Le port resta insignifiant ; il ne se constitua pas de bourgeoisie aisée. […] La pauvre fille restait ainsi suspendue comme une âme en peine : elle n’avait pas de place ici-bas. […] » Elle restait des après-midi entiers immobile, assise en sa chaise, attachée à cette idée fixe. […] Restait la porte de la sacristie ; il parut évident que le vol n’avait pu se faire que par là. […] Le vieillard resta debout, fondit en larmes : « C’est elle, dit-il, oh !
Je dis qu’ils ne sont pas d’accord sur la durée du voyage si Pierre affirme que Paul est resté absent un temps déterminé, qu’il a mesuré en A, Paul lui répondra qu’il est bien certain d’être resté moins longtemps en voyage, parce qu’il a lui-même mesuré la durée de son voyage avec une unité de temps définie de la même manière, et l’a trouvée plus courte. […] Pour Pierre, resté en A sur la Terre, ce sont bien 8 heures qui se sont écoulées entre le départ et le retour de Paul. Mais si l’on s’adresse à Paul « vivant et conscient », il dira que son horloge marquait 0 h au départ et marque 4 h au retour, qu’elle a enregistré une durée de 4 h, et qu’il est bien resté, non pas 3 h, mais 4 h en voyage. […] Réelle elle fût d’ailleurs restée pendant le voyage pour un observateur réel. […] Il faut d’ailleurs toujours rester en garde contre la tentation de se placer par la pensée, en même temps, dans les systèmes S″, S‴, etc.
Nini restait muette. […] » resta pour moi impénétrable. […] Nous restions donc seules avec Marianne, la cuisinière ayant congé. […] Mon père était assez disposé à me laisser rester. […] Restait l’institutrice.
Parfois ébauchées à peine, elles restent suffisantes pour donner à un cerveau prédestiné l’initiale impulsion, l’esprit d’analyse et de dissection psychologique. […] « La semaine prochaine, écrit-il à Madame Roger des Genettes (1er mai 1874) j’irai à Clamart ouvrir des cadavres… Oui, Madame, voilà jusqu’où m’entraîne l’amour de la littérature. » 27 Durant toute sa vie, sa vie puissante et angoissée d’ailleurs, il resta l’anatomiste du verbe et, « tenant la plume comme un Scalpel » 28, disséqua jusqu’à la souffrance ses phrases et ses périodes. […] Trousseau en exprima l’intérêt, même au point de vue médical pur, dans les pages savoureuses qui ouvrent le recueil de ses magistrales cliniques : « Que les nosologies soient utiles à celui qui commence l’étude de la médecine, j’y consens au même titre qu’une clef analytique est assez bonne, au même titre que le système si faux de Linné peut être fort utile à celui qui essaie l’étude de la botanique ; mais, Messieurs, si vous connaissez assez pour pouvoir reconnaître, permettez-moi cette espèce de jeu de mots, hâtez-vous d’oublier la nosologie, restez au lit du malade, cherchant sa maladie comme le naturaliste étudie la plante en elle-même dans tous ses éléments. […] Vous arriverez, par cette gymnastique intellectuelle, à donner à votre esprit une puissance de déduction inconnue à ceux qui restent servilement dans le sillon creusé par leurs maîtres, moins par respect pour ceux qui ont ouvert les portes de la science que par paresse ou insuffisance. » L’emploi véridique de ce procédé, en littérature, suppose donc un certain degré de nescience de la part de l’auteur. […] Mais l’observateur, en lui, l’emporta ; il alla jusqu’aux données secondes de son héros, jusqu’à cet Hamlet inquiet, torturé de l’idée fixe, mais impuissant, irrésolu, le seul qui nous poigne aujourd’hui ; finalement, le personnage total, dont la maquette primitive de simulateur aurait pu rester artificielle et fausse s’il n’était resté que simulateur, demeure cohérent et véridique.
Les femmes elles-mêmes, qui devraient rester distinguées sur les ruines du monde, se goujatent, avec délices, à ces lectures… Le xviiie siècle, vers la fin, eut sa littérature crapuleuse. […] II Quand Ballanche les publia, ces lettres, pour la première fois, non seulement il donnait à ce qui restait de cœurs purs en France, après les impuretés du xviiie siècle, une sensation divine bien au-dessus de toutes les sensations que le Génie lui-même peut donner, mais en plus il préservait Mademoiselle de Condé des derniers outrages de ce xviiie siècle expirant… L’amour de Mademoiselle Louise de Condé pour La Gervaisais, d’une princesse du sang de France pour un petit officier des carabiniers de Monsieur, cet admirable et chaste amour, discret, englouti dans deux âmes d’élite qui eurent également leur renoncement dans l’amour, cette chose rare qui achève l’amour dans ce qu’il a de plus sublime, avait transpiré comme un parfum qu’on percevrait mieux dans une atmosphère empestée, et cette transpiration d’un sentiment ineffablement pur au milieu d’une société corrompue, cette société avait dû en faire ce qu’elle faisait de tout. […] Sans ces lettres intimes, ce flot de fange pouvait rester sur sa mémoire. […] Lui seul, qui a dit si grandement celle d’Henriette d’Angleterre cherchant par toute l’Europe des poitrines et des canons qu’elle pût envoyer à son mari, Charles Ier, combattant pour sa couronne et pour sa race, serait digne de raconter cette autre Odyssée de Mademoiselle de Condé, errante aussi par toute l’Europe pour trouver un monastère dans lequel elle pût rester agenouillée devant Dieu et attendre ainsi son éternité… S’être immolée dans son amour lui avait donné la soif de toutes les immolations. […] Le plus grand mérite de La Gervaisais, en fin de compte, fut d’être aimé de Mademoiselle de Condé et de lui obéir quand elle lui demanda, avec de si nobles larmes, de ne pas la revoir ; mais, franchement, je ne puis me faire à l’idée que l’homme à qui une telle femme avait pu donner le bonheur d’un pareil amour se soit prosaïquement marié et ne soit pas resté, comme le chevalier de Malte, d’une fidélité immortelle, avec sa croix, non pas sur le cœur, mais dedans !
Il ne fut jamais le lancier d’Hugo, Il resta loin de la mêlée, indifférent à la mêlée et à la guerre qu’on faisait dans ce temps pour le compte de la littérature, pleurant, à ce moment, Elvire, comme Achille pleurait Briséis. Il resta, alors comme depuis, ce qu’il y a selon moi au monde de plus beau et de plus rare et ce qu’on n’avait jamais vu, du moins au même degré : — un grand poète sans littérature ! […] Seulement, elle ne fut pas de force à monter avec le poète jusqu’à la hauteur de ses Harmonies, et comme, plus tard, il devait rester au plafond où il avait voulu siéger seul, le poète resta seul aussi dans son ciel… Ce qu’il y avait d’amour humain dans ses Méditations avait saisi toutes les âmes et touché tous les cœurs, mais l’amour de Dieu est d’une grandeur et d’une beauté plus incompréhensibles à la majorité des hommes. […] On ne s’étonne plus de la grâce de bucolique qui, partout, dans ses œuvres poétiques, se mêle sans cesse au lyrisme grandiose de Lamartine, quand on voit de quel nid était sorti le rossignol qui chantait inextinguiblement en lui, quand l’aigle, qui y était aussi, ne criait pas… La première impression que reçut son génie, cette première impression dont nous restons marqués à jamais, fut l’impression de la maison de son père, où il était né parmi les pasteurs, comme Virgile, et les vendangeurs du Mâconnais.
La démoralisation, commencée par la tête du corps, avait gagné tous les membres, et c’est encore dans les derniers rangs, parmi les officiers subalternes, qu’il fallait chercher ce qui restait de ressort et de constance. […] Hier, pour donner du pain aux brigades que je faisais marcher, j’ai fait jeûner celles qui restaient. […] Villars recevait en même temps la nouvelle que le roi lui envoyait le maréchal de Bouflers pour être à côté de lui en cas d’accident, et pour que l’armée ne restât point sans général en chef. […] Il en était encore très réellement empêché : il restait à cheval cinq et six heures de suite, mais il fallait l’y monter et l’en descendre. […] Eugène seul et Villars restèrent en présence, et, comme l’a dit le vieux Crébillon en des vers dont ce trait rachète l’incorrection, Villars montra qu’avec un foudre de moins Eugène pouvait être vaincu.
On a souvent posé cette question et exprimé ce regret : pourquoi le premier consul n’est-il pas resté consul ? […] Il n’y a pas de ces paroles de feu qui restent, de ces flèches aiguës qui traversent les âges et atteignent au cœur de la postérité. […] Raison de plus pour n’y pas rester. […] « C’est mal à moi d’être restée si longtemps sans vous écrire, cher Camille. […] Nature intègre, conscience restée vierge et non usée, ils ne le connaissaient qu’à demi.
Il est resté insatisfait. […] Retté en est resté froissé. […] Jammes menace de ne point rester solitaire. […] Longtemps nous restâmes séparés.
Tu es resté le sujet de nos fréquents entretiens ; et tu resteras le sujet des leurs. […] Ce fameux scélérat de Philippe ne connaissait que trop bien l’effet de la calomnie, lorsqu’il disait à ses courtisans : Calomniez, toujours ; si la blessure guérit, la cicatrice restera 11. […] Cette vérité affligeante est le sujet d’un quatrain de Pibrac, que le grand Condé répétait souvent, soit qu’il eût lui-même éprouvé les suites funestes de la calomnie, soit qu’il en eût observé les effets sur d’autres personnes : Quand une fois ce monstre nous attache, Il sait si bien ses cordillons nouer, Que bien qu’on puisse enfin les dénouer, Restent toujours les marques de l’attache.
L’enseignement restait ainsi national et commun. […] Cependant, comme à Saint-Sulpice rien ne change, les anciennes dénominations restèrent. […] Et pourtant il restait en lui des parties de l’esprit scientifique, qu’il n’avait pu détruire. […] La science positive resta pour moi la seule source de vérité. […] L’exemple de tant de grands esprits, qui avaient vu si profond dans la nature et qui pourtant étaient restés chrétiens, me retenait.
Il y a des natures poétiques ou philosophiques qui restent jusqu’au bout, et à travers leurs diverses transformations, toujours opiniâtres, incandescentes, à la merci du tempérament. […] Il y passa quelques mois comme précepteur, en 1675 ; il y vint quelquefois pendant ses vacances de Sedan ; il y resta dans l’intervalle de son retour de Sedan à son départ pour Rotterdam : mais on peut dire qu’il ne connut pas le monde de Paris, la belle société de ces années brillantes ; son langage et ses habitudes s’en ressentent d’abord. […] Bayle restera-t-il ? est-il resté ? […] Oui, à la gloire du génie critique, Bayle est resté et restera autant et plus que les trois quarts des poëtes et orateurs, excepté les très-grands.
Étonnée, elle demanda ce que cela signifiait : « Il me dit alors que ce rat avait fait une action criminelle et digne du dernier supplice, selon les lois militaires ; qu’il avait grimpé par-dessus les remparts d’une forteresse de carton qu’il avait sur la table dans ce cabinet, et avait mangé deux sentinelles, faites d’amadou, en faction sur un des bas-tions ; qu’il avait fait juger le criminel par les lois de la guerre ; que son chien couchant avait attrapé le rat, et que tout de suite il avait été pendu comme je le voyais, et qu’il resterait là exposé aux yeux du public pendant trois jours, pour l’exemple. […] Elle en mangea donc une douzaine, mais se garda bien d’en accepter davantage, car « c’était encore lui faire la cour que de n’en pas trop manger, parce qu’il en restait plus pour lui, qui était infiniment goulu en fait d’huîtres. » Tel était l’homme de qui elle dépendait, dont elle avait à manier l’humeur fantasque et brutale, et dont elle s’efforça assez longtemps de cacher le mieuxqu’elle put les folies et les turpitudes aux yeux de tous. […] Un jour qu’il était allé avec un de ses amis, le comte de Horn, faire une visite au grand-duc à sa maison d’Oranienbaum, le grand-duc, qui avait la noce d’un de ses chasseurs en tête et qui voulait y aller boire, les planta là, et la grande-duchesse dut leur faire les honneurs de la maison : « Après le dîner, je menai la compagnie qui m’était restée, et qui n’était pas fort nombreuse, voir les appartements intérieurs du grand-duc et de moi. […] Quand il nous vit, il voulut nous esquiver, mais nous lui donnâmes tant de coups avec nos verges et nos orties qu’il en eut les mains, les jambes et le visage enflés pendant deux ou trois jours, de telle façon qu’il ne put pas aller le lendemain à Péterhof avec nous au jour de Cour, mais fut obligé de rester dans sa chambre. […] C’est là-dessus (avril 1759) que nous en restons avec les Mémoires inachevés ; et les trois années qui précèdent l’avénement à l’Empire et la grande usurpation de Catherine continuent de se dérober à nous dans leur entière obscurité et leur mystère.
Néanmoins nous consacrerons à ce sujet un livre particulier, afin d’éclairer les temps de la barbarie moderne, qui étaient restés plus obscurs que ceux de la barbarie antique, appelés eux-mêmes obscurs par le docte Varron dans sa division des temps. […] Aussi dans l’Allemagne, pays qui fut au moyen âge le plus barbare de toute l’Europe, il est resté, pour ainsi dire, plus de souverains ecclésiastiques que de séculiers. — De là le nombre prodigieux de cités et de forteresses qui portent des noms de saints. — Dans des lieux difficiles ou écartés, l’on ouvrait de petites chapelles où se célébrait la messe, et s’accomplissaient les autres devoirs de la religion. […] Les monuments les plus anciens qui nous restent du moyen âge, sont des chapelles situées ainsi, et le plus souvent ruinées.
Après être restée à Paris jusque vers la fin du mois d’août, elle revint en Alsace, dans la même villa où nous nous étions réunis, l’année précédente. […] L’honneur délicat de la comtesse y resta, mais la vie des deux amants fut assurée. […] Au mois de juin on essaya de détruire entièrement le nom de roi ; c’était tout ce qui restait de la royauté. […] Restait la plus grande difficulté ; il nous fallait des passeports pour sortir de Paris et du royaume ; nous fîmes si bien pendant ces deux ou trois jours, que le 15 ou le 16 nous en avions déjà obtenu, en qualité d’étrangers, moi de l’envoyé de Venise, mon amie de celui de Danemark, qui, seuls à peu près de tous les ministres, étaient restés auprès de ce simulacre de roi. […] La princesse était restée fidèle à l’orthographe anglaise.
Quelle oreille y resterait insensible ? […] Mon ami resta stupéfait : « Comment avez-vous pu le savoir ? […] Il était nuit noire quand je quittai mon poste, et j’étais convaincu qu’il en restait encore un bien plus grand nombre dehors. […] Il n’y restait plus que huit à neuf pouces d’écorce et de bois. […] En septembre, pendant la nuit, je regardai dans l’intérieur : il n’y en restait aucun.
C’est alors qu’il prit le nom de Saint-André sous lequel il resta connu. […] disait-il en prévenant les objections ; quelque précieux que soit à nos yeux l’état civil que nous venons d’obtenir et qui influe à divers égards sur notre état religieux, nos temples restent encore ensevelis sous leurs ruines. […] Au lieu de cela, il resta dans sa province, à la tête du parti du mouvement, le chef de la Société populaire de Montauban, qu’il chauffait en se chauffant lui-même, et se maintenant dans un état d’incandescence que tout, à l’entour, favorisait. […] La plupart des officiers, ou nobles ou partisans de l’aristocratie, avaient émigré ou quitté le service ; plusieurs de ceux qui restaient étaient suspects. […] Sept de ces vaisseaux étaient pour le moment rentrés à Portsmouth sous les ordres de l’amiral Montagu ; il en restait vingt-six avec les douze frégates dans les eaux de Brest.
Il resta assez longtemps dans l’horlogerie, et sans en souffrir dans sa vanité. […] Ce premier titre d’honneur lui resta toujours cher, et il en conservait dans un coffre le parchemin à côté du manuscrit de Figaro. Cependant, après être resté ainsi une partie de sa jeunesse entre quatre vitres, comme il dit, il s’ennuya et prit son essor. […] Il suffît que l’ensemble et nombre de parties restent agréables, riantes et vives. […] Pour ce beau jugement, le Parlement resta assemblé depuis cinq heures du matin jusqu’à près de neuf heures du soir.
Quelquefois aussi, brûlant du désir de pouvoir rester à Paris toute l’année pour la revoir tous les soirs, je songeais, non par ambition, mais par amour, à me créer quelque emploi modeste, mais suffisant pour y vivre indépendant de ma famille. […] Nous n’en restâmes pas moins amoureux de Chateaubriand : le beau est si beau que son imitation nous fascine. […] À peine eut-il terminé ce livre, qu’il l’apporta à Paris et le communiqua à quelques amis de son premier temps, les uns mûris par les vicissitudes de la Révolution ; les autres restés jeunes parmi tant de tombeaux. […] Son front était penché comme sous une pensée méditative ; ses traits étaient fins, comme ils sont restés depuis, mais nobles et francs ; son expression profonde sans double entente, son œil intelligent mais sincère. […] Son père a succombé dans le combat, et lui, resté sans protecteur à la ville de Saint-Augustin, il courait risque d’être enlevé pour les mines de Mexico, lorsqu’un vieil Espagnol, Lopez, s’intéresse à lui, l’adopte et essaye de l’apprivoiser à la vie civilisée.
Rien ne livrera plus sans doute la poésie narrative aux inventions déréglées, aux romanesques absurdités, que l’existence d’œuvres historiques de plus en plus répandues et nombreuses : elle en perdit ce qui pouvait lui rester encore de sérieux et de gravité, et fut rejetée tout à fait vers la fantaisie folle, comme si elle était déchargée de tout autre soin que d’amuser. […] S’étant croisé en 1248, il avait rencontré saint Louis à Chypre : la droiture, la vivacité, la gaieté de ce chevalier de vingt-quatre ans avaient séduit le roi, aux côtés de qui il resta pendant les six années de cette croisade de misère. […] Par un effort plus méritoire, cet aimable homme, qui regrette si tendrement la France et les siens, refuse de quitter la Terre Sainte : il y fait rester le roi, il y resterait sans lui. […] Ayant une fois tâté de la croisade, il en a assez, et quand saint Louis reprend la croix et l’engage à faire de même, il répond, avec plus de sens que de zèle, que le meilleur moyen de servir Dieu, pour un seigneur, c’est de rester sur ses terres, et de protéger ses gens. […] Il resta en Égypte, en Syrie jusqu’en 1254.
Un trait austère lui est resté de cette école presque monastique, de cette philosophie qui était une théologie. […] On peut juger, par les fragments qui en restent, de leur magnificence et de leur fureur. […] Tour à tour éclairés par l’espoir ou assombris par l’angoisse, leurs groupes n’en restent pas moins immobiles. […] Niobé, « la couveuse de tombeaux », comme il l’appelait, restait assise sur le sépulcre de ses enfants, enveloppée d’un voile qui la couvrait de la tête aux pieds. […] Sept drames nous restent de cette défaite de chefs-d’œuvre, et ce sont encore les « Sept Chefs » du théâtre grec.
La part encore lui restera bien assez belle. […] il resterait nommé. […] Son fauteuil resterait bel et bien marqué à son nom. […] Avec Béranger resté fidèle à son rôle, c’est l’esprit du siècle qui triomphe, et qui a bon marché, à la longue, des récalcitrants. […] Mais ces derniers, qui n’ont jamais été des poètes de parti, restent par là même plus élevés et d’un ordre plus universellement humain.
Si nous y voyons des défauts, et il y en a sans doute, attendons-en le remède de l’expérience et de la sagesse de nos maîtres, et restons ici… rester ici, moi ! […] L’éducation resta sans aucune base solide. […] Si les mœurs sont corrompues, croyez-vous que le goût puisse rester pur ?
Cette physionomie s’accentue encore dans l’apostrophe sereine qui termine la Double Conversion, et dans cet Oiseau Bleu, qui restera à n’en pas douter, auprès des versets de l’Intermezzo, entre la pièce la plus célèbre de Sully Prudhomme et certains sonnets de Soulary. — Si Alphonse Daudet n’est pas resté attaché à la forme du vers, du moins il n’a pas à désavouer sa tentative, il a mis la subtile empreinte de ses premières années sur ces chansons inconsciemment chantées. Pour se servir d’une comparaison presque empruntée à ce délicat recueil de la dix-huitième année, on peut bien dire que les Amoureuses restent comme un verger de printemps avec des arbres blancs et roses odorants comme des bouquets, tout doré de soleil, tout plein de voix, traversé par des robes claires, obscurci par instants sous un nuage d’orage.
L’élégant Boris resta longtemps enfermé dans sa chambre. […] Boris cependant se serait peut-être décidé à rester jusqu’au soir. […] Souvent même il ne savait que lui dire, et restait des matinées entières sans prononcer un mot. […] Tous les assistants restèrent immobiles et silencieux. […] Tous les gens réunis autour de lui restèrent immobiles.
Après avoir peint, dans leur réalité, les hommes de la révolution convulsive, il lui restait les hommes de la révolution fatiguée, ces invalides du régicide qui avaient mis leurs cinq têtes à la place du chef qu’ils avaient coupé ; il restait ces stropiats du crime aux affaires, qui nous font nous prendre d’une estime rétrospective pour les eunuques d’Honorius ! […] Entraîné dans les ruines de l’Empire, qu’il avait couvert de son talent, il est resté debout dans ces ruines, tout prêt à les couvrir et à les défendre. […] Ce n’est là qu’une curiosité, et une curiosité qui doit rester vaine. […] C’est par là qu’il saisit la pensée et qu’il restera dans le souvenir. […] Monarchiste par-dessus toutes les dynasties, il resta dans sa cause, et dans la bataille éternelle pour sa cause, comme ces drapeaux que les Gaulois appelaient fièrement : « les immobiles !
Le ban fermé, les officiers sont appelés à venir former le cercle, et l’empereur leur dit : « Officiers des grenadiers de ma Garde, voilà le chef que je vous donne. » Puis se tournant vers le nouvel élu : « Général Friant, c’est la récompense de vos beaux et glorieux services. » Et plus familièrement, il ajouta : Mon cher Friant, vous ne prendrez ce commandement qu’à la fin de la campagne ; ces soldats-ci vont tout seuls, et il faut que vous restiez avec votre division, où vous aurez encore de grands services à me rendre. […] Avec des hommes comme Friant, tout honneur, toute simplicité, sans politique, sans raillerie frondeuse, héroïquement utiles et n’ambitionnant pas autre chose, Napoléon n’était resté que le premier des soldats. […] Bientôt après arrive le roi de Rome ; Friant veut se lever, mais l’empereur lui posant la main sur l’épaule : « Restez, général Friant ; de vieux soldats comme nous ne se dérangent pas pour un enfant ; ce n’est pas à vous à donner cet exemple, on me le gâtera assez tôt. » L’impératrice entre alors ; même mouvement du général et de l’empereur qui, cette fois, dit au blessé : « Dans votre position, on ne se lève même pas pour les dames. » Puis se tournant vers l’impératrice, il ajouta d’un ton de considération : « Madame, c’est le général Friant. » En quelque occasion où Friant, parlant de ses fatigues et de la crainte qu’il avait de ne pouvoir suffire à de nouvelles campagnes, rappelait que plusieurs de ses anciens camarades étaient depuis longtemps au repos et pourvus de sénatoreries, l’empereur lui dit : « Friant, de braves gens comme nous doivent rester tant qu’il y a quelque chose à faire. » Je laisse à juger si de tels mots, qui n’ont l’air de rien, séduisaient et confirmaient le cœur10. […] » disait-il à la journée d’Austerlitz, en menant au feu le 15e léger dont les deux tiers étaient détachés ailleurs et qui était réduit à 500 hommes, et le petit 15e se piquant d’honneur fit des prodiges. — Maintenir en belle humeur une troupe de braves au moment où on les force de rester en ligne immobiles sous les boulets, leur rendre de cet entrain qu’on perd aisément à demeurer au feu l’arme au bras, n’est point un talent à mépriser.
Peut-être si le baptiste, à l’autorité duquel il lui aurait été difficile de se soustraire, fût resté libre, n’eût-il pas su rejeter le joug des rites et des pratiques extérieures, et alors sans doute il fût resté un sectaire juif inconnu ; car le monde n’eût pas abandonné des pratiques pour d’autres. […] Jésus s’enfuit dans la montagne et y resta quelque temps seul. […] Beaucoup de vague restait sans doute dans sa pensée, et un noble sentiment, bien plus qu’un dessein arrêté, le poussait à l’œuvre sublime qui s’est réalisée par lui, bien que d’une manière fort différente de celle qu’il imaginait. […] Ce que Jésus a fondé, ce qui restera éternellement de lui, abstraction faite des imperfections qui se mêlent à toute chose réalisée par l’humanité, c’est la doctrine de la liberté des âmes.
Rien qui sentît le collège sacerdotal régulièrement organisé ; les listes des « douze » qui nous ont été conservées présentent beaucoup d’incertitudes et de contradictions ; deux ou trois de ceux qui y figurent restèrent complètement obscurs. […] Jésus, qui tenait fort aux bonnes vieilles mœurs, engageait les disciples à ne se faire aucun scrupule de profiter de cet ancien droit public, probablement déjà aboli dans les grandes villes où il y avait des hôtelleries 830. « L’ouvrier, disait-il, est digne de son salaire. » Une fois installés chez quelqu’un, ils devaient y rester, mangeant et buvant ce qu’on leur offrait, tant que durait leur mission. […] A peine quelques vues sur le Père, le Fils, l’Esprit 845, dont on tirera plus tard la Trinité et l’Incarnation, mais qui restaient encore à l’état d’images indéterminées. […] Seulement, dans le judaïsme, ces créations devaient rester des spéculations particulières et libres, tandis que dans le christianisme, à partir du IVe siècle, elles devaient former l’essence même de l’orthodoxie et du dogme universel. […] Les paroles que je vous dis sont esprit et vie. » Les douze restèrent fidèles, malgré cette prédication bizarre.
Restait donc à savoir, selon lui, comment le son émis par un organe, reçu par un autre organe, passe à l’état de signe abstrait et général, en vertu de la faculté fondamentale du moi, l’absolu, qui tient à notre nature d’être infini ; comment nous obtenons ainsi la série de l’ordre des signes vocaux ou oraux, laquelle se substitue successivement à l’ordre des signes visuels et tactiles. […] Il est un autre reproche sur lequel j’ai besoin de m’expliquer ; c’est celui de n’avoir pas osé m’élever dans la sphère vaste et religieuse par excellence de l’infini, au lieu de rester fixé dans la sphère étroite et funeste du fini. […] « Tant que l’on conserve, comme cela a lieu dans les langues primitives, la double intelligence du sens physique et de son analogie avec le sens intellectuel, les mots restent des peintures à double fonction ; les langues sont figurées et poétiques. […] De Brosses, Court de Gébelin, les étymologistes, s’en sont quelquefois occupés ; mais nous ne possédons rien de complet ni de systématique sur cette partie de la métaphysique du langage : on éclaircirait, par un pareil tableau, d’une manière lumineuse, les recherches psychologiques. » Ce tableau, à mon avis, remplirait la lacune qui existe entre le président de Brosses et Court de Gébelin, mais laisserait subsister la lacune bien autrement importante qui resterait toujours entre ces deux grands grammairiens et Aristote, Kant et Ancillon. […] Mais alors il resterait toujours à trouver la lumière qui fit que l’homme put s’apercevoir une première fois ; le moteur qui dut le porter inévitablement à sortir, une première fois aussi, de lui-même.
Toujours est-il que dernièrement, dans un journal, je l’ai vu rouler, ce nom qui a la condescendance d’être resté féminin, parmi ceux des hommes forts qu’on appelle : la Société des gens de lettres et franchement il avait bien le droit de se montrer parmi eux ! […] Mes conseils de s’arrêter à temps, de rester la femme d’un ou deux livres, et non pas de devenir le bas-bleu de toute une boutique, mes conseils furent emportés comme une digue démolie. […] C’est que cette plume devrait rester sur leurs têtes ; et celle de Mme Claire de Chandeneux n’y est pas restée, non plus. […] Réminiscences qui ne comptent pas ou qui comptent trop, Si on les ôtait de sa pensée et de ses œuvres, que resterait-il à Mme de Chandeneux ?
Voilà pourquoi, jusqu’à l’arrivée des Bourbons, qui introduisirent l’esprit moderne dans cette Péninsule, restée du Moyen Âge, et fermée par ces Pyrénées que Louis XIV abaissa, elle a dans son histoire, cette vieille et étonnante Espagne, des grandeurs de choses qui ressemblent aux mystérieux colosses de l’Égypte, et des grandeurs d’hommes presque aussi indéchiffrables que le Sphinx. […] Philippe II, Charles-Quint, resteront toujours, par un côté, plus ou moins obscurs et inintelligibles, si on n’étudie pas l’Espagne elle-même qui les a produits et si on ne la comprend pas, elle, dans le fond intime de sa propre personnalité. […] … Toutes questions qui restent sans réponse, si on s’en tient à la lettre seule des documents biographiques, mais qui commencent d’en laisser voir une, si on ose éclairer l’individualité de Charles-Quint par l’individualité de l’Espagne. […] Avec l’explication, qu’une Critique historique digne de ce nom aurait hasardée, d’un sacrifice à l’opinion blessée de l’Espagne et dans l’intérêt de sa race, non seulement l’abdication de Charles-Quint devient intelligible, mais encore l’homme qu’il fut à Yuste et qui resterait incompréhensible, si on n’avait pas cette explication ! […] « Ce qui était vrai, dit-il, c’est que, sans se séparer de l’Église orthodoxe à laquelle il restait soumis, Carranza s’était rapproché de la doctrine des novateurs et s’était servi de leurprocédé de démonstration en introduisant dans ses ouvrages le principe de la justification par la foi dans le sauveur Jésus-Christ et en recourant à l’autorité incontestable des livres saints, au lieu d’employer uniquement l’autorité traditionnelle de l’Église. » Si Charles-Quint entra plus tard en défiance contre Carranza et voulut sévir contre les doctrines nouvelles, ce fut à l’instigation du grand inquisiteur Valdez.
Écrit vers 1844, il fit brèche contre les philosophies et les politiques de perdition qui tenaient déjà le mondé et qui le lâchèrent un instant, épouvantées de ce qui restait encore d’âme à la France. […] Combien qui soient restés fidèles à sa mémoire ? […] car ce qui est si mâle doit rester mâle, et on ne féminise pas impunément les sujets virils. […] Pour mon compte, en effet, je suis persuadé, à distance, que si Brucker fût resté le maître de son inspiration personnelle, son livre y aurait extrêmement gagné en composition et en portée… Mais il obéit chrétiennement à une idée qui n’était pas la sienne, souple jusque-là, ce grand esprit, qui pouvait tout par lui-même mais qui était désintéressé de tout, même de la beauté de son livre, et ne voyait rien de plus que ce qu’on lui montrait, — la puissance de son utilité. […] Et, en effet, tant que la Paternité, qui est dans la famille ce que Dieu même est dans l’univers, restera debout dans un seul code ou dans un seul cœur ; — tant que cette Paternité discutée, diminuée, méprisée, imbécillisée comme elle l’est par de lâches tendresses, n’aura pas cependant entièrement perdu la notion de son imprescriptible droit et n’aura pas été remplacée par l’État, ce tyran eunuque qui n’a pas d’enfants !
De tous ces noms de baptême que je viens d’énumérer, le seul qui lui fût resté dans l’habitude était celui de Julie transformé en Juliette, quoiqu’il ne dût jamais y avoir de Roméo. […] Elle fut la même par deux traits essentiels et qui seuls l’expliquent, en ce que jeune, au plus fort des ravissements et du tourbillon, elle resta toujours pure ; en ce que, retirée à l’ombre et recueillie, elle garda toujours son désir de conquête et sa douce adresse à gagner les cœurs, disons le mot, sa coquetterie ; mais (que les docteurs orthodoxes me pardonnent l’expression) c’était une coquetterie angélique. […] Son cœur en était resté là, à ce tout premier printemps où le verger est couvert de fleurs blanches et n’a pas de feuilles encore. […] » Mme Récamier était au supplice ; Mme Bacciochi voulait rester jusqu’à la fin de la tragédie, peut-être à cause de sa sœur Pauline. […] Ce dernier, si je ne me trompe, resta quelque peu touché.
Il m’est arrivé d’exprimer d’un mot cette situation en disant : « M. de La Mennais est, à lui seul, toute une révolution dont je suis resté le girondin. » Après tout, et le premier enthousiasme exhalé, les concessions ensuite et même les complaisances épuisées à leur tour, je redevenais ce que je suis au fond, un critique. […] Je le rencontrai chez l’excellent d’Ortigue qui était resté, bien que catholique, son disciple fidèle ; on me fit diner avec lui ; il m’engagea à le visiter, et je le retrouvai rue Tronchet à son quatrième, tout à fait le même que je l’avais connu autrefois, naturel et affectueux. […] Il est resté pour moi un grand écrivain, un grand et surtout un vigoureux esprit dominé par une imagination forte, et plus que tout encore une âme de douleur, d’angoisse et de tourment.
Il ne manque donc au Voyage de Chapelle et Bachaumont que d’être resté unique. […] L’Huillier était un autre lui-même, s’attacha à donner à son fils la meilleure éducation ; Chapelle étudia au collège des jésuites de la rue Saint-Jacques, où il rencontra Bernier et Molière, et il introduisit auprès de Gassendi ces deux condisciples : tous trois profitèrent diversement des leçons particulières du philosophe, mais ils en restèrent marqués. […] À cette époque d’ailleurs, être de bonne compagnie, c’était se montrer avant tout d’une gaieté franche, spirituelle et amusante (d’où est resté le mot de bon compagnon). […] Ces trois ou quatre points, sur lesquels il veut attirer son attention d’homme à jeun, sont précisément les divers degrés d’impression et de sensation, puis de jugement et de raisonnement, de réflexions générales ; la conception que nous avons du passé, du présent et de l’avenir ; la faculté de retour et de considération interne sur nous-mêmes ; l’invention et la découverte des hautes vérités ; tant de sublimes imaginations des beaux génies, « une infinité de pensées enfin, si grandes et si vastes, et si éloignées de la matière qu’on ne sait presque par quelle porte elles sont entrées dans notre esprit », toutes choses qui restent à jamais inexplicables pour une philosophie atomistique et tout épicurienne. […] Le 18 au matin, nous essuyâmes un coup de vent de l’arrière, qui nous obligea de rester jusqu’à onze, heures du soir sous la misaine.
Mais toutes les circonstances du dehors ont beau être favorables, elles restent vaines lorsqu’on a l’aiguillon au-dedans. […] Enfant du XVIIIe siècle et païen à sa manière, — païen vertueux et innocent, — les scrupules néo-chrétiens, qui de notre temps ont prise sur tant d’âmes jeunes ou vieilles, lui sont restés inconnus et étrangers. […] Andrieux, dont on vient de publier les Œuvres, est un élève de Voltaire, ingénieux, spirituel et sans force ; tel il s’est toujours montré dans ses comédies, dont une seule est restée au théâtre, les Étourdis et dans ses poésies légères. […] Viollet-le-Duc était un homme d’esprit, exact ; délicat, peu fécond, très-occupé d’ailleurs de fonctions administratives, qui avait précédé tout le monde dès le temps de l’Empire dans le goût des vieux auteurs français antérieurs à Malherbe et de la poésie du xvi siècle : le Catalogue qu’il a dressé de sa bibliothèque, et dans lequel il donne un aperçu de chaque auteur de sa collection, est un livre qui restera. […] Chaque jour, après son travail, il arrivait régulièrement chez Mme Récamier vers trois heures du soir, et, après lui avoir fait affectueusement ses politesses, allait s’établir devant la cheminée où il restait immobile comme un sphinx égyptien.
Le peuple, ce matin, nous demandait de rester. Je leur ai dit de la part du roi, qui était à côté de moi, qu’il dépendait d’eux que nous restions ; que nous ne demandions pas mieux ; que toute haine devait cesser ; que le moindre sang répandu nous ferait fuir avec horreur. […] On n’allait pas sans doute à sa perte d’un train égal et continu : il y avait des instants de calme et de bonace, des temps de répit assez longs ; mais, à chaque crise, on restait à la merci du mouvement fatal. […] J’avais besoin de cette assurance pour me décider ; le frisson me restait encore malgré cette affirmation, qui cependant devait être une certitude, vu le caractère de celui qui parlait. […] Je reconnais bien là votre cœur, et je vous remercie de toutes mes forces ; mais, pardonnez-moi, je vous en conjure, si je continue à me refuser à votre conseil de quitter : songez donc que je ne m’appartiens pas ; mon devoir est de rester où la Providence m’a placée et d’opposer mon corps, s’il le faut, aux couteaux des assassins qui voudraient arriver jusqu’au roi.
Je crois bien qu’il est resté le seul. […] Et il est resté, en effet, un mondain. […] Vous connaissez l’histoire de cette bataille littéraire, restée fameuse et restée presque unique. […] Restons-y. […] Il s’agit de deux petites filles qui sont restées orphelines.
Tout est à peu près fini de la société forte qui forçait les femmes à rester chastes d’attitude, quand elles ne l’étaient plus de cœur. […] Si elle était restée femme comme elle était née, ses souvenirs n’auraient jamais quitté son cœur. […] N’est-ce pas là quelque chose d’ignoble et d’affreux dont la mémoire du grand poëte religieux en prose restera éternellement souillée, et que tous les efforts futurs de la Critique et de l’Histoire, qui l’essuieront, ne pourront effacer ! Ceci restera, et c’est le crime du livre d’aujourd’hui.
Et le mourant resta pensif. […] Or, si cela est pour les Juifs négateurs qui se sont dépouillés de leur foi pour se faire des croyances nouvelles, que sera-ce pour ceux qui sont restés fidèles à l’esprit de leur race ? […] Supérieure ou inférieure, il restait avec l’originalité de la sienne. […] Exilé de son pays, ce Louis Wihl, cet ami de Schelling, cet ami de Gutzkow, cet assistant de Heine à sa dernière heure, n’a pas trouvé peut-être dans notre pays le calme qu’il faut pour largement produire, et il est resté avec une tête pleine et des travaux commencés.
Il en est resté cette loi éternelle, que les républiques seront plus heureuses que celle qu’imagina Platon, toutes les fois que les pères de famille n’enseigneront à leurs enfants que la religion, et qu’ils seront admirés des fils comme leurs sages, révérés comme leurs prêtres, et redoutés comme leurs rois. […] Des familles composées de serviteurs, antérieures à l’existence des cités, et sans lesquelles cette existence était impossible Au bout d’un laps de temps considérable, plusieurs des géants impies qui étaient restés dans la communauté des femmes et des biens, et dans les querelles qu’elle produisait, les hommes simples et débonnaires, dans le langage de Grotius, les abandonnés de Dieu dans celui de Pufendorf, furent contraints, pour échapper aux violents de Hobbes, de se réfugier aux autels des forts. […] Ensuite durent venir les fiefs roturiers réels, pour lesquels les vassaux durent être les premiers prædes ou mancipes obligés sur biens immeubles ; le nom de mancipes resta propre à ceux qui étaient ainsi obligés envers le trésor public. […] De là cette maxime qui est restée dans le droit civil : nous ne pouvons acquérir par une personne qui n’est point sous notre puissance, per extraneam personam acquiri nemini .
Ce mot du stoïcisme ou de l’indifférence resta le proverbe du superbe égoïsme du grand homme en Allemagne. […] La douce illusion s’en va avec le voile et la ceinture ; la passion disparaît ; puisse l’amour rester ! […] restez, restez dans cette ville ! […] Les dieux s’en vont, mais les moqueurs restent ; la littérature du sarcasme remplace la littérature du génie. […] Que manque-t-il à l’Italie pour devenir indépendante et pour rester libre ?
Ballanche était resté à Lyon. […] Bossuet avait écrit de la controverse et de l’histoire théologique ; il restait à faire ce qu’a fait Audin. […] Homme du monde par les extériorités de sa vie, Audin semble être resté prêtre par le centre, par l’esprit et par le savoir. […] Il y avait alors plus de honte à y rester que de regret à en partir. […] Si ce fut une douleur pour son âme, elle resta entre lui et Dieu.
Il devait rester au même endroit de toute éternité. […] De cette époque il ne reste et ne peut rester aucun monument écrit. […] En cas de divorce les enfants restaient avec le père, même les filles. […] La royauté leur fut donc déférée sans conteste et resta héréditaire dans leur famille. […] Les lois restèrent longtemps une chose sacrée.
Elle fut vendue sous son véritable nom au duc de Valentinois, qui en fit présent à la duchesse de Mantoue, où elle est restée depuis, plus admirée qu’une œuvre antique. […] Michel-Ange passa huit mois dans les montagnes de Carrare, ébloui des masses et de l’éclat du marbre où il taillait en imagination des poëmes de pierre, restés faute d’argent et de temps dans les grottes de Carrare. […] Michel-Ange y avait perdu son temps, sa fortune et ses yeux ; sa vue resta plusieurs années affaiblie par l’attitude forcée de la tête, qu’il avait dû renverser en peignant la voûte. […] Elle avait juré de rester veuve à trente-cinq ans, quoique dans la fleur de sa beauté et de sa vie, convoitée par tous les princes de l’Italie. […] Ils sont restés inédits jusqu’en 1860.
Il eut là un moment de pureté encore, d’enthousiasme, mais aussi d’effort sur lui-même, qui lui laissa un vif et parfait souvenir : Je restai donc enthousiaste, dit-il. […] Metz et la province des Trois-Évêchés, de même que l’Alsace et la Lorraine, malgré leur réunion politique au royaume, étaient restés assimilés à l’étranger en ce qui était du commerce ; de telle sorte que leurs communications, libres du côté de l’Allemagne, étaient aussi entravées que celles des Allemands mêmes du côté de la France. […] Il resta pur de toute pensée et de toute ambition factieuse. […] Caché après le 10 Août jusqu’à ce qu’on eût levé le scellé mis sur ses papiers, il resta quelque temps en prudence et ne se montra point. […] En tête de cette traduction, restée manuscrite, il disait (janvier 1794) : J’entreprends la traduction de ce livre (De Cive) sans savoir si j’aurai le temps ou le courage ou la volonté de le finir.
Je ne l’ai pas négligée, quoique je sois resté à Villars. […] Même quand il eut tout le loisir, il n’eut jamais le recueillement ; son esprit, de tout temps, resta partagé. […] Mais, même lorsqu’il fut devenu ce qu’il n’aurait pu dans aucun cas s’empêcher d’être, le roi des poètes de son temps et le chef du parti philosophique, même alors Voltaire avait des regrets et des habitudes d’homme de société, d’auteur de société, et qui n’aurait voulu rester que cela. […] Cette période de la vie de Voltaire, ces trois années d’étude et de silence, où il entra n’étant que le libertin du Temple et le plus charmant homme de société, et d’où il sortit homme et philosophe, sont restées assez obscures et mystérieuses, précisément parce qu’il les passa dans le silence. […] Nous en resterons donc, pour sa disposition d’esprit en cette heure pour lui si sérieuse, sur cet unique témoignage, cette lettre adressée à Thieriot qui se trouve dans la correspondance générale, et où se lisent ces nobles paroles : Je suis encore très incertain si je me retirerai à Londres : je sais que c’est un pays où les arts sont tous honorés et récompensés, où il y a de la différence entre les conditions, mais point d’autre entre les hommes que celle du mérite.
On vous accréditera auprès de lui à cet effet ; vous n’aurez point d’autre ordre. » L’arrivée de Ney dispensa de cette combinaison, et Napoléon n’eut qu’à rester. […] Il aurait fallu, pour me remettre, un repos de plusieurs années ; mais, quand l’Europe doit changer de face, un homme qui a du zèle et de l’honneur ne peut pas rester oisif ; j’ai donc persisté à remplir mes devoirs. […] — Je dois m’y attendre ; mais ma position est telle, que l’empereur Napoléon lui-même serait en droit de me reprocher de rester à son service, s’il connaissait exactement cette position. […] Il faillit y rester. […] Je demande pardon de tant insister, mais la vie, la carrière du général Jomini, de « cette perle des officiers d’état-major », comme je l’entends appeler par un bon juge, est restée pour beaucoup une énigme et un problème.
Le guet-apens de Bayonne s’exécuta à point nommé comme il l’avait résolu : le vieux roi et son fils, amenés avec astuce dans le piège, y restèrent. Mais la nation aussi restait derrière eux, et à cette nouvelle soudaine, par une sorte de commotion électrique, l’Espagne tout entière se leva. […] Le troisième exemplaire, destiné à la Haute Cour impériale (laquelle ne fut jamais organisée), était resté aux mains de M. […] Laissons de côté ce qui tient à la grandeur d’imagination et de poésie : le grand rôle politique définitif restera aux Pitt et aux Wellington, à ces opiniâtres temporisateurs. […] Combien je me trouverais heureux d’aller planter mes choux, si toutefois les choses doivent rester dans l’état où elles sont !
à la tête de qui on jetait de ces montagnes et de ces blocs erratiques qui vont rester sur sa mémoire ! […] Malgré le talent dont il éclate, il restera probablement incompréhensible à ceux-là qui cherchent dans l’Histoire des faits à la taille de l’humanité, de ces faits parfaitement incapables de déconcerter le train-train ordinaire de leurs petites facultés. […] Mais, comme on prend le taureau par les cornes, quand on n’en a pas peur et qu’on se fie à sa force, il a pris les Saints par leur auréole pour nous les montrer mieux et cela lui a porté bonheur, car il semble qu’il lui soit resté sur les mains de l’or pur de leur auréole ! […] Le surnaturel, auquel il croit avec tant de force, n’a transfiguré que son talent, mais l’homme et l’écrivain sont restés sur leurs bases humaines. […] Je disais plus haut qu’il était resté dans ce livre sur ses bases humaines.
Mais l’ouvrage, arrivé à ce tome 12e et au xiie siècle, et n’étant plus soutenu par la pensée active du fondateur, était resté interrompu durant près de cinquante ans, lorsque l’Institut le reprit sous l’Empire. […] , très laïques, et pourtant restés à demi bénédictins par l’étude, poursuivre scrupuleusement le plan de dom Rivet leur devancier, l’accepter dans toute son étendue et le remplir avec exactitude. […] Tous ceux de la nation dont on a connaissance et qui ont laissé quelque monument de littérature, y trouveront place, tant ceux dont les écrits sont perdus, que ceux dont les ouvrages nous restent, en quelque langue et sur quelque sujet qu’ils aient écrit. […] Tout se passait donc au mieux pour Renart : le roi penchait à la paix, et Ysengrin, tout dolent, ne sachant plus comment s’en tirer avec sa colère, restait assis à terre entre deux bancs, sa queue entre les jambes, lorsqu’un coup de théâtre vient tout changer. […] [NdA] Glaine, gallina, geline ; le mot est resté en picard.
Le fromage vient de tomber devant celui qui le convoite, mais qui va rester immobile : « Le friand lascif frémit et brûle, et frissonne tout entier de convoitise (ces deux vers dans le texte sont pleins d’expression) ; mais il n’en touche une seule miette, car encore, s’il peut en venir à bout, voudrait-il bien tenir Tiècelin. » Tout son art alors est d’attirer le Corbeau lui-même et de lui persuader de descendre. […] Comme le sujet resta longtemps en circulation, il est évident que les esprits satiriques du temps y virent un cadre commode au dénigrement, et qu’ils y embarquèrent petit à petit toutes sortes d’audaces. […] Il n’est pas bon, même quand on étudie le passé, de rester sur ces impressions décourageantes, et je veux indiquer l’antidote après le poison, un poème d’honneur et de courage en face de ce tableau d’hypocrisie consommée et de rouerie impudente. […] Quand tout changeait autour d’elle et que la littérature à la mode se surchargeait de vaines recherches d’école, l’Armorique un peu arriérée et cantonnée restait fidèle à la vieille forme poétique comme aux vieilles mœurs ; elle restait surtout fidèle à ce courage qui est toujours prêt en France à renaître et à sortir quelque part de terre, quand les grands raisonneurs disent qu’il a disparu. […] Tous les Lacédémoniens étaient morts ou mortellement blessés ; deux Argiens seuls restaient debout, et, dans leur empressement, ils coururent à Argos annoncer leur victoire.
À Versailles, à deux pas de la Cour, Ducis resta de tout temps un homme de la Savoie, au cœur d’or, aux vertus de famille, sans un jour de désordre ni d’oubli dans les mœurs, chrétien, catholique, pratiquant, aimant à faire des tournées de campagne dans les presbytères des bons curés des environs, et passant de là sans discordance au théâtre, se souvenant de son pays originaire, du village de Hauteluce (Alta lux) voisin du ciel, et, les jours de fête, s’inspirant, dans sa pieuse vision, du désert de la Grande-Chartreuse et des abeilles de la montagne. […] Que leur resterait-il s’ils n’avaient pas d’aïeux ? […] Il conduisit ses deux filles à l’une des représentations, et il disait dans sa verve d’enthousiasme, en les voyant pleurer : « Si elles n’avaient pas fondu en larmes, je les aurais étranglées de mes mains. » C’est là un mot à la Diderot ; Ducis, sans s'en douter, a beaucoup d’un Diderot resté innocent et vertueux. […] La Révolution, en approchant, le prit dans son mouvement et lui souffla de son ardeur ; il était très lancé à certains égards, bien qu’il restât inébranlable sur le chapitre de la foi religieuse et de l’orthodoxie. […] Campenon, m’est toujours restée dans l’esprit à l’état d’image charmante ; et, comme un peu de malice n’est pas défendu, ce qui ajoute, pour moi, à la grâce de cette petite scène, c’est de voir M.
Cousin s’est enfoncé dans l’érudition, dans la philologie, dans la bibliomanie, dans les goûts d’antiquaire, et il y est resté. […] C’est une gloire d’avoir réuni tant de mérites et composé des monographies qui resteront. C’est une gloire plus rare encore d’être resté homme de goût, homme éloquent, amateur d’idées générales, parmi des détails si insipides et des argumentations si sèches. […] La Nature nous jette au hasard dans le temps et dans l’espace ; et pour un qui se développe, il y en a mille qui avortent, ou qui restent à demi formés. […] Cousin, pour y atteindre, avait besoin de s’exalter ; Bossuet restait maître de lui-même au plus fort de son éloquence ; M.
Dans les choses tout à fait essentielles à l’État, si un accident imprévu cause une ruine, si une des poutres qui soutiennent l’édifice s’écroule, il vient un moment où le besoin absolu qui se fait sentir à tous peut amener une réparation ; mais dans l’ordre délicat, en ce qui touche les intérêts de l’esprit, les ruines une fois faites, par le temps qui court, ont grande chance de rester des ruines, et, quand la société a tant à lutter pour subvenir au strict nécessaire, il peut arriver que le jour de la réparation se fasse longtemps attendre pour le superflu. […] Ces hommes-là, ces grands artisans de la civilisation, sans lesquels on en serait resté pendant quelques siècles de plus aux glands du chêne, Virgile les a placés au premier rang, et à bon droit, dans son Élysée ; il nous les montre à côté des guerriers héroïques, des chastes pontifes et des poètes religieux, Inventas aut qui vitam excoluere per artes. […] Un petit nombre de choses anciennes sont restées debout en France à travers nos révolutions périodiques, et plus que périodiques ; de ce nombre est ce qu’on appelle si justement la Comédie-Française. […] La Comédie-Française avait trop marqué pour rester inviolable et innocente ; elle fut atteinte et frappée. […] Jamais les grands talents qui se sont égarés depuis ne se seraient permis de telles licences, s’ils étaient restés en vue de ce monde-là.
Nous ne connaissions point jusqu’à présent de genre classique ; nous appelions auteurs classiques ceux qui ont fixé la langue, et qui font autorisé sous ce rapport ; ensuite, par extension, nous donnions encore le nom de classiques aux auteurs qui sont restés fidèles au génie de la langue et à toutes les convenances de notre littérature nationale. […] Sans cette lyre d’or les peuples de la Thrace seraient restés sauvages, et les murs de Thèbes ne se seraient jamais élevés. […] Dieu et ses attributs, l’homme et ses facultés resteront toujours des objets mystérieux ; les bases de toute société échapperont également au flambeau indiscret de la raison humaine. […] Sans doute, dans tous les ouvrages de Bossuet, l’esprit resterait étonné par un style vif, énergique et pittoresque ; par la grandeur des images et la hardiesse des figures ; par ce quelque chose de rude et de heurté d’un fier génie pour qui la faible langue des hommes est une condescendance de la pensée, car le feu de sa pensée, à lui, s’allume dans une sphère plus élevée. […] C’est, il faut l’avouer, que nous n’habitons plus la même sphère d’idées et de sentiments ; et, s’il en est encore parmi nous qui soient restés citoyens de la vieille patrie, ceux-là n’ont plus que des sentiments solitaires, qui ne peuvent ni se communiquer ni se propager.
Les Bas-bleus (Blue stockings), ainsi nommés, à Londres, du temps de Pope, pour dire des femmes qui, de préoccupation intellectuelle, en étaient arrivées à ne plus faire leur toilette et qui portaient des bas comme tous les cuistres d’Angleterre, sont restés imperturbablement ce qu’ils étaient, du temps de Pope. […] Elles touchèrent au bas-bleuisme, mais leurs bas restèrent toujours de soie, blanche ou rose… D’un autre côté, qu’une femme comme Mlle de Sévigné écrivît, si elle le pouvait, de charmants commérages à sa fille, ou comme Mme d’Aulnoy, des contes délicieux pour des enfants, ce n’étaient pas là non plus des Bas-bleus encore. […] Mme de Staël qui commence le siècle, Mme de Staël qui avait pour Napoléon une haine de femme dédaignée, et qui, naïvement, se croyait, en femme, ce que l’Empereur était, en homme, Mme de Staël avait devancé et deviné Saint-Simon avec son pape et sa papesse égalitaires… Quoique mort sans papesse, en effet, le saint-simonisme en marqua la place dans sa hiérarchie ; et par cela seul qu’il la marqua, il fut tout de suite et il est resté une des causes les plus actives du remue-ménage qui s’est produit dans l’esprit et la vanité des femmes de ce temps, enragé de tous les genres d’émancipation. […] Ce fut à dater des romans de Sand qu’on vit pulluler toutes sortes de livres en prose et en vers, écrits par des plumes féminines sur l’inégalité des conditions entre l’homme et la femme, et que le bas-bleu apparut, — le véritable bas-bleu, bien autrement foncé qu’en Angleterre, où le mariage, — une sauvegarde contre le bas-bleuisme, — est resté en honneur et où le mari s’appelle Lord encore… Comme il est beaucoup plus aisé de changer d’habit que de sexe, jamais, autant qu’en ce temps-là, on ne vit plus de femmes en habit d’homme, comme l’avait fait Mme George Sand, dont la redingote de velours noir, illustrée par Calamata, fut célèbre et qui s’appela longtemps George Sand tout court (le voyou, comme elle le disait elle-même dans ses Lettres d’un Voyageur) ; George Sand qui devait redevenir Mme Sand et presque Mme Dudevant dans sa vieillesse, — quand le terrible coup de locomotive de la vieillesse passe sur toutes les prétentions et les rafle, et qu’on acquiert la preuve alors qu’on n’était, de toute éternité, qu’une femme et que l’homme qu’on croyait faire n’a jamais dépassé le gamin ! […] Elles restent donc incommutablement femmes, quand elles se montrent le plus artistes ; et les arts mêmes dans lesquels elles réussissent le mieux, sont ces arts d’expression qu’on pourrait appeler des arts femmes.
Entrés Barbares au cœur de l’Empire, ils y restaient ou ils en ressortaient Romains. […] Si les Germains, en se culbutant les uns sur les autres, entrèrent dans l’Empire, ils n’y restèrent point par leur propre force, ce qui est le fait et le caractère de toute conquête. Ils n’y restèrent et ne s’y établirent qu’à la condition de devenir plus ou moins Romains, d’accepter la loi Romaine, de devenir des fonctionnaires de l’Empire. […] Quant à l’Empire Romain, que les Barbares ne détruisirent pas, ce fut lui qui se frappa lui-même en accordant à l’importunité des Germains qui le servaient la juridiction civile avec le gouvernement militaire, qui auraient dû rester dans des mains romaines. […] La Gaule romanisée resta l’égale de la société franke dans sa législation et dans ses mœurs.
Sous la première inspiration des chants guerriers recueillis par Lacédémone comme par Athènes, la poésie, dans sa forme élégiaque et lyrique, restait la conseillère des peuples, et, après les oracles, la première voix qu’ils écoutaient. […] Jugez vous-même, lecteur, par ce fragment conservé dans les pages d’un moine de Byzance : « Jusques à quand restez-vous abattus76 ? […] Sa tombe et ses enfants restent glorieux parmi les hommes, et les enfants de ses enfants et sa postérité. […] Et vous, jeunes vélites, çà et là tressaillant sous vos boucliers, combattez, lancez de forts cailloux ; et, dardant vos flèches légères, restez près du bataillon de vos hommes d’armes. » Vraie poésie lyrique du patriotisme et du courage, qu’un grand écrivain de nos jours compare à la Marseillaise ! […] Des vingt-six livres de poésies que ce grand lyrique avait composés, il est resté seulement quelques vers épars, trop isolés pour offrir autre chose que des échantillons d’élégance verbale et d’harmonie.
Ce succès leur montrait que la Nature obéit à des lois ; il ne leur restait plus qu’à savoir à quelles lois ; pour cela, ils n’avaient besoin que de patience, et ils avaient le droit de demander que les sceptiques leur fissent crédit. […] Mais comment n’a-t-il pas compris que ce qui restait à faire n’était pas moins considérable et ne serait pas moins profitable ? […] Tout d’abord, on a reconnu la nature du Soleil, que le fondateur du positivisme voulait nous interdire, et on y a trouvé des corps qui existent sur la Terre et qui y étaient restés inaperçus ; par exemple, l’hélium, ce gaz presque aussi léger que l’hydrogène. […] Mais bornons nos regards à des horizons moins lointains, il nous restera encore des promesses moins aléatoires et bien assez séduisantes.
Tous sont restés obscurs ; car il paraît que les quatre personnages qui sont donnés comme ses frères, et parmi lesquels un au moins, Jacques, est arrivé à une grande importance dans les premières années du développement du christianisme, étaient ses cousins germains. […] Nul doute que Marie n’ait été là presque tous les jours, et n’ait pris rang, l’urne sur l’épaule, dans la file de ses compatriotes restées obscures. […] Si jamais le monde resté chrétien, mais arrivé à une notion meilleure de ce qui constitue le respect des origines, veut remplacer par d’authentiques lieux saints les sanctuaires apocryphes et mesquins où s’attachait la piété des âges grossiers, c’est sur cette hauteur de Nazareth qu’il bâtira son temple. […] , XIII, 55 — Marc, VI, 3, à la place des noms des vrais frères, restés toujours obscurs.
Elle fut quelqu’un, et même elle est restée quelqu’un ! […] En parlant de l’ancien régime, il en a pris la grâce, cette grâce avec laquelle ce pauvre ancien régime, à qui il ne restait plus que cela, est tombé comme le gladiateur ! […] Mais le ton, — je ne sais pas si je me trompe, séduit par ce bonheur d’expression du livre et par le charme de Frédéric Masson, — je le trouve bien près d’être exquis… Cette histoire, faite de détails familiers et intimes, est une histoire domestique du marquis de Grignan ; mais cette histoire, au fond très touchante, si on veut bien y réfléchir, est, comme je l’ai dit, l’histoire, sous le nom de Grignan, de toute la malheureuse noblesse de France, descendue de sa hauteur féodale, et se pressant, avec un incroyable amour, — un amour de race, — autour de cette Royauté qui l’a frappée un jour avec la hache de Richelieu, mais qui n’avait pas fait couler avec son sang ce vivace royalisme qu’elle avait au fond de ses veines… Il en était resté, et Louis XIV, le vampire de cette noblesse et qui se nourrissait de ses richesses et de son sang, ne l’épuisa pas. […] Il fallait qu’on s’enversaillât, — comme disait « le vieux hibou hagard, né entre ses quatre tourelles », le vieux marquis de Mirabeau qui, lui, était resté un féodal.
Les provinces annexées aux États du prince nouveau, dit-il, ne peuvent y rester longtemps attachées tant que la race de leurs anciens souverains n’est pas éteinte. […] Ce livre du Prince n’en restera pas moins le texte d’une éternelle et équivoque controverse entre les amis et les ennemis de la morale politique. […] On permet aux Lombards vaincus de rester dans l’Italie septentrionale, la Lombardie ; des délégués des empereurs d’Occident gouvernent légalement la Toscane, l’Étrurie et les Romagnes. […] Excepté la place, que restait-il de l’Italie romaine ? […] L’aristocratie et la bourgeoisie simulèrent l’enthousiasme ; le peuple, étonné, murmura et resta en observation hostile contre le carbonarisme.
Je l’espère, et tandis que je nourris de cet espoir le misérable reste d’existence dont je désire vivement voir le terme, la chère mémoire d’André restera toujours gravée dans mon esprit et dans mon cœur. […] Alors, avec la rapidité de l’éclair, et sans lui accorder aucun répit, on le traîna jusqu’à Grenoble, où il ne resta prisonnier que onze jours, parce que la piété du peuple inspirait des craintes au gouvernement. […] Je lui dis donc : “Sire, si je fusse resté dans ce poste, j’y aurais fait mon devoir.” […] Après avoir ainsi parlé pendant un temps assez long, et se trouvant près de moi, dans ses allées et venues, il s’arrêta, puis répéta une seconde fois : “Non, si vous étiez resté dans votre poste, les choses ne seraient pas allées aussi loin.” […] On peut dire qu’il était resté jeune jusqu’à soixante-sept ans, âge où un chagrin de son cœur fut plus fort que la fermeté de son esprit, et où la mort de son ami le tua.
Restait à lui donner l’attitude, les mœurs et l’âme d’une royauté. […] De grandes valeurs restent groupées sur ce nom. […] Byron restera remarquablement étranger à Hugo. […] Elle est restée égale et pure. […] Hugo est resté l’ouvrier poète.
Restons, chacun dans notre naturel, ne forçons point notre talent. […] Penser naturellement c’est rester dans la singularité d’esprit qui nous est échue. Or, qui, plus que Marivaux, est resté dans la singularité de son esprit ? […] Les uns et les autres ils en sont restés là de notre littérature passée. […] Marivaudage est resté, parce qu’en effet Marivaux est resté. » Ainsi parlait mon maître, au nom même de la nature !
Ma mère, qui est restée à Schlangenbad, me l’envoie. […] Aujourd’hui, c’est autre chose ; j’y suis restée une heure et demie. […] Envoyez mon ombrelle blanche ; elle est, je crois, restée à Nice. […] D’ailleurs, si vous êtes olympique, si vous êtes devenu bourgeois, restez chez vous, car vraiment vous me remplissez d’un saint effroi et je resterais sotte. […] Et si vous restez trop longtemps à Pétersbourg, envoyez-moi ça.
Enfin, voici deux autres diplomates, hommes très distingués, mais à des titres très différents ; car Donoso Cortès, ce Joseph de Maistre espagnolisé, ce Joseph de Maistre de profond devenu sonore, est plus près de la gloire, cette fille du vulgaire, que le comte Racsynzki, qui est resté toute sa vie dans la haute et mystérieuse sphère de son action, d’où l’on veut le descendre dans le jour commun de la publicité. […] Les gouvernements, qui se jalousent et qui se craignent, restent les uns en face des autres avec des sentiments ou des ressentiments contenus par des prudences inquiètes… et les corps diplomatiques demeurent entre eux, croupissant dans une immobilité d’observation que leurs Correspondances attestent. […] Mais, malgré son mérite et peut-être à cause de son mérite, le livre était resté aristocratiquement inconnu… Et il en serait de même de la personne de son auteur sans la publication du comte Adhémar d’Antioche, qui a la prétention de le faire connaître. […] Alors aussi la Critique n’aura plus devant elle, comme aujourd’hui, ce tas de livres, faciles à bâcler avec des correspondances et des confidences tirées de l’oubli dans lequel elles pouvaient rester.
Cet homme-ci se soulageait de sa pensée… Son livre, c’est toutes les idées portées cinquante ans dans sa tête et bloquées dans ces trois gros volumes, probablement pour y rester. […] pour y rester… Tel que le voilà, c’est un livre, je n’en doute pas, absolument incompréhensible à l’esprit moderne, ce jeune sot qui a présentement le mépris de tout ce dont le vieux bonhomme que voici a l’admiration et le respect. […] Mais il n’en est pas moins vrai que l’auteur des Ruines a l’honneur d’avoir avec eux la fraternité des idées et une parenté d’intelligence… Ce Revelière inconnu, et qui, dans l’égarement universel de la raison, a grande chance de rester inconnu, est un esprit d’une force rare, toujours, dans la pensée, et souvent dans l’expression, mais il est moins près de ces hommes profonds et sans égaux que d’un autre homme de leur temps, un autre observateur politique trop oublié et qu’il rappelle, ce Mallet-Dupan qui, lui aussi, préjugea la Révolution française dès son origine, et dont le préjugé eut parfois toute la justesse d’un jugement… L’auteur des Ruines est une espèce de Mallet-Dupan après la lettre, la terrible lettre de la Révolution ! […] III Elle est morte, en effet, — le cœur peut en saigner, — mais elle est morte à jamais, pour qui a le sentiment des réalités de l’Histoire… Aux yeux de ceux qui savent ce qui constitue la personnalité et l’identité d’un peuple, il faut, pour qu’il se sente toujours vivant, qu’il ait pu rester, sinon tout entier, au moins en partie, dans le principe de sa vie et de sa durée.
Faust a résisté ; Faust, cette Idée et cette Forme chrétiennes, qui a poussé comme la fleur d’un merveilleux terrible dans le plus profond de l’imagination du Moyen Age, est resté Faust dans le poème de Bouchor. Il est resté le vieux Faust intraitable, immaniable, impossible à déchristianiser, car voilà ce qu’ils voudraient faire, les poètes de l’impiété moderne, les chanteurs de l’Athéisme et de la Négation ! […] Elle a mieux fait ; elle a fait comme le chêne du Crotoniate, qui se referma sur les mains qui l’avaient fendu et qui le força de rester ainsi sous la dent des loups. […] L’eau du baptême, pour lui comme pour presque tous les impies de ce temps, qui ne s’en doutent pas, a ruisselé de sa tête jusque dans le fond de son cœur… et elle est restée dans cette citerne profonde.
Le maréchal en rendit compte à l’Empereur, en demandant l’autorisation de faire dans l’occasion des exemples sévères. » Mais, avant d’en venir à la répression exemplaire, que d’excès, que d’horreurs restent en deçà ! […] Cependant Ney, qui, avec Bernadotte, formait la gauche de l’armée, ne pouvait rester immobile. […] L’aide de camp, arrivé après mille traverses, n’y resta qu’un jour, et l’Empereur le renvoya à Ney le 18 avec le colonel Jomini, chargé d’une mission particulière et verbale pour le maréchal. […] Ayant reçu l’ordre de rester à Eylau, je passai la nuit couché sur une planche et mon cheval attaché à une charrette, sellé et bridé. […] Restait la difficulté de savoir quelle route suivre.
Mais quand la pensée et l’âme y tiennent la place qui convient à ce nom d’amour, quand les souvenirs déjà anciens et en mille façons charmants se sont mêlés et pénétrés, quand les cœurs sont restés fidèles, un accident, une froideur momentanée ne sont pas irréparables. […] Le printemps venait de l’emmener dans une terre assez éloignée avec sa tante, lorsque M. de Murçay, qui était resté à Paris jusqu’à la terminaison de l’affaire, arriva une après-midi de mai pour leur en annoncer le résultat. […] » dit-elle, et elle montra du doigt une lettre qu’elle venait de recevoir, et qui était restée entrouverte sur le banc du berceau. […] lui dit-il ; partez, restez, vous avez ma vie ! […] vous ne restez pas !
Dans les premiers, dits mouvements euclidiens, les droites euclidiennes restent des droites euclidiennes, et les droites non-euclidiennes ne restent pas des droites non-euclidiennes ; dans les mouvements de la seconde sorte, ou mouvements non-euclidiens, les droites non-euclidiennes restent des droites non-euclidiennes et les droites euclidiennes ne restent pas des droites euclidiennes. […] Les théorèmes de l’Analysis Situs ont donc ceci de particulier qu’ils resteraient vrais si les figures étaient copiées par un dessinateur malhabile qui altérerait grossièrement toutes les proportions et remplacerait les droites par des lignes plus ou moins sinueuses. […] On a dit souvent que la géométrie métrique était quantitative, tandis que la géométrie projective était purement qualitative ; cela n’est pas tout à fait vrai : ce qui distingue la droite des autres lignes, ce sont encore des propriétés qui restent quantitatives à certains égards. […] Nous arrivons donc à savoir si la position relative d’un objet par rapport à notre corps est ou non restée la même.
Et cela ne veut nullement dire qu’il n’ait été très loin du premier coup, puisque c’est à l’ampleur du saut qu’il doit d’avoir été remarqué, ni qu’observateur né, s’il en fut, et sachant tirer des choses tout ce qu’elles peuvent en apprendre à qui est spécialement conformé pour en condenser le sens, dans son esprit, en formules d’une généralisation savante, il n’ait révélé une intelligence extraordinairement précoce, et ouverte à un degré d’universalité, si tant est que, comme il arrive fatalement aux natures compliquées, cette intelligence est restée passive, en ce qu’elle a reçu et démêlé, sans que, par spécialisation de génie, elle ait réussi à créer par là-dessus. […] Bourget, si large qu’elle ait été en fait, n’en est pas moins restée négative au regard du progrès philosophique ou même simplement moral, et, vraisemblablement, parce que, de plus en plus portée à voir et à interpréter, elle pouvait d’autant moins aider à la réflexion transcendantale. […] Bourget n’ait pas pu s’engager dans le rocailleux domaine philosophique ; mais, en revanche, on n’en restera que plus surpris de son aptitude naturelle à y incursionner ; et l’on sera enfin bien tenté d’attribuer à la nouveauté d’une telle somme de contrastes, le fait que l’on n’ait pas hésité à le proclamer un penseur subtil et profond, un logicien persuasif, un poète émouvant, un artiste, et, par surcroît, un charmeur. […] France n’en témoigne pas moins de vouloir rester, à part lui, le sceptique imperturbablement indulgent de L’Orme du mail, du Mannequin d’osier et de L’Anneau d’améthyste, à cela près qu’il semble plus naturel et plus aisé. […] Au contraire, tout en sentant qu’il devait moralement y perdre, mais pour la piquante saveur du geste qui devait en résulter, il se laissa aller si voluptueusement, devant les choses, à son goût de n’en saisir que le défaut, que ce fut miracle si, en en décrétant l’étrange et manifeste irrespectabilité, il lui resta encore assez de cœur pour en amuser seulement sa chère âme conciliatrice.
Il ne lui restait plus qu’à choisir entre un coup de pistolet et l’Amérique : il choisit l’Amérique. […] » Je restai interdit. […] C’était par saccades qu’il lisait : la grand-poche le préoccupait visiblement, — et sa main y multipliait les voyages, si bien qu’elle finit par rester au fond. […] (Je traduis, pour rester à la portée des bonnes d’enfants qui n’ont pas été élevées à Saint-Denis.) […] Que sera et que restera éternellement Toulouse ?
Le bon Soldat, le Baron de la Crasse, sont les seules Comédies de Poisson qui soient restées au Théatre, mais elles ne sont pas les seules qu’on puisse lire avec plaisir. Un autre Poëte comique de ce nom, petit-fils du précédent, a eu le même succès ; deux de ses Pieces, le Procureur arbitre, & l’Impromptu de Campagne, sont pareillement restées au Théatre.
Retirée dans une maison qu’elle avait à Meudon, il ne tenait qu’à elle d’y rester, lorsque le matin du 2 septembre, elle reçut un mot d’avis d’une dame anglaise de ses amies, qui l’engageait à revenir à Paris, parce qu’elle pourrait y être fort utile à un malheureux. […] Il me parut très impressionné de cette mort, et il avait fait, me dit-il, tout ce qui était en son pouvoir pour l’empêcher… Il resta quelque temps avec moi ; il était triste et dit que les révolutions devaient être très bonnes et très utiles pour nos enfants, car elles étaient vraiment terribles pour ceux qui en étaient témoins et qui les subissaient. […] Le roi en a mal usé toute sa vie avec lui ; mais il est son cousin, et il feindra une maladie pour rester chez lui, samedi, jour de l’appel nominal qui doit décider du sort du roi. » — « Alors, monseigneur, dis-je, je suis sûre que vous n’irez pas à la Convention mercredi ; je vous en prie, n’y allez pas. » Il répondit qu’il n’irait certainement pas, qu’il n’en avait jamais eu le projet, et il me donna sa parole d’honneur qu’il ne s’y rendrait pas ce jour-là, ajoutant que, quoique, selon lui, le roi eût été coupable en manquant de parole à la nation, rien ne pourrait le contraindre, lui, son parent, à voter contre Louis XVI. […] À cette époque, le duc de Biron n’avait ni maison ni domicile à Paris ; il avait été dénoncé à l’armée par un des généraux révolutionnaires nommé Rossignol… Le duc, qu’on nommait alors le général Biron, était venu se disculper auprès du ministre de la guerre, et il logeait, pour le peu de temps qu’il devait rester à Paris dans cet hôtel garniu. […] Les Mémoires s’arrêtent à ce moment voisin du 9 thermidor et sont restés inachevés.
Nul, en s’émancipant, n’y est resté plus fidèle que M. […] Taine, pour toute faveur et après des interventions sans nombre, obtint d’être envoyé à Nevers d’abord, comme suppléant de philosophie, — il y resta quatre mois, — et ensuite à Poitiers, comme suppléant de rhétorique ; il y resta quatre autres mois. […] Taine aima donc mieux rester à Paris étudiant ; mais quel étudiant ! […] Leur force active cérébrale est restée intègre. […] Nous tous, partisans de la méthode naturelle en littérature et qui l’appliquons chacun selon notre mesure à des degrés différents18, nous tous, artisans et serviteurs d’une même science que nous cherchons à rendre aussi exacte que possible, sans nous payer de notions vagues et de vains mots, continuons donc d’observer sans relâche, d’étudier et de pénétrer les conditions des œuvres diversement remarquables et l’infinie variété des formes de talent ; forçons-les de nous rendre raison et de nous dire comment et pourquoi elles sont de telle ou telle façon et qualité plutôt que d’une autre, dussions-nous ne jamais tout expliquer et dût-il rester, après tout notre effort, un dernier point et comme une dernière citadelle irréductible.
Sir Henry Bulwer, homme d’État et étranger, moins choqué que nous de certains côtés qui ont laissé de tristes empreintes dans nos souvenirs et dans notre histoire, a jugé utile et intéressant, après étude, de dégager tout ce qu’il y avait de lumières et de bon esprit politique dans le personnage qui est resté plus généralement célèbre par ses bons mots et par ses roueries ; « L’idée que j’avais, dit-il, c’était de montrer le côté sérieux et sensé du caractère de cet homme du XVIIIe siècle, sans faire du tort à son esprit ou trop louer son honnêteté. » Il a complètement réussi à ce qu’il voulait, et son Essai, à cet égard, bien que manquant un peu de précision et ne fouillant pas assez les coins obscurs, est un service historique : il y aura profit pour tous les esprits réfléchis à le lire. […] Talleyrand est donc rentré en France sous le Directoire ; l’ancien constituant a été amnistié, et mieux qu’amnistié ; mais du moment qu’il a remis le pied dans Paris, ce n’est pas pour y rester observateur passif et insignifiant : partout où il est, il renoue ses fils, il trame, il intrigue ; il faut qu’il soit du pouvoir, et il en sera. […] Il parut à toutes, mais y resta peu de temps. […] Mais avec lui les absents bientôt avaient tort : il aima mieux oublier l’Orient, laisser le conquérant lointain courir ses risques, et rester à Paris ministre d’une politique qui était sans doute beaucoup trop révolutionnaire et propagandiste pour qu’il l’acceptât sincèrement, mais à laquelle aussi, à travers les remaniements des petits États, il y avait beaucoup pour lui à gagner, à pêcher, comme on dit, en eau trouble. […] Cet engagement, formellement exigé et positivement consenti, avait été mis en oubli : non seulement Talleyrand était resté à Paris, mais aucune négociation n’avait eu lieu.
Il vit en société, mais il est resté un individu vivant d’une vie propre et dont les intérêts s’opposent toujours plus ou moins aux intérêts de l’ensemble dont il est un élément. […] En devenant « les autres », il est cependant resté « lui-même ». […] Si j’aime mieux rester à sec sur le rivage que prendre le plaisir de plonger pour repêcher un enfant qui m’est indifférent, rien ne peut faire — à ne considérer en moi que moi — qu’il soit raisonnable de risquer ma vie ou même de compromettre ma digestion pour tenter un sauvetage. […] bien plus qu’il ne l’est, complètement altruiste même, si ces mots ont un sens, et qu’il eût cependant besoin d’une morale, si son altruisme restait étroit et trop spécialisé. […] Il est souvent resté impuissant.
Mais ici nous ne pouvons pas sortir du monde positif, de la sphère de la réalité ; l’imagination doit rester attachée à ce qui est dans le moment actuel. […] Néanmoins, que les timides se rassurent, la société ne peut périr ; et la France est restée à la tête de la civilisation de l’Europe, malgré toutes les vicissitudes de la fortune. […] Noble terre de ma patrie, la Providence a trop fait pour toi ; elle n’abandonnera point son ouvrage, et tu resteras le beau pays de France.
Nous nous assîmes dans un pré sous les saules, aux environs de Milly et nous mangeâmes ce qui nous restait du pâté de la veille, puis nous nous endormîmes au murmure du ruisseau qui nous avait donné à boire. […] Nous restâmes enchantés et immobiles devant ce beau spectacle. […] Alors nous restâmes immobiles et nous regardâmes sans rien dire pour bien nous entrer dans les yeux la cour, la maison et le jardin dont nous apercevions un coin par une grille de bois cassée sur la droite. […] Nous y restâmes ensuite un moment pour sécher nos yeux après avoir lu les dates, les lettres et les mots gravés avec la pointe d’un couteau sur le bois et sur les troncs des arbres. […] En attendant, entrez dans ce petit salon qui ouvre sur cette salle d’arbres ou restez à l’ombre sous ce salon en plein air, je ne tarderai pas à revenir.
Mahomet II, qu’il donna en 1714, eut des succès dans sa nouveauté, & est resté depuis dans le plus profond oubli : la foiblesse du cinquieme Acte est la principale cause qui a empêché cette Piece de paroître. M. de Châteaubrun donna, quarante ans après, trois autres Tragédies, dont deux sont restées au Théatre, les Troyennes & Philoctete, quoiqu’elles ne soient pas exemptes de défauts.
Deux Pieces de Montfleury, la Fille Capitaine, & la Femme Juge & Partie, sont restées au Théatre ; avantage qui le met au dessus de la plupart des Poëtes comiques, venus après lui, qui ont beaucoup plus travaillé, & dont il n’est rien resté.
Les gens restaient dans leur ville, s’arrangeaient une maison commode, un jardin, une bonne cave, dînaient les uns chez les autres, souvent, joyeusement et abondamment, avec des contes salés et des chansons au dessert. […] Le poëte au dedans restait libre, et je crois que derrière ce retranchement impénétrable nulle servitude n’eût pu l’envahir. C’est cette liberté qui le relève, et qui, en lui comme dans la race, ne peut être étouffée ni périr ; en vain nous naissons sujets ; nous restons critiques. […] Elle était la première dans son coeur, et elle y resta toujours, ainsi que dans un temple, adorée comme une bienfaitrice, comme une amie, comme une femme, parmi les tendresses et les respects. […] Il est resté primitif ; pendant que les autres se polissaient et se querellaient, il a rêvé ; il n’a vu tant d’intrigues et de splendeurs passer devant lui que comme un spectacle.
D’un côté un ouvrage considérable, un ouvrage gigantesque, et qu’en raison de l’étendue et de la nouveauté du plan on peut appeler original ; un livre qui, rajeuni de siècle en siècle par les révisions de grammairiens tels que Huet, Basnage et les Pères de Trévoux, est encore resté aujourd’hui, pour l’homme de lettres, l’autorité décisive et l’encyclopédie grammaticale la plus complète ; de l’autre une obscure Batrachomyomachie de tracasseries misérables, de questions personnelles, sans profit pour le public et sans intérêt pour l’histoire. […] Non, quand même nous ne saurions pas que Vollichon est le procureur Rollet, que Charroselles est Charles Sorel, et la plaideuse Collantine Mme de Cressé, le roman de Furetière n’en serait pas pour cela dépourvu de charme et d’intérêt ; il y resterait, indépendamment du mérite aléatoire de sa caricature, l’observation des mœurs intimes d’une époque importante et curieuse comme toute époque de transition ; il resterait la lutte du vieil esprit frondeur, égoïste et sournois des corporations, avec les mœurs d’une société plus polie et plus cordiale ; il resterait la fusion de l’élément bourgeois et de la noblesse, s’effectuant par l’ambition de l’une et par la corruption de l’autre ; il resterait enfin de précieux enseignements pour l’histoire judiciaire et pour l’histoire littéraire, au moment où, en raison de révolutions inattendues, le métier d’hommes de lettres, le métier d’avocat, allaient monter au premier rang des fonctions sociales.
Édouard Grenier Toute sa poésie n’est qu’un hymne, un chant d’amour pour la Suisse… Fils d’un simple vigneron des environs de Clarens, il se fait gloire de son humble origine : Je suis né paysan et je le resterai. […] Il est devenu lettré, instituteur, professeur, écrivain et poète ; il ne lui est rien resté du paysan, si ce n’est l’amour de la terre natale et le goût de la vie simple : Je reste vigneron et paysan dans l’âme, écrit-il encore plus tard.
Goethe restait dans la voiture silencieux, et évidemment préoccupé. […] Il est bien resté tel qu’il était quand un chef de Baschkirs me le donna en 1814. […] » Goethe me tendit le livre, et resta près du poêle. […] On peut traduire leurs poésies en prose, l’essentiel restera. […] À rester dans la maison on se sent figer.
Remarquez cependant que de petites choses du bagage ancien, nous sont restées, plus tenaces que la monarchie ! […] De tous ces causeurs, proscrits ou morts, Marivaux est resté, comme celui de tous qui parlait le mieux, et comme le dernier qui ait parlé. […] Mademoiselle Mars est assise, ils restent debout, occupés à la contempler. […] Cette noble femme restera, pour les comédiennes à venir, un encouragement, un conseil, un exemple en beaucoup de choses. […] Elle avait appelé à son aide tout ce qui lui restait de force, de grâce, de charme, de beauté !
mais il n’en restait plus dans la ville ! […] Soit. — Quant à la description en elle-même, au point de vue littéraire, je la trouve, moi, très-compréhensible, et le drame n’en est pas embarrassé, car Spendius et Mâtho restent au premier plan ; on ne les perd pas de vue. […] Le tonnerre était donc bien à sa place : c’est la voix de Moloch resté en dehors. […] Au lieu de rester à votre point de vue personnel, votre point de vue de lettré, de moderne, de Parisien, pourquoi n’êtes-vous pas venu de mon côté ? […] Jules Levallois resta près de moi pendant trois années aussi environ ; c’est à peu près le laps de temps qu’ont pu, généralement, me consacrer de jeunes et brillants esprits, bientôt émancipés par degrés, et qui avaient ensuite leur propre carrière à faire.
Juif errant de la foi et de la politique, il ne restera rien de lui qu’un nom illustré par des versatilités illustres et des essais démentis par des essais contraires. […] Je restai jusqu’en 1830 respectueusement lié avec la marquise de L…, une des plus belles et des plus aimables femmes du siècle. […] Tout en resta là, et Genoude fut obligé de renoncer à la noblesse héréditaire pour se contenter de la noblesse de convention. […] Mais, en passant par le ministère des affaires étrangères, j’ai conquis des amis qui, sans manquer à leur devoir vis-à-vis du gouvernement monarchique, sont restés fidèles à leur sentiment. […] La destinée n’avait pas voulu qu’il restât rien sur la terre de sa charmante mère et de son infortuné père.
La monographie tout entière n’est pas faite pour rester. Ses conclusions transformées restent. […] Pourquoi la France est restée catholique, tandis que l’Allemagne est devenue protestante. […] Nous avons détruit le paradis et l’enfer, il ne faut pas rester en chemin.
Alors il lui restait une sorte d’influence analogue, et comme un souvenir de ce qu’elle fut avant de s’être à demi matérialisée par l’écriture. […] Le système de Platon a prévalu dans le monde, et il devait y prévaloir ; mais soyons persuadés que, sans le petit nombre de pythagoriciens qui sont restés fidèles à la doctrine des épreuves et des ménagements ; qui savent que le pain des forts ne peut pas être distribué à tous ; que tous ne peuvent pas être nourris de la moelle du lion ; que le lait doit être donné à l’enfant jusqu’à ce qu’il puisse manger les fruits de la terre ou la chair des animaux ; soyons persuadés, dis-je, que sans le petit nombre de pythagoriciens fidèles, les vérités seraient encore plus-gaspillées qu’elles ne le sont, et déshonorées par plus de discussions intempestives : heureusement il en est resté en réserve. […] Par exemple, les jurés doivent, après avoir écouté avec calme leur conscience, rester impassibles à tous les bruits des villes ; car c’est le cri de l’opinion publique qui obligea une cour souveraine à condamner les Calas.
Et c’est ainsi qu’il est allé jusqu’au bord d’une vérité dans laquelle il fallait se jeter avec courage, et qu’après son étude il est resté Gros-Jean… Gros-Jean politique comme devant ! […] Et ce ne fut pas tout : après Mallet-Dupan, longtemps après Mallet-Dupan, tué par le royalisme et qui n’était, après tout, qu’un écrivain resté sur les hauteurs de la pensée, le royalisme tua, mais sur le terrain de l’action, des hommes de gouvernement comme le duc de Richelieu, de Serres, Villèle et Martignac, ministres parlementaires, renversés par d’indignes coalitions de Parlement, qui en même temps, du coup, tuèrent la monarchie que ces ministres essayaient de fonder. […] Le chat y est resté. […] Ils n’auront pas à le ramasser… Nous lui devrons, pour dédommagement des malheurs et des hontes dont il n’a pas su nous préserver, sinon de nous faire rentrer, par le clair spectacle de son impuissance, dans notre tradition historique, — car l’Histoire a de ces interruptions qui, comme les arcades rompues du Colysée, doivent rester béantes pour l’éternité, — au moins de nous replacer dans notre tempérament, dans notre vérité de peuple sentant et pensant… Le gouvernement du bavardage éternel, du sophisme, de la subtilité, de la chicane, de l’intrigaillerie de couloir, nous aura réappris le gouvernement de l’action, rapide et droite, qui fut notre génie !
Toutes ces limailles pouvaient très bien rester au pied de l’étau où fut poli ce travail d’un goût laborieux. […] Avec ce débutant, resté débutant, il ne se permettait pas ces airs protecteurs dont la grâce adoucissait l’impertinence et qu’il eut avec tant de jeunes gens dont il immortalisa la médiocrité. […] Son nom restera dans l’histoire des lettres, car il est dans la correspondance du diable d’homme qui tient son siècle dans sa main, comme Charlemagne tenait son globe ; mais on s’étonnera des mérites que Voltaire a mis sous ce nom. […] Le premier, c’est qu’il resta marquis de Vauvenargues, malgré sa pente vers les idées et les innovations de son temps ; et le second, qu’il eut les jambes gelées dans la campagne de Bohême pour le service de la France et du Roi.
Ses lettres si étincelantes de traits, d’anecdotes et de plaisanteries, en restent flétries comme des roses mordues de quelque insecte caché dans leur cœur rougissant. […] Elle a flatté Voltaire dans ses lettres, elle s’y vante d’être son amie, et elle le méprisait comme un drôle dont la familiarité la choquait ; car ôtez la familiarité et l’insolence à Voltaire, et dites-moi ce qu’il en resterait ! […] IV Du reste, les lettres publiées par le marquis de Saint-Aulaire ne sont peut-être pas les plus intéressantes de la collection de Madame Du Deffand, qui restent encore à publier et qu’on publiera. […] Voilà donc son bilan : elle fut incrédule, mais elle se moqua des philosophes et resta grande dame, ayant l’esprit de son état, quand toutes les grandes dames de son époque le perdaient, pour ne le retrouver que dix ans plus tard, — sur l’échafaud !
Toutes ces limailles pouvaient très bien rester au pied de l’étau où fut poli ce travail d’un goût laborieux. […] Avec ce débutant, resté débutant, il ne se permettait pas ces airs protecteurs dont la grâce adoucissait l’impertinence et qu’il eut avec tant de jeunes gens dont il immortalisa la médiocrité. […] Son nom restera dans l’histoire des lettres, car il est dans la correspondance du diable d’homme qui tient son siècle dans sa main, comme Charlemagne tenait son globe, mais on s’étonnera des mérites que Voltaire a mis sous ce nom. […] Le premier, c’est qu’il resta marquis de Vauvenargues, malgré sa pente vers les idées et les innovations de son temps ; et le second, qu’il eut les jambes gelées dans la campagne de Bohême pour le service de la France et du Roi.
Cette carte payée, je sortis de table parfaitement ruiné ; il ne me restait même pas de quoi prendre un fiacre. […] L’homme célèbre le fera grand d’Espagne littéraire, en lui accordant le droit de rester couvert devant lui. […] Sa pruderie restait muette sur cet article ! […] — L’avantage de la taille est resté à Nadar, mais il a failli le payer cher. […] Ce cadran était placé dans l’alcôve du mari, et restait toute le nuit éclairé par une lampe.
Son second ministère, le ministère dit du 15 avril, se dessine à présent et restera dans l’histoire comme le moment le plus serein et le plus calme des dix-huit années ; et lorsqu’on vient à se rappeler à combien d’attaques, à combien de violences cet honorable ministère fut en butte de divers côtés, combien on l’accusait tout haut d’être un ministère d’abaissement, on rougit aujourd’hui, on devrait rougir, et sentir une bonne fois ce que valent ces coalitions où les meilleures intentions se faussent, où les meilleurs esprits s’aveuglent. […] Molé), au contraire, était resté serein, avec je ne sais quoi de clair et de net qui, sans lui faire voir en beau les choses, dégageait pourtant sa perspective. […] J’écarterai le nom respecté de M. le comte Molé, et je dirai à notre honorable confrère que les services que lui-même a rendus à cette époque difficile, le rôle qu'il y a joué, peuvent lui faire quelque illusion dans l’impression qui lui en est restée.
Elles restent court quelque temps et en silence ; tout d’un coup Junon se fixe à l’idée d’aller trouver Vénus et de lui demander qu’elle engage son fils à blesser Médée d’une flèche au cœur pour Jason. […] Ma beauté commença à fondre ; je ne pensai plus à cette fête, et je ne sais comment je revins à la maison ; mais une maladie brûlante me ravagea ; je restai gisante sur ma couche dix jours et dix nuits. […] Les Modernes ont très-habituellement admis le jeu et le mensonge de l’amour, ce qu’ils aiment aussi à en appeler l’idéal, — les Anciens, jamais ; ils sont restés naturels. […] Prenons nos exemples dans l’antiquité, qui est à la fois plus simplement naturelle et avec laquelle on est moins tenu de rester poli. […] Le christianisme et la chevalerie jettent des nuances, et comme des rayons, sur les pentes du déclin qui restent encore belles.
Goriot resta vermicellier. […] je fus persiflé sur mon amour pour les étoiles, et ma mère me défendit de rester au jardin le soir. […] Dès que je fus certain de rester pendant une soirée sous ce toit, j’eus à moi comme une éternité. […] Le salon où restait la comtesse était entièrement boisé, peint en gris de deux nuances. […] Il renonçait à être populaire pour rester juste et honorable.
A quelques mots violents que l’on trouve dans ses notes, qui restent même parfois dans ses romans, on peut saisir l’indignation du satirique. […] Il ne restait plus que les acteurs à trouver. […] Il est et restera un miroir ; chacun de nous peut aller se regarder en lui et se reconnaître. […] Ton père est revenu, il saura bien te faire rester, lui ! […] … Mais restons dans les temps modernes : nous trouvons que Villon, Rabelais et bien d’autres pensaient, comme M.
Mais nous savons qu’autour de l’intelligence est restée une frange d’intuition, vague et évanouissante. […] Resterait à savoir, alors, si le terme du mouvement fut un mysticisme complet. […] Mais il restera à établir que l’Être ainsi défini, ainsi démontré, est bien Dieu. […] A l’opposé de l’émotion infra-intellectuelle, elle restait sous la dépendance de la volonté. […] Nous avions voulu rester aussi près que possible des faits.
» Il restait là, cloué, ne sachant à quoi il pensait. […] Gervaise resta auprès de lui jusqu’au soir. […] TITI — Je n’resterai pas jusqu’à la fin. […] Oblomoff continua de rester couché et de penser à cette diable de lettre. […] Rien n’était resté là des discours, des condoléances officielles.
Il ne restera aux habitants que la guerre, la chasse, la mangeaille et l’ivrognerie. […] Ceux qui étaient restés en Danemark avec leurs frères de Norvége, païens fanatiques, et acharnés contre les chrétiens, se lancèrent sur tous les rivages. […] Cependant Gudrun, la veuve, restait immobile près du corps et ne pouvait pleurer. […] Ceux qui sont plus au nord restent plus tardivement dans les mœurs primitives. […] Les Saxons comme les Francs s’amollissent un peu, mais surtout se dépravent, et sont pillés et massacrés par leurs frères du Nord restés sauvages.
Restons pour le moment dans la question. […] Il ne restait donc à M. […] Voici tout ce qui m’est resté, dans l’esprit, de ce voyage. […] Buloz ce qu’elle est restée depuis pour tout le monde malgré M. […] Mignet serait préféré par l’Académie française, il resterait encore à M.
trop longs, qui me restent à vivre ! […] Quelle perspective humaine nous restait-il à lui offrir pour nous faire désirer la continuation de sa vie ? […] Mon pauvre vieux père n’a plus que nous deux, et, depuis que le sort lui a enlevé sa fortune et une femme qu’il aimait plus que son âme, il ne peut penser sans désespoir à être privé par la cupidité de ses oncles d’une fille chérie, dans le sein de laquelle il espérait reposer le peu de jours qui lui restent à vivre. […] La religion commune est une patrie commune ; il y eut dans le choix du sujet autant de génie que dans le poème lui-même ; les croisades, qui avaient été l’héroïque folie des siècles précédents, étaient restées la tradition héroïque des peuples chrétiens. […] Le cardinal Louis d’Este partit pour Rome afin d’assister au conclave ; Torquato resta à Ferrare.
CVI Magdalena resta immobile, pétrifiée, muette à ces paroles dont elle comprit bien la malice. […] nous étions restés vainqueurs, grâce à l’apparition et au courage d’Hyeronimo. […] Et quant à toi, petite couleuvre aux écailles luisantes, dis adieu à ton trou dans les racines du châtaignier, tu n’y resteras pas longtemps ; les religieuses de la maison des novices ne tarderont pas à t’envoyer prendre pour te donner une éducation moins sauvage. […] À moi, du moins, ma fille me restait. […] Je fus tentée de remonter à la cabane ou bien de rester là sans faire un pas de plus, pour mourir de faim sous le lit desséché du torrent… …………………………………………………………………………………………………………………………………………… Je ne sais pas au juste combien d’heures je restai dans cette angoisse ; mais quand je m’en réveillai, les rayons plus longs du soleil avaient pénétré à moitié sous l’arche, échauffaient le sable et, en me rendant la chaleur, me rendaient la pensée et le courage.
Tout à fait étranger à la philosophie naturelle et à l’esprit scientifique, dont la première condition est de n’avoir aucune foi préalable et de rejeter ce qui n’arrive pas, il resta dans cet équilibre où une conviction moins ardente eût trébuché. […] Ainsi il n’était pas très fort en arabe, et c’est pour cela que je suis toujours resté médiocre arabisant. […] Quatremère préparait peu son cours ; pour l’exégèse biblique, il était resté volontairement en dehors du mouvement scientifique. […] que ne puis-je, comme un Herder, penser tout cela et rester ministre, prédicateur chrétien ! […] Cognat sont d’anciens amis, qui me sont restés très chers.
En effet, une grande question est restée pendante, et pour la résoudre, l’avenir, plus juste que le présent, devra s’appuyer sur l’histoire. […] Les idées d’Antonelli sont restées comme l’opinion du Saint-Siège. […] En effet, on ne saurait trop le répéter, surtout à cette heure : les révolutions resteraient peut-être éternellement impuissantes, si des gouvernements aveugles n’avaient la faiblesse de les épouser. La poussière soulevée par elles, le sang qu’elles jettent contre le ciel, retomberaient seulement pour les souiller, si les gouvernements restaient dans leurs devoirs de gouvernement. […] Ils savaient ce qu’ils avaient accompli, ce qui restait à accomplir… La Philosophie, plus hideuse que son père, le Protestantisme, tenait le monde sous elle.
J’ignore si la pièce qui m’a fait plaisir est susceptible d’être représentée à la scène ; je suis très-peu juge de la différence qui existe entre un drame fait pour rester écrit et un drame jouable ; un spectacle dans un fauteuil me suffît très-bien, à défaut d’autre : je m’attacherai donc ici simplement à un ouvrage d’esprit qui porte avec lui son caractère de distinction aisée et qui a un cachet moderne. […] Pour peu qu’on cherche ou qu’on interroge, on trouve une comédie d’Imbert, une autre du marquis de Bièvre, toutes deux restées, comme on dit, au répertoire ; le Mari à bonnes fortunes n’est pas oublié ; quantité surtout de jolis vaudevilles, hier encore en vogue, viennent se présenter à l’esprit : le Réveil du lion, la Deuxième année, un Mari qui se dérange… Mais, à prendre le sujet dans sa largeur et sa simplicité, à se figurer Lovelace, don Juan ou le comte Almaviva mariés, il me semble que deux idées s’offrent d’abord : la première, si l’on veut, et la plus naturelle, c’est celle du fat et du libertin puni. […] Ce n’est pas de ce côté que me paraît être le plus grand danger pour le roué et le libertin marié, pour peu qu’il soit sincèrement marié et qu’il tienne à bien vivre ; le pire danger est en lui-même ; son plus grand ennemi est dans son vice ; car comment ne pas rester ou redevenir libertin quand on l’a été ? […] Non, ce n’est point dans la chambre clandestine, toute pleine encore des anciens parfums et où tout est piège, qu’Herman ira sceller et consommer la rupture ; c’est chez lui, en présence de sa femme, près de son enfant, au centre de ses affections, sur ce terrain pur et solide, qu’il devra revoir Pompéa et rester invulnérable sous ce regard enflammé qui va tenter de le ressaisir. […] Pompéa elle-même ne compte pas rester, comme bien l’on pense ; mais elle fait plus, elle annonce qu’elle quitte Paris et qu’elle doit partir à la fin du mois pour Pétersbourg où elle est engagée, dit-elle, pour trois ans.
Ainsi, pour ses articles des Débats, les belles choses restaient, et les mauvaises disparaissaient d’un trait de plume. […] Les hommes de lettres, en général, n’y sont pas mieux traités que les hommes politiques ne le sont dans la seconde partie, mais au moins ceux-là sont morts, et il ne resterait qu’à examiner si la sentence est juste. […] Est-ce l’homme resté fidèle à ses affections du passé, qui nous parle en maint endroit de ces Mémoires, ou l’homme qui ne tient à son parti que par point d’honneur, et tout en trouvant bête (c’est son mot) l’objet de sa fidélité, et en le lui disant bien haut ? […] C’est surtout en lisant la première partie, si pleine d’intérêt, ces scènes d’intérieur, d’enfance et de première jeunesse, où les impressions, idéalisées sans doute, ne sont pas sophistiquées encore et sont restées sincères, c’est à ce début qu’on sent combien un récit plus simple, plus suivi, moins saccadé, portant avec soi les passages naturellement élevés et touchants, serait d’un grand charme. […] Il ne serait pas difficile, si l’on avait l’espace, de justifier ces remarques générales par un grand nombre d’exemples ; et tout à côté, pour rester dans le vrai, on citerait de ces paroles qui semblent couler d’une lèvre d’or, et qui rappellent l’antique beauté avec le sentiment moderne, c’est-à-dire le genre de beauté propre à M. de Chateaubriand, celle où il est véritablement créateur.
Le maître-autel seul restait en vue : on déroba et on condamna toutes les petites chapelles particulières. […] » On voit percer, même dans cette scène qui vise et touche à l’émotion, cette double fatuité qui ne le quitte jamais, celle de l’homme à bonnes fortunes qui veut rester jeune, et celle du personnage littéraire qui ne peut s’empêcher d’être glorieux. […] Ce qu’on a appelé de l’égoïsme à deux restait chez lui de l’égoïsme à un seul. […] En même temps qu’il dit à Céluta qu’il ne l’aime pas, qu’il ne l’a jamais aimée et qu’elle ne l’a jamais connu, il a la prétention de ne vouloir jamais être oublié d’elle, de ne pouvoir jamais être remplacé : « Oui, Céluta, si vous me perdez, vous resterez veuve : qui pourrait vous environner de cette flamme que je porte avec moi, même en n’aimant pas ? […] Quelques lettres sont charmantes, et, même quand elles ne le sont pas, elles restent toujours naturelles, ce qui n’est pas commun chez lui.
Ceux qui nous restent des peintres de l’ancienne Rome, sont en si petite quantité, et ils sont encore d’une espece telle, qu’il est bien difficile de juger sur l’inspection de ces tableaux de l’habileté des meilleurs ouvriers de ce tems-là, ni des couleurs qu’ils emploïoient. […] Il ne nous est resté des peintures de ce mausolée, que les copies coloriées qui furent faites pour M. […] On ne sçauroit donc asseoir sur les fragmens de la peinture antique qui nous restent, aucun jugement certain concernant le dégré de perfection où les anciens pourroient avoir porté ce bel art. […] Nous ne sçavons pas même quelle comparaison on pouvoit faire autrefois entre les fragmens de la peinture antique qui nous restent, et les beaux tableaux des peintres de la Gréce qui ne subsistent plus. […] Comme le temps a éteint les couleurs et confondu les nuances dans les fragmens qui nous restent de la peinture antique faite au pinceau, nous ne sçaurions juger à quel point les peintres de l’antiquité ont excellé dans le coloris, ni s’ils ont égalé ou surpassé les grands maîtres de l’école lombarde dans cette aimable partie de la peinture.
Ils resteront encore un chef-d’œuvre, car, au fond, ils en sont un, malgré ces deux haines qui furent deux erreurs, mais le prestige du chef-d’œuvre sera tombé. […] Ce qui resta, sinon de solide, au moins d’adhérent, sous Louis XV, fut son œuvre encore ; ce fut son prestige continué. […] Il est resté confondu dans la foule éblouissante, rayon dans ces rayons, vulgaire comme un Gordon bleu ; il a piétiné tout le jour sur son talon rouge impatienté, — ce talon de feu ! […] Saint-Simon ne remarque point, même pour le blâmer, car il l’aurait blâmé, ce chimérique de chez M. le duc de Bourgogne, que Dubois voulait, comme tous les grands ministres, procéder à l’égalité des contributions directes et qu’il eut l’idée d’y arriver par un travail de ponts et chaussées, resté en projet par sa mort. […] Rappelons-nous un mot magnifique de Chateaubriand : « Les grands génies doivent peser leurs paroles ; elles restent, et c’est une beauté irréparable. » 8.
Je l’ai dit déjà, dès les premiers instants de cette pensée qui eût dû rester littéraire, le démon de l’Histoire (ce démon si anglais des faits politiques !) […] Dans les Walpole, il est vrai, le talent de Macaulay commence d’apparaître, mais ce n’est pas dans Robert, sujet politique et plaidoirie whig, qu’il se montre, c’est dans Horace, sujet humain et littéraire, qui allait aux instincts et au genre de sagacité de ce grand critique littéraire en puissance, mais seulement en puissance, car il y est resté ! […] C’est par là qu’il marqua incontinent et sans conteste, et c’est par là qu’il restera. […] Notre admiration pour les grandes et quelquefois charmantes qualités du critique de la Revue d’Édimbourg se changeait en colère, parce qu’il ne restait pas toujours dans le jour seyant à son talent, parce qu’il semblait faire défection à ses propres facultés en faisant défection à la littérature, et qu’il troublait, en introduisant la politique dans son œuvre, le jugement qu’on devait en porter. […] Il est scholar toujours, nous l’avons dit plus haut, même quand il est le plus inspiré, quand il se croit le plus genuine, quand il veut rester le plus lui-même.
Telle, en quelques mots, l’histoire de ce grand métaphysicien, trop resté, pour être aperçu, dans la pure lumière de l’abstraction, intolérable à tant d’esprits ! […] Et quand tout devait les rapprocher, dans les conclusions et dans la doctrine, sur un sujet qui n’admet ni faux-fuyants, ni nuances, ni ingénieuses manières de se différencier en quoique ce soit, tout en voulant rester semblables en quelque chose ils ont évité la ressemblance, la redite, l’identité des points de vue, tout ce qui fait que les contes répétés deux fois sont ennuyeux, même quand ils sont des vérités, et ils ont fait tous les deux des livres puissants, qui se complètent l’un par l’autre et qui restent nantis d’une incomparable originalité. […] Et voilà pourquoi ce livre de la Douleur est resté si longtemps parfaitement ignoré en France, malgré la clarté française d’un titre qui dit bien ce qu’il doit dire, qui ne s’appelle ni l’inconscient ou le surconscient, ni le un-tout, ni d’aucun de ces titres, obscurs comme fumée, si chers aux ramoneurs allemands et si respectés des Trissotins de France, qui les croient profonds. […] On restera dans cette lumière tonifiante, non pas seulement pour l’esprit, mais pour le cœur. […] À une époque où les dernières Philosophies sont des outrages insensés à l’intelligence humaine, si cette intelligence humaine n’était pas profondément et abjectement dégradée, — et dégradée au point d’admettre ces Philosophies ou au moins de les discuter, — Saint-Bonnet a grande chance, avec son livre de la Douleur autant qu’avec ses autres livres, de rester sans aucune influence sur le monde et de continuer autant que jamais, dans l’indifférence universelle, cette belle Harmonie de Lamartine : Le Génie dans l’obscurité.
Il revenait du plus fort de l’action, car il ne peut pas souffrir de rester loin des combattants. […] La grande difficulté est de rester humain, d’échapper aux formules pour entrer dans ces cœurs. […] Il faut rester avec eux, tout près d’eux. […] Pendant les combats de mars 1916 est resté au premier rang avec les troupes engagées, dans les circonstances les plus difficiles, recueillant les blessés sous un feu meurtrier, les soignant et les encourageant. […] On m’avait mis au poste de secours, là-bas… Je ne voyais rien, je n’ai pu y rester, et quand j’ai vu mes enfants (le 79e) s’élancer si superbement et puis être fauchés, j’ai couru aux artilleurs… Je leur criais : « Mais plus vite, tirez donc plus vite ; vous ne voyez donc pas que ce sont mes gosses qui se font tuer !
Si le sujet est grand, on ne veut pas rester au-dessous ; s’il est mince, on veut y suppléer. […] Il aurait pu ajouter que parmi les grands talents même, ou politiques, ou militaires, il y en a beaucoup qui, après eux, ne laissent point de traces ; au lieu que les monuments des arts restent. […] On reconnut qu’il était plus aisé d’obtenir un ordre, que de détruire deux réputations ; et malgré une cabale, Arnaud et Pascal restèrent de grands hommes.
Il y avait dans les dernières années de la Restauration un poète errant et des plus bohèmes, Franc-Comtois d’origine ou à peu près, resté de tout temps provincial, voué à l’Épître laudative et à l’Élégie, d’une verve facile et un peu banale dans son harmonie coulante, Aimé De Loy. […] Raspail, qui avait continué de vivre en Belgique, à la nouvelle de cette mort, ait écrit cinq jours après au fils de la chère défunte cette lettre pathétique et grave, qui mérite de rester attachée à sa mémoire comme la suprême oraison funèbre : « Monsieur, j’ai lu et relu, les yeux remplis de larmes, votre pieuse lettre ; c’est le dernier adieu que votre illustre mère vous a chargé de me transmettre, vous, le légataire universel de ses souvenirs, de ses affections et de ses grandes qualités. […] Restez, monsieur, le culte vivant de sa mémoire : les lettres ont plus que jamais besoin qu’on leur rappelle souvent de ces beaux souvenirs. […] Mais le propre de la douleur en Mme Valmore et ce qui la différencie des autres, c’est qu’elle lui laissait la pleine liberté d’esprit et le mouvement spontané de cœur vers toutes les douleurs environnantes ; c’est qu’elle n’était jamais assez remplie de sa douleur à elle pour ne pas rester ouverte à toutes celles des autres : « … Que de chagrins étrangers à nous se mêlent aux nôtres !
J’en prends deux, au hasard, dans Leurs figures : « Dans cette plaie panamiste, si mal soignée par des médecins en querelle, les sanies accumulées mettaient de l’inflammation. » L’autre phrase est particulièrement basse et, joyeux d’une joie de latrines, vous avez souligné vous-même deux fois le mot qui en aggrave ignominie : « Resté seul, cet homme de valeur, subitement chassé de son cadre, fit de la poésie sentimentale, tel un influenzé eût fait de l’albumine. » Je vous souhaite, Monsieur, de ne jamais faire de poésie sentimentale et d’albumine. […] Malgré tout, l’insuffisance éclatait ; mais on souriait à ce qu’il restait dans l’auteur d’enfance persistante et, d’une espérance qui s’obstine, on attendait encore quelque chose de lui après dix volumes manqués. […] Le talent est resté une montagne inaccessible aux efforts répétés, mais les marécages du succès sont conquis, enfin. […] Chacun est une succession de gestes qui restent épars — je ne dis pas contradictoires.
Malheureusement, j’ai bien peur qu’elles n’y restent, ou plutôt je n’en ai pas peur : elles y resteront ! […] Évidemment, l’homme qui se sert de cette plume-là et sait partager, en la racontant, l’impatience de sang et de fierté des hommes qui furent les ennemis de sa cause, est fait pour autre chose que pour être un fataliste historique et rester l’écrivain qui, par amour du style, ne trouve rien de mieux que de mettre le mot « trombe » à la place du mot Dieu ! […] Il s’est fait historien de la Révolution française pour devenir homme d’État, et peut-être restera-t-il écrivain.
III En cela, Chénier fut supérieur à Lamartine, qui resta toujours ce qu’il était… l’auteur de cette Histoire des Girondins qui est un crime, — le crime de les avoir vantés, après les leurs ! […] Dans un temps où le flot furieux des partis ne permettait plus à personne de rester dans sa liberté et dans sa conscience, André Chénier resta dans la force de sa raison, et, ne vous y trompez pas ! […] La splendide poésie est restée.
Le pauvre Baudelaire, qu’on faisait souffrir alors jusque dans sa propre originalité, mais qui n’en restait pas moins imperturbablement sûr de la gloire future de son auteur, souscrivit à tout, en frémissant, pour faire passer en France son ballot de génie, n’importe sous quel nom, et il passa sous le nom d’Histoires extraordinaires. […] Nous avons rendu compte, lorsqu’il les publia, de ces deux livres, d’une beauté rare et profonde, intitulés : l’Homme et Physionomies de saints 15, restés obscurs tous deux, malgré leur beauté et notre effort, et qui devaient naturellement et fatalement le rester dans un temps comme le nôtre, où l’on n’a plus souci que des choses matérielles et basses, et même des plus basses, en littérature… Quand M. […] Cette forme du conte, plus dure à manier dans sa brièveté que celle du roman dans sa longueur, cette forme concentrée, dans laquelle il faut se ramasser sans rien perdre de sa sveltesse, pouvait, par le seul fait de sa concentration, éclater sous sa main et le frapper dans sa prétention de conteur, qu’il n’en serait pas moins pour cela resté lui-même, avec sa valeur d’idées prouvée par les livres que j’ai énumérés : l’Homme, — Physionomies de saints, — la Parole de Dieu, ce dernier livre de Hello, qui échappe à la compétence de la critique profane, mais que des prêtres n’ont pas craint de lire dans leurs chaires, comme si c’était là de la littérature sacrée !
Biot s’y refusa, motivant son abstention sur ce qu’un Corps purement savant devait, selon lui, rester étranger à tout acte politique ;, et il cita à ce propos les vers de Voltaire : Moi, j’attends dans un coin que l’imprimeur du Roi, M’apprenne pour dix sous mon devoir et ma loi. […] Biot ; La conversation en resta là, et Lagrange lui battit froid quelque temps. […] Il réussit cette fois au-delà peut-être de ses vœux : se voyant accueilli avec cette aigreur et presque censuré au nom de la morale et de la religion scientifique, au lieu de recevoir les remerciements auxquels il se croyait des droits, le professeur de Leyde fut découragé et en resta là, ne donnant pas la suite de cette Correspondance si intéressante pour les géomètres. […] Il lui exprima son approbation, en ajoutant ces mots qui résument, ce me semble, à merveille le genre d’égards qui restent dus aux anciens noms historiques, dans la juste et stricte mesure des idées de 89 : « On vous doit, monsieur, les occasions de vous distinguer ; mais souvenez-vous bien toute votre vie qu’on ne vous doit que cela. » M. […] Biot qui venait de mourir : « C’était un savant du premier ordre, un chrétien des premiers temps, et l’un de mes amis les plus dévoués » On fait plus qu’entrevoir par là que le savant était resté en, relation avec le parti légitimiste, de même qu’il s’était mis en règle avec le parti religieux.
La liberté entière que s’accorde M. de Senfft, dans l’idée qu’ils resteront longtemps secrets, nous ouvre des jours sur bien des intrigues. […] Une somme de quatre millions de florins, offerte à Varsovie par les Magnats pour obtenir son suffrage en faveur du rétablissement de leur pays, leur fut restituée après être restée déposée pendant plusieurs jours entre les mains du baron de Dalberg. Considérée sous ce point de vue, sa retraite du ministère après la paix de Tilsitt fut très-honorable. » Il résulte de cette page à demi discrète d’un ami qu’on peut dire de M. de Talleyrand, comme de Mirabeau, que s’il se laissa parfois acheter, ce n’était que dans une certaine mesure et non au-delà, dans la direction seulement de son opinion et non au profit de l’opinion opposée, et que son bon sens resta incorruptible dans les grandes affaires. […] Appelé à Bayonne à la fin d’avril 1808 et invité à y rester pendant tout le séjour qu’y fit Napoléon, M. de Senfft assiste au drame espagnol qui s’y joue ; il fait des portraits plus ou moins ressemblants des principaux personnages qu’il a sous les yeux. […] M. de Senfft veut bien convenir que dans l’entretien mémorable tel qu’il fut publié, si l’on s’écarta plus d’une fois des paroles originales qu’il avait transmises, on resta assez en accord avec la vérité pour le fond.
Le comte de Senfft resta ministre de Saxe à Paris jusqu’en 1810. […] À la surface tout était soumis en Allemagne ; tout reconnaissait la domination suprême du vainqueur de Wagram et de l’arbitre de la Confédération du Rhin ; les rois, les princes s’inclinaient et courbaient la tête : le peuples restaient frémissants. […] Tous les intérêts particuliers se trouvant blessés au vif en même temps que le sentiment national, la France ne compta plus dès lors un seul partisan sincère en Allemagne, et il ne lui resta que ceux dont des avantages individuels achetaient la complaisance, ou dont l’esprit était subjugué par la crainte. […] Bignon, dans ses Souvenirs, a un avantage sur M. de Senfft dont il ne prévoyait pas les sévérités : il le réfute de la manière la plus propre à faire impression sur des lecteurs impartiaux ; il parle avec justice, et dans une parfaite mesure, de celui qui en a manqué à son égard : « M. de Sentit, dit-il, était en 1811 et est resté jusqu’à la fin de 1812 zélé partisan du système français (on le croyait, et il paraissait tel sans l’être au fond). […] Bignon, en se justifiant en bonne partie des inculpations de l’abbé de Pradt, n’a jamais mieux répondu que par ce mot qui qualifie et marque l’ensemble du procédé : « Quand le caractère d’un homme s’est décelé par de certains traits, il n’est plus possible de compter pour rien son jugement. » Ce mot mérite de rester définitivement attaché à tout portrait de l’abbé de Pradt.
Évidemment, ce dernier a pris M. de Musset trop au mot dans sa modestie ; il avait oublié qu’à cette date de 1840, cet enfant aux blonds cheveux, ce jeune homme au cœur de cire, comme il l’appelle, avait écrit La Nuit de mai et La Nuit d’octobre, ces pièces qui resteront autant que Le Lac, qui sont plus ardentes, et qui sont presque aussi pures. […] Dans la pièce à M. de Musset, il en est resté au Musset des chansons de la Marquise et de L’Andalouse. […] Après Namouna et Rolla, il restait à M. de Musset un progrès à faire. […] Que restera-t-il des poètes de ce temps-ci ? […] Un des poètes dont il restera le plus, Béranger, me disait un jour : « Vous autres, vous avez tous commencé trop jeunes et avant la maturité. » Il en parlait à son aise.
Et il resta inerte, tout triste, sentant les approches de la crise. […] Et il resta debout près du cadavre, sans songer à rien. […] — Et on resta en bataille au moins dix bonnes minutes. […] — J’allons-y rester toutes seules ? […] Je restai seul avec les deux mourantes.
Mirabeau croit devoir se justifier de cette apparente sauvagerie d’être resté près de six mois sans paraître chez la marquise. […] Ici Mirabeau se lève et l’interrompt : Madame, je ne puis plus respirer… vos alarmes sont trop vives… M. de Monnier ne saura rien : votre portrait, vos lettres vous seront rendus ; elles ne resteront point dans des mains infâmes qui les souillent. […] Je serai en vingt heures à Metz ; j’y resterai à peine un jour, et, vingt heures après, vous serez tranquille, et moi heureux, très heureux d’avoir pu vous être utile. […] Sophie, comme la plupart des femmes qui, encore innocentes et pures, ont donné leur cœur, voudrait en rester là ; elle voudrait concilier les garanties et les charmes de deux situations incompatibles. […] Mirabeau fut enfermé au donjon de Vincennes, où il resta prisonnier quarante-deux mois, pour n’en sortir que le 13 décembre 1780.
Arminius, Andronic, Alcibiade, Tiridate sont restées au Théatre, & ont toujours été reprises avec succès. […] Cette Piece, restée au Théatre & intitulée le Jaloux désabusé est bien conduite & d’un comique agréable.
Après l’insurrection de juin, il ne restait, selon Hugo, qu’un moyen de sauver la République : — la livrer à ses ennemis. […] Ils n’avaient qu’à rester les maîtres du pouvoir, pour que Hugo conservât jusqu’à sa quatre-vingt-troisième année, la foi au Dieu des prêtres : mais il dût se rendre à l’évidence et suspendre son culte pour ce Dieu qui cessait de révéler sa présence réelle par la distribution de pensions. […] Son gigantesque cerveau resta hermétiquement bouché à la critique démolisseuse des encyclopédistes et aux théories philosophiques de la science moderne. […] La forme est pour lui la chose capitale, « ôtez, dit-il à tous ces grands hommes cette simple et petite chose, le style, et de Voltaire, de Pascal, de Boileau, de Bossuet, de Fénelon, de Racine, de Corneille, de La Fontaine, de Molière, de ces maîtres, que vous restera-t-il ? […] Il restait encore à briser le moule du vers classique, à assouplir le vers à une nouvelle harmonie, à l’enrichir d’images, d’expressions et de mots que possédait déjà la prose courante et à ressusciter les vieilles formes de la poésie française.
Bourdaloue et Massillon continueront de rester les deux seuls satellites très grands de l’astre Bossuet. […] Il est resté sous le coup des prohibitions d’imprimer que la censure du terrible Calvin a fait peser sur toutes ses œuvres. […] On savait, dès ce temps-là, renouveler le titre et la robe d’un ouvrage qui, d’ailleurs, restait tout pareil. […] Pendant plus de cent ans, quelques-unes de ses pièces sont restées au répertoire. […] Elle restera, ô maître !
Oui, mais notre peine n’est pas perdue, car en chemin nous avons trouvé, çà et là, de belles syllabes qui, se résolvant en quelque belle alliance de mots, restent vibrantes du rêve que nous avions fait d’un mot propre imaginaire. […] C’est une aiguille aimantée qui s’affole ou reprend son orientation vraie pour des motifs qui souvent restent invisibles au regard de l’histoire. […] Le choix, c’est-à-dire le sacrifice, deviendrait une intolérable torture, la vie suffirait à peine à l’admiration : que resterait-il à la création ? […] Sans doute, et nous l’avons vu hier, la philosophie dans l’œuvre d’art doit rester « incluse et latente ». […] La gloire n’est pas une récompense égoïste : c’est la condition sans laquelle le génie resterait stérile.
La plupart des monuments ont péri, et ceux mêmes qui nous restent ont été altérés, dénaturés par les préjugés des âges suivants. […] De là restèrent dans la jurisprudence romaine, les acta legitima, cette pantomime qui accompagnait toutes les transactions civiles. […] C’est cette langue que parlent les armes des héros ; elle est restée celle de la discipline militaire. […] Enfin ses forces diminuant tous les jours, il resta quatorze mois sans parler et sans reconnaître ses propres enfants. […] Il n’est resté qu’un fragment très court du premier, et rien du second.
Tout cela était accompli : que me restait-il à faire, sinon de ne point attendre qu’avec le solve senescentem d’Horace, quelqu’un vînt me dire que j’avais trop tardé ? […] » Absous, quoi qu’il en soit, amnistié et applaudi des savants et des sages, restait pour M. de Talleyrand un autre point délicat à régler, l’article de la mort. […] M. de Talleyrand avait eu beau se mêler à la Révolution, il était resté, lui, un homme de race, gardant au fond beaucoup des idées ou des instincts aristocratiques. […] Son cuisinier est resté célèbre et entrait pour une grande part dans la base de son régime, dans la composition de sa vie. […] Les mauvais restent toujours mauvais. » 60.
Mérimée l’a certainement été ; on n’a jamais mieux réussi à l’Académie, en étant moins académique ; il n’a fait aucune concession au genre et il en a triomphé ; il est resté dans sa propre manière, avec son genre d’esquisse précise, voisine du fait, son ironie contenue, sa fine raillerie qui ne sourit pas, mais dont le public n’a rien laissé échapper. Ce public d’Académie est un public très-délicat, très-disposé à goûter tout ce qui est bien ; c’est un public resté Français.
La noblesse, qui était et restait l’âme de la guerre, se voyait pour la première fois assujettie à des règlements stricts et à des obligations continues qui choquaient son esprit et qui aggravaient ses charges. […] Pendant les six années qui suivirent, on resta dans les essais et les tâtonnements ; ils furent des plus brillants et même des plus glorieux, et jamais Saint-Cyr ne fit plus de bruit que dans ce temps où il n’était pas encore assis sur ses entiers et ses plus sûrs fondements. […] Esther est restée, aux yeux de tous, la couronne de la maison. […] La première recommandation qui leur est faite en des termes aussi absolus qu’on peut imaginer, est que rien ne soit jamais changé ni modifié dans leur règle sous quelque prétexte que ce soit : solidité, stabilité, immobilité, c’est le vœu et l’ordre de Mme de Maintenon, et l’institut y est resté fidèle jusqu’au dernier jour. […] Comblée en apparence, et malgré son éclat, elle était de ces natures délicates qui sont restées plus sensibles aux secrètes injures du monde qu’à ses grossières offrandes.
Depuis elle ne voulut plus rester avec moi. […] Louvois a fait brûler dans le Palatinat ; je crois qu’il brûle terriblement dans l’autre monde, car il est mort si brusquement qu’il n’a pas eu le temps de se repentir. » Sa vertu en de telles conjonctures fut de rester fidèle à la France et à Louis XIV, tout en se sentant déchirée dans cette intime et secrète partie d’elle-même. […] Je puis facilement imaginer combien il a été peiné quand il a vu qu’à peine restait-il des ruines de Heidelberg. […] Ils différaient tous trois dans leurs croyances ; je pris la quintessence de leurs opinions et m’en formai ma religion. » Dans cette religion catholique ainsi définie en gros, qu’elle crut et qu’elle pratiqua en toute bonne foi, il restait des traces et bien des habitudes de son premier culte. […] Les traductions qu’on en avait faites récemment ayant amené des discussions et des querelles très vives, l’autorité ecclésiastique était intervenue pour en interdire la lecture, qui est toujours restée chez nous une rareté.
De même, qui peut dire qu’il serait resté inébranlable et calme, s’il n’a traversé une Terreur ? […] Après trois jours passés fort agréablement dans cette résidence, je voulais partir avec la société ; mais dom Colignon m’engagea à rester, m’offrant de me reconduire le lundi d’après à Thionville… Je restai donc seul avec lui. » C’est alors que cet homme de bonne compagnie, mais si peu prêtre, s’ouvre à lui et, dans des conversations amicales, l’initie et l’endoctrine. […] Dom Colignon y resta quelques jours ; mon père avait les yeux fixés sur moi : il semblait me demander des confidences… Je lui racontai les scènes scandaleuses des Pères capucins avec les sœurs de Richstroff ; je lui en exprimai mon indignation ; mais pas un mot des jolies filles de Valmunster. […] Mais la nuit porte conseil : il réfléchit au danger de son voyage, et il pense que mieux vaut le différer et partir, non pour Paris, mais pour Reims et Vervins, afin de se rendre de là à la Chartreuse du Val-Saint-Pierre-en-Thiérarche, où il avait un parent, dom Barthélemy Effinger, qu’il n’avait jamais vu, mais qui lui destinait une cure : « Je resterai, se disait-il, au monastère sous prétexte d’en vouloir connaître l’intérieur, les pratiques, et peut-être d’en devenir un des moines ; sous ce prétexte, j’exigerai et j’obtiendrai le secret. » il ne serait allé à Paris qu’un peu plus tard et quand déjà sa famille, inquiète de son absence, l’y aurait fait chercher vainement. […] Enfin le prieur, dom Le Noble, homme jeune encore, qui l’avait pris en amitié, eût achevé de le désabuser, s’il lui était resté des illusions sur ce genre de vie ; car il la lui dépeignait d’après ce qu’il avait sous les yeux, avec toutes les misères, les rivalités et les envies intestines qu’elle recelait, avec les imbécillités et les démences qui en étaient trop souvent le terme et le résultat.
Elle vit Thérèse restée d’abord à Paris et s’intéressa vivement à son sort. […] Mais, quoi qu’il en soit, il eût été imprudent à lui de rester en France dans de pareilles circonstance. […] Mme de Boufflers et le prince de Conti, malgré cette incartade, ne restèrent pas moins les protecteurs de Rousseau, et celui-ci trouva, à son retour d’Angleterre, un asile, un abri dont il ne tenait qu’à lui de jouir en paix, dans le château de Trie appartenant au prince. […] Rousseau cherche la célébrité, il la préfère à tout ; il ne restera pas tranquille dans l’asile qu’il a désiré. […] Mme Riccobini, quoiqu’elle restât en dehors de tout parti, était une amie de Hume, et on la trouve nommée dans la Vie et Correspondance de ce dernier.
Recevez-en la récompense dans le respect qui vous entoure, dans cette sympathie dont les marques se produisent aujourd’hui si nombreuses autour de vous, et surtout dans la joie d’avoir bien accompli votre tâche, d’avoir pris place au premier rang dans la compagnie d’élite qui s’assure contre le néant par un moyen bien simple, en faisant des œuvres qui restent. […] Rien ne leur restait étranger. […] Il avait tant de peur d’aller au-delà de ce qu’il voyait clairement, qu’il restait souvent en deçà. […] Il est bien vrai qu’une masse considérable est restée attachée à l’antique tradition. […] Tout cela n’ébranlera pas votre foi en vos expériences ; l’acide droit restera l’acide droit ; l’acide gauche restera l’acide gauche.
La littérature, de son côté, ne resta pas indifférente. […] Cependant le gros roman que lui avait laissé Mme d’Épinay ne fut jamais publié par lui, et ce roman courait risque de rester pour toujours inconnu, quand il tomba aux mains du savant libraire M. […] Un jour qu’elle écrivait de chez lui à son ami Grimm, il voulut rester dans la chambre pendant qu’elle faisait sa lettre : Il m’a témoigné le désir de rester pour voir ce que disent mes deux grands yeux noirs quand j’écris. […] Parmi ces bonnes âmes qu’elle a auprès d’elle il en est une qui est bien la plus fine guêpe, la plus perfide et la plus rouée confidente qui se puisse voir : c’est une Mlle d’Ette, fille de plus de trente ans, « belle autrefois comme un ange, et à qui il ne restait plus que l’esprit d’un démon ». […] Aujourd’hui je n’ai voulu qu’insister sur des mémoires curieux et presque naïfs d’une époque raffinée, sur un monument singulier des mœurs d’un siècle, et aussi rappeler l’attention sur une femme dont on peut dire, à sa louange, que, dans tous ses défauts comme dans ses qualités, elle fut et resta toujours vraiment femme, ce qui devient rare.
Après avoir fait avec succès ses études au petit séminaire d’Aix et pris ses grades à l’école de droit de cette ville, Raynouard vint à Paris vers 1784 ; il ne fit que tâter le terrain et n’y resta pas. […] Un esprit sérieux et solide comme le sien, aidé d’un cœur chaud et ardent, ne pouvait rester indifférent au mouvement de 89 : il en embrassa les espérances, n’en répudia que les excès, et en conserva toujours les principes essentiels qu’il se plaisait depuis à confondre, dans son érudition un peu particulière, avec l’héritage des vieilles libertés municipales léguées par les Romains. […] Serait-il donc si pénible de rester dans le doute lorsqu’il est bien évident que toutes les recherches ne pourraient arranger un résultat satisfaisant ? […] À peine admis à l’Académie française, il avait songé aux moyens de corriger et d’améliorer le Dictionnaire, et cette pensée le porta à s’occuper des origines de la langue ; c’est ainsi qu’il fut insensiblement conduit à rechercher ce qui restait des anciens troubadours, et bientôt, l’horizon s’étendant devant lui, il découvrit tout un monde. […] On vient de voir que, si c’était là une hardiesse, Raynouard crut devoir aussitôt la racheter par la plus énorme louange : mieux valait rester tout d’abord dans la justesse.
Lui, il restait plutôt fidèle à son nom de Joseph et se dérobait plus encore qu’il ne se livrait. […] Je me figure que, s’il y resta si longtemps, ce fut surtout par curiosité et pour son amusement. […] Ceux qui l’ont vu à Passy, dans ses dernières années, savent combien il était resté aimable, indulgent, bon et malin, accueillant pour l’esprit, de quelque part qu’il vînt. […] Mieux vaut encore être et rester un mauvais sujet comme Michaud. […] Ils restent jeunes plus longtemps : on les retrouve frais et curieux, agréables et nullement chagrins dans leur vieillesse.
En été, pendant les travaux de la campagne, il restait peu de monde à la setch ; mais l’hiver y ramenait une garde nombreuse ; et c’est là qu’au premier danger, au premier cri d’appel, accouraient tous les chefs répandus dans les pays d’alentour ; c’est là, comme dans un champ de mai, que se décidaient tumultuairement les grandes entreprises, soit les courses de piraterie par mer sur les rivages de la mer Noire, soit les formidables invasions en Turquie et en Pologne. […] Le vieux Tarass, resté avec une troupe affaiblie, se dispose à relever les courages. […] Son noble fils est resté prisonnier aux mains des vainqueurs. […] Il m’en parla à fond et de manière à me convaincre du talent original et supérieur de ce Belli, qui est resté si parfaitement connu à tous les voyageurs.
Comme ils ne font, à proprement parler, aucun héritage spirituel et ne subissent guère du temps d’autre atteinte que la dépravation d’une complication superficielle qui toutefois et déjà no leur permet plus de se complaire aux simplicités des premiers Ages, les peuples n’assument pas les graves soucis des générations antécédentes, et ces intelligences restées puériles voudraient toujours des refrains de berceau. […] C’est qu’il restait, en effet, à étudier, à analyser le « corps social », à mettre en mouvement dans les œuvres littéraires les foules, qui sont toutes physiques, aussi bien dans l’unité de leur ensemble que dans leurs individus. […] A cet effort synthétique pourquoi la poésie resterait-elle étrangère quand il lui fournit le seul bon moyen — peut-être — d’accomplir sa grande destinée finale : suggérer tout l’homme par tout l’art ? […] Quant à nos pensées, plus elles seront selon la nature, moins elles resteront accessibles aux générations qui grandiront sur des vélocipèdes à l’ombre de la Tour Eiffel...
L’honneur de la Plume fut de ne jamais mentir à son programme de revue française de jeunes et d’être restée une tribune accueillante. […] Mais ces publications étaient trop intransigeantes pour faire aucune concession au goût du public ; et la grande presse restait hostile ; elle ourdissait autour de ces tentatives la conspiration du silence. […] On peut dire qu’aucune manifestation de l’intelligence ne lui est restée étrangère. […] Vous restez une minute cloué sur le seuil, suffoqué par le bruit, la chaleur et la fumée ; un spectacle étrange s’offre à la vue : un long boyau coudé de maçonnerie est rempli d’une humanité exaltée et grouillante.
Les religions de la Babylonie et de la Syrie ne se dégagèrent jamais d’un fond de sensualité étrange ; ces religions restèrent, jusqu’à leur extinction au IVe et au Ve siècle de notre ère, des écoles d’immoralité, où quelquefois se faisaient jour, par une sorte d’intuition poétique, de pénétrantes échappées sur le monde divin. […] Le druidisme resta une forme exclusivement nationale et sans portée universelle. […] Bien au-delà des confins de l’histoire, sous sa tente restée pure des désordres d’un monde déjà corrompu, le patriarche bédouin préparait la foi du monde. […] C’étaient même les plus orthodoxes qui restaient en dehors de toutes ces imaginations particulières, et s’en tenaient à la simplicité du mosaïsme.
Cheveux blancs très courts, sourcils restés noirs, des yeux qui semblent des yeux d’émail entre des paupières sans cils, coloration bilieuse du teint, galbe osseux, sculpture émaciée des chairs. […] Il avait dans son salon des meubles de la Restauration, des fauteuils en tapisserie au petit point, où était restée comme l’ombre du chapeau de la duchesse d’Angoulême. […] Il nous montre une lettre de Victor Hugo, apportée par Mlle Thuillier, et où il nous fait lire cette phrase : « Il fait triste ici… il pleut, c’est comme s’il tombait des pleurs. » Dans cette lettre, Hugo remercie Janin de son feuilleton sur la vente de son mobilier, lui annonce que son livre va paraître dans un mois, et qu’il le lui fera parvenir dans un panier de poisson ou dans un cassant de fonte, et il ajoute : « On dit qu’après, le Bonaparte me rayera de l’Académie… Je vous laisse mon fauteuil. » Puis, Janin se répand sur la saleté et l’infection de Planche, sa bête d’horreur : « Vous savez, quand il occupe sa stalle des Français, les deux stalles à côté restent vides. […] * * * — Nous soupons beaucoup cette année : des soupers imbéciles où l’on sert des pêches à la Condé, des pêches-primeurs à 8 francs pièce, dont le plat coûte quatre louis et où l’on boit du vin chaud fabriqué avec du Léoville de 1836 ; des soupers en compagnie de gaupes ramassées à Mabille, de gueuses d’occasion qui mordent à ces repas d’opéra, avec un morceau de cervelas de leur dîner, resté entre les dents, et dont l’une s’écriait naïvement : « Tiens, quatre heures… maman est en train d’éplucher ses carottes !
Jusque-là, elle était restée obscure ; elle n’était pas sortie de cette carapace d’obscurité, dont l’épaisseur, toujours difficile à percer, est proportionnelle au talent qu’on a et à la bêtise de la foule. […] Mais cette goutte de sang, qui y est restée, faisait, aux yeux des démocrates, des purs, des absolus, des vrais citoyens, qui l’y voient toujours, tache dans son rubis, à cette Rouge23 ! […] Mme Sand rappelle le marquis de Lafayette, qui, platement révolutionnaire, et voulant s’aplatir encore davantage, est toujours resté, de manière et d’esprit, un grand seigneur. […] Elle restera le genre de femme qu’elle est.
De tous les livres d’une époque d’orgueil et d’illusion qui ont des prétentions et des visées immenses, il ne restera peut-être à lire fructueusement dans un siècle que de modestes et courageux travaux d’histoire, dont on parle à peine au milieu du fracas des grandes théories et de l’usurpation des sciences fausses. […] Savant, renseigné, déjà rompu au style et à la manière de l’histoire, car il est l’auteur d’un travail estimé sur Colbert qui, sans être irréprochable pourtant, nous fait mieux connaître ce grand ministre que tout ce qu’on a publié jusqu’ici, il pouvait, tout comme un autre, et même mieux qu’un autre, faire une large battue dans le passé, nous donner quelque histoire de la civilisation à telle époque, et recommencer cette chasse aux fantômes et aux choses vagues qu’il faut refaire tous les vingt ans si l’on veut rester, soi et son œuvre, autrement qu’à l’état de date et de livre dépassé dans l’esprit des générations ! […] Mais, si cela est, on peut dire que l’économiste s’est heureusement perdu en chemin, et qu’en face de l’illustre commerçant du xve siècle il n’est resté qu’un historien, un historien exact avec scrupule, inquiet de la noble inquiétude du vrai juste et doux, mais, pourquoi ne pas le dire ? […] Homme à destinée complète, peut-être aurait-il attaché, s’il avait vécu, un éclat de plus, la gloire militaire, à son nom ; mais il mourut à Chio, et, à ce qu’il paraît, des suites d’une blessure reçue dans un combat de mer resté obscur.
Nous savons bien, — et lui aussi, probablement — ce qui resterait du christianisme, après cet élargissement à la Diderot ; mais pour les simples de cœur et d’esprit qui se laissent pétrir par la main de toutes les propagandes, un tel langage a sa séduction. […] Dieu, l’âme, son essence et ses destinées, les hiérarchies spirituelles, etc., sont restées des questions pour M. […] Une fois le fond du livre écarté, les qualités qui resteront pour le défendre n’imposeront point par leur éclat aux véritables connaisseurs. […] Nous restons métaphysicien.
Pelletan restera la profession de foi — isolée — de son auteur aux incomparables grandeurs et à la vérité du dix-neuvième siècle, et nous ne disons pas assez, à toutes les grandeurs et à la vérité de tous les siècles qui le suivront. […] Écrire la profession de foi d’un siècle qui semblait ne plus en avoir ; proclamer la seule croyance restée debout sur toutes les autres, la seule religion qui convienne à des Titans intellectuels de notre force ; proclamer la foi au progrès, la foi scientifique au progrès, imposée à tout ce qui pense, de par l’autorité même de l’histoire ; en trois mots, reprendre en sous-œuvre et refaire l’histoire des civilisations successives, de l’homme et de la création, était n’importe pour quel esprit une tentative dangereusement grandiose. […] Pelletan, il ne resterait pas un atome. […] La Chute admise, le Progrès ne serait plus ï Les enfants verraient cela… Seulement, pour rendre son soufflet à l’histoire, il fallait rester dans la philosophie, nous donner, d’après la nature de l’homme et l’étude de ses instincts et de Ses facultés, la preuve philosophique de l’impossibilité radicale, humaine, de la chuté.
et il l’est resté ! […] On dirait que ce sont les couleurs du livre de M. de Beauvoir, livre de deuil, puisqu’il reflète une vie, mais qu’une imagination restée virginale, on ne sait trop par quel procédé, éclaire des teintes d’une rose de Bengale immortelle. […] … La Muse de M. de Beauvoir a plus d’un rapport avec une célèbre courtisane, restée sincère et tendre, malgré les dissipations de sa vie. […] Oui, que les poètes se le disent : A l’heure qu’il est, tout poète qui ne sera pas chrétien, dans le sentiment ou dans la pensée, restera au-dessous du moindre lecteur qui le sera !
Henri IV, que, dans son histoire, il diminue pour rester vrai, l’aimait au point de vouloir le faire servir à ses vices et employer à ses amours, sachant que les femmes qui résistaient au roi ne résisteraient pas au poète, et qu’il les lui prendrait comme les forteresses… Mais il était trop fier faucon pour de telles chasses, et il resta ce que le pur et délicieux Joinville lui-même serait resté, si, par impossible, Saint Louis eût été Henri IV ! […] Et c’est là ce qui explique qu’il soit si longtemps resté obscur beaucoup mieux que les Dragonnades de Louis XIV, comme disent ses éditeurs avec trop de ressentiment protestant.
Enfin, tel qu’il est, Cruikshank est un artiste doué de riches facultés comiques, et qui restera dans toutes les collections. […] C’est un Français qui est resté le meilleur bouffon italien. […] leur criait-il, — ne bougez pas, restez ainsi ! […] Au mot grâce spéciale substituez, si vous voulez, le mot folie, ou hallucination ; mais le mystère restera presque aussi noir.
Dans sa première jeunesse, désespéré d’être resté court devant un empereur, il veut s’aller précipiter dans le Danube. […] Des monuments de sa grandeur passée, et la triste monotonie de la servitude présente, voilà ce qui lui restait. […] De toute sa fortune, il ne lui restait qu’un dialogue de Platon, et une harangue de Démosthène, qu’il portait partout avec lui. […] Nous n’avons point de panégyrique d’Antonin, qui cependant valait bien la peine d’être loué ; nous savons seulement qu’un orateur grec, nommé Gallinicus, auteur de plusieurs autres éloges, avait fait le panégyrique de ce prince ; mais rien de cet orateur ne nous est resté que son nom.
Victor Hugo est resté après les Misérables le Victor Hugo qu’il était avant, c’est-à-dire un homme très capable de nous donner un grand livre après un mauvais, comme il nous a donné la Légende des siècles après les Contemplations, tandis qu’Ernest Renan, qui n’est pas de cette taille de génie, a été tué net sur le livre qu’il a fait et qu’il lui est impossible de surpasser… Pour faire plus de bruit, Renan a crevé son tambour. […] En supposant que la grâce pût être commune et rester la grâce, je dirais qu’Octave Feuillet en a souvent. […] Ce livre de la Régence, qui est resté enseveli sous le silence de la honte, n’en est pas moins, si on ne regarde qu’au talent, le livre qui en a le plus de tous les livres de l’année.
Elles restaient d’autant plus facilement cachées dans l’état de famille, qu’elles se conservaient dans un langage muet, et ne s’expliquaient que par des cérémonies saintes, qui restèrent ensuite dans les acta legitima. […] Sous les gouvernements aristocratiques qui vinrent ensuite, les mœurs étant toujours religieuses, les lois restèrent entourées du mystère de la religion et furent observées avec la sévérité et les scrupules qui en sont inséparables ; le secret est l’âme des aristocraties, et la rigueur de l’équité civile est ce qui fait leur salut.
J’aime tant à rester où tu es ! […] Où ton amour est-il resté ? […] Pour moi, j’arrêtai les chevaux et je restai. […] Ainsi nous restions l’un en face de l’autre tristes et pensifs, car le mur qui séparait notre cour de la vôtre était tombé. […] Le porche de la maison était encore debout avec sa voûte, comme nous le voyons aujourd’hui : c’était tout ce qui restait !
C’est ainsi qu’en écrivant sur les sciences naturelles comme Aristote, Pline et Sénèque, Bernardin de Saint-Pierre est resté original. […] Trop souvent il suit les traces de Pline: sa force est en lui-même ; il explique l’univers d’après les lois de sa physique, et les lois de la Providence lui restent inconnues. […] Il lui suffisait d’apprendre à sa patrie que ses opinions ne changeaient point avec les circonstances, et qu’il était resté immuable au milieu des bouleversements du siècle. […] On n’a point élevé de marbres sur leurs humbles tertres ni gravé d’inscriptions à leurs vertus ; mais leur mémoire est restée ineffaçable dans le cœur de ceux qu’ils ont obligés. […] Pour moi, depuis que je ne vous vois plus, je suis comme un ami qui n’a plus d’amis, comme un père qui a perdu ses enfants, comme un voyageur qui erre sur la terre, où je suis resté seul.
Il n’était pas non plus de ceux qui, en effet, sont restés et n’ont jamais cessé d’être jeunes d’esprit, de vivacité, de goûts, comme on l’a dit du prince de Ligne, qui semblait avoir toujours ses vingt ans. […] Steinlen, « on en retrouve toujours des membres dans les maisons religieuses d’hommes et de femmes, tandis que les autres, restés dans le monde, sont souvent choisis comme arbitres dans les différends ». […] Ceux qui l’ont bien connu prétendent pourtant que, malgré sa conversion, il restait du patricien en lui. […] J’estimerais peu un jeune homme qui resterait insensible aux grandes idées, aux beaux fantômes qui traversent l’air et planent sur les têtes de vingt ans, aux saisons fécondes. […] Il est en action du matin au soir ; il n’a d’autre récréation que de passer d’une étude à l’autre ; il n’aime rien de ce qu’il voit ici, et cependant il désire rester plus longtemps, quoiqu’il ait passé déjà toute une quinzaine avec nous.
Homère et Virgile sont restés debout sur les ruines de la Grèce et de Rome. […] Si nous passons au Renan de la réalité, nous restons surpris. […] Seulement, si nous en restons là, nous n’irons pas loin. […] Stendhal restait surtout un psychologue. […] Balzac restera évidemment dans d’autres conditions que Boileau.
La guerre d’Italie ne fut pardonnée que quand on la vit tourner coud et rester à mi-chemin. […] Elle est restée un pays riche, considérant la comme une sotte carrière, très peu rémunératrice. […] Quelques efforts d’amélioration qui se firent à partir de 1860 restèrent incohérents et sans suite. […] Le catholicisme restait la seule force organisée en dehors de l’État et confisquait à son profit l’action extérieure de la France. […] La France a voulu rester catholique ; elle en porte les conséquences.
Les lettres d’outre-Manche restaient décachetées sur sa table. […] Que d’efforts il a faits pour rester inconnu ! […] De cette façon, il est resté romantique pour les classiques et classique pour les romantiques. […] Rousseau dessinait bien et fidèlement, mais c’est surtout comme coloriste qu’il restera. […] Il a prolongé depuis et répété comme à plaisir cette note en l’affaiblissant peut-être, mais il est resté
« Dans la tendre vénération qu’elle portait à la mémoire de son père, et qui était restée gravée en elle comme l’impression la plus ineffaçable de son enfance », elle n’avait rien tant à cœur, nous apprend M. […] Cette faveur lui fut refusée. » « Cette âme, à qui le souffle d’en haut avait été si libéralement départi, et qui était, malgré tout, restée intimement religieuse, avait sans doute en ce moment suprême une vision surhumaine, une révélation inattendue, un argument nouveau d’immortalité. […] » Et en effet, elle resta femme, femme héroïque jusqu’au dernier soupir. […] Faugère de lire le Discours, resté inédit jusqu’ici, qu’elle composa à vingt-trois ans pour répondre à la question proposée par l’Académie de Besançon : Comment l’éducation des femmes pourrait contribuer à rendre les hommes meilleurs ? […] Il y aurait bien des idées, bien des aperçus à développer en ce sens ; je dois me borner ; mais je maintiens, en finissant, que Mme Roland, par cet ensemble de raison et de chaleur, d’enthousiasme et de justesse, qui la distingue, par cette impulsion féconde qui part d’elle et qu’on ressent quand on est plébéienne (et même en ne se l’avouant pas), est et restera dans l’avenir le Jean-Jacques Rousseau des femmes.
Auguste Colbert, dès vingt-trois ans, était en pleine lumière, et il y resta ; il ne cessa de combattre sur une scène en vue, sous l’œil de César, en soldat de la grande armée, et sa mort sur le champ de bataille illustrait à jamais aux yeux de la patrie. […] Son activité habile s’employa ensuite dans les Calabres à soumettre l’insurrection, à la contenir, à protéger les places restées fidèles. […] Ses compagnons s’opposèrent à ce qu’on l’envoyât à l’hôpital ; il resta soigné par eux dans la vieille caserne. […] Je ne pus me contenir, je me jetai à son cou, je sanglotais, et j’y serais resté longtemps si nos malheureux camarades ne fussent venus m’en arracher. Il profita de ce moment (remarque bien ceci, mon cher Saint-Joseph) pour rassembler le peu de forces qui lui restaient encore, et, s’étant mis sur son séant, il nous reprocha pour ainsi dire notre faiblesse ; il était, en effet, plus calme que nous tous, son visage était serein, et, quoique les ombres de la mort s’y fissent déjà apercevoir, il avait quelque chose de noble, d’imposant, d’auguste : « Qu’est-ce donc que mourir, mes amis ?
décadisme est un mot de génie, une trouvaille amusante et qui restera. […] Il restait encombré d’un chaos de lectures. […] Deux ou trois numéros du format journal restaient encore à paraître. […] Il mettait son orgueil à rester le seul à qui, comme disait Baju, « on ne pourrait jamais reprocher son passé littéraire ». […] Sa vie peu connue restait enveloppée de légendes.
Malgré tout ce que vous faites et ce que vous ferez, le métier de la vertu restera toujours le plus pauvre des métiers. […] À Condrieu, le souvenir de ses écoles du dimanche et surtout des promenades où elle menait ses élèves est resté comme une légende. […] Je porte envie aux gamins qui entendent ces chefs-d’œuvre, destinés sans doute, comme les vrais chefs-d’œuvre, à rester toujours inédits. […] Cette faveur n’eut d’autre résultat que de resserrer de plus en plus les liens d’affection qui les unissaient à leur maîtresse ; elles restèrent comme servantes dans la maison où elles avaient été esclaves. […] Souriau, Gémond, Laussat et la personne charitable qui a voulu rester anonyme, vous ont aidés à récompenser des vertus non moins touchantes que celles que nous avons déjà énumérées.
La conversation avait marié des âmes faites pour s’aimer ; le mariage de ces deux aines était consommé, en pleine fécondité, quand se célébra celui dont l’histoire a tant parlé et dont il n’est heureusement pas resté d’autre fruit. […] Restaient avec madame de Sévigné : madame de Grignan, sa fille, madame de Simiane, sa petite-fille, madame de Coulanges, sa cousine. […] En 1680, il ne restait des anciens habitués de l’hôtel Rambouillet que Chapelain, âgé de 85 ans ; Cottin, âgé de 70 ; tous deux finissant leur vie entre la caducité et la décrépitude. […] Ce qui restait alors de la splendeur poétique de la France, c’étaient La Fontaine, âgé de 56 ans ; Boileau, de 44 ; Racine, de 41 ; Quinault, de 45. […] Ce qui restait d’écrivains en prose, c’étaient Mézerai, âgé de 70 ans, qui n’en vécut plus que 3 ; Saint-Évremond, âgé de 67 ans, qui en vécut encore 23, mais en Angleterre ; Ménage, aussi dans sa 67e année, qui en vécut encore 12 à compiler ; Pélisson, âgé de 66 ans, qui en vécut encore 17 à convertir des protestants.
Restée Italienne par son imagination, qui était colorée, pittoresque et lumineuse, elle y combinait la rêverie et l’exaltation allemande, qu’elle semblait pousser par moments jusqu’à l’hallucination et l’illuminisme : « Il y a en moi, disait-elle, un démon qui s’oppose à tout ce qui veut faire de la réalité. » La poésie était son monde naturel. […] Vous savez qu’il m’est impossible de rester assise, en personne bien élevée. […] Je m’écriai : « Je ne puis rester sur ce canapé ! […] La voilà donc sur son cœur, c’est bon pour un instant ; mais le singulier, c’est qu’elle y resta assez de temps pour s’y endormir, car elle venait de passer plusieurs nuits en voyage, et elle mourait de fatigue. […] Beethoven était certes aussi amoureux de l’art que Goethe pouvait l’être, et l’art serait toujours resté sa passion première ; mais il souffrait, il vivait superbe et mélancolique dans son génie, séparé du reste des hommes, et il aurait voulu s’en séquestrer davantage encore ; il s’écriait avec douleur et sympathie : « Chère, très chère Bettine, qui comprend l’art ?
On peut juger un homme public, mort ou vivant, avec quelque rudesse ; mais il me semble qu’une femme, même morte, quand elle est restée femme par les qualités essentielles, est un peu notre contemporaine toujours ; elle l’est surtout quand elle n’a cessé de se continuer jusqu’à nous par une descendance de gloire, de vertu et de grâce. […] Il est resté deux semaines à Paris ; je l’ai eu tous les jours chez moi ; il était devenu doux, souple, humble, décent jusqu’à la pudeur. […] Rabattez de ces éloges ce qu’il vous plaira, faites la part de la politesse et de l’hospitalité, et il en restera toujours quelque chose. […] Par malheur la greffe chez elle resta toujours rebelle, et ne réussit que très imparfaitement. […] Mme Necker, fondatrice, en resta pendant dix années la directrice et l’économe vigilante.
Je ne sais pas de plus joli tableau d’intérieur que celui qu’il trace de cette famille patriarcale et de ses joies du coin du feu : Ajoutez au ménage trois sœurs de mon aïeule, et la sœur de ma mère, cette tante qui m’est restée ; c’était au milieu de ces femmes et d’un essaim d’enfants, que mon père se trouvait seul : avec très peu de bien tout cela subsistait. […] Ç’a été au contraire la gloire du pinceau de Jean-Jacques dans ses Confessions, de ne rien rendre qui ne fût vrai et senti, et de rester ferme et sobre jusque dans les magnificences de description ou dans les tendresses. […] Ce sont ses revanches, et l’on ne s’explique pas qu’il avait été repris à soixante ans de l’envie de donner je ne sais quelle tragédie de Numitor, qui lui était restée en portefeuille. […] Il le fut tant qu’il resta avec M. de Marigny. […] Marmontel fut heureux, même dans ses mésaventures ; quand il se vit envoyé à la Bastille pour avoir offensé ce plat duc d’Aumont, ce fut pour lui un succès : il n’y resta que onze jours, traité avec toute sorte de considération, et il en sortit avec un relief nouveau.
C’est durant ce voyage qu’il fut dénoncé, surpris à Paris où il était au lit malade, arrêté comme si on ne savait pas à qui l’on avait affaire et comme s’il était un faux-monnayeur, traité indignement, jeté au For-l’Évêque, et de là exilé en Armagnac à L’Isle-Jourdain où il resta plus de deux ans. […] La nature ayant formé cette âme et ce personnage héroïque du Grand Condé, il semble qu’il ne lui était pas resté assez d’étoffe pour faire un grand homme ni même un bel homme : il en était résulté ce prince chétif, rachitique, spirituel, muable de volonté, capricieux avec violence, qui n’avait que des éclairs en tout, en amour, en valeur, en religion, et qui fut toujours dominé par ses entours. […] Cette dernière est restée à Pézenas, et c’est l’abbé de Cosnac que le prince de Conti charge de l’ennuyeuse mission d’aller lui signifier la rupture : J’arrivai à midi dans Pézenas, nous dit l’abbé de Cosnac (et tout son récit en cet endroit exprime bien une ironie légère). […] Quand il eût eu dans le cœur quelques restes de tendresse pour cette femme, elle se serait évanouie par le récit que je lui fis de l’inégalité de son humeur et de la légèreté de son esprit ; mais cette idée était déjà tellement effacée, qu’il ne lui en restait aucun souvenir, et depuis ce temps je ne me souviens point de lui avoir ouï nommer son nom. […] Cette raillerie le piqua si vivement, qu’il jeta sur le roi tout ce qui lui en restait.
Ruine irréparable : « il était prêtre, et il ne croyait plus. » Pourtant, il ne se reconnaît pas le droit de violer son serment. « Du moment qu’on l’avait châtré, il voulait rester à part, dans sa fierté douloureuse. » D’ailleurs, s’il n’a pu vaincre la raison en lui, il est resté maître de sa chair. Il restera honnête et pur, cachant au fond de lui-même son incroyance. […] Il confirme de visu son intuition première, qu’il n’y avait là, dans ce lieu de prétendus miracles, qu’amour du lucre et que charlatanisme ; sans que cette confirmation puisse étouffer en lui le désir, qu’il ne peut arracher de son être, de « tuer le vieil homme en lui », de s’anéantir « avec sa volonté et son intelligence », de ne plus rester « ainsi tout seul, dans le désert glacé de son intelligence, à regretter l’illusion, le mensonge, le divin amour des simples d’esprits, dont son cœur n’était plus capable. » Mais le courant qui mène de la foi à l’incroyance ne peut être remonté, si amers que soient ses flots. […] Trois ans encore d’angoisse, passés auprès des pauvres, durant lesquels l’abbé Pierre, demeuré « tel qu’un sépulcre vide où ne restait pas même la cendre de l’espoir », assiste à la banqueroute de la charité, empêcheuse de justice. […] il s’en croyait frappé, au fond des os, jusqu’aux moelles… La vie voudrait-elle de lui encore, n’avait-il pas été marqué pour rester éternellement à part ?
Toutes les provisions que ma mère m’apportait restaient empilées dans mes poches et y moisissaient. […] Là, comme au collège de Vendôme, son génie ne se décela point, et il resta confondu parmi le troupeau des écoliers ordinaires. […] Ils restent tout petits, sans ressources comme leur mère. […] Venise nous plut tant que nous y restâmes bien au-delà du temps que nous devions y consacrer. […] La plupart en meurent ou restent malades toute leur vie.
… Ce qui est certain, c’est que quand je considère aujourd’hui tout l’ensemble de l’œuvre étonnante de Victor Hugo, dans laquelle il a mis de plus en plus hardiment et fait sortir tout ce qu’il avait en lui de force, de qualités et de défauts, en les poussant jusqu’au bout et à outrance, je sens combien je suis demeuré timide à son égard et insuffisant comme critique : j’en suis resté avec lui très en arrière, à l’autre versant de la montagne, sans doubler le sommet et sans redescendre les dernières pentes si déchirées et si rapides. […] Dans les premières années qui suivirent, il semblait que, sauf un peu plus de vivacité dans ce qui concernait les droits du poëte au théâtre, il fût resté dans cette même mesure. […] Une période tout enthousiaste de trois années commença pour moi (1827–1830) ; elle acheva de se consacrer dans mon culte intérieur par le recueil des Consolations qui est resté à mes yeux comme le sanctuaire ardent et pur des plus belles heures de ma jeunesse.
Mais après la chute de leur théorie, un rôle assez beau resterait encore aux jeunes talents qui, désabusés d’une vaine tentative, abjurant le jargon et le système, se sentiraient la force d’entrer dans de meilleures voies, et de faire de la poésie avec leur âme. […] comment, par exemple, resterait-il insensible à ces chants délicieux et purs, récemment échappés à une épouse, à une mère, à une amie de la France ? […] Oubliant que certaines images difformes, pour être tolérables en poésie, doivent y rester enveloppées du même vague dans lequel elles glissent sur notre âme, il s’est mis, de gaieté de cœur, et avec toutes les ressources du genre descriptif, à analyser les songes d’un cerveau malade ; et il a traîné la chauve-souris au grand jour pour mieux en détailler la laideur.
Les Anselme, les Géronte restent proches parents des Beltrame et des Cassandre. […] Molière ne se ralentit pas jusqu’au dernier jour ; il n’aurait pu, à dire vrai, écouter les conseils de Boileau, rester dans la haute comédie, sans compromettre la prospérité de son théâtre. […] Scaramouche étant resté absent l’espace de trois années, de 1667 à 1670, sa rentrée attira un tel concours de monde que, les jours où Molière jouait, la salle était déserte ; et ce n’est que Le Bourgeois gentilhomme qui ramena le public.
La laide ou la fière a vu son travail s’accroître, devenir écrasant, supprimer le peu de loisir qui lui restait, tuer complètement l’ange qui agonisait en elle, tuer quelquefois la bête surmenée. […] Ses frémissements doivent rester libres, ne point servir à payer la vie de la bête. […] Restons nous-mêmes ; ne nous déformons pas pour agréer aux acheteurs.
Cette pièce est donc restée éloignée deux ans du théâtre. […] Maintenant l’art est libre : c’est à lui de rester digne. […] L’art seul est resté.
Il est resté quelques traits de flamme confiés à la lyre de la jeune Éolienne. […] Le bataillon resté enseveli sous le belliqueux carnage du fils d’Othryas proclame, ô Jupiter ! […] Souvent il ne nous est resté qu’un échantillon, qu’un refrain détaché de ce que répétait la Grèce.
1834 Ce qu’il y a d’excellent surtout, selon moi, aux vrais mémoires des vrais grands hommes, c’est que déjà connus par leurs œuvres publiques, par des actes ou des productions hors de ligne et qui resteraient des fruits un peu mystérieux pour le gros du genre humain, ces hommes nous apparaissent dans leurs mémoires par leur lien réel avec la nature de tous. […] Je n’ai pas la prétention de juger ici en quelques mots un personnage comme Bonaparte, qui offre tant d’aspects, et dont la venue a introduit dans le monde de si innombrables conséquences ; mais pour rester au point de vue qui m’occupe, j’oserai dire qu’il est l’homme qui a le plus démoralisé d’hommes de ce temps, qui a le plus contribué à subordonner pour eux le droit au fait, le devoir au bien-être, la conviction à l’utilité, la conscience aux dehors d’une fausse gloire. […] s’écrie-t-il ; mourez aujourd’hui. » Et plus loin, en termes exprès : « Quelques reproches qu’on ait pu justement lui faire, nous croyons que Mirabeau restera grand. […] Nous n’imaginons pas que personne mette en doute que partout et dans tous les temps il ne vive et ne meure loin de tout éclat une multitude d’hommes supérieurs à ceux qui jouent un rôle sur la scène du monde, etc. » Peut-être il n’a manqué à Mirabeau lui-même qu’un peu plus de vertu, de discipline, et un cœur moins relâché, pour rester et vivre inconnu ou du moins médiocrement connu, et simplement notable à la manière de ses pères. […] Depuis lors il quitta le service et resta privé de l’usage de son bras droit, la tête soutenue d’un collier d’argent.
Toute pièce ancienne ou moderne où quelque allusion s’entrevoit, est exposée à rester bannie du théâtre. […] Les premiers fondateurs de notre scène ont été bien grossiers aussi ; heureusement pour nous, le génie leur a manqué ; et n’étant pas restés modèles, ils n’ont recommandé aucun de leurs travers, consacré aucune de leurs routines6. […] Il n’est resté de tant d’artifices grecs, que ces écouteurs inactifs dont le nom seul trahit l’inconvenance : encore Chénier et d’autres modernes ont-ils supprimé ces froids personnages dont nos romantiques voisins, qui nous les reprochent, ne savent pas toujours se passer. […] Par hasard resterait-il dans l’esprit des spectateurs romantiques assez de traces de ces superstitions surannées, pour que le drame diabolique de Faust et ceux qui lui ressemblent, produisent encore de véritables émotions ? […] Enfin le style du premier admettra tour à tour l’emphase de la poésie et les familiarités de la prose ; celui du second, soumis à des lois austères, restera toujours poétique, sans jamais cesser d’être l’expression la plus naturelle et par conséquent la plus élégante des pensées et des sentiments de chaque personnage.
Ses devoirs généraux restent vagues. […] Mais sans eux, sans leur possibilité ou sans leur sourde influence, les premiers resteraient incomplets. […] Et aussi l’on s’est efforcé de nous faire rester enfants, d’épaissir notre candeur, de nous empêcher de voir le sang et les larmes qui ruissellent de tous côtés. […] Sans doute, l’homme et l’être quel qu’il soit restera toujours boiteux. […] Il est des gens faits pour agir sans penser, pour croire sans douter, pour jouir naïvement, pour ne pas comprendre et pour rester sans inquiétude.
Alfred Barbou L’œuvre de Paul Meurice restera. […] Resté en France, il allait chaque année à Guernesey porter à l’exilé les nouvelles et les fleurs de la France.
La royauté de Louis XVI resta le fait respectable et respecté. […] Elle devait être remuante, elle pouvait rester pure. […] La famille royale était restée jusque-là dans la loge du Logographe. […] Émue comme un héros au bruit du canon, intrépide contre les vociférations des pétitionnaires et des tribunes, son regard les bravait, sa lèvre dédaigneuse les couvrait de mépris ; elle se tournait sans cesse, avec des regards d’intelligence, vers les officiers de sa garde, qui remplissaient le fond de la loge et le couloir, pour leur demander des nouvelles du château, des Suisses, des forces qui leur restaient, de la situation des personnes chères qu’elle avait laissées aux Tuileries et surtout de la princesse de Lamballe, son amie. […] Aucun enthousiasme ne leur répondit, la ville resta muette.
Les animaux restent et doivent rester emprisonnés dans leurs instincts divers : l’homme, perfectible sous le rapport de ses facultés comme sous le rapport du sentiment moral ; l’homme, à qui il est donné de savoir et de connaître ; l’homme, qui peut choisir le bien ou préférer le mal, l’homme est un être libre, et ce n’est que dans l’état social qu’il trouve à la fois et les attributs et les limites de sa liberté : alors il peut en abuser, au point de renoncer à la société elle-même, au point de faire le sacrifice de sa vie ou de s’en dépouiller de sa propre main. […] Nous avons vu l’homme vouloir usurper la prérogative de nommer : alors il a mal nommé, et le nom n’est pas resté. […] Je ne contesterai point cette thèse ; car, en d’autres termes, c’est la mienne : seulement on sera parvenu à écarter la révélation ; mais il restera toujours à expliquer comment s’est faite la première manifestation de l’intelligence humaine. […] Ne pourrait-on pas dire aussi que chaque race humaine ayant été affectée de prérogatives différentes, il y a eu, dans le genre humain, un droit d’aînesse, comme tout paraît le prouver, et que ce sont les races aînées qui sont restées dépositaires des titres de famille ? […] Les langues qui sont restées immobiles sont celles qui n’ont pas été livrées à la multitude.
S’il était resté dans cette voie, il aurait pu dégager l’artiste du bloc de facultés qui sont en lui et dans lequel il se trouve pris. […] Mais, au lieu d’être une flamme légère et brillante, il a mieux aimé rester bloc. […] Mais il va, maintenant, compter ceux qui lui restent ! […] Taine nous décrit la lâcheté de la Constituante et place face à face, pour qu’ils y restent vilipendés à jamais, les faiseurs d’églogues de cette Assemblée et les Jacques de cette Jacquerie qui éventrait la France et lui déchirait les entrailles ! […] « Là-bas, — au camp, — devant l’ennemi, les nobles idées générales, qui, entre les mains des démagogues parisiens, sont devenues les prostituées sanguinaires, restent des vierges pures dans l’imagination de l’officier et du soldat.
Et notez que, connaisseur des Anciens comme personne et versé dans toute religion classique, il restait ouvert et des plus sensibles aux découvertes et aux merveilles du génie moderne. […] Mais l’expression de son visage et l’allure de sa personne étaient, presque jusqu’à la fin, restés jeunes. […] Tel était cet aimable et savant homme dont la figure, peu connue dans le monde, est et restera présente et chère à tous ? […] Je me suis trouvé une solidité à rester si longtemps sur les bancs, dont je ne me serais pas cru capable.
Pour un œil qui distinguerait tous les éléments, la variété resterait toujours aussi grande ; chaque grain de cette poussière conserve son originalité et ne se modèle pas sur ses voisins ; mais comme le mélange devient de plus en plus intime, nos sens grossiers n’aperçoivent plus que l’uniformité. […] Ces réserves, cependant, restaient tous théoriques, elles n’étaient pas bien inquiétantes, et le principe de Carnot conservait toute sa valeur pratique. […] Cela sauverait le principe de Newton, mais cela n’est pas vrai ; si l’énergie en se propageant restait toujours attachée à quelque substratum matériel, la matière en mouvement entraînerait la lumière avec elle et Fizeau a démontré qu’il n’en est rien, au moins pour l’air. […] Le principe de Mayer. — Du moins le principe de la conservation de l’énergie nous restait encore et celui-là paraissait plus solide.
Son portrait à trente ans prouvait qu’elle avait été belle et mérite l’apostrophe de Germain Nouveau : Femme de militaire et mère de poète, Il vous restait un bruit de bataille et de vers. […] Ils arrivaient tous deux de Juniville, village des Ardennes, où s’était englouti dans une malheureuse entreprise agricole le peu qui leur restait de fortune. […] Par bonheur, il restait à Verlaine quelque argent de poche. […] Il restait, même pour les prostituées du lieu, « Monsieur Paul ».
Elle n’avait guère de monuments anciens, car jusqu’aux Asmonéens, les Juifs étaient restés étrangers à tous les arts ; Jean Hyrcan avait commencé à l’embellir, et Hérode le Grand en avait fait une des plus superbes villes de l’Orient. […] Pleins d’égards à cette époque pour les religions étrangères, quand elles restaient sur leur propre territoire 604, les Romains s’interdirent l’entrée du sanctuaire ; des inscriptions grecques et latines marquaient le point jusqu’où il était permis aux non-Juifs de s’avancer 605. […] C’est là que Jésus passait ses journées, durant le temps qu’il restait à Jérusalem. […] Cette famille intrigante resta maîtresse, presque sans interruption, du souverain pontificat pendant trente-cinq ans 617.
A huit heures et demie, ils entreront dans les classes du premier cours d’études, chacun dans sa classe séparée et sous son professeur, et ils y resteront jusqu’à dix heures et demie. […] A deux heures et demie, ils se rendront tous dans les classes du second cours d’études, où ils resteront jusqu’à quatre heures et demie. A quatre heures et demie, ils passeront tous au troisième cours d’études, à la classe de dessin, où ils resteront jusqu’à cinq heures et un quart. […] Les élèves passeront d’une classe à une autre, mais chaque maître restera dans la sienne.
Et les départements restent seuls avec leurs poètes patois. […] Je tenais ce lièvre au bout de mon fusil. » Voilà comment Bianchon est resté un Nemrod incontesté. […] restez chez vous. » Ces dédaignés sont irrités de la réponse, mais ils ne savent pas en extraire une morale. […] Que je comprends bien cette parole d’un jeune écrivain plein de sève et de fougue, qui était venu passer six mois dans un département du Midi, six mois de commerce journalier avec des gens qui ne hasardent jamais une idée sans s’être assurés qu’elle a pour elle la prescription : « Si je devais rester ici trois mois de plus, je n’aurais plus la force de produire une pensée. » C’est grâce à la centralisation — maudite et honnie — que sont possibles ces hardies innovations où se retrempent les littératures fatiguées.
Tout docteur, philosophe et intellectuel qu’il pût être, Goethe aima cette jeune fille à l’âme transparente, tranquille et profonde, qui resta fidèle à Kestner et ne donna, en retour, à Goethe, que sa main fraîche et cette placide amitié qui tue sans croire être cruelle. […] Assurément Goethe fit bien de partir, mais s’il était resté pour troubler le ménage de son ami Kestner, il eût été un insensé ou un traître. […] L’auteur y dévore tout ce qui restait de l’amant, et il ne s’en porte que mieux. […] La Fortune, qui pour lui, de son vivant, brisa sa roue, s’acharne à rester assise sur le marbre de son tombeau.
C’est un utopiste du même genre, resté utopiste, malgré des expériences qui auraient corrigé l’abbé de Saint-Pierre s’il avait vécu dans notre temps, et si les prêtres tombés de plus haut que les autres hommes dans l’Ordre spirituel, pouvaient se relever et n’étaient pas presque toujours incorrigibles ! […] La théologie qu’il a étudiée et qui aurait dû donner de la trempe à son esprit n’a pu l’empêcher d’être et de rester un métaphysicien d’un ordre inférieur, qu’attire un problème qui échappe à sa portée. […] Pourquoi M. l’abbé Mitraud, resté prêtre (nous en convenons) dans la lettre de son livre, ne l’est-il pas resté dans son esprit ?
“Restez prêtre, lui répétait sans cesse notre poète. […] C’est qu’il restât cent vers de moi.” […] Melchior de Vogué lui conseille de rester chez lui, M. […] Dans les cours, le peuple est resté debout, et couvert. […] Une fois parti, nous resterons maîtres du terrain.
Qu’y faire, quand on ne sait pas de métier et qu’on veut rester honnête ? […] Ceci restera ; ceci est inébranlable. […] Et mon désir restait inassouvi : encore un qui le sera toujours. […] Il a mesuré ses forces contre le destin et il est resté maître du terrain. […] Il en est resté à son point de vue primitif.
La physique et les sciences qui s’y rattachent lui enlèvent la nature ; lui restera-t-il au moins l’homme et Dieu ? […] La philosophie ainsi entendue restera-t-elle une science ? […] La philosophie restera comme une tentative éternelle sur l’inconnu. […] Supposez résolues toutes nos questions sur Dieu, la nature, et nous-mêmes, que resterait-il à faire à l’intelligence humaine ? […] Retranchez les digressions historiques, et qu’en restera-t-il le plus souvent ?
M. de Vigny est toujours aussi haut dans l’estime publique ; ses livres sont restés, restent et resteront ; son nom nous semble destiné à ne point périr. […] En effet, son intérêt était grand de rester seule en possession de la science, puisque cette science faisait partie de son dogme de la révélation. […] En France même, voyez quel est le poète dramatique qui est le plus et le mieux resté : c’est Molière ! […] Resterons-nous comme d’impassibles spectateurs, commodément assis derrière la barrière et jugeant les coups, sans nous jeter, en gens de cœur, à travers la bataille ? […] La littérature seule resterait en dehors de ce mouvement providentiel ?
Voltaire lui-même ne se défend pas d’avoir cherché son succès dans la puissance de ce charme, puisqu’il écrit, en parlant de Zaïre : « Je tâcherai de jeter dans cet ouvrage tout ce que la religion chrétienne semble avoir de plus pathétique et de plus intéressant 17. » Un antique Croisé, chargé de malheur et de gloire, le vieux Lusignan, resté fidèle à sa religion au fond des cachots, supplie une jeune fille amoureuse d’écouter la voix du Dieu de ses pères : scène merveilleuse, dont le ressort gît tout entier dans la morale évangélique et dans les sentiments chrétiens : Mon Dieu ! […] Tu ne saurois marcher dans cet auguste lieu, Tu n’y peux faire un pas sans y trouver ton Dieu, Et tu n’y peux rester sans renier ton père… Une religion qui fournit de pareilles beautés à son ennemi mériterait pourtant d’être entendue avant d’être condamnée.
Il est sûr que la critique la plus sévère est restée muette devant elle. […] Lorsque celui-ci vit l’ouvrage de son parent (c’est lui-même qui me l’a dit), il resta stupéfait.
Il sera tué dans le combat mais, à ce prix, je vous garantis la victoire. » Chacun alors de s’offrir pour ce mortel honneur mais Malick Sy resta inébranlable jusqu’à ce qu’un jeune homme du nom de Mamadou ou (Yamadou) Hâve se fût proposé. […] La victoire resta aux Peuhl.
Je sortis ivre de cette soirée, et je suis resté ivre de souvenir. […] Les Viennois eux-mêmes, à l’exception de l’empereur Joseph II et de quelques connaisseurs transcendants, seul public des grands novateurs, restèrent froids à cette sublimité de l’art. […] ” Il souffla la lampe, et nous restâmes quelques moments en silence, attendant le sommeil ; mais entendant soupirer plus fortement qu’à l’ordinaire ce tendre père, je le priai de me dire la cause de son insomnie. […] Mon père resta seul près de moi. […] Nous regretterions de n’avoir pas connu ces Mémoires restés obscurs de d’Aponte ; c’est un trésor de littérature vénitienne qui vaut un regard de ce siècle et la traduction d’une main légère.
Il restait encore trois heures jusqu’à cinq, heure fixée pour ce repas auquel nous devions assister. […] Le Pape resta toujours inébranlable. […] Je ne lui cachai point ce que nous avions fait pour éviter la publicité d’un pareil choc ; je lui communiquai notre demande afin de ne pas être invités, demande restée sans effet. […] Pendant la célébration du mariage civil et du mariage religieux, les treize cardinaux restés volontairement à l’écart ne sortirent point de leurs demeures, pas même la nuit. […] Les cardinaux rouges sont restés à Paris, et l’on dit qu’ils fréquentent le grand monde. » Lamartine.
Sand restait indivis entre Jules Sandeau et elle, réunis par une collaboration pour la première œuvre. […] Il restait un roman berrichon de la tête aux pieds. […] Que de choses resteront et renaîtront si un injuste oubli s’est un instant mépris sur elles ! […] Quelle ressource lui restera pour remplir un instant ce grand vide qui s’ouvre devant lui ? […] En France ce type est resté une fiction.
La priorité, à ce nouveau regard, lui resterait encore. […] Il restera, peut-être au détriment des autres œuvres théâtrales de M. […] Les études sur le sérum restent donc en panne. […] Hervieu a assisté aux représentations de les Paroles restent. […] Les deux frères restent en présence.
Ce recueil en quatre volumes qui, même depuis sa réimpression, est resté rare, n’était destiné en premier lieu qu’à un petit nombre de lecteurs, et ce fut dans son château, pour plus de sûreté, que M. de Lassay le fit d’abord imprimer. […] Il ne faut peut-être point chercher ailleurs la cause de la demi-fortune de Lassay et de ce qu’il resta toujours à moitié chemin de son ambition. […] Devenu à vingt-trois ans veuf de sa première femme, il songea à faire un mariage d’amour, et crut pourvoir au bonheur de toute sa vie en épousant une personne accomplie, mais qui était restée dans une position fausse, duchesse de Lorraine durant quelques heures, et puis bourgeoise après comme devant. […] Ce renoncement suprême en vue de Marianne ne lui paraissait pas même mériter le nom de sacrifice : « Je ne sens que de la joie, disait-il, en songeant que je vais, en attendant la mort, mener une vie plus triste qu’elle, et j’aime si fort ma douleur qu’il me semble que c’est encore un moindre malheur de la souffrir que de la perdre ; si ma chère Marianne la peut voir, elle lui fait plaisir. » Il haïssait les biens, les grandeurs, tout ce qu’il ne pouvait plus partager ; il n’aimait que cette douleur, la seule chose qui lui restât de son amie ; il en parlait, d’ailleurs, comme d’une peine poignante, qui le tenait cruellement éveillé durant les nuits et qui prolongeait ses insomnies jusqu’au matin, où il ne s’assoupissait qu’à la fin et par excès de fatigue : « Mais j’ai beau faire, je ne saurais perdre de vue l’objet de mon tourment. […] Après être resté quelque temps à Vienne à observer les intrigues politiques et, qui sait ?
J’ai même entendu dire, à cette époque, que quelques démarches avaient été faites pour la rappeler. » Mais de ce que Mme de Staël n’est pas restée à Paris dans les Cent-Jours, s’ensuit-il, comme prétend l’établir dans une longue et assez âpre discussion l’auteur de Coppet et Weimar, que M. […] qu’il soit grand, magnanime, qu’il se porte en médiateur, qu’il attache son nom, sa force, sa gloire, à dire à toutes les nations : Je veux la paix, et vous resterez en paix ! […] Restent les sentiments. […] S’il a supposé à tort que Mme de Staël était restée à Paris pendant au moins une partie des Cent-Jours, ce n’est là qu’un point tout secondaire et de médiocre importance ; l’essentiel est dans l’assentiment, ne fût-ce que d’un quart d’heure, arraché à cette femme généreuse et vive. […] Ces deux souverains, je ne crains pas de les nommer, Charles X et Louis-Philippe, sont-ils donc restés si fidèles à l’esprit de la Constitution qu’ils avaient solennellement jurée et acceptée ?
Toutefois, il avait commencé par être un des ouvriers les plus zélés de l’Encyclopédie ; il y avait fait l’article Fanatisme, dont il lui resta toujours une note bridante et comme une marque au front : cet article lui barra bien des chemins. […] » A ces conseils mêlés de reproches, Deleyre ne restait pas sans réponse : il avait été croyant, il ne l’était plus ; il ne s’estimait pas, disait-il, moins vertueux aujourd’hui qu’alors. […] Là, l’auteur de ces romances sentimentales, dont l’une a dû à Rousseau une si délicieuse mélodie, put faire connaissance avec l’abbé Métastase et causer musique avec lui ; mais cette agréable rencontre, et celle aussi du bibliothécaire de l’empereur, le philosophe Jameray-Duval, qui lui marquait confiance et amitié, ne lui rendirent pas l’habitude d’une Cour plus facile ; il y resta peu et changea bientôt d’emploi. […] Deleyre, qui resta encore quelques années à Parme, y vécut, à sa manière, dans le supplice de Rousseau ; il l’imitait, sans y songer, par un secret accord douloureux, jusque dans cette variété d’une même mélancolie. […] Adieu, mon ami, il faut vivre au jour le jour, et ne compter sur rien : il n’y a de sûr que la douleur. » Une telle lettre redouble encore de valeur après tout ce que nous savons, et adressée comme elle l’est à un homme sensible, honnête, tourmenté, qui a eu la foi, et à qui il n’est resté pas même un dernier débris de croyance ; à un disciple de Diderot ou de Lucrèce, et qui, dans le jardin, au pied du sycomore, avait eu autrefois, lui aussi, des soupirs à la saint Augustin.
Cette édition47 où le texte est soigneusement collationné, où l’on donne les variantes, les corrections successives et authentiques, où rien n’est oublié au sujet de chaque pièce, ni les sources et origines, ni les termes de comparaison, ni les morceaux même de polémique qui s’y rapportent ; où l’on insérera des lettres de Corneille jusqu’ici éparses ou restées manuscrites, des pièces de vers publiées çà et là dans des recueils du temps et jusqu’aux plus minces productions du grand poète, promet d’être un modèle en son genre et tout à fait monumentale. […] Lorsqu’on aura rabattu, çà et là, de quelques assertions hasardées et de quelques interprétations trop subtiles du critique, il restera en définitive, dans le souvenir du lecteur qui l’aura suivi dans son excursion, une plus haute idée de la faculté historique instinctive du grand Corneille. […] Il prête à ses vieux héros tout ce qu’il a de noble dans l’imagination, et vous diriez qu’il se défend l’usage de son propre bien, comme s’il n’était pas digne de s’en servir. » Tout cela admis et reconnu, il restera vrai d’accorder à M. […] j’ai souvent ouvert, avec la meilleure volonté du monde, Corneille, Racine et Boileau, et je sens tout ce qu’ils ont de talent ; mais je ne puis en soutenir la lecture, et il me paraît évident qu’une partie des sentiments les plus profonds qu’éveille la poésie est restée lettre close pour ces auteurs56… » L’aveu est assez clair. […] Refaisons donc le premier pas, la première démarche victorieuse avec le poète resté si grand à bon droit dans la mémoire française.
Ce rôle, ainsi transformé, devait rester quelque temps suspect aux anciens libéraux et démocrates qui disaient : « Est-il sincère ? […] Que si Rome intervenait et lui commandait de cesser, il me semble (autant qu’on a droit de raisonner sur les desseins providentiels) qu’il n’était pas si déraisonnable à un catholique resté croyant à la liberté et en même temps soumis au Saint-Siège, de juger ainsi : « Il a été bon que M. de La Mennais et ses amis, durant deux années, jetassent ces germes dans le monde : il peut être bon que pour le moment ces germes en restent là, et, puisque Rome le décide, agissant en ce point aveuglément si l’on veut, et par des ressorts intermédiaires humains, mais d’après une direction divine cachée, il faut bien qu’il y ait utilité dans ce retard. […] … il y a eu une paille qui a fait défaut, et les mille anneaux du métal ont jonché la terre ; et cela, pour que l’esprit du siècle à la longue eût raison, pour que sa provocation incessante et flatteuse ne restât pas vaine, pour que cette parole de M. […] On prendrait, d’après notre sèche discussion, une idée bien inexacte du dernier livre de M. de La Mennais, si l’on ne s’attendait pas cependant à y trouver un vrai charme de récit, et, sauf le deuil de la foi perdue, auquel peu de lecteurs seront sensibles, bien des richesses d’une grande âme restée naïve, La gaieté elle-même n’en est pas absente : je n’en veux pour preuve que cette page légère où se jouent toutes les grâces d’ironie d’une plume laïque et mondaine.
» quoi que ce fût, on croyait voir. » Le lendemain, à la réflexion, c’était autre chose ; l’admiration seule restait entière, et on allait à un autre cours. […] Il était entré dans la philosophie, et désormais il y resta. […] Il achevait son cours d’esthétique par l’aveu du même sentiment : « À la vue d’un arbre sur la montagne battu par les vents, nous ne pouvons pas rester insensibles : ce spectacle nous rappelle l’homme, les douleurs de sa condition, une foule d’idées tristes56. » À vous, peut-être ; mais combien d’hommes n’y verront rien de semblable, et combien d’artistes n’y verront qu’un sujet de tableau ! […] Il y a des philosophes qui croiraient se discréditer en avouant que leur science a des obscurités et que leur vue a des bornes ; ils auraient honte de fléchir sous un doute, ou de rester courts devant une objection ; ils goûtent l’admiration aussi vivement que les coquettes ; pour la garder entière, ils simulent des explications, comme elles achètent de fausses dents. […] « Si la sensibilité avait le pouvoir comme elle a le désir, il ne lui resterait plus qu’à les satisfaire l’un par l’autre.
Ceux qui restèrent dans leur patrie les pleurèrent depuis lors. […] Hagene restait toujours de ce côté-ci de l’eau. […] Maintenant que vous m’avez trompé, vous resterez à l’autre bord. […] Jamais je ne le ferai, tant que la vie me restera. […] Cinq cents d’entre ceux-ci ou même plus restèrent morts sur la place.
Ces droits, pour rester inviolés, exigent de la part de tous une fidélité inaltérable au devoir. […] Un coin restait réservé. […] Il ne restera peut-être plus trace du vaincu sur la terre. […] Nous pourrions en rester là. […] La tendance antagoniste prend alors la place restée vide ; seule à son tour, elle ira aussi loin qu’il lui sera possible d’aller.
Sa vie n’a été qu’une suite d’actes de dévouement destinés à rester ignorés. […] Il le réclame bien encore, il affecte de rester intransigeant sur cette question de la reddition de Rome. […] Mais laissez-moi vous le dire : le problème n’est pas d’être soi-même, mais bien de le rester. […] Sa lettre à Voltaire est restée. […] Il me restait une demi-fiole de malaga, que je ménageais en n’y touchant de loin en loin que goutte à goutte.
L’étonnement des élèves parut grand ; mais il ne fut exprimé que sur la physionomie de chacun, qui resta muet. […] On restait immobile jusqu’au moment où l’on entendait tomber le marteau d’une grande porte. […] Si je les rends mal, elles vous resteront ; si je les rends bien, elles m’appartiendront. […] Ayant plus d’affaires à terminer, je restai deux jours de plus ; si je fusse parti, je n’eusse couru aucun risque. […] Je crus de mon devoir de rester pour les faire ; en un jour et une nuit elles furent prêtes.
Discours prononcé au nom de l’Académie des inscriptions et belles-lettres aux funérailles de M. .Villemain 10 mai 1870 Messieurs, L’Académie des inscriptions et belles-lettres ne saurait rester muette devant cette tombe, près de se refermer sur l’un des hommes qu’elle est le plus fière d’avoir possédés dans son sein. […] Parmi les recherches qui conduisent l’esprit humain à la découverte de la vérité, les unes donnent la gloire et l’éclat de la vie ; les autres restent obscures ; mais toutes sont immortelles, — immortelles, même quand elles ne visent qu’à être utiles et qu’elles se renferment dans le cercle étroit des amis de la vérité ; immortelles surtout quand elles ont été, comme celles de notre confrère, éclairées par le rayon du génie.
C’est une de ces scènes, enfin qui méritent de rester dans la mémoire et qui justifient cette définition de la bonne comédie, qu’elle est l’œuvre du démon, c’est-à-dire du génie de la raillerie et du rire. […] Il restait quelques ouvrages encore qui avaient appelé son attention au premier choix : l’un82, une agréable pièce de jour de l’an, qu’animait une inspiration sensible, une jolie idée née du cœur ; l’autre83, un grand drame touchant, construit de bonne main et avec habileté, plein de larmes, de repentirs, de fautes intéressantes cruellement expiées, et de naïves vertus ignorées de ceux qui les pratiquent. […] La commission, en terminant un travail qui, cette année comme la précédente, est resté sans fruit, ne se hasarderait pas toutefois à exprimer ce vœu, monsieur le ministre, si elle ne sentait qu’elle va en cela au-devant de vos désirs, et si elle ne confiait l’idée à votre goût.
Et, malheureusement, il y est trop resté, — chez soi. […] C’est tout ce qui restait de l’antique foi chrétienne, de l’enthousiaste amour de Dieu, épousé par le cœur ardent du Moyen Age demeuré fidèle jusqu’au grand Adultère de la Renaissance, dont le XVIe siècle fut un des bâtards ! […] Très au-dessous de Charles-Quint, son père, dont il n’avait, si l’on en croit ses portraits, que la mâchoire lourde et les poils roux dans une face inanimée et pâle ; ce scribe, qui écrivait ses ordres, défiant qu’il était jusque de l’écho de sa voix ; ce solitaire, noir de costume, de solitude et de silence, et qui cachait le roi net (el rey netto), au fond de l’Escurial, comme s’il eût voulu y cacher la netteté de sa médiocrité royale ; Philippe II, ingrat pour ses meilleurs serviteurs, jaloux de son frère don Juan, le vainqueur de Lépante, jaloux d’Alexandre Farnèse, jaloux de tout homme supérieur comme d’un despote qui menaçait son despotisme, Forneron l’a très bien jugé, réduit à sa personne humaine, dans le dernier chapitre de son ouvrage, résumé dont la forte empreinte restera marquée sur sa mémoire, comme il a bien jugé aussi Élisabeth, plus difficile à juger encore, parce qu’elle eut le succès pour elle et qu’on ne la voit qu’à travers le préjugé de sa gloire.
… Prends-moi donc, restons ensemble ; oh ! […] Il restait immobile, hagard et haletant. […] » Brutus mort est et restera toujours vivant pour lui. […] Quand on le mettait le soir à côté d’elle, elle restait tranquille jusqu’au lendemain. […] Et pourtant, je restai indigné.
Ses débuts dans une route nouvelle furent modestes et restèrent longtemps obscurs. […] Hérold n’est pas resté longtemps dans cette velléité d’indépendance et d’originalité. […] Janin est resté étranger toute sa vie. […] — Écrivains, ne faisons plus d’enfantillages, mais restons jeunes et soyons de notre temps ! […] En rapprochant les ais disjoints de l’action, il vous restera peut-être une pièce ; mais vous n’aurez plus de comédie.
Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.
Armand Silvestre, et où, tantôt en des quatorzains et tantôt en des ballades, les uns et les autres d’une écriture et d’une musique jamais faiblissantes, tant de gens notoires, la sottise actuelle et une certaine presse étaient fouaillés vigoureusement, est resté célèbre par les colères qu’il souleva. […] Il semble pourtant aujourd’hui que ces plaisirs retentissants soient achevés, et que le petit livre : À travers les groins, que le poète écrivit au cours d’une affaire qui fit récemment quelque bruit, doive rester sa dernière expression dans le genre où il s’illustra.
Les desseins des rois, les abominations des cités, les voies iniques et détournées de la politique, le remuement des cœurs par le fil secret des passions, ces inquiétudes qui saisissent parfois les peuples, ces transmutations de puissance du roi au sujet, du noble au plébéien, du riche au pauvre : tous ces ressorts resteront inexplicables pour vous, si vous n’avez, pour ainsi dire, assisté au conseil du Très-Haut, avec ces divers esprits de force, de prudence, de faiblesse et d’erreur, qu’il envoie aux nations qu’il veut ou sauver ou perdre. […] L’esprit de Dieu s’étant retiré du milieu du peuple, il ne resta de force que dans la tache originelle qui reprit son empire, comme au jour de Caïn et de sa race.
Les uns se mirent au travail malgré cela, par habitude : les autres restèrent immobiles et embarrassés. […] Ses cheveux étaient restés noirs et épais. […] Puis il resta immobile, le coude appuyé sur la table, et je pus l’observer à mon aise. […] Ibsen de rester, à ce point de vue, essentiellement norvégien. […] Désormais ils resteront, sous le même toit, étrangers l’un à l’autre.
Le malheureux bonnet sera resté attaché à quelque gouttière de la maison. […] Monteil ; il en resta effarouché pour le reste de ses jours ; son ami absent, il a vécu dans un isolement complet. […] Que de choses se sont passées depuis, auxquelles Armand Carrel ne fût pas resté étranger ! […] La dame resta la seconde mère de cette jeune fille. […] Il eût pu facilement faire partie des royalistes ambitieux : il a mieux aimé rester avec les dévoués.
Sa Nuit de Mai restera un des plus touchants et des plus sublimes cris d’un jeune cœur qui déborde, un des plus beaux témoignages de la moderne Muse. […] Après ce qu’il a fait, M. de Musset est resté modeste, à le juger du moins sur ses paroles ; il ne s’exagère point la grandeur de son œuvre, il s’en dissimule trop peut-être le côté délicieux et captivant ; peu soucieux de l’avenir, il dit pour toute préface au lecteur : Ce livre est toute ma jeunesse ; Je l’ai fait sans presque y songer.
Je restai élève du collège Charlemagne jusqu’à la première année de rhétorique inclusivement. […] Je restai donc au Journal avec Pierre Leroux, Lerminier, Desloges, etc. […] J’y entrai et y restai jusqu’en 1834, y ayant rendu quelques services qui ne furent pas toujours très bien reconnus. […] C’est alors seulement que je passai au Moniteur, où je suis resté plusieurs années. […] Avec une exactitude comme la vôtre, ce qui restera… ne sera pas difficile à régler
Je restai à Frascati environ cinq ans et demi ; j’y terminai la rhétorique, la philosophie, les mathématiques et la théologie. […] « Je ne restai toutefois que fort peu de temps dans cette incertitude. […] Je me précipitai à ses pieds ; je les baignai de larmes ; je lui racontai tout ce qu’il m’en coûtait pour le revoir, et combien je souhaitais de rester à ses côtés pour le servir, l’assister et partager son sort. […] Le Saint-Père m’affirma ensuite qu’il croyait de toute impossibilité que je pusse obtenir la permission de rester auprès de lui. […] Je restai avec lui presque tout le mois d’octobre, à l’exception de cinq ou six jours consacrés par moi à des amis que je possédais à Vérone.
Nous aurions dû leur jeter des boulets de carton sur leur ombre d’escadre ; mais ils appuyaient alors leur insolence sur l’alliance de l’Angleterre, avec laquelle nous voulions rester en paix. […] Tout sera taxé à la fois, et il ne restera qu’à livrer le blanc à la faim du noir ! […] Un couple de ces animaux avait rongé le bois, s’était introduit dans la boîte et y avait installé sa famille : voilà tout ce qui me restait de mes travaux ; près de deux mille habitants de l’air, dessinés et coloriés de ma main, étaient anéantis. […] Il leva la tête, me montra du doigt un de ses yeux sorti de son orbite, et le sang ruisselant sur son visage ; puis, de l’œil qui lui restait, il lança sur moi un regard singulièrement significatif. […] D’un élan, il se lança comme un trait à la distance de plusieurs mètres, resta quelque temps à se balancer d’un air tranquille ; puis, dès que ma baguette eut quitté l’eau, revint prendre son poste.
Et nous restons depuis quinze jours à cinq cents, ignorant si nous arriverons à une seconde édition. Après tout, nous sommes fiers entre nous de notre livre, qui restera, quoi qu’on fasse, en dépit des colères des journalistes ; et à ceux qui nous demanderaient : « Vous vous estimez donc beaucoup ? […] Il est là, toujours le même, toujours dans ses livres, avec sa mémoire, son intelligence, son ironie restée debout. […] lui répéta l’interne le voyant rester immobile. […] M. de Manteuffel rendait ainsi, par des voies mystérieuses, un signalé service aux puissances occidentales, en même temps qu’à son pays, car si le dernier mot de la guerre était resté à la Russie, la Prusse serait retombée sous la pesante tutelle de la cour de Saint-Pétersbourg.
De tout ce qu’on peut appeler le théâtre d’alors, il n’est resté qu’une pièce qui mérite d’être lue : c’est la farce de Pathelin. […] Il faut d’ailleurs rechercher ce qui restait à faire après lui, et ce qui devait être la création personnelle de Racine. […] Il restait à arracher la tragédie à l’imitation du théâtre espagnol, à la ramener dans la voie du théâtre antique, à subordonner, non plus les caractères aux situations, mais les situations aux caractères. Il restait à se rapprocher de plus en plus de ce qui fait la beauté durable et populaire du poème dramatique, la ressemblance avec la vie. […] Il restait à perfectionner la langue des chefs-d’œuvre de Corneille, non pour le nerf, l’élévation, la hardiesse, le feu, mais pour la correction, qui est un degré de vérité de plus ; en soutenant les créations de ce grand homme, et en y ajoutant.
Victor Hugo est tout cela) trouve des beautés inaccoutumées de sentiment et d’expression dans la résignation du chrétien, ces strophes resteront comme celles de Malherbe sur la mort de la fille de Desperriers et les derniers vers de Gilbert. […] Hugo a tué sous lui le dernier de ses admirateurs, et il restera désormais démonté et à pied pour toute sa vie. […] Hugo nous avaient paru l’agonie d’un génie poétique, assez fort pour rester individuel, mais qui s’était abandonné aux philosophies de ce siècle, à ces philosophies dégradées qui l’avaient rendu semblable à elle. […] Hugo doit au monde moderne dont il veut être à toute force, au lieu de rester simplement et fièrement soi ; telles sont les éclatantes beautés qu’il doit aux opinions de son siècle, devenues les religions de son cœur et de sa pensée ! […] Victor Hugo, malgré les divers cours de sa fortune, est resté fidèle à la Muse, cette déesse de plus en plus fabuleuse.
Sa vie est restée très-peu éclaircie, malgré la célébrité dont elle jouit de son vivant, malgré les mille témoignages poétiques qui l’entourèrent et dont on a conservé le recueil comme une guirlande. […] Je dis cela sans dissimuler qu’il y a, dans les témoignages cités, deux ou trois endroits embarrassants, incommodes ; on aimerait autant qu’ils fussent restés inconnus4. […] Elle a soin de le surprendre à l’heure où les autres pasteurs conduisent leurs troupeaux par les montagnes, un jour qu’il est resté seul, par hasard, à l’entrée de ses étables, jouant de la lyre. […] Il eut beau faire, lui et ceux qui le copièrent : malgré l’injure des doctes qui voulurent transformer sa vie en une sorte de fabliau grivois, la belle Cordière resta populaire dans le public lyonnais ; la bonne tradition triompha, et quelque chose d’un intérêt vague et touchant continua de s’attacher à son souvenir, à sa rue, à sa maison, comme à Paris on l’a vu pour Héloïse. […] Son souvenir, agité et traduit en tous sens, était resté si présent, qu’en 1790 un des bataillons de la garde nationale de Lyon, celui du quartier qu’elle habita et de la rue Belle-Cordière, s’avisa d’arborer aussi son nom et son image sur son drapeau : on la transforma même alors, pour plus d’à-propos, en une héroïne de la liberté ; on lui mit la pique à la main, et l’on surmonta le tout du chapeau de Guillaume Tell, avec cette devise : Tu prédis nos destins, Charly, belle Cordière, Car pour briser nos fers tu volas la première.
M. de Bonald est resté un nom imposant. […] La personne est si bien cachée derrière l’auteur, que si la vie de nos grands poètes n’avait eu des témoins, ou s’il n’était resté d’eux quelques lettres où ils se sont montrés sans le vouloir, à grand’peine pourrait-on, par la conjecture, s’en faire des images nettes d’après leurs ouvrages. […] Rester sévèrement renfermé dans les limites et les caractères du genre, c’était là le goût. […] En tout cas, la Sorbonne était digne de recruter pour Notre-Dame, et si on lui en donne la louange, c’est un honneur que ne refuserait pas la philosophie la plus jalouse de rester distincte de la religion. […] Je pourrais même affirmer que le nom lui en restera, si l’esprit français resserre son union, un moment relâchée, avec les deux antiquités, ses deux immortelles nourrices.
Desroncerets est en mesure de rembourser les cent mille francs empruntés, il restera en possession du château. […] Il aime cette femme si indigne d’un sentiment sérieux et profond, au point de donner sa démission pour rester près d’elle, quand son régiment part pour le Mexique. […] Navarette et d’Estrigaud, restés seuls, jouent cartes sur table. […] On le voit, nos objections restent entières : cette seconde épreuve n’a fait que les confirmer. […] Il restera du moins à M.
le charcutier, qui transporte l’art, des sphères élevées et nobles où il devrait rester, dans les charcuteries, et qui pose l’axiome insolent, barbare et crapuleux, « que c’est là qu’il faut chercher le Beau et sa loi désormais ! […] Toute la scène y est ; mais, moi, je ne veux vous exposer que ces fromages, qui deviennent terribles à leur tour autant que ces commères endiablées… « Elles restaient debout… — dit M. […] On ne se soucie plus de savoir à quel point il imite Victor Hugo ou Flaubert, en donnant à leurs profils des airs de gargouille qu’ils n’ont pas et en faisant de même avec ce pur camée de langue française, qui restait toujours ferme et correcte autrefois, alors qu’elle était le plus passionnée ! […] Plongez-vous dans ce torrent d’ordures, et si vous pouvez y rester sans étouffer ou sans vomir, vous verrez que l’ordure y veut être de l’art encore, et du plus grand ! […] et il n’assainit pas : il se contente d’empester, — où pourrait-on bien aller encore et quelle marche d’infamie et de saletés resterait à descendre ?
J’ai ainsi empilé sur l’état présent de votre univers des états futurs qui restent pour moi en blanc : ils font pendant aux états passés qui sont de l’autre côté de l’état présent et que j’aperçois, eux, comme des images déterminées. […] Mais, dans cet Espace-Temps, le Temps et l’Espace resteraient distincts : ni l’Espace ne pourrait dégorger du temps, ni le Temps rétrocéder de l’espace. […] Car ce dernier Espace-Temps est en repos, et dans un Espace-Temps qui est en repos le Temps et l’Espace restent distincts l’un de l’autre ; ils ne s’entremêlent, comme nous allons voir, que dans le brassage opéré par le mouvement du système ; mais le système n’est en mouvement que si le physicien qui s’y trouvait l’abandonne. […] Mais Espace et Temps restent alors séparément invariants. […] Le physicien réel prend ses mesures dans le système où il se trouve, et qu’il immobilise en l’adoptant comme système de référence : Temps et Espace y restent distincts, impénétrables l’un à l’autre.
En en rabattant un peu, il ne restera encore que trop de vérité. […] Le premier ouvrage de quelque importance qu’eût achevé le ciseau de Thorwaldsen, le Jason, fut si bien vanté et préconisé par Bonstetten, qu’il ne resta pas longtemps dans l’atelier. […] Décidé à rester heureux, il se croyait en droit de repousser comme une ennemie toute réflexion trop amère, toute prévision surtout, qui lui aurait coûté des larmes ou des angoisses. […] Dans les tout derniers temps, l’âge l’avait atteint, ses yeux le quittaient ; sa vie intérieure restait la même. […] Je voulais donner une idée approchante de ce Fontenelle d’une nature singulière et d’une autre race, resté jeune jusqu’à la fin, — jeune d’esprit, d’imagination et de cœur —, homme avant tout aimable, et dont les faiblesses mêmes (selon le beau vers de Goldsmith) penchaient du côté de la vertu 100.
Boissonade, a entrepris d’élever ce monument à la mémoire d’un maître respecté : en allant contre son vœu, ni l’un ni l’autre ne se sont trompés dans l’objet de leur piété, lis ont déjà obtenu ce résultat, que tous dorénavant peuvent apprécier et estimer celui dont les œuvres jusqu’ici restaient closes ou éparses, et dont le nom seul était connu hors du cercle des savants. […] Heureusement ce petit journal, qui s’intitulait Éphèmèrides comme celui de Casaubon, a été presque tout entier brûlé, et par lui-même ; il n’en est resté qu’un cahier, choisi comme à plaisir12. […] savoir le grec, c’est l’apprendre sans cesse et poursuivre une étude qui ne saurait être un hors-d’œuvre dans la vie, et qui, comme un Ancien l’a dit du métier de la marine, doit être et rester jusqu’à la fin un exercice de tous les jours, de toutes les heures : sans quoi l’on se rouille et l’on ne sait plus bien. […] Cette traduction, joli péché du Directoire, est restée inédite, et s’est par malheur perdue. […] Il avait été et était resté fort galant ; il dut être très-sensible aux pertes de l’âge et souffrir dans sa fierté de ce qui lui manquait pour avoir des succès complets en vieillissant. il l’a remarqué de Solon et des anciens sages : pourquoi ne le remarquerait-on pas de lui ?
Les libres jugements que j’v porte et sur mes contemporains et sur moi-même rendraient cette publication impraticable, quand même il serait dans mon goût de produire ma personne sur un théâtre littéraire quelconque, ce qui assurément n’est, pas. » Ainsi il y a de lui un livre commencé sur la Révolution de 1848 ; les Œuvres dites complètes aujourd’hui ne le sont que provisoirement : il restera encore beaucoup à y ajouter, et pour la Correspondance et pour les fragments d’histoire. […] S’il est resté quelque chose de la démocratie en France, dans nos institutions, c’est au gouvernement d’un seul qu’on le doit. […] Cette forme d’esprit m’imposait, je l’avoue, plus qu’elle ne m’attirait, et, malgré d’aimables avances91, j’étais toujours resté avec lui sur un pied de respect plus que d’amitié. […] Non vraiment… » Mais je le reconnais volontiers aujourd’hui en me relisant : avec Tocqueville je suis plutôt resté en deçà que je ne suis allé jusqu’à la limite de la juste louange qui lui est due et que l’avenir lui réserve. […] Dans l’intervalle des demandes et des réponses, tout le convoi resta immobile et comme suspendu sans deviner pourquoi.
Sur l’offre que leur en fit Alexandre, ils refusèrent de retourner en Grèce, ayant honte, disaient-ils, de s’y montrer en pareil état, et ils aimèrent mieux rester établis suc la terre d’exil. […] La bienséance, le quod decet, était ta loi, et il y resta fidèle. […] On a de lui, vers cette même date et dans ce même style spirituel, mais plus aisé, une Dissertation sur la tragédie de Racine d’Alexandre, tout à l’avantage de Corneille, et qui montre bien les sentiments de ceux qui appartenaient à cette génération d’admirateurs, restés fidèles au Cid et à Cinna. […] Saint-Évremond nous représente toute une race de voluptueux distingués et disparus, qui n’ont laissé qu’un nom : M. de Cramail, Mitton, M. de Tréville… ; mais il est plus complet que pas un, et c’est pourquoi il est resté. […] L’indifférence ne lui serait plus possible à partir du xviiie siècle ; on le tirerait à soi ; il ne pourrait plus rester aujourd’hui dans cet état de neutralité et d’abstention indolente.
Maurepas, satirique avant tout, resta dans l’opposition et se consola avec des chansons pendant vingt-cinq ans. […] Mme de Pompadour voulut voir ce fils du maître, trouva moyen de se le faire amener à Bellevue où elle avait sa fille, et, conduisant le roi dans une figuerie où étaient, comme par hasard, les deux enfants, elle lui dit en les montrant tous deux : « Ce serait un beau couple. » Le roi resta froid et donna peu dans cette idée. […] C’était un homme original, brusque, honnête, resté sincère à la Cour, sérieux avec son air de singe, trouvant des apologues ingénieux pour faire parler la vérité. […] qu’est-il resté de cette femme qui nous a épuisés d’hommes et d’argent, laissés sans honneur et sans énergie, et qui a bouleversé le système politique de l’Europe ? […] Il restera quelques autres choses encore, et la postérité, ou du moins les amateurs qui aujourd’hui la représentent, semblent accorder à l’influence de Mme de Pompadour, et ranger sous son nom plus d’objets dignes d’attention que Diderot lui-même n’en énumérait.
Probablement il y serait resté, sans deux amis très obscurs alors qui voulurent faire pour lui ce que Cléobis et Biton firent pour leur mère, — en s’attelant à sa renommée. […] Quand, en effet, Mme Eugénie de Guérin commença sa vie de poésie secrète et d’humbles vertus ensevelies, qui auraient pu s’enterrer pour jamais dans ce cimetière de village dont Gray peignit les tombes, un soir, c’était le temps où l’un des hommes qui « ont su le moins rester tranquillement assis dans une chambre », fondait le bronze des canons à force de les faire tonner. […] Il l’a dit dans des vers charmants de sentiment et de cadence, qui tombent parfois çà et là, sur une rime faible, mais trouvent le moyen de n’y pas rester et de s’envoler, Qu’importe, du reste ! […] Androgyne de mère et de sœur, Mlle Eugénie de Guérin, les années venues, resta l’une et l’autre, comme à l’époque où, mignonne fillette, elle avait la charmante majesté maternelle des quelques années de plus que le frère qu’elle appelait son enfant. […] Quoique nous ayons aimé Guérin autant qu’âme d’homme puisse aimer âme d’homme, nous ne sommes pas digne de mêler nos larmes à celles de cette sœur mère, qui doit rester vierge jusque dans ses pleurs !
L’église restait ouverte nuit et jour, et les laquais, pour garder les meilleures places, étaient obligés d’y passer les nuits. […] Cependant les malins s’arrangèrent de telle sorte qu’ils lui prirent tout le temps, si court, qui restait pour là préparation ; ils se relayèrent pour lui adresser questions, consultations coup sur coup, pendant toute cette journée de la veille et jusque bien avant dans la nuit. […] Déjà les auditeurs se levaient pour sortir : il les retient du geste et les avertit de vouloir bien rester ; après un court instant, un éclair de recueillement, il monte lui-même en chaire, reprenant l’ordre de division adopté et annoncé par le récollet, il remplit les deux points qui restaient, et prêche une heure durant, à l’admiration, à l’émerveillement de tous. […] La place resta vacante pendant deux ans.
La figure du maréchal de Catinat, même en la dégageant de l’espèce de légende philosophique dont on l’avait un peu obscurcie, en ne se gardant pas moins de l’admiration routinière qui arrondit les traits et ôte à la physionomie son accent, est et restera une des plus belles, des plus pures et des plus originales du xviie siècle. […] Des deux frères qui étaient dans l’armée en même temps que lui, l’un mourut au siège de Lille en 1667 ; l’autre appelé Croisilles, avec qui il resta lié de tout temps d’une étroite tendresse, était capitaine au régiment des gardes ; retiré du métier des armes pour cause de santé et à la suite de blessures, il devint le tendre ami de Fénelon et paraît avoir été doué de toutes les délicatesses morales ; il refusa d’être sous-gouverneur du duc de Bourgogne. […] Il y en a qui s’amollissent en avançant dans la vie et se corrompent par le repos ou par les honneurs : lui, il resta intègre jusqu’au dernier jour, et si la sagesse était née avec lui, on peut dire que sa vertu ne parut jamais plus pure qu’au sortir de l’action et dans ces années de retraite où il se disposait à mourir. […] Catinat dut arriver à Pignerol sous un nom supposé, y rester caché comme un prisonnier d’État et attendre l’effet des engagements contractés par Mattioli. […] Dans une mission de ce genre, où il fallait des coups de main improvisés et peu corrects, on éprouvait sans doute, à Versailles, l’inconvénient d’avoir pour instrument un homme à scrupules ; mais on avait aussi les avantages d’avoir dans un guerrier ferme un bon esprit, sage, respectant les mœurs et les usages des populations, ménageant les amours-propres, équitable, soigneux d’alléger les charges et de tempérer les rigueurs d’une occupation étrangère, sachant maintenir la discipline dans ses troupes, leur procurer des occupations, des divertissements même, sans licence et sans ennui ; assez habile pour aller, suivi de tous ses officiers, demander à l’évêque de Casal la permission de faire gras en carême, ce qui fut fort goûté des habitants, mais résistant d’autre part à toute ingérence ultramontaine au sein de sa garnison, et disant : « Je veux rester autant qu’il est possible dans nos mœurs. » J’en ai dit assez pour montrer déjà la réunion de qualités précieuses et rares qui firent de Catinat le plus admirable officier de guerre, si elles n’en devaient pas faire précisément un grand général.
Ces tragédies sont restées des œuvres de salon ou de cabinet, érudites, artificielles, lyriques, littéraires : des poèmes enfin, et non des drames. […] Quand ce bruit fut apaisé, il ne resta plus guère que Scudéry pour s’imaginer que d’autres pièces pouvaient se comparer au Cid. […] Aussi ne les montrera-t-on pas, l’unité du lieu faisant son office : la mort du comte, la bataille, le duel de Rodrigue et de don Sanche resteront dans la coulisse, parce qu’ils ne servent qu’à traduire ou modifier les éléments psychologiques du sujet. […] Il restera pourtant dans le Cid français un reflet de l’Espagne, et c’est ce qui fera la magie, la séduction juvénile et charmante de l’œuvre. […] Le Cid et Chimène restent des personnages de roman, mais des personnages de roman qui seraient vrais et sensés.
Ô pensée restée puérile et qui s’amuse, jusque dans la vieillesse, aux plus naïfs enfantillages… « Aujourd’hui encore, dis-tu, en février 1901, je suis suspendu de mon grade d’officier dans l’ordre de la Légion d’honneur. » Tu consentirais donc de nouveau à la honte de cet honneur légal, tu consentirais donc de nouveau à porter la marque rouge des généraux et des juges de conseils de guerre. […] C’est le sublime dans la douleur, et plus tard elles resteront comme un monument impérissable ». […] Tu n’as même pas l’air de te douter que, s’il fallait rester à genoux une seconde pour chacun de ceux que des juges firent souffrir injustement, on ne se relèverait pas de toute la vie ; et, à l’heure de la mort, on aurait à peine commencé l’œuvre de réparation. […] Comment m’expliquera-t-on cela, et n’est-il pas de toute évidence que mon père avait justifié sa conduite et qu’il ne restait rien de ce qu’on avait eu peut-être à lui reprocher ? […] Loin d’être restés pauvres d’esprit, ils proclament, ces juifs de cœur, aussi haut que leurs frères reniés, les israélites de naissance : Que l’industrie soit !
Thiers, j’ai osé toucher à Napoléon législateur et conquérant ; aujourd’hui, à propos de ces nouveaux Mémoires très authentiques, publiés il y a deux ans par les fils du général Bertrand et restés, je ne sais pourquoi, inaperçus, je voudrais dire quelque chose de Napoléon écrivain et l’un des maîtres de la parole. […] J’ai connu des gens de goût, mais d’un goût restreint et nourri à l’ombre du cabinet, qui, en jugeant Napoléon pour son talent de parole, en étaient restés sur cette première impression : Daunou, par exemple, écrivain d’un style pur, châtié et orné. […] Les Mémoires de Frédéric et ceux du cardinal de Richelieu prêteraient aussi à un rapprochement ; mais, quoique ces grands hommes, dans les moments essentiels, se dégagent très bien des défauts de manière dont ils ne sont pas exempts, ils restent atteints dans leur ensemble et sont repris parfois, en écrivant, d’une sorte de manie de bel esprit que leur donnaient l’éducation littéraire de leur temps et leur prétention particulière11. […] Napoléon en est resté au point où le style, la pensée et l’action se confondent. […] Il était donc resté absent d’Europe seize mois et vingt jours.
Il en est résulté que de Brosses, l’ami de Buffon, n’est resté grand homme que dans sa province ; et, pour l’apprécier aujourd’hui en quelques-unes de ses qualités rares, c’est à ses Lettres écrites d’Italie qu’il faut s’adresser, lettres de jeunesse, écrites pour l’intimité et entre camarades, avec toute la liberté bourguignonne et le sel du pays natal, mais remplies aussi d’observations excellentese, de libres et fins jugements sur les arts, sur les mœurs et sur les hommes. […] On ne peut quitter Rome quand on y est resté au-delà de quelques semaines ; c’est un charme connu de tous les voyageurs, et auquel de Brosses n’échappe pas : « Car il faut que vous sachiez, écrit-il aux amis de Dijon, que les gens ne sont jamais croyables quand ils disent qu’ils vont partir de Rome. […] S’il y avait dans ce portrait quelque chose d’un peu moqueur et d’un peu léger pour de Brosses, celui-ci, sans y viser, l’aurait bien rendu à Diderot ; car, s’étant figuré d’abord, avant de le connaître, qu’il allait trouver en lui une furieuse tête métaphysique, il écrivait, après l’entrevue et au bout de quelques visites : C’est un gentil garçon, bien doux, bien aimable, grand philosophe, fort raisonneur, mais faiseur de digressions perpétuelles, Il m’en fit bien vingt-cinq hier, depuis neuf heures qu’il resta dans ma chambre jusqu’à une heure. […] Au milieu des luttes diverses auxquelles il assista et dans lesquelles il eut sa part comme l’une des têtes du parlement de sa province, de Brosses, tout en tenant son rôle, resta modéré et clairvoyant. […] Dans un temps où ces provinces s’effaçaient de plus en plus et où il fallait que les hommes éminents fissent acte d’adhésion et d’hommage à la vie de Paris et, pour ainsi dire, à la politesse générale et convenue de la France, il resta hardiment fidèle à sa Bourgogne.
La situation de cette pauvre église était en plus d’un lieu comme désespérée : Genève était et devait rester conquise par le calvinisme ; mais, de plus, le diocèse entier était entamé et envahi. […] Ce qu’il disait à Mme de Chantal, il l’aurait dit également à toute âme : « Tenez voire cœur au large, ma fille ; et, pourvu que l’amour de Dieu soit votre désir, et sa gloire votre prétention, vivez toujours joyeuse et courageuse. » Si l’on ne voyait chez lui que quelques images de mauvais goût et quelques abus d’esprit, de sucre, de miel et de fleurs, on pourrait croire qu’il amollit et qu’il effémine la dévotion : en allant plus au fond et en dégageant sa pensée, les meilleurs juges ont trouvé qu’il n’en était rien, et qu’il est resté fidèle au véritable et sérieux esprit chrétien. […] Son premier ouvrage resta seul dans la main des hommes, et surtout des femmes, comme le bréviaire des gens du monde. […] On ne saurait s’imaginer jusqu’où va chez lui cet abus, cette sorte de crédulité ou de complaisance, mi-partie poétique et scientifique ; et j’aime trop saint François de Sales pour citer des exemples qui compromettraient l’impression agréable sur laquelle il convient de rester avec lui. […] Mais il n’y serait pas resté longtemps, l’amour des âmes et le soin de ses peuples l’auraient bientôt fait redescendre.
Mais généralement, dans la vérité, il n’en est pas ainsi : iº Parce que l’oreille des poètes, après avoir été très sensible, lors de leur période de formation, de débrouillement, et pendant l’aurore de la production où tout se colore d’une lumière propre si belle à nous-mêmes qu’elle en paraît nouvelle, s’habitue à un certain nombre de cadences et que le sens auditif du plus subtil s’endort, s’amortit, un peu comme celui d’un auditeur de bonne musique, qui ne sait plus se réjouir que de cadences connues ; 2° Que, pendant que ces poètes restent techniquement stationnaires, une génération nouvelle se lève, parmi laquelle plusieurs poètes sentent confusément la nécessité d’une révolution et qu’un au moins la ressent précisément et l’ose. De là, luttes, antagonismes, coalitions, réclamations de ceux qui n’entendent point de leurs propres oreilles, et veulent rester fidèles auditeurs d’artistes qu’ils avaient eu déjà bien du mal à comprendre ; puis triomphe du point de vue nouveau, tant qu’il est bon, tant qu’une nouv elle transformation ne s’impose. […] Baudelaire connut l’œuvre wagnérienne, l’illustra de belles pages, et Mendès très longtemps orna le wagnérisme. » On répondra que Baudelaire en 1862 — date de sa connaissance du Tannhauser et de son étude critique — était âgé de quarante ans, fatigué de son bel effort, qu’il pouvait éprouver des plaisirs esthétiques nouveaux, et les traduire, admirablement, sans que cela l’induisît à modifier une formule de vers qui était déjà une conquête sur le passé ; et si la même raison ne peut valoir pour Mendès, quoi d’étonnant à ce que celui-ci soit, car son éducation poétique, quoique moins avancée, était déjà faite, resté fidèle à un idéal technique, dont il ne pouvait encore percevoir la caducité, puisqu’elle n’existait pas encore, et qui lui laissait toute la place pour ses réalisations encore neuves. […] Ce sont, si vous voulez, de belles choses qu’on a voulu dire en petits vers, pour rester dans le comique aimable et l’apologue clair. […] Elle touche d’ailleurs à la destinée de cette technique qui ne doit pas rester confinée à la poésie personnelle ou à la poésie décorative.
Les artistes diversifieront leurs compositions à l’infini : mais les règles de l’art, ses principes et leurs applications, resteront bornés. […] Je n’accepterai rien ; et ma chienne vous restera. […] Convenez donc que ce modèle est purement idéal, et qu’il n’est emprunté directement d’aucune image individuelle de nature dont la copie vous soit restée dans l’imagination, et que vous puissiez appeller derechef, arrêter sous vos yeux et recopier servilement, à moins que vous ne veuillez vous faire portraitiste. […] Avec le tems, par une marche lente et pusillanime, par un long et pénible tâtonnement, par une notion sourde, secrette, d’analogie, acquise par une infinité d’observations successives dont la mémoire s’éteint et dont l’effet reste, la réforme s’est étendue à de moindres parties, de celles-cy à de moindres encore, et de ces dernières aux plus petites, à l’ongle, à la paupière, aux cils, aux cheveux, effaçant sans relâche et avec une circonspection étonante les altérations et difformités de nature viciée, ou dans son origine, ou par les nécessités de sa condition, s’éloignant sans cesse du portrait, de la ligne fausse, pour s’élever au vrai modèle idéal de la beauté, à la ligne vraie ; ligne vraie, modèle idéal de beauté qui n’exista nulle part que dans la tête des Agasias, des Raphaëls, des poussins, des Pugets, des Pigals, des Falconnets ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie dont les artistes subalternes ne puisent que des notions incorrectes, plus ou moins approchées que dans l’antique ou dans leurs ouvrages ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie que ces grands maîtres ne peuvent inspirer à leurs élèves aussi rigoureusement qu’ils la conçoivent ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie au-dessus de laquelle ils peuvent s’élancer en se jouant, pour produire le chimérique, le sphinx, le centaure, l’hippogriphe, le faune, et toutes les natures mêlées ; au-dessous de laquelle ils peuvent descendre pour produire les différents portraits de la vie, la charge, le monstre, le grotesque, selon la dose de mensonge qu’exige leur composition et l’effet qu’ils ont à produire, en sorte que c’est presque une question vuide de sens que de chercher jusqu’où il faut se tenir approché ou éloigné du modèle idéal de la beauté, de la ligne vraie ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie non traditionelle qui s’évanouit presque avec l’homme de génie, qui forme pendant un tems l’esprit, le caractère, le goût des ouvrages d’un peuple, d’un siècle, d’une école ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie dont l’homme de génie aura la notion la plus correcte selon le climat, le gouvernement, les loix, les circonstances qui l’auront vu naître ; modèle idéal de la beauté, ligne vraie qui se corrompt, qui se perd et qui ne se retrouveroit peut-être parfaitement chez un peuple que par le retour à l’état de Barbarie ; car c’est la seule condition où les hommes convaincus de leur ignorance puissent se résoudre à la lenteur du tâtonnement ; les autres restent médiocres précisément parce qu’ils naissent, pour ainsi dire, scavants. […] Ils restent d’abord un peu au-dessous de leur modèle ; peu à peu ils s’en écartent davantage ; du quatrième degré de portraitiste, de copiste, ils se ravalent au centième.
Ils demeureront toujours ainsi, immobiles et debout, la bouche entrouverte comme pour laisser échapper une parole qui ne sortira point — devant une porte qui restera inflexiblement fermée ! […] Il est vrai, les imbéciles diront que vos digressions sont des pierres dont vous accotez à chaque instant, avec une espièglerie irritante, les roues de l’action ; que vos personnages feraient peut-être bien de marcher, au lieu de rester assis ; qu’au total, vos romans ne sont pas des romans. […] La question, entre les amis et les ennemis de l’autobiographie, peut se réduire à ceci : les uns veulent que le musicien qui nous enivre de ses mélodies joue derrière un paravent de carton ; il doit rester invisible, sous peine de n’être plus qu’un histrion. […] Un réaliste, lui, écraserait bêtement le papillon de son pouce lourd et massif, — et il ne vous resterait plus que la chenille2. […] En somme, Henry Murger restera, sinon un habile écrivain, du moins un romancier sympathique et un fantaisiste bien aimé (un fantaisiste !
L’abbé Le Dieu était un ecclésiastique estimable, laborieux, auteur par lui-même de quelques ouvrages sur des matières théologiques ; il fut attaché à Bossuet à partir de l’année 1684, et resta auprès de lui près de vingt ans, les vingt dernières années de la vie du grand prélat, en qualité de secrétaire particulier et avec le titre de chanoine de son église cathédrale ; mais il ne faut point voir en lui auprès de Bossuet ce qu’était l’abbé de Langeron pour Fénelon : ce n’était point un ami, mais un domestique dévoué et fidèle. […] L’abbé Le Dieu, malgré les longues années qu’il resta auprès de Bossuet, n’entra donc jamais dans son intime confiance et ne reçut jamais de lui aucune confidence proprement dite ; il ne sut les choses importantes qu’au fur et à mesure, à force d’attention et après coup. […] L’étude des belles lettres, qui l’occupait d’abord et où il excellait, se subordonna d’elle-même dans sa pensée dès qu’il eut jeté les yeux sur la Bible, ce qui lui arriva dans son année de seconde ou de rhétorique : ce moment où il rencontra et lut pour la première fois une Bible latine, et l’impression de joie et de lumière qu’il en ressentit, lui restèrent toujours présents, et il en parlait encore dans ses derniers jours ; il en fut comme révélé à lui-même ; il devint l’enfant et bientôt l’homme de l’Écriture et de la parole sainte. […] Telle était l’improvisation méditée d’où Bossuet tira ses premiers miracles et à laquelle il resta fidèle dans tout le cours de ses homélies pastorales.
Le secret des négociations avec la Cour était resté entre Mirabeau et le comte de La Marck, et celui-ci avait retiré, dans les derniers moments de son ami, toutes les traces et les preuves du traité. […] C’est par amitié pour ses collègues qu’il est resté à l’administration, parce qu’il tend naturellement au repos et à la solitude. […] « Je sais qui vous êtes », lui dit le Consul en recevant les premiers préfets, « et je devine ce que vous serez ; mais, entre tous les motifs qui m’ont déterminé à vous confier la préfecture de Paris, il en est un que je dois rappeler en ce moment : c’est qu’ayant été maltraité par la Révolution, vous n’en êtes pas moins resté constamment attaché à vos principes, et qu’étant devenu administrateur de votre département, après avoir été longtemps persécuté, vous n’avez persécuté personne. » C’est ici que commencent pour Frochot douze années d’une administration féconde, bienfaisante, tutélaire. […] Les joies de la famille lui restaient.
La seconde moitié n’est pas moins heureuse ni moins simple : quand la célébrité fut venue, il resta le même ; rien ne fut changé à ses habitudes, à ses pensées. […] Restent des leçons à donner : c’est une façon pas mauvaise de tuer le temps, mais ce n’est rien de plus. […] Mais bientôt cette dernière diversion cessa ; et dès lors, durant les mois et les semaines du rapide déclin, il n’y aurait plus à noter que les délicatesses de son âme toujours ouverte et sensible à tout, les soins tendrement ingénieux d’une admirable épouse, la sollicitude unanime de tout ce qui l’approchait, jusqu’à ce qu’enfin à son tour, accompagné de la cité tout entière qui lui faisait cortége, ce qui restait de lui sur la terre s’achemina, le 11 juin, vers cette dernière allée de grands hêtres qui mènent au Champ du repos . […] Il restera encore à publier quelques-unes de celles d’auparavant, qu’il avait également disposées pour l’impression.
Désiré Nisard Que restera-t-il donc de M. de Lamartine ? […] Il restera une foule de ces vers admirables qui n’empêchent pas les poèmes d’être médiocres, et qui sont les dernières fleurs dont se parent les poésies mourantes ; il restera le souvenir de grandes facultés poétiques, supérieures à ce qui en sera sorti ; il restera le nom harmonieux et sonore d’un poète auquel son siècle aura été trop doux et la gloire trop facile, et en qui ses contemporains auront trop aimé leurs propres défauts.
Si l’on dit souvent des premiers qu’ils sont des analystes et si l’on appelle les autres géomètres, cela n’empêche pas que les uns restent analystes, même quand ils font de la Géométrie, tandis que les autres sont encore des géomètres, même s’ils s’occupent d’Analyse pure. […] Ce ne sont pas les esprits qui ont changé, ce sont les idées ; les esprits intuitifs sont restés les mêmes ; mais leurs lecteurs ont exigé d’eux plus de concessions. […] Votre Science est impeccable, mais elle ne peut le rester qu’en s’enfermant dans une tour d’ivoire et en s’interdisant tout rapport avec le monde extérieur. […] Puis elle s’est épurée peu à peu, bientôt on s’en est servi pour construire un système compliqué d’inégalités, qui reproduisait pour ainsi dire toutes les lignes de l’image primitive ; quand cette construction a été terminée, on a décintré, pour ainsi dire, on a rejeté cette représentation grossière qui lui avait momentanément servi d’appui et qui était désormais inutile ; il n’est plus resté que la construction elle-même, irréprochable aux yeux du logicien.
S’il n’eût été qu’un enthousiaste, égaré par les apocalypses dont se nourrissait l’imagination populaire, il fût resté un sectaire obscur, inférieur à ceux dont il suivait les idées. […] Quelquefois il semble ne promettre la résurrection qu’aux justes 806, le châtiment des impies consistant à mourir tout entiers et à rester dans le néant 807. […] Mais, au sein même de la barbarie, l’idée du royaume de Dieu resta féconde. […] Mais entachées d’un grossier matérialisme, aspirant à l’impossible, c’est-à-dire à fonder l’universel bonheur sur des mesures politiques et économiques, les tentatives « socialistes » de notre temps resteront infécondes, jusqu’à ce qu’elles prennent pour règle le véritable esprit de Jésus, je veux dire l’idéalisme absolu, ce principe que pour posséder la terre il faut y renoncer.
je vous le déclare, il n’en restera pas pierre sur pierre 948. » Il refusa de rien admirer, si ce n’est une pauvre veuve qui passait à ce moment-là, et jetait dans le tronc une petite obole : « Elle a donné plus que les autres, dit-il ; les autres ont donné de leur superflu ; elle, de son nécessaire 949. » Cette façon de regarder en critique tout ce qui se faisait à Jérusalem, de relever le pauvre qui donnait peu, de rabaisser le riche qui donnait beaucoup 950, de blâmer le clergé opulent qui ne faisait rien pour le bien du peuple, exaspéra naturellement la caste sacerdotale. […] Pour cesser d’être juif, on ne devenait pas romain ; on restait sans défense sous le coup d’une législation théocratique de la plus atroce sévérité. […] leur fut-il répondu ; toute cette foule, qui ne connaît pas la Loi, est une canaille maudite 967. » Jésus restait ainsi à Jérusalem un provincial admiré des provinciaux comme lui, mais repoussé par toute l’aristocratie de la nation. […] Il est probable, en effet, que sans l’exaspération causée par tant de traits amers, Jésus eût pu longtemps rester inaperçu et se perdre dans l’épouvantable orage qui allait bientôt emporter la nation juive tout entière.
Madame de Neuillan, à la charge de qui elle restait, chercha à s’en débarrasser par un établissement. […] Les amis qu’elle s’était faits dans le premier rang de la société, lui restaient. […] Il paraît qu’après y être restée quelque temps, elle prit un petit logement rue Saint-Jacques, et qu’elle y fut meublée par ses amis. […] De quoi d’Aubigné resta un peu confus.
Ils remarquaient la mortalité effrayante des chevaux, qui n’avaient à manger le plus souvent que la paille des toits ; une partie de la cavalerie mise à pied, la conduite de l’artillerie rendue plus difficile, les convois d’ambulance forcés de rester en arrière, et par suite les malades presque sans secours dans les hôpitaux. […] On emporta sur des charrettes tout ce qui restait de vivres : Je laissai dans ma maison, dit M. de Fezensac, la farine que je ne pus emporter ; on m’avait conseillé de la détruire ; mais je ne pus me résoudre à en priver les malheureux habitants, et je la leur donnai de bon cœur, en dédommagement du mal que nous avions été forcés de leur faire. […] Aucun officier n’avait été dangereusement blessé ; 500 soldats du régiment restaient encore, et combien ce petit nombre d’hommes était éprouvé ! […] Les Cosaques nous criaient de nous rendre, et tiraient à bout portant au milieu de nous ; ceux qui étaient frappés restaient abandonnés.
Enfin, pour que tout soit net et clair, pour que les quatre ou cinq grands principes sociaux que la révolution française a coulés en bronze restent intacts sur leurs piédestaux de granit, pour qu’on ne puisse attaquer sournoisement le droit commun des Français avec ces quarante mille vieilles armes ébréchées que la rouille et la désuétude dévorent dans l’arsenal de nos lois, la charte, dans un dernier article, abolit expressément tout ce qui, dans les lois antérieures, serait contraire à son texte et à son esprit. […] Il ne restait plus qu’a le mettre, lui poëte, à la Bastille. […] Restent donc les détails du style. […] On veut attendre les tardifs qui sont restés en arrière et leur donner le temps de rejoindre.
Il faudrait plutôt l’étudier sur la masse restée sédentaire et par conséquent ayant subi, sa vie durant, l’action continue des mêmes causes naturelles. […] Soumettez un caractère faible à une éducation sévère et rigide ; il en restera ployé pour toute sa vie. […] Nous remarquons, en lisant les tragédies de Racine, que tous ses personnages ont toujours un langage noble ; qu’ils gardent, même dans la passion, un sentiment profond des bienséances ; qu’Achille en fureur, que Néron prêt au crime, enveloppent de politesse leur colère et leurs desseins de meurtre ; que Mithridate expire avec une majesté théâtrale ; qu’un enfant comme Joas, qu’une nourrice comme Œnone, parlent en termes choisis où ne détonne aucune expression basse ou vulgaire ; que, en dépit d’une amitié restée proverbiale, Pylade ne tutoie pas Oreste (par lequel il est tutoyé), parce que l’un est simple citoyen, et l’autre héritier du trône d’Agamemnon.
Ceux-là n’étaient pas enthousiastes de leur pays ; ils remarquaient que notre langue s’était perfectionnée, tandis que la leur était restée presque barbare. […] Les académiciens ont fait casser tous les bas-reliefs, afin qu’il ne restât aucune preuve de leur injustice. […] Son père le prit par la main, le conduisit au sallon, et lui dit : tiens, vois, et juge-toi toi-même… l’enfant avait la tête baissée et restait immobile.
Il avait été un enfant prodige, un de ces petits phénomènes qui cessent d’être phénomènes un jour, mais qui restent petits. […] Ils les avaient lavées, brossées vigoureusement et étendues comme des gloires aux yeux du public, ces hontes restées telles. […] Il avait débuté dans la faveur de la princesse de Gonti par des bouts-rimés qu’il avait mieux remplis que les vers dont il trouvait la rime tout seul, et c’est faiseur de bouts-rimés à la minute qu’il aurait vraiment dû rester.
I Je voudrais bien savoir quel est l’éditeur de cette Correspondance, qui ne demandait pas à paraître, et qui pouvait rester tranquille et morte de sa mort naturelle dans l’éternité… Si c’est le fils de Madame Sand, je n’ai rien à dire, si ce n’est que l’amour filial a un bandeau comme l’autre amour ; mais si c’est M. […] J’ai connu de ces bègues sublimes qui avaient du génie, et qui, par orgueil, ou défiance, ou faiblesse d’organes, restaient dans la majesté résignée du silence. […] Le livre est sain par ce côté et resté chaste.
Eh bien, nous qui n’avons pas les préjugés anglais de sir Walter Scott sur un écrivain encore tout à l’heure réputé grand dans son pays, nous ne craignons pas d’avancer qu’on ne lira pas Gulliver davantage, par la raison que c’est un livre dont il rie restera absolument rien quand la clef des allusions sur lesquelles il est bâti sera perdue. […] Je me fie à ce fond de vieux tiroir, qui ne fut ouvert peut-être qu’après la mort du doyen, et qui m’éclaire sa personnalité restée obscure. […] Lui qui avait fait trembler Walpole et commencé de jouer sur ce grand instrument de la popularité en Irlande, qu’O’Connell, cet immense virtuose, a fait vibrer si magnifiquement de nos jours, il resta malheureux d’orgueil et d’ambition au sein de ses succès stériles.
Il ne demande pas mieux que de rester chrétien et tranquille, — l’unique chrétien, je crois, de la Revue des Deux-Mondes, mais pourtant c’est à la condition que le christianisme se conduira bien, c’est-à-dire ira se relâchant chaque jour un peu plus dans une liberté indéfinie. […] Pendant que les talents qui fondèrent l’une et rejetèrent l’autre, et qui avaient trop de personnalité et de vie pour se laisser grossièrement éteindre, s’en allaient successivement à la file, il resta et passa maître, les maîtres partis. […] Taillandier, qui est un professeur et un lettré, n’a pu rester en de si profondes ignorances ou tomber dans des oublis si légers, et je sais bien quel mot la Critique pourrait lui infliger, si elle ne savait aussi la triste faculté de se faire illusion qu’ont les hommes, et ceux-là même dont la tête a le moins de fécondité !
L’étiquette de la cour de Byzance, qui tint toujours un peu de la pompe asiatique, autorisa longtemps et consacra cet usage ; mais, ou ces éloges sont perdus, ou ils sont restés manuscrits dans les bibliothèques. […] Pendant ce temps-là, les peuples gémissaient, les barbares pillaient, les empereurs s’égorgeaient, et ceux qui restaient quelque temps sur le trône, la plupart voluptueux et fanatiques, superstitieux et féroces, controversistes aussi ardents que lâches guerriers, placés entre les hérétiques et les barbares, donnaient des édits au lieu de combattre ; et tandis que les Huns, les Goths, les Arabes, les Vandales, les Bulgares et les Perses ravageaient tout, du Tibre au Pont-Euxin, et du Danube au Nil, les empereurs de Byzance oubliaient l’empire pour usurper les droits des évêques et proscrire ou soutenir des erreurs qui ne devaient être jugées que par les pontifes ; on sent bien que des temps d’avilissement et de malheur ne sont pas favorables ni aux panégyriques, ni à l’éloquence. […] L’orateur parle avec éloquence de tous les maux que nos ancêtres ont soufferts sous ce tyran ; il peint les brigandages et les rapines, les riches citoyens proscrits, leurs maisons pillées, leurs biens vendus, l’or et les pierreries arrachées aux femmes ; les vieillards survivant à leur fortune ; les enfants mis à l’enchère avec l’héritage de leurs pères ; le meurtre employé comme les formes de justice, pour s’enrichir ; l’homme riche invoquant l’indigence, pour échapper au bourreau ; la fuite, la désolation ; les villes devenues désertes et les déserts peuplés ; le palais impérial, où l’on portait de toutes parts les trésors des exilés et le fruit du carnage ; mille mains occupées jour et nuit à compter de l’argent, à entasser des métaux, à mutiler des vases ; l’or teint de sang, posé dans les balances, sous les yeux du tyran ; l’avarice insatiable engloutissant tout, sans jamais rendre, et ces richesses immenses perdues pour le ravisseur même qui, dans son économie sombre et sauvage, ne savait ni en user, ni en abuser ; au milieu de tant de maux, l’affreuse nécessité de paraître encore se réjouir ; le délateur errant, pour calomnier les regards et les visages, le citoyen qui de riche est devenu pauvre, n’osant paraître triste, parce que la vie lui restait encore, et le frère, dont on avait assassiné le frère, n’osant sortir en habit de deuil, parce qu’il avait un fils.
Ces invocations pour accuser, ou se défendre, furent les premières orationes, mot qui chez les Latins est resté pour signifier accusation ou défense ; on peut voir à ce sujet plusieurs beaux passages de Plaute et de Térence, et deux mots de la loi des douze tables : furto orare, et pacto orare (et non point adorare, selon la leçon de Juste Lipse), pour agere, excipere. […] page 208) si le combat restait indécis, comme dans le premier cas, la guerre commençait. […] Des jugements divins resta ce qu’on appelait la religion des paroles, religio verborum ; généralement les choses divines sont exprimées par des formules consacrées dans lesquelles on ne peut changer une lettre ; aussi dans les anciennes formules de la jurisprudence romaine, imitée des formules sacrées, on disait : une virgule de moins, la cause est perdue ; qui cadit virgulâ, caussâ cadit.
Au bout d’un long temps, ceux qui étaient restés dans les plaines, sentirent les maux attachés à la communauté des biens et des femmes, et vinrent se réfugier dans les asiles ouverts par les pères de famille. […] Mais si les peuples restent longtemps livrés à l’anarchie, s’ils ne s’accordent pas à prendre un des leurs pour monarque, s’ils ne sont point conquis par une nation meilleure qui les sauve en les soumettant ; alors au dernier des maux, la Providence applique un remède extrême. […] Le petit nombre d’hommes qui restent à la fin, se trouvant dans l’abondance des choses nécessaires, redeviennent naturellement sociables ; l’antique simplicité des premiers âges reparaissant parmi eux, ils connaissent de nouveau la religion, la véracité, la bonne foi, qui sont les bases naturelles de la justice, et qui font la beauté, la grâce éternelle de l’ordre établi par la Providence.
Introduction L’école du « document humain » Vers le milieu du siècle, il souffla comme un grand désir de vérité, car la science — dont l’objet est le vrai — étant restée jusque là spéculative, devenait d’utilité palpable, industrielle et efficace. […] Tout cela est encore histoire des lettres, et le serait strictement resté malgré les incursions médicales les plus avancées6, si les nouveaux savants, fiers du titre arrogé, n’en avaient immédiatement tiré les conclusions suivantes : « Aujourd’hui que le roman s’élargit et grandit, qu’il commence à être la grande forme sérieuse, passionnée, vivante de l’étude littéraire et de l’enquête sociale, qu’il devient par l’analyse et la recherche psychologique l’histoire morale contemporaine, aujourd’hui que le roman s’est imposé les études et les devoirs de la science, il peut en revendiquer les libertés et les franchises » 7, et treize ans plus tard, Edmond de Goncourt insistait encore : « Ces libertés et ces franchises, je viens seul, et une dernière fois peut-être, les réclamer hautement et bravement pour ce nouveau livre écrit dans le même sentiment de curiosité intellectuelle et de commisération pour, les misères humaines » 8.
Il restait dans tous les coins des échos de sa voix chaude et tendre, si prompte à mentir. […] Son chef-d’œuvre restera comme un monument littéraire, il n’a pas de valeur historique. […] Daniel resta le bras tendu, immobile. […] … restez là ! […] … restez-là… comme cela !
L’avenir du peuple restait lointain, confus. […] L’amour seul est resté. […] Son étude restera un des beaux travaux de ce noble esprit. […] Cette vieille demeure est restée la même qu’autrefois. […] Par eux l’art du vers est codifié pour rester immuable.
Comme je sentais que cela se trouvait en eux, je restais là, immobile, à regarder, à respirer, à tâcher d’aller avec ma pensée au-delà de l’image et de l’odeur. […] Je restais là, immobile, à regarder, à respirer, à tâcher d’aller, avec ma pensée, au-delà de l’image et de l’odeur. […] « Si (nos biens intérieurs, nos joies passées, toutes nos douleurs) restent en nous, c’est la plupart du temps dans un domaine inconnu où elles ne sont de nul service pour nous. […] Si par malheur je restais inflexible, il ne se résignait pas, et dans chacune de nos conversations ultérieures, il me reprochait régulièrement le refus que je lui avais opposé. […] Comme je sentais que cela se trouvait en eux, je restais là immobile, à regarder, à respirer, à tâcher d’aller avec ma pensée au-delà de l’image ou de l’odeur.
Restez donc là ! […] Il avait peur de rester seul et vous retenait près de son lit. […] C’est si accablant, que je suis resté couché. […] Il s’est passé à Gif des scènes qui sont restées légendaires. […] Je ne suis resté qu’un mois au Gil Blas.
« Oui, il ne parle pas mal, pour un vieux posché-isroel, fit-il en riant ; mais je m’en tiens à mon idée, je suis garçon et je resterai garçon. […] Depuis trente ans il restait là ; Katel y déposait ses assiettes avant le dîner, et Kobus y jetait ses habits. […] Vous resterez avec nous, père Christel ; Hâan et Schoûltz sont aussi là-bas ; nous allons danser jusqu’au soir, et nous souperons ensemble au Mouton-d’Or. […] Si je restais, ma femme croirait que je prends de mauvaises habitudes ; elle serait inquiète. […] » Sûzel ne répondit pas ; elle regardait à terre, et l’on voyait bien qu’elle aurait voulu rester.
Il resta deux ans en Grande-Bretagne et en partit avec l’ébauche de ses deux volumes d’essais. […] Or, le fond évolue perpétuellement ; la forme pourra-t-elle rester stationnaire ? […] Pauvre interrogation d’enfant destinée à rester à jamais sans réponse ! […] Que d’obscurités encore restent à éclairer ! […] Sully-Prudhomme, restent singulièrement solides en face des plaisanteries un peu niaises de quelques-uns.
.) — Pour ne pas me fatiguer à la veille des épreuves de la licence, je suis resté chez moi. […] Ses qualités, au fond restées les mêmes, prirent par la suite une teinte de réserve ; son ardeur se concentra. […] Ce noble projet, comme tant d’ébauches et tant de germes dignes de vie, est resté dans le royaume des limbes. […] L’École normale, qui était restée un peu froide pour lui en 1861, demanda en dernier lieu à suivre son cours. Ce cours, quoique le ton fût resté un peu trop solennel, était vivant, plus vivant que le très bon livre sur Bossuet couronné par l’Académie.
Restez avec nous, vous n’y manquerez de rien ; en supportant patiemment votre disgrâce, vous l’allégerez, et vous lui serez peut-être redevable d’un meilleur sort. » Adraste continua donc à vivre près de Crésus. […] Il resta quelque temps sans parler. […] Il fait ensuite prendre les armes à tous les habitants d’Ecbatane, jeunes et vieux, restés dans la ville, les mène contre les Perses, livre une bataille, la perd, et tombe vivant au pouvoir de l’ennemi : son armée y fut entièrement détruite. […] Convaincu qu’il ne lui restait pas d’autre ressource celui-ci obéit, et, ayant remis la pierre, en place, se retira chez lui, emportant la tête de son frère. […] Les Lacédémoniens, restés dans le doute, se déterminèrent à envoyer consulter l’oracle de Delphes sur le parti auquel il leur convenait de s’arrêter ; et la pythie leur ordonna de prendre les deux enfants pour rois, mais cependant de rendre de plus grands honneurs au plus âgé.
Il serait honteux que le prêtre restât muet devant le socinien qu’il rencontrera à chaque pas, et devant le luthérien et le calviniste dont il est environné. […] Le gros d’une nation restera toujours ignorant, peureux et conséquemment superstitieux. […] La croyance à l’existence de Dieu, ou la vieille souche, restera donc toujours.
Ôtez-lui l’uniforme dans lequel l’École normale boutonne ses vélites, ôtez-lui enfin les bénéfices intellectuels de l’institution dont il fait partie, et demandez-vous ce qui resterait alors à M. […] Lenient, lui, ne resterait pas sur la scène si son costume en disparaissait, car c’est son costume qui est sa personne, c’est son costume qui est Arlequin ! […] Elle y est restée et elle y règne sur la plupart des esprits.
Ce sont les Premiers de l’Histoire, ce sont les génies, les grands hommes, les indiscutables grands hommes, ceux qui ont mis, sur les affaires de ce monde, une main dont l’empreinte est restée. […] Tel fut cet homme politique que l’on connaît peu, mais qu’il faut apprendre à connaître ; qui traversa, sans se démentir, la Révolution, l’Empire et la Restauration ; esprit lucide, conséquent et ferme, resté au second rang, mais fait pour le premier ! […] Son livre sur la Rivalité de la France et de l’Angleterre, très peu connu du gros public, mais très estimé et très invoqué au Ministère des affaires étrangères, finira peut-être par être lu, comme ses Souvenirs et ses Mémoires, restés, jusqu’ici, dans une espèce d’oubli que l’on peut très bien expliquer.
Stefani et Antoine de La Tour, elles auront toujours ceci d’excellent, qu’elles resteront comme un démenti donné à une fausse renommée. […] Les beaux esprits qui feraient volontiers pendre leurs juges et qui, quand ils méritent le bagne, se plaignent qu’on les martyrise, tous ceux qui restent insolemment debout devant l’autorité, s’évaluant au même prix qu’elle dans le plateau contraire de la balance, tous les réclamateurs de l’impunité dans leur guerre sourde ou bruyante aux gouvernements, enfin tous les crocodiles des partis, maîtres en larmes hypocrites, mais qui savent très bien le prix des vraies, saluèrent cette voix de Silvio Pellico et la souillèrent en y mêlant la leur, croyant, et ne se trompant pas ! […] Dans les Prisons, Silvio Pellico n’accuse personne, mais il ne s’accuse pas lui-même, tandis que dans ces Lettres, écrites presque toutes après la délivrance, quand il pouvait rester, sans jamais en descendre, sur le piédestal où l’amour des partis et la pitié du monde l’avaient placé, c’est lui, lui surtout qu’il accuse et qu’il accuse seul.
Stefani et Antoine de La Tour, elles auront toujours ceci d’excellent, qu’elles resteront comme un démenti donné à une fausse renommée. […] Les beaux esprits qui feraient volontiers pendre leurs juges et qui, quand ils méritent le bagne, se plaignent qu’on les martyrise, tous ceux qui restent insolemment debout devant l’autorité, s’évaluant au même prix qu’elle, dans le plateau contraire de la balance, tous les réclamateurs de l’impunité, dans leur guerre sourde ou bruyante aux gouvernements, enfin tous les crocodiles des partis, maîtres en larmes hypocrites, mais qui savent très bien le prix des vraies, saluèrent cette voix de Silvio Pellico et la souillèrent en y mêlant la leur, croyant, et ne se trompant pas ! […] Dans Les Prisons, Silvio Pellico n’accuse personne, mais il ne s’accuse pas lui-même, tandis que dans ces Lettres, écrites presque toutes après la délivrance, quand il pouvait rester, sans jamais en descendre, sur le piédestal où l’amour des partis et la pitié du monde l’avaient placé, c’est lui, lui surtout qu’il accuse et qu’il accuse seul.
Je veux fortifier et réchauffer cette pensée d’un poète, qui, s’il a bu, je le crains bien, a bu surtout des larmes… de ces larmes qui restent longtemps aux yeux sans en tomber, qui coulent enfin et qu’on dévore. […] Or, pour rester dans l’ordre littéraire, qui oserait dire que le dix-neuvième siècle n’est pas arrivé à l’heure de l’abaissement dans l’Idéal ? […] Lui, le déshérité, le souffrant par les plus nobles causes, se grime souvent en Mathurin Régnier, sans canonicat, et de sa voix fraîche d’amoureux, et de sa lèvre de framboise qui chantait, il n’y a qu’un moment : La bouche rose, Grenade mi-close Où mon amour est resté !
Dans son âge mûr comme dans sa jeunesse, il est resté fidèle à l’Italie. […] Charles Didier est resté Français, et de quelle province ? […] C’est du détritus littéraire tel qu’il en tombe depuis trente ans de cette littérature qui s’écaille comme un vieux tableau, et dont il ne restera pas dans vingt ans un atome que le vent ait la peine d’enlever.
Il doit rester. […] C’est qu’il appartient, en effet, à cette race d’esprits qui ne s’enfoncent dans quoi que ce soit et restent à fleur d’eau de tout, — ce qui ne veut pas dire qu’ils ne savent pas y plonger. […] « Il avait — dit excellemment Feuillet — du pittoresque dans l’imagination et dans la pensée ; il ne lui en resta pas pour l’exécution. » En d’autres termes, il eut l’invention, et non l’expression, tandis que lui, Feuillet, a une expression prodigieuse, mais n’a pas cette invention qu’avait Perrault.
Ils meurent, et leurs pensées restent. […] La cendre de Descartes fut privée de cet honneur ; mais il resta à ce Français célèbre le mausolée qui fut élevé à Stockholm ; il lui resta son nom, sa gloire, l’admiration de l’Europe, et ce qui dans la suite l’honora encore plus, le silence de Newton, qui jamais ne prononça son nom dans un ouvrage.
Lui-même ajoute, en prenant il témoin les curieux amateurs de l’ancienne poésie, qu’il restait d’Orphée des hymnes très courts et en petit nombre. […] Le sens interrompu des vers qui nous restent de lui ne permet de rien affirmer. […] La poussière des débris qui nous restent encore des inspirations d’Alcman semble partout indiquer cet emploi.
Nous sommes restés auprès de Sa Majesté de trois à six heures, et l’empereur lui-même est venu dans la seconde pièce me chercher pour me faire entendre l’infante, jouant du violon. […] De là le comte Hardegg nous a fait chercher dans sa voiture et amener au grand galop chez une dame, où nous sommes restés jusqu’à cinq heures et demie. […] Si nous n’étions pas restés près de quinze jours à la maison, la fête ne se serait pas passée sans cadeau. […] Lisez au moins cette lettre du père, le lendemain du jour où il resta dans sa maison vide, et jugez ce que la séparation devait être pour cette famille de quatre cœurs. […] Mais elle n’eut pas de cesse que je ne consentisse à rester encore une demi-heure pour attendre son mari.
Je restai auprès de lui environ deux mois, malade, obligé de garder le lit. […] Ces deux cartons restèrent, l’un dans le palais Médicis, et l’autre dans la galerie du Pape. […] « Je restai encore quelques moments chez M. […] La peur n’était pas encore passée ; et ces messieurs, qui restaient en arrière, me prièrent de marcher à côté de leur dame. […] Deux de mes gens restaient dans mon antichambre, et mon chien sous mon lit ; car il ne me quittait point.
Don Diego resta surpris de ma conduite ; lui, Ascanio et son père me prièrent de le reprendre. […] Il m’était resté sur la tête une certaine splendeur qui s’y voyait surtout le matin, au lever du soleil, ou à son coucher, et encore mieux lorsque la terre était couverte de rosée. […] Je donnai l’ordre à tout mon monde de rester à sa place. […] Le duc restait caché près d’une fenêtre, pour écouter ce qu’on en disait, et son contentement fut si grand qu’il m’envoya M. […] Reprenez la maison que vous m’avez donnée ; car je ne veux plus y rentrer, ni rester à Florence.
Le rire est évanoui, Il n’est resté que des larmes ! […] : qu’il ne fallait pas trop se convertir, pour rester plus utile. […] Et ceci restera acquis à la cause chrétienne et aux Jésuites, qui ne font qu’un avec elle… Quant à eux, profiteront-ils autrement du livre de Paul Féval ? […] Des esprits étroits parmi les catholiques, car il n’est pas nécessaire de dire qu’il y en a, le blâmeront peut-être de cette persistance à rester un romancier, c’est-à-dire ce que Dieu l’a fait. […] Il a pris le taureau par les cornes, et les cornes du taureau lui sont restées dans les mains.
Il eut pour condisciples et pour amis de collège quantité de fils de famille qui devinrent depuis des personnages, et avec qui il resta lié. […] Il y entra en effet, y prit l’habit, et y resta deux ans. […] Plusieurs de ses supérieurs le regrettèrent, et l’un d’eux même le pleura ; Massillon, qui en avait mieux jugé, dit en riant : « Mon Père, est-ce que vous avez jamais cru qu’il nous resterait ? […] Ç’a été sans doute un bel esprit ; de ses poésies, ses opéras resteront, et surtout ses ballets ; de ses fables, l’invention plaira toujours à l’esprit ; il a quelquefois attrapé le naturel, jamais le naïf. […] On sait que dans les dernières années de Louis XIV, à l’instant le plus critique de la guerre de la succession (1709), le duc d’Orléans noua en Espagne une intrigue politique restée assez obscure, et qu’un homme de sa confiance, Flotte, fut arrêté porteur de papiers.
Ce qui la séduisit surtout dans cette union fut la certitude que sa petite sœur ne la quitterait pas, qu’elle resterait maîtresse de lui prodiguer ses soins et de lui servir de mère. » « On cita, parmi les seigneurs russes dont ce mariage avait frustré les vœux, un jeune homme auquel la naissance, la fortune et de rares qualités d’esprit ouvraient une grande destinée, le baron, depuis, comte Strogonof. […] il y a beaucoup de faiblesse dans mon fait, et, qui pis est, de la faiblesse organisée, de la faiblesse en système, de la faiblesse qui a pris la forme d’une multitude de qualités apparentes ; si je perds ce défaut, me restera-t-il une vertu ? […] Mme Edling était restée de la communion grecque, et cela faisait glace, à la fin, entre Mme Swetchine et elle28. — Après quelque conversation que j’eus avec Mme Swetchine, au sujet du comte Joseph de Maistre, et où je lui dus des communications précieuses, rentrant chez moi j’écrivais, entre autres notes, ces quelques lignes que je lis encore (1837), et qui ne portent que sur le ton et la façon : « Mme Swetchine, si respectable et si supérieure, a, dans le tour de l’esprit de l’expression, toute la subtilité du Bas-Empire, la stabilité russe ou celle d’un archimandrite grec. » On s’est épuisé en louanges au sujet de son salon, et certes ce serait affaire à un malotru de venir contester aux habitués d’un salon célèbre tous les agréments et les avantages qu’ils y ont trouvés et qu’ils regrettent. […] Je suis resté bien classique, je l’avoue, en fait de salon. […] Ce serait inexplicable s’il n’y avait pas un peu d’éternité dans certains moments… » C’est du spirituel le plus raffiné, et l’éternité elle-même n’est là que pour servir à la coquetterie de l’esprit. — Leurs deux salons, leurs deux mondes plus tard restèrent en bonne intelligence, mais de loin, sans risquer de se heurter ni de se confondre ; ils ne se faisaient, en réalité, ni opposition ni concurrence.
Le cœur bienfaisant des jeunes époux en est tout contristé jusqu’à rester quelque temps inconsolable. […] Il arriva à Marie-Antoinette, peu après son arrivée à Versailles, le même contre-temps qu’à Marie Leckzinska : le ministre qui avait contribué à l’appeler au trône ne resta pas auprès d’elle pour diriger ses premiers pas et pour éclairer ses premières démarches. […] Ces premières impressions d’une âme jeune sont restées justes. […] Les trois tantes, filles du roi, Mesdames Adélaïde, Victoire et Sophie (il n’est plus question de Madame Louise la carmélite) sont assez difficiles à définir dans leur insignifiance, tantôt démonstratives à l’égard de la Dauphine, tantôt froides et piquantes, surtout la moins jeune (Madame Adélaïde) : « Ma tante Adélaïde m’intimide un peu ; heureusement que je suis favorite de ma tante Victoire, qui est plus simple ; — pour la tante Sophie, elle n’a pas changé ; c’est au fond, j’en suis sûre, une âme d’élite, mais elle a toujours l’air de tomber des nues : elle restera quelquefois des mois sans ouvrir la bouche, et je ne l’ai pas encore pu voir en face… » Cette tante Sophie, qu’on ne pouvait voir en face et qui était si habile à se dérober, est bien celle dont Mme Campan a dit que « pour reconnaître, sans les regarder, les gens qui étaient sur son passage, elle avait pris l’habitude de voir de côté à la manière des lièvres. […] Si l’on s’en rapportait à Mme Campan, toutes les lettres que Marie-Antoinette écrivait à sa famille auraient été revues, avant d’être envoyées, par l’abbé de Vermond, son bibliothécaire et son ancien maître, resté son confident.
Je ne l’aurais pas remarqué si cette incertitude dans l’expression ne se rattachait à beaucoup d’autres incertitudes et indécisions de l’honorable auteur amateur qui, avec de l’esprit, de l’amabilité et de belles qualités sociales, me paraît être resté toujours dans des intervalles et des entre-deux. […] Coulmann au début ; cependant je me rappelle encore et l’époque où je portais une robe de percale brune avec des étoiles jaunes, et un grand poirier qui était dans le jardin près de la maison : c’est la trace la plus éloignée qui soit restée empreinte dans ma mémoire. » Mais si ces souvenirs sont vagues, pourquoi vouloir nous y faire participer ? […] Les images font défaut ; l’expression est restée terne et abstraite. […] Une femme d’esprit disait en parlant d’un ancien amant qui avait pris toute sa jeunesse : « Il m’a laissée là quand il m’a vue flétrie ; mais je me suis dit : Je vais me venger et lui jouer un bon tour, je resterai son amie. » Mme Dufrenoy avait pensé à peu près la même chose, mais elle l’avait dit sans un malin sourire et d’un ton plus élégiaque et tout sentimental : Amour, redonnez-lui le dessein de me plaire ; Mais, quoi que l’ingrat puisse faire, Ne sortez jamais de mon cœur ! […] Je sens bien qu’il est resté fort au-dessous de ce qu’il pouvait être, mais il me paraît en même temps s’être élevé fort au-dessus de tous ses contemporains.
. — Ces attrapes et ces niches de Louis XVIII lui étaient restées sur le cœur ; il l’appelait par sobriquet le roi nichard. […] Quand on parle de goût et qu’on célèbre celui de l’ancienne société, celui de quelques hommes en particulier dont M. de Talleyrand était comme le type accompli, il faut bien s’entendre et se garder de confondre le goût social et le goût littéraire ; car en matière de littérature et surtout de poésie, ces gens d’esprit en étaient restés aux formes convenues de leur jeunesse et aux lieux communs de leur éducation première ; on en a une singulière preuve dans la lettre suivante : « 18 (août 1828) Bourbon. […] Il y est tout seul : sa femme est restée avec sa fille, qui est malade à Paris. — Toute la doctrine s’occupe de mariage : M. de Rémusat vient d’épouser Mlle de Lasteyrie, qui est fort jolie, et il se promet d’être amoureux. — Le mariage a été célébré par un prêtre janséniste, qui dans son discours a un peu scandalisé les habitués de la paroisse. — Ce n’est pas tout : M. […] Il part pour Rome avec 300 mille francs d’appointements, et Villemain et Bertin de Vaux restent là. […] Royer-Collard, droit de taille, le front couvert d’une perruque brunâtre, le sourcil proéminent et remuant, le nez fort et marqué, le visage rugueux, la voix mordante, par moments stridente et se riant volontiers à elle-même quand il avait dit quelque mot ; en tout un esprit altier et des plus fins sous une écorce restée en partie rustique ; mais il ne faudrait pas faire non plus M. de Talleyrand plus délicat qu’il n’était et plus débile à cause de son infirmité.
) Alexandre ne voyageait jamais sans emporter avec lui les poëmes d’Homère, et la cassette dans laquelle il les enfermait est restée célèbre. […] A ses débuts, on le voit, il tenait par tous les côtés à cette vie de collége et de cloître qui fut son premier horizon, et qui resta toujours sa perspective ; il y était initié à fond, et son naturel badin, agréable et ingénument malicieux, ne réussit jamais d’un ton plus sûr que lorsqu’il s’y donna ses ébats, en ayant l’air d’en sortir. […] Dans tout ce qu’il a écrit dans l’intervalle et depuis, il n’a su que répéter, affaiblir, délayer la manière ou les idées de ces deux excellents ouvrages, les seuls de lui qui méritent de rester. […] Son fonds d’adolescence et de première entrée dans le monde resta à très-peu près le même, ni plus ni moins. […] Nous eûmes ce jour-là un spectacle extraordinaire : toute l’Académie en corps dans l’appareil le plus respectable, une assemblée nombreuse, un vieillard qui ajoutait à sa réputation par ses cheveux blancs, qui fut précédé par des applaudissements généraux, et dont toutes les paroles étaient attendues comme des oracles ; et qui trouva moyen de perdre en un quart d’heure toute la masse d’estime littéraire qu’il s’était acquise depuis si longtemps ; le Vert-Vert et le Méchant restent, mais l’auteur n’est plus. » (Notice sur la Vie et les Écrits de G.
Si la plupart de ces promesses restèrent en chemin, si les trop confiants essais n’aboutirent en général à rien de complet ni de supérieur, j’aime du moins à y constater, comme cachet, soit dans l’intention, soit dans le faire, quelque chose de non-médiocre, et qui même repousse toute idée de ce mot amoindrissant. […] Ceux qui restent en propre à la capitale de la Bourgogne, ce sont le président de Brosses, La Monnoie, Piron, au xvie siècle Tabourot ; ils ont l’accent. […] Bertrand, dans sa fantaisie mélancolique et nocturne, était fort atteint de ces diableries ; on peut dire qu’entre tous il était et resta féru du lutin, cette fine muse : Quem tu Melpomene semel…. […] La nappe mise, chacun s’assit, maîtres et domestiques, le couteau et la fourchette en main, moi à la place d’honneur, devant un énorme château embastionné de choux et de lard, dont il ne resta pas une miette. […] Durant les huit mois qu’il y resta, il put voir souvent passer M.
René resta son premier ouvrage, triste comme la forêt humaine, religieux comme l’infini de la passion, éternellement retentissant comme la solitude du cœur. […] Le malheur nous est utile, sans lui les facultés aimantes de notre âme resteraient inactives : il la rend un instrument tout harmonie, dont, au moindre souffle, il sort des murmures inexprimables. […] Joubert, son premier hôte, resté à jamais son ami. […] Necker, mais plus encore de Louis XVI, était resté ministre des affaires étrangères pendant la plus grande partie de la Révolution. […] Sa fille, restée sans fortune, d’une beauté qui n’était que charmes, vivait dans une retraite, visitée par les amis de sa famille.
Restée veuve, après quelques années de mariage, madame Aubray s’est consacrée, a l’éducation de son fils Camille, qu’elle a fait à son image et façonné d’après ses idées. […] Mais, restée seule avec son enfant, Jeannine — c’est son nom, — s’entend appeler par un homme qui, debout dans l’embrasure d’une fenêtre, lui parle sans retourner la tête. […] Restée seule avec une vieille mère, qui attendait d’elle le bien-être, elle s’est trouvée connaître le fils du propriétaire de la maison dont elles occupaient une mansarde. […] Tellier la rencontre, en venant rendre visite à madame Aubrav ; et, resté seul avec elle, il lui dénonce son ancienne maîtresse comme une femme tarée qui n’est pas à voir. […] Passons par-dessus la scène, scabreuse et violente, où le haïssable Tellier vient proposer à Jeannine de renouer leurs relations et de rester sa maîtresse.
Pour nous, nous n’avons pas à opter : nous avons paru rester très attaché et très fidèle à Mme Du Deffand, nous n’en serons pas moins très attentif aujourd’hui à Mlle de Lespinasse. […] Même dans ce désir et dans les moyens qu’il lui suggérait, elle restait vraie, elle était sincère. […] En causant, elle avait le don du mot propre, le goût de l’expression exacte et choisie ; l’expression vulgaire et triviale lui faisait mal et dégoût : elle en restait tout étonnée, et ne pouvait en revenir. […] Vous n’êtes pas mon ami, vous ne pouvez pas le devenir : je n’ai aucune sorte de confiance en vous ; vous m’avez fait le mal le plus profond et le plus aigu qui puisse affliger et déchirer une âme honnête : vous me privez, peut-être pour jamais, dans ce moment-ci, de la seule consolation que le ciel accordait aux jours qui me restent à vivre : enfin, que vous dirai-je ? […] « Ils me font l’honneur de croire que je suis restée abîmée par la perte que j’ai faite. » Ils l’en louent et l’en admirent, ce qui redouble sa honte.
Théodore Leclercq n’avait qu’un parti à prendre, et il le prit sans avoir besoin d’y songer : c’était, tout en en ressentant l’influence et peut-être l’ascendant, de rester lui-même, et de ne pas lui ressembler. […] Les traits où il se jouait, sans rester moins délicats, devinrent plus vifs, plus acérés ; ils se trempèrent d’une légère amertume qui les rendit plus sensibles. […] Je suis resté étranger à ces arrangements. […] Dans un quatrième dialogue, il se trouve face à face avec son propre frère, ancien jacobin resté incorrigible, et il se révèle à nu. […] Moi, je resterai dans celui que vous ne voudrez pas.
Est-ce d’une galante manière de venir les appeler tout uniment des ânes et de s’écrier : « Ce qui me fâche le plus, c’est que je vois s’accomplir cette prédiction que me fit autrefois mon père : “Tu ne seras jamais rien”… Tu ne seras jamais rien, c’est-à-dire tu ne seras ni gendarme, ni rat de cave, ni espion, ni duc, ni laquais, ni académicien. » Deux ou trois savants hasardés sont restés marqués au front de ces flétrissures brûlantes de Courier, mais lui-même s’est trouvé marqué aussi et atteint pour avoir cédé si complaisamment à sa colère. […] Du moment qu’on admet la branche aînée régnante, le duc de Bordeaux naissant comme par miracle pour la continuer, et l’immense joie qui dut s’en répandre parmi ce qui restait de sujets fidèles, il est tout simple qu’il se soit rencontré quelqu’un, ou fidèle ou zélé, pour avoir l’idée de cette souscription de Chambord ; mais Courier ne croit point à la branche aînée ; il a déjà la branche cadette en vue comme plus à sa portée et à son usage ; il n’aime point les vieux châteaux, soit gothiques, soit de Renaissance ; et lui qui s’affligeait à Rome pour une Vénus ou un Cupidon brisés, il ferait bon marché en France de l’œuvre du Primatice. […] Valmy-Bouic, alors substitut au tribunal de Tours), en constatant qu’il était percé de plusieurs balles, retira une partie de la bourre qui était restée dans les blessures ; ce papier, développé et examiné, se trouva être le morceau d’un journal que recevait Courier. […] Le meurtre de Courier exécuté par son propre garde Frémont, assisté, encouragé et peut-être contraint par deux ou trois autres domestiques ou charretiers de Courier, par deux surtout, lesquels avaient plus d’intérêt à sa mort que le garde, avait eu un témoin innocent et resté inconnu. […] Courier, quelle que soit l’idée qu’on se fasse de sa personne morale et de ses qualités sociales, restera dans la littérature française comme un type d’écrivain unique et rare.
Il est resté le caméléon singulier qui prend toutes nos couleurs et nous les renvoie, mais qui a parfois l’heureux privilège de les concentrer, de les épurer, de les faire plus belles, en nous les renvoyant ! […] et sa nature donnée peut-elle rester protestante ? […] Personne n’a mieux fait qu’elle l’histoire ironique et vraie pourtant de la consolation humaine ; personne n’a levé une empreinte plus poignante du cœur déchiré par la mort et resté seul dans la vie. […] C’est une sainte Thérèse restée dans la famille, répandant à pleins bords sur ses parents, ses enfants, ses amis, ce cœur si généreusement intraitable, qui ne veut rien sacrifier de ses affections ; mais ce n’est pas l’héroïque vierge d’Avila, avec la circoncision austère de son cœur par amour de l’Époux Unique et ses trente monastères derrière elle ! […] Il n’y a donc plus qu’un rien qui la sépare de nous, mais ce rien restera-t-il donc tout pour elle ?
Il est évident d’abord que, si les distances OA et OB sont égales, le temps mis par le premier rayon à aller de O en A et à revenir est égal au temps que met, pour aller de O en B et revenir, le second rayon, puisque l’appareil est immobile dans un milieu où la lumière se propage avec la même vitesse dans tous les sens.L’aspect des franges d’interférence restera donc le même pour une rotation quelconque du dispositif. […] Seuls restent contemporains en S′ les événements, contemporains en S, qui sont situés dans un même plan perpendiculaire à la direction du mouvement. […] Mais il en est de même alors du mètre que je porte sur elles ; et comme la mesure de ces longueurs, à l’intérieur de mon système, est leur rapport au mètre ainsi déplacé, cette mesure doit rester ce qu’elle était. […] Ainsi toutes choses et tous rapports entre choses conserveront leur grandeur, resteront dans les mêmes cadres, rentreront dans les mêmes lois. […] Quelle ne serait pas ma situation vis-à-vis de la lumière, et plus généralement des faits électro-magnétiques, si mes dimensions d’espace et de temps étaient restées ce qu’elles étaient !
Ses citoyens sont restés les ancêtres de la civilisation moderne de l’Europe. […] Seuls, les grands-ducs de Toscane, quoique de source germanique, restèrent alliés fidèles de la France sous la république. […] L’estime de son peuple lui restait, mais le cœur de l’Italie était aliéné de lui. […] Les Vénitiens, comme les Toscans, restent les alliés de cœur de la France pendant les guerres de la révolution française en Italie. […] Novare était occupé par une partie de l’armée restée inébranlablement fidèle au roi sous le général de Latour.
Nous n’en parlerons pas en ce moment : ils forment des volumes ; ils sont restés monuments de l’esprit humain. […] N’as-tu pas vu, à ton arrivée, tous les sièges rester vides autour de toi ? […] Et ils conseillent les épurations à leur patrie, pour rester seuls à la perdre et à la flatter jusqu’à la fin ! […] Mais le respect pour Cicéron et la répugnance à s’enrichir de ses dépouilles étaient tels que les livres et les jardins restèrent sans acheteurs. […] Pompée, resté à Rome avec les derniers hommes libres et vertueux de la patrie, s’associait à Cicéron.
Mais on peut croire, à la louange d’Aristote, qu’il n’est point resté trop au-dessous de cet ineffable sujet, ni au-dessous du Timée de Platon. […] Descartes même ne l’égale point, et Newton est resté très inférieur. […] Camus, avocat au parlement de Paris, censeur royal, publia en 1773, et qui est restée jusqu’ici le chef-d’œuvre de ce genre de travail. […] La voix qui parle en lui l’a d’abord averti ; elle lui adresse des conseils avant de lui adresser des reproches ; et c’est quand il est resté sourd qu’elle sévit. […] Jusqu’à quel point y est-il resté fidèle ?
Ce progrès porte un nom, resté vrai, quoiqu’il ait le tort de ne pas signifier la même chose pour tout le monde. […] Voilà qui, pour couper court à ce qui restait de précieux, était plus tranchant que le ridicule. […] Il est très vrai qu’après l’avoir lu, les gens de bien ont plus de plaisir à rester honnêtes, mais aux malhonnêtes gens il ne fait pas assez honte de ce qui leur manque. […] Par Bossuet, il se lia avec Fénelon, et quand la querelle du quiétisme brouilla les deux prélats, il resta neutre entre ses deux amis, pour ne pas perdre l’un en prenant parti pour l’autre. […] C’est une ingénieuse spéculation sur les études ; un traité des études restait à faire.
Pendant la première minute, elle marcha tranquillement ; pendant la deuxième minute, elle resta calme et becqueta la terre. […] Dans les premiers moments, la grenouille allait et sautait comme avant avec la plus grande agilité, puis elle resta tranquille. […] Nous pouvons même ajouter que la fiction est restée ici au-dessous de la réalité. […] À la création, ces propriétés s’emparèrent de la matière, qui en restera constamment pénétrée dans l’immense série des siècles. […] Dans les corps bruts, rien de semblable ne s’observe ; ces corps restent immuables comme la mort dont ils sont l’image.
La lampe était restée posée à terre. […] Les poteaux sont restés en place : voilà tout. […] mot dont la traduction se trouve dans le titre d’une comédie de Molière, et cela parce que nos femmes ne restent pas enfermées. […] J’envoyai mon chirurgien visiter ce qui restait des blessés du massacre ; il en revint le cœur navré. […] Je suis resté fidèle à mes amis, dans la mauvaise fortune plus encore que dans la prospérité.
Cette enfant, dont la naissance a été entourée de mystère et dont le sort a pu rester ignoré de Parny, fut enlevée à sa mère par les intéressés, et secrètement confiée aux soins d’une dame Germaine, mulâtresse, et mère elle-même de plusieurs enfants. […] Voilà ce qu’il faut dire pour rester juste envers Parny ; mais les circonstances n’en furent pas moins pour lui un malheur irréparable. […] Bertin, dont le nom ne saurait être omis dans un article sur Parny, l’intéressant et chaleureux Bertin, semble avoir mieux entrevu un coin de la tâche qu’il eût fallu entreprendre ; mais son louable, son généreux effort d’émulation à la Properce est resté inachevé. […] Le succès de la Guerre des Dieux ne fit que mettre Parny en verve, et il continua sur le même ton dans divers chants restés inédits et dans d’autres petits poëmes qui parurent sous le titre de Portefeuille volé, en 1805. […] Dans l’habitude de la vie, surtout vers la fin, il restait assez volontiers silencieux, et pouvait paraître mélancolique, ou même quelquefois sévère.
Je ne veux pourtant pas rester trop incomplet et sans conclusion sur un homme qui fut considérable dans la société de son époque, et qui unit bien des contraires ; qui se fit agréer de Rousseau, et eut de lui une dédicace ; qui se fit craindre et respecter de Voltaire ; qui fut bien à Versailles avec la maîtresse favorite, eut de l’importance administrative et parlementaire dans sa Bretagne, et figura à la tête de l’Académie. […] S’il était demeuré en parfaite union avec d’Alembert, ils auraient pu gouverner la compagnie ; mais ils se brouillèrent, et, même après le rapprochement, il en resta quelque chose. […] Mallet du Pan a rendu à Duclos cette justice qu’il gourmanda plus d’une fois l’effervescence philosophique : « Ils en diront et en feront tant, dit-il un jour impatienté, qu’ils finiront par m’envoyer à confesse. » Ce mot est de ceux qui courent et qui restent. […] Duclos était resté bon et tendre fils ; le chagrin qu’il éprouva en perdant « la seule personne, dit-il, dont on puisse être sûr d’être aimé », le rendit malade.
Que si cependant sa physionomie, son caractère personnel étaient restés un peu indécis et entourés de quelque vague, faute d’un développement historique suffisant, les lettres que M. […] Par un contraste qui n’est point rare, dans le feu de sa plus bouillante valeur il restait bon, humain, ouvert aux meilleurs sentiments ; et, après le récit animé de quelque coup de main audacieux, il ajoutait à ses lettres des post-scriptum tels que celui-ci : Bien des choses à toute la famille. […] Il faut rabattre de ces paroles, je le sais ; mais rabattez ce que vous voudrez, il en restera encore assez pour déceler le symptôme que nous y cherchons. […] On resta sur place en définitive.
Entre ces émotions particulières de l’individu et ces conditions essentielles de l’humanité, qui, réunies, forment l’objet du lyrisme romantique, restent l’intelligence avec la réflexion et les facultés discursives, et les vérités universelles d’ordre rationnel : deux choses que le romantisme laisse de côté. […] Ni Hugo, ni Lamartine, ni Vigny716, qui reçurent une instruction plus ou moins régulière ou décousue, n’en restèrent profondément marqués : rien de pareil en eux à l’empreinte que Racine garda de Port-Royal, ou même Voltaire des Jésuites. […] Il insistait sur la nécessité de l’aire du nouveau, en cultivant les genres où les classiques étaient restés inférieurs, l’épique surtout et le lyrique. […] Mais il n’en restait pas moins dans sa doctrine une grande part de vérité : surtout prise comme conseil et leçon, elle était excellente.
Pierre resta dans l’antichambre et s’approcha d’un brasier autour duquel les domestiques se chauffaient. […] Ceux-ci restaient sous le droit canonique que nous trouvons consigné dans le Talmud, de même que les Arabes d’Algérie sont encore régis par le code de l’islam. […] Ils restèrent dehors 1116. […] Jusqu’à la ruine de Jérusalem, la règle administrative des Romains fut de rester complètement indifférents dans ces querelles de sectaires entre eux 1134.
Même en de pareilles conditions il ne saurait rester dans cet état d’équilibre ; il doit changer et avec lui la littérature qui en fait partie. […] Comment le goût littéraire pourrait-il rester immobile dans cette mobilité ambiante ? […] Cela provoque du même coup le désir, la tentation de mettre en œuvre les autres centres nerveux restés inertes pendant ce temps-là, et c’est ainsi que nous appelons de tous nos vœux avec une énergie croissante la variété salutaire, seule capable de nous délasser et de satisfaire notre sensibilité en la stimulant sur des points où elle est fraîche et reposée. […] Théophile Gautier et d’autres, restés au second plan dans l’époque précédente, jouent ce rôle d’hommes de transition.
Toutefois, de ce côté, il en était resté longtemps au simple prélude et, en quelque sorte, à l’amusement. […] Il gravit donc la montagne et se trouva dans le palais du roi, resté seul avec le premier officier de sa Cour (Dapifer), car c’était la saison des récoltes et tout le monde était aux champs. […] Le résultat de la consultation fut qu’Anselme resta à l’abbaye du Bec, et y fit profession en 1060, ayant tout au plus vingt-sept ans. […] Rester en France, y rentrer du moins dès qu’on le peut honorablement, et, pour cela, désirer simplement y revenir, y achever ou y entreprendre de ces œuvres d’esprit desquelles la politique distrait trop souvent et sans compensation suffisante ; s’adresser dans ces nobles études à la société française, qui est toujours prête à vous entendre, et jamais à cette métaphore changeante qu’on appelle le peuple français ; ne pas mêler à ces œuvres plus ou moins sérieuses ou agréables de ces traits qui ne sont là qu’à titre d’épigramme ou d’ironie, et pour constater qu’on est un vaincu ; s’élever sur les faits accomplis d’hier à un jugement historique, et par conséquent grave et respectueux ; tirer parti avec franchise, et sans arrière-pensée, d’une société pacifiée, mais tout industrielle et matérielle, pour y relever, avec un redoublement de zèle et avec une certaine appropriation au temps présent, les goûts de l’esprit, de la vérité littéraire et historique sous ses mille formes, de tout ce qui n’est incompatible avec un gouvernement ferme que s’il s’y mêle des idées hostiles.
Tout s’est écroulé autour du tronc de la littérature et des arts ; ce trône seul ne peut pas rester debout parmi tant de ruines : il faut qu’il s’écroule à son tour. […] Les dieux s’étaient enfuis, mais leurs images étaient restées. […] Jupiter n’a plus de foudre ; et la ceinture de Vénus doit rester dans les vers d’Homère, pour les embellir à jamais. […] Les arts de l’imagination doivent rester la noble décoration de la société.
Les différents objets se prêtent plus ou moins docilement aux exigences du sujet, mais ses exigences restent identiques, et sa satisfaction est au même prix. […] Les causes proprement anthropologiques restent forcément insaisissables. […] Les questions sont distinctes ; quand bien même on aurait, en dehors de toute considération sociologique, montré comment une certaine idée est apparue dans une conscience individuelle, il resterait à montrer comment elle s’est imposée à la conscience publique. […] Des systèmes d’idées comme des qualités de race, la genèse, et même la transmission restent obscures, et l’action indécise.
Le cœur et l’intelligence restaient vides. […] N’en restez-vous pas glacé comme moi ? […] Il y resta la semaine entière. […] Cette action ne resta pas impunie. […] Ce qui restait du foie du poisson rendit la vue au vieux Tobie.
Les autres lisaient les journaux ou en faisaient, rimaient des chansons, dont quelques-unes sont restées populaires dans l’Université, lisaient Balzac, George Sand ou Proudhon. […] À ce propos me pardonnerez-vous, monsieur, à moi qui n’ai pas d’autre titre que mes obscurs souvenirs d’École, et dont la réputation est restée intra muros, de rappeler un trait assez piquant, où j’ai joué mon petit bout de rôle ?
Dans la guerre, placés en face des difficultés, des obstacles et des quadrilatères, ils restent court et à bout de voie. […] Il nous faut du grand, diront-ils, mais ce grand à quoi ils rêvent sans cesse, ils ne sauraient le trouver eux-mêmes ni l’inventer ; ils sont en peine des voies et moyens, et resteraient bien empêchés tous seuls à le réaliser ; il faut qu’on le leur prépare, qu’on le leur présente tout fait, et alors ils l’acceptent, sans trop de discernement toutefois, sans distinguer toujours le fond de l’apparence et le simulacre d’avec la réalité.
Ici l’air est pur ; nous sommes aux grèves des mers, en Bretagne, dans ce que le poète appelle sa Thébaïde, c’est-à-dire dans le manoir de la famille, et au sein des joies intimes ou des douleurs d’une âme restée simple et chrétienne. […] Ce qu’on pourrait lui reprocher, c’est de ne pas les avoir montrées assez particulières, et d’être trop resté dans des variations générales du thème lamartinien.
Encore aujourd’hui, il y a quelques mots grecs restés dans le provençal actuel, il y a des tours grammaticaux qui ont pu venir de là ; mais ce sont de minces détails. […] Dans l’étude de la statuaire grecque, on en resta ainsi longtemps au pur gracieux, à l’art joli et léché des derniers âges : ce n’est que tard qu’on a découvert la majesté reculée des marbres d’Égine, les bas-reliefs de Phidias, la Vénus de Milo.
bien, seigneur, je suis horriblement fatigué de rester ainsi toujours accroupi, les jambes croisées… J’ai des inquiétudes dans les mollets. […] à propos, refuser à Monselet-Pacha la dispense qu’il a demandée. — Nous, pour sanctifier nos âmes, nous resterons enfermés dans l’appartement de la sultane Validé ; là, nous terminerons, loin des plumes profanes, le vaudeville sacré du Crocodile : De sa première représentation datera une nouvelle hégire.
Et, en effet, le Tableau de Paris serait resté dans la poussière des bibliothèques que la postérité s’en serait, j’imagine, fort peu inquiétée. […] Or, la postérité est restée, à propos du Tableau de Paris, sous l’empire d’un mot cruel prononcé par un esprit séducteur : « C’est un livre — disait Rivarol — pensé dans la rue et écrit sur la borne », comme si la rue n’était pas un théâtre d’observation tout comme un autre, quand il s’agit des mœurs d’une grande ville, et même meilleur qu’un autre, quand il s’agit de ses monuments !
Il faut bien le dire, malgré la propagande électrique du mal, tout le temps qu’une société ne sera pas complètement déchristianisée et recevra le baptême, des hommes comme Hegel et Proudhon resteront plus ou moins monstrueux. […] Quoique cette polémique soit animée de l’esprit de charité de son auteur, elle doit nuire cependant à l’effet d’un livre qui, s’il fût resté à cette hauteur de généralité et d’enseignement d’où tombent plus largement et avec plus de poids dans les esprits les idées justes et les connaissances approfondies, eût dissipé beaucoup d’erreurs courantes dans un milieu où les grands publicistes catholiques, comme Suarez et Bellarmin par exemple, ne pénètrent pas.
On aima mieux rester pauvre, à la garde de Dieu et de Notre-Dame44. […] Cette touchante religion du moyen âge, et qui est restée entière dans les mœurs méridionales, cette religion que la momerie de Louis XI n’a pu flétrir et qui sied dans son indulgence au sexe aimant, se retrouve tout à fait celle encore de l’âme poétique que nous tâchons d’exprimer. […] Rappelle-toi ce que je t’ai dit sur les notions qui peuvent t’être restées précises sur notre famille et nos chers père et mère. […] Tout ce qui est resté gravé dans ma mémoire, c’est que nous avons été bien heureux et bien malheureux, et qu’il y avait pour nous bien du soleil à Sin51, bien des fleurs dans les fortifications ; un bien bon père dans notre pauvre maison, une mère bien belle, bien tendre et bien pleurée au milieu de nous ! […] Ils y restent inédits, à l’état de ces graines cachées dans les armoires qui sèchent sans avoir été semées. — Par exemsople, v craintes de vivre entre des habitudes perdues et d’autres à refaire par ce mouvement incessant vers des demeures nouvelles, c’est ma vie.
Mais pour rester bon juge de la valeur de cette œuvre distinguée, pour ne rien méconnaître des mérites sérieux qu’on y salua si vivement à sa naissance, pour garder tout respect enfin à une pure impression de notre jeunesse, il y a à revenir aux circonstances mêmes où la pièce s’est produite, voilà plus de vingt ans, et au point de départ qui avait précédé. […] Lebrun avait composés sur la mort d’un fils de la reine Hortense, de cet enfant si cher à Napoléon qui le pleura, sont également restés en portefeuille81 avec une quantité de petites pièces. […] Le Cid d’Andalousie, qui devait faire l’arche suivante, a manqué, est resté en suspens et comme non avenu. […] La Marie Stuart de Brantôme, celle qui mourut sur l’échafaud et qui fit ses adieux à la France, était restée dans toutes les imaginations, victime intéressante, victime embellie : Coupable seulement des erreurs d’une femme, Vos fautes dans le ciel ne suivront pas votre âme ! […] Les murmures qui l’avaient troublée à la première représentation se réveillèrent durant le cinquième acte : le nom de l’auteur put être proclamé, mais cette première soirée restait grandement douteuse.
Alexandre resta froid. […] Il en déduisit une observation commune à tout le groupe des îles Canaries, à savoir que les produits inorganiques de la nature (montagnes et rochers) restent semblables à eux-mêmes jusque dans les régions les plus éloignées ; mais que les produits organiques (plantes et animaux) ne se ressemblent pas. […] Elle priait beaucoup… » La mourante resta dans cet état jusqu’au 26 mars 1829. […] Il restera quelques jours ici, et je sens déjà que ce sera pour moi comme si j’avais vécu plusieurs années avec lui. » Son caractère politique paraissait aussi éminemment propre à la diplomatie qu’à la science. […] Humboldt rétablit les caractères à la cour de Berlin, et le jeune et honnête diplomate y resta justifié et honoré comme il le méritait.
Elles restaient femmes, elles restaient mères, elles croyaient rester obscures en écrivant pour leurs tendresses et non pour leur gloire. […] On doit admirer comme un prodige qu’après une pareille éducation il soit resté un cœur à l’idole. […] Pendant la maladie de sa fille, il n’est aucun genre de services que sa tendresse inquiète n’ait voulu lui prodiguer ; il semblait qu’elle eût besoin de contempler sans cesse les objets qui lui restaient encore pour retrouver la force de vivre, et cependant un jour on est venu lui ôter son fils ; l’enfant, pendant deux fois vingt-quatre heures, a refusé de prendre aucune nourriture. […] Madame de Staël restait seule de ces deux partis pour rendre une parole énergique à la liberté modérée. Tout ce qui restait d’ennemis de l’anarchie et d’ennemis de la tyrannie fit écho à sa voix et se groupa autour d’elle.
Mais il leur resta l’intelligence ; une intelligence sans passion, il est vrai, mais qui semblait se conserver dans sa propre glace quand tout se putréfiait en eux. […] Qui, ayant lu ce Prince de la Bohème, aussi profond que Le Prince de Machiavel et plus gai, n’est pas resté sous la merveilleuse puissance d’idéal que ce livre atteste ? […] Jusqu’ici cela est resté à l’état latent et obscur. […] Et je dis actuel, parce que cet esprit exubérant changera plus d’une fois sa voie avant de découvrir celle dans laquelle il devra rester. […] Mais les mains qui auraient pu donner restèrent fermées.
Et elle restait la tête ardente sur la vitre que le vent secouait. […] Et, pendant qu’ils pâlissaient d’horreur et de colère, lui restait calme. […] La famille impériale et quelques personnes de l’entourage intime restaient seules. […] » Deux jeunes gens sérieux restèrent seuls auprès de lui. […] Mais Platon resté seul, ne pleurait pas.
Malgré cela, cet ouvrage ne resta pas au théâtre. […] Plusieurs sont restées à la scène, où elles sont encore de nos jours. […] Tristan, qui s’était révélé avec tant d’éclat, resta plusieurs années sans rien produire. […] croyez-moi, restez en paix, En vain tenteriez-vous de ternir sa mémoire. […] Raisin fut applaudi, la comédie continua ; elle fut acclamée et elle est restée longtemps au théâtre.
Chaque secrétaire, nommé par sa classe, restait en fonction pendant un an seulement et ne pouvait être réélu qu’une fois. […] Mais les choses n’en restèrent pas longtemps à ce point. […] Beaucoup d’hommes, élevés dans un respect religieux pour d’antiques doctrines, consacrées par d’innombrables chefs-d’œuvre, s’inquiètent, s’effrayent des projets de la secte naissante, et semblent demander qu’on les rassure, L’Académie française restera-t-elle indifférente à leurs alarmes ? […] On peut, quand on est de l’Académie, la contredire, la blâmer même au dehors, mais les conversations intérieures restent des conversations : on en parle le soir dans un salon, on les répète tout au plus entre amis ; mais l’écho n’en arrive jamais au public que très vague ou très altéré. […] L’Académie est et doit rester une personne du monde.
Sa renommée fut achevée, il ne lui resta qu’à décroître. […] Ce livre tomba comme conception à ce niveau ; il n’en resta qu’un petit nombre de pages merveilleusement écrites çà et là, et recueillies comme des exemples de rhétorique. […] Sur la terre d’exil pourquoi resté-je encore ? […] Quant à moi, je restai attendri et mélancolique le reste du jour. […] Il fut et il restera le plus grand écrivain de la France dans un siècle où tout était muet, mais où tout allait renaître.
Dès 1822, dans la préface aux Odes et Ballades, il explique pourquoi l’ode française est restée monotone et impuissante : c’est qu’elle a été jusqu’alors faite de procédés, de « machines poétiques », comme on disait alors, de figures de rhétorique, l’exclamation depuis et l’apostrophe jusqu’à la prosopopée ; au lieu de tout cela, il faut « asseoir la composition sur une idée fondamentale » tirée du cœur du sujet, « placer le mouvement de l’ode dans les idées, plutôt que dans les mots ». […] La science et surtout la philosophie demeureront donc toujours poétiques, d’abord par le sentiment des grandes choses connues, des grands horizons ouverts, puis par le pressentiment des choses plus grandes encore qui restent inconnues, des horizons infinis qui ne laissent entrevoir que leurs commencements dans une demi-obscurité. […] » Pauvre interrogation d’enfant destinée à rester à jamais sans réponse ! […] Ensuite il faut garder le silence : A voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse, Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse… … Si tu peux, fais que ton âme arrive, A force de rester studieuse et pensive, Jusqu’à ce haut degré de stoïque fierté Où, naissant dans les bois, j’ai tout d’abord monté. […] Richepin, qui manque plutôt de conviction que de talent, et c’est cette absence de sincérité nous il verrons, qui l’a fait rester a mi-chemin entre le bateleur et le poète.
Elles furent belles, et les vieillards se lèvent devant Hélène, dans ce païen d’Homère, mais des vieillards chrétiens seraient restés assis. […] Il disait l’autre jour, convaincu et aimable, et sous l’influence d’un bon dîner, au duc de Luynes : « Nous sommes, vous et moi, les seuls gentilshommes qui restent à cette heure ! […] Elle restera souillée, et la pauvre Héro ne se noiera que dans… sa cruche ! […] Seul détail gracieux de cet amour qui commença alors, mais qui resta voilé, jaloux, reprochant, presque maussade, seul parfum qui se dégagea de cette froide fleur de nénuphar, éclose sur un immense lac d’ennui ! […] dans les épreuves suprêmes qui me restent à traverser.
Mémoires du comte d’Alton-Shée164 L’article que nous allons reproduire, et qui est resté inachevé, sur les Mémoires de M. le comte d’Allon-Shée, est le dernier auquel ait travaillé M. […] Inculpé odieusement et bassement calomnié hier encore pour avoir eu l’effroyable audace de se laisser porter par une forte minorité démocratique, et de rester jusqu’à la fin en concurrence et en lutte avec un homme du plus grand talent en effet, et qui est subitement devenu l’idole des Parisiens, comme le fut autrefois M. […] Son mérite, que j’ai entendu apprécier dans mon enfance par des personnes qui l’avaient bien connu, était autre encore que celui d’un brave. « D’Alton aîné connaissait les hommes. » Ce jugement, que je ne songeais point alors à recueillir, est resté gravé dans mon esprit.
Aux gens timorés dont le goût crierait au scandale, il n’est qu’une réponse à faire : « Honnêtes gens, restez au coin du feu, et n’allez point au sabbat. » Je n’en dirai pas autant de la ballade du Géant. […] Hugo se garde surtout de l’excès de sa force ; qu’à l’heure de la méditation, il sache attendre à loisir ses propres rêves, les laissant venir à lui et s’y abandonnant plutôt que de s’y précipiter ; qu’à l’heure de produire, il se reparte sans cesse aux impressions naïves qu’il veut rendre, les contemple longuement avant de les retracer, et plus d’une fois s’interrompe en les retraçant pour les contempler encore ; que, n’épuisant pas à chaque trait ses couleurs, il approche par degrés de son idéal, et consente, s’il le faut, à rester au-dessous plutôt que de le dépasser, ce qui est la pire manière de ne pas l’atteindre. […] C’est qu’il a senti combien devant l’impuissance humaine, il valait mieux encore se résigner que se débattre : là où il a désespéré d’être excellent, il a mieux aimé rester un peu faible, en voilant sa faiblesse d’une molle et noble douceur, que de s’épuiser en vains efforts pour retomber de plus haut.
Dans le sein même du judaïsme, il resta étranger à beaucoup d’efforts souvent parallèles aux siens. […] Mais la poésie religieuse des psaumes se trouva dans un merveilleux accord avec son âme lyrique ; ils restèrent toute sa vie son aliment et son soutien. […] Il resta toujours près de la nature.
La correspondance de la délicieuse femme qui s’était fait pendant trente ans adorer vertueusement de toute l’Europe, ne consistait qu’en quelques billets du matin que n’importe qui était capable d’écrire, et on put se plaindre, pour la mémoire d’un être charmant qui devait rester comme un idéal de femme dans nos esprits, d’un livre qui rabaissait évidemment, en nous la montrant dans les insignifiances de la vie. […] Elle est restée femme. […] Je l’ai dit déjà, mais il faut y revenir, les hommes, pour se venger sans doute de ce qu’elle pouvait être sublime et rester femme, l’appelèrent hommasse, croyant ainsi la rapprocher d’eux ; mais elle ne l’était pas, même physiquement, quoiqu’on l’ait dit et qu’elle tînt de son père, le Suisse emphatique, ces gros traits que Gérard n’a pas craint de peindre, sentant bien que la femme, la femme idéale qui transforme et divinise tout, se retrouverait toujours en ces yeux astres, dans lesquels on ne savait ce qui brillait le plus du feu ou des larmes, et dans cette bouche si éloquemment entr’ouverte, et dans cette poitrine de Niobé, et dans ces bras d’une rondeur toute-puissante, robustes seulement pour s’attacher.
La bronchite s’est abattue sur lui comme les autres fléaux sur Paris, et voilà la femme qui a mal à la gorge de son mari comme Mme de Sévigné à la poitrine de sa fille ; et nous restons là, Dieu du ciel, situation terrible ! […] Il y a trop de Quinet en elle pour qu’il soit resté. […] Quinet est resté.
Tous les deux, par ce côté, du moins, restent imposants devant l’Histoire, au-dessus ou à côté du ridicule et du mépris qui s’attachent aux prétentions ou aux faits contraires aux lois de la nature humaine ; mais elle plus imposante que lui, — et c’est justice ! […] Ce chef-d’œuvre de bonne humeur dans l’audace et l’exécution, qui refit un roi en Suède, rétablit la tradition historique, et arracha le pays aux oligarques corrompus qui le vendaient, morceau par morceau, aux enchérisseurs étrangers, fut la grande leçon donnée pour jamais aux Pouvoirs faibles qui savent oser… Et ce restera la gloire de Gustave III de l’avoir donnée, cette leçon. […] car il eut beau être équivoque en bien des points, cet homme-femme par la vanité, le mensonge, la parure et l’inconsistance, il était et resta un homme par l’audace.
Elle ressemble à ces escaliers de l’Enfer, qu’on ne monte ni ne remonte jamais… Un écrivain de forte intelligence, qui se moque de tout, excepté des faits, Taine, que j’ai loué et que je suis prêt à louer encore, a écrit l’histoire de la Révolution, mais en la prenant par en bas, — dans la boue sanglante où elle s’est vautrée et où elle doit rester dans la mémoire des hommes, et cela fît, si l’on s’en souvient, un assez glorieux scandale… Les scélératesses et les canailleries révolutionnaires sont entassées dans le livre de Taine, à l’état compact, pour entrer, d’un seul coup, dans l’horreur des cœurs bien placés et des esprits bien faits. […] Les misérables princes qui gouvernaient l’Europe parlèrent beaucoup de se lever, mais ils restèrent à s’agiter et à se barbouiller dans les impuissants et sots bavardages de leurs diplomaties, et quand enfin ce lâche égoïsme se mit debout, ce fut pour le compte de la Prusse et trop tard, alors que le Roi et la Reine de France avaient terminé leur martyre du Temple par leur martyre de l’échafaud. […] Le coup de pistolet d’Ankarstrœm, dans sa fumée, en éteignit l’éclair… Et avec l’éclair qui ne jaillit point de cette épée restée au fourreau, s’éteignit la dernière illusion de Fersen, s’il en eut jamais une ; car on peut en douter.
Doudan, qui pouvait rester X, et qui a été X toute sa vie, car il avait le goût exquis de l’obscurité, est un esprit de la race de Joubert, de ce délicieux Joubert découvert après sa mort comme un diamant au fond d’un vieux bonheur du jour (c’en était un ce jour-là !) […] Doudan n’est pas le premier dans cette nuance… Joubert est son aîné, et ce n’est pas ici comme en politique : le droit d’aînesse est resté, en littérature, et je défie bien toutes les législations égalitaires de l’abolir ! […] Ce Doudan, qui s’appelait Ximénès et qui n’était pas cardinal, — l’aurait-il été que ce n’eût pas été comme Ximénès, mais comme Bembo, — ce Ximénès Doudan sortait de terre, comme une taupe, ou de Douai, cette taupinière, et serait resté un petit professeur perdu quelque part sans les de Broglie, qui le prirent chez eux comme précepteur, et qui tombèrent bientôt sous le charme de cet esprit à qui les bégueules de la politique ne résistaient pas et qui, plus fort que Don Juan qui ne séduisait que les femmes, accomplissait ce tour de force et de souplesse de séduire des doctrinaires… Joubert avait été l’ami de Chateaubriand.
De combien de livres de cette époque flétrissante et sitôt flétrie peut-on dire qu’ils n’ont pas vieilli, qu’ils sont restés ce qu’ils étaient dans la splendeur du premier jour ? […] … mais pour la lui donner, cette portée, il fallait se mettre au-dessus de son sujet, non pas rester à son niveau. […] Il n’y en a plus qu’un, qui aurait pu revoir le livre, et le livre est resté ce qu’il était.
Nous l’avons lu et nous en sommes resté accablé. […] Nonobstant l’effort de ces grands hommes, — de ces grands Spirituels, — il resta au fond de l’enseignement, en s’aplatissant, il est vrai, en y rampant, en s’y coulant comme un reptile, mais il y resta.
chercha toujours dans le xviie siècle, en digne philosophe, ce qui n’y était pas, a écrit, en style oraculaire, cette phrase, qui, comme tous les oracles, ne signifie pas grand’chose : « Alceste est resté le secret du génie de Molière », et cette phrase, lancée par ce vaste et gesticulant étourdi de Cousin, et dont Gérard du Boulan a fait l’épigraphe de son livre, a probablement donné à cet écrivain, que je ne crois pas très connu encore, l’envie de deviner le secret — qui n’existe pas ! […] Les mœurs adoucies, restées longtemps féroces et insolentes (voir l’histoire de Vardes et de Bussy, pages 61 et 69), l’état moral, la corruption de la justice et celle des femmes, — qui n’ont rien d’ailleurs de commun avec la justice, — la désorganisation du clergé, telle que la plupart des prêtres ne savaient plus la formule de l’absolution et que saint Vincent de Paul raconte que, seulement à Saint-Germain, il a vu huit prêtres dire la messe de huit façons différentes, tous ces honteux et dégradants côtés du xviie siècle sont arrachés ici aux solennelles draperies dont Bossuet, Voltaire et Cousin ont couvert successivement une époque qui n’a eu — ainsi que je l’ai dit plus haut — toute sa force et toute sa beauté que sous la toute-puissante compression de la main de Louis XIV, — de ce Louis XIV qui pouvait également dire : « L’État, c’est moi ! […] Seulement il fait un janséniste de ce républicain anticipé, un peu par discrétion et beaucoup pour rester dans la couleur du temps de Molière.
Trente-sept ans avaient coulé comme l’eau sur une pente1, et, dans ce monde prosaïsé, Ronsard régnait toujours sur ce qui restait de poètes vieillis et sur les facultés plus ou moins poétiques qui déjà alors jouaient au poète. […] Malgré des facultés assez puissantes pour rester, même en tombant sous le coup des influences extérieures, de la plus grandiose originalité, Ronsard, il faut bien l’avouer, ne se conserva pas incorruptible. […] même littérairement, ce fut, pour Ronsard et pour nous un malheur dont il est impossible de mesurer bien exactement l’étendue… Demandons-nous ce qu’il aurait été, ce génie robuste et organisé pour rester lui-même, s’il n’avait pas été païen ?
L’auteur du Tigrane a dû vivre parmi les prêtres à quelque époque que ce soit de sa vie, car il en parle tous les langages comme s’il les avait appris, et il en exprime les faiblesses — plus ou moins honteuses — comme s’il les avait vues de ses propres yeux… Assurément, il a le mépris intelligent du clergé français assez médiocre dans sa masse flottante, ne croyant, là comme ailleurs, qu’à l’individualité et qu’à l’exception ; mais pourtant il ne hait point le prêtre comme un autre observateur et un autre artiste, Stendhal, qui fut aussi toute sa vie magnétisé par le sublime type du prêtre, la seule grande poésie, avec le soldat, qui soit restée à notre misérable temps. […] Lui, il voudrait que le prêtre restât toujours grand pour l’histoire, et s’il ne l’est pas, il en souffre… Seulement, impartial comme l’artiste sincère, il le peint ce qu’il le voit, par amour de la peinture vraie ; et s’il en souffre, il ne s’en venge même pas en forçant le trait. […] Souvent aussi, malgré sa force, Fabre manque du trait précis qui achève un mouvement ou une figure commencée ; il n’a pas le coup d’ongle définitif qui les fait tourner et les pose tels qu’ils doivent rester toujours dans l’imagination qui les a contemplés une fois !
Eugène Sue n’a jamais cessé d’être un comédien, fou du public plus que de son art et se grimant dans ses livres comme dans le salon de la duchesse, où il eût bien fait de rester. […] Pour cette raison suprême et péremptoire, il ne restera donc rien de ce romancier qui a rempli vingt années de notre temps de sa renommée. […] Mais ce qui restera de M.
Mais les Mémoires d’une femme de chambre, c’est-à-dire de la femelle de ce genre d’animal dont on a dit le mot resté proverbe : « Pour un valet de chambre, il n’y a pas de héros » (et, vous le savez, la femelle de toutes les espèces est, en fait d’observation, de finesse et de tact, bien au-dessus de tous les mâles de la terre, même dans cette espèce supérieure de messieurs les valets !) […] Enfin Mme d’Aulnoy, qui suivit Louise d’Orléans en Espagne, nous a esquissé au crayon noir sur papier rose une vue des mœurs et de la cour de ce pays, qui restera comme une peinture d’histoire, plus sinistre, je crois, que le plus sombre des Goya… Plus tard, tout descendant et se rapetissant, on ne trouve plus, il est vrai, au dix-huitième siècle que l’insignifiante Mme de Haussez de chez la Pompadour. […] C’était un auteur qui voulait rester un auteur !
Quelles merveilles suivirent, quel monde nouveau s’ouvrit à l’imagination des Hellènes, quelle gloire consola leur défaite intérieure et leur asservissement, quel simulacre de liberté leur resta, par l’absence chaque jour plus lointaine de leur puissant vainqueur, qui semblait leur général délégué dans l’Asie, il n’appartient pas à notre sujet de multiplier ici ces grands souvenirs d’une prodigieuse fortune. […] À vrai dire, et sauf cette merveilleuse souplesse du génie grec qui lui permit plusieurs retours et plusieurs Renaissances avant sa ruine, l’empire d’Alexandre, où il ne resta qu’un grand esprit, pour analyser tout ce que le monde avait su et fait jusque-là, fut à la fois la date de l’agrandissement démesuré de la Grèce et de son déclin moral. […] Mais il est beau de voir, même sous la conquête macédonienne, ce qui restait de dignité morale à la philosophie, et quel langage elle savait prendre, entre la servitude du peuple civilisé et les apothéoses que se décernaient les généraux grecs conquérants des barbares.
Molon, seul, resta silencieux et pensif. […] Il ne restait donc à la poésie que le champ de l’imitation et des souvenirs. […] Le nom en resta dans la langue latine, pour exprimer des récits enjoués et libres. […] Le roi est resté seul avec Lightborn. […] Il m’est resté un diamant, reçois-le.
De même Benjamin Constant, après cet engagement public et formel, contracté gratuitement et de gaieté de cœur pour plaire à une coquette, enfreint et violé par lui (très raisonnablement d’ailleurs) à un mois d’intervalle, n’en resta pas moins un homme éclairé, un publiciste éloquent, et, je l’admets tout à fait, un citoyen animé de l’amour du bien public, mais il avait porté un coup mortel à sa considération. Un personnage politique n’est pas exempt de passions assurément ; il peut les avoir toutes, et rester un grand homme d’État. […] Un jeune écrivain de mérite, et qui en est à recommencer pour son compte une des phases par lesquelles notre génération a passé, s’étonnait l’autre jour que la France fût restée indocile ou infidèle à tant de belles etjustes leçons professées dans un style clair, limpide, par un écrivain doué de « ce bon sens souverain qui commande même au génie. » Nous lui donnons ici une des mille raisons de ce peu de succès. « On a honte, dit M. […] pourquoi n’avoir pas joint au recueil les Lettres de Benjamin Constant sur les Cent-Jours, de tous ses ouvrages politiques celui qui est resté le plus vivant, le seul vivant même, à cause de l’intérêt qui s’attache à des conversations immortelles ? […] Chateaubriand en fait son livre le plus éclatant, qui va redorer de son rayon, pour plus d’un demi-siècle, la grille du sanctuaire et le balustre des autels ; Benjamin Constant, à ses moments perdus, entre la maison de jeu et la tribune, refait et retouche sans cesse un livre plus vrai peut-être, plus religieux et plus philosophique que celui de l’autre ; mais sa poudre est restée trop longtemps en magasin, elle est mouillée ; il n’y a pas, comme pour Le Génie du Christianisme, feu d’artifice et illumination soudaine.
Au lieu de cela, Gœthe, le plus grand des critiques modernes et de tous les temps (car il a profité des bénéfices de son siècle), est toujours resté pour nous un étranger, un demi-inconnu, une sorte de majestueuse énigme, un Jupiter-Ammon à distance dans son sanctuaire ; et tous les efforts qu’on fait, non pour le populariser (cela ne se pourra jamais), mais pour le naturaliser parmi nous, n’ont réussi jusqu’à présent qu’à demi. […] C’est une pitié de voir comme ils ont défiguré et brouillé mes notes au Neveu de Rameau : rien absolument n’est resté à sa place. » Les présents éditeurs des Entretiens ont dû procéder de même pour se conformer, disent-ils, « à l’usage de notre pays. » Ils ont fait exactement comme ces mamans prudentes et attentives qui, voyant le morceau, trop gros dans l’assiette de l’enfant, le coupent et le réduisent en minces bouchées pour que le cher petit puisse le manger plus aisément et sans risque d’indigestion. […] Après la mort de Gœthe, resté uniquement fidèle à sa mémoire, tout occupé de le représenter et de le transmettre à la postérité sous ses traits véritables et tel qu’il le portait dans son cœur, il continua de jouir à Weimar de l’affection de tous et de l’estime de la Cour ; revêtu avec les années du lustre croissant que jetait sur lui son amitié avec Gœthe, il finit même par avoir le titre envié de conseiller aulique, et mourut entouré de considération le 3 décembre 1854. […] Cousin, de « rester toujours à la maison. » Gœthe avait donc organisé sa vie avec ensemble, avec une suprême ordonnance, et dans l’intérêt de cette universalité de goûts qui était le caractère éminent de sa vaste intelligence. […] Il n’évitait en rien l’émotion, il y restait ouvert et accessible par tous les pores, mais dans les limites de l’art autant que possible ; et il s’appliquait surtout à exprimer cette émotion dès qu’elle devenait vive, à la revêtir poétiquement, et par conséquent à la dominer.
On comprend en effet que les femmes du xviiie siècle, tout en ayant quelques traits communs ne restent pas les mêmes pendant toute cette durée et se distinguent entre elles par des nuances infinies. […] On conçoit qu’un esprit juste se soit peu à peu retiré de ces conflits dans lesquels, ayant fait son devoir, il ne restait rien d’agréable et de bon à gagner. […] « Mme de Luxembourg partit lundi pour Chanteloup, écrit Mme du Deffand à Walpole ; elle y restera huit jours. […] L’aisance a été établie entre elles du premier jour ; je ne serais pas étonnée qu’il se formât une liaison solide ; mais moi, je suis restée aussi gênée, aussi bête, aussi maussade. […] Grâce à elle et malgré les souvenirs de licencieuse jeunesse qui se rattachaient à son nom, qui se chantonnaient encore à voix basse à la cantonade, qui ne nuisaient en rien cependant à sa considération dernière, et qui peut-être, auprès de générations très-gâtées, y aidaient plutôt (car on la savait d’une expérience suprême), grâce donc à la maréchale de Luxembourg, l’ancienne société, l’ancien salon français resta jusqu’à la fin marqué d’un caractère propre et unique pour l’excellence du ton.
Malouet. reprit la reine, n’oubliez jamais son nom. » — Ce mot mérite de rester attaché au nom de Malouet dans l’histoire. […] Comme on m’accordait en cette partie plus d’expérience et de lumières qu’aux députés étrangers à cette administration, on ne fut pas étonné des compliments de Barnave ; mais je compris ce qu’ils signifiaient, et je me prêtai volontiers à l’explication qu’il cherchait : il eut l’air, après la séance, de traiter particulièrement avec moi la même question, et nous restâmes seuls au comité. « J’ai dû vous paraître bien jeune, me dit-il, mais je vous assure que j’ai beaucoup vieilli depuis quelques mois. » Je lui répondis qu’en effet je le croyais maintenant arrivé à la maturité de l’âge dont il lui restait la vigueur ; qu’il était temps d’en faire un bon usage, et qu’il en avait les moyens. […] Malouet se décide donc à rester, quoique inutile et n’ayant prise sur aucune des trois personnes royales : « Je n’étais pour eux qu’un serviteur fidèle, qu’ils ne pouvaient employer dans leur sens ni dans le mien. […] M. do La Tour du Pin peut lui dire que, si nous rentrons en France, véritablement il ne peut pas y rester ; mais je lui garantis un sauf-conduit pour aller vivre en tel pays étranger qui lui conviendra le mieux. » « Voilà quels étaient, même en 1800 (car c’est l’époque de cette conversation), l’esprit, les projets, les combinaisons de ces messieurs. » Et ces messieurs, s’ils vivaient, seraient toujours les mêmes.
Ce n’est pas moi pourtant qui lui ferai un reproche d’être resté au fond mécontent de lui ; d’avoir eu comme une teinte de tristesse répandue jusqu’à la fin sur ses souvenirs, et, sans regretter précisément ce qu’il avait fait, d’avoir compris qu’il y avait sur cette partie de sa vie sinon une tache, du moins une obscurité qui demandait un éclaircissement. […] Ce Traité est la quintessence de l’art militaire ; il en restera la base permanente. […] Cet ouvrage est resté secret. […] Toutefois, il lui fut impossible de rester spectateur inactif de la lutte qui allait s’engager. […] C’était une disposition habituelle et presque un tic chez Jomini de se croire malade et mourant ; depuis le profond ébranlement de sa santé à la retraite de Russie, il était resté très-délicat et se sentait comme atteint dans son organisation.
Dans les genres qui semblent plus particulièrement les facultés du dix-septième, la poésie, le théâtre, l’éloquence religieuse, la philosophie morale, les pertes ne sont pas compensées par quelques beautés inspirées des anciennes, ni par d’heureuses nouveautés restées trop loin de la perfection. […] Mais ils auraient craint, en le disant, de paraître trop peu soucieux de la gloire de la nation, et, pour rester bons Français, ils se montraient juges faciles. […] En arrivant à des noms qu’on prononce encore avec estime, Racine le fils, Gresset, le Franc de Pompignan, Florian, Delille, Roucher, Lebrun et d’autres, je m’inquiète de ne savoir où les placer : car que d’esprit souvent bien employé, que de travail, et, pour rester en deçà de la gloire du poète, quel talent d’écrire en vers ! […] Comment ne pas tenir compte à Gresset de ses petits vers, quoique moins légers, par moments, de tour que de choses ; à Florian d’être resté avec esprit si inférieur à la Fontaine ? […] Otez de ses jugements le trait personnel, ils restent vrais.
Diderot nous a conservé dans ses lettres à Mlle Volland quelques-uns des bons contes de l’abbé, celui du porco sacro, l’apologue du grand et gros moine en malle-poste, le conte de l’archevêque contrefaisant une duchesse au lit devant un cardinal qui la visite, et les coliques de la fausse duchesse et ce qui s’ensuit, enfin mille folies intraduisibles, et qui, sous la plume de Diderot lui-même, sont restées à l’état de simple canevas : cela se parle, cela se joue et s’improvise, mais cela ne s’écrit pas. […] Il s’agit de se priver à jamais de tous les plaisirs de l’imagination, de tout le goût du merveilleux ; il s’agit de vider tout le sac du savoir (et l’homme voudrait tout savoir) ; de nier ou de douter toujours et de tout, et de rester dans l’appauvrissement de toutes les idées, des connaissances, des sciences sublimes. […] Mais il en est arrivé comme l’avait prédit son ami Caraccioli, lequel disait que l’abbé resterait deux mois dans ce pays, qu’il n’y aurait à parler que pour lui, qu’il ne permettrait pas à un Anglais de placer une syllabe, et qu’à son retour il donnerait le caractère de la nation et pour tout le reste de sa vie, comme s’il n’avait connu et étudié que cela. […] Parmi les poètes et écrivains célèbres en ce patois, on retrouverait, j’imagine, plus d’un type de Galiani resté à l’état pur et non taillé à la française. […] Cette théorie, très vraie peut-être, se trouve en défaut par rapport à lui dès qu’il est en présence d’une perte vive et qui lui tient réellement au cœur ; il n’en est pas venu encore à l’insensibilité qu’il suppose : « Le temps, remarque-t-il, efface les petits sillons, mais les profondes gravures restent.
Lorsque tant de gens s’évertuent à faire des motions dans l’Assemblée nationale et dans les districts, Diogène ne restera pas seul oisif, et il roulera son tonneau dans la ville de Corinthe… Ou bien n’est-ce pas plutôt de l’autre et terrible lanterne qu’il s’agit, de celle dont les verres sont cassés et où l’on menace d’accrocher les passants qui déplaisent ? […] Camille, en effet, n’était qu’une plume, une verve et une pétulance faite pour rester au service d’une tête plus forte. […] Cette terrible page de Chénier, jugement de l’honnête homme, mérite de rester attachée aux huit volumes des Révolutions de France et de Brabant comme la flétrissure qui leur est due. […] Je pourrais citer encore la page suivante de ce numéro 5 du Vieux Cordelier, laquelle est plus irréprochable pourtant, et réellement éloquente : elle commence par ces mots : « Occupons-nous, mes collègues, non pas à défendre notre vie comme des malades… » C’est même la seule vraiment belle de ce Vieux Cordelier, qui, dans la plus désastreuse des crises où ait passé une grande nation, mérite assurément de rester comme un signal généreux de retour et de repentir, mais qui n’obtiendra jamais place parmi les œuvres dont peut s’honorer l’esprit humain. […] De soixante personnes, députés, journalistes qui signèrent son contrat de mariage, il ne lui restait plus, en décembre 93 (au moment où il commença Le Vieux Cordelier), que deux amis, Danton et Robespierre : tous les autres, à cette date, étaient émigrés, incarcérés ou guillotinés.
Ajoutons vite que si elle se dit fière et orgueilleuse, que si elle se sait belle, et que si elle se regardait souvent, elle restait gaie, franche d’abord, sans grimace aucune, vive et même naïve dans les mouvements, bonne enfant, disent tous ceux qui l’ont connue alors (Lamartine disait bien d’elle un jour : C’est un bon garçon ! […] Ceci est ressemblant, tenez-vous-en pour sûr, autant que le portrait d’Hersent, où elle a cette écharpe bleu clair couleur de ses yeux. » C’est ainsi qu’elle est longtemps restée dans l’idée de ceux qui l’ont vue sous le rayon. […] Elle aura jusque dans son époque la plus spirituelle et la plus consommée en connaissance du monde et en raillerie, elle aura, dis-je, de ces retours singuliers et impétueux de Jeanne d’Arc et d’amazone, qui ne seraient concevables que chez une muse restée naïve. […] Mais quand on est amoureux, quand on l’est surtout comme Antoine l’est de Cléopâtre, de telles découvertes d’infidélité ne détachent pas, elles irritent ; elles font plutôt qu’on veut rester, qu’on veut punir. « On bat sa maîtresse, me disait mon voisin qui paraissait s’y connaître, on la surveille, et on l’aime plus fort. » Et puis toute cette machine, tout ce premier nœud n’aboutit à rien. […] « Il y a, dit-elle encore, des hommes nés moines, qui sont chauves à vingt-cinq ans, qui passent leurs jours à compulser de vieux livres, et qui transforment en cellule tout appartement de garçon. » Ce feuilleton m’est toujours resté depuis, dans la mémoire, comme un petit chef-d’œuvre dans l’espèce.
Au sortir du sanglant et glorieux combat du 30 mars, Marmont, rentrant à Paris en son hôtel rue Paradis-Poissonnière, vit arriver chez lui, dans la soirée, ce qui restait dans la ville de grands fonctionnaires, les chefs de la Garde nationale, les magistrats municipaux, et les personnages marquants de tout genre. […] Marmont, par son esprit, par ses lumières, par cette rapidité d’impressions dont il était susceptible, s’y laissa gagner plus qu’il n’eût convenu à un homme qui n’eût voulu rester que dans sa ligne de soldat. […] Les paroles qu’il dit en sa faveur au roi étant restées sans réponse, il s’agissait, en désespoir de cause, d’introduire Mme de Lavalette au château, nonobstant les consignes les plus sévères, et de la faire se trouver sur le passage du roi et de la duchesse d’Angoulême. […] Le maréchal lui-même ne voulut pas laisser le colonel sans appui : « J’étais à Châtillon, dit-il, occupé de mes affaires, approuvant complètement les assertions de Fabvier, toutes entièrement vraies, mais bien tourmenté par l’idée de le voir se mettre en avant pour défendre mes actes, et se battre pour moi, tandis que je restais à l’écart. » Il eut l’idée alors d’écrire une lettre au duc de Richelieu, président du Conseil, en le prenant à témoin des faits et en lui rappelant ce que le gouvernement savait bien ; il fit en sorte que cette lettre imprimée fût répandue dans tout Paris au moment même où elle était remise au ministre. […] J’attends avec impatience les ordres de Votre Majesté. » L’officier d’ordonnance porteur de cette lettre la remit au moment où le roi allait à la messe ; elle ne fut ouverte qu’au retour de la chapelle, et resta sur un tabouret de la galerie pendant tout ce temps.