francfort, lui a rendu ce témoignage : « Jamais une si belle âme ne sut mieux faire les choses décentes et nobles, et réparer les désagréables63. » L’aventure de Voltaire rendit Frédéric plus circonspect. […] [NdA] On lit chez un autre écrivain français de Berlin, chez Ancillon, cette pensée, qui n’est que celle de Frédéric sous une forme plus générale : Il y a des âmes tellement riches, que, dans leurs développements successifs et graduels, elles semblent pouvoir remplir l’éternité : ces âmes prouvent l’immortalité de notre être. Il y a d’autres âmes qui paraissent tellement au niveau des misères de la vie humaine, qu’il semble que l’étoffe manquerait si l’on voulait faire d’elles autre chose que ce qu’il faut pour la vie actuelle ; et ces âmes paraissent au premier coup d’œil démentir la doctrine de l’immortalité.
Il l’aurait aimée d’un sentiment plus vif que l’amitié, s’il y avait eu pour cette âme exquise un plus vif sentiment que celui-là. […] Si on pouvait n’en avoir aucun besoin, je m’y résignerais facilement, et je me passerais fort bien de corps si on me laissait toute mon âme. […] Mon âme conservera ses habitudes, mais j’en ai perdu les délices. […] Le goût, pour lui, est la conscience littéraire de l’âme. […] La situation de l’âme qui les a eues se communique aux autres âmes, et y transporte son repos.
Jamais les facultés de l’âme humaine, fouillée et enrichie par le creusement mystérieux des révolutions, n’ont été plus profondes et plus hautes. […] J’en nourrirai cinq mille âmes, cent mille âmes, un million d’âmes, toute l’humanité. […] L’enseignement obligatoire, c’est pour la lumière une recrue d’âmes. […] Non, certes, en valeur intrinsèque, il est ce qu’il était, mais en puissance efficace, il agit où il n’agissait pas ; les âmes lui deviennent sujettes pour le bien. […] L’art a ses saisons, ses nuages, ses éclipses, ses taches même, qui sont peut-être des splendeurs, ses interpositions d’opacités survenantes dont il n’est pas responsable ; mais, en somme, c’est toujours avec la même intensité qu’il fait le jour dans l’âme humaine.
Ton âme serait bien morte, si jamais, à aucune heure, à l’heure gémissante de minuit, quand le spectre de cette église pendait dans le ciel, et que l’être était comme englouti dans les ténèbres ; tu serais bien inerte, si elle ne t’a pas dit des choses indicibles qui sont allées jusqu’à l’âme de ton âme. […] Voilà la partie divine de notre âme. […] Il faut que le critique à son âme naturelle et nationale ajoute cinq ou six âmes artificielles et acquises, et que sa sympathie flexible l’introduise en des sentiments éteints ou étrangers. […] Il a voulu faire comprendre une âme, l’âme de Cromwell, le plus grand des puritains, leur chef, leur abrégé, leur héros et leur modèle. […] Ils ont combattu le mal dans la société comme vos puritains dans l’âme.